Chapter 47 - Sans queue ni tête
"Tu crois qu'il dort ? chuchota Hermione en plissant les yeux vers la rue, camouflée derrière un rideau épais.
- Granger, bon sang, il est quatre heures du matin, rouspéta Drago depuis le lit.
- Mais s'il dort... personne ne monte la garde, insista-t-elle en continuant son observation.
- Sergueï et son équipe ne dorment pas, eux, grogna-t-il en enfouissant sa tête sous son oreiller. J'ai engagé des professionnels, pas comme ces aurors feignants. Reviens te coucher. Personne ne va attaquer la maison de Potter.
- Je crois qu'on devrait s'assurer qu'il ne s'est pas endormi, martela-t-elle à voix basse. Il est au travail. On ne s'endort pas au travail. On ne s'endort pas quand on a la responsabilité de garder la maison d'Harry Potter."
Drago étouffa tant bien que mal une bordée de jurons et s'assit sur le bord du lit, face à la fenêtre. Hermione était à genoux par terre, vêtue uniquement de sa chemise de la veille, et espionnait la rue d'un regard furieux. Il se frotta les yeux, et se déplaça à regret auprès d'elle, tombant à genoux lui aussi.
"Alors, qu'est-ce que t'en penses ? Il dort, non ?" pressa-t-elle en lui attrapant le poignet.
Mal réveillé, Drago laissa échapper un bâillement et tenta de faire la mise au point sur l'auror qui était supposé monter la garde dans la rue.
"Mmh..."
La silhouette du suspect leur tournait le dos, il était appuyé contre un réverbère et sa tête était inclinée contre le métal.
"Difficile à dire, fit-il.
- Il n'a pas bougé d'un pouce depuis vingt minutes.
- Tu le regardes depuis vingt minutes ? grimaça Drago en tournant la tête pour observer le profil d'Hermione, qui refusait d'abandonner son espionnage acharné.
- Je n'arrivais pas à dormir", expliqua-t-elle faiblement.
Drago étudia attentivement ses traits tirés, les petits plis de concentration au coin de ses yeux et son nez retroussé. Elle se mordait nerveusement la lèvre inférieure, et il ne put se retenir de la libérer avec son pouce avant de la caresser du bout des doigts.
Elle tourna enfin les yeux vers lui, comme si elle venait juste de réaliser qu'il se tenait là. La main de Drago glissa jusqu'à sa joue puis sa nuque, qu'il entoura avec douceur. Puis il se pencha lentement vers elle et effleura ses lèvres des siennes, si bien qu'elle les sentit à peine.
Ce qui la contraria. Elle colla donc fermement sa bouche à celle du blond et entoura sa lèvre inférieure dans les siennes, réclamant son dû. Il sourit à travers leur baiser, et il aurait très certainement réussi à la ramener dans le lit si Sergueï n'avait pas choisi cet instant précis pour ouvrir la porte du rez de chaussée avec fracas.
Toujours à genoux côte à côte, Hermione et Drago soulevèrent un peu plus le rideau pour observer leur garde du corps traverser le jardin des Potter à grandes enjambées, avant de se planter à quelques centimètres du dos de l'auror immobile. Puis il le poussa du bout de l'index, et l'auror s'écrasa au sol. Clairement réveillé par sa chute impromptue, il se débattit tout seul par terre avant de bondir sur ses pieds, baguette à la main.
"Yep, il dormait", confirma Drago.
Ils espionnèrent la dispute virile entre les deux hommes sur le trottoir, qui se résolut rapidement puisque Sergueï asséna un coup de genou vigoureux dans les côtes de l'auror, avant de le replacer en position et de retourner dans la maison.
Hermione bailla à son tour, et se cramponna au bras de Drago qui l'aida à se relever.
"Rien de mieux qu'une petite bagarre pour t'aider à dormir", ricana-t-il en grimpant à sa suite dans le lit.
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Le lendemain matin, sans se consulter, ils se retrouvèrent tous autour de la table des Potter, devant des bols de café fumants. Harry trônait en bout de table, le visage figé dans une expression contrariée.
Théo pianotait sur son téléphone, Pansy et Blaise chuchotaient dans leur coin et Drago et Hermione gribouillaient à tour de rôle sur un parchemin pour annoter leur communiqué de presse au sujet des événements de la veille. Leurs collègues avaient rédigé un discours convaincant, mais bien entendu, il était perfectible.
Il ne s'était absolument rien produit la nuit précédente. Si ce n'était un mystérieux incident entre un auror qui avait foncé dans une porte et s'était fracturé des côtes. Comme Hermione s'était empressée de le guérir, l'incident avait été vite oublié.
Mais maintenant, ils n'étaient pas plus avancés.
"Il faut mettre la main sur Irina Dolohov aujourd'hui, décréta Harry. Les aurors ont assez de preuve pour l'interroger, probablement l'inculper, et elle parlera peut-être. On ne peut pas la laisser se balader impunément dans nos rues."
Théo émit un petit rire sarcastique sans lever le nez de son écran, et Harry serra le poing autour de sa petite cuillère.
"Quoi, Nott ? demanda Harry à contrecœur.
