Chapter 37 - Confession

Hermione se réveilla brutalement en pleine nuit, avec la sensation d'avoir reçu un seau d'eau sur le visage. Tout à coup, elle venait de se souvenir qu'elle était supposée être allée dîner avec Drago. Au lieu de ça, elle avait quitté le penthouse sans évoquer leur date, et avait dîné chez les Potter. Sans y songer une seule seconde. Elle venait tout bonnement de poser un lapin à Drago Malefoy.

Elle se redressa en position assise, et plaqua deux mains sur son visage horrifié.

Drago avait proposé ce dîner pour sceller leur accord. C'était un pas de plus vers une relation entre eux. Il s'engageait. Il faisait quelque chose d'inhabituel et de relativement incompatible avec son caractère, pour elle. Et elle, elle avait oublié.

Comment avait-elle pu oublier ?

Elle attrapa son téléphone et remarqua qu'il était une heure du matin. Que faire ? Drago et elle ne se parlaient jamais au téléphone. Il n'envoyait pas de textos, ou alors c'était de simples injonctions comme "bureau, maintenant" ou "ok". Il n'appelait jamais. Sauf en cas de mort imminente, comme lorsqu'ils étaient à Cuba. Elle se demandait même s'il avait pris la peine d'apprendre à réellement utiliser son téléphone. Il passait son temps à l'abandonner dans des endroits incongrus, comme s'il ne s'agissait que d'un stupide accessoire superflu. Drago aimait les hiboux, les cheminettes et débarquer sans prévenir chez les gens. Il venait d'un autre siècle. La seule entorse à ce mode de conduite était son utilisation obsessionnelle de Twitter. Il n'était plus à un paradoxe près.

Allait-il décrocher si elle tentait de l'appeler, qui plus est aussi tard dans la nuit ?

Avant d'avoir eu le temps de réfléchir, elle passa l'appel.

"Granger ? grogna-t-il d'une voix endormie."

Hermione tressaillit, et se sentit rougir en entendant sa voix un peu rauque et pleine de sommeil. De drôles d'idées lui passèrent en tête à la vitesse de la lumière, et elle déglutit avec difficulté.

"Tu dormais ? demanda-t-elle de façon fort intelligente.

- Dobby m'a drogué avec une tisane. Tout va bien ?"

Et il s'inquiétait pour elle. Alors qu'elle avait oublié leur dîner en tête à tête.

"Je suis désolée, lâcha-t-elle.

- Hein ? Qu'est-ce que tu as fait, Granger ? T'es où ?

- Rien du tout, je suis dans mon lit, c'est juste que..."

Drago grogna, et elle s'arrêta de parler.

"Quoi ? coassa-t-elle.

- T'es toute nue ? demanda-t-il d'une voix beaucoup plus réveillée."

Elle gloussa, et se gifla mentalement. Depuis quand elle gloussait ?

"Non, Drago, concentre-toi.

- Mmm mmm, répondit-il."

Ce simple bruit la força à serrer ses jambes l'une contre l'autre.

"J'ai oublié notre dîner, laissa-t-elle échapper.

- Merde, putain, s'exclama-t-il. Moi aussi.

- Oh, souffla Hermione, à la fois soulagée et un peu déçue.

- On est terriblement nuls à ce jeu là, nota Drago. Demain soir ?

- D'accord. Drago, c'est pas grave si on est nuls. On est pas obligés de faire ce que tout le monde fait.

- Tu veux dire, comme quand on a menacé Hautbois de ruiner sa vie et de perdre ses doigts ? Parce que c'était incroyablement sexy, comme date.

- Chhht ! Drago ! s'offusqua Hermione. Imagine qu'on soit sur écoute !

- Sur quoi ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Des gens peuvent écouter nos téléphones ?"

Hermione fronça les sourcils. Probablement que non - les sorciers étaient loin d'être suffisamment aguerris aux technologies moldues pour faire une telle prouesse. En revanche, la magie pouvait palier ce petit désavantage matériel. En théorie.

"Je ne crois pas que les sorciers soient capables de faire ça, finit-elle par dire.

- Mais on pourrait ? Hypothétiquement. On pourrait écouter les conversations téléphoniques de qui on veut ?

- Oui, confirma à regret la jeune femme, qui n'aimait pas particulièrement son intérêt soudain pour l'espionnage.

- Intéressant. Comment on s'y prendrait ?

- Aucune idée. Les moldus le font. C'est une pratique assez fréquente dans les services secrets ou la police, expliqua Hermione."

Ce coup de fil d'ordre personnel avait vite dévié. Voilà qu'elle venait d'implanter dans le cerveau de Drago une nouvelle possibilité d'enfreindre la loi.

"Intéressant, répéta Drago.

- Peut-être qu'on devrait aller dormir, soupira Hermione.

- Potter n'a pas été trop insupportable ?

- Euh... balbutia Hermione."

Ils s'étaient mis d'accord pour attendre avant de commencer à enquêter sur les finances nébuleuses du ministère. C'était même son idée, à elle. Elle avait strictement interdit à Drago de réduire le ministère à néant avant de savoir exactement ce qu'il comptait faire par la suite. Pansy l'avait soutenue, et le blond avait accepté de patienter sans faire d'histoires. Et, en réalité, c'était elle qui venait de faire un pas de plus vers un scandale éthique au sommet de l'État en impliquant Harry Potter.

