Chapter 50 - À tort ou à raison
"Granger, j'ai fait ce que tu m'as dit, mais je ne suis toujours pas sûr que ce soit une bonne idée, chuchota Blaise alors qu'ils gravissaient ensemble les étages menant au penthouse dans l'ascenseur.
- Désolée de t'avoir réveillé en pleine nuit, grimaça Hermione à voix basse, sans réellement répondre à ses inquiétudes.
- C'est pas la question !
- Chut, le rabroua Hermione en regardant frénétiquement autour d'elle, alors qu'ils n'étaient que deux dans la cabine.
- Je croyais que tu ne voulais pas utiliser l'image des enfants à des fins politiques, insista Blaise. C'est toi qui a refusé qu'on dénonce les pratiques du ministère avec preuve à l'appui ! Pourquoi tout à coup c'est devenu OK ?
- J'ai changé d'avis, bafouilla Hermione, le teint plus rouge qu'à l'accoutumée.
- Parce que Drago se fait traîner dans la boue ?"
Dans un geste brusque, Hermione enfonça le bouton d'urgence et immobilisa l'ascenseur. Blaise avait - encore une fois - tapé pile où ça faisait mal.
"C'est hors de contrôle Blaise, ils inventent des complots absurdes et le font passer pour un odieux gourou qui s'apprête à faire du lavage de cerveaux d'enfants à grande échelle. Et les députés adverses n'aident pas, ils passent leur temps à remettre en cause ses motivations. J'ai lu la presse ce matin. Un journaliste l'a appelé L'Ogre du Wiltshire !
- Et ?
- Comment ça, et ? C'est pas une raison suffisante pour leur montrer qu'il sauve des enfants d'un environnement hostile, et non pas qu'il prévoit de les manger ?
- Drago peut encaisser, c'est juste l'affaire de quelques semaines, il a la peau dure...
- Non justement, il ne peut pas encaisser !" siffla Hermione.
Interdit, Blaise écarquilla les yeux.
"Enfin, peut-être qu'il peut, mais est-ce que c'est la peine d'en passer par là et de le faire souffrir si on a les moyens de rectifier tout ça ? se justifia Hermione.
- ... Je vois où tu veux en venir. Granger, crois-moi, c'est mon meilleur ami et je suis pour lui donner un coup de main, mais ça pourrait se retourner contre nous. Le ministère ne va pas apprécier d'être exposé comme ça, et que toute la population sorcière se réveille avec les photos d'enfants qu'il maltraite en Une de la Gazette. Ils ne vont pas mettre longtemps à comprendre que ça vient de nous, c'est assez nettement à notre avantage, et le timing...
- Je crois qu'on peut accepter dès à présent l'idée de les irriter un peu. Ils nous détestent déjà par principe, d'autant plus maintenant qu'on leur a arraché le manoir très publiquement. Et puis, on les a humiliés le soir de l'incendie du refuge. Alors...
- Granger...
- Quoi, Blaise ?
- Je crois que si tu es sérieuse à propos de cette guerre ouverte contre le ministère, on devrait en parler à notre général en chef, parce qu'il sera probablement ravi de fomenter un plan efficace.
- Drago ne doit pas avoir vent de ça ! insista-t-elle d'un ton définitif.
- Tu ne veux pas qu'il sache que c'est nous qui avons balancé des photos du centre de rétention à Gossip Witch ? s'étrangla Blaise.
- Ce n'est pas nous, c'est moi. Je suis l'unique responsable, et c'est ce que tu diras en cas de problème. D'ailleurs, cette conversation n'a jamais eu lieu entre toi et moi, je n'ai jamais quitté mon lit cette nuit, et aucun de nous deux n'a jamais vu ces photos.
- C'est pour ça que tu as choisi Gossip Witch, et pas la presse traditionnelle. Pour pas qu'on puisse remonter jusqu'à toi.
- Non, Zabini. Drago a utilisé ce rejeton de Satan par le passé, c'est pas exactement discret qu'un Non-aligné fasse de nouveau appel à ses services.
- Alors, pourquoi elle ?
- Parce qu'aucun journal installé n'aurait publié ces images sans en chercher la source ou sans vérifier leur véracité, c'est un scandale trop énorme ! Si on avait contacté la Gazette, on se serait retrouvés avec Cédric qui colle son nez partout dans nos affaires. Il aurait compris exactement ce qui se passait en quelques jours. Gossip Bitch, elle, se fout totalement de la provenance des photos parce qu'elle n'a aucune éthique.
- Et qui te dit que Digg' ne va pas venir flairer autour du penthouse, maintenant que les photos sont exposées à la vue de tous ?
- Oh, il va le faire, ricana Hermione. Et on va nier, nier, nier. Comme ce n'est pas son journal qui les a publiées, il n'a aucune base ou début de preuve pour nous traquer.
- Je vois que tu as pensé à tout..."
Blaise l'observa en silence, un petit sourire narquois au coin des lèvres. Elle leva les yeux au ciel et relança la montée de l'ascenseur sans lui prêter plus d'attention.
"C'était très... Drago, cette stratégie."
Elle ne lui donna pas la satisfaction de répondre.
