Chapter 40 - Malentendu
Blaise Zabini et Théodore Nott étaient deux poisons. Deux sangsues gâchant les réveils paresseux dont Hermione rêvait, en déboulant sans préavis dans le loft de Drago. Bien sûr, ils avaient toujours une bonne raison à brandir pour se justifier. Cette-fois, Blaise prétendait que sa mère avait disparu au Chili avec un magnat du pétrole. Qui cela intéressait ? Certainement pas Hermione.
"Fichue Amanda, maugréa la jeune femme en claquant la porte de la salle de bain derrière elle, enroulée dans les draps en soie de Drago."
Pour couronner le tout, Théo faisait partie de l'escouade, et pérorait sur le fait que Pansy refusait de l'épouser, avançant qu'elle ne souhaitait pas se plier au patriarcat en se soumettant à un contrat qui la liait à un homme et lui donnait tout pouvoir sur elle. Lorsque Hermione avait répondu en informant Théo que c'était bien fait pour lui, Drago avait décidé de l'exclure de la conversation et de la congédier vers la salle de bain.
L'égo blessé de Théo ne pouvait en supporter autant. Il était déjà à deux doigts de fondre en larme, roulé en petite boule aux pieds de Drago.
Pathétique, songea Hermione.
Sa réclusion dans la salle de bain tombait bien, parce qu'elle se sentait peu à son aise allongée nue dans le lit de Drago avec deux spectateurs assis à ses pieds. Blaise s'était écroulé sans précautions en travers du lit, écrasant au passage une jambe de Drago, et forçant la jeune femme à se replier en catastrophe vers la tête du lit. Le coup de grâce avait été porté par Théo, qui avait osé tirer les rideaux comme s'il était chez lui, avant de venir s'asseoir entre Drago et Hermione.
La jeune femme avait articulé un "WTF" silencieux à Drago, qui avait simplement haussé les épaules et tapoté le bras de Nott en guise de soutien.
"Foutu Nott, grogna Hermione en démêlant rageusement ses cheveux."
Il était à peine huit heures du matin, et ces deux cancers sur pattes avaient déjà entrepris de ruiner l'incroyable journée érotique qu'elle avait prévue. Elle devait impérativement se débarrasser d'eux rapidement pour reprendre ses activités avec à coup, c'était comme si elle ne pensait plus qu'à ça. Elle n'en avait jamais assez. En réalité, elle aurait pu le manger. C'en était à ce point.
Elle s'engouffrait sous la douche en vitesse, commençant déjà à fomenter un plan, lorsqu'elle entendit le cliquetis de la porte.
"Qu'est-ce que vous voulez, encore ? rugit la jeune femme en enroulant ses bras autour de sa poitrine par sécurité."
Les parois étaient opaques, mais avec deux nuisibles pareils, les précautions étaient de rigueur. Elle était prête à mordre lorsque la porte de la douche glissa, mais retint son geste en avisant le bras pâle de Drago apparaître. Il passa ensuite sa tête avec prudence, et tenta avec difficulté de ne regarder que les yeux d'Hermione.
Il avait l'air penaud.
"Ils sont partis, l'informa-t-il. Désolé pour ça. Ils ne recommenceront pas.
- Oh ! souffla Hermione."
Il savait qu'il lui suffisait de se planter en face d'elle avec cette mine chiffonnée et son visage parfait pour annihiler tout colère. Il sembla hésiter, se balançant d'un pied sur l'autre, puis finit par baisser les yeux sur sa poitrine, et sursauta en réalisant ce qu'il venait de faire.
"Viens ici, imbécile, pouffa Hermione en l'attirant contre elle."
Il ne se fit pas prier, et en l'espace de trois pas, il avait envoyé valser son t-shirt et son boxer pour se coller à elle. Hermione se lova contre lui, cherchant le plus de contact possible entre leurs peaux, et lâcha un petit gémissement satisfait lorsqu'il enroula un bras autour de sa taille. Elle se demanda brièvement où était le deuxième, avant de sentir une main s'enrouler autour de sa poitrine.
"Je pensais que tu allais être énervée contre moi, avoua Drago d'une voix rauque.
- Mmm, marmonna Hermione, clairement distraite par les caresses qu'il effectuait de plus en plus bas sur son corps.
- Je te présente mes plus plates excuses, ajouta-t-il en étouffant de sa bouche le cri de plaisir qui la traversa. Je te les présente même à genoux."
Il se laissa tomber devant elle, sans lâcher sa prise sur ses hanches, et le regard qu'ils échangèrent était chargé d'un désir intact. Elle enfouit ses mains dans les cheveux blonds du jeune homme, qui entreprit de faire glisser sa langue le long de ses cuisses, à l'intérieur, de plus en plus proche, jusqu'à ce qu'elle éprouve des difficultés à tenir sur ses jambes et soit obligée de se coller à la paroi. Drago grogna tout contre elle, envoyant des particules électriques dans tout son corps, et lorsqu'il installa une de ses jambes sur son épaule, elle ne pu empêcher de se cogner la tête contre le carrelage glacé. Inutile de préciser qu'à ce stade, elle s'en fichait éperdument.
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Leur terriblement et délicieusement longue douche achevée, ils prirent leur petit déjeuner en se jetant des regards complices, assis de part et d'autre de la table de la cuisine. Pour faire oublier leur comportement, Blaise et Théo avaient fait livrer une tonne de pâtisseries et un bouquet de fleurs fraîches, ce qui arracha un sourire attendri à Hermione.
