Chapter 51 - Que fait le ministère

Hermione entendit la voix de Blaise dans la cuisine et se recroquevilla un peu plus sous son édredon. Elle devinait déjà ce qu'il allait lui dire après le fiasco de la veille : "Je te l'avais bien dit, Granger !" Il allait lister les retombées négatives de la tornade médiatique qu'elle avait déclenchée, expliquer comment elle avait ruiné la carrière de Drago, et elle allait devoir encaisser en silence, parce qu'il avait entièrement raison.

Ça ne lui ressemblait pas d'agir impulsivement et dans l'illégalité, pourtant c'était précisément ce qu'elle avait fait. Et la seule raison pour laquelle elle regrettait son geste, c'était parce qu'elle avait blessé Drago.

Pas parce que c'était immoral, illégal, et malhonnête. Pas parce que c'était une manipulation de l'opinion. Pas parce qu'elle avait mis en danger la sécurité nationale en déstabilisant le ministère.

Parce que Drago avait souffert des conséquences de sa stupidité.

Elle se rendait bien compte qu'elle venait d'atteindre un tout nouveau niveau de folie émotionnelle. Ah ! Et elle s'en fichait éperdument.

Même s'il affirmait qu'il allait parfaitement bien et qu'il ne lui en voulait pas. Même s'il l'avait serrée contre lui toute la nuit et lui avait montré sans relâche qu'il n'y avait rien à pardonner.

Elle soupira et essaya de se rendormir, mais au bout de quelques minutes, elle sentit le matelas s'affaisser.

"Je te l'avais bien dit, Granger !" lança Blaise d'un ton bien plus enjoué que prévu.

Elle ouvrit un œil pour le dévisager, et il se pencha pour frotter ses cheveux dans un geste de franche camaraderie. Comme s'il risquait de la décoiffer davantage en premier lieu !

"J'étais obligé de le dire, ajouta-t-il, tu aurais été déçue sinon."

Elle grogna.

"En revanche, je n'en dirai pas plus, parce que Drago m'a fait promettre de ne pas te faire culpabiliser, expliqua-t-il. Cet imbécile amoureux. Quoi qu'il en soit, je dirai juste ça : j'avais raison de te dire que tu ne pourrais pas lui cacher ce que t'avais fait. T'as tenu quoi, douze heures ?"

Hermione renifla doucement et acquiesça.

"Mais j'avais aussi complètement tort. T'as probablement sauvé la fondation, l'image de Drago et tous ces enfants. Et tout ça en un seul coup.

- C'est vrai ? pépia Hermione, un peu rassérénée.

- Ouais. La presse est unanime, le pays est ému, il y a même une manif organisée ce matin devant le centre de rétention. La classe politique est outragée, on dit qu'il y a des démissions qui se préparent au ministère et qu'ils songeraient à faire des excuses publiques. McGonagall a demandé le renvoi immédiat du directeur du centre. Et Drago... les soutiens pleuvent, les gens pleurent sur les chaînes d'info, Digg lui a fait livrer des fleurs et ce foutu Lupin lui a envoyé une lettre d'excuses. Je te jure Granger, j'en crois pas mes yeux, mais t'as fait un tour de force avec ces photos. Et votre réaction spontanée face caméra devant le manoir... Ton émotion, les mots de Drago sur son passé... Vraiment, ça a tout changé. Granger, pleure pas, je...

- ZABINI ! J'avais été clair !" rugit Drago en entrant dans la chambre comme une tornade.

Est-ce qu'il était tapis dans l'ombre derrière la porte pour être prêt à bondir à la moindre chute de larmes ?

"Mais j'ai rien dit de méchant ! Au contraire ! se défendit Blaise. Pourquoi tu pleures, Granger ?

- Je sais pas ! gémit Hermione en essuyant ses larmes, dont le stock était visiblement inépuisable. Je suis soulagée !

- Oh, Granger, fit Drago en la rejoignant pour la serrer dans ses bras.

- Oh, Granger", l'imita Blaise avec une voix de crécelle avant de les encercler tous les deux de ses grands bras.

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S'ils auraient tous apprécié une journée de calme pour se remettre de la veille, c'était impossible. Le pays était en ébullition. Et, pire, Pansy Parkinson était sur le sentier de la guerre.

"Aujourd'hui, les gars ! Elles doivent partir aujourd'hui !" hurlait-elle pour la centième fois de la matinée, en agitant ses listings.

Cormac et Dubois levèrent les yeux au ciel mais continuèrent leur tâche en silence, personnalisant les invitations qui leur incombaient. Pansy voulait que tout soit parfait, et pour cette raison, chacune des invitations devait comporter un mot personnel de la part d'un des Non-alignés.

Ils étaient une grande famille heureuse et soudée, et cela devait se voir jusque dans les invitations du gala.

"Qu'est-ce que je suis censé dire à Madame Bibine ? maugréa Dubois. Certes, elle a arbitré mes matchs de Quidditch, mais c'était il y a dix ans, et on était pas exactement proches. Qu'est-ce que je peux écrire ? Hey, vous vous souvenez du jour où j'ai ensorcelé les souaffles pour qu'ils défoncent le labo de potions ?

- Je savais que c'était vous, Dubois, siffla Rogue en lui assénant une claque derrière le crâne.

- Pas de violence, les réprimanda Hermione sans lever la tête de sa propre pile d'invitations.

