Chapter 42 - Regroupement
"Qu'est-ce que tu veux dire par 200 000 visites par jour ? 200 000... 200 000 comme dans, deux suivi de cinq zéros ? CINQ ZÉROS, BLAISE ? balbutia Hermione en arrachant un parchemin des mains de l'intéressé, qui recula d'un pas.
- C'est une moyenne. Évidemment, hier, elle a explosé son record. Mmh... Euh... Oui, 200 000.
- 200 000, répéta Hermione d'une voix blanche."
Répéter ce chiffre à l'infini n'allait certainement pas l'aider à encaisser le choc.
Elle étudia avec un calme apparent les chiffres qu'il lui présentait, puis se retourna pour faire face à Drago, et lui colla le papier contre le torse. Il ne flancha pas, et se contenta de froisser la feuille entre ses doigts, imperturbable. Il savait qu'elle allait lui faire payer sa légère omission, rien de surprenant. Rien ne pouvait néanmoins le préparer à se retrouver, encore une fois, la cible de son regard furieux.
Elle plissait deux yeux noirs dans sa direction, les traits crispés dans un masque de furie qui l'obligea à réajuster en toute discrétion son boxer. Évidemment, sa petite manœuvre n'échappa pas à Hermione, qui écarquilla légèrement les yeux et se lécha la lèvre par réflexe. Drago haussa un sourcil, ravi d'avoir diffusé cette situation périlleuse même momentanément.
Gossip Witch avait réussi son coup, et avait ajouté du désordre au désordre chez les Non-alignés. Et il savait pertinemment que ce n'était pas une petite érection incontrôlée qui allait résoudre ses problèmes. Au contraire...
Un véritable Penisgate s'était abattu sur le groupe.
Tout le monde avait lu son article ; au départ, seuls quelques lecteurs assidus avaient dû repérer les similitudes - peu subtiles - entre son sujet et Hermione et Drago, mais très vite, par le bouche à oreille et les réseaux sociaux, non seulement tout le petit monde politique avait eu vent de l'article, mais également les médias, et la population lambda. Si la blogueuse était relativement méconnue du grand public avant son attaque sournoise, à présent tout le monde savait qui elle était. Même les hauts-fonctionnaires croulants du ministère, à n'en pas douter. Penisgate était toujours le sujet le plus tendance sur les réseaux sociaux.
"Dix lecteurs, tout au plus ? Personne ne connait Gossip Bitch ? mimiqua-t-elle avec un air parfaitement hautain."
Tiens, elle avait repris contenance ! Drago leva les yeux au ciel. Il n'avait quand même pas l'air si prétentieux lorsqu'il s'exprimait, si ?
"J'ai peut-être mal estimé sa popularité, reconnut-il en avalant douloureusement sa salive. Qu'est-ce que ça peut faire ? Personne ne la croit. C'est l'article le plus absurde que j'ai jamais lu, elle n'a aucune crédibilité.
- Blaise ? vérifia Hermione, ignorant superbement le blond.
- C'est difficile de mesurer la réaction des gens, et s'ils adhèrent à ses propos. Ce qui est sûr au vu des commentaires, c'est que ça fait parler, et que ça les amuse. L'article a été largement partagé et discuté ces dernières heures.
- Combien de commentaires ? s'enquit Pansy, qui s'était bien gardée d'intervenir jusqu'à présent.
- 2428 à l'instant.
- Oh ! C'est carrément viral, s'exclama la Serpentard. Vous pétez les scores du fiasco de l'enterrement de vie de garçon du baron de Clark.
- Parkinson ! s'insurgea Hermione. Tu connaissais ce blog ? Tu savais que Gossip Bitch existait ?
- Witch, corrigea machinalement Blaise.
- Peu importe, coupa Hermione. Vous lisez tous ce blog ?"
Un regard fut échangé entre les trois autres, et elle poussa un soupir à fendre l'âme. C'était couru d'avance : la noblesse sorcière se vautrant secrètement dans les colportages de ragots.
"On savait pas que la fille de Skeeter était derrière, mais on le lit depuis des années oui, confirma Pansy, mal à l'aise. Elle s'attaque aux socialites, aux princesses et plutôt au milieu du showbiz, c'était des ragots sans intérêt jusqu'à présent ! C'est la première fois qu'elle parle des politiques. Et puis tout ce qu'elle raconte est largement romancé. Voire totalement faux. Tout le monde le sait !
- Il faut croire que vous deux, vous avez changé de sphère, remarqua Blaise. Vous êtes plus juste des députés. Vous êtes... des people !"
Hermione se laissa tomber sur une chaise et lorsque Drago tenta de lui prendre la main, elle se tendit et le repoussa. Vexé, Drago lui jeta un regard courroucé, et croisa les jambes pour se redonner une contenance. Le rejet, très peu pour lui.
"Qu'est-ce qu'on va faire ? marmonna-t-elle. On ne peut pas exactement réagir, ou démentir. Ça serait reconnaitre son existence et la prendre au sérieux. En plus, elle ne nous nomme pas...
- Exact, confirma Blaise. Le mieux, c'est de faire profil bas, et de l'ignorer. Un scandale de cet ordre chasse l'autre.
- Il suffit d'attendre qu'une duchesse transplanne sans culotte ou qu'un chanteur entre en cure de désintox, ajouta Pansy. Ça détournera l'attention.
- C'est tout ? coassa Hermione. C'est tout ce qu'on va faire pour réparer ça ?
