L'inné et l'acquis
Toujours pas de personnages pour lesquels on me doive quoique ce soit...
A mes chers lecteurs...
Comment ça ? Pas assez de Cyrus et pas assez de bêtises?? Attends, Roudoudou, attends... Enfin, patiente encore un chapitre
Godric...la Toussaint ?...on va dire que c'est un peu comme Halloween... en moins festif... cimetière, chrysanthème, etc...
Hinkyponk, Alixe... Oui Sevie, je le sens sinistre sur ce coup là, moi...
Un grand sourire à tous les fans de la comtesse - Mystick, Godric...- encore une qui s'est imposée d'on ne sait où... mais moi aussi elle m'a bien plu...
Bien sûr que Bellatrix est une pas-grand-chose, Alana !
Lulu-Cyfair... je ne suis pas sûre que la construction ait été aussi consciente que ça mais merci quand même pour les compliments !
Salut Louloute... Diabolique la Comtesse ? Allons voir ça...
Non Juliette ( et d'autres aussi) pas de rédemption pour Bellatrix... promis
A mes chères relectrices... à Vert et Alana Chantelune qui y croient, à Alixe qui doute...
Ah, vous remarquerez que j'ai finalement changé de titre !
Trois - Surprises
Quand la porte s'entrouvrit, la silhouette mince qui avait frappé se jeta dans l'ouverture dans une grande envolée de robes, bousculant la femme entre deux âges qui lui avait répondue.
« Surprise ! » - lança la première, repoussant par sa seule présence encore plus avant son hôtesse dans le hall d'entrée.
« Qui... qui êtes-vous ? » balbutia cette dernière.
« Qui êtes-vous ? » - se moqua la silhouette, toujours emmitouflée dans une ample cape sombre et sale. La voix était relativement jeune et aigue. Une voix de femme. « Qui êtes vous ?! Mais je suis exactement ce que TU crois ! »
Cette affirmation sembla bien inquiéter la femme plus âgée qui serra contre elle les pans de son châle de laine.
« Je... je ne vous connais pas ! » - affirma-t-elle.
« Quelle importance ! » La silhouette encapuchonnée rit, d'un rire métallique et menaçant. « Moi, je te connais ! Je te connais même que trop ! » - ajouta-t-elle avec une certaine hargne.
« Moi... » - s'étonna l'autre. « Et... Que... que me voulez-vous ?! »
« Juste un petit peu de coopération... » - répondit beaucoup plus doucement cette fois la seconde femme en s'avançant un peu plus dans le haut vestibule sombre. Mais ce calme sembla plus impressionnant encore à celle qui avait ouvert la porte.
« Je... N'approchez pas... je... »
La femme la plus âgée fourragea dans ses robes et en sortit une baguette tremblante.
« De la magie maintenant ? » - se moqua encore l'autre. « Allons, allons ! Depuis combien de temps n'as-tu pas lancé un sort convenable, hein ? Donne-moi ça, tu vas te faire mal !»
D'un geste vif, la plus jeune des deux femmes arracha la baguette à l'autre. Sa capuche glissa, révélant de longs cheveux bruns, presque noirs, emmêlés et sales. La maigreur de son visage faisait saillir des pommettes hautes et coupantes et un nez altier. Elle aurait pu paraître belle, si ses yeux n'avaient pas trahi une excitation qui confinait à la folie. La femme plus âgée d'instinct recula d'un pas, ses yeux cherchant désespérément une aide ou un secours. La plus jeune rit de nouveau et soupesa la baguette avec une moue dédaigneuse, la fit tournoyer avant de commenter :
« Non qu'un tel objet soit tellement puissant, de toutes façons, surtout dans des mains comme les tiennes... mais je suppose que je saurais m'en contenter... »
« Ne me faites pas de mal ! » balbutia l'autre femme en reculant, se heurtant aux meubles au passage. « Je... je ferai ce que vous voudrez... »
« Je n'en doute pas un seul instant... » - lui rétorqua l'autre avec un fin sourire. « Impero ! »
OO
Harry se réveilla en sursaut. Instinctivement, il porta sa main droite sur sa cicatrice mais elle n'était pas chaude. Il avala plusieurs fois sa salive cherchant à calmer les battements de son cœur. Quand il y parvint, il se sentit complètement réveillé et c'était pourtant le beau milieu de la nuit. Il attrapa ses lunettes sur la table de chevet et se leva sans bruit. Ron et Hermione ne se retournèrent même pas dans leurs lits.
