Chapter 29 - Cartes sur table
Drago, pressentant que l'heure était aux règlements de compte, expédia Pansy et Hestia au penthouse sans même chercher à inventer un prétexte qui tenait debout. De toute façon, elles n'en avaient pas besoin : elles n'avaient pas franchement envie de se retrouver au milieu des tirs croisés qui menaçaient. Théo prit la fuite sans que personne ne l'y contraigne, ce qui conforta Hermione dans l'idée que, contrairement à elle, Nott savait quelque chose.
Une fois seuls dans l'immense loft, ils s'assirent de part et d'autre de la table de la cuisine. L'instant était grave.
Brusquement, Hermione avait la gorge nouée et les mains tremblantes. Incapable de décider si elle était plutôt impatiente de découvrir la vérité, satisfaite que Drago accepte de la lui délivrer sans discuter, angoissée d'apprendre quelque chose qui les séparerait définitivement, ou juste terrifiée que Drago ait fait une chose horrible pour une raison honorable. La dernière possibilité l'inquiétait d'autant plus qu'elle savait que si tel était le cas, elle allait le couvrir, et se rendre complice. Et aussi parce qu'une voix au fond d'elle lui criait que c'était précisément ce qui allait arriver.
Drago était capable du pire, ce n'était plus à prouver. Mais il y avait toujours une justification valable à ses actions, aussi terribles qu'elles soient. Ça avait toujours été le cas. Même à Poudlard, sa tentative de meurtre sur le directeur de l'école n'avait rien d'aléatoirement maléfique ; il cherchait à sauver sa peau, et celle de ses parents. Il avait systématiquement une raison parfaitement logique à prendre des décisions draconiennes et destructrices. Il n'agissait pas sous le coup de la rage ou de l'émotion, il calculait. Aucune de ses mauvaises actions n'était démotivée, il ne commettait pas l'irréparable pour le simple but de faire le mal. Jamais. Cette fois n'était peut-être pas différente.
Hermione s'obligea à inspirer, bloqua son souffle quelques secondes, et expira lentement.
Drago, quant à lui, était stoïque. Il se tenait droit sur sa chaise, les coudes appuyés sur la table, et il l'observait comme s'il essayait d'entrer dans sa tête.
"Parle, ordonna Hermione d'une voix mal assurée.
- Je ne sais pas par où commencer, reconnut Drago."
Il lui lança un regard qu'elle n'avait encore jamais vu sur lui, et elle ne pensait pas que ce jour arriverait ; il avait l'air inquiet. Comme un enfant.
"Quand est-ce que tu as commencé à recruter une équipe de sécurité privée ? reprit-elle en contrôlant les tremblements dans sa voix."
Drago déglutit.
"Il y a quelques mois. Pendant ma campagne, répondit le blond en essayant de faire abstraction de l'air horrifié de la personne en face de lui."
Comme elle restait silencieuse, il embraya.
"C'était hypothétique, j'ai simplement pris des contacts, établi des listes... Au cas où les choses tourneraient mal. Comme tu le sais... ma route vers l'élection n'a pas été particulièrement tendre, et les gens ne jetaient pas exactement des fleurs sur mon passage. Je ne faisais pas non plus confiance au ministère pour assurer les arrières d'un ancien mangemort. Et je savais qu'une fois élu, j'allais être contesté, attaqué, pris pour cible. Je voulais être prêt. Je voulais que les gens se sentent libres de me rejoindre sans risquer leur vie. Je voulais que les perturbateurs soient écartés de mes meetings, que les corbeaux y pensent à deux fois avant d'envoyer des beuglantes, que chaque insulte qu'on me lance ait des conséquences. Je voulais contrôler ce qu'il se passait. Ça aurait été plus simple si la population ne me haïssait pas, mais malheureusement là-dessus je n'avais pas de prise. En revanche, sur la réponse apportée à leur haine, je pouvais faire quelque chose. Tu ne sais pas ce que c'est que de sentir des inconnus te regarder comme s'ils voulaient t'arracher la tête et jouer au Quidditch avec partout où tu passes. Tu ne sais pas ce que c'est d'être regardé avec méfiance et dégoût dès que tu entres dans une pièce. Les gens crachaient à mes pieds, collaient des affiches menaçantes, jetaient des projectiles. Ce n'était pas exactement une promenade de santé."
Il stoppa sa tirade brusquement, comme s'il regrettait de s'être autant épanché. Hermione avait penché la tête sur le côté, concentrée. Elle buvait littéralement ses paroles, s'accrochant à chaque détail, mesurant la sincérité dans ses propos. Elle avait l'air peinée par ce qu'il racontait, sans pour autant le considérer avec pitié. Elle écoutait, elle l'écoutait vraiment. Comme elle avait légèrement relâché sa posture, il poursuivit son histoire.
"C'est toi qui a changé mes projets."
Elle sursauta, prise au dépourvu, mais n'émit pas le moindre son.