- Non, c'est pas tout."
Drago avait parlé d'une voix dénuée d'émotion, et décidée.
"Toi, tu continues ta journée comme si de rien n'était. T'as pas besoin d'en savoir plus. Évite la presse et ne répond à aucune sollicitation pour l'instant."
Il se leva sans un mot de plus, et sortit de la pièce, laissant Hermione pantoise.
"Qu'est-ce que... Drago ! s'écria-t-elle en se lançant à sa poursuite."
Elle abandonna les lecteurs avides de Gossip Bitch et courut à travers le penthouse sur les talons du blond, qui était définitivement sur le sentier de la guerre. Essoufflée, elle évita de justesse la porte qu'il avait essayé de claquer, et s'engouffra à sa suite dans son bureau.
"Drago ! répéta-t-elle."
Occupé à retourner des papiers dans un de ses tiroirs, il ne daigna même pas relever la tête. Ses cheveux voletaient en bazar autour de sa tête, et sa mâchoire était tellement serrée qu'elle formait un angle droit parfait.
Hermione avait envie de lécher cette mâchoire.
Elle secoua la tête pour se forcer à revenir dans le présent, et constata que Drago continuait à farfouiller dans ses papiers sans lui prêter aucune attention.
"Eh ! s'exclama-t-elle en frappant du plat de la main sur son bureau."
Il tourna la tête à contre cœur dans sa direction, un sourcil haussé.
"Je suis désolée d'avoir mal réagi, d'accord ?
- D'accord, répliqua-t-il distraitement en se replongeant dans ses fouilles approfondies.
- Est-ce que tu peux arrêter cinq minutes de t'agiter pour qu'on puisse en parler ? proposa-t-elle le plus calmement possible.
- Il n'y a rien qu'on puisse dire de plus. On a aucun recours légal, et on ne peut pas répondre publiquement. Laisse-moi m'occuper de ça. Ça va devoir se régler sur un terrain que tu désapprouves : l'illégalité.
- Je veux m'en occuper avec toi", décréta la jeune femme, campée sur ses positions.
Cela eut le mérite d'interrompre ses gestes désordonnés. Il fronça les sourcils, et étudia avec attention l'expression résolue et féroce de la Gryffondor. Elle avait l'air de croire ce qu'elle disait. Et c'était à la fois exaltant et inquiétant. Qui allait être la voix de la raison si elle proposait de partir en mission vengeresse avec lui ?
"Non, lâcha-t-il finalement.
- Quoi ? Pourquoi ? s'indigna-t-elle.
- Parce que c'est moi le chef, c'est à moi de régler ce problème.
- C'est ta réponse à tout ? s'agaça Hermione. C'est toi le chef, je dois obéir ?
- Bon sang Granger, tu n'obéis JAMAIS ! Tu discutes tout, tu n'écoutes rien ! rugit Drago en claquant sèchement une liasse de feuilles sur son bureau.
- Drago !" cria Hermione sur le même ton.
Ils se toisèrent furieusement pendant une bonne minute, les poings serrés, mais elle fut la première à céder.
"J'ai surréagis, reconnut-elle. Tu n'y es pour rien. Et je suis désolée."
Les épaules de Drago se détendirent immédiatement et il se passa une main dans les cheveux, exaspéré.
"Tu m'épuises, Granger, souffla-t-il.
- Je sais. C'est moi qui ai créé ce bazar en lui jetant une boîte de tampons à la figure. Maintenant, c'est hors de contrôle, et ça nuit à l'image du groupe. En plus, tout le monde parle de ton pénis à cause de moi."
Il se mordit l'intérieur des joues pour ne pas rire, mais se reprit rapidement face à son air misérable.
"Elle aurait publié un article assassin, tampons ou pas, soupira Drago. Elle était pas dans cette pharmacie par hasard. Elle t'a provoquée, et j'ai fait empirer la situation en intervenant pour te défendre. Ça a confirmé tout ce qu'elle croyait savoir de nous deux. Et j'aurais pas dû te mentir au sujet de ce blog, c'était stupide.
- Comment tu fais pour t'en foutre ? Pour rester calme ? demanda Hermione d'une petite voix.
- Je suis habitué à un traitement bien plus brutal de la part de la presse. Fils de mangemorts, expliqua Drago en roulant des yeux. Rien de ce qu'elle a écrit n'est vraiment dangereux, ni pour nous, ni pour le groupe. C'est juste des rumeurs de caniveau. Mais ça te tient à cœur, pas vrai ?"
Elle parcourut le mètre d'écart entre eux en une fraction de seconde et se jeta dans ses bras, enfouissant son visage dans son cou. Drago referma automatiquement ses bras autour d'elle et la pressa contre lui, se balançant doucement d'avant en arrière pour la consoler.
"Je pleure pas, l'informa Hermione.
- Je sais, dit-il avec un petit rire. C'est de la prévention.
- Ne fais rien contre Gossip Bitch, Drago. On va faire comme tu as dit, et l'ignorer.
- T'es sûre ?"
Elle recula suffisamment pour pouvoir le regarder dans les yeux, et hocha la tête.
"Après tout, même si elle parle de sexe, elle nous dépeint comme des modèles avant-gardistes. Tout publicité est bonne à prendre."
Drago étouffa son rire dans un grognement, et s'apprêtait à l'embrasser lorsque la porte s'ouvrit avec fracas.
