L'inné et l'acquis

Toujours rien à moi, ça en devient presque frustrant…

Toujours une dette envers Alixe, Alana Chantelune et Vert

Avertissement : Dans cet UA, Diggory appartient à Serdaigle et est le capitaine de l'équipe de Quidditch. Je SAIS que c'est faux, mais changer maintenant n'aurait pas beaucoup de sens…

Lazoule, oui, oui, je vais continuer cette fic et tant mieux si t'aime les Black face à face ! Réponse indirecte à Louloute…

Fée Fléau… le calme avant la tempête ? Sans doute… Pourquoi Hermione n'aurait pas de chouette ?

Ryan… contente de te voir là si vite….

Guézanne, j'aime beaucoup ta description de Tonks, rougissante et palpitante, face au monstre froid de Narcissa…et je n'ai rien contre le pesage de mouches…

Harana, merci d'avoir dégusté… la blague ratée de Cyrus et Archi, on n'a pas fini d'en entendre parler !

Grand retour de Lunenoire qui a l'air d'aimer ! Chouette !

Auteur préféré de Mystic ? Merci !

Quand Girloftheshade me dit que c'est sublime Est-ce que je peux faire autre chose que me mettre pivoine ?

Globalement vous avez envie d'action, ça tombe bien…. Pas mal d'émotions aussi, je crois…

Pour des raisons de cohérence avec Rose bonbon, je change le nom de l'Auror qui intervient avec Tonks.

Huit – Dons

Finalement, le voyage en train ne fut pas aussi tendu que Harry ne s'y était attendu. Une fois passés les contrôles d'identité sévères à l'entrée du quai et l'inspection des bagages par une demi-douzaine d'Aurors raides comme la justice, une fois passé le fastidieux discours rassurant de Fudge aux parents, les élèves avaient pu embarquer librement, comme les autres années, dans un joyeux mélange de cris, d'hululements d'hiboux, de coassements de crapauds et de miaulements de chats.

La moitié des Aurors se joignit à eux, avec Tonks et Maugrey, pour la protection du Poudlard Express. « Bien que cela soit presque inutile, car le train sera totalement prioritaire, les trains moldus seront arrêtés au milieu des voies pour le laisser passer », avait précisé Fudge, « mais il ne sera pas dit que le Ministère fait des économies sur la sécurité de nos enfants ». Il avait évidemment été applaudi.

Les Weasley avaient, à leur habitude, manqué de peu de rater le départ du train. Ron et Ginny étaient arrivés les joues en feu jusqu'à leurs camarades, au moment même où le convoi s'ébranlait. Le premier avait rejoint Harry et Hermione dans le compartiment où s'étaient entassés une bonne partie de Gryffondor troisième année, alors que la seconde avait continué plus loin dans le train, à la probable recherche d'Archibald et de Cyrus.

En regardant son vieux copain s'installer en face de lui, Harry avait pensé que le retard des Weasley était en quelque sorte un gage de la persistance rassurante de certaines choses. Il avait donc fermement repoussé les inquiétudes de la fin de l'été et décidé de prendre les choses du bon coté. Sans doute, le petit sac rectangulaire en tissu noir, qui était soigneusement rangé entre ses livres et ses vêtements dans le sac au-dessus de sa tête, y était pour quelque chose.

Car, aussi incroyable que ça puise paraître, Remus lui avait discrètement donné, la veille au soir, la cape d'invisibilité de James…. Harry en était resté pétrifié.

« C'est vraiment ce que je crois ? » avait-il d'abord murmuré, sans oser avancer la main.

Son père avait souri : « Oui »

Harry avait levé des yeux immenses vers lui : « Oh… merci… je… Merci… »

Son père avait rit et Harry avait déplié très précautionneusement la cape. Quand il avait eu fini, Remus avait pris un air songeur.

« Bien sûr, si jamais la rumeur se répandait que cet objet existe… »

« Je… je ne dirais rien, Papa, à personne ! » - s'était empressé de promettre son fils.

« A personne qui ne sache tenir sa langue en tout cas », avait précisé très doucement Remus.

Harry avait hoché la tête pour affirmer qu'il le ferait.

