L'inné et l'acquis

Toujours rien à moi, toujours les mêmes géniales correctrices – Alixe, Alana Chantelune et Vert

Page de pub.

Sa modestie dusse-t-elle en souffrir, je veux parler ici de Journaux croisés de Guézanne que j'ai découvert il y a quelques semaines. Franchement, c'est un texte profond, drôle parfois –l' i-pen est une trouvaille -, déchirant à d'autres – la potion anti-désir est d'une cruauté monstrueuse… C'est un texte, qui doit être apprivoisé parce que les trois premiers chapitres sont sans doute un peu arides, mais la suite se mérite…

Comme il doit bien traîner par ici quelques fans de Remus à l'esprit aventureux…. J'ai bon espoir…

Alors le courrier…

Niark, niark… vous voulez savoir ? ça tombe bien tout de suite même (Lunenoire, Girloftheshade, Lazoule, Sandrine Lupin, Dyonisos, Ryan…)

Girloftheshade... Tu trouves Cyrus parfois horripilant ? Mais je crois vraiment que je le vois comme ça… un mélange détonnant de candeur et de souvenirs, l'innocence de Sirius en quelque sorte… comment ça je l'ai déjà dit ?

Palme du troisième œil à Fée Fléau, mais qui s'en étonnera – pas moi. Merci d'aimer

Lunenoire… non la carte est perdue… Remus l'avait cherché dans Lune et Etoile mais sans résultat… mais j'y reviendrais, t'inquiète…

A ceux qui s'intéressent au lien Cyrus/Tonks/Laelia… (Guézanne, Boo Sullivan…)

Rappel : Tonks a figuré Laelia mère et ethomage virtuelles au moment de la naissance de Cyrus… alors moi je trouve pas ça si étonnant…

A tous merci.

Neuf - Masques

« Mais ça va, je te dis que ça va ! »

« Et moi, je te dis que Poppy doit te voir avant que tu n'ailles rejoindre les autres ! »

Cyrus soupira : « Comme si ça ne suffisait pas que je m'évanouisse ! »

Tonks leva les yeux au ciel, mais décida de ne pas poursuivre une conversation qui n'avait pas même pas lieu d'être. Elle avait raison. Point final

« Ça va, Harry ?» - chuchota-t-elle plutôt.

Un murmure, provenant d'un point incertain dans l'espace, lui répondit que oui.

« C'est trop bizarre de te parler sans pouvoir te voir », continua la jeune femme sur le même ton.

« On s'y fait, t'inquiète pas ! », affirma Cyrus, avec un air légèrement supérieur qui l'agaça prodigieusement. Quand Remus lui avait parlé de la cape, elle avait été fascinée et elle avait écouté les aventures des Maraudeurs comme, petite fille, elle rêvait en écoutant les efforts Morgane et Merlin pour garder le monde moldu dans le monde magique. Elle avait ensuite été d'accord avec Remus que Harry avait sans doute besoin d'une marque de confiance et que la cape lui serait moins utile quand il aurait dix-huit ans. Mais c'était étrange de se retrouver moins de deux jours plus tard en train de l'utiliser !

Ils arrivaient devant l'infirmerie, et elle concentra sur l'inévitable explosion de Mme Pomfresh.

« Bonsoir Poppy »

« Déjà ! » - s'exclama l'infirmière en jaugeant Cyrus, d'un air sévère. « Que lui est-il arrivé cette fois !? »

« Détraqueurs », répondit simplement Tonks. « Il s'est évanoui ».

« Mais ça va maintenant ! » - s'insurgea Cyrus.

« C'est ça », répondit l'infirmière en posant une main professionnelle et autoritaire sur son front, avant de s'éloigner vers un cabinet dont elle tira une énorme plaque de chocolat qu'elle se mit à briser en morceaux.

« Nous venons aussi pour Harry », ajouta alors Tonks, presque timidement.

