Chapter 52 - Game time

Compte tenu de la température glacée des draps à côté d'elle, Drago était sorti du lit depuis un certain temps. Elle soupira, et s'étala en travers du lit, se recroquevillant contre l'oreiller qu'il avait laissé froissé.

"Tu respires l'odeur de mes cheveux sur l'oreiller, Granger ?" lança la voix narquoise du blond, appuyé avec nonchalance contre la porte.

Elle sursauta, prise en flagrant délit de mièvrerie, et se redressa vivement.

"Quelle heure il est ?"

Drago attrapa une cravate qui pendait sur le dossier d'une chaise, probablement où il l'avait lancée la veille dans la précipitation, et entreprit de la nouer tout en contemplant intensément Hermione.

"Huit heures", répondit-il.

Hermione cligna des yeux, ne sachant que faire ou dire sous le feu de ses deux yeux gris qui la fixaient comme s'il voulait la dévorer. Est-ce qu'un jour seulement, elle s'habituerait à ce qu'il la regarde sans que son cœur déclenche une arythmie inquiétante ou que sa température corporelle explose ? Est-ce qu'elle cesserait de sentir son ventre papillonner lorsqu'il entrait dans la pièce ? Elle serra ses cuisses l'une contre l'autre, à la fois mal à l'aise et exaltée.

Drago continuait à la scruter, mais à présent il avait un petit sourire en coin et un gonflement suspicieux de son pantalon.

"Huit heures", murmura distraitement Hermione en se mordant la lèvre.

Drago plissa les yeux et hocha la tête sans se départir de son rictus. Ils se dévisagèrent en silence pendant de longues secondes, puis en un battement de cils, Drago était couché entre ses jambes, elle avait envoyé sa chemise de nuit voler au loin, et elle sentait ses doigts s'insinuer en elle.

"Oh mon dieu ! Mes yeux ! Mes yeux !" hurla Zabini.

Affolée, Hermione disparut sous le blond et celui-ci rabattit à la hâte le drap sur elle.

"BLAISE ! rugit-il, furieux.

- Pardon ! La porte était ouverte ! Argh, mes yeux !" déblatérait Zabini d'une voix suraigüe.

Hermione, malgré la panique, réalisa que Drago n'avait pas retiré sa main, et elle se contracta malgré elle autour de lui. Qu'est-ce qui clochait chez elle ? Zabini bafouillait à quelques mètres, avec une vue directe sur le drap sous lequel ils étaient sommairement cachés, et elle ne voyait pas ça comme un frein légitime à son orgasme imminent. Sérieusement ?

Drago fronça les sourcils et expérimenta un léger va-et-vient avec ses doigts. À sa surprise, elle émit un léger gémissement. Intéressant !

"Fiche le camp Zabini ! Pourquoi tu reste là ?! Dégage enfin !" hurla-t-il brusquement.

La porte se referma brutalement et, de nouveau parfaitement concentré, Drago fixa Hermione avec les yeux écarquillés.

"Reprenons", décréta-t-il avant de poursuivre leurs activités comme si rien ne venait de se passer.

.

Hermione n'osait pas franchement croiser le regard de Zabini au cours de la réunion de leur groupe. Elle était une exhibitionniste, à présent, il fallait regarder les choses en face. En revanche, elle était embarrassée, elle était donc une exhibitionniste pudique. Et non, ce n'était pas antinomique.

Pansy répétait pour la millième fois en quelques jours le déroulement minuté du gala, et frappait dans ses mains à intervalles réguliers pour raviver l'attention générale. Peut-être que si elle leur délivrait des informations inédites, ils seraient tous moins apathiques. Plus la date approchait, plus la tension montait. Les derniers jours avaient été une suite d'apparitions publiques savamment orchestrées. Le plan n'avait pas changé : sobriété, professionnalisme, proximité. Ils n'avaient plus besoin de faire de coups d'éclats ou de déclarations fracassantes : la presse les faisait briller, l'opposition s'était tue, l'opinion publique leur était plus que favorable, et pour couronner le tout, des rumeurs excitées courraient au sujet de la soirée du siècle, aka le gala.

Le fait que le groupe terroriste n'ait toujours pas été identifié et que le ministère veuille secrètement la tête des Non-alignés, hélas, venait ternir leur succès.

Hermione soupira, et balaya la pièce du regard, s'attardant sur chacun des visages de ses collègues.

Il y a quelques mois, ils n'auraient jamais imaginé travailler ensemble pour les mêmes choses. Derrière Drago Malefoy. Qui, même pour ses détracteurs les plus fervents, avait fait un excellent job de leader malgré la crise permanente dans laquelle ils évoluaient. Tous ces visages, elle ne pouvait pas honnêtement affirmer qu'elle les aimait. Flint était un incommensurable beauf, Hestia était une peste, elle n'avait pas particulièrement d'admiration pour Cho et parfois, Rogue était un tire-au-flanc perfide, et elle avait envie d'étrangler Cormac.

Mais elle savait, de manière certaine, qu'ils étaient indestructibles ensemble. Qu'ils étaient plus unis que n'importe quel groupe politique et qu'ils mettaient toujours leurs divergences de côté lorsque la situation le demandait. Qu'ils partageaient plus qu'une ambition politique ou une entente pratique, comme c'était le cas lorsqu'elle était chez les Progressistes.

Ils n'étaient pas amis non plus - pas tous, du moins. Elle ne se voyait pas partir en vacances avec eux, ni rencontrer leurs familles ou visiter leurs appartements.