"Euh... Je pensais entrer dans ton bureau et intervenir au beau milieu d'un combat à mort, mais là... bafouilla Nott. Drago, qu'est-ce que tu as fait à Granger ?
- Théo ? s'étonna Hermione.
- Hello, tigresse, ricana Théo et effectuant un savant mouvement de mains évoquant des griffes. Et hello, anaconda. C'est flatteur ce portrait, tu as raison Granger.
- Qu'est-ce que tu fais là ? l'interrogea Drago, qui sentait un début de migraine arriver.
- Je suis un magnat des médias, il me semble donc normal d'être appelé à votre secours après un tel naufrage médiatique. Néanmoins, comme l'a très bien souligné Granger, vous pouvez tourner ça à votre avantage. Toute publicité est bonne à prendre, c'est juste. Gossip Witch vous a présentés comme un couple totalement dans le coup. Justement, à ce propos, j'aimerais proposer des noms pour votre personnal branding.
- Hein ? gémit Hermione.
- Comme Brangelina ! Qu'est-ce que vous pensez de Malger ?
- C'est mauvais, l'interrompit Hermione avant une main levée.
- Granfoy ?"
Drago grimaça exagérément.
"Poussez-vous, Nott", dit Rogue en entrant à son tour.
Un instant, Hermione crut bien qu'il allait lui aussi proposer un nouveau nom pour leur couple, mais Rogue était à mille lieues de ce genre de considérations triviales.
"Je ne sais pas ce qui vous agite autant ce matin, et ne me répondez pas parce que je m'en moque éperdument, commença-t-il. J'ai reçu une nouvelle lettre anonyme.
- Alerte générale !" hurla Blaise avant de se plaquer une main sur la bouche, horrifié par ce qui venait d'en sortir.
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Par souci de confidentialité, en particulier après les hurlements nerveux de Zabini, l'ensemble des comploteurs avait migré d'un commun accord vers le salon des Potter, où Daphné, Ron, Vladimir, Dobby et Harry les attendaient. Une véritable cellule de crise était en formation, et l'agitation générale était à son comble.
Après vérification de leurs courriers respectifs, et après avoir contacté d'autres anciens sympathisants à la cause de Voldemort, le constat était simple : une lettre identique leur était parvenue. A chacun. Et cette fois, elle n'était pas en latin.
"Tic tac, motherfucker, répéta Harry pour la centième fois, incrédule."
Parmi toutes les hypothèses qu'ils avaient élaborées au cours des jours précédents sur le contenu probable des lettres, personne n'avait imaginé... ça.
Harry se grattait la tête, incapable d'analyser quoi que ce soit ; Rogue fronçait le nez dans une moue dégoutée ; Daphné battait des cils comme si elle se sentait outragée par la trivialité des mots. Personne ne comprenait très bien les références ou le but recherché par l'émissaire. Ça semblait... Incohérent.
"Le terroriste est peut-être Bruce Willis, proposa Dobby."
Igor approuva vigoureusement d'un hochement de tête qui secoua ses oreilles, et Nott leva les yeux au ciel face aux références popculture de son elfe.
"On est sûrs que ces lettres viennent de la même personne ? s'étonna Vladimir.
- Même papier, même encre, même enveloppe, même calligraphie. Si c'est un copycat, c'est très réussi, expliqua Harry en contemplant la pile de missives qui s'amoncelait sur la table. J'y crois pas une seconde. C'est forcément la même personne. Seulement... eh bien, on dirait que cette personne a une psychologie instable."
Ils avaient décidé, une nouvelle fois, de ne pas porter ces lettres à l'attention du ministère. C'était même l'idée d'Harry Potter en personne. Selon lui, elles n'allaient d'une part pas faire avancer l'enquête, mais en plus jeter la suspicion sur eux, parce qu'elles sous-entendaient qu'un contact avait déjà était établi au préalable entre les terroristes et les recrues potentielles. Impossible de confier ces lettres aux aurors sans évoquer les précédentes, et se mettre donc en position de suspects. Il était certain pour Harry qu'à la minute où ils diraient la vérité à ses collègues, ils seraient tous arrêtés par mesure de précaution, le temps de faire le clair sur leurs cachotteries frôlant l'illégalité la plus complète.
Et ça, c'était hors de question.
"Pourquoi Drago est le seul à avoir reçu une lettre différente ? s'inquiéta Hermione en brandissant ladite lettre.
- C'est de notoriété publique que je suis un traître et un lâche, rien de nouveau sous le soleil, soupira le blond en relisant les deux mots assassins tracés bien droit sur le parchemin.
- Gossip Bitch aussi t'a traité de lâche ! réalisa Hermione tout à coup, comme si elle avait une révélation. Et si c'était elle, le corbeau ?"
Une série de borborygmes et de grognements à l'origine difficilement traçable lui répondirent.
"Qui est Gossip Bitch ? s'enquit Harry en se massant les tempes.
- Witch, corrigea à nouveau Blaise. Gossip Witch. Une blogueuse. Que Granger ici présente déteste, et accuse de tous les maux. Est-ce que par hasard, tu la soupçonnes aussi d'avoir assassiné Kennedy ?
- Tu connais Kennedy ? s'étonna Harry, à présent complètement perdu.
- Est-ce qu'on peut rester concentrés sur le sujet, s'il vous plaît ? tonna Rogue en plissant les lèvres.
- Une seconde, Severus, le coupa Harry."
