Chapter 34 - Ensemble
Cette nuit-là, Hermione eut l'immense privilège de partager le lit de Drago Malefoy.
Il avait passé la totalité du trajet du retour cramponné à sa main, serrant ses doigts si fort qu'elle était à la limite de les sentir craquer. Dobby parlait sans arrêt, énumérant tout ce qu'il allait pouvoir faire dans le loft de Drago pour lui rendre service, mais le blond restait bloqué dans un mutisme profond, imperméable à ce qu'il se passait autour de lui. Il commença à respirer mieux une fois franchi le portail du manoir, mais il ne se mit pas à parler pour autant, et se contenta de se laisser transporter vers son appartement.
Impuissante, Hermione lui jetait de petits coups d'œil inquiets en coin, et tentait de lui transmettre un peu de réconfort en caressant ses doigts crispés autour des siens. Il allait bien, jusqu'à ce qu'il n'aille plus bien du tout. Il s'était laissé rattraper par ses émotions au sujet du manoir, et il était évident qu'il ne savait pas y faire face. Elle s'en voulut d'autant plus que c'était son idée en premier lieu de lui rendre la possession de ce maudit manoir - qu'allait-il en faire, si ça lui était si douloureux ne serait-ce que de le traverser quelques heures ?
Elle coula un autre regard en coin dans sa direction, et se serra un peu plus contre lui.
Après une intense discussion avec Hermione, Dobby accepta de s'installer dans la chambre la plus proche de la cuisine, et non pas dans le placard de l'entrée comme il le souhaitait initialement. Pendant tout l'échange, Drago avait disparu pour prendre une douche, et lorsqu'il réapparut, il avait l'air complètement hagard. Hermione le laissa donc entre les mains de Dobby, qui lui servit un chocolat chaud comme Drago Malefoy le buvait quand il était un petit enfant, et alla elle aussi se doucher.
Drago l'attendait où elle l'avait laissé, assis dans la cuisine, et son mug était vide. Il leva vers elle deux grands yeux un peu perdus, et Hermione n'eut ni le cœur ni l'envie de le laisser seul. Alors elle attrapa à nouveau sa main et l'entraîna dans son immense chambre. Soudain intimidée, elle resta plantée avec les bras ballants face à Drago.
Quel était le processus à suivre lorsqu'on se retrouvait en pleine nuit dans la chambre de son leader, en sachant que celui-ci était dans un état catatonique, mais qu'il avait mis ses doigts dans sa culotte à deux reprises dans les heures précédentes ? Ils avaient tout de même atteint un certain palier d'intimité.
Il envoya valser son t-shirt par terre sans la quitter des yeux, jeta une pille de coussins sur le tapis, tira sèchement la couette, se coucha, et tapota la place libre de sa main. Hermione le rejoignit sans protester, et se pelotonna contre lui, glissant une main sur sa nuque pour lui caresser les cheveux. Il se laissa réconforter sans faire de remarque acerbe, et glissa un bras autour de la taille de la jeune femme pour la rapprocher de lui, enfouissant sa tête dans le creux de son cou.
Drago avait simplifié le processus.
Petit à petit, sa respiration s'apaisa, et Hermione attendit d'être sûre qu'il dormait pour se laisser glisser à son tour dans un sommeil profond.
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"Dobby a renvoyé la cuisinière et la femme de ménage, pépia l'elfe au petit jour. Dobby a décidé qu'elles avaient besoin de vacances. Le petit déjeuner est servi. Dobby a préparé les gaufres préférées de Drago Malefoy !"
Drago grogna, et enserra sa prise autour de la taille d'Hermione. Il ne l'avait pas lâchée de la nuit - non pas qu'elle s'en plaigne - et n'avait pas l'air de se résoudre à le faire dans un futur proche. Hermione lui répondit par une suite de borborygmes et colla son front contre le sien.
"Merci Dobby, dit Drago d'une voix encore pleine de sommeil."
Puis à voix basse, il ajouta :
"Ces elfes sont devenus intenables. Entre Igor et Dobby..."
Hermione pouffa doucement. L'idée que les elfes de maison aient renversé l'ordre établi pour tyranniser leurs maîtres était assez à son goût.
"Tu veux te lever ? demanda doucement le blond sans ouvrir les yeux.
- Encore un peu, marmonna Hermione."
Ils se rendormirent près de deux heures, jusqu'à ce que la douce voix de Dobby ne résonne à nouveau dans le couloir.
"Dobby a servi un café à Théodore Nott, mais il s'impatiente, les informa-t-il.
- Merci Dobby, j'arrive, répondit Drago en s'étirant."
Hermione essaya de rouler sur le côté pour s'étirer à son tour, mais la main de Drago glissa sous son t-shirt et caressa son ventre, ce qui perturba sa routine de réveil. Elle tourna la tête vers lui pour lui sourire, et constata qu'il avait l'air d'être redevenu lui-même. Plus de regard hanté, plus de nuque raide et plus de silence douloureux.