« De même, je n'aimerais pas qu'elle serve à de… mauvaises blagues, si tu vois ce que je veux dire… »

Harry avait de nouveau acquiescé, ses mains lissant très doucement le tissu magique aux reflets irisés.

« Si jamais, un professeur la découvrait… » - avait encore expliqué Remus.

« Oui, je comprends, ce serait très gênant pour toi... Je ferai attention »

« Il est de plus totalement inenvisageable que tu la prêtes à qui que ce soit, Harry… même à Cyrus… si on la trouve sur quelqu'un d'autre je t'en tiendrais pour responsable ! » - avait encore ajouté son père, un peu plus fermement.

« D'accord », avait répondu, le plus calmement possible, Harry. Il ne savait pas s'il y avait une limite à ce qu'il aurait pu promettre pour pouvoir garder la cape avec lui… - la cape d'invisibilité qui avait rendu possible tant d'aventures de Maraudeurs, le seul legs, hormis un anonyme coffre rempli d'or, de James – ce père biologique à la fois si proche et si lointain…

« Sinon je devrais te la reprendre, Harry » - avait conclu Remus très doucement.

« Je sais. »

Un sourire très doux avait envahi le visage de son père en réponse, alors que Harry faisait glisser la cape sur ses épaules et avait le plaisir incroyable de voir son corps presque entièrement disparaître dans le miroir de la chambre.

« Papa ? » - avait finalement demandé Harry, « Tonks sait ? »

Remus avait semblé soudain pensif.

« Tu crois que je lui cacherais ça ? »

Harry avait haussé les épaules.

« Je sais pas »

Remus avait soupiré :

« Je sais que je suis souvent trop secret mais…tu vois, Harry, moi aussi, je dois grandir…apprendre à faire confiance….Alors : oui, Tonks sait et même, j'ai son accord ».

Harry avait hoché longuement la tête, comme pour peser toutes les implications de cette phrase, puis il avait murmuré :

« Pourquoi… maintenant ? »

Remus avait souri cette fois. La question semblait moins gênante.

« Hum… cette année aurait dû être celle où tu aurais eu plus de liberté…Mais, au jour d'aujourd'hui, on ne s'oriente pas vers de fréquentes sorties au Pré-au-lard, et j'espère, Harry, que tu comprends pourquoi ! »

« Oui », avait répondu son fils très sérieusement.

« Alors… » - avait continué Remus avec une petite moue moqueuse, « alors, j'ai pensé que la cape… que TA cape te donnerait un peu de liberté dans l'enceinte de Poudlard… » La moue avait disparu quand il avait ajouté : « Et je crois aussi que tu es assez grand et raisonnable pour que je te prouve ainsi ma confiance, Harry. »

Le jeune garçon n'avait pu s'empêcher de venir poser sa tête sur l'épaule de son père.

« Papa… »

« Chut, Harry, chut… »

Et, une bonne partie de la nuit, Harry avait échafaudé des descentes nocturnes dans les cuisines, des rencontres avec Cho – enfin, si elle voulait ! – des maraudes infinies avec la cape. Bien sûr, c'était regrettable de ne pas pouvoir s'en servir pour renverser un encrier sur la tête de Malefoy, pour aller incognito au Pré-au-lard ou pour narguer Rusard… mais Harry savait qu'il ne pourrait pas assumer la déception de Remus s'il se faisait prendre avec la cape… Qu'importe, les possibilités étaient de toutes façons innombrables !

Une main, tirant avec insistance sur sa manche, le ramena au présent.

« … et mon père a dit que le Tournoi aurait lieu quand même, hein Harry ? » expliquait Ron à Dean.

« Quoi ? »

« Le tournoi, Harry », répéta Ron avec une once d'agacement, et Harry se rappela brusquement le nouveau poste de Arthur Weasley. Evidemment, Ron avait envie de briller un peu…

« Oh… il devrait avoir lieu, oui » confirma Harry.

« Et tu sais les épreuves ?» demanda Parvati avec curiosité.