En revanche, ce qu'ils avaient ressemblait fortement à une famille. Dysfonctionnelle mais loyale. Avec l'oncle grincheux, le neveux rebelle, la belle-sœur dévergondée, la tante perpétuellement ivre et la marmaille bruyante. Qui se tiraient dans les pattes quotidiennement mais se défendaient et se protégeaient envers et contre tout.

"Granger !" la coupa Pansy.

Hermione sursauta, et réalisa que tous ses collègues la regardaient comme s'ils attendaient son intervention. Combien de temps s'était-elle déconcentrée ainsi ?

"Euh... commença-t-elle brillamment.

- Weasley. Est-ce que Weasley t'a raconté comment s'était passée son évaluation au ministère ?"

Parkinson était exaspérée, et Hermione soupira.

"Pour la troisième fois, ça s'est bien passé. Il était bien préparé à toutes les questions et ne s'est pas fait piéger", résuma-t-elle.

Ron avait été bref dans son compte-rendu de la réunion, puisqu'il ne voyait pas la difficulté dans cette évaluation. Il refusait d'affronter le fait qu'il n'était plus juste un Weasley ou un héros de guerre, mais qu'il était devenu un adversaire du Ministère, et que de ce fait ils allaient tenter discrètement de couper l'herbe sous le pied des Non-alignés en refusant d'approuver sa nomination à la tête du centre de réhabilitation.

Sa candeur ne l'avait pas empêché de se préparer avec Théo, Rogue et Drago, spécialistes auto-proclamés en attaques insidieuses et manipulations perverses.

Et, confiant et optimiste, il avait survolé l'entretien, jamais perturbé par les questions pièges des officiels, qui n'avaient pas réussi à trouver d'excuse valable pour l'empêcher d'être le visage de la fondation Malefoy.

"Aucun détails supplémentaires à partager avec le groupe ? pressa Pansy.

- Non, aucun.

- Je pense qu'on peut arrêter là, merci à tous d'être venus à cette réunion. J-3, rendez-nous fiers ! lança Drago avant de disperser ses collègues d'un hochement de tête.

- C'est tout ?" siffla Pansy à l'oreille de son chef, tandis que tout le monde quittait la salle dans la précipitation.

Personne n'avait envie de supporter les divagations de Parkinson plus longtemps.

"Pans', on est là depuis deux heures, et on n'a rien appris de nouveau. C'est suffisant, tu crois pas ? grogna le blond en haussant les épaules.

- Oh ! Excusez-moi d'être méticuleuse, votre altesse ! T'as autre chose de mieux à faire ? Ou à te faire ?"

Drago fronça les sourcils, Hermione sursauta et Blaise rassembla ses affaires à la hâte pour fuir ce qui s'annonçait devenir le théâtre d'un conflit.

"Qu'est-ce que tu sous-entends ? répondit froidement Drago.

- Je ne sous-entends rien. J'affirme. Vous passez votre temps à vous sauter dessus, vous êtes systématiquement injoignables, et distraits. Ça ne peut plus durer !"

Hermione se leva d'un bond, outrée, et à sa surprise Drago éclata d'un rire tonitruant.

"Je vois ce que c'est, affirma-t-il. Tu t'es disputée avec Nott."

Pansy lui lança un regard noir, confirmant ses suspicions.

"Ce n'est pas le sujet ! Drago, t'es notre leader, et ta tête est clairement ailleurs. Entre les cuisses de...

- Assez ! coupa sèchement Hermione. Tu dépasses les bornes. Drago se met personnellement en danger tous les jours pour ce groupe et je suis de loin celle qui a donné le plus de son temps et de son énergie pour qu'on reste à flots. Aucun de nous n'a la tête ailleurs. Peut-être qu'on en a juste assez de t'entendre répéter la même chose en boucle toute la journée. Peut-être qu'on est injoignables parce que tu nous gonfles avec ce gala. Peut-être qu'on préfère se sauter dessus que de t'écouter geindre encore et encore que le fleuriste s'est trompé de teinte de pétunias !

- Oh ! s'étouffa Pansy en se plaquant une main sur le cœur.

- Je ne vais pas m'excuser ! s'écria Hermione.

- Ingrate !

- Emmerdeuse !

- Nymphomane ! rugit Pansy.

- Tu es frustrée et jalouse, Parkinson !

- Il n'y a pas que le sexe dans la vie, Granger !"

Elles se toisèrent en silence pendant que Drago tentait de réfréner son envie d'éclater de rire. C'était la dispute la plus ridicule qu'il n'ait jamais entendue.

"OK, qu'est-ce que Nott a encore fait ?" soupira-t-il.

Il n'avait pas réellement envie d'entendre une énième histoire farfelue impliquant de la nudité, trop d'alcool et de mauvaises décisions, mais s'il ne faisait rien pour rediriger la colère de Pansy, Hermione n'allait pas reculer, et elles allaient finir par vraiment se dire des choses blessantes.

"Ça vous intéresse pas !" les accusa Pansy.

Elle avait parfaitement raison.

"Bien sûr que ça nous intéresse !" protesta-t-il, jetant un regard en coin à Hermione.

Elle était toujours rouge et n'avait pas perdu son air de défiance, mais elle desserra les poings et relâcha un peu ses épaules.

"Raconte-nous", dit Hermione.

Pansy sembla hésiter, puis brusquement, se mit à se tordre les mains, à marmonner dans sa barbe, et à secouer la tête.