"Le soir de mon élection, mon siège de campagne a été pris d'assaut par des manifestants. Certains voulaient ma mort et le disaient à voix haute, comme si c'était parfaitement naturel et incontestable, comme si j'étais un être assez odieux pour que toute attaque contre moi soit admise comme légitime par tous. Pas un auror en vue. J'étais tellement convaincu que cet état de fait ne changerait jamais, que je n'aurai aucun soutien populaire et que j'allais devoir tracer ma route en rendant les coups, que j'étais prêt à signer les contrats de mes nouveaux gardes. Et tu as débarqué à mon QG."
Hermione recula contre le dossier de sa chaise et croisa les bras contre sa poitrine, incapable de comprendre où il voulait en venir. Ce soir-là, elle avait agi impulsivement, elle avait suivi son instinct et fait ce qui lui semblait juste. Si elle avait soupçonné que l'impact de son geste...
Et bien, elle aurait certainement fait exactement la même chose.
"En quoi ma présence a changé tes projets ?"
Drago craqua un rire sans joie, et secoua la tête, incrédule.
"Tu étais meilleure que tous les gardes de la terre réunis. Hermione Granger, héroïne de guerre aimée de tous, qui prend ma défense en public sans que je n'aie eu à lever le petit doigt ? C'était un imprévu. Un bon imprévu. Si tu étais capable de m'apporter ton soutien gratuitement, ça voulait dire que d'autres pouvaient suivre le mouvement. Que les électeurs pouvaient modérer leur point de vue sur moi. En fait, ça m'a ouvert de nouvelles perspectives. J'ai réalisé que je pouvais obtenir l'adhésion du public sans démonstration de force. Que les gens pouvaient me soutenir sans qu'ils y soient contraints d'une façon ou d'une autre. C'est ce soir-là que j'ai décidé que je te voulais dans mon groupe.
- Pour rallier le peuple sorcier à ta cause. En m'utilisant, résuma Hermione. En te servant de mon image.
- C'est ce que quelqu'un de cynique dirait certainement. Et ce serait juste, pour la majorité. Inutile de se voiler la face, n'importe quel groupe politique avec un membre tel que toi gagne immédiatement une énorme force de frappe. Tu es incontestablement un atout de poids. C'est toi, qui nous a apporté de la légitimité à constituer un groupe. Sans toi, on aurait été une petite bande de jeunes dissidents ambitieux, sans grande vision pour le pays. Avec toi, on change de dimension, on est la puissance du changement, le renouveau de la politique. Tout ça, tu le sais déjà, je suis sûr que t'y as pensé avant de nous rejoindre, pas vrai ?"
Hermione haussa les épaules, incapable d'avouer frontalement que ces constats figuraient effectivement sur le tableau de pour et de contre qu'Astoria et elle avaient constitué, dans leurs anciens bureaux, juste avant de faire leur grand saut vers l'inconnu.
"C'était du pain béni pour moi de te voir débarquer et disperser la foule à toi toute seule. Tu t'es pas dégonflée. Tu n'es pas qu'une image à collectionner ou un trophée. Granger, même quand je te voyais uniquement comme une insupportable donneuse de leçons maniaque du contrôle, je savais que tu structurerais ce groupe, que tu lui donnerais un but, une éthique. Je savais que tu travaillais dur. Je savais que pour constituer une équipe de gens compétents et capables de pousser des idées novatrices, pour les convaincre, il fallait que tu sois avec nous Je savais que les médias ne nous prendraient au sérieux qu'avec toi dans nos rangs. Je savais que des députés seraient prêts à quitter leur groupe et à nous rejoindre qu'avec l'assurance que ce serait avec toi."
Hermione hocha la tête, hébétée, et malgré elle relativement embarrassée par la place qu'il lui donnait dans la trajectoire des Non-alignés. Drago la laissa enregistrer ce flot d'informations, et attendit qu'elle prenne la parole à son tour. Elle se mordillait la lèvre, pensive, sans le quitter du regard. Et cela dura de longues minutes.
"Tu m'as laissée modeler le groupe, c'est vrai, finit-elle par dire. Tu t'es pas exposé une seule fois, t'as pas pris la parole, tu t'es exprimé qu'à travers des communiqués signés par tout le groupe... T'as tiré les ficelles en coulisses, t'as épaulé les actions des membres du groupe, t'as réglé les problèmes... Mais tu restes dans l'ombre. C'est volontaire de ta part, réalisa-t-elle, le regard dans le vide. Tu ne cherches pas la lumière. Drago, tu ne cherches pas la lumière... Mais pourquoi ?"
Un petit rictus. Elle suivait le cheminement de sa pensée. Elle commençait à comprendre.
"C'est toi, la figure de proue des Non-alignés, dit-il simplement.
- Mais enfin Malefoy, personne qui te connait un tant soit peu ne pourrait imaginer que tu cèdes ta place sous les projecteurs à quelqu'un d'autre, volontairement, en toute connaissance de cause !