« Heu… je… » Il eut l'image mentale de Hagrid bafouillant et se raffermit : « On dirait que tu ne connais pas du tout mon père, Parvati ! »

Harry fut sauvé de toutes nouvelles questions par des exclamations admiratives qui fusaient du couloir.

« Serdaigle ! Serdaigle ! » - criaient des voix enthousiastes

« Diggory ! Diggory ! » - leur répondaient d'autres.

Et le petit groupe de Gryffondors ne put faire autre chose que sortir du compartiment pour se faire sa propre opinion. Un rassemblement au bout du wagon était clairement la source de ce remue-ménage, et des élèves toujours plus nombreux se dirigeaient par là.

« Que ce passe-t-il ? » - demanda Hermione à une élève qui revenait en sens inverse

« C'est Diggory ! Il a un Eclair de feu ! »

Harry sentit son estomac faire un étrange saut de carpe - « Un Eclair de Feu ? » - mais une nouvelle vague d'arrivées les fit avancer plus avant et ils entendirent les exclamations des jumeaux Weasley :

« Cédric, eh bien !»

« C'est un cadeau de mon père… à cause de mes résultats » - s'excusa presque Diggory.

« Tu pourrais demander à ton père d'en parler à nos parents ! Moi aussi, je ferais sans doute des progrès en Histoire de la magie avec un Eclair de Feu !» - lança Fred Weasley, déclanchant une cascade de rire autour de lui.

« En attendant, il va falloir vous accrocher les Gryffondors cette année ! » commenta une petite voix tranquille que Harry reconnut avec stupeur comme celle de Cho. Instinctivement, il joua des coudes pour se glisser au premier rang.

« Harry ! » - le salua Cédric.

« Je viens voir la merveille », répondit Harry avec un détachement feint. Cho rit doucement.

« Oui, regarde la maintenant cette merveille, parce qu'en vol, on risque de ne même plus la voir passer ! »

« Tu devrais laisser ta place à Cédric, Cho », riposta tranquillement George Weasley et Harry vit qu'il avait fait mouche.

« Tu sais, Cédric, avec le Tournoi, c'est pas sûr que le championnat de Quidditch ait lieu… » - commença alors Hermione.

« Ça n'empêchera pas de s'entraîner ! » répondit Cédric avec philosophie, alors que la sortie d'Hermione était avidement commentée dans le couloir.

« Sûr ! » renchérit Harry, les yeux rivés sur le balai. Il n'allait pas être jaloux, non… mais quand même ! Un Eclair de feu !

« Tu voudras l'essayer ? » demanda Cédric, dégageant un peu le balai de sa protection.

« Moi ? Tu parles ! » - répondit Harry avec sincérité.

Cho eut un léger froncement de sourcils qui n'échappa pas à son capitaine.

« Honneur aux filles, bien sûr ! »

« Bien sûr ! » - répéta Harry

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Non, le voyage n'avait pas été si différent des autres. C'est aussi ce que pensait Cyrus en s'étirant. Il était légèrement écoeuré par toutes les sucreries qu'il avait ingurgitées tout au long du voyage et décida qu'il ferait mieux de faire quelques pas dans le couloir. Il retrouverait peut-être Ginny qui était partie dire bonjour à es copines depuis une bonne heure maintenant. Il pourrait peut-être aussi apercevoir Hermione et lui faire part des nouvelles questions auxquelles il était arrivé et qu'elle pourrait sans doute poser à Severus en attirant moins les soupçons que lui ! Peut-être !

« Où tu vas ? » - demanda Archi levant les yeux de son Balai-magazine, où l'Eclair de feu s'étalait en couverture.

« Voir Granger »

« Oh, tu… tu veux que je t'accompagne ? »

« Pas obligé… ça fera même moins 'délégation', si tu vois ce que je veux dire. »

Archibald parut presque soulagé.

« On va arriver bientôt… »

Cyrus se pencha pour observer le paysage si étonnamment identique à la flopée de souvenir que sa tête contenait.

« T'as raison », admit-il en tirant de son sac on uniforme et en l'enfilant à la hâte. Archi l'imita. Ça serait fait.

