Chapter 44 - Inconnu au bataillon
Drago Malefoy était un être sournois qui ne reculait devant aucune bassesse pour parvenir à ses fins. C'était un fait.
Mais ça, Hermione ne l'avait pas vu venir. Bien sûr qu'il avait été étrangement doux et prévenant la veille, éveillant ses soupçons. Il était tout de même allé jusqu'à être amical envers Ron Weasley, ce qui était déroutant. De là à imaginer que c'était parce qu'il planifiait de renverser le premier auror du Royaume-Uni... Parce que ça ne faisait aucun doute pour Hermione : c'est précisément ce qu'il avait fait. En douce.
Elle fulminait, tapant du pied en attendant qu'il daigne raccrocher son téléphone et reconnaître sa présence dans son bureau.
En prévision des hurlements qu'elle planifiait de pousser, elle avait jeté un sort d'insonorisation. Toujours prête, telle était sa devise.
Comme c'était pratique de prétendre mener une conversation de la plus haute importance pile à ce moment-là ! Elle lui jeta un regard noir, bras croisés contre sa poitrine, et continua à taper du pied à un rythme frénétique.
"Malefoy...", siffla-t-elle entre ses dents.
Il eu le culot de plaquer un index contre sa bouche pour lui faire signe de se taire ! Cela ne fit que renforcer sa fureur.
"Malefoy !" insista-t-elle un peu plus fort.
Il fit pivoter sa chaise pour lui tourner le dos, hochant gravement la tête à ce qu'il entendait dans son téléphone.
Était-il seulement allumé ? Rien n'était moins sûr. Hermione contourna son bureau au pas de charge et se planta devant lui, les poings sur les hanches.
"C'est qui ? demanda-t-elle avec autorité.
- Bien sûr mère, je..." tenta Drago en désespoir de cause.
Hermione lui arracha le téléphone des mains sans lui laisser le temps de finir sa phrase.
"Eh ! protesta Drago. J'étais en train de parler avec ma mère ! Rends-moi ça !
- Tu parlais tout seul, et tu le sais très bien, triompha Hermione en brandissant l'écran noir du smartphone devant ses yeux. Comme si Narcissa Malefoy avait un téléphone moldu ! En plus, tu ne réponds même pas à ses lettres !"
Drago soupira, vaincu.
"J'admets ma défaite, Granger, gémit-il.
- Ta lâcheté est sans limites, remarqua-t-elle en levant les bras au ciel, exaspérée. Qu'est-ce que tu croyais ? Que j'allais abandonner le sujet si facilement, me lasser, et retourner dans mon bureau ?
- Je gagnais du temps, reconnut-il avec un sourire goguenard.
- Pour quoi faire ? Détruire la carrière de quelqu'un d'autre avec tout ce temps économisé ? Bon sang Drago, qu'est-ce qui t'as pris ? Pourquoi tu as fait ça ? Il t'a fait quoi, cet auror ?"
Face au flot de questions, Drago se contenta de la regarder, parfaitement calme et composé. Il savait que le moment de la confrontation l'attendait au tournant, mais ça n'en restait pas moins désagréable. Hermione le toisait, et n'avait pas l'intention de battre en retraite. Ça tombait bien : lui non plus.
En plus, elle avait l'air nettement moins furieuse qu'anticipé. Ça ressemblait plus... à de la curiosité ? Drago décida de conserver cette information en mémoire pour plus tard.
"Il va démissionner, et Potter est son successeur tout désigné", expliqua-t-il simplement.
Hermione fronça les sourcils, mais resta silencieuse.
"Potter a besoin de plus de pouvoir pour pouvoir enquêter sans entrave, reprit-il.
- Tu viens de saboter la réputation d'un homme pour offrir une promotion à Harry Potter", résuma Hermione, abasourdie.
Drago haussa les épaules.
"C'était nécessaire.
- Admettons, mais qu'est-ce qui te dit que ça va fonctionner ? Ils pourraient nommer quelqu'un d'autre à sa place, objecta-t-elle.
- AH ! triompha Drago. Tu admets que mon plan est raisonnable.
- Raisonnable ? Ce n'est pas le mot que j'aurais employé, rectifia Hermione en se laissant tomber sur un fauteuil. Tes méthodes sont discutables. Pas éthiques. Déloyales, même.
- Ce type est nul, corrompu, et moralement contestable. Je n'ai aucun remords, asséna Drago. Il fallait faire le ménage."
Hermione contempla la pointe de ses escarpins en silence, juste le temps d'assimiler ces nouvelles informations. Elle s'attendait à ce que Drago multiplie les coups bas et illégaux, elle savait qu'elle devait le surveiller de près pour contenir ses emportements vicieux, mais cette fois elle ne se sentait pas aussi furieuse et outrée que d'ordinaire. Est-ce qu'elle était en train de s'habituer à sa manière de procéder ? Est-ce qu'elle cautionnait ses activités sournoises ? Visiblement, sa boussole morale était déréglée.
En plus, elle trouvait que sa décision faisait sens. Un comble !
Drago la scrutait, attendant patiemment qu'elle se lève pour l'étrangler, mais rien ne vint.
"Qu'est-ce que tu as promis à Gossip Bitch pour qu'elle poste ça ? s'inquiéta-t-elle brusquement.
