Chapter 27 - Cuba libre

Hermione eu la surprise de tomber nez-à-nez avec Igor, l'elfe de Théodore, qui l'attendait à l'aire de Portoloin de La Havane avec une pancarte à la main. Il avait l'air profondément ennuyé. Sitôt qu'il avisa la sorcière qui arrivait vers lui, il ôta ses lunettes de soleil et la salua d'un mouvement de tête poli. Il en fit de même en direction des quatre aurors qui la suivaient à la trace.

"Bonjour, Igor ! lança Hermione en se baissant pour être à sa hauteur.

- Igor n'embrasse pas les sorcières, dit l'elfe en lui tendant une main autoritaire."

Elle la serra, un peu déstabilisée. Est-ce qu'elle donnait réellement l'impression de vouloir forcer son affection de manière non sollicitée auprès d'un elfe de maison ? Visiblement, il éprouvait une certaine répulsion à son égard. Ce qui était peu flatteur. La communauté des elfes de Grande-Bretagne ne lui pardonneraient jamais d'avoir failli les priver de leur vocation, à savoir servir leurs maîtres. Et Hermione, qui ne comprenait pas l'asservissement volontaire, ne pouvait s'empêcher d'essayer.

Igor lui arracha presque son sac de voyage des mains et pivota pour foncer vers la sortie.

"Une voiture nous attends, l'informa-t-il. Je vais vous escorter jusqu'à hôtel. Vous avez votre propre chambre, elle est connectée au réseau de cheminette. Vos bodyguards ont la suite adjacente. Maître Théodore vous attend à la piscine, et Miss Parkinson et Miss Carrow sont actuellement à une conférence. Elles vous rejoindront pour le dîner à 20 heures. J'espère que vous avez pensé à amener une tenue correcte. Si ce n'est pas le cas, la boutique de l'hôtel est très bien pourvue.

- Bien, dit Hermione en se demandant s'il attendait d'elle qu'elle prenne des notes."

Ils montèrent tous dans la voiture magiquement agrandie, et la Gryffondor se retrouva tassée sur la même banquette que trois aurors, pour la simple et bonne raison qu'Igor avait réquisitionné une banquette entière en effectuant une sorte de grand écart pour s'assurer que personne n'empiète sur son espace personnel.

"Il fait chaud, remarqua Hermione en s'éventant avec sa main.

- J'aimerais pouvoir jouer à Candy Crush, maintenant, décréta Igor en dégainant son smartphone."

Elle venait de se faire méchamment clouer le bec par un elfe. Les aurors échangèrent un regard mi-amusé, mi-étonné, mais ne firent aucune remarque désobligeante.

Hermione haussa les épaules, et décida de profiter du paysage plutôt que de déclencher une dispute avec Igor, qui de toute façon s'était lancé dans une partie bruyante et endiablée de destruction de bonbons multicolores. Après tout, elle était ici pour se détendre. Se reposer. Observer le mouvement lent des vagues qui affluaient et refluaient, le vent chaud dans les palmiers, la musique au loin, les couleurs et les odeurs nouvelles qui lui parvenaient.

"Vous surfez, miss Granger ? s'enquit l'auror nommé Numéro trois par Blaise."

Hermione gloussa.

"Absolument pas, non. Et vous ? Je n'ai jamais entendu parler de sorciers qui faisaient du surf, mais après tout pourquoi ne pourraient-il pas...

- Je suis né-moldu, répondit Numéro trois.

- Oh ! Moi aussi, dit Hermione."

Les aurors ricanèrent doucement, avant de se reprendre.

"Tout le monde est parfaitement au courant de cet état de fait, Miss. Vous êtes probablement la né-moldue la plus célèbre au monde, rit Numéro quatre."

A cela, Igor émit un reniflement disgracieux. Hermione lui jeta un regard qui tentait de ne pas être trop courroucé, mais il continua à l'ignorer superbement.

"Vous savez, vous n'êtes pas obligés de me surveiller sans arrêt. L'hôtel est sécurisé, et je vais être entourée de sorciers à cette convention... Vous pouvez tout à fait aller surfer.

- C'est très gentil à vous, Miss, mais il est hors de question qu'on vous laisse sans surveillance. Ordres directs. Et personne ne désobéit à Harry Potter."

Igor recommença son reniflement dédaigneux. Irritée, Hermione préféra descendre la vitre pour sentir un peu d'air sur son visage. Elle n'allait pas laisser cet elfe qui avait une dent contre elle lui gâcher son séjour.

"Ne faites pas ça. La voiture est climatisée, siffla Igor."

.

Hermione enfila une robe de plage légère par-dessus son maillot de bain et se jeta un sort de protection solaire, avant de chercher à localiser le chapeau en paille qu'elle venait d'acheter à la boutique de l'hôtel. Nott s'était copieusement répandu en moqueries à l'égard de ce délicieux chapeau mais, de la même façon qu'elle avait ignoré son elfe bougon, elle était passée outre. Mieux, elle avait acheté quatre chapeaux de plus pour les offrir à ses aurors, qui n'avaient pas osé refuser l'offrande et se retrouvaient tous donc équipés de panamas.

Nott ne l'attendait pas à la piscine comme l'avait annoncé Igor, mais dans un fauteuil, à la réception de l'hôtel. Il était affalé sous la climatisation, et semblait souffrir d'une sorte d'insolation. Il blâmait Pansy, qui l'avait laissé dormir sur un transat en plein soleil pendant qu'elle se disputait avec le barman, qui aurait prétendument versé du coca normal et non du coca light dans son cocktail. Pansy n'avait que récemment découvert l'existence des sodas, mais elle avait déjà des goûts bien arrêtés en la matière.

