Chapter 24 - Bang
AVERTISSEMENT : Je rappelle que cette fiction a un rating M pour des raisons évidentes.
(ce chapitre est un peu long, mais vous comprendrez aisément que certaines scènes ne peuvent tout simplement pas être coupées)
Bon confinement à toutes et tous, je vais en profiter pour écrire et poster plus régulièrement. Bonne lecture !
"Euh... Salut... Malefoy et Zabini ? bredouilla Harry, qui avait l'air plus abasourdi qu'en colère."
Il se tenait dans l'embrasure de la porte de l'appartement d'Hermione, face à trois personnes qui lui souriaient. Plus exactement, une personne souriait avec inquiétude, et les deux autres avaient penché pour un rictus sarcastique. Il était relativement aisé de deviner à qui appartenaient chacun de ces sourires.
"Saluuut vous deux ! lança Daphné en apparaissant derrière son mari, vêtue d'une longue robe noire absolument étincelante."
Harry déposa Dahlia dans les bras d'Hermione avec une mine plus que distraite, et finit par tendre la main aux deux Serpentards qui venaient de faire des bises sur la joue de sa femme. Ils acceptèrent la main tendue, et quelques secondes de silence s'installèrent.
"Vous êtes très élégants, dit Drago."
Le survivant cligna plusieurs fois des yeux.
Pour lui, c'était un choc de voir Malefoy ici, chez sa meilleure amie, tellement à l'aise qu'il se trouvait en chaussettes, et pire, il tenait dans sa main gauche la télécommande de la télévision d'Hermione. Comme s'il faisait partie des meubles. Comme s'il avait l'habitude d'être là. Comme s'il était... Et bien, Harry Potter. Malefoy était à l'aise chez Hermione Granger comme s'il était Harry Potter.
Il utilisait un objet moldu avec un certain naturel. Pire, il faisait des compliments, et pas à n'importe qui : à Harry Potter.
Zabini aussi était en chaussettes.
C'est là qu'Harry remarqua qu'Hermione avait mis ses lunettes, chose qu'elle ne faisait qu'au sein d'un cercle très restreint d'intimes, parce qu'elle détestait sa tête lorsqu'elle en portait.
Bien sûr, Harry savait que ces trois là étaient devenus des sortes d'amis, et qu'ils passaient beaucoup de temps ensemble. Mais là, c'était sous ses yeux, et dans des proportions qu'il n'avait pas imaginées. A partir de quand exactement étaient-ils passés de collègues à amis qui traînent en chaussettes les uns avec les autres ? C'était un sérieux degré d'intimité.
Et il allait confier sa fille unique à ce drôle de trio.
"Bon... Mais... Vous avez prévu quoi, ce soir ? demanda-t-il par acquis de conscience.
- Une grosse soirée techno, mon chéri, ricana Daphnée en passant une main dans les cheveux en bataille d'Harry.
- Si seulement, soupira Zabini. Non, on avait un truc urgent à bosser... Boulot, boulot, tu nous connais Daphné."
Cette fois-ci, Harry ne pu retenir un mouvement de sourcil réprobateur. Qu'est-ce que les Serpentards étaient en train de magouiller ? Il chercha une réponse dans le regard d'Hermione, mais elle était en train de mener une conversation avec Dahlia à propos de scrouts à pétard.
"Et donc, vous allez au théâtre ? s'enquit Malefoy avec un jeté de mèche rebelle, dans une tentative de faire la conversation.
- Mmm... confirma distraitement Harry, focalisé sur la main du blond qui venait de s'appuyer nonchalamment sur l'épaule d'Hermione.
- Ça fait longtemps que j'y ai pas mis les pieds, sembla regretter Blaise.
- Pareil ! ajouta Malefoy. On devrait aller voir une pièce ensemble, un de ces soirs.
- Excellente idée ! On avait un peu arrêté de sortir, après la naissance de Dahlia... Ça nous ferait du bien. On repassera la chercher vers minuit au plus tard, ne vous inquiétez pas ! les informa Daphné en enfonçant sans aucune discrétion son coude dans les côtes de son mari."
Ce dernier lui jeta un regard surpris, puis se reconcentra sur la conversation. Il s'était complètement laissé déstabiliser par le petit numéro courtois des deux Serpentards, qui l'avaient entraîné vers une conversation tout ce qu'il y avait de plus futile. Alors qu'Harry avait des questions réelles à poser à Hermione. Et l'occasion venait de lui passer sous le nez, puisqu'elle était à présent lancée dans un débat avec sa fille sur qui allait le plus vite entre une limace et une chenille.
"Bon... Et bien, bonne soirée, on va finir par être à la bourre ! A tout à l'heure, lança le survivant en tentant une énième fois de capter l'attention d'Hermione."
Celle-ci finit par relever la tête, le sourire qu'elle venait d'adresser à Dahlia toujours présent sur son visage. Elle renvoyait une image de sérénité, mais quelque chose clochait, il en était persuadé.
"Bonne soirée, vous deux ! répondit Hermione en agitant la petite main de sa filleule en direction du couple."
Daphné se pencha pour embrasser rapidement sa fille, et entraîna un Harry à la mine un peu renfrognée derrière elle. Drago referma aussitôt la porte, et prit une grande inspiration.
"Je crois qu'on s'en est très bien sortis, se félicita-t-il.
- Tu parles... Potter a flairé un truc, t'as vu sa tête ! Tout chiffonné... Il se retenait de poser des questions... temporisa Blaise en retournant vers la télévision.
- Chut, enfin, les réprimanda Hermione en couvrant les oreilles de Dahlia de sa main libre."
Drago leva les yeux au ciel.
"Tu crois qu'une enfant de son âge est capable de comprendre ce qu'on dit et de le répéter ?
- Elle comprend des choses, Drago ! insista Hermione en le foudroyant du regard.
- Même la fille de Saint Potter n'est pas aussi précoce, c'est pas parce qu'à son âge il avait déjà vaincu le mage noir le plus puissant de tous les temps que...
- Chhhhut ! le coupa Hermione, horrifiée."
Drago émit un petit rire et alla s'asseoir à côté de Blaise dans le canapé.
