L'inné et l'acquis

Disclaimer : alors je profite de l'occasion pour vous réclamez des droit d'auteur... alors, alors... j'attends....

Page de pub.

Pour deux fic très rigolotes que je suis en ce moment :

Mon sorcier bien aimé - de la non moins bien aimée Alixe... Un Harry post Voldemort et qui se cherche et son mentor Auror, dragueur impénitent, mènent des enquêtes animées jusque dans le monde moldu... en chemin, ils ont des dialogues savoureux !

Menés à la baguette - de Fée Fléau... Les maraudeurs grandissent... si, si... et les filles s'emmêlent... « Arrête ton balai, Potter », dit Remus.... Mouarf

Messages :

Palme de la review la plus rapide à Hinkyponk... Oui je sais, c'est pas très gai pour l'instant... mais je vois pas trop comment ça le serait... C'est comme ceux qui me trouvent trop méchante avec Remus et Tonks ? ( Alixe, Godric...)... Moi, je me trouve réaliste...

Fudge dans les bras de Remus ? Bien d'accord avec toi Hinkyponk, ça, ça serait un vrai défi de slash gore... Je rigole, hein !

Evidemment, Louloute, le personnage de Bellatrix va s'étoffer...

Non Juliette, Harry n'est pas un lapin...

Tu verras Mystick, quand ta nièce sera plus grande, elle te laissera même plus toucher à l'ordi ! Merci d'être venue quand même !

Merci Harana d'être si captivée... et tu vas voir que Bellatrix va faire péter les plombs à plus d'un !

Sinon y'a Coline qui, comme Hermione, n'a pas compris ce qu'Harry et Ron ont déduit et puis y'a Antarès qui trouve ça trop facile... bon, bon, bon... ça s'équilibre...

Plus de Cyrus ? Le voilà, le voilà...

Est-ce que je vous ai déjà parlé de mon gang de relecrices ? Oui ? Ah... Bises à vous trois.


Quatre – Expertises

« Remus ! Je ne vous espérais pas si tôt ! » - s'exclama le président du Magengamot en voyant s'encadrer dans la porte de son bureau la haute silhouette du directeur de Poudlard.

« La réunion technique au Ministère n'était que la répétition de celle d'hier... » - expliqua Lupin avec un haussement d'épaules.

« Garde de la gare, du train, du Pré-au-lard... » - commença Dumbledore, son ton amusé contrastant avec le scepticisme de son regard.

«... limitation des sorties pour les élèves », continua Remus adoptant le même ton. Il fit une pause avant d'annoncer ce qu'il n'arrivait pas à prendre au second degré, mais son interlocuteur savait ce dont il parlait :

« Et surveillance des lieux magiques la nuit par des Détraqueurs... »

Remus dévisagea l'homme qui venait si tranquillement d'annoncer une mesure totalement incroyable et s'interrogea sur ses sentiments profonds.

« Albus... »

« Je sais, Remus, je sais... Vous et moi pensons que si les Détraqueurs l'ont laissée partir, il y a peu de chance qu'ils soient plus utiles maintenant qu'elle est dehors et sans doute armée... mais ça rassure... »

« Ça risque surtout de donner lieu à des accidents atroces ! »

Le président du Magengamot soupira.

« Je ne l'espère pas mais Fudge ne pourra pas dire que je ne l'aurais pas mis en garde... »

Remus ravala sa frustration.

« Quoi d'autres dans le rapport du Département des Mystères ? »

« Magie noire... invocation... illusion.... Diverses hypothèses... aucune de vraiment convaincante... »

« On dirait que ça ne vous étonne pas ! »

« Non... Ils ont cherché des choses connues or Bellatrix a toujours été une inventive... »

« Hum... Vous croyez... des signes d'aide extérieure... ?»

« Ça pourrait être l'invocation... »

« Bon... »

Les deux hommes restèrent pensifs. Albus demanda soudain :

« Vous êtes allé chercher Harry ? »

« En sortant d'ici... j'y vais avec Arthur... Molly veut tous ses enfants autour d'elle... »

« Il va falloir le mettre en garde, Remus »

Le soupir de Lupin trahit son exaspération.