Après ses achats, Hermione avait pris possession de sa chambre, pendant que Nott était allé prendre un bain glacé pour tenter de remédier à la chaleur qui irradiait de sa peau grillée. La Gryffondor avait fait un commentaire à propos de la protection solaire offerte par un bon chapeau, et il était parti en fulminant - en fumant, en réalité - vers sa propre chambre.

"Hermione ? lança une voix depuis la cheminée.

- Je suis là, répondit la jeune femme en se précipitant face à l'âtre. Oh, Zabini. Tout va bien ?"

Il eut un temps d'arrêt en avisant sa tenue.

"Qu'est-ce que c'est ce que ce chapeau ? Et pourquoi tu portes une robe transparente ?"

Hermione baissa les yeux sur sa robe, et constata avec effroi que cette fois, il ne s'agissait pas d'une astuce de Serpentard pour la mettre mal à l'aise. Cette robe était définitivement transparente. Fort heureusement, c'était un maillot de bain qu'elle portait dessous, et non d'éventuels sous-vêtements affriolants.

"C'est ma tenue de vacancière, répondit-elle sèchement. Pour me détendre. Me reposer. Prendre du recul.

- Soit. Détends toi à demi-nue, si ça t'aide, répondit Blaise en riant. Je ne t'appelais pas pour discuter chiffon, de toute façon.

- Il y a un problème au bureau ? s'inquiéta Hermione.

- Non, ça va. Le penthouse ne s'est pas écroulé en ton absence de... 3 heures, exactement. Je voulais juste te prévenir que ma mère est aussi à La Havane. Apparemment, son nouveau mec doit parler à la conférence. Je viens juste de l'apprendre, alors... Si jamais tu la croises, ignore-la. Elle va probablement essayer de te menacer, ou de t'extorquer des informations au sujet de tu-sais-quoi.

- Ta mère s'intéresse au féminisme ? s'étrangla Hermione.

- Je ne sais pas ce qu'il y a de plus féministe que de tuer méthodiquement tous ses maris. Prétendument."

Hermione voulait vraiment maintenir un air sévère et concentré, mais elle éclata de rire, et en fit tomber son chapeau. Elle se baissa pour le ramasser, et lorsqu'elle releva la tête, elle tomba nez à nez non plus seulement avec le visage de Blaise, mais également avec celui de Drago. Qui avait l'air franchement agacé. Et rouge. Ce qui ne lui ressemblait pas du tout - c'était même à croire que sa peau n'était capable que d'afficher une seule nuance de blanc.

"Oh, dit brillamment Hermione, soudain très consciente de sa tenue estivale.

- Re-bonjour, dit Drago d'une voix rauque.

- Re-bonjour, répondit la Gryffondor en dansant d'un pied sur l'autre.

- Trêve de politesses, soupira un Blaise exaspéré. Si tu croises ma délicieuse mère, donc, est-ce que tu pourrais essayer de savoir qui est sa nouvelle victime ?

- Je croyais qu'elle était à Venise, se souvint Hermione.

- Oui, avec un type qui dirige une compagnie d'assurances. Mais là, c'en est un différent. Et elle n'a pas voulu me lâcher son nom, ce qui est suspect, expliqua le Serpentard, qui jouait des coudes avec Drago pour garder sa place dans la cheminée. Elle doit penser que je vais désapprouver plus vigoureusement que d'habitude, et ça, c'est très mauvais signe.

- Zabini, je suis censée être en vacances. Pas m'investir dans une mission d'espionnage sur une île au passé révolutionnaire, râla Hermione.

- C'est précisément pour ça que je lui avais interdit de te contacter, lança Drago en jetant un regard sombre à son meilleur ami.

- GRANGER ! ÉTALE MOI CETTE CRÈME HYDRATANTE ! Ça me démange, ça me brûle, ma peau se détache en petits lambeaux, je mue comme un foutu serpent, et... hurla Nott en entrant comme une tornade dans la chambre."

Il stoppa son avancée et se redressa, un tube de pommade moldue qu'il venait d'acheter à la réception serré entre ses doigts rouges. Hélas, reprendre une contenance aristocratique maintenant produisit seulement un effet comique, puisqu'il était en caleçon, une chemise ouverte enfilée à l'envers sur son dos.

"Oh, Drago, Blaise, les salua-t-il d'un ton poli.

- Théo... commença Drago d'un voix perchée à l'intonation désagréable.

- Par Salazar Nott, qu'est-ce qui t'est arrivé ? grimaça Blaise en se penchant en avant pour étudier le cas Nott.

- PARKINSON m'est arrivé ! C'est entièrement de sa faute. Et maintenant, elle est partie assister à une foutue réunion, et je vais probablement avoir un cancer de la peau, j'ai mal partout, c'est... insupportable ! geignit Nott en désignant son torse écarlate.

- Tu es assez grand pour te jeter un sort de protection solaire, non ? C'est pas la faute de Pansy si t'es incapable de t'occuper de toi-même, rectifia Hermione en empoignant le tube d'un geste autoritaire."

Elle le jeta d'un geste expéditif sur un fauteuil et se dirigea vers son sac, d'où elle sortit un vieux grimoire.