"Elle va aller se coucher de toute façon, non ? temporisa Zabini en montant le son de la télévision pour mieux entendre la publicité moldue. C'est quand même fascinant, cette passion qu'ont les moldus pour ces drôles de chocolats. Ils pensent vraiment que les dieux de l'Olympe les fabriquent ?
- Les moldus ne sont pas complètement ignares, Zabini. C'est de la publicité, c'est tout... Et c'est bientôt Noël, c'est normal qu'ils parlent de chocolat.
- Merde, Noël... réalisa le Serpentard.
- Ne jure pas ! s'agaça Hermione en plaquant de nouveau ses mains sur les oreilles de Dahlia, qui se mit à geindre.
- Laisse la écouter, tu vois bien qu'elle en a marre que tu la prives de nos conversations Ô combien intellectuelle, ricana Drago."
La Gryffondor choisit de l'ignorer, et alla s'asseoir dans un des fauteuils avec Dahlia sur les genoux. La petite avait l'air d'en avoir strictement rien à faire d'elle ce soir, et ouvrait de grands yeux curieux en direction des deux Serpentards.
"Gâteau ! finit-elle par crier en pointant du doigt l'écran de la télévision.
- Tu as faim ? s'enquit Hermione.
- Gâteau ! répéta Dahlia avec véhémence.
- Il manque le mot magique, Dahlia.
- Accio gâteau, répondit la petite en agitant sa petite main en direction de la cuisine.
- Bon sang... C'est peut-être vraiment un génie, finalement, grogna Malefoy.
- Pas ce mot magique... Qu'est-ce qu'on dit, quand on est poli ? insista Hermione.
- Merde."
Horrifiée par ce qu'elle venait d'entendre, Hermione fusilla du regard les deux Serpentards, qui se retenaient à grande difficulté de rire. Ça avait été plus facile que prévu de corrompre la fille de Celui-qui-ne-voulait-pas-mourir.
"Vous voyez ce que vous avez fait...
- Merde, accio gâteau, pépia Dahlia en s'agitant, impatiente."
C'en fut trop pour les deux garçons, qui explosèrent en une série de gloussements nerveux. Et Dahlia s'agita de plus belle, ravie d'avoir provoqué leur hilarité. Elle battit même des mains comme pour s'auto-congratuler.
"Il ne faut pas dire ça, Dahlia, s'insurgea Hermione. Ce n'est vraiment pas un joli mot. On va aller chercher un gâteau, maintenant."
Hermione s'empressa de se lever pour éloigner la paire d'oreilles sensibles de la petite fille, et se mit en route vers la cuisine d'un pas rapide. Mais de nouveau, on toqua à la porte, et elle s'arrêta net, exactement au même moment que les rires des garçons se tarissaient.
"Merde, souffla-t-elle avant d'avoir eu le temps de s'en empêcher.
- Pas dire ça. Pas joli ! s'écria Dahlia en lui assénant une tapette sur le nez.
- Bravo, madame parfaite, lança Drago en apparaissant à ses côtés, baguette à la main. Emmène là dans la chambre, je vais aller ouvrir, ajouta-t-il avec sérieux.
- Ça peut être qui ? s'inquiéta Blaise.
- Aucune idée, grimaça Hermione, son regard allant de la porte à Dahlia."
Et si c'était des aurors venus les arrêter ? Non, Harry aurait été au courant, et n'aurait certainement pas choisi cette soirée là pour lui confier sa fille et partir au théâtre. Alors, Lupin ? Ce scénario était nettement plus inquiétant.
"Hermione, va dans la chambre, répéta Drago en retroussant ses manches, prêt à en découdre."
Ils échangèrent un regard rapide, et elle obéit d'un hochement de tête. Puis elle se précipita à l'abri, et laissa les deux Serpentards gérer cette situation. En temps normal, jamais elle n'aurait fui - encore moins dans son propre appartement. Mais ce soir-là, Dahlia était présente, et c'était sa sécurité qui lui importait le plus.
Hermione s'assit avec Dahlia sur son lit, et attrapa L'histoire de Poudlard sur sa table de chevet. Elle lui lisait un passage dès que l'occasion se présentait - ou créait cette occasion si nécessaire. Mais cette fois, elle n'eut le temps de lire que quatre lignes, sans même comprendre ce qu'elle était en train de dire, avant d'être interrompue ; Blaise venait d'ouvrir la porte de la chambre.
"Fausse alerte, il n'y avait personne !
- Ah, sup..."
Une explosion colossale résonna, et tout alla très vite. Blaise fut projeté en avant et s'écrasa contre le lit, Hermione se coucha sur Dahlia qui se mit à hurler à cris stridents. Complètement paniquée et à moitié sourde, Hermione dégaina sa baguette et la pointa sur la porte, prête à attaquer quiconque s'approcherait.
Hermione tenta de discerner quelque chose dans la poussière, incapable de focaliser sa vision.
"Tout va bien Dahlia, tout va bien, psalmodiait la jeune femme en se remettant debout. Blaise ? Blaise, ça va ? Tu m'entends ?"
Le Serpentard grogna et tendit à son tour sa baguette devant lui, groggy, tout en se palpant le crâne pour vérifier qu'il ne s'était pas mis à saigner. Puis il jeta un regard à Hermione, et constata qu'elle et Dahlia allaient bien, et ce malgré les pleurs du rejeton de Saint Potter.
Hermione, avisant qu'il était conscient, lui tendit la petite et se rua en avant. Elle ralentit une fois face à la porte, et se lança un sortilège de désillusion avant de pénétrer dans le salon. Si ennemi il y avait, autant éviter d'être une cible évidente. Elle balaya la pièce en une fraction de seconde, survolant les décombres et la poussière. Il n'y avait personne ici. Absolument personne...
"Drago ? appela-t-elle, angoissée."
Aucune réponse.
"DRAGO ? s'écria-t-elle, un horrible poids opprimant sa poitrine."
Tout recommençait. Les explosions, la terreur, la mort. Hermione déglutit avec difficulté, étourdie par le bruit du sang qui battait contre ses tempes. Leur soirée avait volé en éclat avec son appartement. Plantée au milieu du chaos, seuls ses yeux s'agitaient, à la recherche de Drago. Pas lui.