- J'ai fini ! s'écria Hestia en faisant craquer ses doigts. Enfin !

- Parfait Carrow, maintenant tu peux aller rejoindre le groupe de Media Training avec Blaise, coupa Pansy. Vous tous ! C'est impératif. On ne rigole pas du tout avec cette fondation, et si l'un d'entre vous dérape, je vous jure que...

- Personne ne va déraper ! dit Hermione, bien décidée à faire taire Pansy avant qu'elle ne profère d'autres menaces de mort qui risquaient d'encore une fois finir dans le bureau des aurors. Tous les membres de ce groupe sont conscients de la gravité de la situation et de l'importance d'aider ces enfants.

- Évidemment ! lança Flint, penché sur son bureau. Si quelqu'un dérape, Pansy, je le tue à mains nues. Plus personne ne fera de mal à ces gamins. Pas sous ma garde !

- ... Bien, merci Marcus."

Hermione soupira. Les menaces de mort étaient inévitables, mais au moins Flint les utilisait pour une bonne cause.

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Drago passa la journée enfermé dans son bureau, à se nourrir du soutient qu'il recevait et à répondre à tous les gens qui lui avaient fait parvenir des messages suite à ses révélations de la veille. Il refusa toutes les sollicitations des médias, confiant à Astoria le soin de leur expliquer qu'il n'avait rien à ajouter à sa déclaration inopinée de la veille. Hermione passait régulièrement vérifier qu'il allait bien, lui massait la nuque ou déposait ses lèvres sur sa tempe, et repartait sans un bruit. Il avait besoin de calme et de solitude pour traverser tout ça, et elle ne voyait aucun problème à les lui offrir. Alors elle filtrait les allées et venues devant son bureau pour qu'il ne soit pas dérangé.

Ils avaient bien sûr publié un communiqué de presse, sobre et direct, et Nott avait piloté les émissions de la journée avec tact pour orienter l'attention du public sur la fondation Malefoy plutôt que sur l'héritier du même nom.

Pour l'instant, Drago continuait d'absorber toute l'attention et était au centre d'une émotion collective bouillonnante, mais Hermione avait bon espoir que les médias se réorientent rapidement vers le centre de détention et ses occupants. Blaise œuvrait pour ça, et avait réussi à mettre la main sur une liste secrète contenant le nom de tous les "prisonniers". Armé de leurs noms, il avait réussi à déterrer des informations sur les enfants, leurs origines, ce qui leur était reproché, et était en train de rédiger des portraits anonymisés pour restaurer leur image - en réalité, créer leur image, puisqu'ils n'existaient toujours pas aux yeux du monde.

"On ne va pas utiliser leur image davantage, et les rendre reconnaissables ! avait insisté Hermione. On doit aider les gens à se sentir proches d'eux en racontant leur histoire et en insistant bien sur le fait qu'ils ne sont ni dangereux, ni perdus pour la société. Humanisons-les. Je veux des détails... du genre, cet enfant aime lire des bande-dessinées et la purée, il rêve de jouer au Quidditch et de devenir avocat quand il sera grand. Pas de prénoms, ni de détails qui peuvent les identifier ! Et pas. de. photos."

Le ministère n'avait toujours pas réagi officiellement, et ce malgré les manifestations, les pressions exercées par des figures publiques proéminentes, ou la colère des députés de tous bords.

Les Conservateurs, d'abord pris au dépourvu par la nouvelle de la réalité d'un tel centre, avaient surtout été embarrassés ; leur naturel penchant pour le tout-sécuritaire et leur position pro-incarcération ne pouvait pas tenir dans de telles conditions, puisque personne ne pouvait soutenir un système qui maltraite des enfants, et encore moins les rejetons oubliés de familles de sangs-pur décimées. Aussi, à la surprise générale, ils s'étaient fendu d'une longue tribune exhortant le ministère à faire son mea culpa, à dissoudre ce centre, et à verser des dommages et intérêts aux enfants. Les Conservateurs étaient subitement devenus des humanistes prêchant pour une seconde chance. En prime, ils s'étaient dits prêts à engager toute l'aide dont ils disposaient en direction de la Fondation Malefoy, prétendant avoir enterré la hache de guerre avec leur ancien député qui avait pourtant provoqué la chute de leur groupe par sa traîtrise. Ils étaient dans une position d'autant plus délicate que parmi les enfants incarcérés se trouvaient de nombreux sangs-purs déchus, qui étaient la clef de voûte de leur électorat.

Les Progressistes étaient nettement moins gênés : Lupin parcourait les plateaux depuis l'aube, répétant à qui voulait l'entendre qu'il retirait tout ce qu'il avait pu dire sur son collègue Drago Malefoy, et que son combat était juste. Tous ses députés s'étaient rangés bon gré mal gré derrière leur leader, parce qu'il leur était impossible de continuer à torpiller un fils de mangemort qui venait de sauver des orphelins. Et un chiot d'un brasier. Tout ça en l'espace de quelques jours.

Les commentateurs ne débattaient plus sur les plateaux télé, puisqu'ils étaient tous d'accord, et portaient unanimement leurs accusations vers le ministère silencieux.

Au centre de détention, c'était le statu quo, à ceci près que des gardes avaient été postés devant les grilles "pour la sécurité des enfants". Comme s'ils étaient menacés par la foule qui protestait au dehors, et pas par le traitement qu'ils subissaient à l'intérieur.