"D'où elles viennent ces photos, d'ailleurs ?
- J'ai introduit un appareil photo dans le centre illégalement. Bien sûr, ils ne voulaient pas me faire visiter... tout. C'était soigneusement organisé pour que je n'accède à aucun endroit où j'aurais pu constater l'ampleur de ce qu'ils faisaient subir aux enfants.
- Pareil pour moi, je n'ai pratiquement rien vu, ni même pu parler directement aux enfants. Comment t'as fait ?
- J'ai convaincu une éducatrice de prendre ces photos pour moi. Je ne pensais pas qu'elle le ferait, jusqu'à ce que je reçoive les photos dans une lettre anonyme quelques mois plus tard.
- Et tu les as montrées à personne ?
- Juste à Astoria et Pansy quand on a commencé à travailler sur la fondation Malefoy. Puis à toi. Seulement pour que vous compreniez..."
Blaise hocha la tête avec gravité, puis tapota maladroitement l'épaule d'Hermione.
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Accompagnée par Pansy et Astoria, Hermione déambulait au milieu des gravats, un carnet à la main. C'était un miracle qu'elle ne se soit pas encore étalée dans les débris qui jonchaient le sol puisqu'elle ne regardait pas du tout où elle mettait les pieds, tant occupée qu'elle était à noter furieusement en marmonnant.
"Mmh... Cheminée... Retard... inacceptable ! Stupide... sourds... rappeler au maître d'œuvre...
- Granger, c'est fantastique, ils ont terminé l'escalier ! Il est magnifique ! s'extasia Pansy.
- Magnifique ! s'étrangla Hermione sans lever les yeux. La quatrième marche est bancale et il manque le vernis sur les rambardes."
Astoria et Pansy échangèrent un regard, et se remirent à zigzaguer autour des outils à la poursuite d'Hermione. Bizarrement, à la seconde où elle avait mis un pied dans la propriété, tous les ouvriers avaient décampé vers des zones de travaux reculées. Ce qui n'aidait pas à faire avancer le chantier. Certes, sa précédente visite avait largement accéléré les choses... Mais visiblement, c'était au détriment de la santé mentale des troupes.
"Jean-Pierre ? hurla soudain Hermione, toujours tête baissée. Jean-Pierre ?"
L'architecte français, couvert de poussière, déboula avec ses plans à la main.
"Miss Granger ?
- Il me semblait que sur les croquis que nous avions validés ensemble, la baie vitrée du grand salon devait mesurer 4 mètres 50, et dites-moi si je me trompe, mais j'ai la curieuse impression qu'elle ne fait pas du tout cette taille."
Interdit, l'architecte fronça les sourcils et pivota vers la baie vitrée de la discorde.
"En effet, nous en avons réduit la taille de 30 centimètres en raison des restrictions du ministère. C'était dans votre cahier des charges.
- Bonne réponse, Jean-Pierre. Je vous félicite d'être aussi vigilant. Et je suis désolée que ce détail nous ait échappé en premier lieu.
- Euh, c'est normal Miss Granger, c'est mon métier.
- Est-ce que c'est aussi votre métier de laisser vos ouvriers peindre en ocre un mur qui aurait dû être beige ?"
Cette fois, Jean-Pierre déglutit, et tira sur son pull pour se donner un peu d'air. Pansy leva les yeux au ciel ; bien sûr, un compliment de Granger était suivi par une attaque sournoise. Fréquenter Drago d'aussi près commençait à lui jouer des tours et à la pousser à relâcher son tortionnaire intérieur, jusqu'ici relativement contenu.
"C'est... une erreur", bafouilla Jean-Pierre.
Hermione releva la tête et le fixa en silence jusqu'à ce qu'il s'agite d'un pied sur l'autre. Pansy était sur le point d'intervenir pour le secourir tant son malaise était palpable, mais la Gryffondor finit par soupirer.
"Que ça ne se reproduise pas, Jean-Pierre, dit-elle sévèrement.
- C'est pas mal, cet ocre, déclara Astoria en hochant la tête pour appuyer son propos.
- Ce n'est pas la question, coupa Hermione.
- C'est juste, Miss Granger. Je vais superviser de plus près.
- Avez-vous besoin de quelqu'un pour vous aider à diriger ? Un adjoint ? proposa Hermione.
- Oh, non, ne vous inquiétez pas ! objecta Jean-Pierre.
- Nous sommes à 8 jours de l'objectif, alors ce n'est pas le moment de faire le fier. Si vous avez besoin d'aide, dites-le, et je nomme quelqu'un pour vous assister dans la minute."
Jean-Pierre hésita un peu, puis finit par acquiescer.
"Les travaux avanceraient plus efficacement si j'étais assisté, reconnut-il.
- Considérez que c'est fait !"
Hermione nota quelque chose sur son carnet et s'empressa de s'éloigner pour engager des renforts. Elle passa son appel, ignorant la centaine de notifications sur l'écran de son téléphone, et s'apprêtait à revenir à l'intérieur pour reprendre son inspection, lorsqu'elle remarqua deux silhouettes qui approchaient du manoir.
La première, en tête, avait l'air pressée, et la seconde traînait clairement des pieds.