- Rien du tout. Elle était ravie d'avoir un tel scoop. Anonyme, précisa-t-il, hautement satisfait de ses manœuvres.
- Et à la tenancière de ce bordel ? Qu'est-ce qu'elle veut, en échange de cette information croustillante ? J'imagine qu'elle ne s'est pas confiée à toi par bonté d'âme."
Drago grimaça légèrement, et elle se tendit dans son fauteuil.
"Madame Lucie ne tient pas un bordel, répliqua-t-il sans grande conviction. C'est une femme d'affaires avec des relations haut-placées.
- Tu as l'air de bien connaître cette Madame Lucie."
Elle eut beau tenter de masquer son dédain, ce fut un échec.
"Crois-moi, il vaut mieux être dans ses bonnes grâces. Elle sait tout, et elle a entre les mains des informations explosives.
- Sur toi ?"
Drago esquissa un sourire, et secoua lentement la tête.
"Aucun de nous n'est assez stupide pour s'exposer à ce genre de rumeurs. Ce n'est pas compatible avec une carrière médiatique. Et ce Blackhood aurait dû savoir ça. On ne va pas dans les backroom de Madame Lucie si on veut maintenir une réputation impeccable.
- Et alors, s'il aime les jeux de rôle et les prostituées ? grinça Hermione. C'est son droit. Toi aussi tu allais dans cet... établissement.
- La différence, c'est que moi je me contentais d'y boire des verres. Et puis peu importe ce qu'on pense de ses activités nocturnes. Ce qui compte, c'est ce que le public va en penser, et donc le ministère.
- Ils sont obligés de le démettre de ses fonctions, soupira Hermione. Sa probité morale est remise en question.
- Exactement. Place à Potter !" triompha Drago.
Puis il réalisa ce qu'il venait de dire, et se renfrogna un peu. Aider Potter à gravir les échelons pour servir les intérêts des Non-alignés était une chose, célébrer sa victoire en était une autre.
"Et donc, cette Madame Lucie, qu'est-ce qu'elle veut en échange de son aide ?
- Tu ne peux pas prononcer son nom sans avoir l'air de vomir quelque chose ? rit Drago.
- Non, je ne peux pas, cingla Hermione. Alors ?
- Elle veut... et bien, être invitée au gala des Non-alignés, avoua-t-il à toute vitesse.
- QUOI ?" rugit Hermione.
Cette Madame Lucie avait un culot monstrueux.
"Et tu as refusé, décréta-t-elle en sachant pertinemment qu'il avait fait l'inverse.
- Elle ne fera pas de vagues. Elle veut juste être vue à un évènement légitime.
- Être vue en compagnie d'un leader politique, rectifia-t-elle, irritée. On ne peut pas la laisser apparaître à tes côtés en public Drago, elle tient un bordel ! Personne ne doit savoir que vous vous connaissez !
- Je sais, grimaça-t-il. Elle ne s'approchera pas de moi. Elle a promis de venir accompagnée d'un banquier d'affaires suisse, ce qui noiera le poisson. Personne n'a besoin de savoir lequel des deux a été invité, et à quel titre.
- Je vois que tu as pensé à tout, grogna Hermione.
- Ce n'est pas idéal, j'en conviens", soupira-t-il en se levant.
Il contourna son fauteuil pour se placer dans son dos, et entreprit de lui masser les épaules et la nuque. Elle ferma les yeux, et le laissa essayer de se rattraper. Il allait devoir la malaxer pendant des heures avant qu'elle ne soit prête à mettre derrière eux cette énième incartade légale.
"Zabini est au courant du cauchemar médiatique que tu as préparé ? demanda-t-elle après un moment.
- Pas encore.
- Et Harry ? Il sait ce que tu magouilles ?
- Non, et j'aimerais bien que ça reste comme ça. Saint Potter n'apprécierait pas de profiter d'une promotion que j'ai orchestrée dans l'ombre.
- Je ne vais pas mentir s'il me pose la question !
- Je sais."
Drago se pencha pour embrasser son épaule et elle tressaillit légèrement.
"Je suis énervée contre toi, l'avertit-elle, en contradiction totale avec les réactions de son propre corps.
- Oh je sais, rit-il dans son dos. Mais j'ai pris le risque, et je suis convaincu d'avoir eu raison. On a besoin de quelqu'un de haut placé au ministère pour accéder à des informations, qui plus est dans le service des aurors, et je n'ai pas vu d'autres solutions. En plus, Potter est objectivement le meilleur des choix. Il est complètement incorruptible et juste.
- Tout le groupe est sur le sentier de la guerre maintenant... Tu te rends compte que t'es le leader d'un putsch en puissance ? On pourrait tous finir en prison, si le ministère a vent de tes petits projets. De l'extérieur, on œuvre dans l'ombre pour renverser le Ministère.
- On sera discrets. Et quand bien même ils apprendraient quelque chose, on ne fait rien d'illégal.
- Oh vraiment ? s'étrangla Hermione.
- Rien qu'ils ne puissent prouver, se corrigea-t-il.
- Drago, c'est quoi ton plan exactement ?" demanda-t-elle calmement en pivotant vers lui.