- Elle a été élevée par des loups. Aucune chance qu'elle se mette à table, expliqua-t-il en verrouillant finalement son téléphone. Elle était peut-être pas une fille à papa au sens traditionnel du terme, mais elle a forcément retenu deux ou trois trucs de son éducation.
- Vous pensez tous qu'elle ne dira rien ? Même si... Même si on la piège, ou qu'on la menace ?" soupira Harry.
Blaise et Drago échangèrent un bref regard, et secouèrent la tête de concert.
"Désolé Potter, mais même s'ils l'arrêtent, elle ne parlera probablement pas, confirma Drago. Elle préférera mourir que trahir.
- De toute façon, si elle parle, elle sait très bien que ses associés la tueront, ajouta Blaise.
- Dans ce cas, ça ne nous laisse pas le choix. Il faut qu'on trouve nous-même ses complices, déclara Hermione tout en raturant un mot sur son papier.
- C'est dingue, Granger, on n'y aurait jamais pensé si tu ne l'avais pas dit !" ironisa Théo.
Hermione lui jeta sans conviction le capuchon de son stylo, et se tapota le menton du bout de l'index.
"On connait l'identité de l'un d'entre eux, c'est beaucoup plus que ce qu'on savait hier. Examinons ses relations. Sa famille, l'endroit où elle a étudié, les villes où elle a vécu. Et c'est quoi cette histoire de groupuscule terroriste russe, exactement ? Peut-être qu'on trouvera des connexions. En plus, maintenant qu'on a son identité, on peut chercher son mobile.
- C'est une excellente idée. Je retire ce que j'ai dit Granger. Merci de nous illuminer de ta grande capacité de réflexion, reprit Nott.
- Les aurors sont certainement en train de faire la même chose, et avec bien plus de ressources que nous, fit Harry.
- On a un avantage. Ils la connaissent pas personnellement, nous si, objecta Drago.
- Surtout une partie de ton anatomie, ne put s'empêcher de faire remarquer Pansy.
- Par pitié, arrêtez avec ça ! s'écria Hermione en tapant du plat de la main sur la table. J'ai une question."
Un peu déboussolés par sa soudaine explosion, ils attendirent la suite.
"Pourquoi, exactement, on est en train de faire la course contre les aurors ?"
Harry fronça les sourcils.
"C'est vrai. Pourquoi on fait la course contre mon propre département ?
- Parce qu'ils t'ont viré ? suggéra Pansy en haussant un sourcil.
- Suspendu, rectifia machinalement Hermione. Qu'est-ce que ça peut faire, s'ils la trouvent avant nous ?
- Ça va faire qu'on aura aucune information, et qu'ils vont saboter l'enquête, parce qu'ils sont mauvais, répondit laconiquement Drago.
- Eh ! protesta Harry.
- Un de tes aurors s'est endormi contre un lampadaire pendant sa garde, Potter, l'informa Drago d'un air détaché. Est-ce qu'on peut leur faire confiance pour démanteler un réseau terroriste international qui en a après nous, personnellement ?
- Vu comme ça... déglutit Pansy.
- Il s'est endormi ? répéta Harry en papillonnant des yeux.
- Sergueï l'a réveillé, dit Hermione en lui tapotant la main comme pour le consoler.
- Il l'a réveillé en lui fracturant les côtes, réalisa Harry.
- C'est un détail, soupira Drago. J'insiste : il faut qu'on enquête de notre côté pour assurer nos arrières. Le ministère a tellement besoin d'une victoire en ce moment qu'ils sont certainement prêts à faire n'importe quoi. Et ils sont sous pression, vu le climat de terreur qui règne. Ils ont besoin d'une victoire immédiate, quitte à ce que ce soit complètement illusoire.
- C'est juste, confirma Hermione. Ça ne nous fera pas de mal de nous renseigner. Et, si jamais on trouve quelque chose de vraiment pertinent, on peut toujours leur refiler l'information et les laisser procéder aux arrestations. C'est leur métier.
- Bien sûr ! répondirent de concert les Serpentards.
- Certainement pas ! rugit Harry. Arrêtez un peu de mentir, tous les quatre. En admettant qu'on tombe sur une piste... vous savez très bien qu'on ne la leur donnera pas. On la suivra tout seuls.
- On fera comme tu voudras, Potter.
- Si tu y tiens, on ne leur dira rien.
- C'est toi qui décides.
- Tu as sans doute raison."
Hermione fit lentement un tour de table du regard et constata avec effroi qu'elle était en minorité. Personne ne voulait coopérer, et personne n'avait confiance dans le service des aurors. Pas même Harry.
"Bien, on a qu'à commencer par noter tout ce dont vous vous souvenez sur Irina Dolohov, lança Harry.
- Drago peut commencer, suggéra Théo avec un rictus amusé.
- Je vais au penthouse ! annonça Hermione en se levant brutalement. J'ai des tas de papiers à signer pour les travaux du manoir, et j'ai un rendez-vous avec Jean-Pierre. Je tiens le fort en votre absence. Et de toute façon, je n'ai absolument rien à dire sur cette Irina.
- Tiens, c'est marrant, tu prononces son prénom pile comme celui de Madame Lucie. Comme si tu le vomissais, remarqua Blaise.
- Je m'en vais ! Je suis partie !"