"Je suis sûre qu'il existe un sort pour réparer les dégâts. Rien que la magie ne puisse pas réparer, dit-elle en tournant les pages à un rythme effréné.

- Évidemment. Évidemment, Granger a emporté un grimoire de sortilèges en vacances, marmonna Drago."

Elle redressa la tête, et le fusilla du regard. Pendant ce temps, Nott alla s'installer avec précaution sur un fauteuil avec une grimace de douleur exagérée, qui aurait pu laisser penser qu'il était à l'article de la mort.

"On a une réunion dans... Il y a 10 minutes, reprit Drago. Granger, dès que tu as tiré Nott de sa misère, tu ranges ce truc et tu vas boire un cocktail au bord de la piscine.

- Bois en deux, même, ajouta Blaise. Il faudra bien ça pour tolérer la vue de ma mère enroulée autour d'un pauvre sorcier dont les jours sont comptés. Prétendument.

- Je ferai ça, dit Hermione évasivement, sans interrompre sa lecture."

Blaise disparut de la cheminée, mais Drago traîna quelques secondes de plus dans l'âtre.

"Jolie robe, Granger, lança-t'il avant de couper la connexion."

Nott gloussa avant de se souvenir qu'il était en pleine agonie, et Hermione cacha son visage rouge derrière son grimoire.

.

Hermione trouva le sortilège adapté en quelques minutes, et réussit à mettre un sérieux coup d'arrêt aux gémissements intempestifs de Nott. Rasséréné, il lui empoigna le bras à la manière du gentleman qu'il était redevenu, et ils descendirent s'installer sur des transats. Hermione n'était pas particulièrement mal à l'aise en compagnie du Serpentard - après-tout, elle fréquentait de manière assidue des membres de la même maison au quotidien. Même si elle ne parvenait pas encore à discerner le vrai du faux derrière ses sarcasmes permanents, elle réalisa qu'elle faisait plutôt confiance au jeune homme affalé à l'ombre d'un parasol. Il avait aidé Pansy, et continuait à le faire avec loyauté alors qu'il aurait pu tout simplement prendre le large et se dégager de toutes responsabilités après l'accident. Elle le dévisagea par-dessus ses lunettes de soleil, et décida qu'il y avait peut-être quelqu'un de bien derrière ses apparences maléfiques et son petit air supérieur.

"Cesse de me dévisager, Granger. Tu m'empêches de dormir, lâcha Nott en se redressant sur ses coudes.

- Je ne...

- Tss. Inutile de mentir. Qu'est-ce que tu veux savoir ? Il suffit de me demander. Je ne m'engage pas à répondre avec honnêteté, étant donné que je suis un Serpentard, mais tu peux faire un essai."

Hermione sombra dans un mutisme inquiet.

"J'ai laissé mes artefacts de magie noire au manoir. Tu ne risques rien, ajouta Nott.

-...

- Bon, j'ai peut-être, ou peut-être pas, embarqué en douce du Poison pernicieux.

- QUOI ? rugit Hermione en lâchant son livre.

- Je mentais, évidemment, ricana Nott en réajustant sa casquette moldue. Maintenant que tu as retrouvé l'usage de la parole... Enchaîne, on a pas toute la journée, reprit-il avec un moulinet du poignet.

- Tu as vraiment du Poison pernicieux dans ta valise, réalisa Hermione, blême.

- Bien sûr que non. Il faudrait être vraiment peu respectueux des lois pour faire une chose pareille.

- Qu'est-ce que tu as prévu d'en faire ? questionna Hermione en enlevant ses lunettes de soleil pour mieux le perforer de son regard orageux.

- Rien du tout. Puisque je n'ai pas de Poison pernicieux dans ma valise.

- Tu peux tuer quelqu'un, avec ça ! C'est très sérieux, Théodore.

- Je crois savoir que la finalité d'une potion létale est effectivement d'entraîner la mort de celui qui la boit. Mais comme je l'ai dit, ce serait peu respectueux des lois.

- Nott... gronda Hermione.

- Granger ! hurla la voix stridente de Pansy, qui se rua sur Hermione sans cérémonie aucune et faillit renverser son transat."

La Serpentard roula contre Hermione et la serra dans ses bras. Une démonstration d'affection spontanée à laquelle Hermione n'était pas du tout habituée, encore moins de la part de l'habituelle glaciale élite sorcière. Elle tapota le dos de Pansy avec maladresse, et se mit à glousser avec la jeune femme lorsque celle-ci lui jeta un regard extatique.

"Je suis tellement contente que tu sois là ! dit Pansy en souriant de toutes ces dents."

Hermione lui rendit son sourire, et réalisa que c'était, pour Parkinson, une façon d'exprimer sa reconnaissance et son soulagement de la compter comme une alliée dans le cauchemar qu'elle traversait.

"Bon sang Parkinson, contrôle toi un peu, tu dégoulines tellement d'amour que j'ai reçu des éclaboussures, maugréa Nott en lui jetant une grimace écœurée."

Pansy se redressa pour lui asséner une tape sur le bras, sans pour autant descendre du transat d'Hermione. La Gryffondor sentit que la chaise-longue tanguait dangereusement du fait de l'agitation de Pansy, et agrippa le parasol par sécurité, au cas où l'hyper-exubérante Serpentard renverserait tout dans sa fougue.

"Et contrôle aussi tes pulsions violentes, personne ici n'a envie de se retrouver avec un deuxième cadavre à faire disparaître.