Elle plaça une main au-dessus de ses yeux pour masquer le soleil, et sourit en reconnaissant Drago, qui avançait les mains dans les poches et semblait marmonner dans sa barbe. Et devant lui, Rogue. Mais la présence de Rogue ne la faisait pas nécessairement sourire.
"Drago !" s'écria-t-elle en agitant les bras, comme s'il risquait de ne pas la voir alors qu'elle était plantée seule dehors au milieu d'une terrasse rutilante et vide.
Il releva la tête au son de sa voix et accéléra un peu le pas.
"Miss Granger, grommela Rogue en arrivant à sa hauteur, les mains enroulées autour de sa robe pour l'empêcher de traîner au sol. Ce parc est un bourbier sans nom. Il y a des cratères partout, qu'ont fait vos employés exactement ? Une bataille explosive grandeur nature ?
- Ils ont dû arracher les plantes venimeuses et les statues leur ont donné du fil à retordre, expliqua Hermione. Et les paysagistes ont décidé de détruire le labyrinthe en buis, à cause de tous les pièges. Bref, finalement, il ne reste... rien.
- Il est déjà plus beau qu'avant, grogna Drago en essuyant ses chaussures en cuir italien contre la seule touffe d'herbe qui avait survécu.
- Vous êtes là pour les enchantements de protection ?
- Mmh, dit Drago en plissant les yeux en direction de la porte d'entrée, qui n'était plus qu'un trou béant.
- Oh, on a dû la démonter complètement, s'excusa Hermione en suivant son regard. Elle... était agressive. Un ouvrier est à Sainte-Mangouste avec des brûlures terribles.
- J'espère que vous l'avez mise au feu. La porte, pas l'ouvrier, précisa le blond.
- Eh bien, on pensait lui laisser une seconde chance. Peut-être qu'en la reprogrammant avec de nouveaux enchantement, elle...
- Brûlez-là, c'est une cause perdue, trancha Rogue. Bien. Commençons."
Il se retroussa les manches et Drago l'imita en soupirant.
"Ici ? vérifia-t-il.
- Pourquoi pas ? siffla Rogue.
- Parce que je ne devrais pas faire de la magie prohibée et saigner sur ce marbre tout neuf, en public, avec vingt ouvriers qui me dévisagent ? ironisa Drago en pointant du doigt le toit du manoir.
- Qu'est-ce que vous faites ! beugla Hermione, qui n'en revenait pas. Au travail ! C'est pas l'heure de la pause, tires-au-flanc !"
Ils décampèrent, épouvantés.
"Jean-Pierre ! hurla Hermione en repartant à fond de train à l'intérieur.
- Effrayante", remarqua Rogue, placide.
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"C'est un excellent travail, messieurs, dit Hermione en caressant du plat de la main le plancher en bois clair. Splendide !"
Choqués, ils marmonnèrent des remerciements et continuèrent leur tâche avec encore plus d'application.
"Granger, quelle est ta stratégie exactement ? Tu ne peux pas être et le gentil flic, et le méchant flic. Ces pauvres ouvriers ont probablement le tournis avec tous tes changements d'humeur, soupira Pansy.
- Quoi ? De quoi tu parles ? s'étonna la Gryffondor en admirant les nouveaux miroirs qui ornaient le hall.
- C'est comme si tu leur mettais un coup de poing dans le nez puis leur faisait un bisou dans la foulée, résuma Astoria.
- Je leur dis quand c'est bien et aussi quand ils font n'importe quoi, se défendit Hermione. C'est être une leader juste. Oh ! Dites donc, qu'est-ce que c'est que ce trou dans le mur ? Vous avez prévu de faire une fenêtre entre les toilettes et le salon ? Vous avez une drôle de notion de l'intimité ! Est-ce que quelqu'un m'écoute ?
- Granger, ça suffit, s'écria Pansy. Va faire un tour, prends l'air, va câliner Drago, je prends le relai. Tu rends tout le monde cinglé avec ton chaud froid permanent ! Ils ont tellement peur qu'ils s'arrêtent de travailler quand tu arrives ! Dehors, Granger !"
Parkinson avait employé un ton tellement ferme qu'Hermione recula d'un pas, perplexe.
"Pansy, je...
- Tu rien du tout. C'est bon, tu as très bien organisé les équipes, ils savent ce qu'ils ont à faire, laisse-les travailler. Je surveille. Va vérifier comment va Drago, ces rituels peuvent drainer l'énergie."
C'était l'argument qu'il fallait utiliser. Hermione fronça le nez mais opina de la tête, et escalada l'escalier bancal à la recherche de Drago. Plus elle progressait, plus un étrange sentiment d'angoisse l'étreignait. Lorsqu'elle pénétra dans le couloir menant à l'aile privée du Manoir, elle accéléra le pas, soudain certaine que quelque chose s'était produit.
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Lorsque Rogue lui ouvrit la porte de la salle de musique, une des rares pièces qui n'avait pas encore été démolie, il avait l'air lessivé, furieux, et inquiet. Cette combinaison ne disait rien qui vaille à Hermione. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour essayer d'apercevoir Drago derrière lui, mais ce maudit Severus lui obstruait la vue et avait à peine entrebâillé la porte.