« Harry ? Pour lui dire quoi ? Qu'elle veut sans doute le tuer ? Pour qu'il ait peur ? »

« Ne le sous-estimez pas...Il l'a déjà reconnue seul... Il a ressenti la menace qu'elle représente... La prophétie, Remus... »

Lupin se tendit et lâcha sèchement :

« Je ne le sous-estime pas, mais je refuse de l'enfermer dans un rôle fantasmagorique de sauveur du monde magique ! Albus, il n'a que treize ans ! Bellatrix est suffisamment folle pour vouloir le tuer ou l'enlever... simplement parce qu'il est le Survivant... tout simplement...»

Son agacement le leva de sa chaise et l'emmena vers la haute fenêtre qui donnait sur une forêt de toits moldus. Dumbledore soupira à son tour :

« Je sais combien vous le voulez... comme les autres... mais... » Comme Lupin s'était raidi, il ajouta précipitamment : « mais ceci reste VOTRE décision Remus... »

Son ancien élève se retourna et acquiesça d'un signe de tête. Dumbledore laissa ses yeux vagabonder dans ce bureau du Magengamot qu'il occupait maintenant depuis cinq ans - pourtant à la quantité d'instruments magiques exposés, on aurait pu croire qu'il y était depuis bien plus longtemps.

« Hum... Est-ce que Severus a gardé son sang-froid cette fois ? »

« Il n'était pas là... Il est resté à Poudlard »

« Votre décision ? »

Remus reconnut avec un lourd soupir :

« Il ne va pas bien, Albus » Et me voilà en train de défendre Severus auprès de Dumbledore, le monde à l'envers !

« J'ai vu. »

« J'ai eu beaucoup de mal à l'empêcher de démissionner hier soir... »

« A ce point ? »

« Oui. »

Albus resta silencieux et Remus expliqua :

« J'ai réussi à grand-peine à lui faire entendre raison... Que s'il partait, Fudge serait bien capable de m'envoyer Ombrage pour lui succéder... qu'il n'y avait pas meilleur Maître des potions que lui... que j'avais besoin de lui... »

« Vous avez toujours été un flatteur doué... » - sourit Albus.

Remus haussa les épaules.

« Mais c'est sans doute ce qu'il a besoin d'entendre », ajouta Dumbledore plus gentiment.

« Oui... sans doute... Je lui ai proposé de rester à Poudlard aujourd'hui... ça lui évite de piquer une nouvelle crise...

« Et c'est bien pour votre autorité. »

« Oui, sans doute... » Lupin eut un sourire fugace. « Vous auriez vu la tête de Dolorès quand j'ai expliqué qu'il y avait trop de travail à Poudlard en ce moment pour que nous venions tous les deux à toutes les réunions ! »

Albus sourit à son tour, mais Remus continua son rapport : « Et Cyrus rentre aujourd'hui, en Magicobus... Comme Hagrid est en Roumanie...et que les autres professeurs sont encore en vacances....Non que je pense qu'il risque quoi que ce soit... »

« Mais la prudence s'impose.... » - reconnut Albus. « Et votre confiance mettra un peu de baume au cœur de Severus... Même si je pense comme vous que Cyrus ait peu de chance d'être la cible de Bellatrix... Enfin, pour l'instant...»

« Que voulez-vous dire ? »

« Vous les imaginez face à face ? Vous pensez que la psyché de Cyrus résisterait à la haine que va ressentir Sirius ? »

Remus le dévisagea longuement avant de murmurer.

« Vous croyez que... »

« Je ne sais pas Remus, je ne sais pas... J'essaie de bien repérer les menaces... »

« Envisager le pire ? »

« Oui »

Ils se turent de nouveau, chacun dans ses propres pensées

« Mais de toutes façons.... Tout cela n'a rien d'immédiat... et les transports sont très surveillés.... J'ai été hier à une audition des Aurors par le Magengamot... »

« Et alors ? »

« Oh, un nombre incroyable de contraventions... mais pas l'ombre d'une Bellatrix... » Il réfléchit quelques secondes avant d'ajouter : « Tonks était là... »

Malgré tous ses efforts, Remus se sentit pâlir.