- NOTT ! rugit de nouveau Hermione, en jetant un regard effaré autour d'eux pour vérifier que personne n'était à portée d'oreille.

- Il est tout le temps comme ça, expliqua Pansy en roulant des yeux. Tu comprends pourquoi je l'ai laissé rôtir au soleil, maintenant. Comment ça va, Théo ? Pas trop déshydraté ?

- Sadique, siffla Nott.

- Crétin, répondit Pansy en lui lançant un baiser en l'air.

- Merlin... marmonna Hermione, qui avait abandonné l'idée de lire tranquillement son livre.

- Granger, je te propose qu'on aille au spa. Entre filles. Théo a sûrement encore envie de peaufiner son bronzage. Cet homme est tellement superficiel, il ne fait que lézarder au soleil toute la journée.

- Parkinson, je dois t'avertir que Granger m'accuse de transporter en toute illégalité une potion mortelle dans mes bagages. C'est faux. Ou peut-être pas. Qui sait ?"

Il reçut un second coup, mais cette fois il s'y attendait, et entraîna Pansy contre lui en lui attrapant le poignet. La Serpentard bascula sur lui et ils se mirent à glousser de concert, ce qui exaspéra Hermione et la gêna prodigieusement. Les effusions en public, très peu pour elle. Elle ne serait jamais celle qui glousse avec un garçon face à des yeux innocents. Quelle idée saugrenue ! De toute façon, Drago n'était pas non plus de ce genre là.

Quoi ?

Hermione fronça les sourcils, interloquée par ses propres pensées. Que venait faire Malefoy dans son cerveau à cet instant précis ? C'était définitivement une intrusion inconvenante. Ils n'étaient pas en mesure de se rouler ensemble dans un transat, à demi-nus, en gloussant. Ni aujourd'hui, ni jamais. Pourquoi est-ce qu'elle se projetait dans une situation aussi improbable ? Son cerveau était malade.

"Spa ? proposa une Pansy debout devant elle, main tendue."

Hermione l'attrapa en secouant la tête comme pour chasser ses pensées obscènes et révoltantes.

.

"Bon. Maintenant qu'on est toutes les deux, tu vas m'expliquer ce que tu fais vraiment ici. Non pas que je ne sois pas ravie de ta présence. Et je pense que tu mérites cette pause au soleil. Mais qu'est-ce qui s'est passé ? attaqua Pansy à la seconde où elles furent installées sur leurs tables de massage."

Bonjour la relaxation, songea Hermione.

"Il s'est passé qu'une bombe a explosé dans mon appartement, répondit Hermione.

- Je sais parfaitement ça, répliqua Pansy."

Et le ton qu'elle choisit laissait transparaître son irritation.

"Ce que je veux savoir, en revanche, c'est ce qu'il s'est réellement passé pour que tu quittes notre très chère terre britannique. Une simple bombe ne chasserait pas Hermione Granger. Alors ?"

Hermione tourna la tête vers elle, soupçonneuse.

"Je ne comprends pas la question, avoua-t-elle après un silence. J'étais stressée, et sous pression, et Blaise a suggéré que je prenne quelques jours. Harry était inquiet aussi, et j'étais épuisée... Nerveusement épuisée. Voilà ce qu'il s'est passé.

- Je vois, dit Pansy en lui faisant un clin d'œil cryptique."

Impossible de se laisser aller au massage en compagnie d'une Serpentard manipulatrice, qui était en train d'essayer de l'appâter avec des sous-entendus qu'elle seule percevait. Ne cède pas, se dit Hermione en fermant les yeux, persuadée que Pansy abandonnerait son interrogatoire incessant si elle ne lui prêtait pas attention. Et cela fonctionna. Au moins pendant deux bonnes minutes.

"Il ne s'est rien passé avec Drago, précisément ?"

Hermione ouvrit les yeux brusquement.

"Qu'est-ce que Drago vient faire dans cette histoire ? grogna-t-elle.

- JE LE SAVAIS ! rugit Pansy avec une telle férocité que les masseuses arrêtèrent aussitôt leur travail."

Hermione regarda avec une certaine stupeur Pansy se redresser sur sa table, et pivoter pour s'asseoir, jambes dans le vide, à quelques centimètres de sa tête. Alors qu'elle était en culotte. Uniquement en culotte.

"Il m'a appelée tout à l'heure. Il bafouillait. Drago ne bafouille jamais. Et il voulait s'assurer que je veille sur toi. Drago ne veille jamais sur personne, même pas sur lui même. Il avait l'air inquiet. Et Drago...

- ... n'est jamais inquiet, j'ai compris le principe, gémit Hermione en soupirant ostensiblement.

- Vous avez couché ensemble, dit Pansy avec une certitude glaçante.

- Quoi ? dit Hermione."

La sorcière la plus brillante de sa génération, rien que ça.

"Je me demandais quand ça arriverait. Vous avec couché ensemble, et tu l'as rejeté, et tu as pris la fuite, et maintenant il est malheureux et dévasté et recroquevillé sur lui-même parce qu'il se fout de tout et que pour une fois qu'il était vraiment investi, il a pris le premier râteau de sa vie, et il ne sait pas gérer ça, parce qu'il a toujours ce qu'il veut, alors il... déblatérait Pansy en faisant les cents pas autour de sa table."