« Harry ? Mais où est-il ? »

« Ici », dit alors une voix un peu gênée dans un bruissement de soies froissées. Mme Pomfresh se tourna alors dans la direction de cette voix et elle ouvrit des yeux ronds.

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Remus arriva dans l'aile de l'Infirmerie à grandes enjambées et le cœur battant. L'Auror Hopkirk avait été aussi déférent que cryptique : « Votre…femme vous demande de la rejoindre le plus vite possible à l'infirmerie… vos fils... ».

Il avait déjà entendu parler du duel entre Cyrus et Malefoy – toute l'école ne parlait plus que de ça ! – mais on lui avait dit que Cyrus avait eu le dessus… Evidemment… Malefoy, vu l'énergie qu'il mettait à se plaindre, lui paraissait néanmoins plus que remis ! Par contre, Ginny et Hermione étaient arrivées en larmes dans la Grande salle, et Ron et Archibald rivalisaient de pâleur et de calme. « Des Détraqueurs, » avait précisé Hopkirk. Evidemment… Il avait une idée par trop précise de ce que de telles créatures pouvaient réveiller chez Cyrus ou… chez Sirius…

Quand cet été, il avait travaillé avec son plus jeune fils, il avait eu l'impression que ce dernier avait un bon contrôle de sa mémoire – jusqu'à pouvoir refuser des informations qu'elle pouvait contenir par pur orgueil ! Mais des Détraqueurs ! On savait si peu de choses sur leurs pouvoirs et leurs effets ! Il accéléra encore.

Et Harry ? - n'avait-il fait qu'accompagner son frère ? Remus en doutait profondément.

Quand il atteignit l'Infirmerie, il ouvrit donc la porte en hésitant presque, mais toute son angoisse et toute sa paranoïa n'avaient pas réussi à le préparer à ce qu'il vit.

A côté d'un Cyrus pâle mais boudeur – un signe de santé en quelque sorte ! –, qui enfournait systématiquement des morceaux de chocolat, se tenait… Harry… ça ne pouvait être que lui, des épis pareils ! Sauf qu'une sorte de pelage noir de nuit continuait sa chevelure et couvrait son visage, ses mains et sans doute l'ensemble de son corps. Il n'était interrompu que par deux cercles plus clairs autour des yeux, qui figuraient sans doute ses lunettes.

Son visage ne s'était pas contenté de se couvrir d'un poil noir luisant, l'ensemble de son crâne semblait modifié par ce qui, de profil, ressemblait à une amorce de museau et de gueule dans la quelle il mettait à fondre les morceaux de chocolat que Tonks lui tendait.

Le vertige le saisit et ses oreilles sifflèrent.

« Harry ! »

Les quatre se retournèrent vers lui d'un seul mouvement.

« Ah, vous pouvez être fière de vous, Lupin », s'exclama sans attendre Poppy. « D'abords des Détraqueurs autour de Poudlard, et maintenant un gamin de treize ans qui joue les Animagus ! Jamais Dumbledore… »

« Vous trouvez sans doute, Poppy, que c'est beaucoup plus dangereux que de passer ses pleine lune aux côtés d'un loup-garou », rétorqua assez sèchement le directeur de Poudlard, choisissant de ne répondre qu'à l'attaque la plus directe.

L'infirmière fronça les sourcils mais, comme souvent, la référence à la lycanthropie de Remus amollit sa désapprobation.

« Regardez le résultat ! », lança-t-elle encore, mais tous purent voir qu'elle avait perdu beaucoup de sa combativité.

Remus haussa les épaules et s'approcha doucement de Harry.

« Ça va ? »

« Oui…mais j'arrive pas à revenir », dit Harry comme on s'excuse.

« Je pense que nous avons besoin de Minerva », constata Remus à haute voix. L'infirmière lui lança un regard inquisiteur, puis parut se résoudre à considérer cela comme un ordre et sortit de son domaine sans autre commentaire.

« Racontez-moi », demanda alors Remus très doucement.