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Hermione laissa à la Task Force d'amateurs le soin de mener l'enquête, et mobilisa toute ses angoisses intériorisées pour remettre le groupe en ordre de marche. Elle n'était partie que vingt-quatre heures, mais n'en revenait pas de tout ce qu'il y avait à faire. Et, pire, en l'absence de Drago, tous les députés ayant le moindre souci venaient frapper à la porte de son bureau.
Elle avait achevé de traiter leurs doléances et de régler tous les problèmes avec tact, et était occupée à valider les plans définitifs avec Jean-Pierre, lorsque Ron déboula dans son bureau avec Dahlia dans les bras.
"Ron ? s'étonna la Gryffondor.
- Doux Jésus, Hermione, aide-moi ! la supplia-t-il. Oh, Jean-Pierre !"
Et l'accent maudit était de retour. Pas étonnant que Dahlia soit en train de hurler à la mort. Elle tendit les bras vers sa marraine, qui la serra contre elle tout en paraphant une page que Dubois lui tendait. Que venait-elle de signer ? Elle n'en avait pas la moindre idée.
"Qu'est-ce qui se passe, Ron ?
- Daphné travaille, Harry a disparu, ma mère est en Roumanie, je ne savais pas quoi faire. Elle pleure sans arrêt, Hermione. Elle ne fait que ça. Je crois qu'elle a une dent qui pousse, ou un truc comme ça.
- Oh, Dahlia, roucoula Hermione en la couvrant de bisous. Pourquoi tu pleures, ma puce ?"
Les hurlements redoublèrent et Hermione fronça les sourcils. Peut-être qu'elle avait vraiment mal aux dents ? Quelle était la procédure à suivre ? Est-ce qu'elle pouvait donner une potion à un bébé sans l'accord de ses parents ?
"Hermione, Karacter demande à parler à Drago de toute urgence, l'informa Padma.
- Il a essayé son portable ?
- Il dit qu'il ne décroche pas.
- Ah. Bon, est-ce qu'il peut parler à quelqu'un d'autre à la place ?
- Je vais lui demander.
- Insiste, Padma. Drago a frôlé la mort il y a 24 heures, joue sur la corde sensible. Et prends des notes exactes de votre conversation."
Patil repartit à fond de train, mais fut remplacée par Cormac, qui grimaça face aux hurlements de Dahlia, qui à présent tirait les cheveux de sa marraine. Hermione tentait de bercer la petite fille pour la calmer, sans succès.
Après tout, droguer un bébé était certainement acceptable si c'était fait avec discrétion.
"Hermione, le traiteur pour le gala demande si on préfère des feuilletés aux tomates cerises ou aux tomates confites.
- Quoi ? coassa Hermione. Je ne sais pas. Pourquoi il n'appelle pas Pansy ?
- Il dit qu'il a essayé, mais qu'elle ne répond pas.
- Cormac, tu préfères les tomates cerises ou confites ?
- Euh...
- Je dirais confites, intervint Jean-Pierre, qui rassemblait ses plans pour prendre la fuite au plus vite. C'est plus raffiné.
- Confites, alors", trancha Hermione.
Cormac disparut à son tour et Hermione bondit sur la porte pour la verrouiller, et décourager quiconque de venir lui poser la moindre question.
"Jean-Pierre, s'il vous plait, laissez-moi les plans pour que je les fasse valider définitivement par Drago Malefoy. Vous avez très bien travaillé, c'est bon pour moi, et j'ai hâte qu'on puisse commencer les travaux ! Vous avez un budget large pour engager des ouvriers, alors vous pouvez composer votre équipe dès maintenant. Il faut qu'on avance vite, maintenant. Je vais faire des copies de vos croquis pour les distribuer à vos équipes. Ne lésinez pas sur les dépenses, on a besoin des meilleurs."
Jean-Pierre lâcha ses plans sans discuter, lui serra la main comme s'il disait adieu à une condamnée à mort, et quitta la pièce en courant.
"Mmh... Bon, Harry est chez lui, mais tu ne peux pas y aller avec Dahlia, c'est trop dangereux. Vas-y tout seul, et ramène-le ici. Dahlia a peut-être besoin d'aller chez le docteur. Ou peut-être que son père lui manque. Ou qu'une dent pousse... Je ne sais pas."
Ron hocha la tête et sortit à son tour, la laissant seule avec quinze kilos de cris stridents.
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Harry ne revint pas, ni Ron, ni personne, mais Pansy débarqua en hurlant qu'elle voulait des tomates confites, puis kidnappa Dahlia en prétendant obéir aux ordres de son père, et emporta l'enfant bruyante avec elle.
Hermione s'écroula dans sa chaise, lessivée.
Puis elle réalisa qu'aucun des garçons n'avait répondu au téléphone, et qu'ils n'étaient pas venus. Drago avait snobé Karacter, ce qui était étrange, et Harry avait ordonné à Pansy d'emmener Dahlia. Elle se redressa brusquement. Qu'était-il en train de se passer ?
Comme s'il avait lu dans ses pensées, le nom de Drago s'afficha sur son téléphone.
"Oui ?
- On a trouvé Irina.
- Quoi ? Qui ça on ? Où ça ?
- Devant la porte du siège de la Sécurité intérieure.
- Oh ! Qu'est-ce que... pourquoi ? Elle s'est rendue ?