Hermione se mit en marche, parcourant avec précaution la pièce où la plupart des meubles avaient été réduits en miettes ou propulsés contre les murs. Elle retourna ce qu'il restait de sa table d'un coup de pied. Où était-il passé ?
"DRAGO ! hurla-t-elle de nouveau, sa voix partant dans les aigus.
- Là...! gémit une voix qu'elle reconnut immédiatement."
Elle se précipita vers la source du bruit, manquant de s'étaler en trébuchant sur un morceau de mur, supprima son sort de désillusion et s'écroula à moitié sur le Serpentard, assis contre le frigo de la cuisine. Le soulagement lui coupa le souffle et elle sentit des larmes brûlantes rouler sur ses joues. Il allait bien. Elle attrapa sa chemise à deux mains, agrippant fermement le tissu entre ses doigts, et le secoua.
"Bon sang Drago, tu m'as foutu la trouille !"
Il se laissa secouer sans broncher, l'air un peu ailleurs, puis ses yeux se plantèrent dans les pupilles écarquillées d'Hermione et il sembla revenir à lui. Il posa ses mains sur les doigts crispés de la jeune femme, l'obligeant à arrêter de le malmener.
"Granger, ça va, je vais bien ! Arrête !"
Elle arrêta de le secouer, mais ne retira pas ses mains de sa chemise pour autant, et resta là à le regarder, avec l'air de ne pas en croire ses yeux. Les iris gris de Drago avaient pris une teinte d'orage, et elle s'y perdit sans se poser de questions, parce qu'il était vivant et qu'il était là, et qu'il ne la quittait pas des yeux. Il passa son pouce contre sa joue et y laissa sa main.
"Blaise ? Mini Potter ? vérifia Drago en haussant le ton, ses yeux toujours vissés dans les siens.
- On va bien ! répondit Blaise en hurlant pour couvrir les pleurs de Dahlia.
- Ne bouge pas, d'accord ? reprit le blond. On dirait que quelque chose a explosé. Personne ne bouge tant qu'on est pas sûrs que le danger est passé. Granger, t'es avec moi ?"
Hermione hocha la tête, arrimée à lui. De toute façon, elle n'avait pas du tout la moindre intention de bouger, elle non plus. Drago essuya avec la manche de sa chemise le sang qui perlait d'une petite plaie sur son front, et regarda le spectacle de désolation autour de lui.
"Ils ont détruit mon appartement, constata Hermione, laconique.
- Qui ça, ils ?
- Je sais pas.
- T'es pas blessée ? vérifia Drago en évaluant la position assise d'Hermione."
Il tendit de nouveau une main vers son visage pour essuyer ses larmes, et elle en profita pour embrasser la paume de sa main. Ils restèrent silencieux quelques secondes, soulagés d'être en vie, et ensemble.
"Je vais bien, et toi ? T'as pris un coup sur la tête, remarqua la Gryffondor en fronçant les sourcils.
- Sans blague, grogna le blond. Si mon visage est abimé, je vais attaquer en justice le salopard qui a fait sauter cet appartement. On ne massacre pas une œuvre d'art pareille impunément."
Il coula un regard vers Hermione, et fut satisfait de constater qu'il avait réussi à lui arracher un petit sourire. Puis elle se mit en mouvement avec précaution, et se redressa pour ouvrir la porte du congélateur au-dessus d'eux. Elle en extirpa une poche de petits pois, et la lui tendit.
"Euh... T'as pris un coup sur la tête, toi aussi ? C'est pas vraiment le moment de manger des légumes verts...
- C'est pour ton front, idiot. Colle la poche dessus.
- C'est de la médecine expérimentale ? s'inquiéta Drago en observant avec méfiance la poche de petits pois s'approcher de son visage.
- C'est un truc moldu. Franchement, c'est beaucoup plus efficace que le Glacius. Allez, vas-y, tu ne veux pas qu'une bosse déforme ton œuvre d'art de front, insista Hermione en agitant les petits pois sous le nez du blond."
Avec précaution, il obéit, et grimaça lorsque le sac gelé entra en contact avec sa blessure. Lorsqu'il ré-ouvrit les yeux, Hermione n'était plus dans la cuisine. Il l'entendit vaguement déplacer des choses, et soupira.
"Heureusement que j'ai dit qu'on ne devait pas bouger, maugréa-t-il.
- Je me suis lancé un sortilège de protection. J'inspecte les décombres, on ne sait jamais... On dirait que la porte a été soufflée, comme si une bombe avait explosé sur le palier... expliqua Hermione. L'explosion a dû être drôlement puissante. Drago, comment t'as pas été blessé ? C'est un miracle !
- Ton téléphone a sonné dans la cuisine avant que j'ouvre le paquet, expliqua le blond.
- Quel... paquet ? demanda Hermione d'une voix blanche.
- Il n'y avait personne quand on a ouvert la porte, mais il y avait un petit carton, lança Blaise depuis la chambre. Mini-Potter veut toujours son gâteau, si vous pouviez m'en faire léviter un... Je pense que c'est moi qu'elle va manger, sinon. Cette enfant a de la suite dans les idées.
- Elle perd pas le nord, celle-ci, remarqua Drago en se relevant avec quelques difficultés."
Il ouvrit au hasard quelques placards et finit par tomber sur un paquet de biscuits au chocolat, qu'il fit léviter jusqu'à la chambre.
"Merci ! s'écria Blaise.
- Merde ! ajouta Dahlia, qui ne pleurait plus."
Hermione apparut dans l'encadrement de la porte de la cuisine, et jeta un regard indéchiffrable à Drago. Elle n'allait quand même pas choisir ce moment précis pour leur faire la morale sur leur langage, si ?
"Il faut qu'on appelle les aurors, décida-t-elle. C'est criminel, c'est sûr...
- Impliquer les aurors, c'est risqué, l'avertit Drago, qui chancelait un peu maintenant qu'il était debout. Si, d'une façon ou d'une autre, cette explosion est liée à notre... accident de parcours ? On a pas besoin de plus d'enquête dans nos vies...