"Je suis désolée d'avoir dit tout ça, grogna-t-elle. Je... T'as raison Granger, je suis jalouse et frustrée."

Elle avait l'air tellement piteuse qu'Hermione soupira et l'attira contre elle pour la réconforter. Cramponnée à la Gryffondor, Pansy se mit à sangloter.

"Il... Il va me quitter ! articula-t-elle avec difficulté.

- Comme la semaine dernière, et le mois d'avant, et les cent fois précédentes ? fit Drago. Pans', il ne te quitte jamais. Il revient toujours.

- Non ! Cette fois c'est différent ! cria-t-elle en se dégageant. Je sais que je dis ça à chaque fois, mais là c'est sûr, il va me quitter. Pour de vrai.

- Il te l'a dit ? supposa Hermione.

- Non !

- Alors comment tu le sais ? soupira Drago. Aux dernières nouvelles, il voulait t'épouser.

- Il ne veut plus ! Il veut en épouser une autre."

Drago éclata de rire et leva les yeux au ciel.

"Bien évidemment. Et Nott veut épouser qui, d'après toi ?

- Je ne suis pas certaine, reconnut la Serpentard. Mais il lui a donné ma bague !"

Et elle refondit en larmes, s'effondrant sur une chaise.

"Quelle bague ?"

Hermione avait beau essayer, elle ne comprenait rien à cette affaire.

"La bague de sa grand-mère ! Ma bague de fiançailles ! Elle était dans le coffre. Depuis toujours. Il ne sait pas que je connais le sortilège pour l'ouvrir. Je voulais juste... l'essayer ? Et... elle n'était plus là. Elle était là avant-hier, et hier, disparue. Il lui a donnée !

- Pansy', c'est complètement idiot ce que tu racontes. Il l'a sortie du coffre pour te la donner, elle doit être rangée dans sa poche ou je ne sais où à portée de main. C'est ça, l'explication logique. Comment ta première idée peut être qu'il l'a donnée à quelqu'un d'autre ?

- Tu crois ? demanda Pansy d'une petite voix. Il te l'a dit ?

- ... Non, il ne m'a jamais parlé de cette bague. Mais je peux t'assurer que Nott ne va pas épouser une autre femme mystérieuse."

Hermione ne put s'empêcher de noter que le ton conciliant et calme de Drago lui faisait quelque chose. Peut-être que Parkinson avait raison, tout compte fait. Elle avait développé une pathologie au contact de Drago, et était à présent obsédée par le sexe.

Le sexe...

Avec Drago...

Elle s'éventa avec un dossier, les yeux fixés sur un tendon de sa mâchoire. Elle avait envie de le lécher.

"Drago... renifla Pansy en battant des cils.

- Absolument pas !"

Il recula d'un pas, effaré.

"Mais Drago...

- Non, ne m'entraîne pas dans vos histoires. Je ne vais pas aller interroger Nott au sujet d'une bague dont je ne devrais même pas avoir connaissance. C'est parfaitement ridicule, objecta-t-il.

- Mais... tu ne vas pas me laisser comme ça !"

Il secoua la tête, inflexible.

"Ce soir, tu lui sers un verre, et tu lui poses directement la question. Tu vas probablement gâcher la demande en mariage qu'il avait préparée, mais au moins tu seras fixée.

- Je ne sais pas, Drago... Hermione ?"

L'intéressée sursauta et abandonna sa contemplation des pectoraux cachés sous la chemise du blond. Drago arqua un sourcil, étudia son expression, et adopta un petit air auto-satisfait ; il avait parfaitement lu ce qui était en train de se dérouler dans la tête de la Gryffondor.

"Je suis d'accord avec Drago.

- Vraiment ? grimaça Pansy.

- Si tu veux que vous soyez heureux ensemble, il faut que tu arrives à communiquer avec lui, et à lui dire ce qui t'inquiète, précisa Hermione avec un regard appuyé.

- C'est épuisant d'être adulte, conclut Pansy en attrapant son sac. Merci. Et désolée pour tout à l'heure, vraiment... Je ne pensais pas ce que j'ai dit. Je suis hyper contente pour vous, en vrai. Et vous êtes tellement plus matures et fusionnels que Théo et moi... Personne ne l'avait vu venir, ça. Ha !"

Hermione rosit et Drago regarda ses pieds.

"C'est vrai, vous êtes tellement attentifs l'un à l'autre... vous vous comprenez en un coup d'œil, c'est fascinant", reprit Pansy, qui savourait l'inversion des rôles et leur embarras.

Hermione coula discrètement un regard en direction de Drago, qui lui lança un clin d'œil discret.

"Vous êtes des aimants. Comme deux petits planètes qui s'attirent mutuellement et restent collées. Ou des insérables ! C'est des perroquets, ils s'aiment à vie, et si on les sépare, ils se laissent mourir, c'est...

- Pans', on a compris l'idée, pourquoi tu n'irais pas sauver ton couple maintenant ?"

Parkinson laissa éclater un sourire narquois plein de dents et s'éloigna, requinquée.

"Granger, donne-moi ta culotte, ordonna Drago sitôt la porte refermée.

- Quoi ?"

Il se contenta de la regarder sans cligner des yeux et elle obtempéra quand même, se tortillant sur sa chaise pour faire glisser son sous-vêtement humide le long de ses jambes. Puis elle le lui tendit sans rompre leur contact visuel. Il enroula ses doigts autour des siens plus longtemps que nécessaire, s'empara de sa culotte, et l'enfouit dans la poche de sa veste.