« Dis lui que c'est pour l'honneur des McLeish », lui lança Archi. « Certains de ces fantômes sont aussi vieux de ceux de Poudlard ! »

Il en va aussi de mes fesses, pensa Cyrus un peu sombrement, alors qu'il répondait d'un clin d'œil à son copain en refermant la porte du compartiment derrière lui. Si je veux jamais que Remus me laisse retourner quelque part sans lui, il faut trouver une solution avant que la mère d'Archi ne lui demande conseil !

Dans le couloir, il n'y avait pas tellement de monde et, dans les compartiments, Cyrus put voir que beaucoup avaient commencé à se changer. Il remonta doucement les wagons, essayant d'imaginer quelles chances il avait de voir Hermione seule quand une double interpellation le sortit de ses spéculations :

« Hé Cyrus ! »

« Salut vous deux ! »

« Alors, en maraude ? » - demanda Fred avec un large sourire

« Seul ? » ajouta George, non moins souriant.

Le mot 'maraude' lui avait saisi le coeur.

« Qu'allez-vous penser ! » - lança-t-il, gouailleur comme on se protège.

« Entre, entre une seconde… » - proposa alors George

Cyrus s'exécuta et Fred referma immédiatement la porte. Le plus jeune des Lupin laissa venir un sourire moqueur ;

« Il me semble que ça se passe d'introduction, mais je vais devoir refuser, les gars ! »

« Quoi ? »

« J'ai des contraintes que vous avez pas… » - expliqua Cyrus « Tout projet risquant de me faire, hum, remarquer me paraît assez, comment dire, prématuré… »

« Prématuré ? »

« Disons que je suis déjà sous haute surveillance et qu'il faut mieux que je pense à mes cours d'histoire jusqu'à Noël… ou à votre sœur » - lança-t-il.

Les deux Weasley le considérèrent d'un œil critique de longues secondes, pendant lesquelles Cyrus se demanda si tous les grands frères de petite soeur étaient siciliens ou si c'était lui qui n'avait simplement pas de chance.

« Ecoute », commença Fred, éludant sa pitoyable provocation, « on voulait juste te demander de nous aider… »

« Et, quelque part, c'est une entreprise pour le moins… historique ! »

« … et pédagogique ! »

« Quelque chose dont les générations futures nous remercieront ! » - termina George imperturbable.

Cyrus gloussa de nouveau : « Quoi ? Une nouvelle histoire de Poudlard ? »

Fred déroula un parchemin qu'il avait sorti de sa poche :

« Un plan de Poudlard… » - le corrigea-t-il.

« Bien sûr, plus complet que les couloirs et les escaliers », ajouta encore George ;

De nouveau, Cyrus sentit sa gorge se serrer. Il vit James, et ses épis, dire à peu près la même phrase à Sirius… Remus aussi leur avait parlé de la carte de nombreuses fois, pour regretter à chaque fois que, malgré toutes ses recherches, elle soit restée introuvable. Sans doute un élève avait brisé la tradition et l'avait gardée en souvenir ou, plus sûrement d'après Remus, elle aurait été détruite…

« Grand projet », murmura-t-il.

« Et, bien sûr, on voulait vous demander, à Harry et toi, de vérifier qu'on a rien oublié… »

« Oh… ça, je peux ! » répondit-il, avec un certain soulagement. Il se pencha sur le parchemin et les traits de différentes couleurs qui essayaient de rendre compte du labyrinthe de passages que le château contenait.

« Bien sûr, ça pourrait être mieux… Imagine une carte qui dirait où est Rusard par exemple ! » - commenta Fred.

Cyrus se sentit se raidir malgré lui.

« Une carte magique en quelque sorte », murmura-t-il trop ému pour que ça ne s'entende pas.

Les jumeaux le regardèrent par en dessous, échangèrent un regard et semblèrent se décider :

« On a quelques idées… y'a des charmes qui semblent capables de reconnaître les identités magiques… mais bon, pour l'instant nos essais ne marchent pas bien », avoua Fred, les sourcils froncés.

« Ah », dit Cyrus, déchiré entre des souvenirs trop précis et toutes les consignes de sécurité qu'il avait acceptées. Puis la tentation – ou le souvenir - fut la plus forte : « remarque que ça s'est déjà fait… Mon père m'en a parlé… »

« Ton père ? » - s'exclamèrent les jumeaux d'une seule voix.