- C'est trop grave Drago, on aurait pu mourir tous les quatre si on avait ouvert la porte plus tôt, et ramené le paquet à l'intérieur. C'est sérieux !
- Je suis assez d'accord avec Granger, intervint la voix de Blaise. Là, c'est officiel, quelqu'un est prêt à tout pour nous tuer. Enfin, au moins te tuer toi, Granger. Peut-être qu'on aurait juste été des victimes collatérales.
- C'est une pensée très réconfortante, merci Zabini, marmonna Hermione."
Elle ne pouvait pourtant pas écarter son hypothèse. Elle aurait dû être seule chez elle. Pas en compagnie de deux collègues et d'un bébé. C'était probablement elle seule qui était visée. Elle capta le regard inquiet de Drago sur elle, et releva la tête.
"J'envoie un patronus à Harry. Il saura quoi faire ! décréta-t-elle.
- On ne peut pas rester ici, qui sait ce qu'il pourrait se passer maintenant... réalisa Drago, qui prenait tout à coup le danger beaucoup plus au sérieux. Rassemble quelques affaires, et transplanez tous les trois chez moi. Je vais attendre ici que les aurors arrivent, et je vous rejoindrai.
- Non, on ne te laisse pas en arrière ! objecta Hermione. Tu viens de le dire, on ne sait pas ce qu'il peut se passer... On part ensemble. Ce n'est qu'un appartement. Et de toute façon, il est déjà en morceaux."
Ils se défièrent mutuellement du regard, et Drago finit par hausser les épaules.
"Très bien. Fais une valise, on s'en va dans deux minutes, dit-il."
Il invoqua un sortilège anti intrusions dans le trou béant qu'était devenu l'entrée d'Hermione, et soupira. Les choses prenaient une tournure vraiment dramatique. Ils avaient eu beaucoup de chance. Il regarda Hermione faire léviter une valise jusqu'à sa chambre et lui emboîta le pas. La valise se posa sèchement sur le lit, et Dahlia éclata de rire comme si cet évènement illuminait sa journée.
"Mini Potter aime les valises, remarqua Drago en s'accroupissant à côté de Blaise, toujours affalé contre le lit, avec la petite sur les genoux.
- Vacances ? demanda Dahlia en enfonçant son petit index dans la joue du blond, qui réprima un moue écœurée en avisant le doigt englué de chocolat qui venait de le toucher.
- Tout à fait, on s'envole pour les Caraïbes. J'espère que tu as ton passeport sur toi, lui répondit Drago."
Hermione sourit de l'absurdité de leur conversation, tout en empilant ses effets personnels dans sa valise magiquement agrandie. Elle agissait machinalement, sans réaliser qu'elle était en train de déménager ses culottes et ses livres préférés (ce qui était bien plus intime pour elle) chez son leader. C'était provisoire, certes, mais elle était tout de même occupée à empaqueter ses biens les plus précieux pour les installer chez le blond.
"Dahlia, t'as déjà boulotté tout le paquet de biscuits ? réalisa Malefoy en retournant l'emballage vide.
- Pas moi ! réfuta la petite en tapotant gentiment la joue de Blaise, qui avait des miettes plein de menton.
- Je mange quand je suis stressé, confessa piteusement le Serpentard.
- BANG ! lança Dahlia avant d'éclater de rire.
- Je crois qu'elle aime les valises et les attentats, nota Drago.
- C'est bon, ma valise est prête. J'envoie un patronus à Harry, et on y va ?
- T'as déjà transplanné, Dahlia ? demanda Drago en soulevant la petite pour libérer Blaise."
Il hésita un moment entre l'idée de la maintenir en l'air loin de lui, bras tendus, ou la caler contre lui - ce qui était nettement plus pratique, mais aussi plus salissant. Il décida que sa chemise était déjà ensanglantée, et qu'elle ne risquait plus rien. Il installa donc la petite contre son torse, et elle enroulé ses petites mains potelées autour de son cou.
"Tu vas voir, ça va être rigolo. Et tu pourras manger d'autres biscuits chez moi, je te promets qu'ils ne viendront pas du supermarché. Ils seront faits maison, poursuivit-il face à une Dahlia fascinée par son discours.
- On ne va jamais arriver à transplanner avec un bébé, une bibliothèque déguisée en valise, et un mec en KO technique, les informa Blaise.
- Tu es KO ? s'inquiéta Hermione en le regardant attentivement.
- Non, mais Drago oui. Il discute avec un bébé qui lui étale du chocolat sur le visage, il n'est clairement pas dans son état normal.
- Empruntons le réseau de cheminette ! trancha Hermione après avoir dévisagé le blond pendant quelques instants."
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Lorsqu'Harry et Daphné débarquèrent dans le loft de Malefoy quelques minutes plus tard, affolés et essoufflés, ils trouvèrent leur fille assise sur le tapis persan du salon entre Drago et Blaise, un lingot d'or à la main. Hermione, assise derrière Drago, semblait tenir un sachet de petits pois. A bout de souffle, affolés par le patronus qu'ils venaient de recevoir au théâtre, ils s'attendaient à tout, mais pas à cette scène.
"Ah, regarde qui arrive, Dahlia ! lança Hermione en se relevant."
Daphné se rua sur sa fille et entreprit aussitôt de l'étouffer à coups de bisous bruyants, tandis qu'Harry lui caressait les cheveux.
"Bon sang, que s'est-il passé ? demanda-t-il. J'ai envoyé une équipe sur les lieux pour sécuriser le périmètre et faire les premières constatations, mais... Une explosion ?
- On a eu beaucoup de chance, ça a explosé sur le palier et pas dans l'appartement, expliqua Hermione en se mordant la lèvre. Je suis désolée Harry...
- Désolée ? Mais de quoi ? sursauta l'intéressé.
- Elle n'était pas en sécurité avec moi, visiblement... C'était chez moi, sous ma responsabilité.
- Je ne crois pas que tu aies fabriqué une bombe pour faire exploser ton propre appartement, n'est-ce pas ? Donc, arrête de t'excuser, tu n'y es pour rien. On savait que ça pouvait arriver, depuis la guerre on a tous reçu des menaces, moi y compris, alors... Ça aurait très bien pu arriver chez nous aussi.