Hermione retint sa respiration en attendant les hurlements de Rogue, mais rien ne vint.
"Que vient faire cette witch ou bitch ou quel-est-son-prénom dans cette histoire ? reprit-il."
Hermione s'effondra sur sa chaise et plaqua son front contre la table.
"C'est la fille de Satan, dit laconiquement Hermione. Je lui ai jeté des tampons à la figure et elle a écrit un article abracadabrantesque sur mes supposées pratiques sexuelles déviantes avec Drago."
Harry déglutit et ce fut le seul bruit qui résonna dans le silence du salon. Daphné émit un petit hoquet, avant de grimacer un sourire d'excuses à Hermione, qui avait l'air offensée. Puis Vladimir glapit, et se plaqua une main sur la bouche.
"Oh, le Penisgate, réalisa Dobby.
- Oh allez-y, riez. Je ne vous en tiendrai pas rigueur, grogna Hermione en se redressant suffisamment pour se coller à Drago, qui passa un bras autour de ses épaules.
- Aussi pénible que soit Izzie Skeeter, elle n'a rien à voir avec les meurtres, dit-il simplement. C'est juste une sorte de paparazzi cinglé."
Harry hocha la tête, toujours en état de choc. Puis il se racla la gorge, et remit la discussion sur les rails de la raison.
"Drago, si t'as une lettre personnalisée, c'est probablement à cause de ta prise de position claire à la télé, supposa-t-il. Tu t'es détaché très franchement des terroristes, ils n'ont plus d'espoir de te recruter, et visiblement tes insultes à leur encontre les ont mis en colère. Franchement, si tu n'avais pas déjà un service d'ordre colossal, je le ferais renforcer. Il va falloir que tu sois prudent dans les jours à venir Malefoy, t'as clairement une cible dans le dos. Pareil pour vous tous, si vous avez reçu une nouvelle lettre, c'est que vous êtes dans leur radar."
Tout le monde tressaillit, et Hermione broya les doigts de Drago dans les siens.
"Inutile de paniquer, mais cette lettre donne l'impression que leur compte à rebours est arrivé à son terme, et qu'il va se passer un truc. Cette lettre est destinée à vous mettre la pression. Un dernier avertissement, en somme.
- Pourquoi le ton a changé, tout à coup ? s'étonna Nott avec une moue écœurée. C'est très... prosaïque ?
- Tu peux dire vulgaire, grossier, et puéril, siffla Astoria. Ce terroriste n'est peut-être pas un ancien sympathisant de Voldemort... Ils étaient plutôt conservateurs, et traditionalistes. Je ne les imagine pas en train de s'exprimer comme ça.
- Elle a raison, intervint Flint. Ça sonne pas très intégriste de la pureté du sang, cette lettre. Plutôt petit voyou.
- On est passé du raffinement du latin à des menaces vulgaires, ok, c'est un fait, confirma Harry. Je ne sais pas ce que ça peut signifier, à part que le corbeau perd patience et se fiche de la forme. Ou alors, il brouille les pistes. Franchement, sur ce coup-là, j'aurais bien besoin des analyses de mes collègues. Harmon aurait été précieux avec ses compétences en profilage. On ne peut pas écarter l'idée que le corbeau est un puriste, qui partage les vues de Voldemort, mais qui est moins... raffiné ?
- Qu'est-ce qu'il y a de raffiné à massacrer des centaines d'innocents ? grogna Ron. C'est pas parce que le vieux schnock s'exprimait sans faute de grammaire qu'il était pas une brute mal élevée."
Drago émit un reniflement disgracieux et pointa un index sur Ron.
"Entièrement d'accord avec le rouquin, lâcha-t-il."
Ron cligna des yeux mais aucune réplique cinglante ne vint ; mieux, un des coins de sa bouche se souleva en ébauche de sourire.
"Je dois dire que je suis du même avis, ajouta Rogue. Je pense que la base de son armée était incapable de lire le latin, en réalité.
- Où est-ce que ça nous mène ? soupira Harry.
- Nulle part, conclut Daphné en levant les bras au ciel. On en est toujours au même point : on sait pas qui c'est, on attend qu'il frappe, et on est prudents."
Harry passa un bras autour des épaules de sa femme pour lui communiquer un peu de réconfort, mais ne put pas la contredire, parce que c'était exactement ce qu'ils allaient devoir faire. Attendre, encore une fois, que quelque chose se passe pour leur fournir davantage de pistes.
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Après cette tumultueuse réunion de crise improvisée, chacun reprit sa route séparément, et avec prudence. Car c'était là le maître mot : vigilance constante, comme l'avait rappelé Harry avant de transplanner vers le ministère. Pour lui, faire cavalier seul vis-à-vis de ses collègues et de sa hiérarchie était potentiellement suicidaire, mais il avait l'air d'avoir pris sa décision et d'avoir fait le deuil de sa carrière au ministère. Il s'était positionné, et de façon radicale, à la minute où il avait décidé d'aider Hermione et les autres à enquêter sur les saisies de propriété. Avec enthousiasme. Ce qui ne surprenait pas tant que ça sa complice de toujours. Harry ne respectait l'autorité que quand il la jugeait légitime. Le reste du temps, il n'avait aucun problème à s'y opposer farouchement, et à prendre la tangente. Un rebelle dans l'âme. Et maintenant qu'il n'était plus seul dans son combat, et qu'il avait acquis des alliés solides (même si imprévisibles), le soutien de sa femme... Plus rien ne se trouvait sur sa route vers la justice.
