L'inné et l'acquis
Disclaimer : Cinq tomes et beaucoup de rêveries...
Relecture attentive et passionnée : l'enthousiaste Alixe, la précise Alana Chantelune et l'inénarrable Vert – un jour de baisse de moral allez lire ses fic... vous ne comprendrez peut-être pas tout mais, à un moment ou à un autre, vous rirez... C'est comme ça !
Reviews : Vous êtes adorables, peut-être pas très nombreux mais adorables...
Lulu, toujours la plus rapide... Alinem qui sort de sa réserve... Zizany qui fait parler d'elle, Vert qui s'enflamme, Harana qui me fait rougir... Godric qui confirme sa constance... Mystick qui se dit dépendante... Hinnkyponk qui veut la suite....
Comme Vert ne veut pas savoir, je ne dirais pas si vous êtes sur la bonne piste de l'Animagus de Harry... Quoiqu'en fait, j'ai laissé pleins d'indices que certains ont su voir... De toute façons, c'est pas pour toute suite...
La suite, pour vous tous.
Deux - Cendres
Cendres.
Il ne resterait que des cendres.
Quand tout cela finirait...
Ce fut l'intuition qui vint à l'esprit de Severus Rogue alors qu'il contemplait, figé, l'emplacement du foyer où, quelques secondes auparavant, flottait joyeusement la tête de la Conseillère spéciale à l'éducation, Dolorès Ombrage. Là aussi, il ne restait que des cendres car en cette fin d'été, même dans les hautes salles de l'écossais Poudlard, nul n'avait besoin de se chauffer.
Tel le phénix, Dolorès avait justement semblé renaître de ses cendres quelques semaines auparavant. Désavouée par le Magengamot après l'échec de sa proposition de renforcement de la tutelle pesant sur les Créatures Magiques à sang humain, elle était retournée au Département de l'éducation. Au prix de compromis et d'intrigues que le Maître de Potions supposait, elle semblait avoir de nouveau la confiance de Fudge.
Crétin infini, celui-l, pensa - pas pour la première fois - le Maître de Potions de Poudlard.
Mais crétin puissant malgré tout, berger emblématique d'une communauté de moutons sans cervelle...
C'était sur l'ordre de ce dernier qu'Ombrage avait appelé Poudlard. Et la conseillère spéciale avait trouvé Severus dans le Grand bureau directorial où il finissait d'apposer le tampon de Poudlard sur les lettres d'admission et les listes de fournitures scolaires. Dolorès s'était ouvertement réjouie de tomber sur quelqu'un d'aussi 'raisonnable que lui', mais Severus ne s'enorgueillissait pas d'une telle marque d'amitié. Evidemment. Parler à Lupin lui aurait fait mal...songea-t-il. Comment pourrait-elle se réjouir de s'adresser à la preuve vivante de son échec... ? Elle doit bien se douter qu'il y est pour quelque chose. Lucius a dû y veiller...
Mais ses pensées revinrent sur la raison de son appel et son pessimisme constitutionnel trouva de quoi s'alimenter.
Tout ça ne peut pas être vrai...Pas maintenant....
Il leva les yeux instinctivement vers les anciens directeurs de Poudlard dont les portraits ornaient les murs du bureau directorial. Beaucoup d'entre eux, nostalgiques de reproduire le rythme de vie qu'ils avaient eu quand ils avaient été en fonction, étaient en vacances et beaucoup de cadres ne présentaient à cette heure qu'un fond plus ou moins intéressant. Mais Dumbledore, lui, était là, avec ses lunettes en demi-lunes et ses yeux bleus perçants.
« Cette fois, Albus », lança Rogue, la main déjà posée sur la porte du bureau, « je ne vois pas quel tour de passe-passe vous pourrez trouver pour nous soustraire à cette dangereuse folle... »
Le Maître des Potions sortit avant que le portrait ne lui réponde. Il prit résolument, à grandes enjambées, la direction de l'aile des professeurs. Non, Dumbledore ne pourrait rien cette fois... Et il doutait tout autant que Lupin ait la solution au problème qui venait de leur échoir, mais il fallait prévenir le directeur de Poudlard. C'était ce que la raison, le règlement, et l'amitié - mais ça il ne l'aurait admis que sous la contrainte – demandaient. C'était aussi ce qu'avait ordonné la Conseillère spéciale à l'Education – mais ça n'aurait jamais suffi à faire bouger Rogue.