"Granger... râla Drago. T'as tout dit à Potter, c'est ça ?

- Daphné aussi est au courant, maintenant. Il va aider. Je ne sais pas comment, ni quand, ni dans quelles proportions, mais il va le faire."

Il y eut un silence au bout du fil, et Hermione ferma les yeux.

"What the fuck Granger, où est passé ce truc d'attendre d'y voir plus clair avant de déclencher la chute du pouvoir ? explosa Drago.

- Je sais, je sais, gémit Hermione. J'ai pas fait exprès de tout déballer, il a deviné, et tu avais raison, il n'a pas vraiment arrêté d'enquêter. Le truc, c'est qu'il est persuadé que c'est tellement énorme que ça pourrait détruire nos carrières, à nous tous, et il a dit que c'était dangereux, ce qui en langage Harry signifie dommages corporels et mort potentielle...

- T'as peur, Granger ? demanda Drago avec un ton malicieux qui ne lui disait rien qui vaille.

- Il va falloir être prudents, Drago, et discrets...

- Tu parles à un Serpentard.

- Mais...

- Je sais. Le groupe terroriste, la fondation, Lupin, la mère de Blaise, le manoir... Il y a des tas d'éléments préoccupants. On ne se précipite pas. Tu devrais dormir, maintenant. C'est pas comme si tu avais d'autres options puisque tu as choisi de dormir chez Potter et pas dans mon lit.

- Drago, tu ne m'as presque pas adressé la parole de la semaine, ça aurait été un peu inconvenant que je débarque chez toi, se défendit Hermione.

- J'étais... préoccupé.

- À cause du manoir ? demanda Hermione d'une petite voix.

- On en discutera demain. Fais de beaux rêves, Grangy.

- Oh. Oui, toi aussi Malefoy."

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Daphné était entrée en trombes dans sa chambre au petit jour, enroulée dans un peignoir en soie. Elle avait l'air de ne pas avoir fermé l'œil de la nuit, et marmonnait des propos incohérents en gesticulant autour du lit d'Hermione. Mal réveillée, la Gryffondor avait pris le parti de lui laisser le temps d'expulser toutes ses émotions négatives et d'attendre qu'elle se décide seule à s'exprimer. Ce que Daphné finit par faire, mais pas avant d'avoir parcouru plusieurs kilomètres en long et en large.

"Le manoir Greengrass a été saisi, ils ont expulsé mes parents, ils ont vendu nos terres et je découvre quoi ? s'exclama-t-elle brusquement. C'est devenu un lieu de vacances pour employés du ministère. Un complexe touristique. Voilà ce qu'ils ont fait de ma maison ! Ils ont creusé une foutue piscine dans le parc !

- Quoi ? sursauta Hermione en s'emparant d'un parchemin que lui tendait la femme d'Harry."

Elle scanna le document rapidement. C'était une sorte de mémo interne au ministère, qui exhortait les employés à réserver leurs semaines de vacances dans un lieu nommé Muro 108 avant une date butoir. Les tarifs étaient élevés. Il n'y avait ni photo, ni adresse. Harry avait dû mettre la main sur ce document au cours de son enquête, et le simple fait qu'il ait en sa possession un document barré de la mention "confidentiel, usage interne exclusif" en disait long sur les risques qu'il avait pris pour l'obtenir.

Il avait dû donner ce document à Daphné la veille, sans aucun doute.

"Comment tu sais qu'il s'agit du manoir Greengrass ? demanda prudemment Hermione."

Daphné tapota une ligne de texte d'un index manucuré.

"108, Murrayfield Road. Muro. C'est l'adresse.

- Daphné... T'es en train de dire que le ministère a conservé un manoir saisi pour réparations, pour en profiter lui-même, et en tirer de l'argent en le louant.

- À 300 galions la foutue semaine de location ! précisa Daphné en pointant un index furieux vers le ciel.

- Les seuls employés qui peuvent s'offrir ça sont les hauts fonctionnaires... Les chefs de département, les membres des chambres... songea Hermione. Je me demande ce qu'ils font de l'argent tiré des locations. Parce que, clairement, partir en vacances ne constitue pas une réparation. Par contre, si l'argent tiré de l'exploitation est effectivement versé à un quelconque fond d'aide aux victimes... ça change la donne. J'aimerais bien savoir où est l'argent.

- MOI AUSSI, rugit Daphné en secouant la tête, écœurée."

Hermione compatissait - parce que ce n'était pas exactement agréable de voir sa maison ancestrale arrachée et utilisée comme hôtel pour riches employés du ministère. Mais jusque là, ce n'était pas illégal. Ça ne le serait que si l'argent récolté était mal utilisé. Elle ne pouvait bien sûr pas dire ça à Daphné, pour qui cette révélation était trop personnelle.

"Quand mes parents vont savoir ça...

- Tu ne peux rien leur dire ! s'écria Hermione en se redressant sur ses genoux."

Daphné leva les yeux au ciel.

"Je sais. Harry a passé des semaines ne serait-ce que pour arriver à débloquer ce parchemin. Il était ensorcelé pour n'être lu que par certaines personnes. Je ne vais pas mettre en péril tous ses efforts... Pas quand à la clef, je pourrais récupérer mon manoir, comme Drago.

- Par qui ? Par qui ce document pouvait être lu ? pressa Hermione, qui flairait une piste.