Sa question était lourde de sens, et ils tournaient autour de cette discussion depuis les premières secondes de leur collaboration. Leurs regards se croisèrent et il ne chercha pas à se dérober. Pour une fois, il avait l'air enclin à dire la vérité.
"Je ne sais pas, marmonna-t-il. On devra s'adapter au jour le jour, selon ce qu'on arrive à déterrer. Pour le moment, je veux qu'on nous voie comme des figures d'opposition crédibles et que les gens questionnent l'action du ministère.
- Et si on perd le contrôle ? Si les gens réclament un changement de gouvernance ? S'ils descendent dans les rues, s'il y a des émeutes ? Tout ça, ça va déstabiliser le monde politique. Mais c'est ce que tu voulais depuis le début, pas vrai ?"
Il esquissa un de ses sourires en coin et se pencha pour l'embrasser doucement. Hermione soupira contre sa bouche et ouvrit les lèvres pour approfondir leur baiser. Il ricana, content de lui, et enroula une main autour de sa nuque pour la regarder avec intensité.
"Je ne peux pas le nier. Mais tout ce qu'on fait, c'est pour le bien commun. Sinon tu aurais claqué la porte depuis longtemps."
Elle devait en convenir, il marquait un point.
"Tu ne fais rien par altruisme, pouffa-t-elle néanmoins.
- Très juste.
- Tu ne veux pas devenir roi, ou quelque chose comme ça, pas vrai ?"
Ça paraissait farfelu et extravagant, mais avec lui, on n'était à l'abri de rien.
"Roi ! s'étouffa-t-il. Non merci. C'est beaucoup trop frontal, et surtout très solitaire. Les sorciers ne sont pas prêts à être gouvernés par un pouvoir si centralisé. Une personne seule à la tête de l'État se ferait massacrer.
- Tu as l'air d'avoir bien réfléchi à la question."
Il pointa un doigt en direction de ses étagères.
"J'ai beaucoup lu. C'est trop risqué de placer une personnalité seule et identifiable à la tête d'un gouvernement. Ça attise l'animosité, et un individu isolé constitue une cible trop facile quand les gens sont mécontents, expliqua-t-il. Non, le mieux, c'est un pouvoir diffus.
- Tu veux dire démocratique ? tenta Hermione en se mordant l'intérieur de la joue pour ne pas rire de ses théories fumeuses.
- Si tu veux, convint Drago en haussant les épaules.
- Partagé ? réessaya-t-elle. Oh, je sais, une séparation des pouvoirs !
- Au moins aux yeux des gens", répondit-il.
Elle aurait bien continué à l'interroger, hélas elle savait déjà où il voulait en venir. Il voulait être une sorte de roi non-officiel, qui tire les ficelles dans l'ombre d'un régime à l'apparence démocratique. D'ailleurs, elle ne voyait pas tellement de différence entre ses ambitions autoritaires et leur ministère actuel. Sa mission dans l'équation était très simple ; contrôler soigneusement les décisions qu'il prendrait une fois effectivement au pouvoir. Il pensait certainement que personne ne le voyait venir, mais elle lisait clair dans son jeu, et elle était certaine de ne pas être la seule. Théo, Blaise et Pansy ne se faisaient aucune illusion sur ses penchants tyranniques.
Personne, en réalité. Tout le monde était sur ses gardes. La presse et ses opposants, les citoyens, et à peu près tous ceux qui l'avaient côtoyé à un moment où à un autre savaient que Drago Malefoy avait soif de pouvoir.
Est-ce que ça l'empêcherait de parvenir à ses fins ? Non, c'était une certitude.
"À quoi tu penses ? grogna Drago en signant un parchemin sans lever les yeux vers elle.
- Je repense à cet article le soir de ton élection. Celui qui titrait Un mangemort au parlement, avec les confidences de Dean Thomas.
- Celui qui t'a décidée à venir me féliciter en personne à mon QG ? poursuivit-il avec un rictus satisfait.
- Exactement.
- Et donc ?
- Il y avait un passage sur la façon dont tu cherchais à prendre le pouvoir en douceur, pas par la force. Que c'était une sorte de putsch masqué, dit-elle avec prudence.
- Mmh, répondit-il, faussement distrait.
- C'était ton idée, cet article", déclara-t-elle.
Ce n'était même pas une accusation : juste un fait. Une certitude. Elle commençait à bien connaître ses méthodes, et sa façon d'utiliser les médias à son avantage. D'ailleurs, il ne sembla pas s'en formaliser. Il leva enfin la tête, les yeux brillants.
"Pourquoi j'aurais fait une chose pareille ? Cet article ne me présentait pas vraiment sous mon meilleur jour.
- Justement. Il t'a positionné en victime d'une injustice. En candidat contre le système. Et il instille l'idée que tu pourrais, un jour, prendre vraiment le pouvoir.
- Brillant, non ? se félicita Drago, avant de se reprendre. J'aurais aimé avoir cette idée."
Hermione pouffa, incapable de se retenir plus longtemps.
"Tu peux le reconnaître, maintenant ! rit-elle. Et puis, ça a fonctionné. Avec moi, du moins.
- Je dois reconnaître que c'était plus que ce que j'espérais", gloussa-t-il en repoussant ses papiers.
Il bascula en arrière dans son fauteuil, les mains croisées derrière la tête, et l'observa avec attention.