Harry haussa les épaules et commença, comme s'il n'avait attendu que ce moment-là : « Lorsque, lorsque les Détraqueurs sont venus… Cyrus… » Il jeta un coup d'œil à son frère qui restait impassible, et continua : « Cyrus les a sentis avant tout le monde… Il s'est raidi… il s'est mis à gémir, à se tenir la tête… puis il a parlé en portugais. De ce que j'ai compris, il a…il a revécu l'attaque dans la forêt…au Brésil…»

Remus posa alors une main compatissante sur celle de Cyrus qui avait l'air ému, mais qui compléta : « C'est… c'est venu vite… si vite…. Je, je voyais les flammes…la maison en flammes… Laelia… Mae…. » Remus crut qu'il allait pleurer mais Cyrus ravala es larmes et continua d'une voix tendue : « Je... je ne pouvais pas retenir ces images… J'ai essayé, papa, j'ai essayé, promis ! Mais elles étaient trop fortes…. Et puis, elles ont changé… Et Sirius, Azkaban… Je… Il… Nous… »

Cette fois, Cyrus ne put retenir ses sanglots et Remus le prit dans ses bras : « Evidemment….J'aurais dû penser que ça pouvait se produire avec de telles créatures autour de toi… Je…. Je suis désolé, Cyrus, désolé… »

« Moi aussi », ajouta Harry au bout d'un moment. « Je voulais l'aider, mais… je lui ai pris la main, mais… ce froid… ce froid… J'avais l'impression que jamais plus j'allais pouvoir même sourire…. Et puis ces images dans ma tête… cette lumière… cette lumière verte, éblouissante….Et cette voix, sa voix…celle de Voldemort », termina-t-il avec difficulté.

« Harry ! », souffla Tonks.

« Mais, c'était pas ça le pire », continua-t-il, les yeux dans le vague comme s'il revivait la scène. « Le pire… » Il jeta un regard à son père comme s'il 'excusait par avance de ce qu'il allait dire. « C'étaient leurs voix…. Celle de James qui hurlait de s'enfuir… celle de… »

« Tu as entendu James ? », questionna Cyrus une demi-seconde avant Remus.

« Je crois. Ça, ça ne pouvait être que lui… Et ma mère aussi - Lily… Elle, elle suppliait Voldemort de… de m'épargner… » Sa voix trembla.

« Oh… Harry », murmura Remus livide.

« Et alors, j'ai… j'ai eu si froid », continua Harry, d'une voix hypnotique, les bras enlacés contre sa poitrine comme si ce froid était toujours là. « J'ai cru que j'allais geler du dedans. Si froid, je me sentais comme aspiré… Et puis quelque chose en moi s'est réveillée… Quelque chose de plus fort que ce froid, que ces voix, que… que ma tristesse… Quelque chose de chaud qui m'a enveloppé… J'avais si froid et puis, tout d'un coup, ça allait mieux… la douleur était plus lointaine, les voix aussi, comme si ces poils me protégeaient », termina-t-il en regardant ses mains couvertes de longs poils noirs soyeux.

« La douleur d'un animal est moins complexe que celle d'un humain », énonça alors Cyrus, très grave tout d'un coup. « Sirius transformait souvent… au début... à Azkaban. »

Tonks frissonna et Remus ferma les yeux, écrasé par leur douleur, leur expérience et son incapacité à les protéger plus.

« Et puis Tonks est arrivée », murmura encore Harry.

Sans lâcher Cyrus ou Harry, Remus se tourna alors vers sa femme qui avait l'air aussi émue qu'eux tous.

« Ça a été un grand choc pour moi aussi », reconnut-elle doucement. Elle regarda Cyrus longuement avant d'ajouter. « De voir Harry transformé bien sûr mais, finalement… de voir Cyrus évanoui m'a… » Elle secoua la tête. « J'ai hésité puis finalement je l'ai ranimé. » Elle leva les yeux vers Remus et ajouta : « Je ne sais pas si j'ai bien fait »

Lupin ne trouva pas la force de poser la question autrement qu'avec les yeux.