Ces deux poisons étaient tout de même attachants.
"Quelles insupportables petites pestes, murmura-t-elle sans grande conviction.
- Ils n'ont sincèrement pas anticipé que leur présence était déplacée, les défendit Drago."
Hermione arqua un sourcil dubitatif.
"Ils pensaient que leur présence dans notre lit à 8 heures du matin était normale ?"
Drago ricana et se pencha pour l'embrasser rapidement.
"J'aime que tu dises que c'est notre lit.
- Ne détourne pas la conversation, serpent ! l'avertit Hermione en le menaçant d'un bout de pain aux raisins.
- C'est juste qu'on a toujours fait ça, tous les trois. Quand il se passait un drame, on se regroupait. Il faut simplement qu'ils ajustent.
- Vous ne vivez plus dans un dortoir, insista Hermione. Je suis d'accord pour partager un lit avec toi, pas avec tes amis. Je ne pensais pas que c'était nécessaire de le préciser, mais on tient notre règle numéro 3. Pas d'invités dans notre lit lorsqu'on est nus."
Drago étouffa un gloussement, et lui caressa la jambe du bout du pied.
"Pas de plan à trois, alors ?
- Est-ce que je peux inviter Harry et Ron demain matin ? siffla Hermione.
- La règle numéro 3 est approuvée, s'empressa de répliquer Drago."
Ils scellèrent leur accord en entrechoquant leurs mugs fumants.
"Je pense qu'ils ont compris qu'ils n'étaient pas les bienvenus, reprit Drago. Probablement au moment où tu as dit à Théo qu'il avait bien mérité que la femme qu'il aime refuse de l'épouser."
Hermione s'enfouit la tête entre les mains, soudain frappée par la violence de sa réaction.
"Pauvre Nott, gémit-elle."
Drago gloussa, ce qui lui confirma si besoin était qu'elle s'était montrée particulièrement détestable. Si son petit rire diabolique se faisait entendre, c'est qu'elle était vraiment allée trop loin.
"D'un côté... commença-t-elle en relevant la tête."
Le blond arqua un sourcil.
"D'un côté, quoi ? Il l'a bien mérité ? supposa-t-il en essayant sans grand succès de cacher son amusement.
- Non. Mais Pansy... Je comprends son raisonnement. Je veux dire, à propos de l'institution qu'est le mariage, en particulier dans les vieilles familles sorcières. Et puis, ils sont jeunes, je ne vois pas l'urgence."
Cette fois, Drago avait un peu moins envie de rire, et semblait pensif. Il posa son mug devant lui, et fronça les sourcils.
"Tu penses que Théo veut épouser Pansy pour l'obliger à lui obéir ?
- Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit. Mais... C'est un des effets du mariage, ça l'a toujours été, et que Théo ne veuille pas soumettre Pansy n'y change rien. C'est écrit dans les sacrements, Drago. L'épouse s'engage à soutenir son mari et à rester à ses côtés quoi qu'il arrive. À se montrer obéissante et respectueuse. Quelles que soient les circonstances. Et... Enfin, les circonstances, Pansy les connaît.
- Tu veux dire que si l'époux est un odieux mangemort, sa femme est prisonnière, grommela Drago.
- Précisément, confirma Hermione. Pansy a été aux premières loges, elle a vu ses parents... Je comprends qu'elle soit traumatisée.
- Théo ne va pas se lancer dans le crime, objecta Drago. C'est une question de confiance. Si elle refuse de l'épouser pour ces raisons, c'est parce qu'elle ne croit pas en lui."
Il avait croisé les bras devant lui, plissé les lèvres, et tout à coup son regard avait pris une teinte dure et froide. Hermione déglutit. Que venait-il de se passer ?
"Peut-être qu'elle croit au fait d'être indépendante. Pansy est sa propre personne. Elle a du mal avec l'idée de perdre son libre arbitre, expliqua Hermione, qui sentait peu à peu l'irritation la gagner."
Il faisait exprès de ne pas comprendre ce qu'elle avançait, c'était évident. Il avait adopté son air borné et de mauvaise foi. Exactement son petit rictus d'élève de Poudlard, avec son nez retroussé et son menton droit qui le rendaient insupportable.
"T'as l'air de penser que le mariage est une prison, grinça Drago en refusant de la regarder.
- Je croyais qu'on parlait de Pansy et Théo, fit remarquer Hermione.
- Très bien ! Alors, Pansy et toi, vous avez l'air de penser que le mariage est une prison, rectifia le blond en levant les mains au-dessus de sa tête.
- Qu'est-ce qui se passe, Drago ? soupira la jeune femme en approchant une main de la sienne."
Son geste d'apaisement lui valut un recul franc et un regard impénétrable de Drago, qui termina son café d'un trait et sauta sur ses pieds.
"On va être en retard au bureau, déclara-t-il."
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Les sautes d'humeur de Drago et sa propension à se fermer comme une huître bougonne à la moindre contrariété commençaient nettement à irriter Hermione, qui avait pris sur elle toute la matinée pour ne pas faire dégénérer la situation. En débarquant dans son bureau pour réclamer des explications par exemple, potentiellement en tapant du poing sur son bureau. Non, au contraire, elle s'était comportée comme la seule adulte dans leur relation. Comme à l'accoutumée.