Or, comme le manoir n'était pas prêt à les accueillir, ils n'avaient aucun levier pour les évacuer, au grand dam d'Hermione qui se retenait de ne pas retourner sur le chantier pour mobiliser les ouvriers.

"Et si on plantait des tentes dans le parc ? Ce serait... comme du camping, proposa-t-elle sans trop y croire.

- Granger, pour la centième fois, sois patiente. Dans trois semaines, maximum, ils seront en sécurité, répéta Blaise, qui jonglait entre deux téléphones et son écran d'ordinateur.

- Trois semaines, c'est une éternité ! Pourquoi le ministère ne réagit pas, bon sang ? Maintenant que c'est de notoriété publique, je pensais... Qu'ils allaient virer le personnel, faire de grands gestes envers les enfants pour montrer qu'ils n'étaient pas d'horribles bureaucrates insensibles ! pesta la jeune femme. Ils n'essayent même pas de contrôler les retombées négatives dans la presse. Et ils continuent à ne laisser rentrer personne dans ce maudit centre.

- Je ne sais pas ce qu'ils attendent, reconnut Blaise. Plus ils font traîner, plus la colère monte, et plus ils paraissent complices.

- Exactement ! s'écria Hermione en levant les bras au ciel. Peut-être qu'on devrait demander une audience. Ou... les interpeller frontalement dans les médias. Faire une action conjointe avec les autres groupes politiques. Ou...

- Granger, l'interrompit Blaise. Laisse Drago respirer juste une journée avant de déclencher une deuxième vague de turbulences. Tout est incertain pour l'instant... Et passer à l'offensive maintenant, alors qu'on ne sait pas ce que le ministère a dans sa manche...

- Tu penses qu'ils restent silencieux parce qu'ils ont un atout qu'on ignore ? réalisa Hermione.

- J'en sais rien. Pourquoi ils n'essayent même pas de sauver les meubles ?

- Peut-être que c'est précisément ce qu'ils font, mais qu'ils ont besoin de temps pour faire le ménage discrètement avant de réagir officiellement. Peut-être qu'ils sont en train de faire disparaître des preuves incriminantes. Peut-être qu'ils savent qu'on tient un fil et que si on tire dessus, toute leur pyramide de malversations va devenir publique. Le centre n'est qu'un de leurs méfaits. Ça va attirer l'attention du public sur leurs finances, sur le traitement qu'ils réservent aux sangs-purs, sur les saisies, sur la corruption..."

Blaise referma brusquement son écran d'ordinateur et la fixa avec les yeux écarquillés.

"C'est... Ça fait sens, en fait, reconnut-il.

- Qu'est-ce qu'on peut faire, Blaise ? gémit Hermione.

- C'est effrayant. Tout ça... Je suis dépassé.

- Non, Zabini. Tu es un serpentard. Tu n'es pas dépassé, tu es en terrain connu. Utilise ton don naturel pour la manipulation et les actions malveillantes."

Blaise gloussa, un peu tremblant, et finit par acquiescer.

"OK. Hmm. Je vais faire appel à mon Drago intérieur...

- Que ferait Drago ? le pressa Hermione.

- Il nous faudrait des informations venant de l'intérieur.

- D'employés du ministère ?

- Précisément. Drago chercherait un informateur haut placé et trouverait un moyen de le forcer à parler.

- Je ferais quoi ? ricana l'intéressé dans l'embrasure de la porte. En tout cas, ce que Drago ferait, c'est s'assurer que la porte de son bureau est bien fermée avant de commencer à comploter. Amateurs."

Il continua à ricaner en refermant ladite porte derrière lui, et se laissa tomber dans un fauteuil à côté d'Hermione, qui le regardait avec un air béat, enchantée qu'il soit d'aussi bonne humeur malgré tout.

"Vous vous demandez ce que fait le ministère, affirma Drago.

- Pas toi ? répliqua Blaise en se frottant les yeux, épuisé.

- Si... Comme toute la population sorcière à l'heure actuelle. On ne trouvera pas d'infos ce soir, de toute façon.

- Ce soir ? répéta bêtement Hermione en regardant sa montre. Oh ! Il est déjà vingt heures !

- Le temps passe vite quand on s'amuse, ironisa Drago.

- Pourquoi Saint-Potter t'appelle ?" coupa Blaise, interdit.

Trois paires d'yeux tombèrent sur l'écran du téléphone de Drago, et plusieurs secondes passèrent avant qu'il ne décroche, perplexe.

"Potter ? ... Euh, je peux, attends une seconde..."

Il se leva et quitta la pièce avec un air de conspirateur qui mit aussitôt les sens d'Hermione en alerte. Indice numéro un : Harry avait appelé Drago, pas elle, et ce simple fait était louche. Indice numéro deux : il venait de demander à Drago de s'isoler pour cette conversation. Indice numéro trois : Drago ne s'attendait pas à cet appel.

"Zabini, est-ce que tu sais quelque chose ? vérifia Hermione.

- Nope.

- Zabini ! Dis-moi immédiatement dans quel pétrin Harry s'est fourré. Je sais que tu sais. S'il appelle Drago, c'est que c'est vraiment grave ! s'affola-t-elle.

- Pas nécessairement.