"Miss Granger ? grogna-t-il en tapotant du pied, pressé de la voir décamper.
- Professeur, est-ce que je peux parler à Drago cinq minutes ?
- Non."
La porte se referma sèchement devant elle et elle ne dut sa survie qu'à un rapide bond en arrière. Qu'était-il en train de se passer dans cette pièce pour qu'on lui en interdise l'accès ? Pourquoi Drago n'avait pas parlé, ou ne s'était pas interposé ? Elle redressa le menton et frappa à nouveau contre le battant en bois.
"Drago ?" appela-t-elle.
Personne ne daigna lui répondre, alors elle essaya de tourner la poignée. Fermée à clef. Ses coups redoublèrent de vigueur contre la porte. Maintenant, elle était vraiment inquiète.
"Drago ? Professeur, ouvrez cette porte, ou je... la fais exploser !"
Encore une fois, seul le silence lui répondit. Personne ne prenait ses menaces au sérieux. Pourtant, ils devraient, parce qu'il n'y avait aucune chance que Drago choisisse de se cacher en silence dans cette pièce sans lui donner de signe de vie, alors qu'il entendait nécessairement l'urgence dans sa voix. S'il ne répondait pas, c'est que quelque chose s'était passé. Et donc, elle allait massacrer cette porte.
"Dernier avertissement, je vais détruire la porte !"
Cette dernière s'ouvrit brutalement et Rogue enroula une main autour de son avant-bras pour la traîner à l'intérieur. Il claqua la porte et continua à lui masquer l'intérieur de la pièce en la maintenant face au mur.
"Professeur ? s'enquit anxieusement la jeune femme.
- Miss Granger, ne paniquez pas, il s'est juste évanoui."
À ces mots, Hermione s'arracha de l'emprise de Rogue avec tellement de force qu'elle alla culbuter le mur tête la première, avant de retomber en arrière sur ses fesses, se tordant le cou pour apercevoir Drago.
"Miss Granger", répéta Rogue, irrité.
Mais Hermione ne l'écoutait plus, parce qu'elle venait de localiser Drago, allongé sur un canapé, pâle, un bras pendant dans le vide. Sans réfléchir, il se précipita vers lui et attrapa sa main, passant ses doigts sur son front pour dégager des mèches de cheveux moites.
"Drago ? Drago ? Mon dieu Rogue, qu'est-ce que vous lui avez fait ?!"
Le coupable marmonna des insanités dans sa barbe mais ne fournit aucune sorte de réponse. Frénétique, Hermione prit le pouls de Drago, à peine rassurée de le sentir battre régulièrement.
"Drago ? Drago ? l'appela-t-elle doucement, sans en tirer de réaction. Rogue, par Merlin, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Il s'est passé qu'il ne m'a pas écouté, et qu'il est allé trop loin, grogna le professeur.
- Comment ça, trop loin ? balbutia Hermione, affolée.
- Il s'est... poussé trop loin. Surmené. Il va revenir à lui, son corps a juste besoin d'un peu de répit.
- En modifiant les enchantements de protection ? glapit Hermione.
- C'est... là que se situe le problème. Il a modifié et renforcé les protections, ce qui a déjà drainé son énergie. Et il essayait de... trouver qui avait pu forcer le passage. De faire parler la magie ancestrale du Manoir.
- Est-ce que c'est seulement possible ?"
Rogue grimaça.
"Je n'en suis pas certain."
Hermione expira douloureusement, et continua à observer Drago en silence, caressant distraitement les contours de son visage.
"Pourquoi vous l'avez laissé faire, si vous n'êtes même pas sûr que ses tentatives pouvaient fonctionner ?
- Allons Miss Granger, vous et moi savons parfaitement à quel point il est têtu.
- Drago, réveille-toi. Drago !" insistait Hermione, qui perdait patience et se laissait gagner par l'angoisse à mesure que les minutes s'égrenaient.
Enfin, ses paupières tremblèrent légèrement et ses cils se mirent à battre. Puis il ouvrit un œil, qu'il referma aussitôt en gémissant.
"Drago ! s'exclama la Gryffondor, penchée tellement près au-dessus de lui que leur nez se frôlaient.
- Mmh, marmonna le blond.
- Drago, tout va bien, tu t'es juste évanoui. Prends ton temps, tout va bien", le rassura-t-elle avec précipitation.
Brusquement, il redressa suffisamment la tête pour plaquer ses lèvres contre les siennes, et plaça simultanément une main sur ses fesses, avant de la presser contre lui. Rogue s'étouffa quelque part dans la pièce, et Hermione tenta de reculer. Or, pour quelqu'un qui venait juste de reprendre connaissance, il avait l'air d'avoir beaucoup de force.
"Mpf, Drago", protesta Hermione contre ses lèvres.
Elle était en train de considérer sérieusement l'idée de le mordre pour l'obliger à relâcher sa prise, mais il sembla réaliser que quelque chose n'allait pas, et repositionna ses mains baladeuses sur ses épaules.
"Qu'est-ce que... marmonna-t-il en clignant des yeux.