Et cela se révélait particulièrement difficile d'être systématiquement la personne raisonnable. En particulier dans le climat tendu qui régnait dans le penthouse des Non-alignés. Si l'inquiétude était palpable depuis l'attentat au siège des Progressistes, l'humeur générale s'était encore assombrie après l'enterrement et le nouvel attentat. À cela s'ajoutait la contrainte d'être reclus, et privés de sorties. Maussades, les députés erraient sans but, et commençaient à se chicaner pour des détails insignifiants ou à comploter à voix basse par petits groupes. Personne ne disait rien ni à Hermione, ni à Drago, mais le ressentiment qu'ils éprouvaient devenait palpable.
Deux camps semblaient s'être formés : ceux qui étaient conscients de la menace et approuvaient les mesures de sécurité, et ceux qui refusaient de s'y plier, et souhaitaient retourner sur le terrain malgré les risques que cela comportait. Hermione n'arrivait pas à déterminer exactement qui pensait quoi, mais elle avait une idée générale de la situation malgré les efforts déployés par ses collègues pour la tenir à l'écart de leurs griefs. C'était évident que pour eux, elle était du côté de leur leader, et dès lors elle était légèrement ostracisée. Si elle comprenait leur réluctance à faire part de leurs objections, ce n'était pas le cas de Pansy : cette dernière furetait l'air de rien, tentant d'attraper au vol quelques bribes de conversation, et allant même jusqu'à interroger ses collègues avec brusquerie. Ce qui, évidemment, ne fonctionnait pas.
Lorsque Chang et Patil poussèrent le conflit jusqu'à la bousculade, Hermione fut forcée d'intervenir, et se posta entre les deux avec un air las.
"Je ne sais pas quel est le problème, mais il va falloir le régler autrement qu'en vous battant comme des chiffonnières, les morigéna Hermione à voix basse."
Leur échange était observé de loin par la quasi-totalité du groupe, et elle ne tenait pas à transformer l'incident en bataille rangée. Padma lança un regard meurtrier à Cho, qui froissa son gobelet de café entre ses mains. Ce genre de frictions était devenu monnaie courante ces jours-ci. Ils se prenaient le bec, pour un oui ou pour un non. C'était comme si tout à coup, ils ne voyaient plus que leurs différences, leurs petites habitudes irritantes et leurs défauts.
"Alors ? insista Hermione.
- On a un désaccord, finit par lâcher Cho sans oser regarder Hermione dans les yeux.
- Ça me parait évident, fit Hermione, qui attendait la suite.
- Certains d'entre nous sont lâches, c'est tout, siffla Padma.
- Lâches ? répéta Cho, offensée. On est prudents, et sensés, c'est pas la même chose !"
Padma leva les yeux au ciel. Hermione leur jeta un regard noir en plaquant discrètement un doigt sur ses lèvres, les incitant à baisser d'un ton.
"Si c'est ce qui te permet de dormir la nuit, répliqua Padma avec une condescendance non contenue.
- Je ne dors pas, la nuit, rétorqua Cho avec la voix tremblante. Je pense à ces enfants qui sont morts, et à la députée qu'on a enterrée i peine une semaine.
- Et alors ? s'agaça Padma. Ils sont morts, ça ne va pas les ramener de nous terrer dans nos bureaux en attendant le prochain meurtre !
- Padma... commença Hermione.
- J'ai perdu toute ma famille à cause de la guerre, et je suis là, non ? Je ne suis pas restée cachée, je me suis retroussé les manches et je suis sortie. J'ai pas surmonté tout ça pour flancher à la moindre menace ! reprit Padma, les yeux baignés de larmes."
Hermione tendit la main pour la réconforter, mais elle retira son bras brutalement et disparut s'asseoir à son bureau. Cho, les bras ballants, lança un regard perdu à sa collègue.
"Il se passe quoi ? s'immisça Pansy, qui avait flairé une embrouille.
- Je crois qu'être menacés et enfermés à nouveau pèse sur le moral des troupes, résuma Hermione. Cho, tu veux qu'on boive un thé ensemble ?
- Je devrais aller m'excuser, songea la jeune femme. Je veux dire... Je n'ai pas changé d'avis, et je pense toujours que Malefoy a raison de nous confiner ici, mais... Je comprends d'où vient l'attitude de Padma."
Désemparée et reconnaissante, Hermione hocha la tête et observa Cho s'éloigner d'un pas hésitant en direction du bureau de Padma.
"L'ambiance est franchement pourrie, déclara Pansy en chuchotant. J'ai surpris Flint et Dubois tout à l'heure, ils faisaient des messes basses au sujet de la rentrée parlementaire. Ils avaient l'air de penser que Drago a perdu la main, et que Karacter va la reporter avec ou sans son accord. C'est pas bon du tout."
Hermione se mordit nerveusement la lèvre. Bien sûr que ça n'était pas bon. C'était même inquiétant. Si Drago perdait la confiance de ses députés, tout le groupe allait en pâtir. Un peu de controverse et d'opposition, c'était positif pour le groupe ; Hermione croyait fermement à l'émulation et à la liberté de parole. En revanche, pour Drago, ça risquait d'avoir l'air d'une remise en cause de son autorité suprême. S'il soupçonnait que des voix s'élevaient contre lui dans son propre groupe, ça allait être un carnage.