- Ah, on retourne aux noms de famille ? grimaça le blond.
- Excuse-moi d'être un peu déstabilisée par tout ce que tu viens de dire, s'exclama Hermione, en se penchant en avant pour l'étudier de plus près. J'ai l'impression que je te connais pas du tout. Qui es-tu, Drago Malefoy ?"
Il ne se déroba pas, et lui rendit son regard pénétrant.
"Lumière et pouvoir ne sont pas nécessairement synonymes. Le message passe mieux quand c'est toi qui le porte. Je suis simplement pragmatique. Ce que j'ai toujours voulu, c'est avoir une voix, et être dans une position de décisionnaire. Je n'ai pas de pouvoir seul.
- Mais moi non plus Drago, j'avais approximativement aucun pouvoir avant que tu débarques et que tu fiches le bazar au parlement ! J'avais juste le pouvoir de rester dans les clous."
Satisfait qu'elle soit arrivée à cette conclusion aussi vite, il recula contre son dossier et claqua des doigts.
"Tu comprends, maintenant ?
- On a du pouvoir seulement ensemble, lâcha Hermione."
Elle retomba elle aussi contre le dossier de sa chaise et se mit à réfléchir à toute allure. Est-ce qu'elle se sentait utilisée ? Évidemment. Est-ce que ça lui déplaisait ? Nettement moins. Elle était utilisée pour ses compétences, son intelligence, la portée de ses mots et de ses engagements. Elle était utilisée à sa juste valeur. Pour la première fois de sa vie, son potentiel était exploité correctement. Il la rendait utile. Il l'aidait à aider les autres, à réparer la société, à se faire entendre. Mieux qu'elle ne s'en était jamais sentie capable. Il avait perçu son ambition et l'avait poussée à l'utiliser pleinement. Certes, ça lui profitait au passage. Mais qui pouvait le blâmer ?
"On a du pouvoir seulement ensemble, répéta Drago en se levant pour aller fouiller dans un placard."
Il en ressortit une bouteille de whisky et ouvrit quelques placards de plus pour y dénicher deux verres, puisque visiblement il n'avait aucune idée de l'endroit où ils se rangeaient.
"Qu'est-ce qu'on fête ? demanda Hermione en se massant les tempes.
- On ne fête rien pour le moment, hélas. Pas encore. C'est un petit remontant, parce qu'on doit encore parler.
- Oh, souffla Hermione."
Elle s'empara du verre qu'il lui tendait et en descendit la moitié d'une lampée, avant de le reposer sèchement sur la table.
"Allez, Malefoy, envoie."
Il leva doucement son verre à hauteur de son visage, en but lentement quelques gorgées sous le regard attentif d'Hermione, et le reposa.
"Tu ne vas pas aimer cette équipe de sécurité. C'est une certitude, je préfère te l'annoncer d'emblée.
- C'était donc pour ça, toute cette pommade… Harry avait raison, pas vrai ? C'est des mercenaires ?
- Ils n'ont jamais servi Voldemort et aucun d'eux n'a de vision archaïque de la pureté du sang, j'ai vérifié, assura Drago. Je ne suis pas sûr qu'ils aient une vision du tout en matière de politique. Par contre, ils ont une vraie expérience de combat. Guérilla en Amérique du Sud, soulèvements en Afrique, guerres fratricides en Europe, ponctuellement quelques assassinats dans l'Est, pas mal de gestion de prise d'otage... C'est pas des gens très fréquentables. Mais leur loyauté est à l'argent. Et il se trouve que j'en ai plein.
- Le maintien de l'ordre n'est donc pas leur spécialité, souffla Hermione en descendant le reste de son verre. Étonnant."
Drago la resservit immédiatement, dans l'expectative de ce qu'elle allait dire ensuite.
"Pourquoi t'as recruté des brutes pour nous protéger ? Et s'il y avait des débordements, s'ils dérapaient et commettaient des délits sous notre autorité ? Les choses pourraient nous échapper. T'es sûr de vouloir faire confiance à des types pareils ? Franchement, Drago, je ne suis pas du tout à l'aise avec cette idée. On a suffisamment de problèmes comme ça.
- J'ai sélectionné les personnes les plus compétentes disponibles. Ils savent parfaitement ce qu'ils font, répondit-il simplement. Je veux garder tout le monde en sécurité."
Hermione fixa le liquide ambré dans son verre en le faisant tournoyer doucement entre ces doigts. Les secondes puis les minutes s'égrenèrent sans qu'aucun d'eux ne prenne la parole. Drago commençait à perdre patience, mais il se força à rester immobile. Il se savait sur un fil, et le moindre faux pas pouvait lui coûter très cher.
"Qu'est-ce que tu sais sur ces bombes pour prendre des mesures aussi drastiques ? Avant-hier, tu minimisais la menace, tu pensais qu'on pouvait se débrouiller seuls, tu voulais renvoyer mon équipe de sécurité. Maintenant, tu engages une armée de fou-furieux pour combattre qui ? Rémus Lupin ?"