C'est cet instant précis que choisit, comme un écho, la voix du professeur Tonks, amplifiée par un puissant Charme Sonorus, pour s'imposer à toutes les conversations.

« Je pense que vous savez tous que nous arrivons… A l'arrêt imminent du train, je vous demande de rester à vos places. Je demande par ailleurs aux préfets de réunir les premières années qui sortiront les premiers. Ensuite, nous viendrons vous chercher, wagon par wagon et en nous attendant personne ne doit bouger de sa place. Je vous demande bien sûr de prendre ces règles au sérieux ».

« Faut que j'aille prendre mes affaires » - commenta Cyrus.

« On en reparle ? » - demanda George.

Cyrus acquiesça un peu nerveusement et sortit tout aussi rapidement. Dans quoi était-il en train de se fourrer. Si les Weasley voulaient faire une carte magique du château, qu'ils se débrouillent ! D'autres avant eux y étaient arrivés seuls ! Ça ne le regardait pas !

Il n'avait pas encore résolu l'ennuyeuse disparition des fantômes McLeish qu'il était déjà sur le point de se lancer dans un projet sur lequel Remus ne pourrait jamais fermer les yeux ! Et la seule évocation des yeux bleu, glacials quand ils étaient agacés, de Remus suffit à le convaincre qu'il devait être plus prudent ! Mais il n'avait pas chassé ce frisson de ses pensées qu'il entendit Drago Malefoy pérorer :

« Mais écoutez-la ! Au sérieux ! » - éternuait-il, déclanchant les rires prévisibles de son petit groupe de Serpentards.

« Ça va Malefoy », grogna Cyrus immédiatement, sans même réfléchir.

« Tiens, tiens… un petit loup batailleur », répondit l'autre.

« Oh, je ne suis donc pas 'ton petit Cyrus', Malefoy ? Quelle déception ! Mais faut la comprendre ta maman, treize ans qu'elle supporte ta face d'albinos ! »

« Là, Lupin, tu pourras pas dire que tu ne m'as pas cherché » !

« Des menaces maintenant, Drago ? »

Les deux garçon se faisaient face sur la plateforme du train et nul n'avait besoin de se demander s'ils allaient ou non plonger pour leur baguette. Ginny, qui revenait elle aussi vers sa place au même moment, se glaça découvrant la scène. Elle renonça immédiatement à tenter de retenir Cyrus et bouscula la foule qui grossissait à la recherche de la seule personne qu'elle imaginait capable de limiter la casse. Elle arriva ainsi, échevelée, à la porte du compartiment des Gryffondors troisième année:

« Harry, Harry ! Il faut que tu viennes tout de suite ! »

« Qu'est-ce qu'il se passe ? »

« C'est Cyrus ! Il… il va se battre avec Drago… »

Hermione commença une tirade que personne n'écouta vraiment sur la stupidité de Cyrus. Ron et Harry s'étaient précipités à la suite de Ginny. Quand ils arrivèrent, ils surent immédiatement qu'il ne restait pas grand-chose à sauver. Cyrus avait le visage envahi de furoncles verdâtres et tenait en respect un Drago à terre, les cheveux fuchsia, et qui avait dû lâcher sa baguette tant ses doigts étaient enflés. Toute médiation arrivait visiblement trop tard…

« Finite incantem !»

Harry, Hermione, Ginny, Ron, comme les autres élèves assemblés, s'écartèrent immédiatement devant la plus séduisante de leurs professeurs de Défense Contre les Forces du Mal. Les furoncles de Cyrus se réduisirent notablement, de même que l'enflure des doigts de Drago. Celui-ci se releva, essayant vainement de prendre un air détaché, alors que Cyrus observait avec sa légendaire curiosité tranquille celle qui venait d'intervenir. Il savait ce que cette situation impliquait pour elle : Mère adoptive ? Professeur ? Auror ? Membre malgré elle de la famille Black ? Quel que soit le référentiel qu'elle choisirait, aucun ne lui paraissait aller en sa faveur…

« Vous n'avez que ça à faire ! », jugea celle-ci d'une voix tranchante.