Elle remarqua aussi que, même au réveil, il était incroyablement beau. Même avec les yeux à demi-fermés, une marque de draps en travers de la joue, et les cheveux décoiffés.
"On peut jamais être tranquilles, se plaignit Drago avec une moue agacée. Qu'est-ce que Théo fait ici..."
Sa main, posée à plat sur la peau d'Hermione, décrivait de petits cercles fort agréables.
"Qu'est-ce qu'on va lui dire ? Je ne suis pas supposée dormir dans ton lit, réalisa Hermione en se mordant la lèvre."
Drago rit doucement et se pencha pour embrasser son épaule dénudée, puis sa main remonta le long des côtes d'Hermione pour presser sa poitrine. Cette fois, elle ne parvint pas à retenir un petit gémissement, et ce fut le signal pour que Drago dépose ses lèvres contre les siennes.
"Malefoy, Granger, ça suffit ! hurla Nott depuis la cuisine, comme s'il savait précisément ce qu'ils étaient en train de faire.
- Théodore Nott, vous avez mis des miettes partout ! le réprimanda Dobby.
- Ce n'est que partie remise, Granger, l'avertit Drago en descendant prestement du lit, décidément de meilleure humeur que la veille."
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Ils prirent un copieux petit déjeuner avec Théo, qui était venu d'une part pour se plaindre d'Igor, et d'autre part pour les avertir que l'enterrement de la députée progressiste aurait lieu le lendemain après-midi.
"Je suis sûre que Vladimir n'a pas mangé cet oiseau, déclara Hermione en déposant sa tasse dans l'évier, au grand dam de Dobby qui la poursuivait en essayant de la lui prendre des mains.
- C'est exactement ce que je lui ai dit ! s'exclama Théo en levant les bras au ciel.
- Igor ne va pas t'en vouloir à toi, parce que Vladimir aurait prétendument mangé cet oiseau. Et puis, pourquoi ton elfe a un oiseau ? s'étonna Drago en redressant sa cravate.
- Igor s'occupe de la volière, et il a commencé à collectionner des sortes d'oiseaux exotiques. À vrai dire, je ne sais pas exactement ce qu'il trafique là-dedans. Le truc, c'est qu'il m'en veut d'avoir invité un prédateur au manoir. Ce sont ses mots, pas les miens.
- Igor a beaucoup de préjugés, dit Dobby en se retroussant les manches pour faire la vaisselle.
- Dobby, je croyais qu'on avait convenu que tu devais te reposer. Pas faire la vaisselle, ou le petit-déjeuner, intervint Drago. Si tu t'obstines à vouloir travailler, je vais devoir rappeler mon personnel, et tu n'auras plus rien à faire.
- Dobby est un elfe libre, il travaille s'il le souhaite ! rétorqua-t-il. Mais Dobby accepte de se reposer dès qu'il aura fini la vaisselle, si cela fait plaisir à Drago Malefoy.
- Ça me ferait très plaisir, Dobby, insista Drago en se levant.
- Dobby, est-ce que tu penses que tu auras le temps de faire le lit de Drago, et celui d'Hermione, avant ce soir ? demanda Nott d'un air faussement distrait.
- Oh, Miss Granger et Drago Malefoy ont dormi dans le même lit, un seul est défait, répondit l'elfe avant qu'Hermione n'ait eut le temps de comprendre ce qu'il se passait."
Elle jeta un regard venimeux à Nott, qui souriait d'un air parfaitement vicieux tant il était satisfait d'avoir piégé un elfe de maison.
"Tiens tiens... chantonna-t-il.
- Nott, la ferme, le rabroua Drago."
Théo mima une bouche cousue en agitant ses sourcils, mais ne put se retenir de lancer une dernière provocation.
"Zabini avait raison, avec son histoire de triplés. Vous dépassez toutes nos attentes."
Aussi agacée qu'elle soit par Nott, sa curiosité mal placée et ses visites impromptues, elle lui était reconnaissante de détourner l'attention de Drago de leur sortie de la veille. Ils avaient tout raconté à Théo, omettant les retombées psychologiques sur Drago, et pour lui aussi la situation semblait préoccupante. Quelle que soit la personne qui s'était introduite au manoir, et quelles que soient ses intentions, c'était une très mauvaise nouvelle.
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Hermione signa quelques documents, lut son courrier du jour, et recula dans sa chaise pour écouter Astoria lui faire un point sur un de leurs projets de loi. Puis elle se rendit à la réunion improvisée par Drago pour débriefer des interrogatoires de la veille, et rassurer tout leur groupe sur leur avenir, et surtout sur le fait qu'ils étaient hors de cause. Il les informa ensuite qu'il souhaitait que tout le monde se rende à l'enterrement, et ce malgré les risques évidents pour leur survie, insistant sur le fait que leur équipe de sécurité serait présente en nombre. Blaise était d'ailleurs absent de la réunion, occupé à préparer avec les mercenaires de Drago un plan infaillible pour limiter les risques.