« Vraiment »

« Je sais que ça ne me regarde pas mais...Que s'est-il passé, Remus ? »

« Hum... on peut présenter ça de différentes façons... » - commença-t-il prudemment.

Il n'était pas fondamentalement gêné par les questions d'Albus : Il n'avait parlé avec personne de ses remords et ça lui faisait plutôt du bien de les exprimer à haute voix – même s'il faisait mine de s'en moquer :

« Mais la façon la plus juste serait sans doute de dire que Severus et moi formons un vieux couple qui a bien du mal à reconnaître une place suffisante aux autres... Les circonstances n'aident pas à l'apprentissage...»

Le vieil homme le dévisagea un instant avant de demander très doucement

« Qu'allez-vous faire ? »

Remus haussa les épaules.

« Attendre... »

« Remus ! » dit Albus avec un net agacement et son ancien élève se sentit obligé d'ajouter très vite, comme on se justifie :

« Je ne sais pas où elle est... Je pourrais appeler sa mère ou la division des Aurors mais... mais je ne crois pas que Tonks apprécierait... Les Paulsen en savent sans doute plus long mais eux aussi sont mobilisés... Honnêtement... »

« Ce serait un énorme gâchis, Remus », commenta gravement le vieil homme.

« Je sais, Professeur... » - reconnut l'interpellé avec très ancienne humilité.

00

Le Magicobus se matérialisa à l'heure prévue sur la place centrale de Pré-au-lard. Et Severus se rendit compte qu'il n'était pas le seul à être venu attendre des passagers. Une haute sorcière maigre sortit la première, chargée de paniers débordant d'herbes médicinales et le Maître de potions se rappela qu'il était question d'ouvrir une herboristerie dans le village... Les passagers suivants défilèrent devant lui : un petit sorcier replet aux robes coûteuses, un couple âgé qu'un groupe nombreux était venu accueillir, une jeune sorcière à la mine sombre qui s'illumina brusquement en voyant un jeune homme s'avancer...

Severus s'agaça que les garçons n'aient pas été assez prêts pour sortir dans les premiers. Il les imagina allongés jusqu'au derrière moment sur les lits pelucheux du Magicobus, à siroter du chocolat chaud, ou à mijoter de stupides blagues... Et il sentit un profond énervement l'envahir. C'est ainsi que quand Cyrus et Archibald parvirent à s'extraire du bus, la première chose qu'ils croisèrent fut le regard furibond de Severus Rogue. Archibald pâlit légèrement alors que Cyrus se contenta de soupirer.

« Bonjour Severus... »

Le Maître de potions se contenta d'un signe de tête.

« Bonjour professeur Rogue », murmura le second garçon mais il ne reçut aucune réponse.

« Papa n'est pas là ? » s'enquit Cyrus avec une voix où la politesse paraissait affectée

« Réunion au ministère », répondit sèchement Severus.

« Tonks ? »

Le Maître des potions le gratifia d'un regard brûlant avant de susurrer :

« Je croyais qu'il avait été décidé de ne plus l'appeler par son nom de famille hors de l'intimité. »

Cyrus leva les yeux au ciel.

« Peut-on quand même savoir... ? »

« Elle semble s'être sentie obligée de reprendre son service d'Auror », le coupa sèchement Severus. Cyrus parut impressionné.

« Oh... c'est grave à ce point-là ? »

Mais de nouveau, le Maître de potions ne répondit pas à la question directe qui lui était posée et se contenta de demander :

« Vous avez tout ? »

« Oui... on va avoir du mal avec la malle d'Archi », constata Cyrus calmement.