"Ne répète rien à Drago, bafouilla Hermione avec empressement."
Pansy haussa les épaules.
"Tu me prends pour une débutante ? J'ai pas envie qu'il libère sa méchanceté nucléaire sur nos collègues. Il faut qu'on trouve une solution discrète pour souder le groupe, et leur redonner confiance en lui. Il faut qu'ils le suivent par adhésion.
- Et pas par la contrainte, compléta Hermione. Inutile de reproduire le fiasco de la dernière réunion.
- Exactement. Granger, c'est à nous de jouer. Comment on procède ?
- Pour redorer l'image de notre leader irascible et tyrannique sans en avoir l'air ? grogna Hermione en se massant les tempes, épuisée d'avance par l'ampleur de la tâche.
- Vous vous êtes encore disputés, devina Pansy en l'entraînant à l'écart, en direction de son bureau.
- Peut-être qu'on regarde le problème par le mauvais angle, répondit Hermione en évitant le regard scrutateur de la Serpentard. Si au lieu de repositionner Drago comme incontestable, on se focalisait plutôt sur l'idée qu'il défend ? Parce que c'est ça, leur réel problème. Ils suivaient tous son leadership jusqu'à ce qu'il décide de prendre toutes ces mesures de sécurité. Donc, ils n'ont pas réellement de problème de fond avec sa façon de les diriger.
- J'aime ta façon de penser, Granger. Tu veux dire qu'il faut qu'on leur prouve que le danger est réel, et que Drago a pris la bonne décision en nous coupant de la vie publique. Est-ce qu'on devrait... Genre... Leur faire peur ? suggéra Pansy en agitant les sourcils."
Hermione lui jeta un regard horrifié, et referma sèchement la porte derrière elles.
"Parkinson ! s'exclama-t-elle. Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire. Ton idée pour ressouder le groupe, c'est de semer la panique ?
- On pourrait juste lancer une fausse alerte à la bombe. Ou... Je ne sais pas, je pourrais disparaître quelques jours à la campagne et on ferait croire à ma disparition."
Hermione se contenta de battre rapidement des cils, incapable d'assimiler les sons qui sortaient de la bouche de Pansy.
"C'est incroyablement flippant et malsain, finit-elle par lâcher. Parkinson, j'en reviens pas de devoir avoir à dire ça, mais... Ce que tu suggères, c'est non seulement immoral et cruel, mais également illégal."
L'intéressée gloussa, et donna un petit coup de coude joueur à sa collègue.
"Ça va Grangy, redescends, je plaisantais, dit-elle. Comme si j'aurais pu suggérer sérieusement de commettre un acte illégal !
- Oh, vraiment ?"
Pas dupe pour un gallion, Hermione arqua un sourcil.
"C'est un grand non, Parkinson, conclut-elle.
- J'aurais essayé, pouffa Pansy. Bon, qu'est-ce que tu suggères ?"
Hermione soupira, à cours d'idées. Ils avaient essayé de convaincre les députés par la logique, en faisant appel à leur raison. Drago avait usé de toute son autorité. Des gens avaient perdu la vie. Drago avait fait un discours grandiose en direct à la télévision. Rien de tout cela n'avait fonctionné.
"Si on était des moldus... commença Hermione avant de se lever pour commencer à faire les cent pas.
- Que font les moldus face à la menace terroriste ? s'interrogea Pansy brusquement, comme si elle venait tout juste de réaliser qu'eux aussi connaissaient ces problèmes.
- Eh bien, ils paniquent et se déchirent et mélangent absolument tout, résuma Hermione avec un moulinet de la main. Je parlais plus de leur façon de gérer les crises dans un groupe, une entreprise, ou... Ah ! s'exclama-t-elle.
- C'est ton illumination soudaine, pas vrai ? pépia Pansy en battant des mains.
- Les moldus font appel à des médiateurs lorsqu'il y a un conflit. Bon, on pourrait demander à un auror de passer expliquer, mais étant donné qu'Harry est une sorte de chef non officiel, et qu'il est connecté à nous, ça n'aurait pas de grand impact. Qui pourrait faire office de médiateur ?
- Dumbledore, supposa Pansy sans réfléchir.
- Quelqu'un de vivant, précisa Hermione.
- Oh. Alors, aucune idée. S'ils n'ont pas de médiateur, qu'est-ce qu'ils font ?
- Ils... Font des discussions collectives ? On a déjà essayé ça. Mais... Peut-être qu'on pourrait essayer de faire une activité de groupe, quand même. Pour renouer les liens, en partageant quelque chose, sans que ça n'ait nécessairement de rapport direct avec le réel problème. Tu vois, pour recréer une connexion entre nous, rappeler à tout le monde ce qui nous lie.
- Un truc fun ? Genre... du sport ? grimaça Pansy.
- Ça pourrait marcher, confirma Hermione sans être franchement emballée par l'idée.
- Il faut qu'on arrive à trouver un sport qui se pratique ici, à l'intérieur, si on ne veut pas de faille de sécurité. En plus, de quoi on aurait l'air si on leur interdit de sortir pour travailler, mais si on les pousse à le faire pour une partie de Quidditch ? D'hypocrites, voilà de quoi on aurait l'air.