Drago se figea. Puis il fit quelque chose de très inattendu ; il se mit à rire, et se prit la tête entre les mains.
"Blaise avait raison... finit-il par lâcher.
- Que vient faire Blaise dans cette histoire ? tiqua Hermione."
D'abord Théo, maintenant Blaise... Qu'est-ce que les Serpentard lui cachaient, à la fin ?
"C'est un jeu, pour toi ? Parce que si tout ça, c'est encore des manipulations, si cette conversation ne sert qu'à me mentir un peu plus, c'est vraiment lamentable ! Je croyais qu'on jouait cartes sur table ! protesta Hermione."
Le whisky se balança dangereusement près des bords de son verre, menaçant de se déverser sur la table.
"Je te promets, Hermione, qu'absolument chacun des mots que j'ai prononcés ce soir était vrai, jura-t-il en la regardant droit dans les yeux. Par contre, j'avais pas fini. Je dois encore te dire autre chose, et Blaise... Blaise savait que tu devinerais avant que j'ai eu le temps de t'expliquer, et que tu allais paniquer, et qu'il fallait que je prenne les devants. Je voulais attendre quelques jours avant de t'en parler, au cas où tu sois... Et bien, un peu sensible. Tu sais."
Il fit un geste évasif de la main.
"Ce n'est pas parce que j'ai agressé un auror avec une chaise que je ne suis pas capable d'entendre la vérité, Drago, râla Hermione."
Drago sourit légèrement en réaction à son sarcasme, et souffla un grand coup.
"On a reçu des lettres anonymes. Blaise, Flint et moi, avoua-t-il brusquement.
- Elles disaient quoi, ces lettres ? s'étrangla Hermione en écarquillant les yeux."
Sans un mot, Drago se leva et disparut dans le couloir. La Gryffondor se demanda si l'attitude à adopter était de le suivre, ou de rester sagement assise là, mais il était revenu avant qu'elle ne prenne une décision. Il se planta à côté d'elle et lui tendit un bout de parchemin. Elle le saisit du bout des doigts, et le déplia avec précaution.
Post nos aut pereat
"Rejoins-nous ou péri ? traduisit Hermione. Qu'est-ce que... Je comprends pas, dit-elle en plissant les yeux comme pour zoomer sur le bout de papier. Pourquoi vous trois ? Et qu'est-ce qui te dit que c'est le poseur de bombes ?"
Intérieurement affolée, elle redressa la tête pour regarder Drago. Elle ne savait plus si elle avait envie de connaitre la réponse à ces questions. Et elle ne voulait pas qu'il les connaisse non plus. Parce que ça signifiait qu'il était en danger, lui aussi. Pire, que le criminel pensait pouvoir recruter trois députés.
"Flint, Zabini, Malefoy. Trois mangemorts, dit Drago en comptant sur ses doigts.
- Mais... bafouilla Hermione. Rejoindre quoi ? C'est qui, nous ? Ils sont plusieurs..."
Elle se replongea dans l'étude approfondie du bout de papier. Drago ne disait toujours rien. Elle lança quelques sorts informulés dessus, sans résultat. Elle fronçait les sourcils, frustrée.
"Ils écrivent sur du parchemin, à la plume, et en latin. Ça sent les suprémacistes à plein nez, marmonna Hermione en se levant."
Elle commença à marcher lentement en tournant le papier dans tous les sens, allant jusqu'à le placer à la lueur d'une bougie pour essayer de voir quelque chose en transparence. Drago la soupçonna d'essayer de déterminer le sens des fibres du papier pour remonter la piste jusqu'au papetier, mais il ne fit aucun commentaire sardonique, tout simplement parce que le moment n'était pas approprié. Il préféra laisser la magie Granger œuvrer.
"Marcus, Blaise et toi. Comme vous avez porté la marque, ils pensent que vous partagez leurs idées. Ils doivent pas suivre l'actualité de près. Ils vivent peut-être à l'étranger. Ce qui est étonnant, pour des gens qui combattent pour la pureté de la race sorcière britannique. Peut-être que je me trompe, et qu'ils ne sont pas suprémacistes. C'est peut-être juste des imbéciles qui utilisent les seuls codes qu'ils connaissent pour exprimer la haine. Mais qu'est-ce qu'ils veulent ? Me tuer, d'accord, c'est pas très original, plein de gens y ont pensé avant eux. Tuer un Progressiste dont on ignore l'identité. Bon, super, ça nous avance pas à grand-chose."
Hermione arrêta un instant sa ronde infernale autour de la table, simplement pour y déposer le papier. Elle se remit à tourner, frôlant Drago qui s'était appuyé contre la table avec les bras croisés contre sa poitrine.