Harry gagna la fenêtre, se glissa sous les doubles rideaux et s'assit sur le radiateur. La nuit était très sombre et très brumeuse, et il distinguait à peine les buissons du jardin. Où était passé le soleil estival, qui rendait les falaises aveuglantes et l'herbe presque trop verte. Où étaient les parterres bien ordonnés de fleurs multicolores qui entouraient le Bed-and-Breakfast ? Où étaient partis les rires de Ron et Hermione, les souvenirs joyeux de la Comtesse et les inquiétudes comiques des Granger - qui voyaient partout des gens qui comprendraient combien les trois jeunes gens étaient 'différents'...Il soupira le front contre la vitre froide. Qu'est-ce qui l'empêchait ainsi de dormir ? Il essaya de se souvenir s'il avait fait un cauchemar mais rien ne lui vint sinon une angoisse sourde.
La seule image qui lui revenait était celle de cette femme évadée d'une prison. Une femme pâle, brune et maigre. Avec un air hautain et des yeux de folle... A aucun moment, ni sur les spots télévisés, ni sur les affiches placardées sur les portes des magasins, il n'avait été fait mention de son nom, ni de la nature exacte de ses crimes... Enfin, il n'avait jamais réussi à voir un spot en entier – Mme Granger les avait toujours détournés de l'écran en disant que ça n'avait rien de bien intéressant.
« Comme si son nom m'aurait dit quelque chose », murmura-t-il essayant de se raisonner. Il n'y avait aucune raison qu'il connaisse une meurtrière moldue ! Non aucune... sauf que... sauf qu'il n'arrivait pas à s'enlever de l'idée qu'il la connaissait... Il essaya l'autodérision. « Si je donne autant d'importance à mes rêves, je ferais mieux de prendre Divination... » Mais il ne se fit même pas sourire. Il se sentit tout petit et démuni là au milieu de la nuit. Infiniment fragile...
Une main légère se posa sur son épaule et il sursauta.
« Harry, c'est moi », dit Hermione. « Tu ne dors pas ? »
« Non. »
« Un cauchemar... »
Il haussa les épaules.
« Un pressentiment... »
« Un pressentiment ? »
Harry hésita avant d'expliquer.
« Je sais pas... c'est cette bonne femme-là... elle me rappelle quelqu'un.... Comme si je la connaissais... »
Hermione prit son air le plus raisonnable pour rétorquer :
« Celle qui s'est évadée ? Comment la connaîtrais-tu, Harry ? »
Ce dernier haussa les épaules.
« J'en sais rien... C'est débile... »
Les deux adolescents se turent plusieurs secondes puis Hermione murmura :
« Tu sais... ça fait longtemps que tu n'as pas parlé à ton père...Harry »
Harry en eut le souffle coupé. D'abord, parce qu'il était un peu vexé que Hermione pense qu'il ait besoin de son père. Ensuite, parce qu'elle avait raison. « Quand on était aussi fine psychologue, on n'a vraiment pas besoin d'envisager étudier la Divination ! » - faillit-il rétorquer vivement mais il se retint parce qu'Hermione n'avait que chercher à l'aider.
« Trop compliqué...» finit-il par objecter
« On peut chercher une Poste magique... » - insista Hermione
« Papa a dit d'utiliser les moyens moldus... Je téléphone à Londres, chez Grand-père, et je laisse le numéro... Il me rappellera... Mais, comme on change tout le temps d'endroit...»
« Oh, mais ça Harry, c'est pas un problème... » - intervint Hermione, avec un certain soulagement. « Papa sait toujours où on va être le soir même... Il suffit de lui demander le numéro ! »
« Le numéro de quoi d'abord ? » Ron venait de soulever le rideau et les dévisageait les cheveux en bataille. « Vous faites quoi tous les deux ? Des plans pour demain sans moi ! »
Les deux autres explosèrent de rire devant sa mine soupçonneuse.
« Toi non plus, tu n'as pas sommeil ? » demanda Harry.