- Pas exactement. Tu devrais venir, c'est... difficile d'expliquer au téléphone.
- D'accord, j'arrive tout de suite...
- Granger ?
- Oui ?
- Rien. Juste, viens."
Et il raccrocha. Hermione fronça les sourcils, perplexe, puis enfila son manteau et détala.
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Lorsqu'elle arriva devant le bureau des aurors, c'était le chaos. Des agents avaient bouclé le périmètre et elle dû agiter sa carte d'héroïne de guerre pour franchir les rubans de sécurité. Étonnamment, cela fonctionna.
Elle repéra la masse de cheveux blonds de Drago plus loin, en périphérie de l'agitation, et se dirigea vers lui en tentant d'ignorer les flashs des appareils photo.
"Qu'est-ce qui se passe, ici ?" maugréa-t-elle dans sa barbe.
Elle réalisa rapidement que les officiels étaient tous là, et semblaient particulièrement agités. Harry était en grande conversation avec un homme qu'elle ne connaissait pas, et partout, les visages étaient graves. La presse était amassée relativement loin des portes, mais présente en nombre.
Lorsqu'elle arriva à la hauteur de Drago, il se retourna et enroula un bras autour de sa taille avant d'enfouir son visage dans son cou pour lui chuchoter à l'oreille :
"Elle est morte.
- Oh mon dieu !" s'exclama-t-elle.
À une dizaine de mètres d'eux, un cercle était formé autour d'une masse recouverte entièrement par un drap qui, vraisemblablement, devait être le corps d'Irina Dolohov.
"Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle.
- Aucune idée. Potter a été prévenu par un collègue, on est arrivés aussitôt, mais il se passe quelque chose de bizarre, chuchota Drago.
- Comment ça ?
- Le collègue de Potter a dit qu'elle..."
Il s'interrompit lorsqu'un auror les frôla pour écarter les personnes qui étaient apparemment trop proches du cadavre.
"Il a dit, reprit Drago entre ses dents, qu'elle était morte décapitée. Devant leur porte. Ils l'ont trouvée comme ça, en deux morceaux."
Hermione étouffa un petit cri de détresse et se hissa par réflexe sur la pointe des pieds pour tenter d'apercevoir quelque chose.
"Tu ne verras rien, murmura Drago dans ses cheveux. Elle était recouverte quand on est arrivés, et maintenant ils prétendent qu'elle se serait suicidée.
- En se tranchant elle-même la tête ?" stridula Hermione.
Drago lui colla un doigt contre les lèvres pour l'inciter à baisser d'un ton.
"C'est pour ça que je te dis qu'il se passe un truc bizarre. Potter est en train de parler avec Whitlock. Il a l'air complètement dépassé, il a frôlé la crise de nerf devant la presse.
- Pourquoi... Qui a dit qu'elle s'était suicidée ?
- Leur porte-parole, répondit Drago en pointant un auror qui étaient en train de parler avec les reporters. Il l'a annoncé immédiatement, comme si c'était une certitude. Or, Potter dit qu'avant de décréter que c'était un suicide, même avec un corps en un seul morceau, il fallait compter au moins 24 heures de vérifications. Ils sont très pressés.
- C'est... Je ne comprends pas, bafouilla Hermione.
- Personne ne comprend. Potter essaye de démêler la situation, peut-être que son collègue s'est trompé, qu'il a mal vu, ou a paniqué. En tout cas, ils ont tout de suite annoncé à la presse que ça ressemblait à un suicide, et qu'Irina s'était donné la mort parce qu'elle se savait exposée. Une sorte de dernier grand geste."
Hermione secoua la tête, incrédule, et balaya la scène sous ses yeux. La quasi totalité de l'effectif des aurors se trouvait là, mais à distance du cadavre. Ils avaient l'air fébriles, incertains, et ne cessaient de se retourner vers le cadavre pour tenter de l'apercevoir, sans succès. Des fonctionnaires du ministère étaient présents, ce qui était inhabituel sur une scène de crime. Le chef du service des aurors était blême et paraissait traumatisé. Et, plus étrange encore, autour du corps d'Irina ne se trouvait qu'un médicomage qui ne faisait qu'écrire sur son carnet.
"Qui exactement a vu le cadavre ? chuchota Hermione.
- On ne sait pas. Potter est sûrement en train de poser cette question à Whitlock. Il a parlé à beaucoup de ses collègues, et personne ne sait rien. Ils n'ont pas l'air sereins du tout."
Brusquement, Whitlock et Harry furent interrompus par un membre du Magenmageot, et Hermione vit son meilleur ami serrer les poings avant de jeter un regard furieux derrière lui. Puis il échangea quelques mots avec l'intrus, et il n'eut pas particulièrement l'air d'apprécier le contenu de la conversation.
"Pourquoi ils ne veulent pas dire la vérité ? murmura Hermione tant pour elle même que pour Drago.
- Qui ça, ils ? On ne sait même pas qui est en train de maquiller les faits.
- Il y a trop de monde, soupira Hermione.
- On bouge !" ordonna Harry en revenant vers eux, Ron, Blaise et Théo en file indienne derrière lui.
Alors qu'ils s'éloignaient, Irina fut emportée par des personnes en blouse blanche.
"La presse va réaliser qu'il se passe un truc pas net, annonça Ron.