"C'est quand même agressif, comme façon de vous approcher...Tu parles d'une invitation ! Sois d'accord avec nous, ou on te tue. Ça n'incite pas à s'engager. Ce doit être simplement un premier contact, ils écriront à nouveau."
Elle passa à nouveau devant Drago, qui cette fois l'arrêta en enroulant sa main autour de son bras. Elle ne stoppa pas son flot de paroles pour autant.
"Ça veut dire que d'autres ont reçu ces lettres, non ? Il reste d'autres anciens mangemorts dehors."
Cette fois, elle s'arrêta de parler, et le regarda comme si elle attendait une réponse.
"Potter n'avait pas l'air de savoir quelque chose à ce sujet.
- Personne n'a osé parler ! Drago, il faut donner ça à Harry. Peut-être que personne n'a porté ces lettres aux aurors parce qu'ils avaient peur...
- ... Ou parce qu'ils avaient honte ?
- Ou... Ou parce qu'ils veulent rejoindre les rangs de ce tas de décérébrés."
Hermione se colla contre Drago d'un coup, le prenant au dépourvu par ce contact impromptu, et empoigna ses épaules pour le secouer. Il se laissa faire, un sourcil arqué en signe de surprise.
"Oh mon dieu Drago, mais ces gens essayent de reformer un groupe de sangs-purs terroristes ! Ils sont en plein processus de recrutement ! Mais qu'est-ce qu'on va faire ? On ne peut pas laisser un nouveau Voldemort arriver au pouvoir, pas après tout ça, pas après tout ce qu'on a mis en œuvre pour reconstruire, et... Ils vont essayer de te tuer, toi aussi, et Blaise, et Marcus, et..."
Drago lui coupa la parole en plaquant ses lèvres brutalement contre les siennes et, après une seconde de choc, elle posa ses mains de chaque côté du visage du Serpentard et répondit à son baiser avec une ardeur étonnante. Arrimés l'un à l'autre au milieu de la cuisine, la main de Drago enfoncée fermement dans la chevelure de la jeune femme, ils passèrent quelques minutes à se chercher, se retrouver, se réconforter. Puis Drago rompit doucement le contact, et replaça gentiment une mèche de cheveux derrière l'oreille d'Hermione, qui le regardait avec de grands yeux.
"Tu n'as pas pensé une seconde que je risquais de rejoindre ce groupe de siphonnés. Ça t'a même pas effleurée. Tu ne peux pas savoir ce que ça me fait, que tu me juges au-dessus de tout soupçon, chuchota-t-il. »
En réponse à sa confession, il reçut une violente tape sur le torse.
« Granger ! grogna-t-il.
- Ça va pas de dire des choses pareilles ! Personne ne te croirait capable de faire un truc aussi stupide !
- Et aussi criminel ? demanda-t'il d'un air narquois."
Hermione se renfrogna, et au lieu de rétorquer sans réfléchir, comme il s'attendait à ce qu'elle le fasse, elle s'accorda quelques secondes avant de répondre. Inutile de lui présenter des évidences, il savait pertinemment ce qu'elle pensait depuis longtemps. Elle lui devait bien une réponse élaborée à partir de ce qu'elle avait appris à son contact.
"T'étais un enfant quand ils t'ont recruté la première fois. C'était pas une adhésion totale et profonde de ta part aux idéaux de Voldemort. T'étais terrifié, pas vrai ? On l'était tous. T'as essayé de survivre avec les cartes que tu avais en main. Et cette fois, t'as de nettement meilleures cartes à ta disposition. Et puis, toutes ces histoires de supériorité du sang, t'as arrêté d'y croire depuis longtemps, c'est évident. Ton instinct de conservation est très fort, et c'est lui qui te dirige, pas des croyances préconçues et scientifiquement contestables. Il te dit quoi ?"
Drago esquissa un sourire, et laissa ses mains autour de la taille d'Hermione.
"Entre m'associer avec des nostalgiques dérangés ou avec optimistes relativement sains d'esprit ? Je n'ai pas encore décidé..."
Elle fronça furieusement le nez et lui asséna une seconde claque sur le torse, qui le fit ricaner. Hermione, qui n'appréciait que très peu son humour centré sur les mages noirs et la destruction du monde sorcier, réitéra son geste un peu plus fort. Il aurait pu se dégager, mais il choisit d'encercler fermement chacun de ses poignets au dessus de sa tête, et de la faire reculer contre le mur le plus proche, une ombre de sourire planant sur son visage pâle. Hermione se laissa tracter en arrière en soutenant son regard, jusqu'à ce que son dos heurte doucement la paroi en marbre glacée. Il ne lui laissa pas le temps de réfléchir, et plaqua ses lèvres contre les siennes à nouveau. Cette fois, c'était un baiser moins tendre, et moins destiné à réconforter. Il l'embrassait d'une manière possessive, comme s'il voulait laisser son empreinte sur elle, marquer son appartenance, la lier à lui. Consumée par cette intensité, elle sentit ses jambes flageoler sous elle, et il dû coller son bassin contre le sien pour la stabiliser. Ce contact l'électrisa au point qu'elle gémit contre sa bouche. Et il éloigna ses lèvres de quelques centimètres, plongeant son regard obscurci dans celui de la jeune femme.
