Chapter 39 - Fondation

Hermione soupira de contentement et, les yeux toujours clos, roula sur le côté malgré les deux bras qui l'encerclaient. Elle sentit bien une résistance, mais dans les limbes de sommeil dans lesquelles elle se trouvait encore, elle n'en fit pas grand cas et donna un coup de pied pour se libérer.

"Granger ! protesta Drago d'une voix étouffée."

Elle ouvrit les yeux d'un coup, et tomba nez-à-nez avec lui. Il battait des paupières pour s'habituer à la soudaine luminosité, le visage encore engourdi.

"Oups, murmura-t-elle avec une ébauche de sourire contrit."

Il fronça le nez et se replia sur lui-même pour masser son genou endolori.

"Si c'est ta façon de réclamer un round numéro quatre, c'est mal parti, l'avertit Drago.

- J'ai pas fait exprès, se justifia la jeune femme en se mordant l'intérieur des joues pour ne pas éclater de rire face à sa mine courroucée.

- Tu m'as attaqué sournoisement !"

Les bras de Drago reprirent leur position autour de sa taille et il l'attira contre lui, provoquant de vagues protestations.

"Arrête de gigoter, grogna-t-il.

- Eh, Malefoy, ne me donne pas d'ordre ! s'exclama Hermione en lui mordant gentiment le cou. T'es pas mon chef, ici.

- Est-ce qu'il y a vraiment un moment où je suis ton chef, Granger ? demanda Drago en esquissant un sourire."

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Ils arrivèrent au penthouse séparément, prenant soin de décaler leurs arrivées d'un quart d'heure pour ne pas soulever de soupçons. Drago arriva le premier - parce que c'était tout de même lui le chef, du moins officiellement - et Hermione prit son temps pour lui laisser de l'avance. Elle en fut doublement soulagée lorsqu'elle constata, à son arrivée, que Drago était tombé dans un guet-apens tendu par Rogue.

Les deux discutaient à voix basse dans un recoin du hall d'entrée, et Rogue stoppa net ce qu'il était en train de dire lorsqu'il remarqua sa présence. Hermione plissa les yeux, flairant une entourloupe. Sa peur de Rogue s'arrêtait là où commençaient les affaires des Non-alignés.

"Est-ce que j'ai besoin de savoir de quoi vous parlez ? lâcha-t-elle sans prendre de détour inutile.

- Non, répondit Rogue avant qu'elle n'ait fini sa phrase.

- Oui, soupira Drago en même temps."

Le regard d'Hermione passa de l'un à l'autre.

"Quelle réponse est la bonne ? insista-t-elle."

Rogue fit claquer sa langue et jeta un regard malveillant à son filleul.

"Allons dans mon bureau, décréta Drago en ignorant superbement sa tentative d'intimidation."

Drago était probablement la seule personne sur terre qui n'avait pas peur de leur ancien professeur de potion à la langue bien pendue. Ou, si crainte il y avait, elle était bien cachée. Rogue fila à ses trousses en faisant voler sa cape, et s'engouffra dans ledit bureau avant qu'un des deux autres n'aie l'idée saugrenue de l'y devancer.

"Comment on la joue ? chuchota Hermione en cheminant côte-à-côte avec Drago.

- On l'écoute. Pose des questions agaçantes, et j'interviens seulement quand il dégoupille, il décréta.

- Comme d'habitude, donc, répliqua Hermione en lui faisant grâce d'un sourire plein de dents."

Une petite altercation matinale était pile ce dont elle avait besoin pour commencer sa journée du bon pied.

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"Je ne savais pas qu'Harry vous avait embarqué dans son enquête parallèle, sursauta Hermione. Pourquoi ils vous a demandé de l'aide ?

- Il a besoin de mes connexions, expliqua Rogue comme si c'était évident."

Visiblement, leur petit échange avec Harry la veille n'avait pas abouti qu'à des révélations au sujet des lettres. Ils avaient passé une sorte d'accord, dans lequel Drago et Rogue étaient supposés se renseigner discrètement de leur côté pour déterminer si d'autres personnes avaient reçu des lettres, et lesquelles. Leur bien-aimé professeur de potions n'avait pas perdu de temps, et s'était empressé d'entrer en contact avec tout un tas de personnes maléfiques de sa connaissance. Harry avait vu juste : son réseau de malfaiteurs était très étendu.

L'avantage de faire cavalier seul vis à vis du ministère, c'est qu'il pouvait naviguer en eaux troubles et quémander l'aide des anciens mangemorts sans avoir à rendre de comptes. Peu importe d'où venaient les informations : elles restaient simplement cela, des informations.

"Donc, vous avez trouvé onze personnes de plus. En une soirée, résuma Hermione, abasourdie.

- Apparemment, dit Rogue avec impatience."

Hermione échangea rapidement un regard avec Drago. Ces gens recrutaient largement, et se sentaient tellement sûrs d'eux qu'ils ne craignaient pas que cela revienne aux oreilles des autorités.

"Et pourquoi vous êtes venu ici en informer Drago, au lieu d'aller directement voir Harry ? C'était ce dont vous aviez convenu, n'est-ce-pas ? reprit-elle."

Drago fit basculer le poids de son corps d'un pied à l'autre, mal à l'aise, avec l'air d'avoir envie de dire quelque chose sans savoir comment ou pourquoi. Rogue, lui, était irrité.

"Miss Granger, comme vous venez de le dire, je suis venu informer DRAGO. Pas vous.