- Je vais faire des recherches, décréta Hermione."
Quelques secondes plus tard, elle avait ouvert son navigateur internet moldu.
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"Team building ? Mais encore ? maugréa Blaise, plongé dans la Gazette du jour, et profondément ennuyé."
Les filles échangèrent un regard entendu. Elles s'attendaient à cette réaction quelque peu blasée ; comme tous leurs collègues, Zabini passait ses journées à maugréer, traîner des pieds, et préférait s'enfermer dans son bureau plutôt que d'affronter l'hostilité au-dehors. Si on ajoutait à cela ses soucis d'ordre maternel, on obtenait une humeur maussade et une multitude de grognements.
Comme personne ne lui répondait, Blaise leva les yeux à regret et lâcha un soupir à fendre l'âme.
"On dirait un des mots tendances que ma mère utilise à chaque fois qu'elle revient d'un voyage quelconque ou d'une retraite spirituelle à la mords-moi le nœud.
- En réalité, Blaise, c'est très sérieux, grogna Pansy en lui arrachant son journal des mains. Et Granger ici présente va te le prouver par une démonstration en 15 points. Envoie ton powerpoint Granger, c'est ton moment !"
Hermione retint un rire avec difficulté et installa son ordinateur portable sous le nez de Blaise, qui accepta bon gré mal gré de se redresser pour suivre la présentation.
Quinze minutes plus tard, il était entièrement sorti de sa torpeur, et tapotait son menton du bout de son index.
"Je peux concevoir l'intérêt de ce truc. Par contre... Drago risque d'être opposé à cette idée, fit-il.
- Oh, évidemment qu'il protestera, répondit Pansy. Peu importe. On a créé un bureau exécutif dans ce groupe pour pouvoir prendre des décisions collégiales, et c'est exactement ce qu'on va faire. On est à trois contre un, il sera obligé de s'écraser."
Elle indiqua le chiffre trois avec ses doigts, et s'autorisa un sourire victorieux.
"Excellente stratégie Pans', ça va nettement améliorer son état d'esprit, ironisa Blaise.
- T'es partant, ou non ? le coupa Hermione, qui voulait faire avancer les choses en vitesse.
- Ouais, lâcha Blaise en se passant une main dans les cheveux. Je m'en occupe. Je vais organiser ça."
Pansy lui adressa un sourire éclatant et cogna son poing contre celui d'Hermione en signe de victoire.
"Si Drago me saute à la gorge, je nierai toute responsabilité, les avertit-il.
- Pourquoi vous avez tous peur de lui, comme ça ? Il peut supporter la contradiction, non ? rouspéta Hermione.
- Non, répondirent les deux Serpentard de concert.
- En plus, ne crois pas que personne n'a remarqué que tu l'évitais depuis ce matin, ajouta Pansy.
- Oh ? s'étonna Blaise avec un sourire narquois. Vous aviez l'air plutôt proches pourtant, quand on est passés vous réveiller...
- Vous avez fait quoi ? sursauta Pansy."
Hermione profita de la tirade offusquée de Parkinson pour se plonger dans l'étude de l'écran de son ordinateur, dans l'idée de masquer la teinte rosée de ses joues.
"... inadmissible ! conclut Pansy et agitant son ongle manucuré sous le nez de Zabini.
- Ouais, on a compris, marmonna Blaise. On s'est excusés ! Mais pour ta gouverne, si tu n'avais pas brisé le cœur de Théo..."
Pansy éclata d'un rire tonitruant et se frappa le front du plat de la main.
"Et il se demande pourquoi je ne veux pas l'épouser ! Quel enfant, bon sang ! Il est allé se réfugier dans les jupes de Drago pour se plaindre, pas vrai ? J'y crois pas...
- Pour sa défense, il avait vraiment l'air désemparé, intervint Hermione sans lever les yeux de son écran.
- Me dis pas que t'es de son côté ! s'étrangla Pansy, les poings sur les hanches.
- Je ne suis du côté de personne, répliqua Hermione. Je refuse de m'emmêler davantage, ça ne regarde que vous, et mon opinion n'est ni attendue ni pertinente.
- Comment ça, davantage ? s'incrusta Blaise. T'as pas dit grand chose. À moins que t'aies donné ton avis à Drago après notre départ...?"
Sous le poids de leurs deux regards combinés, Hermione releva la tête avec regret.
"J'ai essayé de lui faire comprendre le point de vue de Pansy sur le mariage. Il s'est braqué. Fin de l'histoire."
Parkinson fronça les sourcils, pensive.
"T'as dit à Drago que tu comprenais que je refuse de me marier ? vérifia-t-elle.
- À peu près, oui, répondit évasivement Hermione.
- Oh, Merlin... s'exclama Blaise.
- Quoi ? s'inquiéta Hermione.
- Si t'as expliqué à l'héritier d'une illustre famille de Sangs-purs que c'est normal de refuser de se marier avec son partenaire, ça me semble logique qu'il se soit braqué. Drago croit fermement aux vertus d'une alliance entre deux personnes qui s'aiment, expliqua Pansy avec calme. C'est comme ça qu'il a été élevé. Et c'est comme ça qu'il perçoit le mariage de ses parents. Deux personnes, contre le reste du monde."