"Je ne laisserai plus jamais rien ni personne exercer son pouvoir sur moi, souffla-t-il."
Comme elle ne savait pas très bien s'il faisait référence aux mystérieux terroristes ou à elle-même, elle ne répondit pas. De toute façon, elle ne se sentait pas tout à fait en état de discuter.
"Cette fois-ci, j'ai les moyens de décider, et c'est grâce à toi, ajouta-t-il sans la lâcher. Marcus est complètement paniqué, et Blaise est probablement en plein coma éthylique au moment où on se parle, mais aucun de nous n'a évalué une seconde la possibilité de se soumettre à ces menaces."
Hermione hocha la tête, satisfaite qu'il reconnaisse enfin à voix haute ce qu'elle savait être la vérité.
"Pourquoi vous n'avez pas contacté Harry avec ces lettres ?"
Les doigts de Drago se crispèrent sèchement autour de sa taille à la mention de cette hypothèse. Il ne répondit pas tout de suite, et passa la pointe de sa langue sur sa lèvre inférieure.
"Qu'est-ce que les aurors feraient à la seconde où ils obtiendraient ces informations, à ton avis ? Trois mangemorts connus du grand public qui se présentent avec des bouts de papier à l'origine inconnue, qui évoquent l'idée de rejoindre une organisation criminelle ? Ça ferait de nous des suspects, qu'on collabore ou non, qu'on se présente volontairement avec ces preuves ou non. Ils s'empresseraient de nous mettre à l'abri, c'est-à-dire de nous écarter totalement et de nous priver de tout contact avec l'extérieur. On serait exclus de la société, comme des coupables. Ce que Potter a fait à Cuba est une illustration suffisamment concluante de sa façon de procéder. Et on ne peut pas se permettre d'avoir l'air suspects auprès du public, pas en ce moment. Tu crois qu'on nous verrait comme des victimes ? Non, au mieux les gens penseraient qu'on l'a bien mérité, et qu'on est des lâches de s'être précipités dans les jupes du ministère pour nous protéger. C'est exactement ce qu'ils attendent des Serpentard. Qu'on se terre dans un coin pendant que d'autres livrent nos batailles à notre place. Cette fois, on doit être en première ligne. Ose me dire que j'ai tort."
Hermione ferma les yeux quelques secondes, accablée. C'était terrible de reconnaître que son raisonnement n'était pas dénué de bon sens.
"Peut-être que c'est plus important de survivre que de préserver votre image, Drago, tenta Hermione tout en sachant qu'il priorisait exactement l'inverse.
- Si on pense à court terme, sans aucun doute. En revanche, si on mise sur l'avenir..."
Sa phrase flotta dans l'air. Il ne regardait plus Hermione dans les yeux, mais fixait un point quelque part sur le côté. Ce n'était pas complètement une tentative de fuite. Simplement un évitement. La jeune femme saisit doucement son menton entre ses doigts, et le força à tourner la tête pour le rattraper. Elle ne savait pas où il était parti, où l'avaient emporté ses pensées, mais elle ne comptait pas le laisser se couper du monde à nouveau. Ça avait été trop difficile de percer sa carapace.
"Qu'est-ce que tu comptes faire, à l'avenir ? demanda-t-elle avec autant de douceur dont elle était capable, avec un tel nœud dans la gorge."
Drago esquissa un sourire énigmatique.
"T'emporter dans mon lit, répliqua-t-il.
- Et ensuite ? questionna Hermione en essayant d'occulter le rouge qui lui était inévitablement monté aux joues.
- Tu veux une description graphique de ce que je vais te faire ?"
Cette fois, elle ne put retenir un éclat de rire.
"Je voulais dire, ensuite, à l'avenir, sur le long terme, précisa-t-elle.
- Sécuriser notre place au sommet."
Les mots étaient sortis calmement, avec une froideur implacable.
"Avec une armée, compléta Hermione. Et moi. A quel point tu veux sécuriser cette place au sommet ?
- Assez de questions, coupa Drago en reculant brusquement."
Il profita du bref déséquilibre qu'il avait créé pour la soulever et la projeter sur son épaule comme un homme préhistorique qui s'apprête à ravir sa proie vers sa caverne. Hermione essaya bien de se dégager, mais ses mouvements manquaient de conviction, et elle se retrouva ballotée dans le couloir, la tête en bas, sous les rires de Drago.
Un craquement sec dans le salon interrompit leur avancée, et en moins d'une seconde, il avait relâché Hermione, l'avait poussée derrière lui, et avait dégainé sa baguette.
"Tes enchantements... chuchota Hermione, tirant elle aussi sa baguette de sa poche.