- Je ne vois pas comment, ils sont trop loin et le porte-parole est très sûr de lui, grogna Blaise.
- On ne peut rien faire, on n'a aucune preuve, siffla Théo. Potter, ton contact, t'as pu lui parler ?"
Harry regarda rapidement derrière lui avant de hocher la tête.
"Il dit qu'il n'a pas vu le corps lui-même et qu'il m'a répété les premières constatations, avant de réaliser qu'elles étaient erronées. Il a changé sa version. Et je viens de me faire virer de la scène de crime par un des juges, qui lui-même n'a rien à faire là, mais visiblement plus personne ne respecte les procédures.
- Je n'aime pas ça du tout, gémit Hermione.
- Que personne ne respecte les procédures ? vérifia Ron.
- Ça aussi. Mais je veux dire... Les mensonges institutionnels ? C'est très grave. Qu'a dit Whitlock ?
- Rien du tout, il n'a pas vu le corps non plus, et ne faisait que répéter en boucle qu'il fallait rassurer la population, et mettre tout ça derrière nous.
- Quel bordel !" s'exclama Drago.
Sa conclusion résumait bien la pensée des autres. Ils ne savaient absolument pas ce qu'il se passait, à part que le danger était loin d'être écarté, et qu'ils étaient à présent seuls à mener l'enquête.
Et ça, historiquement, c'était un très mauvais signe pour la suite.
Comme Dahlia était sous la garde de Pansy au manoir Nott, qui était extrêmement sécurisé, ils décidèrent tous de s'y rendre pour pouvoir évoquer leurs théories sans risquer d'être entendus. Rogue fut appelé en renfort, et très vite, leur réunion de crise hebdomadaire ne fut que brouhaha et exclamations.
Assise avec Dahlia sur les genoux, Hermione observait les différentes discussions en se gardant bien d'intervenir. Elle comprenait bien qu'ils n'avaient pas d'autre choix que d'enquêter eux-mêmes, mais ça ne voulait pas dire qu'elle appréciait cette situation. Elle était rongée par l'inquiétude. Irina Dolohov était une criminelle cinglée, et quelqu'un avait pourtant réussi à la décapiter, puis à déposer son corps en plein centre-ville, devant le bâtiment le plus sécurisé du pays, alors qui que ce soit, c'était mauvais signe.
Drago, qui écoutait Potter et Rogue argumenter à l'autre bout de la pièce, posa ses yeux sur elle et fronça les sourcils. Il s'éclipsa, puisque de toute façon aucun des deux hommes ne semblait avoir besoin de son avis, et alla immédiatement s'asseoir à côté d'elle.
"Ça va ? demanda-t-il doucement.
- Un peu submergée, répondit-elle du bout des lèvres.
- J'aimerais bien te promettre que tout va bien aller, mais je ne veux pas te mentir", reconnut le blond en enroulant ses doigts autour des siens.
Hermione baissa les yeux sur leurs mains jointes et, portée par une impulsion, souleva celle de Drago pour embrasser sa paume. Il la regarda avec une grande intensité, et se pencha pour déposer tendrement ses lèvres sur les siennes.
"Bouh !" gloussa Dahlia en posant sa petite main potelée sur le front du blond pour le pousser.
Il lâcha un petit rire et pinça gentiment la joue de la petite fille, qui éclata de rire.
"Dis donc mini-Potter, pourquoi tu m'empêches de faire des bisous à ta marraine ?
- Beurk ! s'écria Dahlia en se tortillant dans les bras d'Hermione.
- Tu ne diras pas ça dans quelques années, répliqua-t-il d'un air parfaitement sérieux.
- Malefoy ! le rabroua Harry depuis l'autre bout de la pièce.
- Il a une super ouïe, ou quoi ?" grinça le blond.
L'après-midi se transforma en soirée, et ils n'étaient pas plus avancés. Harry était persuadé que le ministère s'était précipité pour couvrir les faits et ne pas perdre la face, les Serpentards avaient établi une liste de rejetons de mangemorts qu'ils étaient prêts à éliminer s'ils pouvaient le faire discrètement, Dahlia avait cessé ses pleurs et Hermione réfléchissait intensément.
La théorie d'Harry était logique, même s'ils n'avaient pas vraiment de preuves pour l'appuyer. Irina était repérée, ses complices l'avaient éliminée et avaient décidé de faire passer un message aux aurors en déposant sa dépouille devant leur porte. Comme ça, elle ne pouvait plus les dénoncer, et ils montraient de quoi ils étaient capables en décapitant une femme.
Mais quelque chose ne tournait pas rond.
Ils étaient constamment en retard sur les terroristes, parce que leur façon de procéder n'avait aucune logique. Comme si la personne qui tirait les ficelles dans le camp adverse était soit un génie du mal, soit un individu instable, soit les deux. Et parmi leurs suspects potentiels ? Personne n'avait ce profil là.
Pour couronner le tout, le gala approchait à grands pas, et tant qu'ils ne savaient pas d'où venait la menace, ils s'exposaient au danger et y entraînaient avec eux tous leurs invités. Fallait-il annuler ? Le repousser ?
Hermione était angoissée, et leur équipe hétéroclite n'avait pas l'air suffisamment inquiète à son goût.