Le professeur soupira bruyamment, fit apparaître sa baguette et maugréa un sort de lévitation. Le petit groupe traversa ainsi le Pré-au-lard, la malle en bélier devant eux. Cyrus rendit son salut à Mme Rosmerta et sourit à tous les curieux qui les regardèrent. Le Maître de potions garda son masque impassible. A la sortie du village, un carrosse de Poudlard les attendait.

Cyrus allait y monter quand la main de Severus tomba sur son épaule.

« Attends ! »

Ignorant le regard surpris du jeune garçon, le Maître des potion fit le tour de la voiture la baguette à la main, murmurant ce que Cyrus reconnut comme des sortilèges d'analyse et de détection de magie noire. Severus monta ensuite sur le marchepied, ouvrit la portière et répéta l'opération à l'intérieur de la voiture.

Archibald murmura dans son dos : « C'est quoi ce cirque ? » Mais Cyrus se contenta de hausser les épaules. Depuis qu'ils avaient quitté le château d'Archi, il avait senti qu'il se passait quelque chose et le comportement du Maître des potions le confortait dans cette impression. Maintenant, espérer du même homme des explications était sans doute ambitieux.

« Vous pouvez monter », déclara finalement le sous-directeur de Poudlard en redescendant de la voiture pour installer la malle à l'arrière. Les deux garçons s'exécutèrent en silence et attendirent que Severus Rogue les rejoigne dans la voiture. Quand ce dernier referma la portière, le carrosse frémit, puis s'ébroua et partit doucement en direction du château. Ils dépassèrent bientôt la gare de Poudlard. Le professeur n'avait pas fait autre chose que regarder par la portière. Cyrus n'avait pas fait autre chose que le regarder, avec cette expression de curiosité franche que ses proches connaissaient bien. Archibald, lui, n'avait pas autre chose qu'attendre que ce voyage et ce silence pesant s'arrêtent. Finalement, Cyrus n'y tint plus et brisa le silence.

« Et Hagrid ? » - demanda-t-il sobrement.

Le Maître de potions se tourna brièvement vers lui et laissa échapper un petit rire amer.

« Je vois que tu es ravi de me voir, Cyrus ! »

« Disons que tu as l'air tellement content d'être avec nous que je ne peux que me demander pourquoi tu as accepté de venir nous chercher ! » expliqua le jeune garçon avec sincérité.

Severus soupira.

« Vu les circonstances... j'étais le plus à même d'assurer votre sécurité », dit-il avec une certaine emphase qui aurait fait pouffer Archibald s'il n'avait croiser le regard peu amène du Maître de potions.

« Qu'est-ce qui se passe Severus ? » demanda Cyrus calmement.

« Vous ne savez pas ? » s'étonna franchement cette fois l'interpellé.

« On sait juste qu'il y a eu une évasion à Azkaban », expliqua Cyrus.

« Et ça, on l'a compris que dans le bus », lâcha Archibald sortant pour la première fois de son silence prudent.

Comme le visage du professeur marquait son étonnement, le jeune garçon continua, s'excusant presque :

« Ma mère... ma mère ne lit pas les journaux... »

Severus soupira. Il se rappelait de dossier d'Archibald. Vieille famille magique mais excentrique... Le père, dernier héritier du nom, mort prématurément d'un accident de chasse au dragon, laissant une femme encore jeune et artiste peintre, seule dans un immense château écossais... Comme les photos magiques prenaient de plus en plus le pas sur le portraits classiques, la famille aurait sans doute été dans la gêne sans les biens amassés par les générations précédentes que la veuve vendait petit à petit. Il aurait fallu un gestionnaire dans cette famille, mais Severus doutait que l'impétueux Archibald réponde un jour à cette définition.

« Je suppose que je dois bien pouvoir vous donner le niveau d'informations des journaux... » - répondit-il après quelques secondes de méditation. « Bellatrix Lestrange s'est échappée d'Azkaban... Il y a trois jours maintenant... »

« Bellatrix ? » murmura Cyrus, sans pourtant qu'aucune émotion ne se lise sur son visage. « Comment ? »

« Magie noire », articula le Maître de potions et sa tension était visible.

« Voldemort ? »

Archibald tressaillit.