Sur son chemin, les portes s'ouvrirent avec empressement, des fantômes s'évanouirent, des tableaux le saluèrent et des armures se redressèrent. Mais rien ne réussit à modifier la cadence de sa foulée ou la gravité de son expression. Le pas résolu et la mine sombre, il se trouva assez rapidement devant la porte de... des Lupins. Et le rappel de ce pluriel ne fit rien pour son humeur.
Il frappa trois coups secs et attendit.
La porte s'ouvrit rapidement, révélant une jeune femme aux cheveux bleu pétrole, à peine vêtue d'un débardeur et d'un short...
« Severus... » - murmura-t-elle avec une surprise visible en le reconnaissant. Comme les yeux noirs du Maître des Potions la détaillaient de haut en bas avec une indication assez claire de ce qu'il pensait de ses vêtements, elle rosit furtivement et expliqua : « Il fait... Il fait si... chaud... »
Pathétique, songea Rogue sans prendre la peine de lui répondre. Elle est pathétique...Elle voudrait qu'on la prenne au sérieux ?
« Notre grand directeur serait-il absent ? » demanda-t-il à haute voix, sans s'abaisser à discuter de la réponse de la jeune femme.
« Remus ? Non, non... il est là... il travaille... Entre », murmura-t-elle, se reculant d'un pas pour le laisser passer. Sans lui accorder un autre regard, ni attendre qu'elle ne l'invite à le suivre, Severus se dirigea vers l'alcôve où Lupin avait depuis longtemps déjà installé son bureau. Il remarqua vaguement que le salon avait un peu changé. Des objets inconnus et colorés avaient fait leur apparition. Le Maître des Potions estima que la jeune compagne de Lupin devait y être pour quelque chose et, une nouvelle fois, il se rendit compte combien ce couple le dérangeait. Dans ses moments de grande lucidité, il s'interrogeait pour savoir si c'était vraiment Nymphadora Tonks qui lui posait problème ou si c'était le fait que Lupin renonce au célibat. Mais ce matin là, il n'était pas d'humeur lucide et la jeune femme justifiait, à elle seule, tout son agacement. Agacement ravivé par les parchemins et les volumes, étalés sur la table basse, indiquant ce que Tonks avait été en train de faire quand il avait frappé. Pourtant à en croire sa tenue, on aurait pu croire que Drago Malefoy avait raison... Accoutrée comme cela, elle tient plus de la courtisane que de la professeur.... Dire qu'elle se dit Auror !
Tout à son mépris et à son inquiétude, il ne prêta aucune attention au feu qui tournait au vert, annonçant un appel extérieur, et à la jeune femme qui se dirigeait vers l'âtre pour y répondre. Il finit de traverser le salon et ne s'arrêta qu'en croisant le regard curieux et tranquille de Lupin. Ca ne va pas durer.
« Severus ? »
« M. Le Directeur... »
Severus constata avec une légère satisfaction que Lupin avait correctement traduit son ton et que ses traits s'étaient légèrement contractés. Fin de la lune de Miel...
« Que se passe-t-il ? »
Severus prit le temps d'avancer jusqu'au bureau de Remus et de réajuster les longues manches de ses robes de lin anthracite – unique concession aux températures estivales, pour lui répondre.
« Je viens de recevoir un appel du Ministère... de ta grande amie et Conseillère Spéciale à l'Education... » - commença-t-il, bien que conscient de manière diffuse de ce que cette longue introduction pouvait avoir d'horripilant pour un Gryffondor même flegmatique.
« Elle t'offre ma place ? » - demanda Remus en souriant. Le Maître des Potions entendit alors un cri étouffé échappé à Tonks dans le salon et il dut se retenir de lever les yeux au ciel. Ma petite, il va falloir t'habituer à que ton loup ait des ennemis !