- Drago a envie que je sache, sinon je ne serais pas là, répliqua-t-elle sur le même ton définitif que lui."

Rogue écarquilla les yeux.

"Vous êtes toujours aussi insolente. C'était peut-être toléré sur une enfant de 12 ans, mais c'est nettement moins supportable sur une adulte, siffla Rogue.

- Severus, grogna Drago en signe d'avertissement.

- Qui sont ces onze personnes ayant reçu des lettres ? s'enquit Hermione comme si de rien n'était."

Rogue était immobile, la mâchoire serrée, et ne paraissait pas décidé à répondre à sa question.

"Il y a mes parents dans le lot, finit par lâcher Drago."

À cet aveu, Rogue tourna brusquement la tête vers lui et l'examina comme s'il faisait face à un fou. Mais Drago se fichait éperdument de sa réaction, focalisé sur Hermione, qui fronçait les sourcils. Il avait l'air imperturbable, mais c'était facile de deviner qu'il épiait attentivement sa réaction.

"Tes parents ont reçu des lettres de recrutement ? En Suisse ? Dans leur résidence surveillée, à la localisation secrète, protégée par le ministère ? mitrailla-t-elle.

- Il semblerait, dit Drago.

- Et... Qu'est-ce qu'ils ont fait ? demanda-t-elle en se tournant vers Rogue.

- Rien du tout, Miss Granger. Ils ont brûlé la lettre, comme tous les gens que j'ai pu contacter.

- C'est au moins la version qu'ils vous ont donnée, rectifia Hermione. C'est de notoriété publique maintenant, que vous espionniez pour l'Ordre. Qu'est-ce qui vous dit qu'ils vous font confiance avec cette information ?

- Mes parents ne sont pas intéressés, affirma Drago sèchement.

- Ce n'est pas ce que je disais, se rattrapa Hermione. Je ne parlais pas spécifiquement d'eux, mais... Parmi les gens qui vous ont parlé, Professeur, certains ont pu vous dire exactement ce que vous vouliez entendre, non ? Tout en sachant que vous alliez répéter ces informations au ministère.

- C'est tout à fait possible, approuva Rogue, prenant la jeune femme de cours.

- Mes parents ont brûlé cette lettre, réaffirma Drago."

Rogue et Hermione le regardèrent sans un mot.

"Potter doit avoir ces informations tout de suite, Severus, poursuivit-il froidement. Donnez le nom de mes parents."

C'était donc pour ça qu'il était là. Sa loyauté envers Drago l'avait poussé à l'informer d'abord, et de ne transmettre ces informations qu'avec son approbation.

"Je vais me rendre chez lui ce soir, dit Rogue. Vladimir passe la journée avec Daphné, je n'aurai qu'à aller l'y chercher."

Drago hocha la tête et se détourna vers son bureau, déplaçant des parchemins sans but apparent, signifiant certainement par là que cette conversation était terminée. Rogue saisit son intention et se dirigea vers la porte sans un mot.

"Je vous raccompagne, décida Hermione en lui emboitant le pas."

Ils marchèrent en silence jusqu'à l'ascenseur, et lorsque Rogue entra dans la cabine, il se retourna brièvement vers elle.

"Ne le laissez pas seul, lâcha-t-il juste avant que les portes ne se referment sur lui."

Hermione soupira, incapable de déceler ce qu'il lui disait réellement par cette phrase. Était-ce un avertissement ? Est-ce qu'elle devait le surveiller pour s'assurer qu'il ne fasse rien de stupide ? Ou simplement l'entourer, être là pour lui ?

Elle retourna sur ses pas, s'attendant à trouver un Drago frustré et anxieux, mais pas du tout.

Il riait avec Blaise, comme si de rien n'était, comme s'il ne venait pas de renvoyer sèchement son parrain et de s'agacer contre elle. Elle interrompit son avancée, et hésita à aller dans son propre bureau plutôt que de lui imposer sa présence. Encore. Parce qu'ils passaient tout leur temps ensemble. Et peut-être qu'il avait besoin d'espace, qu'il ne souhaitait pas l'impliquer dans toute son intimité. Il s'agissait de sa famille. Elle avait suffisamment fourré son nez dans leurs affaires, en s'occupant du manoir notamment.

Même s'il avait insisté pour qu'elle sache ce que Rogue faisait là.

Confuse, Hermione mordillait sa lèvre inférieure.

"Ah, Granger ! la salua Blaise. On a du nouveau !

- À quel sujet ?"

Elle sa racla la gorge pour masquer son embarras. Drago évitait de la regarder, et ça l'agaçait. Pourquoi avait-il voulu qu'elle sache, si elle n'était pas autorisée à donner son avis sur la question ? Elle avait fait exactement ce qu'il demandait : poser des questions agaçantes. Et maintenant, il était énervé.

"Après le triomphe planétaire de Drago hier, j'ai reçu un appel du service relations publiques du Ministère, expliqua Blaise, tout excité. Ils veulent nous rencontrer au sujet de la fondation. Ils ont l'air de vouloir s'impliquer, et ils veulent qu'on leur soumette des plans du manoir tel qu'on l'imagine pour accueillir les enfants. Ils m'ont envoyé tout un tas de paperasse avec des normes à respecter.

- Ça ressemble plus à de la surveillance qu'à de l'aide, marmonna Drago.

- Ils vont nous bombarder d'injonctions, ça c'est sûr, confirma Blaise. Ils veulent contrôler ce qui se passe, on s'y attendait."