- Aucune idée. Harry a fait sauter les enchantements pour pouvoir le lire, il n'a jamais trouvé la formule."

Hermione hocha la tête, un peu déçue. Elle imaginait Harry s'acharner pendant des heures sur un bout de papier vierge, exaspéré, et songea avec regret que s'il avait demandé de l'aide, à ce moment-là, s'il avait osé l'impliquer, elle aurait pu l'épauler. Il avait dû se sentir très seul.

"Il savait que c'était ton manoir ? demanda-t-elle doucement."

Elle s'en voulait déjà suffisamment d'avoir créé la discorde dans le couple. Si, en plus, cela mettait en lumière qu'Harry avait caché ce qu'il savait sur le manoir Greengrass...

"Non, il n'avait pas compris le Muro 108. J'ai réalisé ce que c'était cette nuit, en parcourant son dossier avec lui. Il est rangé dans un coffre au grenier, il m'a dit de te dire que tu pouvais y accéder. Je peux te montrer les incantations, si tu veux, proposa Daphné.

- J'aimerais parler avec lui avant... C'est incroyable, qu'il ait réussi à rassembler des preuves tout seul, sans rien dire à personne.

- Il est tellement têtu ! s'exclama Daphné en levant les bras au ciel."

Hermione esquissa un sourire.

"Qu'est ce que tu comptes faire, pour ton manoir ?"

Daphné soupira, et s'assit sur le bord du lit.

"Je ne sais pas. J'ai terriblement envie d'y aller pour voir de mes propres yeux ce qu'ils ont fait, mais ce serait trop risqué. On ne peut pas les alerter.

- Non. On va devoir avancer nos pions avec subtilité, confirma Hermione.

- La vraie question... C'est, qu'est-ce que vous, vous comptez faire ? Tu te rends compte que ça implique de comploter non seulement avec Harry, un aimant à problèmes, mais aussi avec Drago, Blaise, Pansy, et tous les Sang-purs spoliés ? C'est un drôle de mélange. Surtout qu'honnêtement, parmi les familles qui ont tout perdu, certaines l'ont bien mérité. Y compris nous, je suppose."

Hermione expira un soupir à fendre l'âme. Elle n'avait aucune idée de ce qui allait se passer, et se sentait parfaitement incapable de répondre à cette question. Tout ceci s'annonçait comme une entreprise compliquée, houleuse, et risquée. Même si on partait du principe utopique que les Serpentards soient capables de collaborer avec Harry. Parce que le tout n'était pas d'enquêter ensemble, et de réussir à déterrer des preuves - même si cela s'annonçait déjà comme un exploit. Non, le fond du problème, c'était de savoir comment ils allaient utiliser ces preuves, et dans quel but.

Elle n'était même pas sûre de vouloir se battre pour que les Sang-purs récupèrent leurs biens, il était normal qu'ils contribuent à l'effort de reconstruction à la hauteur des dommages qu'ils avaient causé. Selon elle. Selon un sens moral un peu utopique, certainement.

C'était un casse-tête.

"Je ne sais pas comment on va s'y prendre, reconnut Hermione. En admettant qu'on trouve suffisamment de preuves... Je ne sais même pas comment on peut les utiliser.

- Nott ? suggéra Daphné.

- C'est une possibilité, marmonna Hermione."

Elle ne pouvait s'empêcher de penser aux dégâts que pouvait faire Théo avec une telle bombe entre les mains. Une fois le public informé, quelle serait la marche à suivre ? À qui faire confiance ? Le ministère allait se défendre, avec toute sa puissance. Probablement les attaquer personnellement. Crier à la désinformation. Et qui, parmi les électeurs, allait s'offusquer qu'on vole les familles les plus riches, puissantes et souvent coupables ? Peut-être que la population souhaitait les faire payer au prix fort, même si c'était injuste et disproportionné.

"Est-qu'on peut faire confiance à Astoria pour ne pas ébruiter ça ? Auprès de tes parents ? questionna Hermione.

- Totalement, confirma Daphné sans hésiter.

- Je vais aller au penthouse. Il... Il faut qu'on parle de tout ça.

- Harry voudra participer aux décisions, ajouta Daphné.

- Bien sûr ! On se réunira. Discrètement.

- Les Serpentard sont doués pour se faufiler entre les mailles du filet, approuva Daphné en faisant écho aux propos de Drago sans le savoir."

.

Hermione se prépara en vitesse et, alors qu'elle descendait les escalier pour partir, son téléphone se mit à sonner, Sergueï fit irruption dans le salon des Potter, et Daphné courut dans sa direction, toute pâle. Hermione s'arrêta à mi-chemin entre deux marches et attendit que la foudre frappe.

"Qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéta-t-elle en lisant le prénom de Drago sur l'écran de son téléphone.

- Une nouvelle attaque, dit Daphné.

- Miss Granger, vous devez rester ici pour le moment, dit Sergueï en observant la rue par la fenêtre.

- Il faut que je décroche, souffla Hermione."

Daphné hocha la tête, et monta à toute vitesse à l'étage, où Dahlia pleurait comme si elle avait sentit que quelque chose de grave venait de se produire.

"Drago ?

- Sergueï est avec toi ? demanda-t-il sans perdre de temps.