« J'avais sommeil », protesta Ron.
« « Retournons-nous coucher », dit alors Hermione. « Maman doit certainement avoir prévu deux abbayes et un château fort demain... »
Ron soupira.
« J'aime bien ta mère, Hermione, mais franchement, j'aurais vu en une semaine plus de châteaux que dans toute ma vie ! »
« Hum... j'ai vu aussi des pubs pour une fête foraine», dit doucement Harry
Hermione regarda les yeux pleins d'espoirs de ses deux amis et murmura.
« Je vais voir ce que je peux faire... »
OOO
Vraiment sans surprise !
La réunion du Haut Conseil de Sécurité Magique n'avait pas duré très longtemps et elle avait été aussi ennuyeuse qu'on pouvait le redouter. Pourtant la présence exceptionnelle d'une dizaine de personnalités n'appartenant ni au Ministère, ni au Magengamot paraissait rafraîchissante sur le papier. Mais il fallait sans doute plus que ça pour échapper aux habituelles rivalités interservices et aux politesses convenues.
Malgré l'aréopage de conseillers et d'experts de tous poils conviés par le Ministère, ils n'avaient pas appris grand-chose, constata Remus Lupin. Malgré les questions pertinentes soulevées par les Sages du Magengamot, la psychose et la peur avaient été plus fortes que l'analyse et la réflexion, conclua-t-il tristement en regardant Florian Fortarôme, Mme Rosmerta, le représentant des Gobelins, le recteur de l'Université de Londres, celui d'Oxford, le Directeur des Transports magiques quitter la salle.
Non. Pas grand-chose.
Nul ne savait encore comment Bellatrix Lestrange s'était échappée. Le contraire aurait sans doute été étonnant moins de deux jours après son évasion et alors qu'une équipe de Département des Mystères était encore sur place pour déterminer si la magie noire pouvait expliquer les faits. Mais, évidemment, ce doute entretenait la division sur comment on devait interpréter l'évènement et ce qu'il convenait de faire.
Un courant pessimiste, mené par un Amos Diggory étonnamment combatif, craignait un complot, un retour des Mangemorts et appelait à des mesures radicales. Mais ce courant, qui avait la sympathie de Remus, était minoritaire.
Les autres, et Fudge le premier, voulaient voir en Bellatrix un Sirius bis : Un sorcier un peu plus malin que les autres avait profité de ses pouvoirs étendus pour s'échapper de la prison. Pour eux, le problème n'était pas vraiment Bellatrix mais la sécurité de la prison et ils réclamaient des sanctions et des assurances. C'est ainsi que le pauvre directeur d'Azkaban, le discret Tristan Permanence, se retrouvait relevé de ses fonctions et que le réputé incorruptible Bartemius Croupton était envoyé sur l'îlot pour « remettre de l'ordre ».
Ça, ça va plaire à la presse, estima Remus.
Croupton était connu pour son intransigeance et son peu de pitié. N'était-ce pas le même qui avait présidé au jugement des derniers groupes de Mangemorts ? N'était-ce pas celui qui avait condamné son propre fils à la réclusion à vie et qui l'avait laissé mourir dans les sombres cachots d'Azkaban ? Qui pouvait paraître plus indiqué pour une tâche aussi sinistre que de trouver ce qui pouvait dysfonctionner dans la sombre forteresse battue par les vagues ?
Mais pour ceux qui, comme Remus, pensait qu'on ne s'échappait pas d'Azkaban sans appui extérieur, la mesure ressemblait à une farce démagogique et inefficace.
Comme si ça allait suffire pour arrêter Bellatrix !
La décision consistant à faire surveiller les principaux lieux de vie magique - Pré-au-lard, le Chemin de traverse, la Croisée des Chemins, la Gare de King's Cross... - par des équipes d'Aurors était plus intéressante. Mais, pour Remus, elle venait douloureusement lui rappeler la décision personnelle de Tonks.
Bien sûr, il n'avait pas vraiment pu s'opposer à ce que sa jeune épouse réponde à l'appel lancé à tous les Aurors – même ceux détachés, même ceux en vacances et même les jeunes retraités – de venir prêter main forte au Ministère.
Au nom de quoi, aurais-je pu le faire ? L'année scolaire n'a même pas commencée... se répéta-t-il pour la millionième fois.