« Professeur, il… » - commença Drago.

« Parce que toi… » - gronda Cyrus immédiatement.

« Ça suffit ! », intervint sèchement Tonks « Les duels, justifiés ou non, sont interdits et vous le savez. »

La sortie sembla suffisante pour que les deux élèves se taisent.

« J'en référerai à vos directeurs de maisons respectifs », reprit-elle après un seconde de réflexion. « Maintenant, la sécurité de tous les élèves demande que vous vous dépêchiez de sortir… »

Professeur et Auror avant tout, comprit Cyrus. Evidemment, qu'est-ce que tu attendais ? Qu'elle te prenne dans ses bras ?

Il suivit les élèves qui descendaient sur le quai, où cinq carrosses étaient alignés sous la surveillance d'un autre Auror. Il vit que Harry, Hermione, Ron, Ginny et Archibald l'attendaient devant l'avant-dernier carrosse. Quelque part, il aurait préféré être seul, ou que Tonks lui ordonne de monter avec elle dans le dernier carrosse. Mais il n'y avait aucune voiture libre et la jeune femme était toute entière à sa tâche de surveillance du convoi. Il soupira et rejoignit son frère et ses amis.

« Ça va ? », lui demanda Ginny, d'une voix compatissante, quand ils furent installés

Le jeune garçon se contenta de hausser les épaules, son regard sur Harry comme s'il attendait son jugement. Ce dernier se rebiffa :

« Tu attends quoi de moi, Cyrus ? Que je te plaigne ? »

Cyrus soupira une nouvelle fois.

« Fallait bien que ça arrive un jour », grommela-t-il d'un ton boudeur.

Harry n'arriva pas à se retenir de rire.

« Si on exclut le fait que tu vas te faire pendre haut et court pour ça », répondit-il, « le sortilège de Doigts-boudin était relativement créatif ! »

Cyrus lui sourit de derrière ses mèches, heureux que Harry préfère la complicité plutôt qu'un quelconque discours de grand frère dont il avait le secret. Sa pensée suivante fut qu'il avait certainement raison de penser que Remus, Minerva et Severus – sans parler de Tonks – allaient sans doute s'unir pour lui faire la leçon, et son sourire fut moins solide.

Mais Ron ajouta sur un ton ouvertement admiratif : « Et aussi quand tu as teinté ses cheveux en rose ! Trop classe ! »

« Ouais, à côté, son Crache-Limace était vraiment prévisible ! » - jugea l'indéfectible Archibald

Cyrus vit dans le regard amusé d'Hermione et de Ginny que sa légende personnelle venait de s'enrichir d'un autre chapitre et il décida que le reste n'était que péripétie !

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Tonks laissa la voiture prendre une trentaine de mètre avant de se hisser dans le dernier carrosse avec un soupir. Nicholas Hopkirk, qui était déjà installé la regarda de biais.

« Le brun qui s'est payé Malefoy, c'est… ton fils, n'est-ce pas ? »

La présentation et la curiosité la saisirent. Hopkirk n'avait jamais été tellement intéressé ou gentil avec elle et… Cyrus, son fils ?

« Oui. Enfin… oui »

« Et l'autre garçon brun, c'est… »

« Oui… lui aussi je l'ai adopté », ajouta-t-elle avec froideur.

« Oui », répondit l'homme sobrement, presque comme on s'excuse. Et elle fut étonnée de sa déférence. Il était un Auror confirmé et c'est elle qui aurait dû faire preuve d'humilité et de sollicitude. Officiellement, c'était Maugrey, le chef de cette opération. N'empêche que son statut de 'Madame Lupin 'avait fait qu'on l'avait traitée comme la représentante de son mari. Elle revit la colère de Narcissa : « Une gamine qui se croit arrivée parce qu'elle a adopté le Survivant… » La tête lui tourna légèrement et elle frissonna, étrangement glacée à l'idée de ses responsabilités et du regard que les autres portaient sur elle. Instinctivement, elle ramena les pans de sa cape autour d'elle comme une cuirasse

La voix tendue de son voisin la sortit brusquement de ses pensées :

« Tu sens ? »

Elle n'eut pas le temps de lui demander quoi, car des cris effrayés retentirent et le froid se fit plus mordant encore. Un froid irréel et soudain qui ne pouvait pas être attribué aux rigueurs du climat écossais.