- Drago, on est au manoir. Avec Rogue", expliqua la jeune femme en s'asseyant à côté de lui sur un coin de canapé.
Il tenta de se redresser, mais elle le maintint allongé en appuyant sur son torse.
"Doucement, exigea-t-elle. Drago, tu t'es évanoui.
- Oh, grogna-t-il en se massant les temps de la paume de la main. Longtemps ?
- Non, intervint Rogue. À peine cinq minutes, soit le temps qu'il a fallu à Miss Granger pour courir jusqu'ici, menacer d'arracher la porte et me reprocher ce désastre.
- Je ne suis pas désolée, rugit Hermione en se retournant vers Rogue. Vous l'avez accompagné ici pour l'aider et vous assurer qu'il ne coure aucun danger, c'est vous l'expert, et c'est vous son parrain.
- Euh... commença Drago d'une voix rocailleuse.
- Et toi ! reprit Hermione en changeant sa colère de direction. Qu'est-ce qui t'a pris de te lancer dans des expériences nébuleuses qui peuvent mal tourner, sans prévenir personne ?
- Je me suis juste évanoui Granger, je me sens beaucoup mieux maintenant, marmonna Drago en enroulant ses mains autour des siennes.
- Formidable ! Alors reprenez vos explorations en magie noire ! Après tout, qui suis-je pour me mêler de ta sécurité !"
Tremblante, elle arracha ses mains à celles de Drago et bondit sur ses pieds. Elle entendit vaguement Drago plaider et Rogue tenter de la raisonner, mais dans sa précipitation et sa frénésie, elle avait manqué quelque chose d'important. Là, à ses pieds, sur le sol en parquet luisant, se trouvait une flaque de sang. Le sang de Drago. Elle tourna vivement la tête vers lui, les yeux écarquillés, et il cessa immédiatement de parler.
Elle sentit son menton se mettre à trembler et mobilisa tout ce qu'elle avait pour ne pas fondre en larmes, épouvantée.
Drago se releva prestement et ne perdit pas une seconde pour l'encercler de ses bras et la plaquer contre son torse, malgré les efforts qu'elle fournissait pour s'échapper. Il parsema ses cheveux de baisers en murmurant des paroles rassurantes qu'elle n'entendit pas du tout, et la berça de droite à gauche en caressant son dos.
Dès qu'il sentit que ses tremblements avaient cessés, il commença à s'excuser encore et encore.
"Est-ce qu'on peut s'en aller ? finit-elle par murmurer contre son cou.
- Tout ce que tu veux, Granger, s'empressa-t-il de répondre.
- Allez-y. Je vais... remettre un peu d'ordre", dit Rogue, embarrassé par cette situation.
Hermione et Drago sortirent de la pièce sans un mot de plus, elle les joues striées de larme, et lui un peu hagard, cramponnés l'un à l'autre. Ils parcoururent en silence le chemin vers la sortie, et ne prononcèrent pas un son jusqu'à ce qu'ils soient plantés au milieu du parc dévasté.
Là, Hermione émit un sanglot étouffé et se jeta à nouveau dans ses bras, l'agrippant de toutes ses forces à la fois pour s'assurer qu'il allait bien et pour le punir de ce qu'il venait de faire.
"Je suis désolé Granger, j'ai perdu le contrôle et c'était stupide. Je n'aurais jamais dû essayer de faire ça.
- C'était vraiment STUPIDE !" s'écria Hermione en enfouissant ses ongles dans son dos.
Il grimaça, mais eut la décence de ne pas protester.
"Ne recommence jamais ! insista-t-elle.
- Je te le promets."
Son ton solennel la convainquit et elle recula assez pour le regarder dans les yeux. Il avait déjà l'air contrit, mais cela ne lui suffisait pas.
"Je sais que c'est émotionnellement compliqué pour toi d'être ici, et de voir ce qu'on fait à ton Manoir, et de devoir t'impliquer et faire ces affreux rituels.
- Granger...
- Laisse-moi parler. Je sais aussi que tu veux régler cette histoire de terroristes rapidement et que tu te sens responsable parce que c'est peut-être ta famille, et encore des résidus de mangemorts, mais arrête de penser que tout tourne autour de toi et que c'est à toi de sauver le monde. Tu n'y es pour rien ! Personne ne pense que c'est ta responsabilité ! Alors arrête de te flageller et de te mettre en danger parce que tu te sens investi d'une mission suicide. Si tu retentes un coup comme ça, Drago..."
Elle émit un grognement menaçant et lui jeta son regard le plus sérieux possible. Il hocha la tête, soupira, se mordit la lèvre, et colla son front contre celui de la jeune femme.
"J'ai agi sans réfléchir et sans penser aux conséquences. Severus a essayé de me dissuader et je n'ai rien écouté. Je crois... Que je ne devrais pas passer trop de temps ici, pour le moment. T'as raison, c'est difficile d'être là.
- Personne ne t'y oblige. Maintenant que tu t'es occupé des protections, tu n'as plus à y remettre les pieds jusqu'au gala.
- D'accord. Granger, je suis vraiment désolé, la dernière chose que je veux c'est te faire peur comme ça."