- En place, et renforcés. C'est... J'ai utilisé les mêmes qu'au manoir. Personne ne peut transplanner ici, sauf...
- Drago ? Drago bon sang, où t'es ? rugit la voix de Théo."
Ils expirèrent lourdement de concert, en rangèrent leurs baguettes simultanément.
"On arrive, répondit Drago.
- On ? répéta Théo.
- Je suis là aussi, l'informa Hermione en emboitant le pas au Serpentard."
Ils trouvèrent Théo planté au milieu de la cuisine, pâle comme un linge.
"Elle sait ? demanda-t-il immédiatement."
Drago hocha la tête, pendant qu'Hermione essayait de calculer à quel moment ils avaient pu communiquer au sujet des lettres alors qu'elles n'étaient arrivées que la veille. Puis elle réalisa que Nott lui avait forcément menti ; il avait parlé avec Drago pendant la nuit, lorsqu'ils étaient en train de dormir dans sa chambre d'hôtel. Il savait déjà d'où venait la menace. Il savait aussi déjà que les aurors ne devaient pas être informés. Et Drago avait donc déjà décidé de laisser Harry dans l'ignorance avant même qu'il ne donne l'ordre de les enfermer.
"J'en ai reçu une aussi, dit Théo en jetant un parchemin sur la table. J'ai intercepté celle de Pansy, pour qu'elle ne panique pas davantage."
Il lança une deuxième lettre sur la table. Hermione haleta un peu, et Drago se passa une main dans les cheveux.
"D'autres ont dû en recevoir... Chez les Non-alignés, chez les Conservateurs, sûrement ailleurs dans la population que chez les députés. Si un seul décide de porter ces lettres à l'attention des aurors... réfléchit Hermione en jetant quelques sorts de détection sur les parchemins, au cas où.
- Ils ne le feront pas, coupa Drago. Tu l'as dit toi même. Ils seront effrayés, ou en colère, ou trop honteux, mais quoi qu'il en soit, ils ne font pas confiance au ministère.
- Et à raison, grinça Théo."
Hermione ne dit rien. Jusqu'à ce moment précis, elle n'avait pas mesuré le ressentiment des vaincus face au ministère. Et, pour être honnête, même au sein du camp des vainqueurs, personne n'avait oublié le rôle trouble joué par le pouvoir politique pendant les deux guerres. D'abord dans le déni, manipulant les sorciers par une propagande mensongère, puis corrompu, et gangréné par l'ennemi, jusqu'à devenir une partie opérante du système de Voldemort. L'après-guerre n'avait pas révélé un meilleur visage ; les procès avaient été des mascarades de justice, et n'avaient servi que de vengeance. Aucuns des mangemorts n'avaient eu droit à une défense. Les seuls à s'en sortir avaient été les mineurs, et seulement parce que le Trio d'Or en personne avait pris leur parti publiquement. Le ministère s'était emparé de leurs propriétés, avait siphonné leurs comptes, avait méthodiquement arraché titres et entreprises. Et tout cet argent... Avait disparu. Bien sûr, il avait fallu reconstruire, et indemniser les familles des victimes, mais ça ne représentait qu'une infime partie de ce qui avait été saisi. Quand Harry avait posé des questions, il avait été mis à pied pendant des mois.
Elle savait tout ça. Elle voyait la défiance des citoyens au quotidien. Avec la refonte du système de gouvernance, peu à peu, les choses avaient commencé à évoluer. Personne ne faisait confiance ni au ministère, ni aux aurors, ni aux nouveaux élus durant les premières années. Et elle avait bêtement pensé que le mal était derrière eux.
Elle se laissa tomber sur une chaise, soudainement très abattue.
"S'ils ne se tournent pas vers les aurors... Qu'est-ce qu'ils vont faire, d'après-vous ?
- Exactement ce que Drago a fait. S'assurer leur propre protection. Renforcer les enchantements, s'armer, engager des gens pour le faire, et surtout ne pas mettre en alerte quiconque. Ça sera discret, expliqua Théo.
- Je ne qualifierais pas les mesures de Drago de discrètes, soupira Hermione en jetant un regard en coin à l'intéressé.
- C'est différent. On est exposés ! se défendit le blond. Et on va l'utiliser à notre avantage, pour envoyer un message fort.
- On doit être en première ligne, répéta Hermione.
- Depuis quand ça te dérange, Granger ? glissa Théo en tirant une chaise pour s'asseoir à son tour.
- J'ai jamais dit que ça me dérangeait, Théodore. Je te l'ai déjà expliqué ce matin, quand tu voulais que je fasse profil bas et que je me tienne tranquille, coincée sur une île sous la surveillance des aurors."
Il leva les yeux au ciel, et soupira.
"Je me demandais combien de minutes tu allais tenir sans m'attaquer sur mon attitude de ce matin.
- Tu m'as menti, l'accusa Hermione.
- Je ne t'ai pas dit la vérité, c'est différent, objecta Théo.