Il lâcha un grognement disgracieux et se passa une main dans les cheveux, exactement de la même manière que Drago.

"Ça parait logique qu'ils mettent leur nez dans nos affaires, après tout. On leur a proposé un partenariat. Artificiel, mais un partenariat quand même. Et puis, on va prendre en charge des mineurs qui sont sous leur responsabilité, nuança Hermione.

- Ils se rendent compte de cette responsabilité quand ça les arrange, fulminait Drago. Ils doivent se sentir nettement moins responsables quand ils entassent des gosses dans des chambres insalubres et exiguës ou qu'ils distribuent des coups de bâtons.

- Ils frappent les enfants ? blêmit Hermione."

Personne ne lui répondit, ou ne la regarda dans les yeux. Bien sûr qu'ils négligeaient ces enfants, et qu'ils usaient de discipline contre eux. Pourquoi se seraient-ils arrêtés aux sévices corporels ? Elle sentit une nausée fulgurante se loger dans son estomac. Est-ce que tout le monde savait ça ? Est-ce que c'était communément admis de lever la main sur des mineurs, du moment qu'ils étaient coupables de quelque chose aux yeux de la justice ? Est-ce qu'ils avaient frappé Drago, pendant son court séjour dans cette maudite institution ?

Parfois, le monde sorcier restait incompréhensible pour Hermione. Elle y vivait, exclusivement, elle ne fréquentait qu'eux, avait été éduquée par eux, et pourtant, certains pans de la société conféraient encore au moyen-âge à ses yeux. Où est-ce qu'elle était ? Dans Oliver Twist ? Elle serra les poings, révoltée par sa propre ignorance, sa naïveté, l'indifférence et l'inhumanité des autres.

"Le ministère peut encore nous bloquer, avec leurs règles et leurs normes et leurs formulaires sans fin, articula-t-elle avec difficulté. On va devoir être très vigilants. S'ils ne peuvent rien nous reprocher, si on ne leur donne pas de prise, la fondation sera inattaquable, et ils n'auront pas d'autre choix que de nous laisser le champ libre.

- J'ai filé les papiers à Pansy et Astoria, elles vont lister tous les points à respecter, les informa Blaise. Hestia est sur le coup, pour le volet légal.

- On fait un point tous ensemble demain ? proposa Hermione en dégainant son organiseur moldu de son sac sans fond. On ne peut pas se permettre d'être mal préparés, ou pris par surprise. Ils nous attendent au tournant."

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Blaise s'incrusta sur la pointe des pieds dans son bureau en plein après-midi, regardant par-dessus son épaule comme s'il craignait d'être suivi. Puis il se rua sur une chaise et appuya ses coudes sur le bureau d'Hermione, qui abandonna la lettre qu'elle était en train de rédiger.

"Blaise ? tenta-t-elle, inquiète.

- Il faut qu'on trouve quelqu'un pour diriger la fondation. Genre, maintenant. Quelqu'un envers qui le ministère n'est pas trop hostile, mais qui sera quand même de notre côté. Parce que Drago... Il peut pas le faire. Même temporairement, débita-t-il à toute vitesse.

- Je sais, soupira Hermione en reculant contre le dossier de sa chaise.

- Il te parle, à toi ? marmonna Blaise en se triturant les doigts.

- Pas vraiment, lâcha Hermione. Des bribes par-ci par-là. Des longs silences torturés. Des petites colères.

- Drago, dit Blaise dans un rire sans joie.

- Il est angoissé juste à l'idée de mettre les pieds au Manoir, alors... Il va falloir faire ça très progressivement. Pas le brusquer."

Blaise hocha la tête et se mit à plier un bout de papier encore et encore, sans but précis.

"C'est précisément pour ça que quelqu'un d'autre doit prendre le relai, grommela Blaise. Les candidats se bousculent pas au portillon... T'as des idées ?

- En réalité... Oui. J'ai pensé à plusieurs trucs. Mais... ça risque de causer d'autres problèmes, reconnut-elle.

- Bon sang Granger, pour une fois tu ne pourrais pas élaborer un plan indolore ? râla Blaise avec une étincelle malicieuse dans le regard. Envoie, ajouta-t-il avec impatience.

- J'ai pensé à impliquer Dobby et Igor, pour commencer. En les payant, bien entendu, et s'ils sont d'accord. Igor sait tenir un manoir, il est organisé, il a l'habitude de diriger des équipes, et il ne se laissera pas détourner de sa mission. Dobby est patient, et appliqué, et loyal vis-à-vis de Drago. On devra sûrement engager d'autres elfes, mais ils pourront... Coordonner ? énuméra Hermione. Ce serait comme des managers."

Blaise commença à noter, tirant la langue avec application.

"Ensuite ? l'incita-t-il, sachant parfaitement qu'elle ne faisait que commencer.

- Vladimir, lâcha Hermione."

Blaise releva brusquement la tête, et l'observa avec deux yeux ronds.

"Un vampire pour s'occuper d'enfants ? vérifia-t-il prudemment.

- Je sais... soupira Hermione. Ça ne va pas plaire au ministère. Il va falloir lui trouver un rôle discret dans la fondation, mais... J'ai un peu échangé avec lui. Il est très cultivé, il a énormément voyagé, il lit bien les caractères des gens, sans oublier qu'il a totalement dompté Rogue, alors... Je pense qu'il pourrait beaucoup apporter à ces jeunes.