Hermione ouvrit la bouche, et la referma aussitôt. Elle n'avait pas vraiment essayé de se mettre à sa place, le matin même. Elle n'avait même pas songé à ce qu'il pouvait penser du mariage. Drago Malefoy, à qui on prêtait des liaisons avec toute sorcière pourvue de jambes, serait donc une sorte de romantique patenté. Elle plissa le nez, perturbée.
"C'est un genre de romantique, ajouta Blaise comme s'il avait lu dans ses pensées. Très old-fashioned. Il croit fermement à la loyauté, et à la fidélité, et à quelque chose d'indestructible. C'est sacré, pour lui.
- Mais... Bon, je n'ai pas vraiment considéré qu'il pouvait avoir ce point de vue, reconnut Hermione.
- Ils sont tous comme ça, bougonna Pansy.
- Comme ça quoi ? se vexa Blaise avant qu'elle n'ait le temps de s'expliquer.
- Même notre génération continue à croire dur comme fer qu'il faut se mettre en ménage sitôt sorti de Poudlard, Blaise. Pourquoi tu crois que Potter a épousé Daphné au bout de trois mois de relation ? Que les Weasley se marient tous avant l'âge de vingt ans ? Regarde sur notre promotion à Poudlard... Combien sont déjà mariés ? C'est comme ça que ça fonctionne, soupira la jeune femme. C'est ancré dans leur façon d'envisager la vie, même s'ils n'en sont pas conscients. Ils ne connaissent que ça.
- Mais... Pas nous. Je veux dire, si Drago veut tant se marier, pourquoi il ne l'a pas déjà fait ?"
Pansy et Blaise éclatèrent de rire simultanément.
"Il veut pas se marier juste pour se marier, Granger. C'est pas juste l'aspect solennel et officiel du truc qu'il attend, gloussa Blaise.
- Je suis dépassée, soupira Hermione."
Elle se frotta le front du plat de la main. Le fossé qui existait entre le monde moldu et celui-ci était colossal, et en des situations telles que celle-ci, elle peinait.
"Je suis contente que tu comprennes mon point de vue Granger, vraiment, et ça me touche que quelqu'un partage ma vision du couple, mais... Drago, et tout le monde sorcier, ne sont pas du tout prêts à envisager de faire évoluer les choses. Pas de ce côté là, souffla Pansy.
- Pourtant, t'as refusé la proposition de Théo. Toi, t'es prête à remettre en question l'ordre des choses, objecta Hermione.
- Parce que j'ai étudié l'histoire du féminisme, j'ai lu des milliers d'essais rédigés par des penseurs moldus, je m'y suis plongée entièrement. Drago et Théo n'ont aucune idée de qui est Simone de Beauvoir, tu sais, ricana Pansy.
- Moi non plus, pouffa Blaise. Quelqu'un qui s'appelle Simone a donc de l'influence sur toi ?
- Le mariage est un instrument du pouvoir masculin, l'institution du mariage est pervertie, c'est un refuge obligé pour les femmes qui n'ont pas d'avenir professionnel ou d'aspirations dans une société telle que la nôtre, paraphrasa Pansy en fixant Blaise droit dans les yeux."
Ce dernier frissonna, et chercha une explication dans les yeux d'Hermione, qui haussa les épaules.
"C'est une analyse très juste, dit-elle simplement. Si elle avait eu vent de l'existence de la société sorcière, elle aurait sûrement été plus radicale que ça.
- Donc, vous ne voulez pas vous marier, réalisa Blaise.
- C'est pas ça du tout, Zabini, objecta Hermione. Je ne veux pas parler pour Pansy, mais personnellement, je pense que c'est important d'avoir conscience de ce que le mariage représente dans une société inégalitaire où l'un opprime l'autre. Avant de s'engager dans quoi que ce soit, il faut considérer la place de l'autre, et ce qu'on lui impose, et ce que la loi lui assigne comme rôle. Ça ne veut pas dire qu'on ne veut pas se marier. Juste qu'on veut consentir de façon éclairée, et transparente, et honnête."
Songeur, Blaise hochait la tête, les yeux rivés sur Hermione. Pansy souriait d'un air admiratif, pleine de gratitude pour sa collègue. Et Hermione réalisa que la jeune femme avait dû se sentir bien seule et incomprise au milieu de ses collègues conservateurs.
"Zabini percute mieux que Théo et Drago, dit-elle en lui tapotant l'épaule, fière.
- J'ai pas le même historique familial qu'eux, marmonna-t-il. Ma mère n'est pas exactement un modèle de rigueur, et je n'ai jamais connu mon père, alors... Pour tout dire, le mariage, je m'en contrefous.
- J'aimerais être amoureuse de toi, Blaise, déclara Pansy.
- Yeurk, grimaça-t-il en frissonnant."
Ils éclatèrent de rire simultanément, et Zabini finit par se lancer dans des recherches en secouant la tête. Hermione les observait interagir, plongée dans ses pensées. Pourquoi était-elle incapable de comprendre Drago ? Elle avait toujours été douée pour lire les gens, et se mettre à leur place pour adopter leur point de vue. Mais avec lui, elle n'y arrivait pas. Il la prenait systématiquement de cours, n'expliquait rien, et se repliait sur lui-même. C'était le même schéma, qui se répétait encore et encore. Elle froissait son égo d'une manière ou d'une autre, et il se refermait complètement sans chercher à revenir sur le conflit, s'excuser, ou fournir la moindre bribe d'explication. C'était à elle de lui courir après, ou d'attendre patiemment qu'il daigne passer outre leur dispute. Et elle en avait assez. Assez d'être patiente, et compréhensive, et de mettre de côté ses propres insécurité pour que monsieur Drago Malefoy fasse le tri dans son cerveau tortueux. Elle en avait assez qu'il la rejette et lui claque la porte au nez dès que l'envie lui prenait.