- Assez avec cet air énigmatique ! rugit Hermione en se levant.

- Qu'est-ce qui se passe ? tenta Pansy en entrant presque sur la pointe des pieds dans le bureau.

- Potter a appelé, répondit évasivement Zabini.

- Oh.

- Par Merlin, qu'est-ce que vous avez fait pendant notre absence ? Vous avez fait un truc illégal pendant qu'on était en Suisse ! Et vous êtes tous impliqués ! Évidemment, ça a foiré, et maintenant Harry a besoin de l'aide de Drago pour régler ça ! Passez à table, maintenant !"

Pansy et Blaise échangèrent un regard lourd de sens, puis Pansy força Hermione à se rasseoir et grimaça.

"Potter est allé à la morgue, avoua-t-elle à toute vitesse, comme pour se débarrasser rapidement de cet aveu.

- Oh mon dieu ! Tu veux dire, Harry s'est introduit illégalement dans le département de la sécurité intérieure pour observer le cadavre d'une terroriste décapitée ? traduisit Hermione, proche de l'hyperventilation. Oh la la... Je savais, je savais que vous alliez tenter le diable. Et s'il s'était fait arrêter ? Pourquoi aucun de vous n'a essayé de l'en empêcher ?

- Daphné était censée s'assurer qu'il ne fasse rien de fou, et... commença Pansy.

- Daphné ! DAPHNÉ GREENGRASS POTTER s'est introduite à la morgue ?! glapit Hermione.

- Est-ce qu'on peut attendre que Drago revienne avant de commencer à paniquer ?" suggéra Blaise.

Hermione croisa les bras contre sa poitrine et secoua la tête d'un air désapprobateur. Le carnage ne s'arrêterait donc jamais ! Qu'allait-il advenir de Dahlia si ses deux parents étaient en prison ?

Ils étaient partis à peine deux jours en Suisse. Deux jours, et cela avait suffit au reste de leur équipe de comploteurs pour préparer une opération stupide et se faire prendre. Elle choisit de rester silencieuse et de se laisser ronger par l'inquiétude plutôt que de se mettre à crier, puisque la veille, c'était elle qui avait fait une monumentale erreur.

Son erreur s'était transformée en coup de maître, mais elle ne le savait pas au moment où elle avait pris la décision, aussi elle pouvait difficilement s'en prendre aux autres.

Ce qui ne l'empêchait pas de ruminer.

"Quand ?" finit-elle par maugréer.

Pansy sursauta, surprise de se voir adresser la parole alors que Granger était extrêmement et très visiblement contrariée.

"Quand quoi ? demanda Blaise.

- Quand est-ce qu'ils sont allés à la morgue ?

- Aujourd'hui, je suppose... fit Pansy.

- Tu supposes ? Mais tu n'es pas sûre ? vérifia Hermione.

- Non. On a eu pas mal de trucs à gérer ici aussi, ces derniers jours... Ils étaient censés nous avertir mais ils ont... oublié ?

- Oublié", répéta Hermione.

Elle voulait bien admettre qu'on prépare des coups dans son dos. C'était irritant, mais Drago et elle ne faisaient que ça, alors elle pouvait difficilement le reprocher aux autres. En revanche, qu'on prépare mal lesdits coups... Qu'on contacte Drago, et pas elle...

Drago entra dans la pièce et referma soigneusement la porte derrière lui.

"C'était trop tard. Le temps que Potter trouve une ouverture, le corps d'Irina avait été incinéré", annonça-t-il.

Un grognement collectif se fit entendre.

"Ça valait le coup d'essayer, souffla Pansy.

- Ils ne se sont pas fait pincer ? vérifia Hermione.

- Non, hmm... hésita Drago. C'est pour ça que Potter appelait, en réalité."

Hermione se tendit et se teint un peu plus droite sur sa chaise.

"Pourquoi ? pressa-t-elle.

- Ils ont pas trouvé de corps, mais ils ont pu regarder dans les effets personnels d'Irina, commença-t-il prudemment.

- Et ? s'impatienta Blaise.

- Elle avait tout un tas de papiers inutiles et une photo sur elle quand elle est morte..."

Hermione sentit son ventre se tordre. Drago tournait autour du pot, parce qu'il n'aimait pas du tout ce qu'il s'apprêtait à dire, et si Harry l'avait appelé lui, c'est parce qu'il craignait sa réaction à elle. C'était la seule explication.

"Une photo de qui ?" s'enquit-elle d'une voix haut-perchée.

Contrairement à ce qu'elle anticipait, Drago pivota vers Blaise, qui blêmit instantanément.

"Moi ? pépia-t-il.

- Non, pas toi. Hmm... Ta mère, Blaise."

Zabini se leva si vite qu'il renversa sa chaise.

"Ma mère ! Ma mère ? Ma mère, on est sûrs de ça ? Qu'est-ce qu'elle faisait ? Où ça ? Avec qui ? enchaîna-t-il en agitant les bras dans tous les sens.

- C'était une vieille photo, elle était... Avec Dolohov. Antonin Dolohov, expliqua Drago avec un grand calme.

- Oh Merlin ! s'exclamèrent Pansy et Hermione en chœur.

- Quoi ?! paniqua Blaise en les dévisageant avec des yeux fous. Qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce que... vous soupçonnez ma mère de terrorisme ? Parce qu'elle est cinglée, et c'est une criminelle, d'accord, mais ça... Non. Non !"