"Tu t'en fous, de mes arrangements avec la vérité ?"
Elle secoua la tête.
"Non. Mais je veux que tu saches que je ne suis pas dupe. Je vois ce que tu fais.
- Et tu me laisses faire ?
- Pour le moment.
- Parce que ça sert tes intérêts ?
- Peut-être. Je vois surtout que pour l'instant, tu sers l'intérêt commun. L'intérêt du groupe, l'intérêt de toute la communauté sorcière. Tant que c'est le cas... Et que tu te laisses pas emporter dans tes magouilles douteuses...
- Granger, toi et moi, on va être un duo indétrônable.
- Ne parle pas de trône, le rabroua-t-elle en pointant un index vers lui. Contrairement à toi, je suis très attachée à la démocratie.
- Bullshit, s'étouffa-t-il.
- Quoi ?" elle s'étrangla.
Alors là, c'était le pompon.
"La démocratie a été pensée pour de riches citoyens grecs éduqués. Pas pour des masses de gens incultes et incapables d'articuler un raisonnement. Toutes les voix ne sont pas équivalentes, et tu le sais très bien.
- Explique-toi vite parce que j'ai envie de te gifler, là, l'avertit Hermione, toute rouge.
- Ton avis sur un sujet a plus de valeur que celui d'une personne croisée au hasard dans la rue, non ?"
Elle fronça les sourcils. Elle pouvait répondre "oui" en son fort intérieur, parce qu'elle avait le droit d'être prétentieuse en secret, mais de là à reconnaître à voix haute qu'elle se sentait supérieure : impossible.
Il sourit en la voyant hésiter, et reprit sa démonstration sans se départir de son petit air amusé.
"Tu te renseignes, tu réfléchis, tu sais des choses. Ça a toujours été le cas. Ton opinion est importante parce qu'elle est éclairée. Donc, ta voix compte plus que celle des autres. T'es la première à t'énerver quand quelqu'un dit quelque chose de stupide, ou qu'un collègue est mal préparé. En quoi ça devrait être différent quand il s'agit de diriger un pays, ou de voter ? La boulangère ou l'homme de ménage de Gringotts ne savent pas ce que tu sais. Leur voix ne devrait pas peser autant que la tienne dans la balance, tu le sais, je le sais, tout le monde le sait. C'est juste pas correct de le dire à voix haute.
- C'est... bafouilla-t-elle, proprement choquée. C'est condescendant. Élitiste. Méprisant. Qu'est-ce qui te dit que la boulangère n'épluche pas les pages économiques de La Gazette ? Que l'homme de ménage n'est pas diplômé d'une grande école ? Tu ne peux pas juger que telle ou telle personne est digne de s'exprimer ou non. Sur quels critères ?"
Sa diatribe fut interrompue par Zabini, qui s'impatientait derrière la porte et semblait extrêmement pressé de comprendre ce qu'il s'était passé avec le chef des aurors. Ce qui confirmait ce qu'Hermione pensait : personne n'était dupe, et tous ceux qui connaissaient un tant soit peu Drago avaient connecté les indices sans grande difficulté. C'était signé.
Elle soupira pesamment, et fixa le blond droit dans les yeux.
"Cette discussion n'est pas terminée, le menaça-t-elle.
- Le contraire m'aurait étonné, pouffa-t-il avant d'ouvrir la porte pour Zabini.
- Quelqu'un veut bien m'expliquer le projet ? demanda-t-il aussitôt en brandissant sa tablette.
- J'ai des trucs à faire", décréta-t-elle en les laissant discuter tous les deux.
C'était officiel, il l'avait énervée. Pas seulement en surface. Il l'avait énervée, à l'intérieur.
Elle sentait sa colère irradier par tous ses pores et devait immédiatement s'éloigner de Drago, sans quoi elle allait soit lui mettre un coup de poing dans les dents soit lui arracher ses vêtements. Elle n'avait pas encore décidé.
Est-ce que c'était hypocrite de sa part ? Certainement. Mais elle ne pouvait pas le laisser affirmer que l'idée même de la démocratie, de l'égalité entre tous les sorciers, était ridicule. C'était tout ce pourquoi elle se battait depuis son élection. En plus, c'était exactement l'inverse de ce qu'il avait affirmé dans son discours à la télé ! Quel petit menteur ! Elle fonça tête baissée vers la sortie, ne prêtant attention à personne, sans savoir où elle allait.
Il méprisait la population. Il se sentait au-dessus des autres, comme quand il été plus jeune, rien n'avait changé.
Elle enfonça le bouton de l'ascenseur en rafale, pressée de pouvoir s'échapper - du penthouse, et de sa propre tête.
Dire qu'il avait le culot de l'accuser, elle, d'être élitiste ! Bien sûr qu'elle avait tendance à faire la leçon aux autres, mais elle n'allait quand même pas s'excuser d'être plus intelligente qu'eux, et prétendre être stupide pour qu'ils se sentent plus à l'aise ?!
Elle se figea à la seconde où ces pensées traversèrent son cerveau.
"Seigneur, siffla-t-elle entre ses dents.
- Oui ?" ricana la voix de Rogue.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et il apparut, planté dans la cabine.
"Professeur," le salua-t-elle sèchement.