Elle n'avait pas les codes. Elle n'avait pas le mode d'emploi.
Résolue, elle se leva d'un bond, et quitta le bureau de Blaise sous le regard malicieux de Pansy, qui avait bien compris où elle se rendait d'un pas si pressé.
Elle traversa l'open-space silencieux, frappa sèchement à la porte de leur leader suprême, et entra sans attendre l'autorisation. Elle sentit sa colère s'évaporer un peu lorsqu'il leva deux yeux gris surpris vers elle, mais referma sèchement la porte, et alla se planter face à son bureau.
"Malefoy, j'en ai assez. Il faut qu'on parle, décréta-t-elle de la voix la plus assurée possible."
Il vissa calmement le capuchon de son stylo, et croisa les bras devant lui.
"Je... commença-t-il.
- Tu rien du tout, Malefoy ! coupa-t-elle immédiatement."
Il fronça les sourcils, déstabilisé par son agressivité, et se pencha un peu en avant pour ne pas en perdre une miette. Une Granger énervée, et énervée par lui, était probablement la chose la plus érotique qu'il puisse citer.
"Je suis désolée de t'avoir froissé au sujet du mariage. C'est ce que je pense, et je l'ai dit, parce que ça me paraissait être une explication valable. Tu as parfaitement le droit de ne pas être d'accord avec moi, même si tu as tort."
Drago retint avec difficulté un petit sourire.
"En revanche, reprit Hermione comme si de rien n'était, tu ne peux pas systématiquement refuser de me parler et disparaître sans explication quand quelque chose ne te plait pas. C'est puéril, et c'est blessant. Tu me traites comme si tu pouvais me congédier et m'ignorer en un claquement de doigts, comme si je n'avais aucune importance et que c'était facile pour toi de tourner les talons quand bon te semble. Si tu comptes réagir comme ça à la moindre contrariété, on va arrêter tout de suite, parce que ce n'est pas comme ça que j'envisage... Une relation. Pour quelqu'un qui se pose en grand défenseur du mariage, sache que quand deux personnes partagent des sentiments, la moindre des choses, c'est de tolérer la présence de l'autre même quand on est pas en accord total avec ses paroles. C'est basique. C'est la moindre des choses.
- Est-ce que tu viens de dire que tu as des sentiments pour moi ? demanda Drago avec un petit sourire au coin des lèvres.
- Quoi ? coassa Hermione. Non. Oui. Peut-être. Ce n'est pas le sujet ! Tu as retenu que ça de ce que je viens de dire ? bafouilla-t-elle.
- Granger, Granger... fit Drago en se levant avec son élégance habituelle."
Il avança vers elle sans aucune sorte d'hésitation, et elle recula mécaniquement d'un pas. S'il s'approchait trop, elle allait perdre le contrôle de son système neuronal et fondre en une petite flaque d'affection. Et cette-fois, il fallait qu'ils aillent au bout de cette discussion.
"Reste où tu es, ordonna-t-elle."
Drago s'arrêta à un mètre d'elle, et fourra ses mains dans les poches de son pantalon, un sourcil arqué.
"Tu ne devrais pas me crier dessus si tu espères qu'on ait une conversation civilisée ensuite, l'informa-t-il.
- Arrête de flirter avec moi ! l'avertit-elle en basculant son poids d'une jambe à l'autre, soudain nerveuse.
- D'accord, fit-il en haussant les épaules. J'arrête de flirter avec toi si tu arrêtes de te mordiller la lèvre comme ça."
Hermione plissa fermement ses lèvres l'une contre l'autre. Cette conversation ne se déroulait pas du tout comme prévu.
"Tu vois, dit-il. On peut s'entendre, et faire des compromis. Tu n'essayes pas de m'exciter, et je me retiens de flirter.
- Je n'essayais pas de...
- Tu rien du tout, Granger ! la coupa-t-il avec un clin d'œil un brin arrogant."
Elle grogna pour toute réponse, et il craqua un petit rire qui acheva de faire disparaître sa colère. Son plan était officiellement à l'eau.
"Je suis désolé, d'accord ? lâcha le blond."
Hermione écarquilla les yeux, franchement surprise d'entendre ces mots maintenant, alors qu'il venait clairement de réduire sa stratégie à néant. Il avait gagné. Pourquoi choisissait-il ce moment pour s'excuser ?
"Je n'aurais pas dû réagir comme ça. Je me suis senti agressé, et ne je sais même pas vraiment pourquoi. Le truc... Écoute, j'ai pas d'explication, en vérité. Je te promets d'essayer d'arrêter de te fuir quand on est pas d'accord. Tu ne devrais jamais te sentir pas assez importante, ou pas écoutée. Ton avis compte."
Il la contemplait avec un air si sérieux qu'elle se sentit frissonner. Il était planté, face à elle, à seulement quelques centimètres, et il l'observait avec une intensité telle qu'elle sentit son visage entrer en combustion.