« Non », répondit-il sombrement. « Dolorès nous prévenait de la part de Fudge... »
« Ce cher Cornélius ! » - s'exclama Remus avec un amusement croissant qui pesa sur les nerfs de Severus. « Je me disais aussi qu'il avait adopté un profil étonnamment bas ! »
« Vas-tu m'écouter à la fin ! » s'énerva Rogue.
« Dès que tu DIRAS quelque chose », lui assura Lupin avec son exaspérant sourire moqueur.
Ah tu te crois malin et hors d'atteinte, pensa Severus avec amertume. On va voir si tu restes aussi souriant quand ... C'est à ce moment là que Nymphadora Tonks entra précipitamment dans la pièce, et haleta :
« Arthur vient d'appeler... Bella... Bellatrix... Elle s'est échappée... cette nuit... d'Azkaban... Il voulait savoir si on savait où étaient les garçons... »
OO
Rogue n'avait pu que confirmer ce que Tonks venait de leur apprendre. Un plan d'alerte nationale venait d'être instauré. Tous les Aurors étaient mobilisés. Et Tonks allait sans doute d'ailleurs recevoir une convocation de l'avis d'Arthur. « A moins qu'il ne vous trouve trop Black pour ce genre d'occasion », avait persiflé Rogue. Tonks évidemment l'avait mal pris, mais Remus savait bien qu'il avait plus touché son adjoint en ignorant sa pique qu'il n'aurait pu le faire en y répondant.
On parlait aussi de transmettre l'alerte au gouvernement moldu, leur avait appris Tonks. Le Magengamot se réunirait dès que ses membres seraient tous revenus sur le territoire britannique - ce qui ne pouvaient pas prendre plus de quelques heures. Les journaux assiégeaient le Ministère et une conférence de presse était déjà annoncée pour le soir même.
Toute cette agitation était bien sûr compréhensible. Ce n'était pas tous les jours qu'un prisonnier s'évadait d'Azkaban. Surtout officiellement, avait ajouté Remus pour lui même. On pouvait d'ailleurs se demander comment les médias avaient été si vite mis au courant cette fois, mais après tout ça c'était le problème de Fudge pas le sien.
« Fudge veut que tu... en fait, que NOUS assistions tous les deux à la réunion du Conseil de Sécurité Magique demain matin à Londres », avait ajouté Severus quand Tonks avait eu fini de rapporter les informations que lui avait transmises Arthur.
« Nous y serons », avait tranquillement répondu le Directeur de Poudlard. Cette partie-là était facile. Il se fichait comme de sa première métamorphose de ce que Fudge réclame la présence de Severus à ses cotés. Le destin des deux hommes était depuis trop longtemps lié pour qu'il n'ait pas confiance en Rogue. Non ce qui l'inquiétait vraiment était ailleurs.
Il était bien placé pour savoir qu'on ne sortait pas sans appuis puissants d'Azkaban. Et quand on entrait cette donnée dans l'équation du mystère de l'évasion de Bellatrix Lestrange née Black, un seul nom s'imposait : Malefoy. Sans doute pas directement, bien sûr. Seul des Dumbledore pouvaient avoir le courage de tout mettre personnellement en jeu pour sortir un Sirius de prison ; Mais si les Malefoy trempaient de près ou de loin dans cette miraculeuse évasion, lui, Remus Lupin, ne pouvait que se sentir menacer. Lui et ses fils.
Severus avait approuvé, ajoutant encore de l'eau au moulin de ses inquiétudes en précisant : «Albus m'a raconté son jugement... en même temps que le jeune Croupton... ses menaces de vengeance...C'est une folle, tu sais... je ne sais pas comment Lucius et Narcissa peuvent espérer la contrôler... »
« Tu crois qu'elle s'en prendrait à Harry ? » avait demandé Tonks à ce point de la conversation.
Severus avait haussé les épaules.