« Personne ne sait, Cyrus... » - répondit sèchement le Maître de potions. « La mobilisation est à son comble... Fudge veut placer des Détraqueurs au coin de chaque rue... »

Cyrus hocha la tête en silence et Archibald n'osa pas demander qui était Bellatrix Lestrange.

« Et Harry ? » demanda encore le jeune Lupin.

« Les Granger rentrent aujourd'hui, ton père doit aller le chercher chez eux... »

Une nouvelle fois, Cyrus se contenta de hocher la tête. C'est dans cette tension silencieuse que le carrosse s'arrêta devant le grand perron de Poudlard.

« Il est hors de question, tant que tes parents ne sont pas revenus, que vous sortiez de ce château », déclara le Maître des potions alors qu'ils passaient devant Rusard qui était venu leur ouvrir. Le concierge eut un petit sourire qui disait clairement qu'il ferait de l'application stricte de cette règle une affaire personnelle.

« Génial », maugréa Cyrus.

« Par quelques moyens que se soient », précisa Severus.

Cyrus se contenta de soupirer. Le Maître des potions fit mine de s'éloigner puis revint sur ses pas :

« Cyrus, je n'arriverais sans doute pas à te faire prendre Bellatrix au sérieux mais... » - commença-t-il d'une voix ou perçait une inquiétude sincère. Cette tonalité disparut néanmoins quand il asséna : « Mais peut-être voudras –tu bien considérer quelle sera la réaction de ton père si je lui apprends que tu m'as délibérément désobéi ? »

Les yeux noir anthracite de Cyrus rencontrèrent sans fléchir ceux noir ébène du Maître de Potions.

« Tu veux ma parole ? »

« Uniquement si elle t'engage. »

Cyrus inspira puis déclara aussi calmement qu'il le pouvait :

« Je promets que nous resterons dans Poudlard et que nous attendrons que papa ou T... Nymphadora soient rentrés pour sortir, ça va ? »

« Espérons... » - dit froidement Severus. « De toutes façons, j'imagine que vous êtes loin d'avoir fini vos devoirs »

Cyrus secoua la tête.

« Je crois que tu sous-estimes Remus... » Un léger sourire traversa son visage mince. « Il n'a pas l'air prêt à me laisser suivre des 'cours de cuisine'... »

Le Maître des potions le jaugea avant de reprendre, assez doucement :

« Ce serait dommage, Cyrus... »

« C'est aussi ce qu'il a dit »

OOO

Le plus grand des deux hommes se retourna en entrant dans la rue comme pour s'assurer qu'ils n'étaient pas suivis. Le deuxième, plus petit plus fort et plus roux aussi, se retourna nerveusement à son tour.

« Vous croyez, Remus...que... ? »

« Je ne crois rien, Arthur, je vérifie, c'est tout... »

Ils continuèrent en silence de remonter la rue ombragée de cette zone pavillonnaire comme il en existait des milliers dans l'Angleterre moldue.

« C'est la bonne rue ? »

« Oui »

« Vous êtes sûr ? »

« Oui, Arthur. »

« C'est curieux, non, ces maisons toutes identiques », reprit le premier après un court instant de silence. « Ça m'a toujours étonné ! »

Remus sourit.

« Les sorciers aussi ont leur conformisme », commenta-t-il calmement mais avec suffisamment de fraîcheur pour que sa pensée soit claire.

Arthur opina de la tête et Remus se sentit assez mesquin. Il aimait beaucoup Arthur Weasley et ce n'était pas de sa faute si le Ministère était dirigé par une bande d'incompétents dangereux. C'était même sans doute plus la sienne – n'avait-il pas coopéré avec eux depuis des années ? – plutôt que celle d'Arthur. Ce n'était pas sa faute si Ombrage avait de nouveau aujourd'hui émis l'opinion qu'un loup-garou ne saurait peut-être pas être placé trop avant dans une quelconque lutte contre le forces du mal... Il se força à reprendre une conversation plus amicale.