Drago avait beau avoir renforcé les protections du Manoir, quelqu'un pouvait encore probablement s'y introduire le soir du gala.
Encore.
Hermione déglutit bruyamment, et broya l'avant-bras de Drago, qui faillit en lâcher son verre de whisky.
"Granger, ça fait mal, se plaignit-il en essayant de se libérer de son emprise.
- Drago, la personne qui s'est introduite au manoir Malefoy ! siffla-t-elle, les yeux dans le vague.
- Quelqu'un s'est introduit au Manoir ?" sursauta Harry, qui tout à coup n'écoutait plus les diatribes de Rogue.
Le silence se fit dans la pièce, et Drago grimaça.
"Quand ? s'étonna Blaise.
- Attendez, pourquoi je ne suis pas au courant ? pépia Parkinson. Qui est au courant, exactement ?"
Drago soupira pesamment, et haussa les épaules.
"C'était... il y a quelques jours ? Peut-être quelques semaines ? On a réglé le problème, avec Granger.
- Vous êtes allés au Manoir il y a quelques semaines, avant qu'il ne te soit officiellement rendu ? tiqua Harry. Comment vous avez réussi ce coup là sans que le ministère soit au courant ?
- Drago n'a jamais été techniquement empêché d'y entrer, répondit Hermione.
- Quoi ?! rugit Harry. Et aucun de vous deux n'a jugé utile d'en parler, avec tout ce qui se passe ? Vous avez pas pensé que ça pouvait être une information importante ? Vous êtes tous les deux visés par les terroristes, et vous trouvez rien de mieux à faire que de courir au devant du danger, sans prévenir personne de ce que vous faites ?
- Ça te semble familier comme comportement, non ?" ricana Ron.
Harry le fusilla du regard et secoua la tête.
"Vous deux... commença-t-il d'une voix menaçante.
- Il n'y avait personne au manoir quand on est arrivés, et Drago a renforcé les protections, se défendit Hermione, irritée d'être prise en faute. Il n'y a peut-être aucun rapport avec les terroristes.
- Peut-être ? répéta Théo. Granger, t'en as trop dit ou pas assez."
Même Drago la regardait avec inquiétude, maintenant.
"Je viens juste d'y penser."
Elle se leva, et se planta devant le tableau sur lequel les Serpentards avaient listé toutes les relations possibles d'Irina Dolohov dans une sorte de toile d'araignée géante d'aspirants criminels. Puis elle tapota du doigt le minuscule cercle dans lequel se trouvaient les relations familiales de Drago.
"Au début, je me suis focalisée sur les Malefoy. Pour entrer dans le manoir, même en forçant les enchantements, l'intrus devait forcément avoir un lien de sang avec les Malefoy. Sinon, les barrières magiques n'auraient pas cédé. Et il n'y a pas de candidat potentiel, puisque les deux autres Malefoy sont en résidence surveillée. Mais en réalité, Drago, c'est toi l'unique héritier maintenant. Tu l'as dit toi même. Le manoir t'a reconnu. Et tu n'es pas juste un Malefoy.
- Un Black. Je suis aussi un Black", réalisa Drago.
Il pâlit drastiquement, et se passa une main dans les cheveux.
"Est-ce que les Black peuvent accéder au Manoir, dans ce cas ? intervint Harry. À travers toi, le Manoir reconnait aussi cette lignée ?
- Je ne suis pas sûr que ça fonctionne comme ça, soupira Théo.
- Severus ? s'enquit Drago.
- Je n'en sais rien non plus. Ça dépend de la nature des enchantements ancestraux. Chaque famille a ses propres règles. Et ceux du Manoir sont anciens, très anciens. Il y a des siècles d'enchantements entrelacés et modifiés de génération en génération.
- Si c'est le cas... Si les Black peuvent entrer à cause de moi... Ça veut dire qu'en renforçant les protections avec mon sang, je les ai fragilisées. J'ai facilité leur accès au Manoir, blêmit Drago.
- Avant de tirer des conclusions catastrophiques, de qui on parle exactement ? tenta Parkinson en rejoignant Hermione près du tableau. Les Black sont décimés. Il ne reste qu'un cousin au second degré qui enseigne à Durmstrang et a... 132 ans. Ensuite, il y a le fils de Nymphadora Tonks, qui est aussi le filleul de Potter, donc pas du tout suspect. En plus, il a quoi, 6 ans ?
- Et moi, dit Harry brusquement.
- Quoi, toi ? s'étouffa Daphné. Tu n'es pas un terroriste potentiel, Harry.
- Mais il est un Black, techniquement. Pas par le sang. Mais Sirius était son parrain et responsable légal. Il est l'hériter d'un Black, précisa Rogue.
- Est-ce qu'on va vraiment ajouter le nom d'Harry Potter et d'un enfant de six ans sur ce tableau de conspirateurs ? grinça Théo.
- Non, trancha Hermione. En revanche, le cas d'Harry montre que c'est possible d'être héritier autrement que par le sang. Il faut qu'on élargisse ce tableau, parce que notre liste de suspects vient juste de s'allonger.
- Est-ce qu'on est en train de partir du principe que la personne qui est entrée au Manoir fait partie du groupe terroriste ? vérifia Blaise.