« Harry... Cyrus... Remus... Moi... Toi... Elle ne manquerait pas de cibles à Poudlard... »
« Tout dépend de ce qu'elle cherche »
« Ne te fais pas d'illusion Lupin, elle n'a pas besoin de plan, elle n'a pas besoin de motif... elle n'est que haine et folie... le Survivant... le dernier des Black... un loup-garou... un Mangemort repenti... une nièce Sang-de-Bourbe... Que lui faudrait-il d'autre ? »
Les paroles du Maître de potion avaient mis longtemps à cesser de résonner dans la pièce. Malgré l'air tiède qui entrait par les fenêtres ouvertes, Tonks avait frissonné. Lupin lui avait lancé un sourire compatissant :
« Tu devrais appeler ta mère, Tonks.. »
Les yeux de la jeune femme s'étaient agrandis comme si elle mesurait pour la première fois cet aspect des choses. Puis elle avait hoché brusquement la tête avant d'ajouter :
« Que fait-on pour les garçons ? Tu veux que j'aille les chercher demain ? »
Remus avait réfléchi quelques secondes avant de secouer la tête.
« Non... »
« Tu veux qu'on y aille tout de suite ? »
« Honnêtement, non ... Je ne pense pas qu'ils soient si immédiatement en danger... Peu de gens savent où ils sont... Le manoir McAlistair est quasiment le point le plus éloigné d'Azkaban que l'on puisse trouver sur le territoire britannique... Je vais appeler la maman d'Archibald mais... mais je ne pense pas que les Malefoy aient fait sortir Bellatrix pour Cyrus... ça n'aurait aucun sens...»
Severus avait acquiescé pour le plus grand agacement visible de Tonks.
« Je suis d'accord avec Severus, nul ne peut prédire ce qu'elle ferait devant la réplique de Sirius... Mais je ne pense pas qu'elle va le traquer....Quant à Harry... nous même ne savons pas exactement où il est... Le monde moldu est sans doute la meilleure protection qui soit en ce moment.... mais si nous mettons tout en branle pour les retrouver je pense que nous allons attirer inutilement l'attention sur eux... »
« Mais », avait encore tenté d'objecter Tonks.
« Je vais appeler Arthur... » - avait-il conclu sans doute trop abruptement puisque Severus avait souri et Tonks avait quitté la pièce sans un mot.
OOO
« Le comte avait une réputation... diabolique », expliquait la guide au petit groupe de touristes qui se pressait dans la plus haute tourelle du château. « Et ce bureau, ce laboratoire, était considéré comme une porte de l'enfer par beaucoup de prêtres et de bien-pensants de l'époque... ce qui explique qu'on y pénètre que par ce passage dérobé...
Harry désigna à Hermione les bas-reliefs maculés de cendres qui ornaient la cheminée. « Aqua, Terra, Aer, Ignis... » - déchiffra-t-il. « Les quatre éléments », murmura-t-elle. « Alchimiste »
« Il veillait toutes les nuits dans son laboratoire et cette fenêtre brillait encore au petit matin. Il a écrit de nombreux ouvrages sur les éléments et on dit même qu'il a correspondu avec le français Nicolas Flamel... »
« Et un autre coup de cette bonne vieille Pierre philosophale ! » maugréa Ron trop fort et de nombreux visiteurs se retournèrent sur eux trois, alors que Harry étouffait un fou rire et qu'Hermione grimaçait des excuses. M. Granger leva un sourcil et vint derrière eux.
« Je sais que... que tout cela ne vous impressionne pas mais... », commença-t-il
« Oh non Papa... les bas-reliefs sont magnifiques »
« Oh oui, tout y est », renchérit Harry...
« Faites-leur confiance », conclut sombrement Ron.