« Quand… quand Cyrus a ouvert les yeux…. Il… »

Comme elle cherchait de nouveau ses mots, Cyrus intervint :

« J'ai cru qu'elle était Laelia… » - expliqua-t-il, « mais personne n'a compris » tenta-t-il de la rassurer ;

« Je ne sais pas », commenta Tonks.

« Mae, ça veut dire quoi ? » demanda alors Harry.

« Mère », répondirent en même temps Tonks et Cyrus.

« C'est joli », dit prudemment Harry.

Remus les regarda tous, tour à tour, pesant les forces en présence et les risques potentiels, et revint sur Tonks : « Tu as fait ce que tu as cru bon... nous verrons bien… De toutes façons, Hermione sait déjà… Quant aux autres, ils mettront sans doute cela sur le compte du choc… C'est quand même plus facile à croire que la vérité, non ? »

Personne n'ajouta rien pendant de longues secondes.

« Tu vois, Papa », reprit finalement Cyrus avec un profond soupir, « Tu avais raison il y a deux ans… c'est intenable notre histoire ! »

« Ce qui est intenable », répondit Remus de sa voix la plus raisonnable, « c'est d'avoir des élèves attaqués par des Détraqueurs ! Vos histoires à vous deux sont suffisamment douloureuses pour que vous soyez des proies faciles mais… d'autres auraient pu réagir aussi violemment ! »

Il s'interrompit brusquement en entendant des pas. Poppy et Minerva entrèrent dans la pièce. La professeur de Métamorphose laissa échapper un sifflement sonore en voyant Harry… Ce qui amena un sourire incongru sur les faces graves de la famille Lupin.

« Et bien ! En voilà du progrès ! Félicitation ! »

« Tu trouves ? » - ne put s'empêcher de rire Harry.

« Comment est-ce venu ? »

« Les Détraqueurs... J'ai… j'ai voulu résister au froid… » - expliqua Harry

Minerva sourit : « Métamorphose fonctionnelle… Intéressant… Très bon signe d'ailleurs sur ce qui est à l'œuvre au fond de toi ! »

« Ça ne ressemble pas à grand-chose pourtant », remarqua Harry avec une sensible déception.

Minerva se contenta de regarder Remus qui haussa les épaules :

« Nous pourrions nous tromper, non ? Il n'y a pas beaucoup de différence…. » - commenta-t-il prudemment.

« C'est vrai mais… cette forme de museau pourtant…. C'est à cela que… »

« Pourquoi ne pas attendre d'être sûr pour mettre des mots ? », demanda Remus comme une prière. Son ancienne professeur, devenue collègue et amie, le dévisagea longuement de derrière ses lunettes avant de conclure :

« Comme vous le souhaitez, Remus. Eh bien, Harry, si… si tu t'en sens la force… nous allons chercher ensemble à ramener ta forme humaine… »

« Tu… tu ne peux pas le faire, toi ? »

« Ça a peu d'intérêt, Harry, je ne serais pas toujours là », remarqua Minerva. « Sauf si tu ne te sens pas capable…

Harry acquiesça et Minerva lui prit les mains : « Tu n'ignores pas qu'une transformation volontaire ne peut avoir lieu que si le sorcier sait exactement ce qu'il veut avoir comme résultat… A terme, tu connaîtras suffisamment ton corps et ton Animagus pour passer de l'un à l'autre volontairement et entièrement… mais pour commencer, on va partir d'un détail, d'un détail qui te permettra d'amener une sensation assez forte pour que ton inconscient complète ce que ta conscience ignore… Partons peut-être de… de tes lunettes… Oui, c'est un objet que tu connais bien, que tu dois pouvoir visualiser… »

« Oui », répondit Harry.