"Merci, souffla-t-il.

- Tu... Quoi ? répéta Hermione.

- Pas de sexe au bureau. C'est ta règle, tu te souviens ? C'est même dans la charte du groupe."

Ses yeux étaient noirs et il était penché en avant au point de presque basculer sur elle, mais elle ne bougea pas, parce qu'il avait raison et qu'elle n'en revenait pas qu'il soit en train d'essayer de la manipuler pour qu'elle brise sa propre règle.

Lui prendre sa culotte... Quel être sournois !

Reprenant contenance, du moins en apparence, Hermione se redressa un peu et décroisa lentement les jambes, avant de les recroiser de l'autre côté, s'assurant de lui offrir un spectacle digne de son attention.

Drago déglutit, les yeux plantés en direction de sa jupe.

"Je suis ravie que tu me l'aies rappelé avant qu'on fasse tous les deux quelque chose qu'on regrette, Drago, dit-elle de sa voix la plus suave. Dire que ça m'était sorti de la tête ! Si tu n'avais rien dit, je serais sûrement à genoux avec ton pénis dans ma bouche en ce moment."

Elle ricana doucement et se leva, abandonnant un Drago transpirant et irrité dans la salle de réunion.

"Oh... Sale petite..." persiffla le blond.

.

Hermione frotta distraitement ses talons sur le paillasson et attendit patiemment que Ron vienne lui ouvrir la porte. Enfin, il émergea, vêtu d'un short de plage hideux, d'une sorte de T-shirt en lycra extrêmement moulant, et d'une paire de lunettes de plongée.

"Oh, Hermione ! J'avais oublié que tu devais passer pour m'aider avec mon discours. Je suis en train d'étudier certaines pratiques sportives, expliqua-t-il en s'écartant pour la laisser passer.

- D'étudier ? répéta-t-elle d'un air circonspect en avisant autour d'elle une planche de surf, un poteau de basketball sur roulettes et un VTT taille adulte pourvu de petites roues.

- Les sports moldus. J'y ai pensé cette nuit. Je sais que les enfants du centre sont des sorciers, mais comme la pratique de la magie est un peu restrictive dans cet environnement, et que certains n'ont jamais appris, je me suis dit que pratiquer des sports moldus, c'était...

- Brillant. Ron, c'est brillant ! s'écria Hermione en lâchant son sac à main par terre.

- C'est vrai ?

- Ron, tu es un génie. C'est une idée parfaite ! Ce n'est pas dangereux, ça permet de créer de la cohésion, et de les laisser se dépenser, et... Ron ! pépia Hermione. C'est formidable !"

Extatique, Ron passa l'heure suivante à tenter de faire des démonstrations des sports qu'il avait réussi à comprendre grâce à des tutos sur Internet.

Il expliqua d'abord la pétanque, "un sport traditionnel populaire dans le Sud de la France", et il lui apprit à lancer des boules métalliques dans le jardin. Cela leur donna chaud et ils durent faire une pause pour boire de la bière. Ensuite, ils s'essayèrent au football, alors Hermione ôta ses talons et galopa dans la pelouse en riant comme une enfant, tentant d'échapper aux grandes jambes de Ron qui contrairement à elle n'avait jamais vu un match à la télévision. Lorsqu'elle cria "petit pont !" et disparut au loin avec le ballon, il s'avoua vaincu.

Ensuite, ils se mirent au hockey sur gazon, et à ce point Sergueï dû intervenir pour ne pas les laisser jouer n'importe comment. Le garde du corps leur apprit à frapper correctement le palet et essaya de les empêcher de se donner mutuellement des coups dans les tibias, sans succès.

Un tel effort méritant une récompense, il leur servit une vodka-tonic à tous les trois.

Ils passèrent ensuite au rugby, qui plut énormément à Ron, bataillèrent avec des raquettes de badminton, et durent réquisitionner les voisins moldus le temps d'un match de volley. Harry débarqua, et après quelques minutes de confusion, se résolut à les aider. Ils s'essayèrent au judo, et Harry déchira sa chemise. Hermione ne participa pas, parce qu'elle venait de réaliser qu'elle n'avait plus de culotte, et que se rouler par terre pouvait se révéler risqué. Elle s'éclipsa donc pour voler un short de sport à Ron.

Épuisés, ils s'accordèrent une pause cocktails avant de reprendre le travail.

Lorsque Astoria et Daphné rentrèrent à la maison en fin de journée, elles trouvèrent Hermione pieds nus, un casque de football américain sur la tête, qui menaçait Ron avec une batte de baseball tandis qu'Harry décrivait des cercles autour d'eux sur une trottinette.

"Appelle les renforts", sourit Daphné en décapsulant une bière.

.

Hermione fit tournoyer sa batte autour de sa tête, provoquant une retraite précipitée de Ron qui renversa Harry. Ce dernier commença à protester avant de s'apercevoir que sa femme l'observait.

"Daph ! s'écria-t-il, ravi. Viens ! Je vais t'apprendre à faire du vélo ! C'est incroyable, je n'avais jamais réalisé que les sorciers ne savaient pas en faire !

- Est-ce qu'ils sont ivres ? vérifia Astoria en acceptant le cocktail que lui tendait Sergueï.

- Da", confirma-t-il.