« C'est une longue rue... je n'ai pas voulu qu'on transplane trop près.... »

« Pas de magie près des Granger », approuva Weasley.

« Oui ... nous y serons dans cinq minutes, je pense... alors parlez-moi de vos vacances en Egypte, Arthur, ça nous occupera ! »

« Oh, Molly était ravie de voir Bill... de voir où il vit, où il travaille....il a vraiment une bonne place, vous savez... Les enfants ont bien aimé... les pyramides, les souks, le désert... » - se lança Arthur avec un entrain visible. Il rit même avant d'ajouter : « Même si Percy va peut-être garder un mauvais souvenir des pyramides... »

« Vraiment »

« Je ne sais pas si je dois vous dire ça, Remus, mais je crois que vous avez une image assez juste de George et Frederic.. »

« Je crois deviner... Ils ont cherché à l'enfermer, c'est ça ? »

Arthur opina.

« Molly a hurlé pendant des heures ! » continua-t-il avec un grand sourire. « Elle n'arrive pas à prendre les choses à la légère, vous savez... elle n'a jamais pu... c'est en elle comme la couleur de ses yeux... »

Remus rit doucement.

« Je vous promets Arthur de lui raconter un jour ma scolarité... à moins que je ne demande à Albus de le faire... ça la rassurera peut-être... »

Arthur sourit, puis son sourire disparut.

« Vous croyez qu'ils vont accepter ? »

« Qui donc ? »

« Les administrateurs, ils vont accepter des Détraqueurs à Poudlard ? »

Remus soupira.

« Je ne sais pas... il y a quelques années, ils avaient refusé mais nous n'avions pas comme maintenant cette hystérie générale... »

« Je ne comprends pas », dit sombrement Arthur. « Je ne comprends pas pourquoi tout le monde a si peur... ça fait trois jours qu'elle s'est enfuie... et il ne s'est rien passé... »

« Sans tomber dans l'hystérie, je pense moi aussi que ce calme est plutôt inquiétant... »

« Vous ne croyez pas qu'elle s'est tout simplement enfuie ? »

« Non, Arthur. Les gens comme elle ne s'enfuient pas. Ils se fichent pas mal des châtiments. La mort ne les effraie pas... Ils ne deviennent pas fous à Azkaban, ils le sont déjà.... Non, si elle est partie, c'est qu'elle avait... quelque chose à faire... »

« Vous pensez à quoi ? Vous craignez pour la vie de Harry, n'est-ce pas ? »

Remus se força à ne pas s'arrêter. Il pesa longuement ses mots avant de les prononcer :

« La vie ne m'a appris qu'une chose c'est que rien n'est plus fragile que le bonheur, Arthur... et comme le dirait quelqu'un que je connais : un loup-garou, une nièce Sang-de-Bourbe, le Survivant et le fils naturel de Sirius Black...ça fait trop de cible... Alors je préfère craindre le pire... et risquer d'être déçu !»

« Bien sûr », murmura M. Weasley, n'osant pas commenter la dernière sortie de Lupin. Ginny lui avait parlé l'année dernière des confidences de Cyrus lui avouant qu'il était le dernier des Black et maintenant Remus confirmait ce que Arthur avait pris pendant des années pour une rumeur. Ainsi Lupin aurait choisi la cousine de Sirius pour élever le fils de ce dernier ? Toutes ces relations et leurs implications étaient trop complexes pour lui. Il chercha comment relancer la conversation mais Remus s'arrêta cette fois.

« Arthur... Ginny et Ron sont très importants pour mes enfants... en fait, toute votre famille est importante pour eux... et pour moi... Je... »

« Remus, Harry et Cyrus sont deux garçons... très ... ils comptent beaucoup pour Molly et moi... » II chercha ses mots et nous trouva rien de bien adapté. « Vos ennemis ne peuvent être que les nôtres, Remus...La communauté magique a trop refusé une première fois de voir la vérité en face... si Harry n'avait pas... n'avait pas survécu... nous serions sous la pire des dictatures qui soient... «

Les deux hommes se firent face dans la rue, la gorge serrée l'un et l'autre pas une émotion difficile à contenir.