- On ne peut pas écarter cette possibilité, expliqua Harry. Le timing est suspect. Et Malefoy est ciblé par les terroristes depuis le début. Qu'est-ce que cette personne a fait dans le manoir, exactement ?"
Drago et Hermione échangèrent un regard circonspect.
"Justement, le truc... c'est qu'on en a aucune idée, reconnut Drago.
- Quelqu'un s'est assis dans un fauteuil", se souvint Hermione.
Une foule d'yeux se planta sur elle.
"Quelqu'un est entré dans un manoir extrêmement protégé, propriété du ministère, pour s'asseoir dans un fauteuil ? répéta Harry, incrédule.
- Vous voyez ! Ça n'avait aucun sens, et comme rien n'a été volé ou dégradé, on avait aucune raison de vous en parler, se justifia Drago, toujours premier sur la mauvaise foi.
- Qu'est-ce qu'il a de spécial, ce fauteuil ? insista Rogue.
- C'était... celui sur lequel Voldemort s'asseyait. Supposément un meuble ayant appartenu à Rowena Serdaigle, mais je ne suis pas sûr que ce soit vrai.
- Oh ! gémit Daphné.
- Maintenant, ça a plus de sens... Et ça va nous aider à réduire la liste de nos suspects !" s'emballa Harry.
Il s'empara du marqueur qu'Hermione tenait et commença à tracer fébrilement des flèches et à rayer des noms sur le tableau.
"En admettant que l'intrus soit un des terroristes. On sait que ce sont des suprémacistes, probablement sympathisants de Voldemort. On a écarté l'hypothèse qu'ils aient appartenu à son cercle, puisque ceux-là sont morts ou en prison. Disons, un fan. Quelqu'un de suffisamment admiratif de son œuvre pour braver des barrières magiques potentiellement mortelles pour s'asseoir là où Voldemort s'est assis.
- Je crois que je viens de vomir dans ma propre bouche, frissonna Ron.
- Le sentiment est collectif, Weasley, lança Rogue.
- Donc, on parle de quelqu'un qui l'a peut-être connu personnellement de loin, ou qui a beaucoup entendu parler de lui par quelqu'un qui lui, en était proche, reprit Harry en continuant à gribouiller, comme pris d'une fièvre. C'est la seule façon de savoir que ce fauteuil existe, et par qui il a été utilisé, et où il se trouve. Ce n'est pas exactement une information connue de tous. La preuve, je n'en avais aucune idée, et j'ai lu tous les compte-rendus des procès. Ça solidifie l'hypothèse d'un enfant de mangemort. Ça explique aussi totalement la présence d'Irina Dolohov dans cette conspiration.
- Elle n'a aucun sang en commun avec moi, donc elle ne peut pas être l'intrus ! s'insurgea Drago, de plus en plus pâle.
- Oh seigneur, gémit Théo en tapotant l'épaule de son meilleur ami.
- Ce n'est pas une relation incestueuse qui stopperait une cinglée pareille, ajouta Blaise avant de se tasser sous le poids du regard écœuré de Drago.
- Je ne crois pas que ce soit une hypothèse crédible, coupa Rogue. Dolohov avait un goût prononcé pour les mineures aux cheveux blonds et venues de l'Est. Aucune Black ou Malefoy ne correspond à cette définition.
- Merci, Severus, souffla Drago.
- Je ne pense pas non plus qu'Irina soit l'intrus, reconnut Harry. Compte tenu de ce qu'on sait d'elle, elle n'a pas les compétences en magie pour contrer les enchantements de protection. Même avec du sang Black ou Malefoy... Il faut une grande puissance magique, n'est-ce pas ? Malefoy, il va falloir que tu m'expliques précisément comment fonctionnent ces protections, et comment quelqu'un devrait s'y prendre pour les forcer. Il faut aussi que tu contactes tes parents pour vérifier qu'aucun proche, légitime ou non, ne soit en vie. Ils auront sûrement aussi des infos sur les enchantements. Et comme je ne peux pas les interroger officiellement dans le cadre de l'enquête, puisque je suis, eh bien, SUSPENDU, tu dois utiliser ton droit de visite.
- Quoi ! grogna Drago.
- C'est une excellente idée, approuva Rogue. Il faut que tu leur rendes visite, et que tu les interroges.
- JAMAIS ! refusa le blond en croisant les bras sur sa poitrine.
- Granger pourrait t'accompagner, suggéra Théo. Il est grand temps qu'ils rencontrent leur future belle-fille."
Pansy lui pinça le bras pour le rappeler à l'ordre - l'heure n'était pas aux blagues de mauvais goût -, mais Théo ricana sous cape, satisfait de voir Hermione devenir toute rouge.
"On se connait déjà, malheureusement, répliqua-t-elle. Lucius a essayé de me tuer à plusieurs reprises. Et c'est hors de question. Ma présence ne ferait que les braquer davantage contre Drago, et les dissuader de parler."
Étrangement, personne n'avait l'air de réagir à ses arguments pourtant parfaitement sensés.
"En plus, je pourrais par inadvertance les tuer, et je ne pense pas que ma relation avec Drago y survivrait.
- Je pense que si", ricana l'intéressé en lui lançant un regard maléfique.
Hermione frissonna sous l'intensité de ces deux yeux gris et Pansy lui asséna une tape sur le bras.