- Oui, je suis toujours chez Harry. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Ils ont attaqué une famille dans le Surrey. Ils sont tous morts, les parents, et les deux enfants. On a reçu l'ordre de rester confinés, les aurors... Ils pensent que c'est les mêmes terroristes."

Hermione hoqueta, et se laissa tomber sur une marche, incapable de rester debout plus longtemps. Elle s'agrippa à la rambarde de sa main libre, et regarda à travers les barreaux en bois Sergueï qui tirait méthodiquement tous les rideaux, plongeant le rez-de-chaussée dans le noir.

"Des députés ? murmura la jeune femme.

- Non, pas cette fois. Mais le père était moldu.

- Merlin...

- Théo est sur place avec la chaîne. Il nous tiendra informés. Reste chez Potter, t'es en sécurité, et il tiendra Daph' au courant. Surtout, vous ne sortez pas.

- D'accord. Drago, qu'est-ce que je peux faire ?"

Impossible de rester assise à attendre d'avoir des informations quand tout s'effondrait. Elle avait des responsabilités envers ses électeurs, envers son groupe, son pays, et envers elle-même. Parce que si elle se contentait de subir le flot de nouvelles sans agir, elle allait devenir folle. El le commençait déjà à se sentir claustrophobe.

"On doit s'exprimer, déclara Drago après une seconde d'hésitation. Je... Je dois parler au groupe d'abord, et garder tout le monde dans le rang. Tu peux commencer à rédiger la déclaration ? Il faudrait qu'on parle aux citoyens ce soir.

- Oui, je m'en charge. Tu veux faire bref ?

- Moi ? C'est toi qui devrais parler, objecta Drago comme s'il avait oublié qu'il était le leader des Non-alignés.

- Je serai à tes côtés, mais tu dois être celui qui parle, insista Hermione. C'est important.

- Mais si les gens... Après tout ça... Des enfants, balbutia Drago. Si ils me voient juste comme un ancien mangemort, et...

- Personne ne va penser ça. Et s'ils essayent, tu leurs prouveras qu'ils ont tort."

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Blaise débarqua par cheminette une heure plus tard pour l'aider à mettre au point le discours de Drago, puis Harry passa en coup de vent pour répéter que personne ne devait sortir, et Sergueï fut rejoint par deux autres gardes du corps ainsi que deux aurors envoyés par Harry. Tout n'était pas parfait, mais ils avaient l'air de réussir à communiquer suffisamment pour se répartir les rôles efficacement. Daphné essayait de distraire Dahlia sans grand succès, la petite fille ne percevant que trop bien la nervosité ambiante.

Aux alentours de midi, l'équipe de sécurité hétéroclite sembla s'agiter plus que de raison, convergeant vers l'arrière du jardin. Les trois sorciers à l'intérieur de la maison dégainèrent leurs baguettes, prêts à en découdre, mais il s'avéra rapidement qu'il ne s'agissait que d'un voisin moldu éméché. Sergueï lui confisqua sa bouteille de rhum et les aurors prirent soin d'effacer cette rencontre de sa mémoire.

Pansy fut la suivante à débarquer, accompagnée à la surprise générale de Vladimir et d'Igor.

"Rogue est avec Drago, expliqua la Serpentard comme si ça suffisait à justifier leur apparition.

- L'elfe va jouer avec moi, décida Dahlia en tendant sa poupée préférée à Igor."

Vladimir, qui avait l'air gêné de s'imposer, se lança dans une mission pâtisserie et entreprit de confectionner à la chaîne des macarons. Pendant ce temps, Hermione ne pouvait s'empêcher de se demander ce que Drago fabriquait. Aucun d'eux n'avait de nouvelles, et la présence de Rogue à ses côtés était étrange.

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"C'est un enfer de franchir la sécurité de cette maison, dit Ron en déboulant dans le salon quelques temps plus tard. J'ai été interrogé par trois personnes différentes, et un type avec un accent de l'Est m'a menacé de me trancher des doigts. Qu'est ce que vous faites ?"

Autour d'une table surchargée de gâteaux, Hermione, Blaise et Pansy rédigeaient, raturaient, réfléchissaient aux meilleurs formulations à voix haute, tout en essayant d'anticiper ce qui allait plaire ou non à Drago. Sur les genoux d'Hermione se trouvait Dahlia, qui décorait leurs brouillons avec des crayons de couleur. À côté de la petite se trouvait Igor, qui engloutissait des biscuits en regardant la télévision, et dans un coin de la pièce, Vladimir jouait du piano sous le regard admiratif de Daphné, qui tournait pour lui les partitions.

"Oh... souffla Astoria, apparaissant dans son dos, estomaquée par cette réunion incongrue.

- Ah, te voilà ! la salua Hermione avec un sourire fatigué.

- J'ai ce que tu m'as demandé, l'informa son assistante en lui tendant des papiers. J'ai profité du fait que les bureaux soient vides pour... localiser certaines informations.

- T'as volé des trucs à tes collègues ? C'est ça, qu'on faisait au siège des Non-alignés ? s'inquiéta Ron.

- C'est pour aider, pas pour attirer des ennuis, se défendit Astoria."

Ron sembla satisfait de cette explication partielle, puisqu'il se mit à manger des pâtisseries.

"Pourquoi Malefoy joue du piano ? demanda-t-il avec la bouche pleine."

Tout le monde pivota vers ledit instrument, et après quelques secondes de perplexité, ils se mirent tous à rire.