Flint était à deux doigts d'enfiler une armure pour leur prêter main forte, mais fort heureusement Cormac le remit dans le droit chemin avant qu'une réplique cinglante ne franchisse la barrière des lèvres de Drago.
Cho et Fortarôme semblaient plus inquiets que les autres, mais étaient quand même décidés à assister à la cérémonie. Hermione parvint à leur adresser un sourire rassurant malgré l'inquiétude qui l'étreignait à l'idée de fournir l'occasion parfaite aux terroristes de frapper à nouveau.
Un peu plus tard dans la matinée, Hermione reçut un hibou envoyé par Harry, qui annonçait que les aurors encadreraient l'enterrement et sécuriseraient le cimetière où il devait avoir lieu. Il ajoutait qu'il aurait souhaité qu'Hermione reste chez elle, mais qu'il savait déjà qu'elle ne le ferait pas, et qu'il avait la flemme de subir une discussion sans issue. Il demanda aussi où elle avait passé la nuit.
« Papa Potter, pouffa Hermione en repensant à la remarque de Drago la veille. »
La jeune femme déjeuna ensuite avec Pansy, Hestia et Astoria. Une fois encore, le sujet principal - hormis les ragots et les blagues de goûts discutables - fut le gala, et les risques liés à sa tenue. Réunir autant de députés au même endroit, à un moment où un groupe terroriste les menaçait, allait se révéler compliqué.
Puis Hermione retourna dans son bureau, bien décidée à se remettre au travail, avant de se rendre compte qu'elle n'avait pas grand chose à faire. Tous ses projets étaient prêts pour la rentrée parlementaire, parfaitement présentés, budgétés, détaillés. Elle avait répondu à tous ses courriers, avait lu la presse, y compris internationale, et elle avait classé tous ses dossiers par ordre alphabétique et par couleur. Ce fut donc avec un certain soulagement qu'elle reçut un nouveau hibou, venant de Ron cette fois-ci.
Mione,
J'ai beaucoup réfléchi suite à notre conversation d'hier, et je crois que je traverse une crise existentielle. C'est ce que Fleur a dit quand j'en ai parlé à maman hier soir lors du dîner, et Astoria a levé les yeux au ciel, mais je crois que c'est surtout parce qu'elle déteste Fleur.
Harry et toi, vous faites quelque chose d'utile, qui fait du bien au gens. Je sais ce que tu vas dire... Mes histoires aussi font du bien aux enfants, et les livres sont utiles.
Je n'ai plus d'inspiration pour les aventures du blaireau, et les ventes stagnent, alors je ne sais pas si je suis vraiment fait pour être un écrivain. Je ne sais pas ce que je pourrais savoir faire d'autre. Peut-être que je pourrais être un prof, comme je suis pas trop mal avec les enfants ? Je me disais que tu pourrais peut-être demander à McGo si elle aurait une place pour moi à Poudlard, comme elle t'aime bien. Si tu ne peux pas, je demanderai à Neville, mais je préfèrerais que tu lui parles. Tu es plus douée pour convaincre les gens.
On se verra à l'enterrement, je suppose.
Bises,
Ron
Hermione eut un sourire attendri, et se résolut à contacter la directrice de Poudlard dans la semaine. Si elle ne le faisait pas sur le champ, c'était avant tout pour laisser une chance à Ron de changer d'avis. Son projet semblait un peu précipité, mais il avait l'air d'éprouver des difficultés à écrire depuis un certain temps, et enseigner auprès d'enfants pourrait tout à fait lui convenir. Il avait un excellent contact avec eux, et il savait faire preuve d'autorité assez naturellement. La seule question restait... Quelle matière pourrait-il enseigner ?
"T'es occupée ? demanda Drago en toquant en même temps contre le battant de sa porte.
- Non, entre, l'invita Hermione avec un sourire.
- Je sors d'un rendez-vous avec Karacter, l'informa-t-il en refermant la porte. Il m'a convoqué brusquement, et j'ai eu la surprise de tomber sur mon ancien leader et ce foutu LUPIN."
Drago se passa une main dans les cheveux et rejoignit Hermione sur le canapé.
"Qu'est-ce qu'il voulait vous dire ? s'inquiéta la Gryffondor.
- Il voulait connaître notre avis sur la rentrée parlementaire. Ça devrait être dans quinze jours, mais au vu de l'actualité... Il avait des réserves, et il a évoqué l'idée de repousser la première séance le temps que les choses se calment, résuma Drago.
- QUOI ? s'insurgea Hermione.
- Ouais... Je savais que tu allais dire ça, répondit le blond avec un sourire en coin. Pour une fois, on était tous les trois d'accord, et on a insisté pour commencer à la date prévue. Il était pas franchement convaincu, et visiblement le ministère souhaiterait qu'on attende. Mais... Enfin, quel message ça envoie qu'on mette le processus démocratique en pause le temps que quelques tarés soient sous les verrous ?
- Exactement ! s'exclama Hermione. J'arrive pas à croire qu'il suggère ça. C'est ce qu'ils veulent : qu'on arrête de diriger le pays pour leur laisser le champ libre. C'est hors de question.