La visite se poursuivit de greniers hantés, en chemin de ronde surplombant la mer... Les touristes posèrent nombre de questions sur l'histoire du château mais aucun ne revint sur le mystérieux Comte Adalbert. Hermione et les deux garçons se laissèrent légèrement distancer par le groupe, préférant rêver au comte et à ses cornues plutôt qu'aux mariages stratégiques et aux systèmes de fermage qui avaient marqués le château au cours des siècles. Ils arrivèrent donc bons derniers dans la Cour d'honneur où les visiteurs prenaient congés de leur guide. Les Granger se retinrent visiblement de leur reprocher leur retard, mais les pressèrent de rejoindre la voiture car sinon ils ne pourraient jamais visiter l'ancienne distillerie du village voisin. « Une des plus anciennes d'Angleterre », souligna Mme Granger. En s'exécutant, Ron murmura pour le seul bénéfice d'Harry cette fois : « Moi, je n'étonnerais plus de la passion d'Hermione pour l'histoire... elle n'avait pas le choix ! » Mais au moment où tous les cinq allaient atteindre le Voyager Chrysler de M. Granger, la guide s'avança vers eux.
« C'est rare de voir de visiteurs si jeunes s'intéresser à l'Alchimie... »
Les trois jeunes élèves de Poudlard échangèrent des regards gênés. Les deux garçons n'avaient pas échappé, chacun de leur côté, à de sérieuses mises en garde sur l'absolue nécessité de ne pas attirer l'attention sur leur magie pendant ce séjour chez les Granger, surtout qu'aucun sorcier adulte ne les accompagnaient pour prendre la responsabilité de ce qui pourrait se passer. Sans parler de devoir défaire des actes magiques malencontreux. De son coté, Hermione tenait à ce que ces vacances communes se passent bien, qu'elles rassurent ses parents sur la normalité de la magie en quelque sorte.
« Ce n'est pas un reproche », ajouta la guide mais quand ils levèrent les yeux vers la femme entre deux âges qui leur faisait face avec un demi-sourire. Son visage quelconque s'illumina à cet instant, et elle parut plus jeune, plus grande et plus imposante que pendant toute la visite. Les trois adolescents sentirent la magie qui émanait d'elle.
« Ca faisait longtemps que je n'avais pas eu la visite de trois jeunes gens... comme vous... » - leur confirma-t-elle encore.
« Comme nous », répéta Ron d'une voix un peu blanche.
« Il y a longtemps...il y a très longtemps... j'ai épousé le dernier comte de ce château... Sa famille était depuis longtemps apprivoisée à notre monde... comme le petit laboratoire en haut de cette tour le montre... Mais le comte est parti un peu tôt... et moi je suis restée seule, ici pour perpétrer deux traditions... »
Hermione lui sourit.
« Vous êtes une... »
« Oui, jeune fille, comme toi... »
« Comme nous trois », affirma Harry.
« Et vous vous montrez des parents extrêmement tolérants », commenta la dernière Comtesse se tournant vers les parents d'Hermione. Ceux-ci adoptèrent un sourire hésitant mais la femme reprenait, avec une visible nostalgie. « Ca vous amuserait de voir des photos de mon mariage ? Des photos magiques, bien sûr... Pour une fois que je pourrais les montrer... ! »
Tous les cinq la suivirent de nouveau mais cette fois ils s'éloignèrent du château pour rejoindre un commun transformé un pavillon d'habitation. En chemin, Hermione remarqua qu'Harry plaquait soigneusement ses cheveux sur son front. Captant son regard, il mit un doigt sur ses lèvres et elle hocha la tête pour montrer sa compréhension ; Nul ne pouvait savoir quelles relations la comtesse entretenait toujours avec le monde magique. Mais il était néanmoins douteux qu'elle n'ait jamais entendu parler de Harry Potter.
« La château est horriblement froid et humide... tout ces vieux meubles, lourds et poussiéreux.... Installez-vous ! »
Les visiteurs s'exécutèrent et la comtesse, avec une joie enfantine, fit apparaître devant eux du thé et des gâteaux.
« Ma bonne, Mary, se demande toujours comment je me débrouille sans elle ! » - gloussa-t-elle.
Elle fit ensuite venir à eux de lourds volumes reliés de cuir pleins de photos magiques qui impressionnèrent beaucoup les parents Granger - à moins qu'ils soient sidérés des explications techniques que leur fille unique leur servait. La moitié du premier volume était rempli des photos du mariage du comte et de la comtesse. On les voyait à l'église, devant le château, lors du bal dans au moins trois tenues différentes. Les voitures et la campagne autour d'eux semblaient sorties d'un livre d'images.