Blaise tournait en rond, en proie à la panique, et Drago se mit en travers de son chemin pour le forcer à s'arrêter.

"Blaise. Est-ce que ta mère a eu une liaison avec Dolohov ? À l'époque ? l'interrogea-t-il.

- Avec qui ma mère n'a pas eu de liaison ! hurla Zabini. J'étais même pas né ! Comment je pourrais savoir ! Je n'arrive même pas à suivre avec qui elle couche juste cette semaine ! C'était il y a trente ans !

- Blaise... tenta Pansy.

- Oh ! Ooooh ! cria soudain le Serpentard. Vous pensez... vous pensez que ma mère a eu un enfant avec Dolohov ! Vous pensez que MA mère... est la mère d'Irina ! N'importe quoi ! C'est absurde ! C'est impossible ! Inacceptable !

- Eh, on ne peut pas écarter l'idée si facilement, essaya de le raisonner Drago. Irina était plus vieille que nous, ta mère aurait pu avoir un enfant avant de te concevoir, et l'abandonner, pour tout un tas de raisons, comme le fait qu'elle n'était pas mariée avec Dolohov, ou en couple avec quelqu'un d'autre, ou...

- TAIS-TOI !" hurla Zabini.

Tout le monde s'attendait à ce qu'il perde les pédales, mais certainement pas à ce qu'il envoie un crochet du droit fulgurant dans la mâchoire de Drago, qui fut projeté dans le mur et se mit à jurer en se tenant la joue.

En rétribution, Hermione gifla Zabini de toutes ses forces (pour le ramener à la réalité uniquement, bien sûr) et il en tomba sur les fesses, déboussolé.

Pansy se rua vers Drago avec un mouchoir en soie à la main pour tamponner sa lèvre qui saignait, et c'était le chaos total.

"ZABINI ! rugit Hermione. On essaye de comprendre ! De t'aider ! Qu'est-ce qui t'a pris ?

- Ça va, je vais bien, grogna Drago en jetant le mouchoir de Pansy par terre d'un geste rageur. Tu veux passer tes nerfs sur moi ? Vas-y, essaye. Relève-toi."

Il replia son index pour inciter Blaise à reprendre le combat, au grand dam d'Hermione et Pansy qui levèrent les yeux au ciel.

"Peut-être qu'on devrait juste tous se calmer, proposa Pansy. Qui sait, peut-être qu'Irina avait cette photo sur elle juste pour nous faire psychoter, et rentrer dans nos têtes ! Rien ne dit que ta mère a vraiment fricoté avec Dolohov. Encore moins qu'ils aient eu un enfant. C'est juste une photo."

Hermione grimaça. C'était une hypothèse tirée par les cheveux... Mais qui tenait la route. Ces gens ne faisaient qu'agir sans raison apparente et sans ordre, de façon erratique et perverse. Glisser une photo dans les poches d'un cadavre, c'était facile, et les conséquences pouvaient être colossales.

Les rouages de son cerveau s'activèrent et elle s'assit en tailleur par terre, à côté de Blaise, concentrée.

"On était pas censés avoir connaissance de cette photo, du moins pas immédiatement. Les aurors étaient supposés la trouver, réalisa-t-elle. Admettons que cette photo ait bien été mise là avec une intention. Pourquoi les terroristes voudraient faire penser aux aurors qu'Amanda Zabini pourrait être impliquée de près ou de loin dans ces attentats ? Une fausse piste ?

- Pour nous atteindre, répondit Blaise, amorphe.

- La mère d'un député, criminelle notoire, liens troubles avec le camp du mal, c'est facile à faire accepter à l'opinion, ajouta Drago.

- Si cette information devient publique, je vais devoir démissionner... se lamenta Blaise. Ça va déstabiliser tout le groupe, et tous nos efforts pour restaurer notre image seront ruinés...

- Mais les aurors n'ont pas rendu cette information publique, justement, contra Hermione. Ils avaient un indice flagrant en leur possession, et ils l'ont laissé dans les affaires d'Irina, sans le traiter comme tel. Harry l'a trouvé à la morgue, on est d'accord ?"

Drago hocha la tête et gémit un peu après ce mouvement qui réactiva sa douleur. Hermione hésita un instant à aller le consoler, mais ils avaient un problème urgent à régler et elle flairait une piste.

En plus, Drago était toujours furieux et elle n'avait pas envie d'avoir à le gifler lui aussi pour le ramener à la raison.

"Donc, les terroristes décapitent Irina, fourrent cette photo dans sa poche, l'abandonnent devant le ministère, résuma Hermione. Ils espèrent... créer une onde de choc, faire un geste fort qui montre l'ampleur de la menace aux yeux de tous en visant le centre du pouvoir, et pensent pointer du doigt Amanda Zabini. Ce qui donne le sentiment qu'ils sont plusieurs, un groupe fort, avec des figures publiques connues. En prime, ils se vengent de Blaise, qui a refusé de les rejoindre et appartient à un groupe politique qui les ridiculise régulièrement dans les médias.

- Mais rien ne se passe comme prévu, compléta Drago. Le ministère maquille le crime en suicide, et met cet indice majeur au placard, sans en parler publiquement.