- La décision n'est pas encore prise, c'était juste un genre de consultation, soupira Drago laissant retomber sa tête contre le dossier.
- Tu veux en parler aux autres ?
- Je devrais, non ? supposa Drago.
- Je crois que oui. Ils devraient être préparés. Il faut juste... Veiller à les rassurer, et pas ajouter à la peur ambiante.
- Chang et Fortarôme, confirma le blond.
- T'as remarqué aussi ?"
Hermione soupira et s'appuya contre lui, fixant le plafond de son bureau. Ils restèrent silencieux quelques minutes sans que cela soit particulièrement inconfortable, les doigts de Drago pianotant distraitement sur la jambe d'Hermione.
"C'est sûr que l'assemblée, ça serait l'endroit idéal pour décimer tout le monde d'un coup, marmonna-t'elle.
- Si c'est les né-moldus qu'ils veulent... C'est un peu osé de faire sauter tout le monde.
- Personne n'a reçu de nouvelles lettres ?"
Drago secoua la tête.
"Pas à ma connaissance."
Hermione ne répondit pas, plongée dans ses pensées, et Drago tourna la tête dans sa direction. Ils étaient collés l'un à l'autre dans une position pas particulièrement adaptée à des horaires de bureaux, mais ça paraissait tellement naturel et agréable qu'aucun d'eux n'y voyait de problème. En très peu de temps, ils avaient franchi un seuil d'intimité dans leur relation, sans avoir besoin de poser des mots dessus ou d'envisager quoi que ce soit. C'était une sorte d'accord tacite entre eux, ils se laissaient porter ensemble.
Et lâcher prise de cette façon, ce n'était ni le genre de la Gryffondor, ni celui du Serpentard.
Pourtant, cet équilibre étrange leur convenait à tous les deux, et Drago n'osait pas aborder le sujet avec elle de peur de briser ce qui était en train de se produire. Hermione était subitement détendue avec lui, alors même qu'il avait eu peur de la perdre définitivement après leur discussion houleuse dans sa cuisine, et l'intervention très directe de Blaise.
"Tu penses toujours qu'on aurait dû parler de ces lettres aux aurors, devina Drago après avoir longuement observé le profil d'Hermione."
Tirée de ses réflexions, elle tourna à son tour la tête dans sa direction.
"Oui. Mais je comprends tes raisons de garder ça pour toi... Pour l'instant."
Drago esquissa un sourire faible et se pencha pour l'embrasser lentement, une main posée à la base du cou de la jeune femme, qui lui répondit avec une douceur telle que le blond se sentit fondre. Cette Granger allait finir par l'achever.
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L'après-midi se déroula sans évènements particuliers. Hermione profita de son absence d'activité pour reprendre contact avec certains de ses collègues, papotant gaiement avec Cormac, buvant un thé avec Dubois, et partageant même un muffin avec Flint. Il produisait des bruits répugnants en mâchant, et avait étalé de la myrtille sur son menton, mais elle estima qu'en ménageant une distance de sécurité de quelques mètres, ça restait sans danger.
La totalité des députés se trouvaient dans les bureaux, ce qui était inhabituel en temps normal, mais était devenu la norme ces derniers jours. Personne n'avait l'air particulièrement nerveux, mais une inquiétude latente rendait toutes les interactions un peu plus intenses que d'ordinaire. La menace qui pesait sur le groupe avait soudé tout le monde, en particulier après avoir subi l'interrogatoire d'Harmon.
La seule chose qui semblait réellement crisper les esprits, c'était l'équipe de sécurité patibulaire qui rôdait dans les pièces, se postait un peu partout, et apparaissait à des endroits surprenants - Romilda avait vigoureusement protesté lorsque Sergueï, le chef de l'équipe, l'avait suivie jusque dans les toilettes. Une intervention rapide de Drago avait résolu la crise, et il avait été décidé que la porte des toilettes des femmes était une barrière infranchissable pour Sergueï et ses collègues.
Hermione avait réalisé, à près de 17 heures, qu'elle s'apprêtait à rentrer chez Drago comme si elle y était chez elle - alors que non, absolument pas. Ses affaires personnelles étaient éparpillées chez Blaise, chez Harry, et à présent chez son leader. Elle changeait de lit toutes les nuits depuis l'explosion de son appartement, et le fait de ne plus avoir de point d'ancrage commençait à la perturber. Au point qu'elle se projetait sans y songer à dîner avec Dobby et Drago, avant de rejoindre un lit qui n'était pas du tout le sien. Cette prise de conscience la poussa à prendre des mesures drastiques, et elle commença à parcourir les annonces immobilières dans La Gazette.
Elle était en train d'entourer des annonces avec un code couleur précis, lorsque Astoria entra avec des formulaires à signer.
"Tu cherches un nouvel appart ? se renseigna son assistante. Tu sais, je peux totalement m'en occuper. Daphné a sûrement quelque chose pour toi dans son agence.