Il la revoyait, sanglée dans son uniforme noir, distante, froide et raide comme jamais. Il revoyait ses mains fines qui bourraient des vêtements de rechange dans un improbable sac de port jaune brillant comme seuls le Moldus arrivaient à en imaginer. Qu'aurait-il pu dire pour ramener un peu de douceur dans ces yeux noirs ? Surtout, une fois qu'elle avait jugé bon de lui rappeler avec un air de défi hautain : « A moins que tu n'ais soudain besoin de mon avis ? »
Il avait bien compris alors qu'elle lui reprochait de ne pas lui laisser une place suffisante dans ses décisions. Il avait sans doute eu tort d'avoir donné raison à Severus... Il aurait dû sans doute discuter avec elle de ses décisions, plutôt que de les annoncer...
Mais, bon sang, ne se rendait-elle pas compte ! - soupira-t-il. Harry, Cyrus, Poudlard... avaient été les trois piliers de sa vie depuis près de onze ans maintenant ! Comme si je pouvais perdre d'un seul coup l'habitude de décider seul !
Elle n'avait pas jugé bon de donner de ses nouvelles depuis et Remus ne pouvait pas y penser sans sentir sa gorge se serrer. Il s'inquiétait de la savoir en mission. Il craignait qu'elle prenne par pur défi des risques inutiles et, plus encore, qu'elle arrive à la conclusion qu'elle avait eu raison de partir...
« Vous comptez rester là toute la journée, M. le directeur ? » demanda soudain un Severus Rogue qui avait sa tête des mauvais jours. Ça non plus, ça n'avait rien d'étonnant pensa Remus. Ça ne pouvait être qu'effrayant pour l'ancien Mangemort de voir ainsi remonter des ombres d'un passé qu'il croyait enfermé. Mais échappe-t-on à ses ombres ?
Ses propres nuits n'étaient-elles pas de nouveau peuplées de revenants qu'il croyait avoir écartés ? Mais on croyait pourtant que tu avais appris à te battre ! - disait James en secouant la tête d'un air déçu. Tu dois aimer ça, hein, la solitude et le remords... - faisait remarquer Sirius, avec sa célèbre sollicitude moqueuse. Et bien sûr, elle t'aimait, concluait invariablement Lily, le ton réprobateur et les yeux humides ; Il se réveillait toujours avant que Peter ne prenne la parole...
« Non bien sur, non... » - lui répondit-il, prenant sur lui pour sourire mais son adjoint s'était déjà détourné. Avec un nouveau soupir, il se leva, lissant les plis de sa robe noire comme s'il espérait inconsciemment se débarrasser en même temps des sombres pressentiments qui l'assaillaient.
Non, il ne pouvait décidément pas faire confiance au Ministère cette fois. Ni à Fudge, ni à Diggory, ni même au sympathique Gerald Longdubat qui avait été chargé de l'enquête. Un vague sourire lui vint en repensant au jeune oncle de Neville Londubat – un Gryffondor lui aussi. Il se souvenait de l'avoir connu autrefois. Téméraire et facétieux autant que son neveu était mesuré et timide. C'était quand même lui qui avait prouvé que le jeune garçon n'était pas un Cracmol en le suspendant par un pied à une fenêtre...
Pas un partisan des demi-mesures !
Mais son sourire disparu. Face à Bellatrix, Remus n'était pas sûr que ce soit obligatoirement une bonne nouvelle ! Non, il ne pouvait attendre qu'ils en aient fini avec leurs querelles et leurs petites ambitions personnelles ou leurs volonté d'entrer dans l'histoire.... Et il classait Albus dans cette catégorie... Remus savait ce qui, pour lui, passait avant la stabilité du Ministère, l'opinion publique ou sa promotion sociale : ses fils, ses élèves et cette jeune femme fantaisiste et obstinée qu'il avait réussi à braquer à force de vouloir tout faire tout seul... Tonks avait sans doute eu raison de proposer de ramener immédiatement les garçons à la maison.
Tonks !