Il ne manquait plus que lui ! Elle s'engouffra dans la cabine, s'attendant à ce qu'il en sorte pour continuer sa route, mais il n'en fit rien, ce qui ne fit que renforcer son irritation.
"Vous ne sortez pas ? demanda-t-elle avec le plus de politesse dont elle était capable.
- C'est vous que je venais voir", dit-il.
Elle n'avait jamais été si revêche avec lui, et étonnamment, il semblait être plus poli que d'habitude. En d'autres circonstances, elle aurait saisi l'occasion pour entrer dans ses bonnes grâces. Mais aujourd'hui, elle s'en fichait comme d'une guigne.
"Qu'est-ce que vous voulez ? grogna-t-elle.
- Parler de Drago.
- Non", cracha-t-elle.
Les portes se refermèrent sur eux et ils entamèrent leur descente en silence.
"Lucius et Narcissa préparent quelque chose, reprit-il comme si de rien n'était.
- Quoi ?"
Elle se racla la gorge, et se passa une main dans les cheveux.
"Je ne vois pas en quoi ça me concerne. Parlez-en à Drago, ce sont ses parents !
- Il n'est pas en état de s'occuper d'eux maintenant. Ce garçon a assez payé pour leurs... erreurs. J'aimerais qu'on règle ça, vous et moi."
Cette fois, Hermione était trop interloquée pour refuser platement. Elle pivota pour dévisager Rogue, qui la contemplait avec... inquiétude ?
"Pourquoi moi ? s'enquit-elle.
- Parce que, siffla Rogue en levant les yeux au ciel. Où pouvons-nous parler sans être dérangés ?"
Hermione se mordit la lèvre. Elle n'avait aucun endroit où aller, puisqu'elle était une sdf. Elle ne pouvait pas rentrer chez Drago, puisque Dobby s'y trouvait et qu'il était incapable de cacher quoi que ce soit à Lord Malefoy. Elle ne pouvait pas non plus aller chez Harry, qui avait assez de soucis comme ça. Un lieu public semblait risqué.
"Je... marmonna-t-elle.
- Allons chez moi", décréta Rogue en lui empoignant le bras sans plus de cérémonie.
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La maison de Rogue n'avait rien à voir avec tout ce qu'elle avait pu imaginer. Elle était entourée d'une barrière blanche élégante, des fleurs parsemaient un jardin qui semblait entretenu avec soin, et il possédait des volets couleur lavande. Sa porte d'entrée était décorée d'une couronne de houx. Il avait même un paillasson ! Lorsqu'il la fit entrer, elle fut étonnée de constater que l'intérieur semblait tout droit sorti d'une émission de déco.
"Fermez la bouche, Miss Granger, claqua Rogue en lui jetant au visage une paire de chaussons. Mettez ça, vous allez rayer mon parquet."
Elle baissa les yeux vers le sol rutilant, et obtempéra en silence. C'était la quatrième dimension. Elle enfila ses chaussons sans discuter, et rejoignit Rogue dans un petit salon.
"Asseyez-vous", aboya-t-il en lui servant bruyamment une tasse de thé.
Elle obéit à nouveau, les mains posées bien à plat sur ses genoux.
"Qu'est-ce que vous avez, aujourd'hui ? reprit Rogue, qui avait retrouvé son attitude désastreuse. Personne ne me parle comme ça, miss Granger.
- Oh, pas la peine de monter sur vos grands chevaux ! répliqua-t-elle vertement. J'ai accepté de vous aider, maintenant parlez ! Je n'ai pas toute la journée !"
Elle tenta de maintenir une façade stoïque, alors qu'elle avait un peu envie de mourir à l'intérieur. Elle ferma brièvement les yeux en attendant l'explosion.
"Eh bien... D'accord, dit Rogue.
- Oh."
Il se leva et elle le regarda fouiller dans un tiroir de son secrétaire.
"Ils m'ont écrit trois lettres la semaine dernière. Dans la première, ils semblaient inquiets pour Drago. Dans la deuxième, ils ont tenté de faire naître en moi de la pitié parce qu'il ne répondait pas à leurs missives. Inutile de préciser que ça ne m'a fait ni chaud ni froid. Et dans la dernière... ce sont des menaces."
Hermione attrapa les lettres qu'il lui tendait, et plissa le nez avant même de les déplier. Ça semblait être une très mauvaise idée d'agir ainsi dans le dos de Drago. De la part de ses parents, d'abord : aller geindre auprès de Rogue pour faire culpabiliser Drago, après tout ce qu'ils avaient fait pour lui nuire ? Elle tritura les parchemins sans les ouvrir. Elle ne pouvait pas lire ces lettres et le trahir.
"Qu'est-ce que vous attendez de moi ? demanda-t-elle à la place.
- Que vous régliez ce bazar. C'est ce que vous faites, non ? Intervenir, résoudre."
Il décrivit un vague moulinet du bras, comme si ce n'était pas une affaire qui le concernait.
"Vous voulez que j'empêche les Malefoy de vous écrire ? soupira-t-elle.
- Ils menacent d'empêcher la fondation de voir le jour", lâcha Rogue.
Hermione s'autorisa un petit rire haut-perché.
"Ils ne peuvent pas faire ça, enfin ! Ils n'ont aucun droit sur le manoir, ni sur Drago. Qu'est-ce qu'ils peuvent bien faire depuis la Suisse ?