A ce stade, les masseuses avaient quitté la pièce, et Hermione s'était redressée pour s'asseoir, enroulée dans une serviette en éponge. Parce qu'elle avait la décence de ne pas se trimballer poitrine à l'air comme si de rien n'était.

"Pansy, ce n'est pas du tout ce qu'il s'est passé, la coupa Hermione.

- Oh non ? lui lança la Serpentard, poings sur les hanches.

- Bien sûr que non. Personne n'a rejeté personne. C'était le chaos, on a même pas eu le temps de parler de tout ça, réfuta Hermione dans un élan d'humeur.

- Je ne pensais pas que tu avouerais si facilement d'avoir sauté Drago, reconnut Pansy avec un air un peu impressionné. Mais si tu ne l'as pas rejeté, explique-moi ce que tu fais ici, sans lui, en pleine fuite. Explique-moi pourquoi il avait ce ton totalement inhabituel du mec qui tâte le terrain. Parce que Drago ne tâte pas le terrain.

- Il va vraiment falloir arrêter de faire ça. Drago ne fait pas ci, Drago ne fait pas ça, marmonna Hermione. Drago fait tout un tas de choses incompréhensibles et il n'y a pas de manuel pour décrypter ses actions absurdes.

- Oh, alors c'est lui qui a fait quelque chose de mal, pas toi. Je pensais qu'il était trop amouraché pour tenter une de ses cascades habituelles, réfléchit Pansy en s'asseyant à côté d'Hermione.

- Tu délires complètement, Pansy. Drago n'est pas amouraché. Et de toute façon, personne ne dit ça depuis 1950.

- Le sarcasme comme mécanisme de défense. Il déteint sur toi, l'accusa Parkinson en pointant un doigt accusateur dans sa direction."

Puis elle se mit à rire, sincèrement amusée par cette conversation qui faisait lentement agoniser Hermione.

"J'y crois pas, hoqueta Pansy en se tenant le ventre. Vous êtes tellement drôles, à batifoler en secret et vous disputer et vous dévisager comme si vous étiez les héros d'une romance épique...

- Dis donc Parkinson, tu crois que c'est mieux de faire des coups pourris à Nott et de glousser avec lui comme une dinde ? se défendit Hermione."

Pansy haussa un sourcil, plus amusée que vexée.

"Tu le défends ! Ton petit Drago ! gloussa la Serpentard en pinçant la joue d'Hermione, qui ne put s'empêcher de pouffer face à l'attitude immature de Pansy."

Elles devaient être extrêmement stressées toutes les deux, parce que ce petit rire de connivence se transforma en éclat de rire, et il leur fallut plusieurs minutes pour reprendre contenance parce qu'à chaque fois que l'une des deux s'arrêtait, l'autre émettait un hoquet et tout recommençait. Et Hermione se dit qu'elle était soulagée que Pansy ait deviné, aussi insupportable et intrusive soit-elle. Quelqu'un savait. Quelqu'un échangeait avec elle au sujet de Drago. Elle pouvait enfin partager avec quelqu'un cette nouvelle qu'elle-même n'avait pas totalement intégrée.

Ce genre d'échange était nouveau pour Hermione. Elle avait grandi entourée de garçons, se contentant d'une proximité toute relative avec les autres filles de la maison Gryffondor. Il y avait eu Ginny bien sûr, mais Ginny était plus jeune, c'était la sœur de Ron, et elles n'avaient jamais été proches au point d'être suffisamment confortables ensemble pour disserter de leurs émotions. Cette nouveauté n'était pas étrangère à Pansy non plus, qui avait fait sa place au sein du nid de serpent avec Théo, Blaise et Malefoy pour seule compagnie.

"Je suis soulagée de l'avoir dit à quelqu'un, avoua Hermione en essuyant une larme.

- J'ai dû te tirer les vers du nez. Mais j'ai compris à la minute où tu as débarqué ici en urgence, et que cet abruti incapable d'appréhender ses émotions m'a appelée.

- Je suis pas venue ici pour le fuir, rectifia Hermione. Cette partie là, elle était honnête. Ça n'a rien à avoir avec Drago.

- T'en es sûre ? demanda Pansy."

Et cette fois, aucune trace de moquerie. C'était une vraie question. Qui prit Hermione au dépourvu.

"Je n'ai aucune raison de le fuir. Ni aucune envie.

- Mais tu en avais besoin. Drago est... C'est quelqu'un d'intense. Toute cette situation est très intense. Accablante. En particulier pour toi, parce que tu as tellement fait pour moi, pour nous tous. Tu avais besoin de t'éloigner un peu. Il s'en remettra."

Hermione médita quelques secondes.

"Tu crois qu'il l'a pris personnellement ? Je veux dire, ce n'était même pas mon idée de partir. Et il a semblé penser que c'était la bonne chose à faire.

- Il a fait passer ton bien-être avant le sien, ce qui n'est pas DU TOUT son mode d'action habituel. Il est égoïste, et égocentrique. Il est intimement persuadé que personne ne peut réussir quoi que ce soit mieux que lui. S'il t'a laissée partir hors de portée, c'est clairement un sacrifice de sa part.

- T'as une drôle façon de le promouvoir, gloussa Hermione.

- Comme si j'avais besoin de te vanter ses mérites, rit Pansy en levant les yeux au ciel. Raconte-moi exactement ce qu'il s'est passé après l'explosion."

Hermione joua un peu avec ses doigts, et finit par expirer. Peut-être qu'elle avait effectivement besoin de laisser sortir tout ça, et de manière structurée cette fois, sans larmes et rupture nerveuse.