C'est à ce point de ses pensées aussi moroses que circulaires que Fudge l'interpella :
« Mon cher Remus ! Venez, venez ! »
Lupin ne se souvenait plus de la dernière fois où Fudge l'avait appelé par son prénom. Mais immédiatement son instinct fut en alerte. La présence à ses côtés de Lucius Malefoy et de Dolorès Ombrage n'arrangeait rien. Il doutait sincèrement que leurs intentions soient amicales. Il fixa néanmoins un sourire de circonstances sur ses lèvres et répondit à l'appel du Ministre.
« Ah, Lupin », reprit Fudge à son approche, « je voulais vous demander votre avis sur tout ça... Vous avez été extrêmement discret pendant cette réunion ! »
Remus prit le temps de peser sa réponse. N'était-il de toutes façons connu pour son calme et sa mesure ?
« Rien dans cette discussion ne m'a paru relever de mon expertise, M. le Ministre » répondit-il prudemment.
Ombrage ne put s'empêcher de lancer immédiatement :
« La rentrée est pourtant dans moins d'une semaine ! Quelles mesures de sécurité comptez-vous prendre ? »
Remus tourna son regard vers la Conseillère Spéciale à l'Education et répondit posément.
« Mais, chère Dolorès, toutes celles qui seront jugées nécessaires par le Conseil d'administration... »
« Il faudra protéger le Poudlard Express », déclara Malefoy.
« Très bonne idée ! » - renchérit Ombrage.
« La Gare est déjà surveillée », ajouta Fudge visiblement soucieux de rappeler que le Ministère avait pris les devants
« Nous avons déjà pensé, avec le professeur Rogue, qu'un certain nombre de professeurs pourraient accompagner les élèves cette année », commença Remus. Après tout, il pouvait peut-être espérer limiter l'inquisition de l'étrange trio par une conversation technique ! Tout plutôt que les menaces pouvant peser sur Harry ou Cyrus ! Tout plutôt qu'un retour sur les conditions d'évasion de Sirius Black ou sa localisation actuelle !
Mais sans doute Lucius ne lancera pas le sujet tant qu'on ne l'attaquera pas sur ses relations avec sa belle soeur, estima Remus.
« C'est vrai que vous pouvez compter sur.... Hem...des Aurors dévoués ! » - lança Ombrage avec un air entendu, mais sa fine répartie fut noyée par une voix sombre et grave.
« Oui, nous avons DEJA réfléchi à comment protéger nos élèves... » - intervint le Maître des Potions, qui s'était approché silencieusement pendant l'échange. « Bien que j'ai tendance à douter que Poudlard puisse être sur la route d'une ancienne Mangemort qui fuirait son châtiment... ».
Fudge, Malefoy et Ombrage se raidirent. Bravo Severus, tu viens de les braquer tous les trois... constata Lupin. Un, nous ne faisons pas confiance au Ministère pour protéger nos élèves ! Deux, on ne croit pas qu'elle soit sortie toue seule d'Azkaban. Trois, tu trouves malin de rappeler à Lucius que vous avez tous les deux appartenus à cette bande de petits rigolos tatoués et encagoulés qui a défrayé la chronique il y a treize ans! Tse Tse...Où va-t-on si on ne peut plus se fier au proverbial instinct de conservation des Serpentards !...
« Allons Severus », commença Lucius Malefoy avec un sourire faussement amical. « Loin de nous l'idée que Poudlard puisse constituer la cible de... d'une personne... d'une personne comme Bellatrix Lestrange... Mais il s'agit de rassurer les parents... notre communauté... »
« Bien sûr, Lucius », répondit Rogue s'échauffant. « Comme si VOUS croyiez que cette évasion soit le fruit du hasard ! Un seul type de personnes peuvent aujourd'hui trouver bénéfice à l'évasion de Lestrange... Et vous le savez comme moi ! »
Une Bombabouse n'aurait pas eu autant d'effet. Ombrage jeta un regard dégoûté à Rogue, Fudge eut l'air de manquer d'air et Malefoy prit un air outragé.