- Oh ! s'exclama Hermione. Je croyais qu'elle ne s'occupait que d'immobilier de luxe. Tu crois qu'elle aurait un plan pour moi ?
- Probablement. Tu peux lui en parler ce soir. Tu dors chez eux, non ?"
La question d'Astoria, aussi anodine paraisse-t-elle, ne l'était pas, et la lueur malicieuse dans son regard en disait long. Tout le monde avait remarqué qu'Hermione passait tout son temps en compagnie des Serpentards, et qu'elle arrivait régulièrement avec Drago ou Blaise le matin.
"Oui, je suppose que je pourrais lui en parler, répondit évasivement Hermione."
Astoria lui fit un clin d'œil, et repartit avec ses formulaires signés au moment où Edwige débarqua pour la seconde fois de la journée.
Mione,
Désolé pour le harcèlement, mais Daph' veut savoir si tu dînes avec nous ce soir. Elle te propose d'inviter tes collègues - je suppose que l'invitation concerne ses amis de Poudlard, pas tous les Non-alignés. Je refuse que vous teniez un meeting politique dans mon salon. Et je refuse également que Rogue débarque, je ne suis pas encore prêt pour ça. C'est un peu un truc de dernière minute... Mais elle regarde un programme de cuisine à la télé, et je la suspecte de vouloir tester une recette de poisson sur un large éventail de cobayes. J'ai aussi invité Ron. Je pense qu'il ne va pas très bien, en ce moment.
Tiens-moi au courant !
Harry
Le timing de l'invitation était suspicieux : d'abord les sous-entendus de la cadette des Greengrass, puis une main tendue de l'aînée. Les deux sœurs complotaient vraisemblablement quelque chose, et il y avait fort à parier qu'Harry n'était pas au courant. L'hypothèse la plus crédible était que les deux sœurs tentaient d'en savoir plus sur sa relation avec Drago. Astoria savait qu'il se passait quelque chose, et Daphné avait au moins des doutes. Et, étant proches des Malefoy depuis l'enfance, il y avait fort à parier qu'elles comptaient bien se renseigner.
Néanmoins, Hermione ne pouvait qu'accepter. Il était grand temps qu'Harry se familiarise avec sa nouvelle vie et avec ces gens qui étaient devenus ses proches. C'était important pour elle, et quelles que soient les raisons de Daphné, ça promettait d'être une soirée agréable.
De toute façon, Daphné avait pris les devants : quand Hermione évoqua le dîner auprès de Pansy, elle avait déjà reçu une lettre. Blaise et Drago étaient aussi au courant. En réalité, Hermione avait été la dernière informée. Ce qui ne faisait que confirmer ses suspicions : ce dîner était un guet-apens, visant à la piéger elle. Elle et Drago. Les Greengrass étaient à deux doigts de faire publier leurs faire-parts de fiançailles, en bonnes sangs-pur qu'elles étaient.
"Granger... l'appela discrètement Drago alors qu'elle sortait du bureau de Blaise."
Hermione s'empressa de rejoindre le blond dans son bureau. L'heure semblait être à la conspiration, et elle se surprenait à apprécier ces tête-à-tête destinés à comploter avec lui. En revanche, elle ne s'attendait pas à ce que Drago voulait lui dire.
"Tu ne crois pas que Potter... Enfin, ce dîner, c'est pas pour grappiller des infos discrètement ? Sur moi, sur le groupe, sur Pods...?"
Hermione fit rouler ses yeux de manière très théâtrale.
"C'est pas du tout le genre d'Harry. Je sais que votre dernière conversation a mal tourné, mais il s'est calmé au sujet de ton équipe de sécurité. Il n'est pas particulièrement amical avec eux quand ils m'escortent devant sa porte, mais il a fini par réaliser que c'était rassurant. Et il n'est même pas en charge de l'affaire Pods. Ça va bien se passer !
- Et avec Nott ? grogna Drago.
- ... Peut-être qu'on devrait s'assurer qu'ils ne soient pas assis à proximité. Le coup de l'Imperius, c'était un peu excessif."
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Pansy avait filé dans la cuisine avec Daphné sitôt la porte franchie, et le reste des invités s'étaient rassemblés au salon. Après de longues minutes de gêne de part et d'autre, les Serpentards n'étant pas particulièrement à leur aise sur les canapés d'Harry Potter, l'ambiance s'était allégée à l'arrivée de Ron, qui se montrait extrêmement curieux au sujet de Rogue et de son amant mystérieux.
"Vlad est un mec sympa, reconnut Nott. Même s'il a potentiellement mangé un colibri rare.
- Théo, arrête avec ça, je suis sûre que Vladimir n'a rien fait du tout, râla Hermione en faisant circuler un plateau d'amuse-bouches."
Elle était pour le moment forcée de remplir le rôle d'hôtesse, puisque Harry était enfoncé dans son fauteuil avec un verre à la main, et se contentait d'observer tout le monde avec attention. Ses yeux verts scannaient la petite troupe amassée dans son salon, concentré sur les interactions entre eux plutôt que de participer lui-même.