Daphné se retrouva en un rien de temps juchée sur le guidon pendant qu'Harry pédalait comme un dératé autour du jardin, évitant de justesse les accessoires sportifs disséminés partout. Astoria faisait maintenant équipe avec Hermione contre Sergueï et Ron dans une partie de frisbee qui tournait nettement à l'avantage des filles. Probablement parce que Sergueï écrasait systématiquement le disque de plastique avec sa force surhumaine.

"C'est quoi ce foutoir ? s'exclama Blaise, hilare. Et qu'est-ce qu'Hermione porte, exactement ? On dirait...

- Un short de Quidditch, compléta Drago, émerveillé.

- Malefoy ? s'étonna Harry en pilant dans un crissement devant lui, manquant d'éjecter sa femme par terre.

- Qu'est-ce que vous faites ? se renseigna Blaise, intéressé.

- C'est une idée de Ron, commença Harry.

- J'aurais pu deviner, gloussa Drago.

- Non, c'est une bonne idée. On teste des sports moldus pour pouvoir les utiliser au centre ! Avec les enfants. Qui ne savent pas pratiquer la magie, ou la contrôler, ou qui sont trop jeunes, ou...

- C'est... incroyablement brillant", reconnut Drago.

Il aurait peut-être continué à complimenter Weasley si Hermione n'avait pas choisi ce moment pour tenter de l'escalader en le couvrant de baisers humides.

"Drago... gémit-elle dans son oreille.

- Oh seigneur ! s'exclama Blaise, épouvanté.

- Mes yeux ! protesta Harry.

- C'est exactement ce que j'ai dit ce matin !" pépia Blaise.

Ils s'éloignèrent tous les deux en marmonnant et Drago en profita pour presser la Gryffondor contre lui et mordiller ses lèvres.

"Tu m'as manqué, souffla-t-elle.

- Il te va bien ce short, murmura-t-il en laissant ses mains glisser vers ledit short.

- Je n'avais pas de culotte, quelqu'un me l'avait prise, et comme j'étais en jupe..."

Il colla son front contre le sien et grogna.

"Tu la veux ?

- Tu l'as encore ?"

Il attrapa sa main et la glissa dans la poche de sa veste, où elle pu constater la présence de dentelle.

"Malefoy ! Je te provoque en duel ! beugla Ron, un masque blanc sur la tête.

- Weasley, j'ai fait dix ans d'escrime. Sabre ou fleuret ?" rétorqua Drago.

Ron se décomposa, puis haussa les épaules, résolu.

"Forcément, il a fait de l'escrime. Aristocrate !

- C'est censé être une insulte ?" ricana Drago.

Il embrassa passionnément Hermione et s'éloigna en sautillant pour choisir son arme. Ils se mirent d'accord à grand renfort de gestes de bras, puis empoignèrent une sorte d'épée flexible. Drago se pencha pour toucher ses pieds, se mit à faire des petits bonds et à faire tourner son cou. Puis il dû dire quelque chose pour agacer Ron, qui lui lança un doigt d'honneur, et il ricana tout en faisant des attaques dans le vide pour répéter ses mouvements.

"Parfois je me demande ce que tu lui trouves, soupira Harry, qui se tamponna le front avec sa manche avant de descendre un cocktail à grandes gorgées.

- Parfois seulement ? sourit Hermione.

- J'essayais d'être poli."

Ils échangèrent un regard complice avant d'éclater de rire.

.

Tard dans la nuit, et après avoir épuisé tous les jeux moldus qu'ils avaient sous la main, chacun était rentré chez soi - épuisé, avec quelques ecchymoses en plus et des dents en moins pour Blaise, à la suite d'une rencontre fortuite avec un club de golf.

Ils avaient peu dormi et beaucoup bu la veille, aussi le réveil fut difficile et Drago refusait obstinément d'ouvrir les yeux, préférant grogner en s'agrippant à Hermione pour l'empêcher elle aussi de se lever.

"Drago..." protesta faiblement la jeune femme en jetant une jambe hors du lit, tâtonnant à l'aveugle pour poser son pied au sol.

Il balbutia une suite inintelligible de mots dans son cou et elle se tortilla pour se dégager.

"Drago !" gémit-elle.

Il répondit en pressant sa poitrine entre ses mains et elle marqua une seconde d'hésitation.

"La réunion, finit-elle par décréter. La réunion de 11 heures. Pansy va nous tuer.

- Mmh...

- De quoi ça aurait l'air, si le chef n'est pas là ? insista-t-elle en soulevant un a un les doigts du blond.

- Pfff...

- Drago Malefoy !" siffla-t-elle en se contorsionnant.

Il relâcha enfin sa prise et roula sur le dos, expirant un soupir à fendre l'âme.

"Toutes ces responsabilités, c'est épuisant. Drago par ci, Drago par là. Drago Malefoy veut dormir."

Il arracha un des coussins avec vigueur et le plaqua sur sa tête.

"Très bien, Drago Malefoy n'a qu'à roupiller pendant que ses subalternes travaillent à sa place.

- Ce plan me convient."

Elle soupira, et observa sa forme rigide sous le drap, ses bras enroulés en guise de protection autour de son rempart en coussin. Elle esquissa malgré elle un sourire attendri et se pencha pour embrasser ses phalanges, puis bondit en arrière pour éviter son bras qui tentait de l'agripper à nouveau.

"Granger, tu es cruelle, se plaignit le blond.

- C'est pour ton bien.

- C'est aussi ce que disait Voldemort, rétorqua-t-il.

- Non, il ne disait pas ça ! s'offusqua Hermione. Est-ce que tu viens de me comparer à Voldemort ?