« Ce n'est pas possible », murmura-t-elle en se jetant sur la portière pour se pencher au dehors. Son collègue fit de même de l'autre côté. Malgré la pénombre naissante, ils distinguèrent deux carrosses arrêtés au milieu du chemin et des ombres, plus noires que la nuit, tourner auteur d'eux, comme s'ils glissaient sur une glace invisible.

« Des Détraqueurs ! », confirma Hopkirk, d'une voix grave.

« La nuit… », murmura Tonks en se hissant à l'extérieure du carrosse, sa main gauche sur le toit. Elle n'éprouva aucune satisfaction à constater qu'elle avait eu raison ; le premier jour d'école, les sombres créatures testaient déjà les limites que le Ministère leur avait fixées !

« Une saleté ! », maugréa Hopkirk, en s'extrayant à son tour de la portière.

Elle leva sa baguette sans répondre et la voix grave de Hopkirk vint en écho de la sienne lancer un Patronus argenté dans les airs. Les deux Aurors sautèrent ensuite du carrosse, roulant sur le sol quelques mètres avant de se relever sans attendre pour suivre, en courant, le sanglier et la louve qui chargeaient les Détraqueurs. Les quatre créatures se regroupèrent entre les carrosses arrêtés pour résister aux assauts répétés des deux Patronus.

« Vous n'avez rien à faire là », haleta Hopkirk, arrivant le premier devant eux.

« Ce ne sont que des élèves… Vous avez été prévenus », ajouta Tonks, légèrement essoufflée. Comme si les Détraqueurs s'inquiétaient des règlements ! Faut que j'arrête de faire ma prof !

Mais les deux créatures n'hésitèrent qu'un instant avant de s'élever, sans un mot ou un geste de plus, dans le ciel et de disparaître en direction de Pré-au-lard. La voix d'Hermione s'éleva alors dans le dos des deux Aurors, tendue et suppliante.

« Pro… professeur Tonks ! »

La jeune femme se retourna.

« Cyrus… Harry… » - continua Hermione d'une voix blanche.

« Quoi ? » - souffla-t-elle, déjà à la portière. Son cœur battait dans ses oreilles. Sur le sol, Cyrus gisait immobile, Ron et Archibald tous les deux à genoux à ses cotés, tournèrent des yeux inquiets vers elle. Des hypothèses effrayantes se succédèrent dans sa tête, mais Ginny murmura :

« Les Détraqueurs… il… Je crois qu'il… a revu la mort de sa mère. »

La mort de sa mère ?

« Enfin, on sait pas trop », ajouta Archibald, dubitatif « Il a parlé en brésilien… »

« En portugais », corrigea mécaniquement Hermione.

« Mais à des moments, il a parlé en anglais de prison… » - ajouta Ron.

Notant qu'Harry n'avait rien dit, Tonks déglutit. Ça ne pouvait pas être vrai ! Elle ouvrit la portière et monta dans le carrosse. Les adolescents s'écartèrent et elle s'agenouilla pour s'assurer de la régularité de la respiration du garçon. Quelle quantité d'énergie magique, les Détraqueurs lui avaient-ils dérobée ? Elle repensa au duel avec Drago et au stress qui l'avait sans doute déjà habité en pensant à l'accueil qui allait lui être fait au château. Tout ça avait dû sérieusement diminuer ses défenses.

« Harry ? » - chuchota-t-elle.

« Oui », lui répondit une voix incertaine.

Cerridwen soit louée, il est conscient. Elle leva les yeux dans la direction d'où venait la voix et resta muette de surprise…

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Je sais, ça va agacer une fin comme ça, mais ce chapitre est bien assez long, moi je dis…

La suite ? Comme c'est sur le thème des faux semblants, ça s'appelle Masques... sans doute la semaine prochaine...