« Alors concentre-toi… vois ces lunettes dans ton esprit… chaque détail…. Ne pense à rien d'autre… ne cherche pas des choses plus compliquées que tes lunettes. Tu y es ? »

« Oui. »

« Peux-tu retrouver la sensation de ces lunettes sur ton nez ? »

« Oui », murmura encore Harry, après quelques secondes pendant lesquelles personne n'avait même bougé un cil. Tous purent ainsi voir le frémissement qui le saisit tout entier, d'un seul coup. Tous entendirent le pop bien connu et virent réapparaître les traits familiers d'Harry, juste plus pâles qu'à l'accoutumée.

« Bravo », souffla Tonks.

« Ouais ! », s'écria Cyrus.

Mme Pomfresh se contenta de secouer la tête et Remus se sentit incapable d'articuler le moindre son. Harry lissa son visage de ses deux mains comme étonné par la sensation comme par le résultat.

« Merci »

« Il n'y a aucune raison de me remercier », dit tranquillement Minerva. « Je n'ai fait que réveiller ce qui est en toi ».

« Ça va, Harry ? », réussit enfin à demander Remus. L'adolescent hocha la tête. « Il va nous falloir revenir dans le monde de Poudlard », ajouta-t-il lentement.

« Il va falloir aussi… » - commença Tonks avant de secouer la tête comme s si l'ampleur de la tâche la déroutait. « Qu'allons-nous faire ? »

Remus la regarda, attendant qu'elle précise sa pensée, puis finit par proposer :

« D'abord, il faut vous protéger les garçons des Détraqueurs… » Il se tourna alors vers Cyrus. « J'ai cru comprendre que tu avais déjà trouvé le moyen de gagner une semaine de retenue avec Severus… Voilà déjà un moment que nous pourrons mettre à profit pour travailler discrètement »

Cyrus se faisait petit quand Tonks demanda :

« Une semaine ? Ça suffira ? »

« Faisons confiance à Severus pour trouver tous les prétextes nécessaires pour faire durer s'il le faut ! » répondit Remus avec un léger sourire que tous imitèrent – sauf Cyrus.

Minerva ajouta : « Je ne te remercie pas d'ailleurs, Cyrus ! Une semaine avec Drago Malefoy dans mon bureau tous les soirs dès la rentrée ! Tu es dur avec moi ! »

Tous rirent et Cyrus grimaça : « Je suis désolé, Minerva ! Honnêtement ! »

« J'aurais bien des choses à dire sur le sujet », commenta Remus, « mais je suppose que ça ira pour ce soir. »

Cyrus lui jeta un regard en biais si inquiet que Tonks ne put s'empêcher de glousser :« Et Harry ? »

« Si vous voulez, je peux me faire un plaisir d'exploser Malefoy, moi aussi ! » - lança l'interpellé.

« Tentant », répondit Remus très calmement. « Mais que dirais-tu plutôt d'expliquer très loyalement que tu travailles avec moi ? »

« Comment ça ? Pour que tout le monde croie que tu veux que je battes Hermione cette année ? »

Remus sourit :

« Hermione ! Mais le voilà notre prétexte ! Elle veut toujours suivre trois options, n'est-ce pas ? »

Minerva opina.

« Et bien, nous allons rendre cela possible », conclut Remus.

« Je refuse d'étudier les runes », protesta Harry.

« Ça peut être l'étude des Moldus… Mais ce sont vos cours d'Arithmancie qui seront décalés de ceux des autres… »

« Et si d'autres élèves souhaitent… » - commença Tonks.

Minerva rit : « Vous êtes encore jeune et naïve, Nymphadora… Des demandes comme celle d'Hermione, il n'y en a que tous les dix ans ! »

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« Tu n'as pas dormi ? »

« Non… » - reconnut-il en se décollant comme à regret de la fenêtre. Il se retourna pour faire face à sa femme qui l'observait d'un air plus que critique.

« Tu crois que c'est raisonnable ? » demanda-t-elle encore.

Il haussa les épaules.

« Pourquoi tu ne m'as pas réveillée au lieu de ruminer toute la nuit ? » s'enquit-elle encore.