- ... Non ?

- Je te suggère de t'excuser si tu ne veux pas passer la nuit prochaine sur le canapé.

- Tu me vires de mon propre lit ? ricana Drago, incrédule.

- Parfaitement."

Hermione se leva pour illustrer son ressentiment, et enfila son peignoir d'un geste brusque.

"Mmh. Je suis obligé de te présenter des excuses, on dirait, fit Drago en se redressant sur un coude pour l'observer.

- Ça manque de sincérité.

- Exigeante..."

Elle répondit par un claquement de langue et s'exila vers la salle de bain.

"Granger, je suis désolé.

- ...

- Tu ne ressembles pas du tout à Voldemort. Pas du tout. Rien en commun. Tu as un nez magnifique et tu es douce. Parfois. Je retire ce que j'ai dit, je ne le pensais pas.

- ...

- Granger ?

- Dépêche-toi de venir ici avant que je change d'avis !" s'écria-t-elle en déclenchant la douche.

Cette fois, il ne se fit pas prier pour sortir du lit.

.

"... et je vous félicite pour tous vos efforts de ces derniers jours, je sais que vous détestez faire autant de relations publiques mais c'était important de capitaliser sur le moment. Tout est prêt pour le gala, maintenant, vous pouvez vous détendre et profiter, conclut Drago.

- Pas trop, marmonna Pansy. Ne vous détendez pas trop.

- À cause des terroristes, devina Dubois.

- Pas du tout, coupa Pansy. À cause des médias, de nos rivaux et de tout ce qui pourrait mal tourner au cours du gala si vous n'êtes pas sur vos gardes.

- Mais principalement les terroristes", intervint Hermione.

Elle jeta un regard lourd de sens à Parkinson, qui semblait avoir perdu le sens des priorités.

"Notre niveau de sécurité est maximal, on a une super équipe et des aurors en renfort, ajouta Drago d'un ton rassurant. Et on aura aussi la présence d'Harry Potter, ce qui devrait assurer la sureté de tout le monde.

- Est-ce qu'on craint un nouvel attentat ce soir-là ? demanda Cho d'une petite voix, verbalisant les inquiétudes de tout le monde.

- Rien n'indique qu'ils tentent quelque chose, encore moins avec une telle surveillance. Ils n'ont jamais réussi à frapper un endroit réellement sécurisé. On est prêts."

Drago appuya ses propos d'un hochement de tête confiant. Il indiqua ensuite que leur point quotidien était terminé, et tous les députés se dispersèrent en discutant de choses et d'autres. Mais dès qu'ils eurent tous quitté la pièce, Parkinson ferma la porte et planta ses poings sur ses hanches.

"Bon... Est-ce qu'on est réellement sûrs de notre force, ou est-ce que c'est une sorte de pensée magique ?

- Pans', on a un plan, des effectifs renforcés, des professionnels de sécurité presque aussi nombreux que les invités, et un lieu hautement protégé, résuma Drago en comptant sur ses doigts.

- Mais on a pas résolu l'intrusion qui a eu lieu au manoir. Quelqu'un a réussi à y entrer une fois, soupira Hermione.

- Donc, on reste en alerte, traduisit Pansy.

- Toujours, maugréa Drago. On reste discrètement en alerte. Et inutile de stresser nos troupes davantage.

- Message reçu !" lança Pansy.

Elle s'autorisa un salut militaire et rassembla tous ses papiers avec une maladresse qui lui était peu coutumière. Et soudain, Hermione émit un halètement.

"Par Merlin Pans', qu'est-ce que c'est ce rocher étincelant à ton doigt ?" s'exclama-t-elle.

Parkinson releva lentement la tête, un gigantesque sourire aux lèvres. Puis elle poussa un petit cri aigu et agita son énorme bague sous leur nez. Drago tenta de suivre le mouvement des yeux pour étudier ledit rocher, mais c'était peine perdue.

"Théo me l'a donnée ! Vous aviez raison ! On est fiancés ! débita-t-elle à toute allure.

- Félicitations !"

Hermione la serra dans ses bras, évitant de justesse d'être éborgnée par le diamant colossal qui ornait à présent l'annulaire de la Serpentard.

"Félicitations", ajouta Drago, nettement moins expansif.

Pansy ignora son manque d'enthousiasme et le pressa contre elle en sautillant, puis quitta la pièce d'un pas dansant. Drago soupira.

"Lançons les paris. Combien de temps avant qu'ils ne rompent leurs fiançailles, qu'elle lui jette la bague à la figure, qu'elle la remette, qu'ils planifient un mariage puis l'annulent, s'envolent à Las Vegas en secret, divorcent, se remarient, divorcent, fassent un bébé, se remarient...

- DRAGO ! le coupa Hermione en essayant de se retenir de rire. Laisse-leur une chance.

- Depuis quand t'es devenue romantique ?

- Depuis quand t'es devenu aussi cynique ?

- J'ai toujours été cynique.

- Très juste. Ignore ma question, reconnut Hermione.

- Quatre jours. Je leur donne quatre jours."

Il reçut une petite claque sur l'épaule, puis elle l'embrassa en riant contre ses lèvres.

"Je leur en donne dix."

.

"Où est Zabini quand on a besoin de lui ? pestait Drago en retournant frénétiquement ses tiroirs.

- Certainement pas dans ce meuble, indiqua Nott d'un ton détaché.

- Merci Théo, siffla Drago en jetant au sol une liasse de papiers.

