Neela

Lorsque Maggie nous a tout raconté, ce soir-là, je n'ai pas su comment réagir. Je n'ai pas mieux réussi à trouver les mots le lendemain, quand Monsieur Weasley et son équipe sont arrivés au château pour la rencontre, et je suis restée silencieuse après qu'elle et Scorpius soient revenus de leur confrontation avec Monsieur Lupin. Même maintenant, je ne sais pas quoi dire à mon amie alors qu'elle sanglote et rit en même temps dans la salle de classe que nous avons trouvé pour nous réunir.

Je me contente de tenir la main de Basil. Il la serre de temps à autre pour me rappeler qu'il est là, et a passé l'autre autour de mes épaules. C'est bête, ce n'est rien et pourtant ça change déjà beaucoup de choses. Je n'ai pas l'impression d'être seule et surtout, il me rappelle d'une façon simplissime que je suis là, présente avec eux dans cette salle mal éclairée.

C'est Rose qui a trouvé les chandelles volantes passant et repassant au-dessus de nos têtes, et qui a réussi à les enchanter comme celles de la Grande Salle. Au classement général, Rose est juste derrière moi, mais je sais qu'elle a une intelligence magique que je n'aurai jamais. Elle a eu l'intuition de ce sort, alors que j'aurai cherché des heures et des heures dans mes grimoires avant de trouver la formule, paniquée à l'idée de me tromper.

Basil a apporté ce qu'il a pu glaner aux cuisines, comme d'habitude. Le fait que la salle commune de Poufsouffle soit collée au garde manger est un avantage dont je prends de plus en plus conscience à force de les fréquenter, j'ai l'impression. En revanche, nous n'avons pas réussi à trouver Eden. Il disparaît de temps en temps, celui-ci, impossible de savoir où il va. Je pense qu'il y a une histoire de fille là-dessous.

Maggie et Scorpius racontent encore et encore à Rose ce qui s'est passé, et comme a réagi Monsieur Lupin. Ils ne comptent rien faire de plus, et je vois bien à l'attitude de Maggie qu'elle est sûre d'elle, cette fois-ci. Nous ne sommes pas amies depuis si longtemps que ça, mais je la connais assez pour voir la différence entre le fantôme qui traînait avec nous au trimestre dernier et l'amie franche et joyeuse qui paraît être de retour parmi nous, au moins ce soir. Il faudra voir comment les choses évoluent.

Je ne sais toujours pas quoi lui dire, en revanche.

Je m'en veux.

Les reproches que Rose m'a adressés lorsque nous nous sommes disputées, je les ai longtemps ressassés en lui en voulant beaucoup. Puis, au bout de quelques semaines, j'ai compris que ça m'obsédait trop, que ça n'était pas normal que ces mots qu'elle ne pensait même pas vraiment me bouleversent à ce point. Basil m'a demandé si c'est parce que je pensais qu'elle avait raison, et je crois que c'est le cas.

J'ai l'impression de ne pas avoir défendu Maggie et je m'en veux. Je ne sais plus comment lui parler, maintenant. Je n'ai pas été l'amie que je pensais être, et je n'aime pas ça.

Alors, au moment où Augustus nous rejoint enfin après son interminable entraînement de Quidditch, je me glisse à côté d'elle et tapote son bras. Elle se retourne en souriant dans un tourbillon de cheveux couleur miel et de pommettes rouges. Maggie, dans ses grands jours. Même pour moi, c'est parfois trop et mon cœur loupe un battement.

"Maggie, je suis désolée pour la photo, je laisse échapper.

-Tu es désolée pour la photo, répète-t-elle comme si elle cherchait à comprendre. Tu es désolée… Pourquoi, Neela ?

-Je suis désolée de ne pas t'avoir mieux défendue, je veux dire. J'ai l'impression de t'avoir laissé tomber, en fait.

-Oh."

Elle paraît réfléchir un instant et fronce les sourcils, mais il n'y a aucune colère sur son visage. Après un certain temps, elle hoche la tête et sourit.

"Je sais pas si tu aurais pu faire autrement, dit-elle. J'ai pas laissé les gens m'aider, je crois. J'ai repoussé un peu tout le monde, même lui, continue-t-elle en désignant Scorpius du doigt. Je pense que tu as fait de ton mieux, non ? Moi aussi, soupire-t-elle, j'ai fait de mon mieux. C'était une situation horrible, et moi je n'étais pas prête pour ça. Je crois que j'ai eu ce que je voulais, aujourd'hui, termine-t-elle en souriant. Je sais que tu n'as jamais voulu me faire du mal, je sens ta bienveillance, tu sais ? Parfois, on ne sait juste pas comment faire pour aider quelqu'un, et je crois que c'est ok."

Elle sait que je ne suis pas très tactile mais elle me prend dans ses bras quand même et je réalise que j'en avais besoin. Moi, je ne savais pas comment l'aider, mais Maggie sait presque toujours de quoi les autres ont besoin.