Même Ron semblait avoir soudainement des doutes quant à l'honnêteté du ministère. Qui sait ce que Drago avait jugé utile de partager avec lui pendant leurs longues heures de conversation secrète... Quoi qu'il en soit, il était convaincu lui aussi que l'existence des lettres devait rester dans le domaine de l'inconnu pour les officiels.
"Dobby souhaiterait prendre sa soirée, si c'est possible, demanda l'elfe à Drago lorsqu'ils arrivèrent tous les trois au loft.
- Dobby, pour la centième fois, tu circules à ta guise. Tu n'as pas besoin de mon autorisation, réitéra Drago en jetant sa cape sur un des canapés."
L'elfe claqua sèchement sa langue et Drago fronça les sourcils, perplexe, avant de réaliser ce qui était attendu de lui. Il posa ses yeux gris sur la cape et lâcha un profond soupir, avant de la jeter cette fois-ci en direction du porte-manteau. Bien entendu, son lancer échoua et le tissu s'écrasa au sol aux pieds d'Hermione, qui se trouvait là puisqu'elle-même prenait soin de ne pas froisser ses affaires inutilement en les balançant dans toutes les directions.
"C'était un bel effort, rit Hermione en se penchant pour l'accrocher correctement.
- Granger, tu n'as pas à... commença-t-il, embarrassé."
Elle leva les yeux au ciel et lui fit un clin d'œil avant de s'éloigner vers la cuisine d'un pas décidé.
"Dobby devrait peut-être rester pour vous superviser, si vous souhaitez faire la cuisine... marmonna l'elfe, le front barré d'un pli inquiet.
- Dobby ! s'insurgea la voix d'Hermione au loin. Je suis parfaitement capable de faire cuire des pâtes toute seule.
- Ne la contrarie pas, soupira Drago à voix basse.
- Bien, consentit l'elfe à regret. Les détecteurs de fumée ont été contrôlés avant-hier, ils fonctionnent.
- C'est une information rassurante, merci Dobby."
Drago étouffa un gloussement et retira ses chaussures. Contrairement à Hermione, il ne se sentait pas froissé pour le moins du monde par la méfiance de l'elfe à l'égard de leurs compétences culinaires. Il avait suffisamment d'aptitudes et de talents, c'était donc facile d'admettre que la cuisine ne figurait pas dans cette longue liste d'habilités. Granger, à l'inverse, voulait toujours tout réussir, tout maîtriser, tout comprendre. C'était étonnement agaçant, et attachant.
Le blond fronça le nez en réalisant vers quels dangers le conduisaient ses pensées, et secoua vivement la tête.
"Où vas-tu ce soir, Dobby ? Si ce n'est pas indiscret, bien sûr.
- Dobby et Igor participent à un club de lecture qui se réunit chez Vladimir.
- Oh...!
- Drago ? appela Hermione dans le lointain. Où se trouve le sel ?"
L'intéressé écarquilla brièvement les yeux, et se tourna vers Dobby, qui soupira. Il n'avait aucune idée d'où se trouvait le sel. À vrai dire, il n'était même pas sûr de posséder du sel. Dobby vola à son secours en indiquant dans quel placard il se trouvait, et saisit l'opportunité pour disparaître avant que l'un d'eux n'ait l'idée saugrenue de lui demander où les assiettes étaient rangées.
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Ce fut une soirée somme toute tranquille, et dénuée de drames. Hermione réussit à faire bouillir ses pâtes sans engendrer de catastrophe, et Drago convint qu'elles étaient cuites à la perfection. Bouillie informe ou pas, il aurait de toute façon dit la même chose. Ils engloutirent leurs bols - Hermione n'avait jamais trouvé les assiettes et avait donc abandonné -, et regardèrent un film moldu insipide lovés l'un contre l'autre.
Tout cela aurait pu conduire à une nuit sans évènements si Drago n'avait pas décidé de chercher le conflit en revenant sur une de leurs innombrables disputes. Hermione venait tout juste de se mettre en pyjama, bien décidée à profiter du corps de son leader avant de se laisser gagner par un sommeil bien mérité, mais il brisa tout net ses rêves de plénitude.
"Qu'est-ce que Blaise trafique en secret, depuis hier ? s'enquit-il en abandonnant sa montre sur sa table de chevet."
Le front d'Hermione se plissa, surprise et perplexe, puisque s'il était évident que Zabini louvoyait en territoire mystérieux et complotait dans son coin, elle n'était pas sûre d'en connaître la raison. Elle haussa donc les épaules.
"Qu'est-ce qui te fait penser qu'il prépare un truc ? répondit-elle distraitement.
- Granger, ne fais pas l'innocente, coupa Drago avec un petit rictus amusé.
- Je suis innocente."
Elle l'était probablement. Du moins, autant qu'elle se souvienne. Être un stratège sur tous les fronts tendait à créer la confusion, même pour un esprit brillant comme le sien.
"Pansy, Blaise et toi avez planifié un truc sans m'en avertir. Je le sais. Vous vous croyez certainement très discrets, mais je connais Blaise depuis plus de vingt ans, je sais reconnaître son air sournois. Alors ? insista-t-il en se glissant sous la couette."
Il se tourna vers elle, redressé sur un coude, et l'observa attentivement tandis qu'elle se creusait la tête pour se souvenir à quoi il pouvait bien faire référence.