- Ça se tient, approuva Blaise après quelques secondes de réflexion. Mais ça va pas être une mince affaire de convaincre le ministère qu'il ne constitue pas un danger.

- La fondation montrera l'exemple en engageant des gens qu'on exclue habituellement. Si Vladimir peut avoir un travail, des responsabilités, aider les autres... Ça montre le chemin. Ça montre qu'il a une place dans la société, qu'il peut être utile et fonctionner, exactement comme nous tous."

Il craqua un sourire entendu.

"Tu prépares le terrain pour l'ouverture du mariage à tous, pas vrai ?

- Un peu d'anticipation n'a jamais blessé personne, répondit simplement la jeune femme."

Blaise se pencha à nouveau sur son parchemin pour noter.

"Madame Bibine, poursuivit Hermione. Elle est employée à Poudlard seulement à temps partiel, et elle pourrait donner des cours de vol et encadrer le côté sportif...

- T'as pas abandonné ton idée de les faire jouer au Quidditch. Les vertus du sport, tout ça, se souvint Blaise.

- T'as jamais lu les études que je t'avais envoyées...? supposa Hermione.

- En fait, si, la contredit Blaise, extrêmement satisfait. On pourrait former une équipe et organiser un tournois avec cet autre centre en Norvège, non ? Peut-être pas cette année, mais c'est à creuser."

Hermione pointa un index dans sa direction.

"Ça, c'est une idée brillante, Zabini.

- Je sais, approuva-t-il. Bon, passons au clou du spectacle. Quel nom à la tête de la fondation, et à quel point il est monstrueux pour que tu retardes autant de me l'annoncer ?

- Je suis pas sûre que ça fonctionne. Je ne lui en ai pas parlé, évidemment. C'est peut-être complètement stupide, et Drago va détester, marmonna-t-elle en faisant tournoyer une mèche de cheveux autour de son doigt.

- Granger ! s'exclama Zabini. Lance-toi.

- Ron, lança-t-elle à toute vitesse."

Blaise ouvrit la bouche sans en sortir le moindre son, et se contenta de la regarder. Puis il hoqueta un peu, et finit par éclater de rire, s'agrippant le ventre à deux mains. Hermione se mordillait la lèvre anxieusement, et attendait qu'il ait fini de hurler comme un dément pour expliquer, point par point, à quel point c'était une bonne idée. Et pas seulement parce que Ron voulait changer de carrière, et cherchait une nouvelle occupation.

Mais les minutes s'égrenaient, et Blaise riait toujours, essuyant d'une manche les larmes qui roulaient sur ses joues.

"Zabini, s'il-te-plaît, laisse-moi expliquer, le supplia Hermione, n'y tenant plus.

- Bon sang... hoqueta-t-il avant de se remettre à rire."

Exaspérée, Hermione croisa les bras contre sa poitrine et se mit à taper du pied. Elle aurait probablement étranglé le Serpentard si les têtes de Pansy - et de Nott, pour une raison inconnue - n'étaient pas apparues derrière la vitre de sa porte, certainement attirés par le bruit d'otarie que Blaise produisait. C'était même une chance que la totalité de leur groupe n'ait pas débarqué pour observer la rare apparition d'un animal marin dans leurs bureaux. Elle leur fit signe d'entrer, même si elle n'était pas sûre de trouver en eux des alliés.

Ils entrèrent dans son bureau, souriant bêtement parce que Blaise riait, et qu'ils n'en soupçonnaient pas du tout la raison.

"Qu'est-ce qui se passe ? s'enquit Pansy avec une lueur joueuse dans les yeux."

Les éclats de rire convulsifs de Zabini redoublèrent et Hermione secoua la tête, effarée.

"J'ai eu une idée un peu... osée, et... commença-t-elle à expliquer en haussant le ton pour se faire entendre.

- Osée ! s'écria Blaise en essuyant les larmes qui roulaient sur ses joues.

- C'est une idée érotique ? supposa Nott.

- Quoi ? Non ! s'insurgea Hermione en levant les mains en l'air."

Zabini replongea dans son hilarité, et alla jusqu'à frapper le bureau d'Hermione du poing. Cette fois, tout le penthouse allait rappliquer...

"Pansy, s'il te plait, demande à Drago s'il peut venir, je... s'écria-t-elle pour couvrir le bruit ambiant.

- Érotique et officiel, dit Nott en se frottant les mains par anticipation."

Pansy sembla hésiter, mais lut dans le regard d'Hermione qu'elle n'était pas en train de plaisanter, et s'empressa d'obéir. Drago arriva une minute après, masquant à peine sa curiosité derrière un masque d'hostilité.

"Ça a intérêt à être important, râla-t-il. J'étais en ligne avec mes avocats.

- C'est important, confirma Hermione en faisant signe à tout le monde de s'asseoir.

- Foutrement important, pépia Blaise en hoquetant.

- Qu'est-ce qu'il a ? grimaça Drago en fronçant le nez.

- Il trouve mon idée ridicule, résuma Hermione en fusillant Zabini du regard pour tenter de le calmer. Mais même si ça vous parait irréaliste, écoutez-moi, je vous promets que ça fait sens. Vous pourrez dire non, mais... Juste, écoutez-moi."

Le blond la dévisagea avec une certaine appréhension, mais finit par abdiquer et se laissa tomber sur un canapé, aussitôt imité par Pansy et Théo.

"Il va falloir faire une pause avec tes idées révolutionnaires, Granger, l'avertit Drago.