- Tu devrais reconsidérer cet argument, parce qu'elle ne va pas mordre à l'hameçon, glissa Drago en allant se servir un café.
- C'est un mensonge par omission ! s'exclama Hermione.
- Voilà, ricana Drago en revenant avec sa tasse.
- Drago avait besoin de temps pour joindre ses recrues et les mettre en ordre de marche. Je n'ai fait qu'essayer de reculer le moment où tu allais débarquer ici comme une furie. Et ça n'a même pas fonctionné ! Je ne vois pas pourquoi tu protestes. C'est finalement grâce à moi qu'on a réussi à prendre la fuite, pas vrai ?
- Grâce à un sortilège impardonnable, rectifia Hermione en s'appropriant la tasse de Drago, qui lui lança un regard extrêmement offensé. Et maintenant, j'apprends qu'en plus de ça, Drago a utilisé de la magie noire pour protéger cet appartement !
- Je ne t'ai pas dit que j'avais utilisé de la magie noire, protesta Drago en essayant de récupérer son café, en vain.
- Tu crois que je ne sais pas quel genre d'enchantements il y a au Manoir Malefoy ? C'est de la magie du sang. Des runes.
- Techniquement, ce n'est pas... intervint Théo en levant le doigt, comme s'il était en classe.
- La magie rouge est associée à la magie noire, et vous le savez très bien, s'exclama Hermione, outrée.
- Parce que le ministère l'a décrété, uniquement pour affaiblir nos pouvoirs, répliqua Drago calmement. Ça fait des siècles qu'on l'utilise, qu'on se la transmet de génération en génération. Ce n'est pas parce que j'utilise quelques gouttes de mon propre sang pour sécuriser mon appartement ou que je trace deux ou trois runes sur ma porte que je commets un terrible crime contre l'humanité. Ce n'est pas parce qu'une grand-mère au fin fond du Hampshire réalise un petit enchantement à base de sang pour faire pousser ses légumes plus vite qu'elle constitue une menace."
Hermione était déjà sidérée à ce stade, mais Théo décida d'apporter sa pierre à l'édifice chancelant de ses certitudes.
"Se priver de cette forme de magie, qui fait partie de nous depuis que les sorciers existent, nous prive d'une infinité de possibilités. Ça nous limite. Tes connaissances en magie sont amputées, Granger, et s'il y a bien quelque chose qui devrait t'interpeller, c'est ça."
Hermione aurait pu s'effondrer et se rouler en boule dans le noir, si elle se laissait aller à considérer leurs propos. Elle n'était pas comme Harry, qui voyait le monde en noir et blanc, et aurait préféré mourir que de franchir ce qu'il voyait comme la frontière entre le bien et le mal. Il y avait eu des moments, pendant la guerre, où elle avait pensé à transiger. Où elle avait eu envie d'éliminer une menace de façon définitive. Juste parce qu'elle était avant tout pragmatique, et qu'elle cherchait l'efficacité. Parce qu'elle considérait la finalité, là où Harry voyait le chemin. Parmi tous les grimoires qu'elle avait écumés, en particulier à la recherche d'informations sur les horcruxes, elle avait lu quantité de passages sur certaines formes de magie particulièrement fascinantes. Mais elle n'avait jamais, jamais franchi le pas. Elle connaissait les conséquences.
Maintenant, sans le savoir, les deux Serpentard étaient en train de plaider non seulement une cause qu'elle connaissait, mais en plus avec des arguments qui lui étaient familiers.
"J'ai sommeil, finit-elle par dire."
Drago la considéra avec attention et, quoi qu'il ait lu dans son regard, il n'insista pas.
"Tu peux prendre la chambre habituelle. On va organiser l'équipe de sécurité, et attribuer un agent à chaque député du groupe. Demain, il faudra qu'on discute de la marche à suivre en interne.
- Et qu'on fasse une conférence de presse, compléta Hermione.
- La chaîne est en train de monter un portrait de toi. C'était prévu depuis longtemps, mais j'ai demandé quelques changements pour insister sur ton côté justicière incorruptible, et j'ai fait avancer la diffusion. Ce serait bien que tu sois à côté de Drago quand il parlera à la presse."
Hermione hocha la tête. Cela ne faisait que confirmer ses soupçons. Nott connaissait la stratégie de Drago ; il savait qu'il voulait faire d'elle la figure de proue du parti, la mettre en avant.
"Envoie l'émission à Astoria avant la diffusion, j'aimerais qu'elle me fasse un rapport au cas où il y aurait des modifications à faire, recommanda-t-elle."
Loin de s'offusquer, Théo approuva d'un sourire.
"Ce sera fait."
Hermione alla se coucher avec une foule d'interrogations dans la tête.
Beaucoup de discussion dans ce chapitre, il était temps que Drago et Hermione confrontent leurs visions du monde. L'affaire se complique avec les lettres ! A votre avis, est-ce que Drago est sincère ?
A très vite !