- Toujours là pour donner un coup de main, fit Nott en croisant les jambes.

- Il a pris sa journée pour faire réparer ses dents, indiqua Pansy.

- On peut gérer cette crise mineure sans lui, déclara Hermione.

- C'est aussi ce que je pense, dit Nott, toujours aussi calme. L'info n'est même pas encore publique. On a probablement quelques jours pour désamorcer."

Drago claqua son tiroir sèchement, et soupira.

"Avant toute chose, il faut qu'on trouve la source, nota Hermione.

- Des suggestions ? demanda Pansy.

- On sait tous que ça vient du ministère, râla Drago. Ils ne savent pas comment se débarrasser de nous alors ils lancent des rumeurs. C'est tout ce qu'ils ont trouvé pour nous torpiller. Foutus parasites ! C'est illégal ! Ils ont utilisé nos dépositions, qui sont protégées par le secret de l'enquête, c'est évident. C'est pas parce qu'ils ont reformulé nos propos qu'on ne peut pas remonter jusqu'à eux.

- C'est une faille de sécurité catastrophique pour le bureau des aurors, si c'est le cas, gronda Hermione.

- Je ne vois quand même pas pourquoi tu te mets dans cet état, fit remarquer Nott.

- On est enfin au sommet, on a un soutien massif de la population, et... expliqua Drago.

- Et ça ne va rien y changer Drago, coupa Hermione. Les gens se fichent de savoir que Laura Pods n'était pas un membre estimé de ce groupe. Les trois-quarts des gens ne se souviennent même pas de son existence.

- C'est pas le problème ! Ça va attirer l'attention sur sa disparition, encore une fois. Ça jette un doute sur notre rôle dans cette affaire.

- Personne ne nous soupçonne, contra Nott. Il n'y a pas de corps, pas d'indice, pas de témoin, et les aurors pensent toujours que c'est lié aux terroristes. Rien ne pointe vers nous. Si c'est effectivement une attaque du ministère, c'est un coup d'épée dans l'eau. Même Lupin a arrêté de nous pointer du doigt.

- Drago, Théo a raison. On ne devrait même pas réagir publiquement, insista Hermione.

- Ça ne serait pas suspect, justement, de ne pas répondre aux accusations ? s'inquiéta Pansy.

- Je ne pense pas, la rassura Hermione. On peut éventuellement répondre en off quand Cédric viendra nous demander une réaction, parce qu'il va le faire. Mais on devrait pas traiter ces pseudos révélations comme quelque chose d'important.

- Et concernant le ministère, qu'est-ce qu'on fait ?"

Nott se frotta les mains, pressé d'en découdre.

"Malheureusement, on ne peut pas les accuser. On a aucune preuve, et ça reviendrait à accréditer la véracité des fuites dans la presse, répondit Hermione.

- Potter peut faire quelque chose, suggéra Drago. Il a toujours de bonnes relations avec Harmon, qui était sur l'enquête. Il peut au moins grappiller des infos."

Soulagé d'avoir pris une décision et de faire quelque chose, le blond appuya sa tête contre le dossier de son fauteuil.

"D'accord, je m'en occupe, accepta Hermione. Mais même si on a une confirmation officieuse que le ministère a bien détourné des documents classifiés pour les rendre publics... On ne peut rien en faire.

- Pour l'instant, amenda Nott.

- C'est trop dangereux Théo ! contra Pansy. On ne peut pas attirer l'attention sur Pods.

- Et on ne le fera pas Pans', insista Hermione. On est bien d'accord, les garçons ?"

Drago hocha la tête, mais Nott mit un peu plus de temps à acquiescer, ce qui irrita fortement Hermione.

"Nott, à trop jouer avec le feu...

- Eh, je suis le dernier à vouloir mettre en danger Pansy, et à risquer que quelqu'un découvre ce qu'on a fait ! se défendit-il. C'est d'accord, je ne ferai rien."

.

Comme prévu, Cédric contacta Hermione - mais bien plus tôt que ce qu'ils avaient anticipé. Alors qu'elle était en route pour la boutique de restauration de manuscrits, bien décidée à enfin aller récupérer le certificat de mariage de l'infâme Bellatrix Lestrange, une main s'enroula autour de son bras et l'attira dans une ruelle sombre. Ni une ni deux, Cédric se retrouva plaqué au mur, une baguette enfoncée sous son menton. Ce qui ne l'empêcha pas de lui lancer un sourire goguenard et de lui octroyer un jeté de mèche très maîtrisé.

"Granger.

- Diggory."

Elle rangea sa baguette et croisa les bras contre sa poitrine.

"Tu ne pouvais pas utiliser ton téléphone, ou m'envoyer un hibou, comme un être humain civilisé ?

- Où serait le frisson ?

- Qu'est-ce que tu veux, Cédric ? soupira Hermione.

- J'ai reçu des informations très intéressantes. Je suis sûr que les autres médias aussi. Je te propose de m'offrir une exclu. Pods, tu te souviens ? Il parait que les Non-alignés ne pouvaient pas l'encadrer. Une réaction ?

- Qu'est-ce que j'y gagne ? répliqua la jeune femme.

- Je présente des faits vérifiés à ton avantage, je publie ce soir. Tous les autres médias devront tuer leurs articles avant même de les avoir publiés, résuma Cédric avec un air faussement ennuyé.

- Qu'est-ce que tu y gagnes ?"

Cette fois, elle était en alerte. Pourquoi un journaliste aussi intègre que lui proposait un marché louche dans une allée plongée dans le noir ?