- S'il-te-plaît, ne fais jamais ça, objecta Théo. C'est extrêmement divertissant. Tu es le sel de ma vie Granger.

- Et moi, je suis quoi ? grogna Pansy en lui mettant un coup de coude joueur dans les côtes.

- Le piment, le sucre, le whisky pur feu, le...

- Fermez-là, par pitié, protesta Drago.

- Merci, dit Hermione avant de se racler la gorge."

Blaise essuyait ses joues inondées avec un mouchoir, et les trois autres la regardaient, penchés en avant, concentrés. Drago avait posé ses coudes sur ses genoux et la regardait à travers des mèches de cheveux qui lui tombaient devant les yeux. Il avait l'air à la fois inquiet, et un peu excité, ce qui la força à se racler à nouveau la gorge.

"J'ai pensé à quelqu'un pour la fondation, qui conviendrait à tous points de vues, mais qui va vous paraître un peu incongru, commença-t-elle."

Blaise émit un barrissement brutal et se remit à ricaner.

"Vous allez voir... C'est... Hilarant, haleta-t-il sous le regard réprobateur de Drago.

- Zabini, si t'es pas capable de te tenir, je te suggère de sortir, siffla-t-il.

- Laisse Hermione parler, imbécile, ajouta Pansy.

- Pardon, pardon, bafouilla Blaise avant de se remettre à rire en émettant un bruit de nez qui fit sursauter Hermione.

- Oh, ça s'annonce excellent, jubila Théo.

- Granger, poursuis, ordonna Drago après avoir jeté un coussin au visage de Blaise.

- RON WEASLEY, lâcha-t-elle aussitôt."

Ce n'était pas du tout comme ça qu'elle avait prévu de l'annoncer. Mais alors, pas du tout. Seulement, elle avait vu une brèche, et elle avait laissé son stress prendre le dessus. Et maintenant, c'était le silence complet.

Pansy écarquillait les yeux, incertaine, Nott hochait la tête avec un sourire sardonique en coin, Blaise épiait les autres, et Drago... Drago avait redressé la tête et vaguement haussé les sourcils, mais c'était à peu près tout.

"Ron Weasley, répéta-t-il au bout d'une longue minute de rien.

- What the fuck, Granger ? s'exclama Pansy.

- Je vous avais bien dit que c'était hilarant, dit Blaise en croisant les bras derrière sa tête pour admirer le spectacle qu'il attendait.

- C'est culotté, souffla Théo.

- Je comprends pas ! protesta Pansy. Pourquoi Weasley ? C'est pas franchement le couteau le plus affuté du tiroir...

- On a déjà assez de couteaux affutés comme ça, non ? rétorqua Hermione sèchement. Pourquoi on ne pourrait pas aussi avoir un couteau à beurre, un couteau à poisson ou, je ne sais pas, des fourchettes ?"

Elle réalisa qu'elle ne marquait pas du tout de points à la lueur amusée dans les yeux de Drago.

"Tu viens de comparer Weasley à un couteau à beurre, dit-il simplement.

- Vous m'oppressez ! s'écria Hermione.

- Déballe ta liste d'arguments, la pressa-t-il sans la quitter des yeux. Sans ces histoires de vaisselle."

Elle respira un grand coup, et croisa ses mains devant elle sur son bureau. Elle avait parfaitement en tête son tableau de pour et de contre, il suffisait de réciter méthodiquement tout ce qu'elle avait déjà imaginé. Elle pouvait les convaincre.

"C'est Ron Weasley, héros de guerre, difficile à attaquer publiquement, et ça c'est capital pour diriger une fondation qui a tout à prouver. Il a écrit des livres pour enfants très populaires, il a une bonne image auprès des gens et son visage est connu et identifiable - lié à des choses positives. En plus, ça lui donne une légitimité à s'intéresser aux enfants, ça parait être une transition logique. Il considérait l'enseignement, c'est assez proche. Personne ne doutera du fait que son engagement est honnête. On a besoin d'un visage populaire, en qui les gens ont confiance. Quelqu'un qui se lie facilement, qui sourit, qui dit ce qu'il pense sans détours et qui ressemble aux électeurs. Ensuite... Les Weasley, quoi que vous en pensiez, restent des Sang-purs, ce qui ménage une partie conservatrice de l'électorat, sans refroidir les autres parce qu'ils sont du bon côté de l'histoire. C'est le candidat parfait pour ne froisser personne, voyez ça comme un compromis nécessaire. Un compromis qui nous permet de ne pas nous compromettre. Parce que Ron sera de notre côté, tant qu'on fait justice à ces enfants et qu'on sert correctement leurs intérêts. Il les défendra férocement, il est comme ça. En plus, Drago... T'associer publiquement à un Weasley, c'est encore une preuve que la hache de guerre est bel est bien enterrée. Si Ron accepte, s'il devient le visage de la fondation Malefoy... C'est une façon de dire à tout le monde Eh, Drago est quelqu'un de bien et je ne vois pas de problème à m'associer à lui. Et puis, d'un point de vue pratique, Ron ne sera pas seul, il sera épaulé par plein de gens compétents, et en lien permanent avec nous."

Elle arrêta sa tirade, un peu essoufflée, et tenta de mesure l'impact de ses arguments sur les autres.

Au moins, Zabini avait arrêté de rire.

"Putain, dit-il en se passant une main dans les cheveux."

Mais la réaction qu'elle voulait obtenir, c'était celle de Drago. Qui avait l'air perdu dans ses pensées, et fixait le sol entre ses jambes.