- On sait qu'elle était entre de bonnes mains avec vous trois, ajouta Daphné, les larmes aux yeux."
C'est ce moment-là que Dahlia choisit pour partager ses toutes nouvelles connaissances avec ses parents :
"Passeport papa ! Caraïbes ! Merde !"
Et elle frappa sa mère avec le lingot d'or qu'elle tenait toujours à la main. Interloqués, Daphné et Harry échangèrent un regard comme pour vérifier qu'ils ne souffraient pas d'hallucinations auditives, mais au vu des visages penauds des trois autres, ils comprirent rapidement que ça n'avait rien d'un rêve.
Daphné fut la première à reprendre prise avec la réalité, et enleva le lingot d'or des mains de sa fille pour le rendre à Drago, qui s'empressa de le jeter sur le canapé en se raclant la gorge. Voilà qui n'allait pas arranger sa réputation de gosse de riche.
"Mmm... bon, dit Harry. Vous n'avez pas besoin d'aller à Sainte Mangouste ? Personne n'est blessé ?
- Non, on a rien, répondit Drago. Est-ce qu'on doit retourner chez Hermione pour répondre aux questions de ton équipe ?
- Pas ce soir... Reposez-vous, et venez juste dans la matinée aux Ministère. D'ici là, on en saura certainement plus sur ce qu'il s'est passé. Et en attendant, soyez prudents. Ne sortez pas, encore moins seuls, recommanda Harry. On va voir s'il y aura des revendications quelconques dans la foulée... Je ne sais pas ce que vous comptez faire, mais la presse va nécessairement apprendre ce qu'il s'est passé ce soir. Je vous conseille de ne pas faire de déclarations avant d'en savoir plus. Malefoy, à quel point ton loft est sécurisé ?
- A peu près autant que le Ministère, répondit le blond en fronçant les sourcils. Je vais peut être ajouter quelques sortilèges de protection, au cas où...
- Ferme le réseau de cheminette dès qu'on sera partis, conseilla Harry."
Malefoy acquiesça d'un hochement de tête. Potter était agaçant, mais il avait raison.
"C'est dingue, ce que les gens sont prêts à faire pour s'en prendre aux politiques, s'exclama Daphné. Je ne comprends pas qu'on puisse en arriver à de telles extrémités.
- Il existe un tas de gens déséquilibrés pour qui le moindre prétexte est bon à prendre... Il n'y a rien de plus facile que de trouver une raison pour justifier la violence. Si la guerre nous a prouvé quelque chose, c'est bien ça, déclara Harry."
Tous se turent suite à sa phrase, méditant sur la profondeur de la pensée du survivant.
"T'es vraiment le fils spirituel de Dumbledore, nota Drago.
- C'est pas tellement offensant, Malefoy, l'informa Harry avec un sourire en coin.
- Oh, j'en suis bien conscient, et c'est exaspérant, répliqua le blond en arquant un sourcil."
Harry secoua la tête, mi-amusé mi-désespéré.
"Hermione, je peux te parler une minute ?
- Bien sûr, soupira-t-elle."
Impossible d'éviter les questions d'Harry, cette fois-ci. Elle échangea un regard rapide avec Drago, et suivit Harry hors de la pièce. Ils s'arrêtèrent hors de vue, dans le hall d'entrée, et Harry s'assura que personne ne puisse entendre leur conversation d'un coup de baguette distrait.
"Je ne veux pas que tu paniques, mais ça devient vraiment dangereux... Pour moi, tout ça n'est que la suite logique des tentatives de vous nuire. Un virage violent a été pris, et... commença à expliquer Harry, avant de s'interrompre. J'imagine que vous avez confronté votre taupe, alors, est-ce qu'elle pourrait être liée de près ou de loin à cette explosion ?"
Hermione s'accorda une seconde de réflexion avant de répondre, coincée. Si elle savait pertinemment que Laura ne pouvait pas avoir déclenché cette bombe, elle ne pouvait pas partager cette information avec Harry. Ça reviendrait à confesser un meurtre.
"Je ne sais pas... On a rien dit, Harry. On attendait qu'elle fasse un faux pas pour la pousser dans ses retranchements. Et maintenant, impossible de la joindre."
Son meilleur ami fronça les sourcils, soucieux. Puis il se mordit l'intérieur des joues, regarda un point dans le lointain, tapa du pied. Cette suite de réactions, qu'Hermione connaissait bien, ne signifiait qu'une chose : il était sur une piste, et il n'aimait pas du tout cette piste.
"Quoi ? A quoi tu penses ? le poussa Hermione.
- De deux choses l'une. Soit Pods a volontairement fichu le camp pour continuer à comploter, ce qui fait d'elle une suspecte dans cette attaque, ou au moins une complice potentielle. Soit elle est une victime, comme toi ce soir, et sa disparition n'a rien à voir avec ses précédentes manœuvres. Peut-être qu'une tierce personne vous en veut. Dans ces deux scénarios, il faut qu'on mette la main sur elle rapidement. C'est peut-être tout le groupe des Non-Alignés qui est en danger."
Hermione déglutit, et pâlit d'une bonne teinte. Soudain, elle n'aimait pas tellement la piste que suivait Harry, elle non plus.
"Tu m'assures qu'aucun de vous - même pas Malefoy - n'a pu faire pression sur Pods, la menacer, lui faire comprendre qu'elle était grillée ? Parce qu'une explosion... C'est un geste irréversible, et désespéré. Si elle a eu peur de lui, ou des conséquences de sa trahison... Elle a pu agir de manière irréfléchie. C'est quand elle est acculée dans un coin et qu'elle n'a pas d'échappatoire que la bête mord."
Hermione s'empressa de nier. Comme prévu, les soupons d'Harry ne portaient absolument pas sur elle... Mais sur le Serpentard.
"Non, je pense qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'on savait. Et Malefoy... Tu l'as vu de tes yeux, le soir où vous avez interrogé cette fille de l'allée des Embrumes, il ne voulait pas se débarrasser de Laura. C'est lui qui a insisté pour qu'on garde le silence, et qu'on la surveille. Il n'a rien dit, j'en suis persuadée."