"Quoi ? se vexa Ron en plissant les yeux.

- C'est pas Malefoy, Weasley, regarde de plus près, ricana Pansy en secouant la tête."

De façon tout à fait impolie, Ron obtempéra et se rapprocha du piano, le contourna, et se posta face à Vladimir, qui s'arrêta de jouer.

"Bonjour...?

- Oh, ben ça alors ! s'exclama Ron, réalisant sa méprise. Vous êtes le fiancé de Rogue !

- C'est exact. Vladimir, enchanté."

Une fois le choc de la découverte passé, ils se mirent à discuter poliment, et tout le monde pu se replonger dans ses tâches respectives.

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Ils se concentrèrent sur la télévision à la demande de Théo, et assistèrent à la conférence de presse des aurors quelque part dans la campagne anglaise. Ils n'apprirent pas grand chose de nouveau, si ce n'était des informations sur les victimes, qui n'étaient qu'une famille sans histoire. Les enfants n'étaient même pas encore en âge d'entrer à Poudlard... Et en apprendre plus sur eux ne faisait que rendre ce meurtre brutal encore plus traumatisant. Une note, trouvée sur les lieux du crime, revendiquait le crime, et semblait indiquer que le mobile était haineux. Ils confirmèrent qu'ils reliaient ce drame aux attentats précédents.

À la surprise générale, lorsque Harry revint à la maison, ce fut accompagné de Rogue, de Drago, et de Flint. Cet étrange assortiment était une vision tellement étrange que personne n'osa parler pendant une bonne minute.

"Qu'est-ce que tout le monde fait ici ? finit par soupirer Harry en acceptant le macaron que lui tendait sa fille.

- Et encore, tu n'as pas vu tous les bodyguard qui traînent dans tous les coins, gloussa Daphné, qui semblait un peu excitée par le tourbillon ambiant.

- Drago ? s'inquiéta Hermione en se levant."

Il se contenta d'échanger un regard entendu avec Harry, comme si tout à coup ils étaient... Quoi, complices ? Hermione n'arrivait pas à décider si c'était une bonne nouvelle ou le signe que la fin du monde était proche.

"Bon, on devrait tous s'asseoir, grogna Harry en tirant une chaise."

Comme personne ne réagissait, il agita les mains d'un air exaspéré, et tout le monde suivit le mouvement. Même Rogue. Ce laps de temps permit à Hermione d'épier Drago, qui évitait soigneusement son regard, et employait beaucoup d'énergie à apparaître comme un modèle de sérénité.

"Tout le monde ici présent est déjà au courant de ce que je m'apprête à dire, commença Harry avec un air crispé. Et je ne suis pas content du tout que personne n'ait jugé utile de venir me voir avant. C'est quand même incroyable qu'on me cache des choses dans ma propre maison."

À ces mots, Daphné se tassa sur sa chaise, toute rouge, et Hermione se demanda s'il parlait vraiment de sa femme ou plutôt d'elle.

"Et mes deux meilleurs amis."

Hermione fronça les sourcils. Il parlait d'elle, donc. Elle jeta un regard en coin à Ron, qui grimaçait et semblait sur le point de se confondre en excuses.

"D'entre tous, il a fallu que ce soit Malefoy qui décide de dire la vérité."

L'intéressé pinça les lèvres et jeta un regard indéchiffrable à Hermione, qui tressaillit. Qu'est-ce qu'il avait bien pu confesser qu'elle savait déjà ? La liste était longue...

"Monsieur Potter, quand vous aurez fini de faire votre leçon de morale égocentrique, peut-être pourrions-nous en venir au fait, dit Rogue en levant les yeux au ciel."

Harry le fusilla du regard.

"Malefoy m'a montré les lettres, dit-il simplement, avant de parcourir du regard l'assemblée, s'arrêtant sur chaque coupable."

Hermione haussa un sourcil mais ne prit pas la parole. Elle ne savait pas exactement quoi dire de toute façon, totalement prise au dépourvu. Elle aurait dû se douter que Drago préparait quelque chose dans l'ombre au vu de son silence au cours de la journée. Mais ça... Elle ne l'avait pas vu venir. Dire qu'il lui avait reproché, la VEILLE seulement, d'avoir parlé du rendez-vous avec Hautbois à Harry sans le consulter au préalable... Il venait de faire exactement la même chose, multiplié par cent. Quelle audace.

"Harry, je suis désolée, on a juste pensé que si on les brûlait on en entendrait plus jamais parler, et c'est ce qu'on a fait, et regarde, aucune nouvelle lettre, se justifia Daphné. On ne voulait pas être dans le radar du ministère..."

Les filles Greengrass en avaient donc reçu aussi. Sans rien dire à personne, exactement comme ce que Théo avait prédit : aucun des sang-purs visés par les lettres n'était enclin à parler. Seul Ron semblait être dans la confidence, et c'était très étonnant qu'il n'en ait rien dit ni à Harry ni à elle. Et Astoria... Pourquoi n'avait-elle rien dit à Drago non plus, alors que c'était évident qu'il en avait reçu aussi ?

Hermione croisa son regard, et Astoria lui lança un petit sourire désolé. Elle le lui rendit sans hésiter, parce qu'après tout, elle pouvait difficilement reprocher à Astoria de lui cacher des choses sans être d'une mauvaise foi défiant toute concurrence.