"Je ne sais pas par où commencer... Blaise et moi, on a passé la nuit chez Drago. Parce que je n'avais plus d'appartement, précisa Hermione. Blaise dormait, mais pas Drago, et moi... J'étais trop bouleversée pour m'endormir. Je ne sais pas comment c'est arrivé. C'est juste... arrivé.

- Est-ce que c'est toi, ou lui qui a fait le premier pas ?

- Aucune idée. Je suis allée le rejoindre au salon. Ensuite... Tout s'est enchaîné. Peut-être que c'est lui qui a déclenché ça, mais j'ai répondu, alors... Honnêtement, j'avais besoin de sa présence à ce moment-là, et je n'ai pas plus réfléchi que ça avant d'aller le voir. C'était... évident.

- C'était bien ?

- Pansy ! protesta Hermione en esquissant un sourire gêné.

- Je suis sûre que c'était du genre frénétique. Depuis le temps que vous étiez sous cette tension sexuelle ! Bon, et après cette incroyable partie de jambes en l'air ? Vous avez parlé ?

- Non, pas vraiment... Mais un peu le lendemain matin, ce qui était assez bizarre. Dans le genre... embarrassant ? Il a pas vraiment rejeté l'idée de retenter l'expérience. Et puis... Quand j'ai complètement pété les plombs plus tard dans la journée, il est resté avec moi. On était tout habillés dans le lit, ne va pas te faire d'idées. Mais tu vois, il a été là pour moi tout le long.

- Il a dormi avec toi, après vos prouesses sexuelles ?

- Non, marmonna Hermione, surprise par la petite pointe de regret qui l'assaillit. On devait se lever tôt pour l'interrogatoire.

- Oh, l'interrogatoire. Brillant, Drago, avec la presse. C'était magistral. Même moi j'y ai cru. Nott était ravi. Blaise m'a raconté dans les grandes lignes... Comment c'était ?

- Rude. Mais ça aurait pu se passer bien plus mal que ça.

- Et ensuite ? Le pétage de plombs ? la pressa Pansy.

- On est allés chez Blaise avec mon équipe de protection."

Hermione s'interrompit, prodigieusement embarrassée par la suite des évènements.

"Et là, il s'est passé un truc, comprit Pansy, étrangement intuitive.

- Tout le monde savait mieux que moi ce que je devais faire, tout à coup. J'étais enfermée, surveillée, et Drago... Enfin, j'ai un peu... Craqué. J'imagine que Blaise t'a tout raconté, de toute façon."

Hermione se tourna vers Pansy, qui attendait la suite avec un poing appuyé sur son menton. Elle hocha la tête en signe de négation.

"Absolument pas. Il m'a juste dit que t'avais besoin de repos. T'as, genre, pleuré ?

- Si c'était que ça, lâcha Hermione avec un rire sans joie. Pansy, je suis mortifiée. Je ne me souviens même pas exactement de ce qu'il s'est passé. Une seconde avant, j'étais en train de parler avec Drago, et la suivante, je menaçais un auror de lui mettre des coups de chaise. Quand je suis revenue à moi, j'étais plantée au milieu du salon en larmes, incapable de tenir debout. Une loque."

Pansy tenta de camoufler son air épouvanté, et opta pour tapoter la main d'Hermione d'une moue compatissante. Elle n'aurait jamais ne serait-ce qu'imaginer Granger en train de perdre ses moyens.

"Il l'avait sûrement mérité, dit-elle simplement.

- C'est Drago qui m'a calmée. Il a été vraiment..."

Hermione s'arrêta pour chercher le mot adéquat.

"Gentil ? suggéra Pansy en grimaçant.

- Oui, reconnut Hermione.

- Waw. Je veux dire... WAW. Ça a dû être un choc.

- Assez ! J'ai probablement détruit sa chemise. Je devrais lui en acheter une nouvelle.

- Il a déclenché tout ça, d'une manière ou d'une autre. Je ne sais pas ce qu'il t'a dit pour te faire disjoncter, mais ça lui ressemble totalement de provoquer une crise de nerf chez quelqu'un. C'est pas son coup d'essai. Alors c'est normal que ce soit lui qui répare. Au diable sa chemise !

- Il essayait juste de me faire entendre raison, temporisa Hermione."

Voilà qu'elle défendait à voix haute l'infernal Drago Malefoy.

"On lui trouvera une nouvelle chemise, suggéra Pansy."

.

Ils dinèrent avec les quatre aurors au restaurant de l'hôtel. Igor n'avait pas menti ; une tenue correcte était exigée. Engoncée dans une robe ridiculement étriquée de Pansy, Hermione noyait avec succès ses émotions dans un vin pétillant. Parler avec Pansy lui avait fait beaucoup de bien et lui avait permis de faire le tri dans les évènements récents, d'essayer de percevoir une logique entre des faits. Pour autant, elle restait tendue, et sentait ses nerfs la picoter à chaque fois qu'elle pensait à Drago. Finalement, la discussion à cœur ouvert au spa avait mis en lumière les sentiments très peu professionnels qui l'assaillaient en présence du blond.

Hestia et Pansy venaient d'achever leur récit des différentes conférences auxquelles elles avaient assisté ou participé, aidées par Nott qui ne pouvait s'empêcher d'ajouter des détails cocasses. Ce qui prouvait une chose ; il était attentif, et avait écouté minutieusement toutes les interventions des deux filles. Il pouvait plaisanter autant qu'il voulait, ça n'enlevait rien au fait qu'il avait été là.