"Je dois dire que ce n'est pas si farfelu, tout compte fait, lâcha Pansy. Enfin, ça reste une idée complètement dingue, mais c'est un bon calcul. Si Weasley est capable d'endosser le costume, ceci étant dit.

- Ça promet de belles audiences pour Wizzards Chanel, lança Nott. Le directeur de la fondation Malefoy s'écroule après s'être auto-fait un croche-pattes...

- Putain, répéta Zabini.

- Drago ? tenta Hermione en ignorant les trois autres."

Il releva la tête, avala sa salive, et haussa les épaules.

"J'ai besoin d'un peu de temps pour accepter l'idée que Ron fucking Weasley soit associé au nom Malefoy, finit-il par articuler derrière une grimace parfaitement écœurée.

- C'est pas un non, balbutia Hermione.

- C'est pas un non, confirma-t-il."

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Astoria avait trouvé le temps de lui déposer des offres de locations d'appartement sur son bureau, ce qui constituait un exploit au vu des heures qu'elle avait passées à travailler pour la fondation. Elles avaient compilé ensemble, avec l'aide de Pansy, lois, règles, manuels, normes, publications du ministère pour établir une feuille de route. Le travail abattu était colossal, et ce n'était que la partie immergée de l'iceberg, puisque connaître le cadre légal ne suffisait pas à l'appliquer. Au contraire, savoir tout ça rendait l'ampleur de la tâche d'autant plus colossale.

Elles avaient réussi à mettre la main sur des plans du manoir, mais d'après Drago ils ne reflétaient pas du tout la réalité : de nombreuses pièces et passages n'y étaient pas notés, puisque cachés de tous, y compris des autorités. Le chantier s'annonçait titanesque. Le seul point positif, c'est que Drago leur avait laissé le champ libre pour modifier l'architecture, abattre des cloisons ou déplacer des pièces. Il ne voulait même rien en savoir, et leur avait donné tous les pouvoirs. Hermione était gênée, parce qu'il recommençait à cloisonner et à se réfugier dans le déni, mais pour le moment elle n'avait pas le temps de s'appesantir là-dessus : l'horloge tournait.

En fin de journée, Hermione cessa de parcourir leur bilan et se résolut à plonger dans les annonces.

Parce que cette situation nomade ne pouvait pas durer, elle avait besoin d'un endroit à elle où rester, où se réfugier, où se comporter exactement comme elle le voulait sans aucun témoin. Un endroit où elle ne dépendrait de personne. Aussi plaisant que ce soit de partager le lit de Drago, elle restait une invitée, et elle avait assez imposé sa présence comme ça. C'était un arrangement provisoire. Ça l'avait toujours été. Rien n'avait changé.

Elle ne pouvait pas non plus continuer à débarquer inopinément chez Harry, qui traversait une phase compliquée avec Daphné et avait besoin d'un peu d'intimité.

Quant à Blaise... Il y avait toujours le problème de sa harpie de mère, qui passait de plus en plus de temps chez lui puisqu'il tenait à la surveiller de près afin qu'elle n'assassine pas d'hommes inconscients.

"Où tu comptes aller, exactement ? lança Drago, qui la fit sursauter."

Elle redressa la tête de ses papiers, le cœur battant. Elle ne l'avait même pas entendu entrer. Est-ce qu'il avait seulement frappé ? Il contourna son bureau pour se poster juste derrière sa chaise et lut par-dessus son épaule.

"Non. C'est un quartier malfamé, affirma-t-il en jetant une annonce à la poubelle.

- Quoi ? grinça Hermione. Pas du tout, c'est à deux pas du chemin de Traverse, et...

- Quelqu'un est mort dans cette rue en 1999. Je m'en souviens, dit-il."

Hermione fronça les sourcils et fit pivoter sa tête pour le dévisager.

"C'était quelqu'un que tu connaissais ? s'enquit-elle, soupçonneuse."

Il haussa les épaules, et fit mine de continuer à lire l'annonce suivante.

"Tu veux vraiment vivre au-dessus d'une taverne ? Poubelle, grogna-t-il."

La deuxième annonce subit le même sort, et elle réalisa très rapidement qu'il allait expédier le reste des papiers aux ordures, quitte à inventer de nouveaux meurtres sanglants.

"Drago, c'est quoi le problème ?"

Elle posa sa main sur la sienne pour l'immobiliser, et il se figea.

"Aucun problème. Sérieusement Granger, celui-là n'a même pas de cheminée, comment tu comptes te déplacer ?

- Drago Malefoy, grogna Hermione."

Elle fit complètement pivoter sa chaise pour lui faire face, obstruant du même coup sa vue sur la pile d'annonces rescapées. Elle garda sa main fermement dans la sienne et la pressa fermement pour attirer son attention.

"Tu devrais pas te précipiter. Je veux dire, il y a plein de place chez moi, c'est vraiment pas un problème, dit-il sans la regarder. Et il y a et Dobby, et Sergueï.

- Et il y a toi, ajouta-t-elle sans trop savoir pourquoi."

Il baissa enfin les yeux vers elle.

"C'est ça, le problème ? C'est pour ça que tu veux partir ? la questionna-t-il après un bref silence plein d'hésitation."

Elle pouffa bêtement, mais s'arrêta très vite en avisant sa mine blessée. Elle se sentait toujours démunie de le voir touché par quelque chose, et à cet instant, elle devait combattre ses instincts qui lui criaient de se jeter sur lui pour le serrer dans ses bras.