"Aucune nouvelle lettre, comme c'est rassurant ! cingla Harry. Pour le moment. Parce qu'ils sont trop occupés à massacrer des innocents. Vous auriez pu nous aider à faire avancer l'enquête et à les mettre hors d'état de nuire, et au lieu de ça, vous avez tous décidé de cacher des informations capitales ! C'est STUPIDE. J'espère que vous vous en rendez-compte ! Non seulement c'est incroyablement dangereux et irresponsable, mais en plus c'est illégal, et ça pourrait vous attirer de graves ennuis !

- Pourrait ? se renseigna Blaise. Comme dans, pourrait si le service des aurors l'apprenait ?"

Harry lui jeta un regard furieux.

"Vous vous rendez compte dans quelle position vous me mettez, maintenant ? siffla-t-il. Toutes ces lettres sont des preuves que vous avez volontairement cachées ! Vous avez eu des tas d'occasion de dire la vérité, et vous avez menti, encore et encore ! À quoi ça ressemblerait, si le ministère apprenait maintenant qu'on a essayé de vous recruter, et que vous l'avez caché aux autorités ? Qu'est-ce qui prouverait que vous n'avez pas donné suite à ces lettres, rencontré ces gens, prêté allégeance ? À votre avis, quelles conclusions en tireraient mes collègues ? Le silence vous rend coupables !

- On deviendrait des suspects, conclut Pansy, penaude. Pas encore...

- Si, ENCORE, Parkinson ! rétorqua Harry.

- Potter, arrête de les torturer, glissa Drago, qui sortit de son silence attentif et se redressa sur sa chaise.

- La ferme, Malefoy, grogna Harry."

Le blond plissa les yeux dans sa direction et Harry soutint son regard, avant de soupirer lourdement.

"Je ne vais pas dénoncer ma propre femme, lâcha-t-il presque à regret."

Daphné émit un petit couinement et tendit une main vers lui, qu'il ignora.

"Voilà ce qui va se passer. Vous allez me donner ces lettres, tous. Je vais les examiner et les prendre en compte dans l'enquête, sans en parler à mes collègues. À la seconde où vous en recevrez de nouvelles, parce que ne vous leurrez pas, ça va arriver, vous les apportez officiellement au bureau des aurors. C'est non négociable.

- Mais si les nouvelles lettres contiennent des informations sur les précédentes ? objecta Rogue.

- Dans ce cas, on avisera, grommela Harry. Mais je veux les voir. Est-ce que c'est clair ? À partir de maintenant, vous me mettez dans la boucle, systématiquement."

Ils hochèrent la tête comme un seul homme. Cela faisait cet effet-là de se faire gronder par Harry Potter.

"Je peux m'en aller, maintenant ? tenta Flint, que tout le monde avait oublié.

- Non. Personne ne sort d'ici avant qu'on ait le feu vert, répliqua vertement Harry."

Dahlia tendit un macaron déjà mâchouillé à Marcus, qui l'accepta parce qu'il ne pouvait pas refuser une offre de paix dans la maison d'Harry Potter. Même si cette offre de paix dégoulinait de bave.

"Daphné, cuisine, décréta Harry."

Le couple disparut et, à la seconde où le survivant fut hors de portée, tout le monde se mit à parler en même temps. Sauf Igor, qui pianotait sur son téléphone. Hermione profita du chaos pour extirper Drago d'une conversation bruyante avec Pansy, qui l'invectivait avec hargne, et l'entraîna dans le salon. Elle claqua la porte derrière eux et se planta devant lui, les mains sur les hanches.

"C'est ce que tu voulais, non ? eut-il l'audace de demander.

- Pourquoi tu as fait ça d'un coup, sans avertir personne ? Qu'est-ce qui t'as pris ? gronda Hermione. Je croyais qu'on était ensemble dans cette histoire, ajouta-t-elle en agitant sa main entre eux deux."

Il captura sa main dans la sienne d'un geste vif et l'obligea à s'asseoir sur un canapé avec lui. Au-dehors, le brouhaha se poursuivit, clairement dominé par la voix de Pansy.

"Une famille a été décimée, dit-il simplement."

Hermione ferma les yeux une seconde, et secoua la tête. Elle aurait dû deviner qu'il allait faire quelque chose de désespéré après son appel dans la matinée, parce que sa voix était différente et qu'il semblait fébrile. Au lieu de ça, elle avait enclenché le mode action et s'était précipitée pour écrire son discours. Elle ne l'avait pas écouté suffisamment. Peut-être parce qu'il ne paraissait pas, au premier abord, être le genre de personne qui ploie sous le poids d'une culpabilité mal placée, ou qui agit en suivant ses émotions.

Pourtant, c'était précisément ce qu'il avait fait.

"C'était la bonne chose à faire, de lui donner ces lettres, murmura Hermione en essayant de capter son regard fuyant.

- Mais ? grinça Drago en regardant partout sauf vers elle.

- Mais si tu nous avais prévenus, si tu avais annoncé à Daphné et Ron et... moi, que tu comptais faire ça, on aurait pu lui annoncer tous ensemble. Maintenant il n'a plus confiance en nous. C'est sa femme, Drago..."

Il lâcha sa main et recula pour s'enfoncer contre le dossier du canapé, inclinant sa nuque en arrière pour l'y appuyer.