"Cessez immédiatement ! Cette tension sexuelle est insupportable !
- Eeeet j'ai encore vomi dans ma propre bouche, annonça Ron.
- J'ai l'impression d'être dans une cour d'école. Pourquoi je dois sans arrêt vous rappeler à l'ordre ? s'impatienta Harry.
- Parce que tu es un rabat-joie, Potter, répliqua Théo.
- Donc, c'est entendu, Drago et Granger iront en Suisse, décréta Rogue. Passons à la suite."
Les deux concernés se mirent à vociférer leurs objections en chœur, ce qui empêcha quiconque de comprendre ce qu'ils tentaient de communiquer, si bien qu'Harry dû encore une fois discipliner ses troupes en jetant son feutre à la tête du blond, qui l'esquiva sans cesser de hurler.
"Bon sang, grandissez un peu ! hurla Rogue brusquement. Drago ne peut pas s'y rendre seul, ils vont le broyer, et miss Granger, il a besoin de vous pour leur tenir tête et revenir en un seul morceau."
Ils interrompirent leurs cris en fronçant les sourcils. Est-ce que Rogue venait de suggérer une façon de procéder uniquement conçue pour ménager la sensibilité de son filleul ? Est-ce qu'il venait de faire une proposition seulement guidée par des émotions humaines ?
Hermione se sentit tout à coup profondément stupide et égoïste. Bien sûr qu'elle ne pouvait pas laisser Drago aller en enfer tout seul. Elle devait mettre sa haine de côté le temps d'une courte incursion en territoire ennemi.
"C'est... très attentionné, professeur", lâcha Pansy, étonnée.
Hautement embarrassé, Rogue lui jeta un regard furieux et se précipita vers la fenêtre pour leur tourner le dos à tous.
"Je viendrai avec toi, déclara Hermione d'une petite voix.
- Tu n'as pas à...
- Chut. C'est décidé, coupa-t-elle.
- Mais...
- Il a raison Drago, on a besoin de ces informations et tu ne peux pas aller là-bas sans soutien moral.
- Je peux...
- Oui, d'accord, tu peux. Mais tu n'es pas obligé de le faire tout seul. T'en es capable mais c'est pas nécessaire.
- Tu...
- Je suis sûre."
Il l'attira contre lui pour une étreinte destinée à lui broyer la colonne vertébrale, et ils ne se séparèrent que lorsque Ron se racla bruyamment la gorge, leur rappelant soudainement qu'ils n'étaient pas seuls dans la pièce.
"Il faudrait que vous alliez là-bas dès que possible", marmonna Harry sans oser les regarder.
Malgré lui, il venait d'assister à un échange intime qui prouvait la relation fusionnelle entre sa meilleure amie et l'infâme Drago Malefoy. Lui, et tous les autres. Il savait qu'ils étaient ensemble, et probablement amoureux, mais ça... Ça, c'était un tout autre niveau. Il n'était même pas sûr d'avoir un tel degré d'intimité avec sa propre femme, et ils étaient mariés depuis une éternité. Hermione lisait dans la tête du blond avant qu'il ne parle à voix haute, et il écoutait et recevait tout ce qu'elle disait sans se fermer comme l'huître qu'il était. Il avait besoin d'elle et il ne cherchait pas à le cacher, ce qui ne collait pas à sa personnalité - du tout.
Ron n'avait fait aucun commentaire sur son vomi imaginaire, mais seulement parce qu'il étudiait le couple avec la bouche ouverte, comme s'il venait d'arriver à la même réalisation qu'Harry. Hermione s'apprêtait à aller dans le nid des serpents, volontairement, et tout ça pour cette peste de blond arrogant, qui la contemplait brusquement comme si elle était une sorte de trésor précieux. Tout ça était... déstabilisant.
"Pendant que vous serez en Suisse, nous, on va se relayer pour surveiller le manoir, ajouta Harry.
- C'est inutile, objecta Pansy. Les travaux vont commencer sous peu, et on a une équipe d'ouvriers sur place 24 heures sur 24, et notre propre équipe de sécurité. S'il y a du mouvement, ils le verront. De toute façon, je serai sur place avec Astoria et Jean-Pierre pour superviser les travaux.
- Qui est Jean-Pierre ? demanda Harry.
- Oh, tu veux dire Jean-Pierre, le reprit Ron avec son immonde accent. C'est un architecte. Il est français.
- D'ailleurs, j'ai les plans définitifs pour toi", se souvint Hermione en glissant sa main contre le torse de Drago.
Tout à coup, elle se sentait tout à fait incapable de garder ses mains pour elle. Elle avait besoin de contact avec lui.
"Hmm. Je devrais probablement les consulter tout de suite. Au loft. Avant qu'on parte en Suisse. Pour ne pas faire prendre de retard aux travaux."
Visiblement, Drago avait besoin d'un contact immédiat au moins autant qu'elle.
"Filez, par pitié ! Je ne peux pas en supporter plus !" brama Pansy en les poussant hors de la pièce.
On dirait qu'un voyage en Suisse se prépare !
Et l'enquête avance à grands pas. Quelles sont vos hypothèses ? Jusqu'à présent, personne ne semble avoir trouvé le suspect, mais je sème de petits indices alors il se pourrait que vous arriviez à vous approcher ;)