"Forcément, quelqu'un comme Rogue ne pouvait pas fréquenter un comptable ou un agent d'entretien. Il fallait que ce soit un vampire, pouffa Ron en piochant allègrement dans un bol de cacahuètes. Il ressemble à quoi, physiquement ?
- À Drago, répondirent Blaise, Théo et Hermione de concert."
Le blond leva les yeux au ciel, et Harry sortit enfin de son silence pour ricaner dans son verre.
"Et, genre... Rogue est amoureux ? Ils se tiennent la main, des trucs comme ça ? reprit Ron, incapable de visualiser le professeur de potion dispenser des gestes affectueux à quiconque.
- Rogue est très protecteur envers Vladimir, songea Hermione. Il s'inquiète dès qu'il n'est pas à proximité. Et ils se regardent... Enfin, c'est assez... Mignon."
Drago lui jeta un regard étrange, et Ron étouffa un coassement surpris.
"MIGNON ? répéta-t-il.
- Granger est très fleur bleue, intervint Blaise. En réalité, ils se regardent comme s'ils voulaient mutuellement se sauter dessus et s'entre-dévorer.
- On pourrait changer de sujet ? Ça va sérieusement me couper l'appétit, suggéra Nott. Pour une fois que je ne suis pas obligé de faire semblant d'apprécier ce que je mange pour pas froisser Pans', j'aimerais être capable d'avoir faim, les gars.
- Vous croyez qu'ils... Enfin... commença Ron, qui ne pouvait pas arrêter sa quête d'informations si facilement.
- Ron ! s'exclama Hermione.
- Quoi, c'est une question légitime, gloussa Blaise. Après tout, c'est toi la grande spécialiste du régime alimentaire des vampires. T'aurais pas des infos sur leur sexualité, aussi ?
- Cette conversation est insoutenable, déclara Drago.
- C'est douloureux de le reconnaître, mais je suis d'accord avec Malefoy, lâcha Harry avec une grimace.
- Mais si Mione sait... Elle pourrait nous éclairer, insista Ron avec un sourire en coin."
Elle s'empressa de lui mettre une assiette de canapés entre les mains pour qu'il garnisse sa bouche de nourriture et ne songe plus à évoquer de tels sujets, mais Drago intercepta son offrande.
"Granger, finissons-en, sinon on ne changera jamais de sujet, décréta-t-il.
- Mais... Je n'en sais rien ! s'insurgea Hermione. Je savais deux ou trois choses sur la nourriture, mais... Enfin, je ne crois pas que ce soit recommandé d'avoir des rapports intimes avec un vampire lorsqu'on est humain, de toute façon."
Cette fois, son auditoire était captivé. Tous les garçons autour de la table la fixaient, dans l'attente d'une explication. Même Nott, qui était le dernier à vouloir évoquer ce sujet, était à présent absorbé.
"T'en as trop dit ou pas assez, la pressa Blaise.
- Vous êtes insupportables. Tous ! les accusa Hermione en balayant l'assemblée du doigt. C'est leur vie privée, ça ne nous regarde pas."
Ron, joueur, jeta un coussin en direction de la Gryffondor, et une chose des plus curieuses se produisit. Drago bloqua le coussin de la main dans un réflexe rapide, le projectile retomba sur le sol, et Harry le dévisagea d'un air franchement étonné. Le blond se racla la gorge, un peu inconfortable, et Théo et Blaise se mirent à ricaner.
"Des triplés, dirent-ils ensemble d'un air entendu.
- Drago était attrapeur, crut bon de préciser Hermione en tapotant la cuisse du blond pour le remercier."
Son intervention ne servit qu'à amplifier le malaise, puisque maintenant, Ron fronçait les sourcils, et Harry les observait en plissant les yeux. Hermione regarda Drago d'un air inquiet, comme pour vérifier qu'il n'allait pas entrer en combustion spontanée sous le feu des regards suspicieux. Il venait spontanément de faire un geste pour la protéger - d'une attaque de coussin, mais tout de même, et elle était certaine qu'il regrettait d'avoir réagi impulsivement et montré à tout le monde qu'il éprouvait une certaine affection pour elle. Suffisamment pour bloquer une agression, même anodine, avec son propre corps. Drago haussa les épaules pour lui signifier qu'il allait bien. Hermione sourit. Drago sourit. Ils se tournèrent en même temps pour attraper leur verre sur la table. Et, cette fois, Harry ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais Ron le devança.
"Est-ce que... Est-ce que vous êtes amis, ou un truc comme ça ? lâcha-t-il sans trop y croire."
Les ricanements disgracieux de Nott et Zabini poussèrent Hermione à prendre des mesures immédiates et sans appel.
"Pour un vampire, c'est difficile de se contrôler suffisamment pour ne pas mordre un humain. Qui plus est dans une grande proximité physique. Et, dans un moment... disons, intense ? Et bien, le risque est plus élevé. La moindre morsure, même... euh... dans un but... eh bien, une morsure affectueuse... débita Hermione comme si elle n'avait pas entendu la question de Ron.