Ses yeux gris la suppliaient de le croire et elle esquissa un sourire un peu forcé, enfonçant ses doigts dans ses cheveux.
"C'était vraiment effrayant. Tu bougeais plus, t'étais tout pâle, et... ce... sang ! Drago...
- J'ai fait n'importe quoi, reconnut-il. Comment t'as su qu'il s'était passé quelque chose ? Rogue a dit que tu étais arrivée immédiatement..."
Elle fronça les sourcils, perplexe.
"J'en sais rien. La chance, sans doute. Pansy m'a virée parce que j'empêchais soit disant les ouvriers de travailler, et elle a suggéré que je parte à ta recherche. Dès qu'elle a prononcé ton nom, j'ai senti... Je ne sais pas, une angoisse ? Et ensuite, Rogue refusait d'ouvrir la porte, et...
- Je vais bien. Je vais bien, Hermione."
Il la pressa davantage contre lui et embrassa son front.
"Eh ! Vous deux ! hurla Pansy depuis le trou béant qui faisait office de porte d'entrée. Vous devriez sortir de là, parce que les jardiniers s'apprêtent à aplanir le terrain et installer la nouvelle pelouse, alors à moins que vous vouliez être ensevelis..."
Drago glissa un bras autour de la taille d'Hermione et l'entraîna vers le portail après un vague mouvement de main en direction de Pansy.
"Où est-ce qu'on va ? se renseigna-t-elle.
- À la maison", décréta-t-il.
Hélas, malgré l'ascenseur émotionnel qu'ils venaient de subir, la journée était loin d'être finie. Une dizaine de reporters étaient plantés comme des loups à l'affût devant les grilles du manoir, et se mirent à s'agiter dès qu'ils franchirent les limites de la propriété.
"Bon sang, qu'est-ce qu'ils veulent encore... grinça Drago entre ses dents.
- Oh !" réalisa Hermione.
Avec tout ça, elle avait oublié son petit arrangement avec Gossip Bitch. Nul doute que les photos avaient été publiées au cours de la journée, pendant qu'elle était occupée à courir en cercles dans le manoir sans consulter son téléphone. Elle pâlit drastiquement et hésita à stupéfixier Drago pour qu'il n'assiste pas à ce qui allait suivre. C'était sa seule option pour le protéger, maintenant.
Pourquoi n'avait-elle pas écouté Blaise ?
Son plan était terrible. Terriblement mauvais. Et elle allait blesser Drago.
"Oh ? répéta Drago tout en souriant faussement face aux flashs des appareils photo, inconscient du drame qui s'annonçait.
- Monsieur Malefoy, qu'avez-vous à déclarer au sujet des agissements du ministère ? attaqua Cédric sans leur laisser le temps de respirer.
- Quels agissements ? Il va falloir être plus précis, Diggory, parce que j'ai beaucoup de choses à déclarer, rétorqua Drago avec assurance.
- Au sujet du centre de rétention pour mineurs. Ces photos ont beaucoup ému l'opinion aujourd'hui, elles sont extrêmement choquantes. Aviez-vous connaissance des mauvais traitements infligés aux enfants ? Est-ce pour cela que vous avez lancé votre fondation malgré le climat de défiance qui vous entoure ?"
Drago fronça les sourcils de manière imperceptible et raffermit sa prise autour de la taille d'Hermione, qui commença à paniquer intérieurement. Comment pouvait-elle la jouer ? Elle n'était pas supposée avoir eu connaissance de ces photos elle non plus, puisqu'elle avait passé la journée au manoir, sans contact avec l'extérieur.
Elle allait devoir feindre la surprise. Elle ferma brièvement les yeux pour se préparer à l'impact, et se lança.
"Nous venons de passer la journée dans les travaux, alors je suis désolée mais on ne sait pas du tout de quoi vous parlez... Quelles photos ?" tenta-t-elle avec son air le plus innocent.
Si les journalistes tombèrent dans le panneau et se mirent tous à parler en même temps, elle sentit Drago se figer et réalisa qu'elle n'était pas une actrice si douée que ça.
"Vous n'avez pas vu les photos publiées en début d'après-midi ?" s'étrangla Cédric, avant de dégainer une tablette pour la leur coller devant les yeux.
Ils se penchèrent sur l'écran et sursautèrent de concert. Hermione avait reçu ces photos, elle les avait regardées encore la veille, mais rien n'aurait pu la préparer à croiser le visage amaigri d'un enfant en larmes, prostré, en gros plan.
"C'est... épouvantable", dit-elle d'une voix nouée.
Trois micros apparurent devant elle et elle se racla la gorge.
"J'ai visité ce centre l'année dernière, avoua-t-elle, tremblante.
- Miss Granger, si vous avez visité ce centre, pourquoi n'avez-vous pas évoqué l'horreur de ce qu'il s'y passait ? demanda Cédric d'un ton accusateur.
- Je..."
Hermione se tut, faisant défiler les photos terribles d'enfants rachitiques, aux yeux tristes et aux ongles sales. Elle avait vu ces photos, et pourtant c'était comme si elle les découvrait. La détresse qui en émanait était totale.