« C'était y'a vachement de temps ! » - commenta Ron faisant rire tous les adultes.
Mme Granger commença à demander à leur hôte comment elle avait rencontré le comte et Hermione quand elle lui avait annoncé qu'elle était une sorcière. La comtesse commença le récit d'une romantique promenade en bateau qui avait failli mal finir. Pour impressionner la future comtesse – et avoir l'occasion de poser un bras rassurant sur ses frêles épaules, le jeune comte n'avait pas jugé bon de repousser chemin alors que le temps virait au mauvais. Sous l'effet du vent et des vagues conjugués, leur voilier avait fini par se renverser. Comme la plupart des jeunes sorcières de l'époque, la future comtesse ne savait pas nager et elle avait la présence d'esprit d'avoir recours à un sortilège de Têtenbulle qui avait sauvé sa vie et celle du comte. A ce moment haletant de l'histoire, une vieille camionnette cabossée entra en trombe dans la cour du château, faisant crisser ses pneus sur les dalles millénaires. « Oh, c'est un jour béni des dieux, d'abord d'adorables jeunes sorciers et maintenant mon charpentier ! » - s'exclama la comtesse en se levant précipitamment. Elle quitta la pièce en s'excusant de les quitter quelques instants. C'est alors que Hermione demanda :
« C'était comme ça, comme sur ses photos, le... mariage de ton père, Harry ? »
L'interpellé, qui s'était plongé dans l'étude d'une gravure ancienne du château où les armures qui meublaient aujourd'hui les couloirs semblaient portées par des êtres de chair et de sang, sursauta : « Hein ? Heu, non... c'était un mariage entre deux sorciers... pas entre un Moldu et une sorcière... »
« Et c'est très différent ? »
Harry fut surpris de voir que tout le monde le regardait. Hermione, bien sûr, mais aussi ses parents. Même Ron sembla intéressé par la question
« Je suis loin d'être un expert » - essaya-t-il de se défendre. « Hum...Je ne sais pas.... dire... Dans un mariage magique, bien sûr, et c'est l'influence des Moldus, chacun prononce des voeux de fidélité mais... mais c'est loin d'être la partie la plus importante... Il s'agit d'un serment magique... un serment qui ne peut être défait sans que la magie des deux mariés... en souffre... mais par contre le mariage augmente la puissance magique des membres du couple... sauf s'ils se trahissent... »
Un étrange silence pesait dans le petit salon de la Comtesse. On entendait sa voix au loin alors qu'elle semblait discuter sans fins avec le charpentier ou un couvreur. Il était clairement question de délais et de devis. Harry regarda de nouveau la photo du Comte et de la Comtesse dans la nef de la chapelle du château. Leurs costumes moldus et leur jeunesse insouciante lui rappelèrent les photos de mariage de Lily et James... Le sourire de sa mère, la fierté de son père, l'enthousiasme de Sirius, le sourire réservé de Remus et.... Il ne rappelait plus qu'il y ait eu Peter sur ces photos. Il se demanda brusquement si Remus avait fait le tri....
Puis de nouvelles images lui vinrent. Il revit Remus et Tonks, ses parents adoptifs tous les deux maintenant, dans la chapelle de Pré-au-lard. Ils étaient tous les deux vêtus de simples robes vert émeraude. La cérémonie semblait très différente de celle de ses parents naturels. Ils n'avaient pas cherché, à aucun moment, à copier un mariage moldu –l'assistance est réduite : Cyrus et lui, bien sûr, Dawn et Carley, les meilleurs amis de Tonks, ses parents - Ted et Andromeda, Dumbledore, Minerva, Severus et Aesthelia.
« Comme vous le savez », reprit doucement Harry. « La magie est dans... est essentiellement dans le sang... Chacun des mariés va donc signer de son sang l'acte de mariage... après une incision que chacun fait à l'autre... une toute petite incision bien sûr... une goutte suffit...En laissant l'autre faire cette incision, chacun montre sa confiance... son abandon.. Son don de soi... Que dire d'autres... Les témoins... les témoins prennent ensuite une goutte de ce sang sur leur doigt et marque chacun leur marié au milieu du front... au berceau du troisième oeil... Ils deviennent ainsi témoin de la pureté de leur cœur... pour toujours...»