Hermione s'enfonça plus profondément dans sa chaise rembourrée, sirotant sa boisson avec un petit sourire distrait. Elle se sentait bien - vraiment bien.

"C'est demain, que le yankee interroge tout le monde ? demanda Nott en se resservant du vin."

Hermione jeta un regard aux aurors, inquiète que quelqu'un fasse un faux pas en leur présence. Et si quelqu'un était capable d'avouer un meurtre entre deux coupes de champagne, c'était définitivement Nott.

"L'auror Harmon, rectifia la jeune femme en lançant un regard féroce au Serpentard.

- On l'appelle le cow-boy, dit l'auror Numéro 2."

Hestia pouffa dans son verre, étonnée que l'un des gorilles d'Hermione prenne la parole, qui plus est pour faire de l'humour.

"Il vient du Texas, précisa l'auror Numéro 4.

- Hiihaaaa ! s'écria Nott en faisant tourner un lasso imaginaire au-dessus de sa tête.

- Il m'a semblé très compétent, crut bon de préciser Hermione, qui ne voulait froisser les sensibilités de personne.

- Il l'est, répondit l'auror numéro 1. Un foutu bon enquêteur. Il trouvera le coupable, miss Granger, c'est certain."

Le verre de Pansy se renversa, et elle se racla la gorge pendant qu'Hermione nettoyait les dégâts d'un coup de baguette.

"J'ai le sentiment que le courant passait bien entre nous. Il a l'air de vouloir réellement nous aider, dit-elle."

Elle aurait probablement continué à parler pour rassurer Pansy si les quatre téléphones des aurors ne s'étaient pas mis à vibrer en même temps. Nott fit un bond sur sa chaise, toujours pas habitué à ce genre de nuisances sonores d'origine moldue.

"Qu'est-ce qui se passe ? se renseigna Hermione en avisant leurs mines inquiètes."

Ils échangèrent un regard entendu et se levèrent d'un même geste.

"Il faut que vous regagniez vos chambres. Immédiatement, dit l'auror numéro 3 d'un ton sans appel."

Hermione était debout avant de réaliser que ses pieds avaient bougé sans son contrôle. Elle posa d'autres questions, mais les aurors étaient passé en mode opération et ne répondaient plus. Ils chuchotèrent rapidement entre eux, puis se mirent en mouvement. Deux d'entre eux encadraient leur petit groupe, un autre observait les alentours avec sa main posée sur sa baguette, et le dernier ouvrait la voie en écartant les quelques clients qui se trouvaient sur sa route.

Les quatre députés se retrouvèrent dans la chambre d'Hermione avant d'avoir eu le temps de comprendre ce qu'il leur arrivait. Deux aurors partirent patrouiller dans les alentours, et les deux autres se placèrent devant la porte. Cette dernière claqua. Hermione se retourna vers Pansy, les mains sur les hanches.

"Mais enfin... bafouilla la Gryffondor, perplexe.

- Visiblement, il ont reçu des ordres, grogna Nott en se précipitant vers la fenêtre pour regarder au-dehors.

- Ils nous ont laissés tous ensemble, remarqua Pansy. Est-ce que ça veut dire qu'on est tous suspects ? Est-ce qu'on est arrêtés ?

- Je crois qu'on est tous menacés, rectifia Hermione. Ils avaient une attitude protectrice envers nous, comme si quelque chose d'extérieur pouvait nous mettre en danger.

- Mais quoi ? s'inquiéta Hestia. Qui les a avertis ?

- Probablement le Ministère. Potter, suggéra Nott. Granger, il n'a pas essayé de te contacter ?

- Non... répondit Hermione en vérifiant son téléphone."

Nott fronça les sourcils. L'inquiétude était palpable.

"Vous croyez... Que quelque chose est arrivé aux autres ? demanda Pansy d'une petite voix. Ils sont restés à Londres. Et si...

- Harry me l'aurait dit. Si l'un de nos proches était en danger, Harry me l'aurait dit, certifia Hermione. Il n'aurait pas ordonné à ses aurors de nous enfermer quelque part sans nous informer.

- Sauf s'il veut te protéger, objecta Nott. Ou s'il pense que tu pourrais faire quelque chose de stupide, comme te précipiter à Londres.

- Nott, pourquoi toutes tes suggestions sont anxiogènes ? Tu m'angoisses ! s'écria Pansy en lui jetant un coussin.

- Il marque un point, malheureusement, souffla Hermione, pâle."

Nott s'avança vers elle et lui pressa gentiment le bras, avant de se diriger vers la cheminée.

"On a qu'à essayer de joindre Drago ou Blaise, décréta-t-il en se retroussant les manches."

Il jeta une poignée de poudre dans la cheminée, mais rien ne se passa. Absolument rien. Il réessaya, sans résultat.

"Ils ont fermé le réseau de cheminettes, comprit Hestia. On est... coupés du monde. Oh mon dieu...

- On a encore nos téléphones, balbutia Hermione, plus prompte à utiliser des réseaux de communication moldus que les autres."

Drago décrocha à la cinquième sonnerie.

"Granger, il est 3 heures du matin ici, grogna-t-il d'une voix rocailleuse. Je dors. A demain."

Et il raccrocha. Hermione regarda son téléphone d'un air hébété, relativement agacée par son attitude.