- Ils sont peut-être enfermés, ça ne les empêche pas de nuire dans une certaine mesure. Ils ont toujours des connections. Lucius était très proche du ministère.
- Il l'est toujours ?
- C'est ce qu'il sous-entend là-dedans, siffla Rogue en pointant un doigt vers les lettres.
- Essayez de découvrir de qui il parle précisément. Si quelqu'un au ministère est encore fidèle à un mangemort condamné par la justice... Nous devons savoir qui. Surveiller nos arrières."
Il hocha la tête, pensif.
"Vous ne parlez que de Lucius. Qu'en est-il de Narcissa, dans tout ça ?
- Lucius dit qu'elle est bouleversée par les activités de Drago, et extrêmement déçue. Mais je n'y prêterais pas attention, il a toujours mis des mots dans sa bouche sans qu'elle ne soit vraiment d'accord.
- Je vois, soupira-t-elle. Drago entrerait dans une rage folle s'il savait que son père manigance pour le torpiller.
- C'est pour ça que je ne lui ai rien dit. Tout ce qu'il sait, c'est que ses parents n'ont rien à voir avec ce groupe terroriste.
- Et... Vous en êtes absolument sûr ?"
Rogue hocha la tête.
"Ces gens sont désorganisés, vulgaires et mal préparés. En plus, ils s'en sont pris à Drago. Lucius ne ferait jamais ça, quelles que soient ses opinions au sujet de son fils. Il reste son fils, et son seul héritier.
- Même s'il ne participe pas... Il pourrait savoir des choses. Vous venez de le dire, il a toujours des connections, objecta-t-elle.
- Miss Granger, si vous pouviez mettre vos talents de fin limier au repos le temps de cette conversation, nous gagnerions du temps. Je vous demande simplement d'apaiser les relations entre Drago et ses parents. Incitez-le à leur répondre, à calmer le jeu. Ça suffira certainement à empêcher Lucius d'essayer de bloquer la fondation.
- Quand bien même il essayerait, c'est inutile. C'est trop tard, le manoir est en possession de Drago, les papiers sont signés, et la fondation est lancée. Tout ce qu'il manque, c'est une annonce officielle, et ce n'est qu'une question de jours. Je ne demanderai pas à Drago de ramper aux pieds de ses odieux parents."
Son ton était définitif, et les épaules de Rogue s'affaissèrent.
"Si j'avais su qu'en devenant le parrain de ce garçon, j'allais risquer ma vie et ma santé mentale pendant des décennies, j'aurais refusé ! rugit-il en arrachant les lettres des mains d'Hermione.
- Vous ne le pensez pas, répondit-elle simplement.
- C'est juste."
Il se leva prestement, et quitta la pièce sans un mot de plus. Hermione resta immobile quelques secondes, se demandant s'il la congédiait, ou s'il comptait revenir dans les prochaines minutes. Elle se résolut à boire son thé, et comme il ne réapparaissait toujours pas, elle se leva et partit.
Rogue n'avait aucun savoir-vivre. Même élémentaire !
.
Comme elle ne savait ni où aller ni que faire de sa peau, Hermione erra une demie-heure dans les rues de Londres puis retourna au penthouse. Il n'y avait aucun intérêt à fuir la confrontation avec Drago plus longtemps : il fallait qu'ils finissent cette conversation. Elle avait appliqué la politique de l'autruche trop longtemps, avait facilité ses manigances trop de fois pour ignorer ce qui avait transpiré de leur discussion. Au fond d'elle, elle avait une idée assez claire de ce qu'il visait, et ça ne l'horrifiait même plus.
Ce qui l'horrifiait, c'était davantage ce qu'elle voulait. Quel rôle elle était prête à jouer à ses côtés.
Tout ça lui semblait bourré de contradictions. D'un côté, elle était convaincue que tous les sorciers avaient une voix et devaient être écoutés de la même façon, et ce quelles que soient leurs origines. De l'autre... eh bien, elle devait admettre que certains étaient plus capables que d'autres.
Comme... Flint, qui était foncièrement idiot, surtout si on le comparait à, disons, Padma.
Dès sa sortie de l'ascenseur, elle tomba dans un tourbillon d'activité. Astoria et Hestia avaient fait venir un couturier pour attribuer des tenues décentes aux députés : une petite troupe armée de rubans et de smokings gesticulait, reprenant certains costumes et en confectionnant d'autres en entier. Tout le monde devait être tiré à quatre épingles pour le gala. Et coordonné. Parkinson tenait à ce que visuellement, les Non-alignés soient assortis telle une armée haute-couture.
"C'est trop serré, geignit Dubois, qui détestait porter autre chose que des sneakers.
- C'est normal que ça gratte autant ? s'inquiétait Cormac en tirant sur son nœud papillon.
- Je ne vois pas ce qui n'allait pas avec mon costume habituel, protestait Fortarôme.
- Ces chaussures sont jolies, mais elles me broient les orteils. Comment je suis censée rester debout des heures là-dedans ? râlait Patil.
- Te plains pas, au moins tu peux te pencher sans que personne ne puisse étudier ta culotte, grogna Chang en tirant sur sa robe.