- Pourquoi ? coupa Pansy. Pourquoi le ministère ne joue pas le jeu des terroristes ? Ce serait à leur avantage. Jeter Blaise en pâture, un Non-aligné qui les gêne, c'est du pain béni.

- J'ai une théorie", se lança Hermione.

Tout le monde attendit, se préparant à l'impact.

"Le ministère s'est empressé de parler de suicide et de le crier partout avec certitude. Ils ont pris cette décision rapidement, probablement en quelques minutes, puisque quand on est arrivés sur place, personne ou presque n'avait effectivement vu le corps démembré. Donc, ils sont allés trop vite. Et au moment où ils ont commencé à regarder ce qu'elle avait sur elle, c'était trop tard pour revenir en arrière. Ils trouvent la photo, comprennent qu'Irina a non seulement été tuée par un membre de son groupe, mais qu'elle est en plus connectée à une femme puissante et riche, et ils n'ont d'autre choix que de taire cette information, parce qu'elle vient contredire tout leur discours d'apaisement. Ils ne peuvent pas en même temps affirmer que tout est fini, que les attentats étaient l'œuvre d'une déséquilibrée solitaire, et en même temps balancer qu'elle avait des liens avec des personnes connues.

- Ils se sont pris au piège tout seuls, réalisa Pansy.

- Est-ce qu'on a arrêté de croire que ma mère est une terroriste, maintenant ? marmonna Blaise.

- Personne n'a jamais dit ça ! objecta Drago. Ta mère n'a pas du tout le profil. Elle ne fait ni dans le meurtre de masse ni dans l'idéologie suprémaciste. Blaise, je n'ai jamais pensé que ta mère était responsable des attaques à la bombe.

- Bien. Et cette idée saugrenue que cette cinglée d'Irina est ma demi-sœur ? reprit Blaise.

- Il va falloir que tu parles avec ta mère pour qu'on écarte définitivement cette possibilité."

Drago le fixa d'un air de défi, comme s'il voulait que Blaise le cogne, mais ce dernier soupira pesamment et se leva.

"Bien, j'y vais de ce pas. Je suis inutile au groupe tant que je ne serais pas sûr, alors... Je pars découvrir si la terroriste décapitée et moi partageons la même mère.

- Tu veux que je t'accompagne ? proposa Pansy.

- AH ! Non. Je préfère faire face à la honte seul. À plus tard. Ou à jamais, selon ce que j'apprends."

Sur cette sortie pour le moins dramatique, Blaise quitta le penthouse, et Drago passa l'heure qui suivit à marmonner dans la poche de glace qu'Hermione lui avait fournie.

.

Plus tard ce soir-là, Hermione se massait distraitement la plante des pieds en regardant les nouvelles à la télévision. Drago était à la douche depuis une bonne demie-heure, ce qui n'avait rien d'extraordinaire puisqu'il passait toujours un temps indescriptible à se prélasser sous les jets massants. Elle le soupçonnait d'appliquer des lotions ou d'utiliser un gommage, parce que sentir aussi bon et avoir la peau aussi douce, ce n'était pas naturel.

Elle vérifia qu'elle n'avait raté aucun appel, que Drago non plus, et fronça les sourcils. Blaise ne donnait aucune nouvelle. Est-ce que ça voulait dire qu'il avait été rassuré par les mots de sa mère, ou qu'il était actuellement roulé en boule et en larmes sur son canapé ?

Elle soupira et fit léviter un flacon de vernis à ongle pour s'occuper. À défaut de résoudre le mystère de la présence d'une photo d'Amanda Zabini sur un cadavre, elle aurait au moins des pieds attrayants.

"Oh !" sursauta-t-elle lorsque l'objet de ses interrogations apparut dans la cheminée.

Elle secoua la tête en avisant la trace de vernis qui recouvrait à présent tout un orteil, et releva les yeux vers Blaise.

"Elle nie toute relation avec Dolohov et m'a assuré que ravager son corps en me mettant au monde était bien assez pour toute une vie", lâcha Blaise en s'asseyant élégamment dans un fauteuil.

Son air dévasté contredisait le soulagement qu'il aurait dû ressentir à cette nouvelle.

"Zabini, quel est le problème ? demanda Hermione avec douceur.

- Elle m'a fait une leçon de morale de trente minutes sur les dégâts causés par un accouchement sur un vagin. Je sais tout sur les vergetures, les épidurales et les seins plus aussi fermes qu'avant. Elle parle de son corps comme si un troll des montagnes l'avait piétinée avec des talons aiguilles. Granger, je n'aurais jamais d'enfants. Je ne peux pas imposer un tel calvaire à une femme."

Hermione étouffa du mieux qu'elle pu un éclat de rire tonitruant et fit semblant d'être absorbée par le nettoyage de sa tache de vernis.

"La bonne nouvelle, c'est que tu n'as pas de demi-sœur terroriste.

- Mmh.

- Est-ce qu'elle avait une idée de la raison pour laquelle cette photo était en la possession d'Irina ?

- Aucune. Et ça l'a stressée. Elle était à deux doigts de faire ses valises et de fuir au Bahamas avant que les aurors débarquent pour l'arrêter, ou qu'une bombe explose sous ses pieds. D'ailleurs, je ne peux pas rester longtemps. Impossible de la laisser seule dans cet état, qui sait dans quels bras elle irait se réfugier.