"Enfin Drago, c'est toi la raison de ma présence, pas ton loft ou ton elfe ou la qualité de la literie."

Cela suffit à faire apparaître un petit sourire au coin de ses lèvres, et Hermione sentit une douce chaleur s'insinuer dans sa poitrine. Il s'était un peu décrispé, mais il restait beaucoup trop loin d'elle à son goût. Visiblement, il avait encore quelque chose sur le cœur - si tant est qu'il en ait un.

"Pourquoi tu veux t'en aller, alors ? demanda-t-il sans vraiment la regarder dans les yeux.

- Ce n'est pas que je veux m'en aller, rectifia Hermione. Je ne peux pas vraiment emménager avec toi Drago, c'est absurde !"

Son raisonnement lui paraissait parfaitement logique pour un millier de raisons, la principale étant qu'ils ne savaient pas ce qu'ils trafiquaient ensemble ni où ils allaient. Et de toutes façons, qui s'installe chez son... quoi, ami et plus si affinité ? Supérieur hiérarchique ? Ennemi d'enfance ? Et ce seulement après quelques semaines de tension sexuelle aléatoirement comblée ?

Néanmoins, à la seconde où elle finit de parler, elle remarqua que Drago ne comprenait pas ses objections, et fronçait les sourcils.

"C'est à cause de ce matin ? Parce que j'étais pas vraiment en colère contre toi. J'étais frustré par toute cette situation merdique avec mes parents, se justifia-t-il en se balançant légèrement d'avant en arrière sur ses talons.

- Drago, ça n'a rien à voir avec tes sautes d'humeur.

- Mes quoi ?

- Pas le sujet ! Ce que j'essaye de te dire, c'est que je ne peux pas m'installer indéfiniment chez toi. C'était un arrangement provisoire, comme chez Harry, ou Blaise. J'ai besoin de mon propre appartement, reprit-elle en articulant lentement.

- Je ne comprends pas, insista le blond."

Il croisa les bras contre sa poitrine et prit appui sur le bureau d'Hermione, face à elle, et d'un coup beaucoup plus proche. Elle déglutit, peu enthousiaste à l'idée de mener une conversation sérieuse avec lui alors que son visage flottait à quelques centimètres de son pénis. Elle recula donc dans son siège, et soupira.

"Il y a beaucoup de choses qu'on doit régler avant ne serait-ce que d'avoir cette conversation, reprit-elle en le regardant intensément.

- Réglons-les maintenant, alors, la provoqua-t-il."

Au tour de la jeune femme d'être mal à l'aise. Il était en train de la pousser dans ses retranchements et de la forcer à énoncer à voix haute tout un tas de choses qui la rendaient hautement vulnérable. A commencer par le statut de leur relation. Qu'est-ce qu'elle pouvait faire ? Lui demander franchement si oui ou non, ils étaient... un genre de couple ? Comme s'il était... son petit-ami ? Elle rougit jusqu'aux oreilles rien qu'en pensant ces mots.

"Granger ? insista-t-il."

Elle souffla ostensiblement, irritée.

"Très bien ! Allons-y ! Mais quand l'un de nous sera mort ou pire, en larmes, ne viens pas te plaindre, parce que c'est toi qui auras déclenché tout ça !"

Il étouffa un rire et secoua la tête de droite à gauche, avant de se pencher en avant pour replacer une mèche qui tournicotait en travers du visage de la Gryffondor. Immédiatement, elle fut assaillie par son odeur entêtante et son énervement s'évapora. Fichu manipulateur.

"On ne va pas mourir ou se mettre à pleurer, Granger. C'est une conversation.

- Une conversation qu'on évite depuis des semaines, contra la jeune femme.

- Et j'aurais continué à l'éviter si tu ne me forçais pas à en parler en menaçant de prendre la fuite. Je suis un Serpentard. Je fuis systématiquement les confrontations, c'est génétique.

- Je ne prends pas la fuite ! objecta Hermione. Et je ne te menaçais pas, j'énonçais simplement un fait.

- Si, tu prends la fuite. Quelle est l'urgence ? Pourquoi, d'un coup, tu veux déménager ? insista Drago. Tu as tout l'espace que tu veux, tu es en sécurité et tu m'as, moi, et ma literie confortable. Qu'est-ce qu'une femme peut bien vouloir de plus ?"

Oh, elle savait pertinemment qu'il était en train de la provoquer en toute connaissance de cause. Mais elle ne put s'empêcher de mordre à l'hameçon. À pleines dents.

"Une femme peut vouloir son indépendance ! siffla-t-elle. Payer elle-même son loyer. Plier seule son linge propre. Aller et venir sans supervision. Recevoir ses amis Gryffondor sans provoquer des disputes interminables. Passer son dimanche en pyjama devant la télé.

- Tu peux rester en pyjama tous les jours, si...

- Pourquoi tu n'as retenu que ça ! s'agaça Hermione en lui assénant une claque sur la cuisse, qui le fit glousser.

- Ok, ok, Granger. Écoute, si tu y tiens, tu peux me verser un loyer. Combien coûte un appartement ?

- Tu fais exprès de ne pas comprendre, n'est-ce pas ?"

Drago soupira, et haussa les épaules.

"J'attends que tu aies épuisé tes arguments bidons pour atteindre les vraies raisons de ta fuite. Là, j'écouterai attentivement.

- T'es insupportable ! lui reprocha Hermione en se mordant la lèvre pour ne pas sourire.