- Ça a l'air de bien se passer !", pouffa Hermione en s'approchant de Blaise, qui observait les essayages.
Zabini lui lança un regard amusé, et enfouit ses mains dans ses poches.
"Au moins, ils ne se disputent plus.
- C'est grâce à toi, Blaise, souffla Hermione, reconnaissante. T'as assuré, avec ce team building."
Il bomba le torse, et se mit à ricaner.
"Pourquoi tu me flattes ? Tu as besoin de quelque chose ?"
Elle lui asséna une tape sur le torse.
"Je ne suis pas Malefoy. Mes compliments sont gratuits !
- Mais ? insista Blaise.
- Tu vas t'assurer que cette Madame Lucie reste bien loin de nous le soir du gala", chuchota-t-elle en regardant Ron sautiller sur un pied pour enfiler sa chaussure.
Il s'écrasa contre un mur et c'est Flint qui vint l'aider à se relever, avant de lui fracasser le dos d'un coup du plat de la main. Les deux pouffèrent et reprirent les essayages comme si de rien n'était.
"Drago avait pas exagéré, t'as vraiment l'air d'avoir la nausée quand tu prononces son nom, ricana Blaise."
Elle lui jeta un regard noir, et il leva les deux mains en l'air en signe de reddition.
"Tout est sous contrôle. Il n'y aura aucune image d'elle en notre compagnie, je m'y engage.
- Bien ! approuva-t-elle.
- T'étais pas au courant qu'il voulait éjecter le chef des aurors, dit Blaise.
- Non. Toi ?
- Non. Il a fait ça sur un coup de tête, à mon avis. Il a vu une opportunité et il l'a saisie.
- J'espère que ça ne va pas se retourner contre nous, soupira Hermione.
- Comment ? C'est intraçable. La seule personne qui pourrait le dénoncer, c'est Madame Lucie, et elle ne le fera jamais.
- MAIS QUI C'EST ÇA, WHITLOCK ?" hurla soudain Drago.
Tout le monde s'arrêta de gesticuler et les regards se tournèrent vers la porte de son bureau, qui ne tarda pas à s'ouvrir avec fracas.
"QUELQU'UN CONNAIT UN DÉNOMMÉ WHITLOCK ?" s'écria-t-il de plus belle, les cheveux en broussailles et le regard noir.
Personne n'osait respirer, et encore moins lui répondre. Même l'équipe de couturiers semblait apeurée - et ils ne connaissaient pas Drago aussi bien que ses collègues. Hermione fronça les sourcils, cherchant où elle avait bien pu entendre ce nom sans y parvenir.
"VOILA ! Je le savais ! Évidemment, personne ne sait qui c'est ! Whitlock ! Quel genre de nom c'est ça, Whitlock ? Inconnu au bataillon !"
Et il claqua la porte de son bureau, faisant trembler toute la cloison.
Blaise se retourna aussitôt vers elle, les sourcils arqués.
"Whitlock ? articula-t-il, perdu.
- Aucune idée, marmonna Hermione.
- C'est qui, Whitlock ? demanda Cormac.
- Je crois que c'est un collègue d'Harry, les informa Ron après une très longue minute de réflexion. Mais... Pas sûr. C'est peut-être Warlock. Ou Whitley."
Il haussa les épaules, et se pencha pour faire ses lacets. Très vite, tout le monde se remit à parler en même temps et à se contorsionner pour rentrer dans des tenues de soirée. Néanmoins, Hermione était interpellée. Ça ne pouvait pas être une coïncidence que Drago fasse virer le chef des aurors et qu'il mentionne le nom d'un collègue d'Harry à quelques heures d'intervalle.
"Rien dans la presse, l'informa Blaise après avoir scrollé comme un fou furieux sur sa tablette.
- Il doit avoir des infos. Allons-y", décida Hermione à regret.
Elle savait qu'il allait bien falloir qu'elle aille au contact à un moment, mais elle aurait préféré que Drago ne soit pas déjà fou de rage. Juste au moment où ils allaient frapper à la porte de son bureau, cette dernière s'ouvrit violemment.
"On sort, ordonna Drago en attrapant au vol la main d'Hermione.
- On ? répéta-t-elle.
- Pas le moment de discuter. Zabini, toi, moi, dehors."
Blaise soupira, résigné à obéir au doigt et à l'œil à leur leader tyrannique. Hermione respira un grand coup et se laissa entraîner, mais juste parce qu'elle ne voulait pas faire d'esclandre devant le reste du groupe. Et Drago l'avait bien compris, parce qu'à la seconde où ils les portes de l'ascenseur se refermèrent, il se mit à débiter à toute vitesse.
"Théo vient de m'informer que Potter ne sera pas nommé à la tête des aurors. Ils ont pris tout le monde de court en décidant aussi vite, parce que le renvoi n'est même pas officiel. Foutus... il se racla la gorge. Ils ont nommé un pion.
- Whitlock ? supposa Blaise.
- On a même pas eu le temps de faire circuler le nom de Potter dans les médias pour préparer le terrain ! pestait Drago, furieux.
- Ils l'ont fait exprès, dit Hermione. Ils savent que le public veut Harry, qu'il est largement soutenu par ses collègues, qu'il est ultra respecté par les héros de guerre... Combien d'aurors sont décorés de l'Ordre de Merlin dans leurs rangs ?"