En parlant, Harry revit Aesthelia et Dawn, très émues, marquer respectivement Remus et Tonks. C'étaient de très anciens rituels magiques. Plus anciens que Poudlard. Plus anciens que l'Angleterre. Des savoirs magiques préexistant à Avalon même. Des rituels que peu de sorciers acceptaient de nos jours à cause de leur force magique brute, qui paraissait à certains un peu barbare, voire relevant de la magie noire. Mais c'était ce que Tonks et Remus avaient voulu. Un rituel païen et puissant auquel seul Grand-père Albus avait su présidé.
« C'est un peu effrayant », murmura la maman de Hermione.
« Ca a l'air magnifique », commenta Hermione, les larmes aux yeux.
« Wahou », dit Ron. « Mes parents avaient eu un mariage magique mais... mais j'avais pas compris combien c'était important... »
« Mes amis je suis désolée de vous avoir fait attendre comme cela ! » lança alors la Comtesse depuis le couloir. « En plus cet imbécile d'entrepreneur s'est trompé dans les mesures du toit et il envoie un nouveau charpentier maintenant... J'ai peur de ne pas avoir plus de temps à vous consacrer ! »
« Oh mais vous nous avez déjà admirablement reçus », la contredit aimablement M. Granger.
« Balivernes ! J'aurais tellement aimé qu'ils me parlent de Poudlard... On m'a dit que Dumbledore en était parti... Poudlard sans Dumbledore ! Inimaginable !»
Hermione et Ron regardèrent instinctivement Harry qui haussa les épaules comme pour leur dire que de toutes façons la vieille dame était plus intéressée par ses souvenirs que par le présent. Il n'avait pas envie de savoir ce qu'elle dirait d'un directeur loup-garou par exemple. Il y avait tout lieu de penser qu'elle ait encore chevillé au corps les préjugés de sa génération et Harry n'avait pas envie de la trouver tout d'un coup moins sympathique.
Mais de toutes façons la maman d'Hermione profitait encore de la vieille dame pour qu'elle leur conseille d'autres visites dans la région et nota scrupuleusement l'adresse d'un Bed-and-breakfast logé dans une très ancienne demeure surplombant l'océan.
Les trois adolescents s'éloignèrent un peu, se tordant le cou pour voir une dernière fois la fenêtre du laboratoire d'Alchimie du Comte Adalbert. Pour se faire, ils vinrent presque se coller contre la camionnette d'où s'échappait une voix grave.
« Nous terminons ce flash d'information par un appel à la prudence. La meurtrière condamnée à la prison à perpétuité qui s'est échappée hier d'une prison du Sud du pays est, nous le rappelons, particulièrement dangereuse et toute personne qui la croiserait... »
« C'est qui qui parle ? » demanda brusquement Ron.
« Enfin Ron, C'est la radio ! » - dit vivement Hermione alors que M. et Mme Granger palissaient et que la Comtesse souriait de toutes ses dents. Le charpentier lança un regard vide aux adolescents et commenta :
« Ouais, et c'te bonne femme qui se serait échappée, elle a l'air de leur foutre les jetons ! Ils passent leur appel tous les quart d'heures. A la radio et à la télé aussi ! Ma femme elle a dit qu'elle oserait même pas laisser le chien dehors c'te nuit ! »
M. Granger sembla d'un seul coup retrouver sa contenance.
« En parlant de nuit, nous ferions mieux d'y aller, si nous voulons trouver un bed-and-breakfast pour ce soir !»
« Vous allez pas avoir peur toute seule, Mme la comtesse ? » demanda Mme Granger.
« Il en faudra plus qu'une traîne-savate pour me réduire en cendres », répondit la vieille femme avec un air résolu.
OOOO
La suite s'appelle Prémonitions... la menace se précise...
Il est possible que je ne le mette qu'à la rentrée des vacances de Toussaint...