- Le risque de contagion est plus élevé dans un moment intime, résuma Drago. Oui, ça fait sens."
Ron hocha la tête, un peu déstabilisé par ce flot d'information, et encore plus par l'attitude incompréhensible de sa meilleure amie et de l'infâme Drago Malefoy, qui d'ailleurs avait l'air d'être devenu un être humain décent, ce qui le déboussola complètement.
"À table ! s'écria Daphné, coupant court à la conversation."
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"... L'Imperius est un impardonnable Nott, tu peux pas te balader et attaquer n'importe quelle personne avec ça, c'est..."
"... et là, il a commencé à installer des tas de balais sur le toit, comme si il nous voyait fuir les bureaux en volant, enfin Dubois est cinglé, mais à ce point..."
"... repousser la rentrée parlementaire..."
"... mon équipe de sécurité est très compétente !"
"... ajouter un peu de curcuma, de toute façon il ne faut jamais poivrer la viande avant d'enfourner, seulement à la fin..."
"... ma mère a un nouvel amant, mais je n'arrive pas à savoir qui c'est, et..."
"... le blaireau est derrière moi, je pense, il faut tourner la page..."
"... MERDE ! Accio babybel !"
"...Oui, elle dit merde sans arrêt maintenant, elle croit que c'est une sorte de ponctuation..."
"... je ne ferai pas de rapport, mais l'Imperius..."
"... mais c'est quoi en fait, la spiruline ?"
"... Dobby vit chez toi ? Mais depuis quand ?"
"... et à ce moment-là, la plante de Pansy a avalé son dossier..."
Hermione contempla la scène qui se déroulait sous ses yeux, un sourire ému aux lèvres. L'embarras du début avait vite été oublié, précisément à la seconde où Harry avait commencé à servir du vin. L'atmosphère s'était complètement détendue lorsque Pansy avait raconté leur voyage épique à Cuba, laissant de côté leur fuite. Ensuite, de multiples conversations animées s'étaient enclenchées, et les sujets les plus inattendus avaient commencé à être abordés. Jusqu'à ce que Drago et Harry décident d'organiser un match de Quidditch entre les aurors et les députés Non-alignés. Là, la discussion avait pris un tournant frénétique. Puis ce fut le grand déballage, entre éclats de rires et éclats de voix, cliquetis de couverts et regards complices. En réalité, même en évoquant des sujets qui auraient pu déraper en bataille rangée, ils parvenaient à maintenir une tonalité joyeuse.
Aussi, au moment du dessert, Dahlia confortablement installée sur ses genoux, Hermione souriait béatement. Elle n'aurait pu imaginer une meilleure fin à cette journée - qui avait également très bien commencé, au chaud dans les bras de Drago.
"Hey, dit Harry en décalant un peu sa chaise pour se rapprocher d'elle.
- Hey, répondit Hermione sans se départir de son sourire.
- Hey, ajouta Dahlia en enfonçant sa petite main dans la part de gâteau qui traînait dangereusement devant elle."
Harry nettoya les doigts de sa fille d'un coup de baguette, et lui caressa les cheveux.
"Papa a trop bu, avoua Harry dans un petit ricanement. À tel point qu'il vient de discuter avec tout un tas de Serpentards. Et d'apprécier. C'est une bonne soirée, Mione.
- Ne roule pas tout de suite sous la table, Harry, il reste le café, pouffa Hermione en lui donnant un petit coup d'épaule. Mais je suis contente que tu sois content. Tu as raison, c'est une bonne soirée.
- Il faut que je te demande un truc. J'oserai pas le faire quand j'aurai dessaoulé, alors..."
Harry se pencha sur elle au point de presque lui basculer entièrement dessus. Il pouffa un peu, embarrassé par sa propre maladresse, et son haleine chargée d'alcool à la menthe fit voleter une mèche de cheveux d'Hermione. Elle déglutit, plus par appréhension que par réelle gêne - Harry et elle avaient partagé suffisamment de nuits avinées pour qu'elle ne s'offusque pas de le voir en léger état d'ébriété une fois de temps en temps. Pour autant, elle pressentait que la question qu'il s'apprêtait à formuler aller la mettre dans une position désagréable. Au moins autant que l'interrogation de Ron un peu plus tôt dans la soirée. Et cette fois, elle ne pouvait pas déballer ses connaissances sur les vampires pour s'en sortir, ni sur Drago pour voler à son secours.
"Est-ce que t'as dormi chez Malefoy, la nuit dernière ? chuchota le survivant."
Hermione raffermit sa prise autour de Dahlia, qui babillait joyeusement, inconsciente de ce que son père fabriquait au-dessus de sa tête.
"Oui, avoua Hermione dans un souffle, sans oser lever les yeux vers Harry."
Malheureusement, comme il ne réagissait pas, au bout de quelques secondes elle se sentit forcée de lever les yeux vers lui avec une expression anxieuse.
"Bien, dit-il simplement, avant de se remettre à pouffer.