Harry hocha la tête, forcé de reconnaître qu'elle avait raison, et que Malefoy était celui qui avait temporisé et calmé une Hermione pleine de hargne ce soir là.
"Quoi qu'il en soit... Elle a pu avoir des doutes, même si vous n'avez rien dit, songea Harry. Je crois que je vais devoir lancer les recherches plus tôt que prévu, j'ai un mauvais pressentiment au sujet de tout ça."
Oh, moi aussi, pensa Hermione.
"Ça tombe bien que vous veniez demain pour répondre à nos questions sur l'explosion. On en profitera pour évoquer la disparition de Pods dans les règles, avec une vraie audition de témoins. S'il s'est passé quelque chose de grave, je ne peux pas continuer à mener cette enquête en dehors de tout cadre légal.
- Je comprends tout à fait Harry. On répondra à vos questions, assura Hermione sans laisser paraître son malaise grandissant."
Harry remarqua néanmoins son angoisse, mais l'attribua au choc de l'explosion ou à la peur d'être la cible d'attaques au potentiel létal, et la serra dans ses bras pour la réconforter. Ce qui ne fit qu'ajouter à la culpabilité d'Hermione, qui faillit fondre en larmes contre son épaule. Elle était en train de lui cacher des informations capitales, de mentir par omission, et pire : si cette bombe était une conséquence, même lointaine, de leurs actes répréhensibles, alors elle aurait pu se rendre coupable de la mort de Dahlia. Et ça... Elle n'osait même pas y penser.
"T'inquiète pas Mione, la rassura Harry en tapotant son dos gentiment. On va trouver le coupable et l'arrêter, c'est qu'une question de temps."
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Blaise était allé se coucher depuis longtemps, après avoir englouti tout ce que la cuisine de Drago comptait de comestible. Hermione l'avait imité peu après, mais à présent, elle fixait le plafond de la chambre d'amis sans parvenir à trouver le sommeil. Elle se sentait impuissante, comme une brindille secouée par des flots incontrôlable qui la poussaient dans toutes les directions sans qu'elle n'ait son mot à dire. La gorge sèche, elle rejeta violemment l'édredon et s'assit sur le bord de son immense lit.
L'audition prévue par Harry le lendemain allait signer un tournant décisif pour eux. Soit ils allaient se trahir, soit ils allaient gagner un peu de temps. Mais dans les deux cas, l'éventualité de finir par se faire prendre au piège par des questions était inévitable.
N'y tenant plus, Hermione enfila un gros pull par dessus son pyjama et, pieds nus sur le marbre glacé du couloir, rejoignit le salon. Drago était toujours là, comme elle l'avait anticipé. Il était affalé dans le canapé, et fixait les flammes qui se mouvaient en crépitant doucement dans l'âtre. Sans émettre le moindre son, elle s'avança et alla s'asseoir à côté de lui, repliant ses genoux contre sa poitrine, et les entourant de ses bras.
Il avait senti qu'elle était là avant même qu'elle n'entre vraiment dans le salon, mais il ne tourna même pas la tête vers elle. Il continuait à regarder les flammes droit devant lui, et la lueur du brasier se répercutait en miroir dans ses iris gris. Hermione finit par tourner la tête vers lui, et son expression figée s'adoucit légèrement. Elle sentit l'angoisse qui l'empêchait de respirer se relâcher un peu, comme si le simple fait d'être assise avec lui suffisait à la rassurer.
"Demain... Il faudra me laisser parler, Granger. Si c'est toi qui réponds aux questions, Potter a plus de chance de nous percer à jour. Il te connait trop. Et tu ne sais pas mentir. Promets-moi que tu me laisseras prendre les coups sans intervenir.
- Drago...
- Granger, tu sais que j'ai raison. Et de toute façon, s'il suspecte quelque chose de louche dans nos réponses, c'est moi qu'il soupçonnera immédiatement. Alors autant qu'on l'anticipe.
- Tu n'as pas à te sacrifier pour moi, je peux parfaitement mentir s'il en va de notre survie à tous les cinq.
- C'est moi le leader. Et c'est un ordre, Granger."
Elle appuya sa tête sur ses genoux repliés devant elle, et étudia attentivement le profil de Drago. Il ne la regardait toujours pas, mais une chose était sûre : il avait mûrement réfléchi, et il n'allait pas reculer. Il n'y avait aucun moyen de le faire changer d'avis. Pas à quelques heures de l'audition.
"On s'en tient aux faits. Strict minimum. On répond à leurs questions sans développer plus que nécessaire, reprit-il, un peu enroué.
- Et s'ils nous séparent pour nous interroger ? s'inquiéta Hermione."
Drago haussa les épaules, et se tourna enfin vers elle. Puis il leva un bras et l'attira vers lui dans le fond du canapé, jusqu'à ce qu'elle soit complètement appuyée contre lui. Elle consentit à abandonner sa position de repli, lâcha ses genoux, et se colla entièrement contre lui. Suivant le mouvement, Drago enroula ses bras autours de sa taille, et laissa reposer sa joue contre les cheveux d'Hermione. Puis il déposa ses lèvres sur son front, et les y laissa de longues secondes. Pourquoi exactement, il n'en savait rien. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il avait cruellement envie de l'embrasser, au moins pour effacer ce pli tracassé au coin de ses lèvres. Et, moins avouable, parce qu'il y pensait sans arrêt.
"On est pas des suspects, on est des témoins. Potter l'a dit tout à l'heure. Je ne pense pas qu'ils fassent passer une héroïne de guerre comme toi sur le gril sans aucune preuve ou lien quelconque avec un crime.
- Ils ne savent même pas qu'il y a eu un crime... réalisa Hermione. C'est juste une disparition. Et une explosion. Qui n'ont peut-être aucun lien...
- Tu penses que ce qu'on a fait... Ça n'a aucun rapport avec l'explosion ?"
Hermione se redressa sur un coude dans le maigre espace disponible qu'il lui laissait, et le regarda en fronçant les sourcils.
"Pourquoi je perçois de l'incrédulité dans le son de ta voix ? T'as l'air convaincu que ces deux évènements sont liés. Comment tu peux le savoir ?"