- C'est à cause du sexe ? supposa Drago.

- Quoi ? coassa Hermione, prise au dépourvu.

- Plus de sexe ? proposa-t-il. Je ne suis pas contre. Je comprends que ce soit difficile de cohabiter avec quelqu'un qui possède mon corps et mon sex-appeal sans pouvoir en profiter pleinement."

Outrée, Hermione se leva, faisant racler sa chaise dans sa précipitation.

"Tout ne se résume pas au sexe, ou à l'argent, Malefoy ! s'écria-t-elle en agitant un doigt vengeur devant son torse. J'arrive pas à croire que tu sois si auto-centré, et superficiel ! C'est à ça que ça se résume pour toi, nous deux ? Parce que si tu cherches simplement une colocataire pas farouche, tu aurais peut-être dû éviter de choisir une subalterne ! T'as pensé à nos carrières ? Et..."

Il l'attira prestement contre lui en encerclant sa taille de ses bras, et la fit taire brutalement en plaquant ses lèvres contre les siennes. Hermione tenta de résister au début, tout à sa fureur, mais lorsqu'elle sentit sa langue frôler sa lèvre inférieure, elle se sentit céder, et il ne perdit pas une seconde de plus pour caresser sa langue de la sienne, faisant glisser sa main lentement de sa taille à sa nuque. Elle frissonna en sentant ses doigts voleter sur ses hanches, sa poitrine, la base de son cou. Puis il interrompit le baiser, et colla son front contre le sien.

"Granger. Pourquoi il faut toujours que je te fasse sortir de tes gonds pour que tu me dises la vérité ? chuchota-t-il avec un sourire en coin.

- Imbécile, siffla-t-elle en tentant de lui échapper."

Bien entendu, il ne la laissa pas faire, et raffermit sa prise autour de sa nuque, glissant sa main dans les cheveux bouclés de la jeune femme.

"Je sais que c'est précipité et pas conventionnel. Je m'en fiche, Granger. Complètement. J'ai envie que tu sois avec moi dans les rares moments de liberté qu'on a. Je suis pas en train de te demander en mariage, d'accord ? Inutile de foutre le camp."

À cela, elle émit un petit couinement gêné, et il sourit légèrement en caressant sa joue de son pouce.

"Je veux juste savoir que t'es pas loin de moi. Le soir. Et le matin, quand je me réveille. Mais... Mais si tu préfères avoir ta chambre, et vaquer à tes occupations, et fréquenter tes amis que je déteste vêtue d'un pyjama aux couleurs de Gryffondor, très bien. On fera comme tu veux. C'est toi qui décides."

Elle hocha la tête, incapable d'articuler le moindre son.

"T'es ma subalterne que sur le papier, tout le monde le sait. Ils voient bien que tu me mènes à la baguette, Granger. Je crois pas que tu devrais t'inquiéter pour ta carrière. Et... Personne n'a besoin de savoir ce qu'on fait derrière des portes closes. Pas pour le moment, d'accord ? Chaque chose en son temps. On peut... explorer, et passer du temps ensemble.

- Explorer, répéta Hermione pensivement.

- Sauf si... Tu veux qu'on en parle tout de suite ?"

Au vu de sa grimace voilée, ce n'était pas une option qui lui semblait particulièrement agréable.

"Je suis d'accord pour explorer. Mais je pense qu'on devrait tout de même poser quelques règles, suggéra Hermione en frottant le bout de son nez contre sa mâchoire."

Il pencha sa nuque en arrière pour la laisser accéder à plus de surface, et soupira.

"Des règles, toujours plus de règles, grogna-t-il."

Elle déposa ses lèvres sur sa mâchoire et laissa sa langue pointer doucement contre sa peau. Elle sentit ses doigts se contracter fermement autour d'elle, et cela lui donna le courage de lécher avec une lenteur délibérée le long de son cou, jusqu'à son oreille.

"Très bien, quelles règles ? marmonna-t-il en reconnaissance de sa défaite.

- Pas de sexe au bureau, énonça Hermione en ponctuant sa première règle d'une série de baisers humides dans son cou."

Les yeux de Drago s'écarquillèrent.

"Quoi ? Pourquoi ? T'es en train de désobéir à ta propre règle.

- Non, objecta Hermione en mordillant sa peau. Ça ne compte pas comme du sexe.

- Qu'est-ce qui compte comme du sexe ? se renseigna le blond en posant une main sur les fesses d'Hermione, avant de la coller encore plus contre lui.

- Ça devra faire l'objet d'une deuxième règle, je suppose.

- Hmm, marmonna Drago en continuant à caresser chaque portion de peau qui passait à sa portée.

- Pas de remarques déplacées en public, ajouta-t-elle.

- T'es dure, Granger, râla Drago en poussant ses hanches en avant, cherchant plus de friction."

Hermione gémit, et soupira.

"On devrait poursuivre cette conversation ailleurs. La première règle est en danger.

- En danger imminent, confirma Drago."

Il enroula ses doigts autour des mains d'Hermione, et se redressa.

"Rentrons à la maison, ô colocataire pas farouche, suggéra-t-il en lui tendant un bras comme un parfait gentleman."


Que pensez-vous des brillantes idées d'Hermione ?

J'ai repris l'écriture et j'ai pas mal de chapitres d'avance, donc j'espère pourvoir publier plus régulièrement. Merci de continuer à lire !

Sur ce, à bientôt (et je prévois de répondre à toutes vos review en retard) !