« Il n'y a aucune preuve... » - commença le Ministre, dans un ultime tentative de médiation. Ah la jeunesse sulfureuse de Lucius, s'amusa intérieurement Remus, quand finira-t-elle donc d'empêcher la communauté britannique de s'unir derrière toi Fudge ? Hein ? Mais Malefoy prit l'offensive de son ton le plus insidieux :
« Je vous trouve mal placé, M. le Maître des Potions, pour donner des leçons de vertu... à moins, évidemment, que VOUS aillez des informations que nous n'avons pas ! »
Cette contre-attaque sembla faire réaliser à Rogue qu'il était allé trop loin. Mais l'avocat ne lui laissa pas le temps de se rattraper.
« Peut-être en savez-vous plus long que nous ne le pensons sur LES évasions d'Azkaban ! »
Fudge jeta alors un regard affolé à Lupin qui, pour une fois, partagea son avis - pour des raisons bien différents. Oui, il fallait intervenir. Avant que Rogue ne jette leur passé commun à la tête de Lucius n'hypothèque à tout jamais leur semblant de respectabilité – Et sans doute le mien aussi par la même occasion!
« Je crois que nous sommes tous très troublés et très inquiets par ces évènements », commença-t-il de sa voix la plus tranquille et la plus professorale et, comme souvent, tous se tournèrent vers lui pour l'écouter. « Il me semble que nous nous trompons de querelle... »
« Tout à fait ! » appuya Fudge avec un espoir évident.
« Nous souhaitons dans le fond tous la même chose... », continua Lupin, dans son rôle de directeur de Poudlard
« Tout à fait ! », renchérit Cornelius Fudge.
«...savoir ce qui s'est passé et retrouver Bellatrix Lestrange », précisa encore Remus.
« Tout à fait... »
« Pour ces deux objectifs, vous pouvez compter sur la collaboration de Poudlard », conclut Lupin toujours aussi tranquillement. Ses yeux calmes soutinrent ouvertement ceux flamboyants de son adjoint, qui ravala le commentaire coléreux que tous purent imaginer et finit par murmurer :
« Bien sûr, M. le Directeur... »
Quelque soit sa sincérité, cette démonstration d'humilité était un signe de paix. Malefoy l'accepta, tout en se drapant dans sa dignité hautaine. Ombrage regarda Lupin avec une considération nouvelle. Remus eut l'impression étrange que Fudge allait l'embrasser.
Décidément, pensa Lupin, d'abord, Bellatrix s'échappe de la prison la mieux gardée du pays, ensuite, ensuite Rogue provoque Malefoy et maintenant Fudge me trouve fréquentable ! On manque un peu de bonnes surprises ces temps-ci !
OOO
La grande roue s'alluma quand le soleil déclina, projetant des ombres longues et violettes sur le sol de la fête foraine. Alors qu'ils sortaient, les jambes légèrement faibles du manège, Hermione prit le bras d'Harry.
« Mes parents ont dit à sept heures à l'entrée ! »
« Et il est quelle heure ? »
« Moins le quart... »
« On y va ! Tu viens Ron !? »
« Tout plutôt que de remonter sur cet instrument de torture ! » répondit l'interpellé légèrement verdâtre.
« Si tu n'avais pas mangé autant de bonbons, aussi ! » lança Hermione en levant les yeux au ciel.
« Comme si j'avais d'autres occasions de voir ce que savaient faire les Mol... » - protesta Ron, mais la jeune fille lui donna un rapide coup de pied. « Aïe ! »
« Ron, faudrait que tu apprennes à être plus prudent », expliqua Hermione en guise d'excuse.
« Pas qu'ils soient si doués d'ailleurs ! » maugréa le rouquin en massant son mollet endolori. Harry sourit.
« Hermione a raison... » Ron lui jeta un regard blessé et il ajouta : « faudrait pas que ses parents s'inquiètent ! »
Ils avancèrent un moment en silence, la foule nombreuse les séparant plusieurs fois les uns des autres. Aucun d'eux ne l'aurait avoué, mais ils étaient profondément soulagés à chaque fois qu'ils se retrouvaient tous les trois. Ils n'avaient pas l'habitude d'être livrés à eux même comme cela, sans parents, frères plus âgés ou professeurs pour leur dire quoi faire. Même si passer trois heures seuls dans une fête foraine n'avait rien d'un exploit, même si cette liberté avait d'abord été grisante, elle finissait par être un peu impressionnante.