- Bien ? C'est tout ? vérifia Hermione."
Harry passa affectueusement une main dans la chevelure de Dahlia, qui s'agita pour s'en débarrasser, et une autre dans les cheveux d'Hermione, qui elle n'osa pas bouger.
"Bien, répéta Harry. Non pas que tu aies besoin de mon approbation, mais...
- J'ai besoin de ton approbation, le coupa Hermione."
Harry craqua un petit sourire et secoua la tête.
"Bien sûr que non. Tu es capable de prendre tes propres décisions, comme tu l'as toujours fait, et même si je désapprouvais - ce que je ne fais pas - tu serais quand même avec lui. Pourquoi tu aurais besoin de mon accord ?
- Je ne suis pas avec lui, rectifia Hermione en jetant un regard à l'autre bout de la table pour vérifier que Drago était toujours occupé à planifier le match de Quidditch avec Ron. Je... Je ne sais pas très bien ce que je suis en train de faire, en réalité. Alors... C'est pas vraiment ton accord, que je cherche, c'est plutôt... Une sorte d'approbation ?
- Pour valider ta théorie ? Pour vérifier que tu n'as pas tort d'imaginer être avec lui, dans un futur plus ou moins proche ? traduisit Harry."
Hermione hocha la tête. Tout l'alcool du monde ne pouvait pas se mettre en travers de la faculté d'Harry à analyser clairement une situation. Ni à l'empêcher de lire sa meilleure amie.
"Personne peut savoir mieux que toi. Mais il a changé. Et il tient à toi, c'est évident. Quand t'as explosé, l'autre jour chez Blaise... Tu l'as pas vu. Mais il était vraiment désemparé. Et inquiet. Et coupable. Trois expressions qui vont clairement pas avec quelqu'un comme Malefoy. Et puis, au ministère, il me provoquait frontalement pour attirer l'attention, et te laisser en dehors de toutes ces horreurs. C'était très chevaleresque, expliqua Harry en levant les yeux au ciel. Alors... Je crois que je peux dire, sans trop m'avancer, que tu prends pas tellement de risque en étant avec lui. C'est vraiment la quatrième dimension, mais je pense ce que je dis. Il a l'air sincèrement impliqué."
Harry n'eut pas besoin de développer plus longtemps, et Hermione sentit son visage crispé se détendre en un sourire soulagé. Bien sûr qu'elle n'avait pas besoin de l'aval d'Harry avant de se lancer dans une relation avec quelqu'un. Elle n'avait besoin de l'aval de personne, en réalité, elle avait toujours été en charge de sa propre destinée et même son presque-frère ne pouvait pas constituer un obstacle. Ce qui comptait, à cet instant, c'est qu'il l'encourageait, qu'il l'approuvait, et qu'il faisait confiance à son jugement, en mettant de côté son passif avec Drago, leurs désaccords actuels, et cette rivalité perpétuelle qui existait entre eux.
"Merci, Harry, dit simplement Hermione.
- Qu'est-ce que vous complotez, tous les deux ? s'immisça Astoria en tendant un sucrier dans leur direction."
Hermione l'attrapa, pris soin de le poser à une distance suffisante pour qu'il soit hors de portée des petites mains de Dahlia, et haussa les épaules.
"On cherchait un moyen de renverser le pouvoir, comme d'habitude, répondit Hermione avec un moulinet vague de la main.
- On a déjà le pouvoir, lui rappela Nott depuis l'autre côté d'Harry. Un empire médiatique, une armée de mercenaires, un groupe politique... il énuméra."
Hermione se tendit sur sa chaise, incertaine quant à la réaction d'Harry ou de Ron face à une telle affirmation. Surtout que le sujet de l'équipe de sécurité avait déjà laissé des tensions en surface, qui menaçaient de réapparaître violemment. Théo plaisantait, ou ne plaisantait pas vraiment, mais même avec son ton pince-sans-rire, sa remarque n'allait peut-être pas être perçu comme un trait d'humour par toute la tablée. Un léger silence s'installa, et Hermione ferma les yeux dans l'attente du moment où la soirée allait être ruinée.
"... et maintenant le service des aurors, lâcha le Survivant avec un clin d'œil. Sans parler d'un écrivain en vogue, capable d'entrer dans la tête de milliers de petits sorciers pour y implanter des idées."
Interloquée, bouche ouverte, Hermione pivota vers Harry, dont les yeux pétillaient.
"Je crois que tout ce qu'il manque pour vraiment totaliser tout le pouvoir, c'est de contrôler les tribunaux, lança Blaise en sirotant son café.
- C'est le prochain point sur ma to-do list, annonça Drago avec un sourire en coin.
- Vous êtes terrifiants, décréta Ron."
Ce dîner s'est bien passé, non ?
Pauvre petit Drago, il m'a fait de la peine en ce début de chapitre. Fort heureusement, il a repris le dessus.
(désolée pour tout ce retard, j'étais en vacances, comme beaucoup d'entre vous j'imagine...)