"Oooh... finit-il par lâcher."
Elle se frappa le front du plat de la main et décida qu'elle pouvait le rejoindre dans le lit en tout sécurité, puisqu'ils n'avaient rien fait qui soit susceptible de déclencher le courroux de Drago.
"Il n'y a rien de secret. Blaise organise une journée pour le groupe, expliqua-t-elle en imitant la position du blond.
- Quel genre de journée ? l'interrogea-t-il en replaçant une mèche qui voletait en travers du visage de la jeune femme.
- Une activité sympa pour remonter le moral des troupes, ressouder tout le monde... On s'est dit que ça ferait du bien de se retrouver pour faire quelque chose de rigolo ensemble. Avec tout ce qui se passe, il y a pas mal de tensions."
Drago plissa les yeux, et sa main glissa à la base du cou d'Hermione sans qu'il ne semble en être conscient. Elle, en revanche, en était bien consciente, et frissonna d'anticipation.
"Hum, fit-il simplement."
Elle se tendit, attendant la suite, mais il choisit de rester silencieux, décrivant distraitement des cercles contre sa peau avec son pouce.
"Drago ? le pressa-t-elle."
À son grand désarroi, Drago se détacha d'elle et bascula sur son dos, contemplant le plafond d'un air pensif.
"Ils me détestent, pas vrai ? demanda-t-il sans que ça ne ressemble vraiment à une question.
- Qui ça ?"
Sa voix haut perchée provoqua un haussement de sourcils du blond, qui soupira. Jouer à l'imbécile n'allait certainement pas l'aider à se détendre, aussi Hermione soupira à son tour et entreprit d'escalader Drago pour s'asseoir à califourchon sur lui. Elle posa ses mains contre son torse et pressa ses doigts le long de ses flancs pour attirer son attention. Ce qui fonctionna.
"Ils ne te détestent pas, Drago, réfuta-t-elle. Ils te respectent, et ils savent que tu dois prendre des décisions difficiles. C'est ces décisions qu'ils détestent, pas toi.
- Tu crois que je perds la main ? grimaça-t-il.
- Non, affirma-t-elle avec conviction. T'as le contrôle. Personne ne te désobéis, ils râlent un peu tout au plus, et c'est parfaitement normal. C'est le jeu."
Drago soupira à nouveau bruyamment, et se passa une main dans les cheveux tout en la regardant avec un air désemparé.
"Karacter est aux abonnés absent, c'est impossible de savoir si la rentrée parlementaire va avoir lieu ou non. On peut pas sortir, nos projets sont en pause, et quelqu'un là-dehors veut notre peau. La mienne en particulier. Il a le gala, la fondation, et cette histoire de Gossip Witch. J'ai pas l'impression d'être en contrôle, Granger."
Elle se mordit la lèvre inférieure, et hésita un instant avant de se pencher pour déposer ses lèvres sur son torse, juste au-dessus de son cœur. Drago tressaillit doucement et enfouit une main dans ses cheveux, avant de consentir à lui offrir un léger sourire.
"Tout va bien aller, Drago, affirma-t-elle en hochant la tête d'un air assuré.
- Tu crois ?
- Je le sais.
- Comment ?
- Tu fais toujours ce qu'il faut. Y a des cahots sur la route, mais à la fin, tout va s'arranger."
Elle le regardait avec une assurance dont elle n'était capable que pour lui, comme si elle croyait ce qu'elle disait, comme si elle avait réellement confiance en lui. Alors il laissa un sourire un peu plus franc le gagner, une douce chaleur se propageant en lui en contemplant Hermione Granger qui le surplombait. Le fait qu'elle ne porte pas de soutien-gorge contribua grandement à le détendre.
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"Bienvenue à tous ! s'exclama Blaise en entrant dans l'open-space avec un sourire défiant les lois de la physique. Je suis ra-vi que vous soyez tous là, parce que ça va être une journée extraordinaire. Vous allez bien ? lança-t-il à la cantonade."
Son enthousiasme forcené était presque effrayant, et l'ensemble du groupe des Non-alignés tressaillit. Ils étaient tous venus, convoqués par Pansy, sans savoir à quelle sauce ils allaient être mangés. De toute façon, ils n'avaient pas eu le choix : ils étaient confinés dans ce penthouse toute la journée. Et une invitation aussi directe de Parkinson ne leur laissait guère le choix. Même Rogue était là, assis au fond, caché derrière son rideau de cheveux noirs.
Drago était appuyé contre un mur, bras croisés contre sa poitrine, impassible. Il ne savait pas de quoi cette journée allait en retourner - en réalité, à part Blaise, personne ne connaissait encore les détails des activités. Ce qui n'était pas spécialement de bon augure.
"On va bien s'amuser ! reprit Blaise en battant des mains.
- Seigneur... marmonna Pansy dans sa barbe, à droite d'Hermione.
- S'amuser ? répéta Hestia, dubitative.
- Est-ce qu'il veut organiser une bataille de tampon ? ricana une voix clairement masculine à l'arrière de la pièce."
Hermione, rouge de honte et de colère, commença à pivoter pour fusiller du regard le responsable, mais Pansy attrapa son bras et secoua sèchement la tête.
"Ne leur donne pas cette satisfaction, siffla-t-elle. C'est des enfants."