"D'accord, répondit-elle d'une voix hésitante."
Il lui sourit, elle lui sourit, et ils ricanèrent bêtement.
"On reparlera de mariage plus tard, ajouta-t-il en lui faisant un clin d'œil."
Elle sentit son sourire se transformer en grimace perplexe malgré elle.
"De mariage en général, amenda Drago précipitamment. Pas de nous deux. Enfin peut-être. Un jour. Si tu veux. Mais dans longtemps. Sauf si..."
Elle se sentit obligée de mettre fin à cette conversation embarrassante en pressant ses lèvres contre les siennes. Soulagé, Drago referma ses bras autour d'elle et répondit à son baiser avec ferveur.
.
"Oh seigneur ! pépia Pansy en se plaquant une main sur les yeux.
- Parkinson, bon sang, s'il y a une porte c'est pour une raison ! pesta Drago en recoiffant maladroitement les cheveux d'Hermione, qui papillonnait des yeux."
Sa jupe était remontée, son chemisier ouvert, et ce qu'il choisissait de prioriser, c'était sa coiffure ? Typiquement Malefoy.
"Ça va, vous êtes habillés, soupira Pansy. Vous savez qu'on est au bureau ? Il n'y pas des règles contre ça ?"
Elle continua son avancée et déposa une liasse de parchemins sur le bureau de Drago, qui réajustait sa cravate en marmonnant dans sa barbe.
"Il faut que tu signes tout ça, c'est pour la fondation, l'informa-t-elle."
Hermione se pencha pour lire l'intitulé des formulaires, et constata qu'il s'agissait de documents du ministère, minutieusement complétés par Astoria, Hestia et elle-même.
"T'as eu le temps de réfléchir ? le questionna Hermione."
Drago croisa son regard brièvement avant de s'atteler à signer tous les papiers avec de grands mouvements secs.
"C'est OK, dit-il simplement.
- Pour Weasley ? s'enquit Pansy d'une voix aigüe.
- Oui, confirma le blond en continuant sa tâche.
- C'est OK pour Weasley, répéta-t-elle. Comme ça. Sans discussion.
- Exact, grogna Drago.
- Mais..."
Pansy se tût en croisant le regard d'Hermione, qui secouait vigoureusement la tête de droite à gauche.
"Je ne suis pas du tout fan de cette idée, mais c'est la meilleure option. Alors allons-y. Faites-lui une proposition, reprit-il en paraphant le dernier formulaire.
- En réalité... Tu devrais le faire, toi, suggéra Hermione."
Il se passa une main dans les cheveux, et se laissa tomber dans son fauteuil d'un geste très théâtral.
"Pourquoi tu veux me faire souffrir, Granger ? gémit-il.
- C'est toi le leader. La fondation porte ton nom. Elle existera dans les murs de ton manoir, énuméra Hermione en comptant sur ses doigts. En plus, t'es le seul à pouvoir convaincre Ron que tes intentions sont louables et qu'il peut s'engager avec toi. Vous devez avoir une conversation, ensemble.
- Je déteste que tu aies raison ! s'exclama Drago."
Pansy lâcha un grognement disgracieux et récupéra ses précieux papiers.
"Tu devrais t'habituer, Malefoy Junior.
- M'appelle pas comme ça ! protesta Drago en lui jetant un bout de parchemin sur le front.
- Qu'il est susceptible, gloussa Pansy en lui renvoyant son parchemin."
Hermione étouffa un gloussement lorsque le bout de papier rebondit dans les cheveux de Drago, et qu'il adopta un air parfaitement horrifié. Elle se pencha pour le retirer d'un geste distrait, et en profita pour lire par-dessus son épaule.
"Tu écris une lettre à Karacter ? s'étonna-t-elle.
- Il refuse de me recevoir, et sa cheminée est bloquée, siffla Drago, irrité. Il fait le mort depuis des jours.
- Tu ne crois pas qu'il serait... mort, genre vraiment mort, hein ? s'inquiéta Pansy.
- Je pense qu'on en aurait été informés, soupira Hermione. L'hypothèse la plus crédible, c'est qu'il refuse d'affronter la situation. Peut-être qu'il stresse au sujet de la reprise des débats à l'assemblée.
- Il va bien devoir sortir de son trou, grogna Drago. La date approche, et on a aucune info. S'il ne me répond pas demain, j'irai forcer la porte de son bureau avec Sergueï."
Son ton résolument calme indiquait qu'il ne plaisantait pas, et Hermione plaça ses mains de chaque côté de ses épaules pour le masser doucement.
"Tu ne peux pas amputer le président de l'assemblée, Drago, indiqua-t-elle sans cesser ses mouvements."
La nuque du blond se détendit un peu et il bascula la tête en arrière, les yeux fermés.
"J'espère qu'on aura pas à en arriver là, dit-il simplement."
Pansy leva les yeux au ciel et tapota son index contre sa tempe, jetant un regard entendu à Hermione.
"Je t'ai vue, Parkinson, marmonna Drago avant de lâcher un petit soupir de contentement."
Cette dernière s'empressa de sortir avant qu'il ne lui vienne l'idée saugrenue de lui lancer quelque chose dessus.
Ces deux-là ne font que se disputer...
Un petit chapitre un peu léger, avant que les choses ne s'accélèrent à nouveau !
Bonne année à toutes et tous !