"Je sais que cette histoire est pourrie. Je suis obligé d'en parler, parce que tout le monde va le faire, mais c'est évident que c'est une fuite malveillante. Et... Je veux une entrée au gala."

Hermione s'étouffa. Elle n'en revenait pas.

"Cédric, est-ce que tu échanges un article complaisant contre une entrée dans une soirée mondaine ?

- Ça serait complaisant si on se mettait d'accord pour mentir aux lecteurs. Et on va pas faire ça, n'est-ce pas Granger ?"

Hermione le jaugea en silence. Il marquait un point.

"Laura n'était jamais au bureau et ne s'était liée avec personne, lâcha-t-elle. Il n'y avait pas vraiment d'animosité envers elle, juste... de l'indifférence, je suppose. Comme avec une collègue discrète qu'on croise une fois par mois à la machine à café, et qu'on salue distraitement avant d'oublier son existence.

- Mmh. Et si cette collègue discrète était une taupe ?"

Hermione se figea, et se félicita intérieurement d'être dos au lampadaire - au moins, Cédric le fourbe ne voyait pas son expression tendue. Il l'avait endormie avec ses histoires de gala pour mieux lui tendre un piège. Et à en croire son visage satisfait, il était fier de son coup. Refoulant la panique, Hermione arqua un sourcil à la Malefoy et attendit la suite.

"Je tiens ces infos de Lupin. Je les ai depuis des mois, mais ça semblait être simplement les élucubrations d'un type aigri et inquiet. Maintenant... Je me demande s'il n'y avait rien d'autre, Granger.

- Quelle est la question, exactement ?"

Cédric sourit, et Hermione frissonna.

"Est-ce que Pods était une taupe dans votre organisation ? Les scandales dans la presse, c'était elle, n'est-ce pas ? Elle vous torpillait de l'intérieur.

- C'est..."

Hermione s'interrompit. Elle avait envie de parler, parce que c'était Cédric et que c'était dans sa nature de dire la vérité, mais les conséquences pouvaient être terribles, non seulement pour elle, mais pour tous les autres. Elle était coincée. Si elle niait, il allait creuser, interroger, porter des accusations publiques. Il fallait qu'elle lui donne quelque chose.

"On pense... Les aurors, en réalité, les aurors pensent que Laura travaillait certainement contre nous. Les scandales se sont arrêtés dès qu'elle a disparu. C'est ce qui a attiré notre attention... le timing. Mais on n'a jamais eu aucune preuve.

- Vous ne la soupçonniez pas ?"

Cédric n'avait pas l'air convaincu, mais pas particulièrement suspicieux non plus. Il n'avait pas encore décidé s'il la croyait ou non.

"On passait notre temps à courir partout pour étouffer des scandales successifs. Pas merci pour ça, d'ailleurs. Tout ça s'est produit sur un court laps de temps, alors... On a pas fait le lien, reprit Hermione.

- C'est la traîtresse idéale, ricana Cédric. Discrète, silencieuse, elle fait partie du paysage mais n'a pas vraiment de rôle... Pas étonnant que ça vous ait échappé."

Hermione hocha la tête. Il comprenait.

"Du coup, vous l'avez butée, asséna-t-il.

- Quoi ! s'étrangla Hermione, affolée.

- Oh ça va Granger, je plaisante... Je sais bien que tu n'aurais pas participé à un meurtre de sang froid."

Cédric leva les yeux au ciel comme si c'était l'idée la plus absurde du siècle, et Hermione hurla mentalement. Techniquement, ce n'était pas un meurtre de sang froid. Le fait était qu'elle y avait tout de même participé.

"Je vais choisir un angle genre, Pods, l'enquête piétine, et vaguement évoquer le fait qu'elle n'était pas appréciée dans une rubrique de rappel des faits. Ça sera une information parmi tant d'autres.

- Mmh", répondit Hermione, la gorge serrée.

Elle ne pouvait pas avoir l'air trop soulagée, tout de même.

"Mon entrée au gala sera VIP, pas vrai ?

- Tout le monde est VIP, expliqua Hermione mécaniquement, répétant le mantra de Parkinson.

- J'ai une autre exigence.

- Diggory..."

.

Ainsi, le soir même, Cédric enterra les rumeurs lancées par le ministère dans un article laconique, employant un ton définitif qui dissuada tous les autres journaux de questionner ce qu'il affirmait. Pods était un triste individu qui se trouvait avoir disparu de manière tout à fait fortuite.

En prime, La Gazette publia un article exclusif annonçant les fiançailles de Pansy Parkinson et Théodore Nott, avec des photos inédites de la bague. Cédric ne voulait pas ce scoop pour lui ; il l'avait obtenu pour sa collègue de la rubrique people, et visiblement cela constituait pour lui une sorte de parade nuptiale. Les journalistes...

Et, bien entendu, il reçut son précieux sésame pour entrer au gala. Avec sa collègue de la rubrique people.

Épuisée, Hermione s'écroula sur Drago qui se prélassait dans le canapé en lisant le journal, et enfouit sa tête dans le creux de son cou.

"T'as assuré, la félicita le blond en plaquant un baiser humide sur son front.

- On lui en doit une, soupira Hermione.

- Il aura l'exclu pour l'annonce de nos fiançailles."


Le gala s'approche, la tension monte !

(Je sais que je suis lente et je suis désolée, mais j'ai écrit trois chapitres d'un coup, alors vous devriez avoir la suite rapidement !)