Il ne répondit pas, et haussa les épaules en regardant le plafond.
"Tu penses quand même pas que... que Lupin a fait ça ? s'étrangla Hermione."
Il planta son regard dans le sien, et un instant, tout ce qu'elle y vit, c'est le reflet des flammes qui dansaient dans la cheminée.
"Je ne comprends pas comment tu peux encore penser qu'il est étranger à tout ça. C'est évident, que c'est lui. Il a perdu l'esprit. Il a déjà failli t'attaquer ! Il faut que tu lâches prises avec lui, et que tu commences à le voir tel qu'il est vraiment, parce que la personne que tu croyais connaître... Elle n'existe plus."
Hermione tenta de se redresser, se débattit un peu pour s'éloigner de lui, mais il la maintenait fermement en place contre lui.
"Comment tu peux dire ça ! Tu ne le connais pas comme je le connais, et tu l'as toujours détesté, alors ça t'arrange bien de lui mettre tout sur le dos ! s'insurgea la jeune femme en continuant à essayer de se dégager.
- C'est parce que j'ai pas d'affection particulière pour lui que je vois les choses clairement, alors que toi, tu laisses le respect que tu avais pour lui obscurcir ton jugement. Granger, il a failli te tuer ce soir, et nous avec. Dahlia avec. Il voulait te tuer. Et, que tu sois d'accord avec moi ou non, ça ne change rien, parce que j'irais contre ta volonté pour te sauver la vie. Je m'en fiches complètement que tu sois en désaccord avec moi là-dessus.
- Mais pour qui tu te prends ? Tu crois que tu vas jouer les sauveur contre ma propre volonté ? Je ne suis pas une petite chose fragile qui a besoin qu'on lui explique comment se protéger, je n'ai jamais eu besoin de personne pour ça, et encore moins d'un homme !"
Elle se cambra contre lui de toute ses forces dans un dernier espoir de se libérer, et crut qu'elle allait y parvenir quand elle sentit son bras se déplacer dans son dos. Mais en réalité, loin de la libérer, il bascula sur le côté et se coucha sur elle, l'écrasant contre le canapé.
"Je sais que tu n'aimes pas du tout ça, mais encore une fois, ça ne change rien."
Elle ne savait plus très bien ce qu'elle aimait ou pas, tout à coup. Elle n'était plus sûre de rien.
"Je sais que c'est lui, et il va payer pour ça. Que tu y participes ou non."
Hermione ne savait plus très bien ce qu'elle ressentait, prise par un tourbillon de colère, le corps parcouru de fourmillements d'adrénaline. Elle voulait le frapper, s'en aller, l'embrasser, se rouler avec lui dans ce canapé, lui asséner un grand coup de genou pour calmer sa masculinité littéralement écrasante, et tout ça en même temps. Il était au-dessus d'elle et la contemplait avec une expression décidée, sûr de son pouvoir sur elle. Et, même si elle avait toujours cru qu'elle était le genre de femme indépendante qui haïssait se laisser dominer par un homme, et encore moins par son leader, elle se sentait... troublée. Une vague de désir la saisit, et elle déglutit. Le regard de Drago passa de ses yeux à ses lèvres, comme s'il avait senti le changement.
Elle gigota de nouveau pour se dégager, et cela résulta en un frottement pas véritablement désagréable entre eux, ce qui arracha un petit grognement à Drago. Leurs regards se vissèrent de nouveau l'un à l'autre. Cette fois, ce n'était pas juste du défi. Il ne bougea pas pour autant, en appui sur ses coudes de part et d'autre de la tête de la jeune femme, qui n'osait même plus respirer de peur de laisser échapper un gémissement. Elle écarta ses cuisses pour qu'elles encadrent le corps de Malefoy au milieu, sans le quitter des yeux, et remonta ses genoux.
Il ouvrit légèrement la bouche, attrapa une de ses chevilles, et laissa sa main remonter le long de sa jambe nue avec une lenteur désespérante.
Et finalement, c'est elle qui se jeta sur lui, et colla ses lèvres contre les siennes. C'était le signal qu'il attendait, et il lui rendit son baiser avec encore plus de fièvre, glissant sa langue dans sa bouche sans perdre de temps. Déjà à bout de souffle, ils émettaient une série de grognements et de gémissements erratiques, tandis qu'Hermione se cambrait contre lui et que les mains du blond attrapaient et palpaient et malaxait tout ce qui passait à sa portée. Leurs bouches ne se quittaient pas. Il referma sa main droite sur un de ses seins, et elle lui mordit la lèvre, collant son bassin contre la preuve tangible qu'il avait vraiment envie d'elle. La réaction du blond ne se fit pas attendre, et il passa ses deux mains sous son haut de pyjama, empoignant fermement sa poitrine, titillant les pointes de ses seins, faisant rouler la chair sous ses doigts.
"Granger, est-ce que tu... commença le blond, les lèvres gonflées.
- La ferme, Malefoy, grogna Hermione en profitant de son instant d'inattention pour faire sauter le bouton du pantalon de Drago et de descendre sa braguette."
Il écarquilla les yeux, réalisant seulement maintenant qu'elle avait au moins autant envie de faire ça que lui. Il la laissa descendre son pantalon le long de ses cuisses, où elle le laissa, avant de faire subir le même traitement à son boxer, libérant son membre gonflé. Elle enserra fermement ses doigts autour, il grogna, elle gémit par anticipation, et lorsqu'elle commença à faire glisser sa main de haut en bas, il crut vraiment qu'il allait mourir, que son cœur allait exploser en vol et que son cerveau allait devoir s'arrêter de fonctionner face à l'afflux de sensations. Il replongea sur sa bouche et elle s'arqua de nouveau contre lui. Aucun d'eux ne pouvait attendre plus longtemps, ils se consumaient, il sentait le corps de la jeune femme irradier de chaleur et de désir, et il savait qu'il n'allait pas pouvoir lui refuser ce qu'elle voulait plus longtemps. De toute façon, il n'en avait absolument aucune envie.