"Il m'a raccroché au nez, gronda-t-elle.

- C'est une bonne nouvelle, dit Pansy. S'il dort, c'est qu'il va bien, et qu'il ne s'est rien passé de grave dans notre entourage. Il serait sur le pont, sinon."

Drago rappela quelques secondes plus tard, à la surprise générale.

"Qu'est-ce que tu voulais ? marmonna-t-il d'une voix d'outre-tombes.

- Je... Je voulais vérifier que tu allais bien. On vient d'être enfermés dans une chambre par mon équipe de sécurité, et on ne sait pas ce qu'il se passe.

- Quoi ? demanda Drago, l'air parfaitement réveillé à présent. Pourquoi ils ne vous disent rien... Qu'est-ce que c'est que ces aurors... Je vais aller réveiller Potter, tu vas voir si... Oh.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Hermione.

- Mets-moi sur haut-parleur, demanda-t-il."

La Gryffondor obéit et posa son téléphone sur la table basse. Penchés en avant, les quatre députés attendaient. Quelque chose dans le ton de Drago annonçait une très mauvaise nouvelle.

"J'ai allumé la télé... Il y a eu un autre attentat à l'instant. Quelqu'un est mort... Ils parlent de plusieurs blessés. Mais la presse ne sait pas qui c'est pour le moment."

Pansy émit un petit cri étouffé et se laissa tomber sur un fauteuil à côté d'une Hestia blanche comme un linge.

"Où est Zabini ? demanda Nott.

- Dans ma chambre d'amis. Je vais... Je vais appeler nos députés, un par un. Je vous tiens au courant. Faites attention à vous."

Drago raccrocha de nouveau sans attendre de réponse, et l'écran du téléphone d'Hermione redevint noir. Après un intense soulagement de le savoir en sécurité, elle se sentait de nouveau prise en étau par l'angoisse. Et s'il était arrivé quelque chose à l'un d'entre eux ? Elle se mordit le bout du pouce en silence.

Puis quelque chose la frappa. Pansy, Théo, Blaise, Drago et elle n'étaient pas les victimes. C'était pourtant eux cinq qui étaient impliqués dans la disparition de Laura. Peut-être que les bombes n'avaient rien à voir avec tout ça. Peut-être que ce n'était pas Lupin, mais un tout autre criminel. Les affaires n'étaient peut-être pas liées, comme le suspectait Harmon.

Ou peut-être que Lupin ne savait pas qui exactement était complice, et prenait pour cible tout leur groupe sans distinction.

Et, quand bien même Lupin ne serait pas impliqué, ce n'était pas particulièrement rassurant. Quelqu'un d'autre en avait après eux.

Elle aurait aimé pouvoir évoquer ces hypothèses avec les autres, mais Hestia était présente. Elle essaya de joindre Harry, sans résultat - il devait être sur le terrain. Elle essaya de joindre Astoria, puis Ron, qui ne décrochèrent pas non plus, probablement endormis. Elle alluma la télévision, mais les chaînes cubaines ne parlaient même pas de l'attentat à Londres.

"Granger, arrête de t'agiter, lui conseilla Nott. Drago rappellera à la seconde où il en saura plus.

- Je ne peux pas rester là à attendre les bras croisés, protesta-t-elle en se dirigeant vers la porte."

Elle tourna la poignée, qui ne bougea pas d'un pouce, et entreprit de frapper contre le battant avec vigueur. De toute façon, les aurors avaient déjà été témoins de ses accès de violence, alors elle ne pouvait guère descendre dans leur estime. Elle entendit Nott soupirer, exaspéré, mais continua à tambouriner. Elle fut rapidement rejointe par Pansy, qui utilisa non seulement ses poings, mais également le talon de sa chaussure pour faire plus de bruit.

"Ouvrez, bande de lâches ! vociféra la Serpentard en enfonçant la pointe de son escarpin dans la porte.

- Super Parkinson, tu les encourages clairement à ne jamais ouvrir cette porte. C'est pas grave, on peut tout à fait survivre en autarcie. Le mini-bar est plein et on a de super télénovelas à regarder, siffla Théo.

- Oh, ferme-là Nott, et sors-toi un peu les doigts du cul au lieu de rester assis à geindre ! l'invectiva Pansy."

La porte finit par s'ouvrir sur un auror au visage impassible, qui entra dans la pièce et referma derrière lui.

"Mesdames, calmez-vous. On a dû vous exfiltrer en urgence par précaution, mais on dirait que vous n'êtes pas en danger immédiat. On nous a signalé un attentat à Londres.

- On sait ! Qui est mort ? répliqua Hermione, à deux doigts de s'accrocher au col de l'auror pour lui arracher l'information.

- Un député dont l'identité n'est pas confirmée. Je n'ai pas plus d'information pour le moment, je suis désolé.

- Comment vous savez que c'est un député si vous ne savez pas de qui il s'agit ? demanda Hestia, pragmatique.

- L'attentat a eu lieu au siège des Progressistes.

- Progressistes, répéta Pansy, incrédule."

Voilà qui rebattait les cartes.


Bon, ce n'est pas dans ce chapitre qu'Hermione aura la chance de se détendre un peu. A votre avis, qui est la nouvelle victime ?

Beaucoup de Nott dans ce chapitre, pas beaucoup de Drago, mais il revient très vite !

Merci pour vos review, vous êtes extraordinaires...