C'était une question rhétorique, mais Drago, qui avait préparé son opération avec minutie, connaissait la réponse.
"Deux. Potter, et un abruti qui a perdu un œil en voulant sauver un enfant d'un incendie, ou un truc de ce genre. Il n'avait pas de concurrence. C'était tout fait !" s'agaça-t-il en enfouissant ses mains dans ses cheveux, avant de tirer dessus.
Hermione l'obligea à arrêter ce massacre en encerclant ses poignets, et il laissa ses bras retomber le long de son corps.
"Ce Whitlock, on peut l'atteindre ? se renseigna Blaise.
- Ah, NON ! rugit Hermione. Vous n'allez pas décimer les effectifs des aurors en les faisant tomber un par un ! Ensuite quoi ? Ils seront tous virés et Harry maintiendra l'ordre tout seul ?
- Je voulais dire, est-ce qu'on peut le convaincre de travailler pour nous, précisa Blaise. Est-ce qu'il est corrompu ?
- Comment on le saurait ? Ce type n'existe pas ! gronda Drago. Il sort de nulle part. À tous les coups, c'est un vulgaire archiviste qu'ils sont allés chercher pour diriger le service.
- Où est-ce qu'on va ?" réalisa soudain Hermione.
Ils étaient plantés dans la rue, formant un petit cercle au milieu du trottoir.
"On va à Wizzards Chanel, siffla Drago. Je dois au moins placer le nom de Potter avant qu'ils annoncent officiellement qui ils mettent à la tête du service. Ils vont avoir l'air malins ! Hahaha !"
Il s'éloigna à grandes enjambées en continuant son rire sardonique.
Le Ministère surprend en nommant un auror inexpérimenté à la tête du service de la sécurité intérieure
Il était 20 heures hier soir lorsqu'un communiqué officiel a été publié. L'auror Whitlock, âgé de 46 ans et peu habitué au terrain, se trouve à présent aux commandes de la totalité de l'effectif des aurors. En ce temps troublés, où les attentats se multiplient sur notre sol, la nouvelle a fait l'effet d'un coup de tonnerre.
En effet, plus tôt au cours de l'après-midi, différentes personnalités ont exprimé leur souhait de voir une personne irréprochable en charge du département afin de redonner sa noblesse à un service dont l'image a été salie par un directeur aux mœurs légères. Kingsley Shacklebot, ancien auror et illustre combattant, s'est dit attristé par le comportement irresponsable de son successeur. Rémus Lupin, également interrogé sur le sujet, a estimé que seul un auror réputé pour sa probité et son leadership pouvait rétablir l'ordre dans le pays. Enfin, ce sont les deux députés les plus célèbres du moment qui ont donné leur avis sur Wizzards Chanel.
Drago Malefoy a affirmé que pour retrouver la confiance de la population, les aurors devaient être dirigés par une personnalité indiscutable, et est allé jusqu'à avancer le nom d'Harry Potter, qui circulait déjà largement dans nos conversations. Ce à quoi Hermione Granger, qui semble ne pas le quitter d'une semelle, a ajouté : "Harry est loyal, honnête, et c'est la personne la plus juste que je connaisse. Le ministère aurait beaucoup à gagner en lui donnant davantage de responsabilités. Ce sont des gens comme lui dont nous avons besoin pour replacer des valeurs saines au centre de notre société." Le leader des Non-alignés a rebondi sur ses propos en ajoutant : "Plus de justice, plus d'égalité, plus de transparence."
Quelle ne fut pas la surprise lorsque le nom de l'auror Whitlock qui, avouons-le, ne s'est pas encore illustré par sa bravoure, a été annoncé.
Abelforth Dumbledore, toujours prompt à commenter l'actualité avec la spontanéité qui le caractérise, n'a pas manqué de se demander en quelle année Whitlock avait bien pu recevoir une récompense pour ses faits d'armes puisque, et c'est une citation : "Je devais être dans le coma, parce que je n'en ai jamais entendu parler."
Comment Whitlock, inexpérimenté et déjà critiqué avant même sa prise de poste, va-t-il réussir à diriger le département qui est en première ligne pour défendre les sorciers ?
Et, plus important encore... Pourquoi le ministère n'a pas nommé le successeur évident, Harry Potter, à la tête du service ?
Hautement satisfait, Drago replia soigneusement la Gazette du jour et se tapota le ventre sous le regard encore endormi d'Hermione, qui l'observait par dessus son bol fumant.
"Et maintenant ? soupira-t-elle.
- Rien, ricana Drago. On attend !"
Ses yeux brillaient d'une lueur inquiétante. Hermione se sentit brusquement agitée et dû s'éventer avec sa main. Lorsqu'il arqua un sourcil amusé dans sa direction, elle s'agita un peu sur sa chaise, mais ne fit aucun commentaire.
"On a le temps de retourner se coucher une petite heure, suggéra le blond sans se départir de son rictus entendu."
Hermione se leva si vite qu'elle faillit renverser sa chaise, et le tracta sans ménagement vers la chambre.
Ouh ! Drago a encore frappé.
Et Hermione se remet à nouveau en question.
Beaucoup de sujets abordés dans ce chapitre... J'espère que personne n'est confus !