"Je sais. J'avais pas l'impression d'avoir le temps de ménager les émotions de tout le monde. J'ai... C'était impulsif.

- Il a dû te hurler dessus, marmonna Hermione en adoptant la même position que lui.

- Un peu, oui. Ce n'était pas aussi plaisant que ce que j'imaginais de faire sortir Potter de ses gonds.

- Tu sais, même s'il avait eu ces lettres plus tôt, ça n'aurait sûrement rien changé pour cette famille... Il n'y avait pas tellement d'indices dans ces quelques mots, et l'enquête n'aurait pas progressé assez vite pour les sauver.

- Je sais, soupira Drago.

- Mais ? le pressa Hermione.

- Mais je peux pas m'empêcher de penser que j'ai eu tort de garder le secret. La note qu'ils ont trouvé sur place... Elle était en latin, elle aussi. C'est ce qui relie les crimes. Potter avait besoin de savoir pour ces lettres. Si les aurors avaient su plus tôt que ce groupe essayait de recruter en masse, ils auraient pris les choses plus au sérieux et auraient protégé les né-moldus. Au lieu de ça, ils ont sans doute traité l'affaire comme s'il s'agissait d'un petit ramassis de cinglés assoiffés de sang, alors qu'en réalité, ils étaient face à un groupe au nombre indéterminé, organisé, et décidé à s'accroitre."

Hermione émit un grognement.

"Ils prennent déjà ça très au sérieux. Qu'est-ce qu'ils auraient pu faire de plus ? Ils ne peuvent pas garder en sécurité tous les né-moldus au cas par cas, malheureusement.

- C'est injuste, s'écria tout à coup Drago en se levant du canapé."

Abasourdie par cette soudaine véhémence, Hermione le regarda faire les cents pas sur le tapis d'Harry.

"Je veux dire... Nous, on a les moyens de se protéger. Financièrement, techniquement. Ça veut dire qu'une frange de la population qui est privilégiée peut survivre, alors que, quoi, les plus pauvres vont périr, parce que le gouvernement est trop faible ou désintéressé pour les protéger ? C'est merdique.

- Tu réalises seulement maintenant qu'on vit dans une société inégalitaire, Drago ? s'exclama Blaise en entrant dans la pièce. Ta candeur me surprendra toujours.

- Zabini, c'est pas le moment, gronda Hermione.

- Je ne vois vraiment pas pourquoi, dit Blaise en refermant la porte derrière lui.

- Qu'est-ce que tu veux ? Me tomber dessus, toi aussi, parce que pour une fois j'ai fait ce qui était juste ? siffla Drago.

- Personne ne te tombe dessus, objecta Hermione en levant les deux mains en l'air en signe de reddition. Je suis de ton côté."

Blaise leva les yeux au ciel.

"Évidemment, Granger est de ton côté, ricana-t-il.

- Qu'est-ce que ça veut dire, Zabini ? le provoqua Hermione en lui jetant un regard noir.

- Que Drago a beaucoup de crises de conscience ces temps-ci. Je me demande pourquoi !

- Parce que c'est une bonne personne, je suppose ? s'écria-t-elle.

- Et depuis quand ? fit Blaise.

- La ferme, Zabini, gronda Drago en se plantant devant lui, le menton droit."

La tension dans la pièce était à couper au couteau. Ils étaient tous les trois figés dans des positions défensives, et Hermione ne voyait pas très bien comment désamorcer cette situation. Déjà, parce qu'elle ne comprenait pas l'attitude belliqueuse de Blaise, qui réagissait comme s'il avait été horriblement trahi et doublé par Drago - qui n'avait pourtant fait qu'essayer d'aider.

À sa façon. Comme quelqu'un d'assez inexpérimenté en gestes désintéressés. Avec maladresse.

"J'ai fait ce qu'il y avait à faire, tonna Drago après un épais silence. Vous pouvez tous me le faire payer si ça vous soulage, mais à la fin de la journée, je sais pertinemment que j'ai pris la bonne décision. Et si tu n'étais pas aussi énervé, tu le saurais aussi. Potter a raison, en voulant garder ça pour nous on a mis tout le monde en danger. J'ai rectifié ça.

- T'aurais juste pu nous prévenir avant d'aller te confesser auprès de Potter. Sérieusement Drago, tu nous as tous mis dans la merde. Je croyais qu'on devait régler ça en solitaire, sans confier nos vies au ministère. Et tout à coup, tu décides que les aurors sont capables de nous protéger ? Potter est devenu ton confident, ou quelque chose comme ça ?

- C'est pas ça du tout, rétorqua Drago en haussant nettement le ton. Toute cette conversation est ridicule ! Il ne s'agit pas que de nous, déjà. Ils ne s'attaquent pas qu'aux députés, regarde ce qu'il vient de se passer ! Deux enfants, Blaise. Même pas encore en âge d'avoir une baguette. Ils étaient sans défense. Et je refuse de rester en arrière avec des informations qui peuvent empêcher que ça se reproduise. Même s'il n'y avait qu'une toute petite chance pour que ça aide les aurors, il faut la saisir."

Blaise se massa la mâchoire du plat de la main et expulsa une longue respiration irritée.

"Le vrai problème, c'est que la population est très mal protégée, grogna-t-il. Je ne vois pas en quoi nous afficher comme suspects va les aider à arrêter ces cinglés.