- Si ta mère n'a rien à voir ni avec Irina, ni avec Dolohov, ni avec ces terroristes, la seule explication qu'il reste, c'est que cette photo a bien été plantée là pour te nuire, songea Hermione.

- Merci Granger ! C'était l'idée qu'il manquait pour parfaire ma merveilleuse soirée. Est-ce que tu aurais une corde à me prêter ?

- Pas besoin d'être aussi mélodramatique, Zabini, intervint Drago en jetant une serviette mouillée au visage de son meilleur ami.

- Désolé pour euh... tout à l'heure... ta lèvre..." marmonna Zabini avec un vague moulinet du bras.

Il tortilla ses mains entre elles sans oser regarder Drago, et Hermione se sentit soudain de trop dans la pièce.

"Aucun problème, grogna Drago en passant ses doigts dans ses cheveux mouillés.

- Non, vraiment, c'était pas de ta faute, j'aurais jamais dû...

- Affaire close, coupa Drago. Mais la prochaine fois que tu essayes d'abimer mon visage parfait, je tendrai pas l'autre joue."

Blaise éclata de rire et hocha la tête.

"Granger a définitivement pas tendu l'autre joue. Cette gifle était d'une violence inqualifiable."

Hermione sentit ses joues rosir.

"Oh, alors maintenant que vous avez réglé votre conflit, c'est l'heure de mon procès ?" grommela-t-elle.

Drago sauta sur le canapé en bondissant par-dessus le dossier et la colla contre lui. Il serra ses bras autour de sa taille et enfonça son visage dans son cou, ce qui envoya immédiatement Hermione dans un état de surchauffe. Avoir les lèvres de Drago si près de sa jugulaire lui faisait cet effet-là.

"Merci", chuchota-t-il avant de lécher sa peau de la pointe de sa langue.

Hermione passa de son état de surchauffe à celui de saturation totale et s'agrippa au montant du canapé pour ne pas se jeter sur lui.

"Eeeeeh c'est l'heure pour moi de partir", annonça Blaise.

.

Dire qu'Hermione fut surprise de se retrouver nez-à-nez avec Madame Zabini dans son bureau le lendemain matin était un euphémisme. Juchée sur des talons vertigineux, elle attendait en silence, contemplant Londres par la fenêtre.

"Miss Granger, la salua-t-elle sans se retourner.

- Euh... Bonjour, Madame Zabini", répondit Hermione.

Et à partir de là, que faire ? La Gryffondor décida que le plus simple était d'agir comme si de rien n'était, et s'élança vers son bureau pour y déposer son sac à main, sa pile de dossiers, et son ordinateur portable. Elle nota la présence de son café, signe qu'Astoria était déjà passée dans la pièce, et jeta un regard en coin à la mère de Blaise, toujours immobile.

"Quel bon vent vous emmène ?" lança-t-elle.

Enfin, elle se retourna.

"J'aimerais votre avis honnête sur la situation dans laquelle je me trouve. Vous ne m'aimez pas beaucoup et, aussi pénible que ce soit pour moi de le reconnaître, vous êtes brillante... et informée. Alors, d'une femme à une autre, je sais que vous me direz la vérité. Contrairement à ce que dit mon fils, je pense que je suis en danger. Quelle est votre opinion à ce sujet ?"

Hermione engloutit trois longues gorgées de café avant de répondre. Cette conversation s'annonçait difficile, et la mère de Blaise n'avait pas l'air d'avoir l'habitude de tourner autour du pot.

"Madame Zabini, je n'ai rien contre vous. D'une femme à une autre, je pense que Blaise a raison de vouloir vous rassurer. Pas parce que vous n'êtes pas en danger, mais parce que vous êtes protégée.

- Protégée ? répéta-t-elle mécaniquement.

- Il ne vous quitte pas d'une semelle. J'imagine qu'il vous a emmenée avec lui au bureau ce matin. Et ce penthouse est probablement le lieu le plus protégé de Grande-Bretagne.

- Donc, selon vous... Ils en ont après moi ? Ces terroristes. Ils ont voulu me piéger, n'est-ce pas ?"

Elle regardait Hermione avec intensité, et la tension était palpable dans la pièce.

"Asseyez-vous, je vous en prie", répondit Hermione avec un soupir.

Elle obtempéra sans la quitter des yeux, attendant une réponse.

"Ni moi ni personne ne sait qui ils sont et ce qu'ils veulent. Leurs stratégies sont obscures. Madame Zabini... Est-ce qu'ils ont essayé d'entrer en contact avec vous ? J'imagine que Blaise nous l'aurait dit, mais...

- Il épluche mon courrier, siffla Amanda. Hélas, j'ai eu tant d'adresses au cours des années, et j'ai tant d'ennemis, je suis ce que l'on pourrait considérer comme intraçable. Il est possible que leurs missives se soient perdues. Néanmoins... il y a une chose que vous devriez savoir à mon sujet."

Hermione se pencha en avant sur son siège, sa curiosité piquée par le ton mystérieux de la femme crispée qui lui faisait face.

"Je vous écoute...

- Ces terroristes ont une dent contre moi pour une bonne raison.

- Oh ?

- Au cours de la dernière guerre, l'homme que je fréquentais était... un sympathisant de Voldemort. Et hélas, paix à son âme, il y a eu un terrible accident."