"Êtes-vous en train d'accuser Hermione Granger d'avoir couvert les actions criminelles d'une prison qui maltraite des enfants innocents, Diggory ? siffla Drago.
- Non, bien sûr que non, s'empressa de répondre Cédric, écarlate. J'essaye simplement de comprendre.
- Je n'ai rien vu de tout ça lors de ma visite. Je n'ai même pas croisé ces enfants, expliqua faiblement la Gryffondor. Si j'avais su... Si j'avais..."
La gorge serrée, elle fut incapable d'aller plus loin, assaillie par la culpabilité.
"Il est évident que les personnes en charge de ce centre n'auraient pas laissé une députée entrer et voir s'étaler sous ses yeux de telles horreurs, dit froidement Drago. Disons que je suis une personne malveillante, lâche et criminelle en charge de ce centre de rétention... C'est difficile à imaginer, mais essayons, juste pour la démonstration. Donc, je serais un monstre qui torture des enfants. Je pense que je me serais arrangé pour préparer une visite scénarisée, en évitant soigneusement de montrer mes exactions. Pour que les visiteurs éventuels ne voient pas ce que je fais subir à des mineurs sans défense. Est-ce que cela vous parait probable ?"
Tous hochèrent vivement la tête.
"Bien. Donc, évitons de pointer du doigt les rares personnes qui ont au moins eu la curiosité d'essayer de savoir ce qu'il se passait dans ce centre. Parce qu'elles sont rares. La plupart d'entre nous ne se préoccupait pas du sort de ces enfants, et ignorait jusqu'à leur existence. Pourquoi, à votre avis ?"
Les journalistes s'entre-regardèrent, perplexes. S'attendait-il vraiment à ce qu'ils participent à cette interview et répondent à ses questions ? Qui était le reporter, dans cette équation ?
Cédric fut le premier à abandonner les convenances, et prit la parole pour tout le monde.
"Le Ministère ne faisait aucune publicité au sujet de ce centre, n'en parlait jamais. Il n'y a même pas de panneau de signalisation à l'entrée. La presse n'y a jamais été conviée, le personnel est tenu à des accords de confidentialité, résuma-t-il. C'est un secret bien gardé.
- Maintenant, grâce à ces photos, nous savons tous pourquoi, conclut Drago. Quels dirigeants voudraient montrer au monde la manière inhumaine dont ils traitent des orphelins ? Ces enfants... souffrent. Ils souffrent beaucoup, tous les jours, loin de nos yeux. Ce sur quoi on doit se concentrer, aujourd'hui, c'est... sur eux. Les aider. S'assurer qu'ils aient du soutient, de l'affection, un lit chaud et un repas. C'est élémentaire, ce n'est pas grand chose, pourtant ils ont cruellement manqué de tout cela.
- Monsieur Malefoy, aviez-vous connaissance du fait que ces enfants étaient maltraités avant de lancer votre fondation ? Est-ce que c'est cela qui vous a décidé à vous battre pour ces orphelins ? l'interrogea une journaliste de Sorcière Hebdo.
- Ce n'est pas exactement un fait connu de tous, mais..." commença-t-il.
Il sentit le corps d'Hermione se coller encore plus contre le sien et ses doigts se serrer autour de son poignet. Il pressa rapidement sa main pour la rassurer, et se jeta dans le vide.
"... J'ai moi-même effectué un court passage dans ce centre au sortir de la guerre.
- Seigneur !" s'exclama Diggory en plaquant une main sur sa bouche.
Les yeux de la journaliste de Sorcière Hebdo s'embuèrent de larmes, et tous leurs collègues semblaient profondément choqués par cette nouvelle, imaginant sans nul doute un enfant blond aux yeux tristes, roulé en boule dans une pièce sombre. Le cœur d'Hermione se serra de nouveau pour lui.
"J'étais encore mineur et ils ne savaient pas quoi faire d'un enfant de mangemort dont les parents étaient en détention provisoire. Alors... J'y suis resté. Brièvement. Et ce passage, aussi court qu'il soit, m'a transformé à jamais. Je sais ce que ces enfants traversent et lorsque je suis devenu député, c'était avant tout pour m'assurer que de telles horreurs cessent. Que tous les enfants soient traités équitablement, et avec respect, peu importe d'où ils viennent. J'ai l'occasion de faire quelque chose pour eux, maintenant. Grâce à Miss Granger, en réalité. C'est elle qui a trouvé cette solution, qui a créé cette fondation et a œuvré sans relâche pour la faire exister."
Il la couvait d'un regard reconnaissant et elle se sentit d'autant plus coupable qu'elle venait de lui tendre ce piège, de l'obliger sans aucune préparation à faire face à son passé et aux regards torturés d'enfants qui lui ressemblaient. Quelle sorte de personne exposait l'homme qu'elle aimait à ce genre de souffrance ? Tout ça pour de la politique... Écœurée par son propre comportement, elle baissa les yeux.
"Hermione a vu une situation dans laquelle des personnes souffraient et elle a fait tout ce qu'elle a pu pour réparer. C'est ce qu'elle fait. C'est ce que nous essayons tous de faire en tant que députés. Et cette fondation va avoir besoin de nous tous. De vous, aussi. On ne pourra jamais réparer le mal fait par le ministère à ces enfants, mais on peut s'assurer que ça ne se reproduise plus jamais.