Blaise fit taire les gloussements étouffés à l'arrière en se raclant bruyamment la gorge, et d'un coup de baguette, il déroula un parchemin géant, clairement plus haut que lui. Un sursaut collectif résonna, et Hermione sentit Drago lever les yeux au ciel sans avoir à se retourner.
En lettres d'or, Blaise avait inscrit les mots "Team building" en gros, et c'était à peu près tout ce qui figurait sur les mètres carrés de papier.
"Mesdames et messieurs les députés, bienvenue à cette journée spéciale de team building. Après aujourd'hui, vous ne serez plus les mêmes. Nous allons grandir tous ensemble, et passer d'excellents moments de cohésion. Parce qu'avec ce que nous traversons ces temps-ci, en tant que groupe, en tant que députés, en tant qu'amis, nous avons besoin de nous réunir et de nous rappeler pourquoi nous sommes ensembles, et ce qui nous unit."
Hermione se tendit en réalisant que l'excitation palpable de Blaise ne semblait pas être communiquée au reste des troupes. Ils étaient passifs, voire ostensiblement irrités. Quelques regards curieux furent échangés, mais c'était à peu près tout. C'était son idée. Si ça foirait, non seulement elle aurait eu tort - ce qui était déjà désastreux -, mais en plus elle aurait fait perdre du temps à tout le monde, en creusant d'autant plus le fossé entre les députés et leur leader. Car l'objectif de la manœuvre était de redorer l'image de Drago, pas de la ternir en forçant tout le monde dans une activité à laquelle ils ne voulaient pas participer.
"C'est juste une journée comme les autres, mais en mieux, reprit Blaise avec autant d'entrain. Vous allez vous faire chouchouter. Vous allez rire. Vous allez vous dépenser. Et on en a tous besoin ! Vous avez mérité ce cadeau. Il y aura des massages..."
Des cris de surprise se firent entendre, et Patil échangea un regard ravi avec Cho.
"... de l'alcool..."
Flint asséna une claque dans le dos à ses deux voisins, Cormac et Dubois.
"... des jeux..."
Rogue glapit, horrifié.
"... et on va faire ça tous ensemble, en mettant de côté tous les problèmes au-dehors."
L'auditoire était acquis, cette fois. Hermione leva discrètement le pouce en direction de Blaise, qui balayait la pièce avec un air satisfait.
"Tout ceci est à l'initiative de notre très grand leader à tous, qui a remarqué que vous couviez une petite dépression. Or, il a besoin de vous en forme pour affronter la rentrée parlementaire et toutes les batailles qui s'annoncent dans l'hémicycle.
- Merci, Drago, grogna Rogue en lui jetant un regard sombre. Quelle douce initiative !
- Qui veut du café ? beugla Pansy en faisant léviter des plateaux chargés de tasses fumantes."
Dans un brouhaha joyeux, tout le monde s'empressa de se saisir d'une tasse.
"Nous allons commencer par faire une petite activité ludique, s'écria Blaise pour couvrir le bruit des conversations.
- Qu'est-ce que c'est, Zabini ? se renseigna Astoria, inquiète.
- Oh, je sais que vous mourrez d'impatience ! gloussa Blaise."
Hermione s'écarta discrètement, profitant du fait que l'ensemble de son groupe était occupé à harceler Blaise de questions et à faire des supputations foireuses. Elle glissa jusqu'à Drago, qui continuait à observer ce bazar d'un air détaché. Elle s'appuya à ses côtés contre le mur, et lui donna un petit coup d'épaule.
"Est-ce que je dois m'inquiéter ? marmonna-t-il en plissant les yeux en direction de Zabini.
- Probablement, rit Hermione.
- Faites place ! Laissez-moi passer ! hurla une voix de stentor au milieu de la mêlée.
- Par Salazar !" s'exclama Rogue, qui faillit s'étouffer avec son thermos de tisane.
Hermione se hissa sur la pointe des pieds en prenant appui sur Drago pour essayer d'apercevoir le nouveau venu. Le groupe se fendit en deux, et au milieu surgit Abelforth, barbe blanche au vent, appuyé sur une canne.
"J'y crois pas ! s'étrangla Hermione.
- Abelforth !" le salua Drago en se redressant.
Il tendit une main vers le vieil homme, qui la serra vigoureusement.
"C'est gentil à vous de vous joindre enfin à nous, ajouta Drago en arquant un sourcil.
- Cette convocation me semblait fort urgente, et je me devais de venir vous prêter main forte, expliqua-t-il.
- Bienvenue, Abelforth, ajouta Hermione en lui serrant la main à son tour.
- Salut, camarade, ricana-t-il en la serrant rapidement dans ses bras. Vieille branche, lança-t-il avec un hochement de tête en direction de Rogue, qui leva les yeux au ciel.
- Est-ce que tout le monde est prêt ? hurla Blaise, juché sur un bureau.
- Prêt au combat", répliqua Abelforth en levant le poing.
Un léger silence s'ensuivit, et Hermione décida de mettre les choses au clair une bonne fois pour toute.
"On ne va pas se battre, Abelforth.
- Pas aujourd'hui, en tout cas, nuança Drago, qui ne voulait pas faire fuir leur député le plus récalcitrant.
- Oh. Pourquoi suis-je ici ?
- Pour te faire masser, apparemment", siffla Rogue.
Abelforth, interdit, se tourna de nouveau vers son leader, et Drago soutint son regard sans broncher. Après une longue minute de duel, sans qu'aucun clignement d'œil ne vienne perturber l'échange, Abelforth haussa les épaules, résigné, et fit face à Zabini. Toujours juché sur un bureau, il tentait d'attirer l'attention du groupe turbulent.