Il n'y avait pas une attraction qu'ils n'aient pas essayé – ou presque. Ron et Harry avaient montré toute leur adresse aux jeux vidéo – à la grande surprise d'Hermione - et ils avaient dû lui raconter leurs vacances moldues. Tous les trois avaient adoré les auto-tamponneuses. Ils avaient pleuré de rire dans la maison hantée ! Mais, au stand de tir, Ron avait tenu son fusil à l'envers et les rires avaient changé de camp. Ils avaient dévalisé les stands de friandises et de sodas. Avec un manque de retenue que Ron avait fini par regretter sur les montagnes russes et sur la grande roue... La seule chose qu'ils avaient dédaignée était la cabane de la diseuse de bonne aventure... Hermione avait dit que c'était des sornettes, Harry avait dit que la divination était scientifique à coté et Ron avait dit qu'il préférait refaire un tour d'auto-tamponneuses, de toutes façons.
« On devrait chercher à faire ça avec des balais », avait-il commenté en sortant. « J'adorerais pouvoir foncer dans Malefoy ! »
Mais les trois amis étaient maintenant arrivés près de l'entrée de la fête et la Chrysler n'apparaissait pas. Hermione consulta sa montre.
« Le musée d'archéologie celte ferme à 19 heures, ils ne devraient pas tarder ».
Comme ils étaient plutôt fatigués, ils s'installèrent à la buvette près de l'entrée. Ils commandèrent un thé pour remettre leurs estomacs malmenés par le sucre et les acrobaties des manèges. Et attendirent leur commande en silence. Hermione avait replié ses deux bras sur la table et posé sa tête dessus. Ron regardait avec fascination deux petits garçons jouer aux billes à l'entrée de la buvette et Harry suivait distraitement un jeu télévisé dont il n'arrivait pas à comprendre les règles. D'ailleurs le jeu finit et un présentateur très sérieux apparut pour commenter le temps incertain des jours à venir et inviter les habitants du Sud de l'Angleterre à une vigilance renforcée puisque la meurtrière était toujours en fuite. Harry nota qu'on ne disait pas son nom et se demanda une fois de plus si c'était une procédure normale. Le portrait de la même femme brune et sèche comme un charognard apparut sur l'écran et Harry sentit son cœur s'accélérer en croisant les yeux gris perçants et fous de la femme.
« Encore ce flash », maugréa Hermione qui avait levé la tête.
Ron tourna lui aussi les yeux vers l'écran et, en voyant l'expression soucieuse de Harry, demanda :
« Elle te fait toujours un sacré effet cette bonne femme, dis-moi ! »
« Ron... elle ne te fait penser à personne, toi ? »
« Elle ?... Non.... » Comme Harry soupirait, il regarda un peu plus longtemps l'écran. « Enfin... si... son air hautain me fait un peu penser à Drago ! Elle est peut-être de sa famille ! »
« Enfin Ron », intervint Hermione » comment veux-tu que les Malefoy aient... »
Mais la jeune fille s'arrêta en voyant l'expression de ses camarades. Le sourire moqueur de Ron avait disparu. Leurs visages avaient pâli et leurs yeux avaient quitté l'écran pour vérifier que l'autre pensait la même chose que lui.
« Ce n'est pas possible, Harry », chuchota Ron. « Personne... personne ne peut.... Surtout pas... c'est très bien gardé... mon père m'a dit que...»
« Mais de quoi parlez-vous !? » - s'agaça Hermione qui avait perdu l'habitude que les deux garçons aient comme cela des références qu'elle ne possédait pas.
« Hermione », demanda Harry d'une voix presque blanche, « tu as le numéro de la pension où on doit dormir ce soir ? »
« Heu... oui... attends.... » Elle ouvrit son petit sac à dos et sortit un carnet rouge. « Oui, c'est là... Mais que veux-tu faire ? Tu ne vas pas appeler la police, quand même ?! Ils te riraient au nez !»
« T'inquiète pas Hermione... » - répondit Harry en secouant la tête. « Ce que je sais d'elle n'est d'aucune utilité pour la police mol... Et puis je peux me tromper... » Il se leva. « Tu viens Ron... »
« Où ça ? »
« Je crois qu'il est temps de donner de nos nouvelles à nos parents ! »
OOOo
Ca se précise, non ? Ensuite, ça s'appelle poour l'instant : Expertises