- Miss Granger ! l'interpella un des reporters. Saviez-vous que Monsieur Malefoy avait été l'un de ces enfants ?"
Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais elle était tellement empêtrée dans sa honte qu'elle ne trouva rien à dire, et se contenta de sonder le regard gris de Drago avec la crainte d'y lire de la déception. Mais elle n'y lut rien du tout, parce qu'il était imperturbable. Il vola même à son secours.
"Je crois qu'Hermione est encore choquée par ce que vous venez de nous montrer. Ce qui est légitime, dit-il avec une douceur qui lui était peu coutumière. Je sais que beaucoup de gens sont bouleversés à travers le pays, et c'est parfaitement normal. Vous pouvez être en colère et demander des explications. C'est ce que nous allons faire, soyez-en sûrs. Merci, ce sera tout."
Après un sourire et un salut de la main, Drago la tracta à l'écart et les fit transplanner sans plus de cérémonie. Hagarde, Hermione trébucha en arrivant au loft, et sentit aussitôt des larmes rouler sur ses joues. Encore. Heureusement, Drago ne l'avait pas lâchée et la conduisit jusqu'au canapé, où il la força à s'asseoir sur ses genoux.
"J'aurais fait exactement la même chose, dit simplement le blond en l'étudiant de ses yeux perçants.
- Quoi ? croassa-t-elle.
- Faire publier ces photos. Je l'aurais fait si je les avais eues en main. C'était une décision intelligente, expliqua-t-il sans montrer la moindre émotion.
- Drago, je suis tellement, tellement désolée ! hoqueta-t-elle sans oser le regarder.
- Ne le sois pas. Tu l'as fait pour de bonnes raisons.
- Tu parles... Je... Blaise m'avait prévenue que c'était une mauvaise idée, et que ça allait se retourner contre nous, et...
- Ça ne s'est pas retourné contre nous du tout. Le Ministère est sous le feu des critiques, et plus personne ne pourra m'accuser de calcul politique, maintenant. C'est impossible de nier l'urgence de la situation de ces enfants. Tu as suscité une émotion collective puissante qui s'est rangée derrière nous. Derrière la fondation. C'était la meilleure décision que tu puisses prendre.
- Mais Drago... Tu... Je t'ai jeté en pâture ! sanglota la jeune femme en se triturant les doigts.
- Oh, Granger, il était grand temps que je dise la vérité au public, et même si j'aurais apprécié que tu me préviennes, je comprends que tu ne l'aies pas fait. Je suis fier de toi."
Cette dernière déclaration bizarre la força à enfin le regarder, et elle constata avec stupeur qu'il avait l'air de le penser.
"Comment tu peux être fier de moi ? J'ai fait fuiter des documents volés à une blogueuse louche pour améliorer ton image, dans ton dos, et je t'ai forcé à parler de choses intimes à la presse. C'est... méprisable !"
Drago se mit à rire doucement et plaqua ses lèvres contre les siennes avec force, la prenant tellement de court qu'elle n'eut pas le temps de répondre à son baiser.
"C'est pas méprisable. C'est un calcul politique parfait. Tellement parfait qu'il a l'air de venir tout droit de mon manuel personnel. Je n'aurais pas fait mieux. Et le plus incroyable, c'est que tu l'as fait non pas pour placer des pions, mais pour me sauver d'un lynchage médiatique. Granger, on sait tous les deux que tu n'aurais jamais rendu ces photos publiques juste pour l'image. Je l'aurais fait, mais pas toi. Non, tu l'as fait uniquement pour faire taire les attaques contre moi. Attaques dont je me suis plaint la veille. Tu as réagi par émotion, et pas par stratégie. Tu te souviens de ce que tu m'as dit tout à l'heure, dans le parc ? De ne pas m'auto-flageller ? Eh bien, c'est à ton tour d'appliquer ces conseils.
- Tu m'en veux pas ? s'étonna Hermione, déstabilisée.
- Non. Pas une seconde. Ce serait hypocrite et égoïste. Granger, j'ai fait n'importe quoi tout à l'heure au manoir, et toi, tu as omis de me prévenir de cette tornade médiatique. On va faire des erreurs. Et se disputer. Ne te mets pas dans des états pareils, s'il te plaît..."
Elle le serra contre elle, incapable d'articuler toute sa reconnaissance, et son admiration, et tout son amour.
"Pardon, Drago. J'aurais dû te prévenir tout de suite, même te demander ton avis avant d'envoyer ces photos. J'ai juste... Je voulais juste qu'ils te laissent tranquille.
- Je sais. Tout va bien, Hermione."
Ils se consolèrent mutuellement en chuchotant, et l'innocence de leurs baisers dériva finalement avec urgence jusqu'à ce que Drago se retrouve penché au-dessus d'elle, agrippé à ses hanches, des perles de transpiration roulant de son front.
Un chapitre full of drama ! Et ça y est, le ministère est exposé.
Alors, est ce qu'Hermione a fait une bêtise d'après vous ?