"Nous allons commencer par faire un petit match de foot !" lança Blaise.
Hermione retint au dernier moment un hoquet horrifié, et capta du coin de l'œil Pansy qui se plaquait une main sur la bouche. Du football. Dans le penthouse. Avec un ballon. Dans quelle dimension vivait Zabini pour estimer que c'était une bonne idée ?
"Génial ! beugla Flint, extatique.
- On peut utiliser des balais ?" suggéra Dubois en se frottant les mains.
Pansy s'éloigna au pas de course en direction de ses plantes carnivores, bien décidée à les mettre en sécurité, bien à l'écart de la tragédie qui s'annonçait.
"Granger, est-ce que tu penses toujours que c'était une bonne idée de mettre Blaise en charge ?" marmonna la voix traînante de Drago sur sa nuque.
Elle se tendit, distraite par son souffle chaud et leur soudaine proximité. Le rouge lui monta au joue lorsqu'elle sentit sa main au creux de ses reins, et ses genoux flageolèrent d'une façon parfaitement stupide quand il poussa sa chance, et frôla son oreille de la pointe de son nez.
"Drago..." chuchota-t-elle d'une voix tremblante, sans trop savoir ce qu'elle attendait de lui.
Il ricana sous cape, et recula d'un pas, sans pour autant retirer sa main de son dos.
"J'ai hâte de te voir courir au milieu de ce carnage, ajouta-t-il.
- CE N'EST PAS TOUT ! renchérit Blaise.
- Oh non, grogna Hermione, ce qui ne fit qu'accentuer l'hilarité de Drago et l'agacement de Rogue.
- On ne va pas jouer simplement au foot. On va le faire dans ces boules gonflables géantes !" indiqua Blaise en ouvrant une porte adjacente d'un coup de baguette.
Une flopée de boules en plastique transparentes roula dans l'open-space, et Flint fut le premier à en enfiler une. Seules ses jambes dépassaient, et il sautilla sur place, projetant Hestia au sol. Il avait une drôle d'allure, mais semblait parfaitement ravi, et son enthousiasme se communiqua au reste du groupe - même Hestia ne semblait pas perturbée par sa chute. Cormac l'aida à se rétablir sur ses jambes, mais elle se précipita pour rentrer à son tour dans une boule. En quelques minutes, tous les Non-alignés étaient engoncés dans un attirail grotesque, même Rogue. Hermione croisa le regard de Drago, et ce fut le signal de départ d'un fou rire dont ils ne se débarrassèrent pas pendant l'heure qui suivit.
Blaise avait installé une aire sécurisée sur le toit, protégée par un champ magique qui prévenait tout vol plané, ou intrusion de la presse. Ils étaient dans une petite bulle anonyme, coupés du monde, et pour une fois c'était un soulagement.
Rogue et Abelforth étaient gardiens de but, ce qui signifiait pour l'un de prendre un air profondément ennuyé et de s'appuyer contre un poteau en attendant la mort, et pour l'autre de vociférer sur son équipe en s'étouffant dans sa barbe. Flint et Dubois étaient deux dangers publics, si bien qu'après avoir projeté au loin plusieurs de leurs collègues, ils avaient étaient expulsés du terrain par Drago. A présent, ils jouaient l'un contre l'autre dans un coin, c'est-à-dire qu'ils courraient l'un vers l'autre à pleine vitesse avant de se percuter violemment. Puis ils recommençaient l'opération. Encore et encore. Fortarôme essayait d'établir des stratégies pour faire gagner son équipe, mais à part Cho Chang, personne ne l'écoutait. Pansy passait son temps à donner des coups de pieds dans les tibias de ses collègues, prête à tout pour leur voler le ballon. Hestia et Romilda se tenaient à l'écart, "en défense" d'après elles, ce qui signifiait qu'elles restaient plantées au fond du terrain pour discuter, effectuant vaguement quelques mouvements du pied quand quelqu'un passait à côté d'elles en courant.
Dans l'ensemble, personne ne semblait vraiment jouer au foot. C'était plutôt une sorte de capharnaüm, dans lequel quelques députés se servaient du prétexte du ballon pour jouer aux auto-tamponneuses. Drago en particulier. C'était de loin le plus vicieux d'entre tous. Il bondissait brusquement et percutait quelqu'un de plein fouet, mèche au vent, profitant du fait que sa position de chef ne permettait à personne de lui rendre la pareille. Jusqu'à ce qu'Hermione en ait assez, et décide de prendre les choses en main en lui sautant dessus par derrière. Enroulée autour de lui, elle ne lâcha pas sa prise même quand il commença à chanceler, et ils s'écrasèrent au sol dans un mélange de bras et de jambes confus. Le bruit du choc résonna longtemps, mais moins que celui de leurs rires.
"On aurait peut-être dû désigner un arbitre, réalisa Blaise en se massant la jambe après une énième rencontre avec Parkinson.
- Je suis volontaire", décida Hermione, qui avait fait assez de sport pour la décennie à venir.
Que pensez-vous de ce petit corbeau ? J'ai hâte de lire vos hypothèses !
Bon, sur le front d'Hermione et Drago, ils se disputent toujours autant. Mais ils se réconcilient plus vite, non ?
La suite de cette journée de team building dans le prochaine chapitre :)