Il fit glisser son short de pyjama le long de ses jambes, et elle l'aida à s'en débarrasser d'un coup de pied vigoureux. Il lui lança un sourire taquin, elle lui frappa le torse du plat de la main, et entreprit elle-même d'ôter sa culotte puisqu'il n'avait pas l'air pressé de le faire. Un peu déstabilisé par l'enthousiasme forcené de la Gryffondor, Drago l'aida un peu en retard, et fit remonter sa main le long de sa cuisse avec lenteur, pour tenter de reprendre le contrôle de la vitesse. Elle se tortilla pour protester, mais il continua à caresser l'intérieur de ses cuisses avec une douceur qui la rendait littéralement folle.
"Bon sang, Malefoy ! siffla Hermione en fermant les yeux, irritée au plus haut point."
Qui aurait cru que le prince des Serpentards était du genre doux et sensuel ?
Il sourit avec un petit air diabolique face à sa frustration non contenue, et la sentit se tordre sous lui. De nouveau, elle avait attrapé son pénis, et elle avait posé son pouce au sommet tout en imprimant de légers mouvements de va-et-vient le long de son membre. Emporté par les sensations qu'elle était en train de lui procurer, il abandonna totalement l'idée de rire, appuya ses caresses sur ses cuisses, et laissa sa main remonter au plus près de son intimité. Son index glissa le long de ses lèvres gonflées et, elle se cambra en gémissant. C'en était beaucoup trop pour lui. Il repassa de nouveau son doigt entre ses lèvres, en appuyant un peu plus son geste, et effleura son clitoris.
Ce qu'elle fit alors les surprit tous les deux ; elle empoigna fermement le sexe de Drago, se déporta légèrement sur le côté, et le positionna contre son entrée.
"Maintenant, ordonna-t-elle en fixant sur lui un regard déterminé."
Il n'eut donc d'autre choix que d'obéir, ce qui ne constitua absolument pas un sacrifice. A la seconde où il entra en elle, il sentit absolument tout de manière décuplée, d'une façon si puissante et violente qu'il sentit sa tête tourner. Il resta stoïque, ne bougea pas, et ils se dévisagèrent avec une lueur de surprise et d'envie aux fond des yeux. Ils ressentaient exactement la même chose à cet instant : le sentiment d'être entiers, complétés par l'autre, comme si tout ce qui avait précédé n'avait eu pour seul but de les emmener à cet instant précis. Hermione releva la tête pour joindre leurs lèvres à nouveau,et il commença à se mouvoir. Elle suivit le mouvement instinctivement, calant parfaitement son rythme sur le sien, sans le quitter des yeux.
Elle n'avait jamais expérimenté ce genre d'empressement fiévreux, ni les multiples émotions qui allaient avec, ni même les fourmillements d'excitation et de plaisir qui parcouraient chaque fibre de son corps. C'était comme si elle découvrait de nouvelles terminaisons nerveuses dont elle ne connaissait pas l'existence. Elle regarda Drago, qui la regardait aussi, avec des yeux plus sombres que jamais. Il était en train de se contrôler, elle en était persuadée : il avait l'air concentré, se mordait la lèvre inférieure, et semblait vouloir vérifier qu'elle n'allait pas changer d'avis. Elle posa une main sur sa joue comme pour lui dire qu'elle allait bien, et il se pencha pour celer à nouveau leurs lèvres dans un baiser qui devint passionné. Elle remonta ses cuisses le long du corps du blond et lui enserra la taille avec pour le rapprocher encore plus d'elle, pour le sentir contre elle, et il se laissa entraîner en avant sans cesser de l'embrasser. Elle referma ses bras autour de son cou, enfonçant ses ongles dans sa peau à mesure que le plaisir montait en elle.
Elle était en train de faire l'amour avec Drago Malefoy.
Impossible de savoir si c'est cette pensée, ou la main du blond qui attrapa sa mâchoire pour approfondir leur baiser, qui provoqua l'orgasme le plus ravageur qu'elle n'eut jamais ressenti.
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"On devrait aller se coucher, si on reste sur ce canapé, Blaise va vraiment se poser des questions, songea Drago en caressant les cheveux hirsutes d'Hermione."
Elle s'étira et enfila la culotte que Drago lui tendait. Il la regarda s'habiller en souriant bêtement, et attrapa la main qu'elle lui tendit pour qu'il se redresse. A genoux face à elle dans le canapé, il l'attira contre lui et l'embrassa doucement. Elle lui rendit ensuite son sourire, et descendit du canapé, un peu chancelante. Ils remontèrent le couloir en marbre main dans la main, et s'arrêtèrent devant la porte de la chambre d'ami, où Hermione s'apprêtait à entrer en le traînant derrière elle. Mais il s'arrêta. Elle lui jeta un regard surpris, et il soupira.
"Je ne couche jamais le premier soir, Granger, dit-il en se penchant pour embrasser sa main tel le gentleman qu'il n'était pas."
Stupéfaite par cette phrase qui n'avait aucun sens, elle laissa sa main retomber contre elle, inerte.
"Tu veux dire que tu ne dors pas le premier soir ?
- Si je rentre dans cette chambre, on sait tous les deux qu'on ne va pas dormir. Et on a définitivement besoin de quelques heures de sommeil avant l'interrogatoire.
- Mais on pourrait dormir. J'ai sommeil, moi, réfuta Hermione en croisant les bras sur sa poitrine.
- Est-ce que tu as plus sommeil qu'envie de moi ? répliqua le blond en haussant un sourcil."
Elle s'autorisa un silence réflexif.
"On peut faire une rempart avec des coussins, suggéra la jeune femme.
- Un rempart en mousse, c'est ça que tu proposes ? Ça ne me semble pas très fiable face à un être insatiable et motivé comme moi."
Hermione soupira, vaincue, et recula d'un pas dans la chambre. Il avait parfaitement raison, aussi pénible que ce soit pour elle de le reconnaître. Il se pencha pour attraper la poignée de la porte, lui adressa un petit clin d'œil, et la referma doucement. Elle attendit, raide, qu'il la rouvre, mais après quelques secondes où il ne se passa rien, elle entendit ses pas qui s'éloignaient dans le couloir.
Oulala... Je suis un peu stressée d'avoir vos retours sur cette scène finale. J'espère que ça vous a plu, c'était une grande première pour moi d'écrire ça !