« Quoiqu'il en soit », dit abruptement Lupin, « Détraqueurs ou pas... je maintiendrais le tournoi... »

« Vous ne croyez pas que... ça va ajouter à la tentation ?»

« Sans doute.... Mais vous venez de le dire Arthur... ce serait nous terrer... un nouvelle fois...»

Arthur hocha la tête. Ils reprirent en silence leur progression dans la longue allée moldue. Le soir tombait et des fumées de barbecue s'élevaient.

« Les administrateurs vont-ils vous suivre ? »

Ils firent quelques pas avant que Remus réponde :

« Je ne sais pas... » Il leva brusquement la tête et indiqua : « Traversons, Arthur, c'est en face ».

Ils n'eurent pas besoin de sonner pour voir arriver Mme Granger, qui cueillait des roses dans le jardin :

« Professeur Lupin ! M. Weasley ! Vous avez trouvé facilement ? »

« Bonsoir Mme Granger », répondirent les deux hommes poliment, mais Arthur sentit que Remus était plus tendu qu'heureux de l'accueil de la mère d'Hermione. Il pensa à Molly qui avait placé des sorts de détection tout autour de la maison, aux commerçants du Chemin de Traverse qui se plaignaient déjà que malgré la rentrée prochaine, du nombre réduit de leurs clients. Il pensa à la panique qui étreignait depuis trois jours le monde sorcier et fut heureux de penser que son plus jeune fils y avait échappé.

« Entrons... Hermione est en train d'apprendre aux garçons à jouer au Monopoly... » - ajouta celle-ci en les conduisant par une porte-fenêtre ouverte dans un grand salon épuré mais confortable. Les trois jeunes gens étaient accroupis autour d'une petite table de verre. Hermione s'exclamait :

« Enfin Ron ! Comment peux-tu être si fort aux échecs et si crédule au Monopoly ! Si tu échanges à Harry ta gare contre cette rue violette, lui il aura les quatre gares alors que toi... »

« Alors qui gagne ? » lança joyeusement Arthur Weasley. Les trois amis levèrent immédiatement la tête.

« Papa », dirent en même temps Harry et Ron – avec plus de surprise dans la voix du second.

« Bonjour », ajouta Hermione.

Les trois jeunes gens se levèrent. Ron et son père s'étreignirent sans arrières pensées mais Harry et Remus étaient restés figés. Seuls leurs yeux se rencontrèrent et le premier murmura d'une voix étrange :

« Hem...Quel... quel est le... prédateur...du, du Nymphéa ?»

Une sorte de tension sembla abandonner le visage de Remus qui murmura en retour :

« La Blanche Biche ?»

Harry sourit et demanda d'un ton négligent.

« Ca allait comme 'signe de reconnaissance que personne d'autre n'aurait pu connaître' ? »

« Oui », reconnut Remus, souriant lui aussi pour la première fois. « Merci d'y avoir pensé et de t'être rappelé de le faire... »

Un silence étrange flotta quelques instants dans la pièce alors que Harry venait embrasser son père et que tous les autres semblaient peser les implications de cet échange ;

« Vous êtes si...si inquiet que ça, professeur ? » demanda finalement Mme Granger. « Vous aviez dit de se méfier d'une femme... »

« Essentiellement... » - l'interrompit Remus. « Mais, rien ne prouve qu'elle agirait seule... et, vous devez bien comprendre que les sorciers ne manquent pas de façons pour déguiser leur apparence... Je voudrais... » Il se tourna vers les trois adolescents. « Je voudrais surtout que vous preniez l'habitude d'être prudents...exceptionnellement prudents... comme dirait le professeur Maugrey... »

« Vigilance constante ! » - s'exclamèrent les trois élèves de Poudlard.

« Exactement... » - répondit Remus en souriant mais Arthur pensa que ce sourire était bien las.

OOO

Bon ensuite, ça va tellement mieux que ça s'appelle « Orages... » Mise en ligne la semaine prochaine...