Oh, nous y voilà, songea Hermione. Finalement, la conversation revenait sur un terrain prévisible et attendu.

"Voyez-vous, le soir où il m'a annoncé vouloir rejoindre les mangemorts, j'ai été... prise au dépourvu. Et, de surprise... je l'ai accidentellement poignardé. Nous avions une bonne situation, vous savez. De l'argent à ne plus savoir qu'en faire, des relations, des invitations à des soirées, Blaise était promis à un brillant avenir... je n'étais pas prête à mettre en danger notre style de vie pour aller cavaler dans les ténèbres à la poursuite d'ennemis imaginaires. Je suis très certainement une femme égoïste, mais j'ai toujours su que je n'étais pas faite pour vivre en temps de guerre. Aussi... j'ai agis avec impulsivité.

- Vous l'avez accidentellement poignardé", répéta Hermione, hébétée.

Incrédule, elle réalisa qu'elle se mordait la lèvre non pas pour masquer sa réaction choquée ou effrayée, mais pour ne pas rire au visage de la mère de Blaise. Qui venait de confesser un meurtre brutal. Mais accidentel. Elle avait donc poignardé un homme non pas parce qu'il planifiait de devenir un assassin, mais parce qu'il menaçait son niveau de vie.

Classique.

"Et... Vous pensez que suite à... cet accident, les sympathisants de Voldemort pourraient vous en vouloir ?

- Ce serait absurde ! Mais ces gens n'ont jamais été très réfléchis. Sans quoi, ils n'auraient pas fait basculer le monde libre dans lequel nous vivions pour quelques frissons de pouvoir. Quoi qu'il en soit, il y a une possibilité pour qu'ils ne m'apprécient guère. Je pense.

- Je vois."

Ce qu'elle voyait surtout, c'est qu'il n'y avait aucune chance pour que les terroristes espèrent la recruter. Pour eux, elle était une ennemie.

"Raison de plus pour ne pas vous éloigner du bodyguard qui vous a été assigné, et de continuer à dire la vérité à Blaise.

- La vérité, quelle notion étrange ! s'étouffa Amanda. Les jeunes gens d'aujourd'hui sont bien trop préoccupés par la vérité. Attendez... quel bodyguard ?

- Drago vous a attribué un des membres de notre sécurité, depuis hier.

- Drago..." roucoula-t-elle.

Instantanément, toute sa sollicitude envers Madame Zabini s'évapora.

"Il veille à ma sécurité, bien sûr... Oh, il est temps pour moi d'aller le remercier en personne !"

Elle se leva brutalement, et se jucha sur ses échasses pour toiser Hermione de toute sa hauteur. Cette dernière, qui n'allait certainement pas se laisser intimider par une manœuvre si puérile, se leva aussi.

"Drago n'est pas là, il est parti enregistrer une interview, et...

- Je vais l'attendre dans son bureau.

- Madame Zabini !"

Hermione partit à la poursuite de la reine des cougars mais, pour quelqu'un d'un âge si avancé, elle se déplaçait très vite. Si vite, en réalité, qu'elle percuta de plein fouet Dubois, qui arrivait tout aussi rapidement en sens inverse.

Et ce n'est que grâce à ses réflexes de joueur de Quidditch qu'il parvint non seulement à rester debout, mais également à empêcher Madame Zabini d'exploser en vol.

"Oh ! s'écria-t-il.

- Oh", souffla-t-elle.

Et elle se mit à lui palper le torse, sous les yeux écarquillés d'Hermione.

"Madame ? demanda Dubois, perplexe.

- Appelez-moi Amanda. Quels pectoraux, on voit que vous faites beaucoup d'exercice. Quelle activité physique pratiquez-vous...

- ... Olivier.

- Olivier. Peut-être pourriez-vous m'initier."

Hermione se retint de vomir. Au moins, ce catapultage inopiné avait détourné le cougar de sa proie initiale, et Drago était sauf.

"Je joue au Quidditch, expliqua-t-il avec sérieux. C'est un sport très exigeant.

- Dites m'en plus !

- Avec joie !"

Madame Zabini s'apprêtait à passer de longues heures à écouter l'histoire du Quidditch, les stratégies du Quidditch, les équipements et les stades et les règles du Quidditch, jusqu'à ce que sa libido soit complètement anéantie. Et si le remède miracle aux élans de la mère de Blaise étaient en la possession de Dubois ?

"Qu'est-ce qui se déroule sous nos yeux ? s'enquit Nott, une main enfouie dans un sachet de chips.

- Un miracle", ricana Hermione.

Nott lui tendit le paquet de chips et ils mâchouillèrent en silence, regardant avec une attention non dissimulée la parade romantique de Madame Zabini qui venait se heurter au mur de connaissances en Quidditch de Dubois.

"On ne va pas intervenir pour empêcher ça, pas vrai ? vérifia Nott.

- Pourquoi donc ! s'offusqua Hermione. Eh, Nott, tu ne devrais pas être en studio avec Drago ?

- Je suis venu le chercher. On décolle dans cinq minutes. Si tu veux lui faire une proposition indécente, c'est maintenant ou jamais."

Hermione leva les yeux au ciel comme si c'était l'idée la plus absurde de l'histoire, mais se rua tout de même vers le bureau de son leader, le sourire aux lèvres.


C'était le retour de Madame Zabini !