- Potter est le seul à être au courant, et il ne dira rien à ses collègues, affirma Drago. On est pas affichés comme suspects."

Tiens, Drago avait l'air sûr de son fait. Hermione aurait adoré assister en cachette à leur discussion. Et visiblement, Blaise aussi...

"Pour l'instant. Pourquoi tu crois que tu peux avoir confiance en lui ? insista Blaise. C'est Potter.

- Harry a donné sa parole et il ne la trahira pas, intervint sèchement Hermione. Il est loyal. S'il s'engage, ce n'est pas pour faire volte-face.

- Si tu le dis, bougonna Blaise, qui était bien obligé de s'avouer vaincu.

- Est-ce que tout le monde peut arrêter de me sauter à la gorge, maintenant ? maugréa Drago. Bon sang, si j'avais su que ça attirait tant d'ennuis d'être une bonne personne, je serais devenu assassin."

.

Comme l'enquête heurtait une nouvelle fois un mur, le bureau des aurors leva l'ordre de confinement des députés qui, de toute façon, n'étaient plus les seuls concernés par la menace. Ça ne rimait plus à rien de limiter leurs mouvements à eux plus qu'à n'importe qui. La maison des Potter fut donc rapidement évacuée, et bientôt il ne resta plus que le couple (en froid), Dahlia (qui jouait dans sa chambre), et Drago et Hermione, qui chuchotaient en relisant l'allocution du blond. Ils avaient nettement l'impression d'être de trop mais, Hermione vivant sur place, ils avaient décidé - surtout elle - que quelques minutes de relecture dans un coin du salon ne dérangerait personne.

C'était sans compter la mauvaise humeur d'Harry, qui claquait des talons en marchant et ne parlait à personne, et le désespoir apparent de Daphné, qui rôdait comme une âme en peine sur ses traces.

"Ils vont me rendre fou, grinça Drago en tournant une page au moment même ou Harry claquait une porte."

Daphné passa en reniflant discrètement quelques secondes plus tard.

"Finissons en vitesse, chuchota Hermione."

Harry traversa la pièce à nouveau, un livre à la main.

"Je n'arrive pas à me concentrer, bougonna le blond."

Daphné arriva à son tour à petit pas lents, soupirant à intervalles réguliers, un mouchoir serré dans sa main.

"Où on est, au théâtre ? pesta Drago."

Harry repassa dans l'autre sens, sans son livre, Daphné sur ses talons avec des yeux larmoyants.

"Oh, et puis merde, s'écria Drago."

Son éclat de voix interrompit les allées et venues du couple, et Hermione se prit la tête entre les mains. Elle allait vraiment se retrouver à la rue, à cause de lui. Il y avait des limites à ce qu'Harry pouvait endurer.

"Je suis désolé, d'accord ?! s'exclama Drago en levant les bras au ciel. Potter, c'est pas la faute de Daph'. Elle pensait bien faire, comme nous tous, et te protéger. Elle mérite pas ça. Et toi, Daph', arrête de le regarder avec des yeux de chien battu et de pleurnicher. C'est indigne. Vous êtes mariés, non ? Vous êtes pas censés vous parler ou, je sais pas, vous réconcilier en cassant deux trois trucs et en arrachant vos vêtements ?

- T'as une drôle de définition du mariage, Malefoy, dit Harry en retirant ses lunettes pour les essuyer.

Il avait envie de rire, c'était évident.

"Je ne pleurniche pas, d'accord ? siffla Daphné. J'ai des allergies.

- T'es allergique à la vérité, non ? supposa Harry en lui donnant un coup de coude joueur."

Daphné craqua un sourire gêné.

"On va vous laisser, suggéra Hermione en se levant. Ça va bientôt être l'heure du discours, alors...

- Il a lieu où, ce discours ? se renseigna Harry, sourcils froncés.

- A Wizzard Chanel, répondit Drago en rassemblant les feuilles de son discours.

- Prenez un auror avec vous, en plus de votre équipe de sécurité, décida Harry. Herm', tu reviens ici après ?"

Avant qu'elle n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche, Drago répondit :

"Non. Ce soir, je l'invite à dîner.

- Oh ! souffla Daphné, ébahie.

- Où ça ? recommença Harry.

- A quel moment vous êtes devenus les parents adoptifs de Granger, tous les deux ? ricana Drago."

Harry se renfrogna, ce qui ne fit que renforcer l'hilarité de Drago.

"On dînera chez moi Potter, inutile de te ronger les sangs. Pas d'explosion de restaurant étoilé en vue.

- Tu vas faire la cuisine ? s'inquiéta Hermione.

- J'espère que tu ne comptes pas faire cuisiner Hermione à ton propre dîner, fit Daphné, bras croisés.

- C'est surestimer les compétences d'Hermione, gloussa Harry. A moins que tu aies des boîtes de conserve ou des nouilles chinoises déshydratées sous la main.

- Harry ! protesta-t-elle, outrée.

- Dobby nous aidera, répondit Drago. Bon, on y va ? On va finir par être en retard, avec toute cette inquisition."

Son petit sac en perle méticuleusement serré contre elle et la main de Drago dans la sienne, Hermione s'empressa d'obtempérer.


Un conflit de plus à leur actif ! Pauvre Drago, pour une fois qu'il essaye de faire quelque chose de gentil...