« Pourquoi aurais-je dû t'empêcher de dormir ? »

Le regard qu'elle lui lança lui apprit qu'elle n'allait pas en rester là.

« C'était quoi déjà la formule débile qu'on a dû dire cet été ? Y avait le meilleur et le pire dedans…. » - demanda-t-elle, et il ne réussit pas à retenir un sourire affectueux.

« J'ai pourtant pas l'impression de t'épargner », murmura-t-il après un moment.

Elle se radoucit notablement et se laissa tomber sur un fauteuil.

« Ah ça, on s'ennuie pas ! » reconnut-elle, avec un certain entrain. « Bon alors, résumons : Cyrus se laisse provoquer par Malefoy, et c'est moi qui doit intervenir… »

Il sourit : « Si tu souhaites continuer à pouvoir tirer toute la couverture à toi, tu peux aller à ma place au Manoir Malefoy cet après-midi… »

« Cet après-midi ? »

Il se contenta d'un signe de tête. Elle grimaça.

« Tu vas lui dire quoi ? »

« A Lucius ? »

« Non, je m'en fiche ! A Cyrus… »

« Oh… Je sais pas trop encore… j'improviserai… »

« Et moi, qui croyais que t'étais un père expérimenté ! »

« Arthur Weasley te dirait sans doute que l'expérience, c'est justement ça… » - répondit-il, étonné lui-même de trouver ce ton badin avec les pensées aussi circulaires et défaitistes qui l'habitaient. Elle pesa sa réponse avant d'abandonner :

« Mouais, sois pas trop dur avec lui, parce que je suis sûre que Drago l'a bien cherché… »

Il sourit un peu tristement, mais elle enchaîna :

« … ensuite, ces imbéciles de Détraqueurs qui confondent la pénombre et la nuit… »

« Diggory sera là à 9 heures », l'informa tranquillement Remus.

Elle écarquilla les yeux avant de grimacer :

« Chouette journée, mon amour ! »

« J'aime autant que ce soit lui qui aille voir les Détraqueurs et puis Amos… Amos n'est pas le pire… »

Elle sembla presque hésiter à continuer, et il regretta de l'avoir interrompue. Allez, demande-moi, tu sais que tu brûles, que c'est ça qui m'empêche de dormir ! Courage, Tonks, ne te laisse pas impressionner par mes yeux fatigués et par ma soi-disant grande expérience !

« Je te laisse juge… » Elle se leva, marcha jusqu'à la cheminée du salon, observa les photos des vacances en Norvège, le ponton de bois gris de Léander, Remus montrant fièrement une prise de pêche, les grimaces de Cyrus, le sourire de Harry… Elle inspira et se retourna :

« Pourquoi ne veux-tu pas reconnaître que Harry est un loup », demanda-t-elle très vite comme si elle avait peur de ne pas arriver à la fin de la phrase.

Merci.

Sa réponse audible fut plus longue à venir :

« Parce que… parce que rien n'aurait pu être pire… non ? »

Cette fois, il n'eut pas besoin qu'elle pose la question que suggéraient ses yeux écarquillés.

« Un loup, Tonks… tout ça pour qu'il soit un loup ? »

« Un Animagus n'a rien à voir avec la lycanthropie », répondit-elle prudemment. Elle ne comprenait pas, ça se voyait et Remus se demanda ce qu'il avait espéré.

« Mais… mais pourquoi un loup ? » demanda-t-il avec un peu de désespoir.

« Mais n'est-ce pas évident, Remus ? Pourquoi suis-je un chien, si ce n'est par fidélité et dévouement ? »

Il regretta qu'elle ait à lui dire ça. Ça ne m'aide pas mon amour ! Vos attentes envers moi me terrifient…

« Tonks… »

« Harry est ton fils, Remus. Tu l'as élevé, tu es son modèle… Enfin, qu'est-ce que tu veux que je te dise !? »

« Tu trouves sain, toi, qu'il veuille être moi ? Il n'a plus huit ans… »

« C'est quoi ton problème, Remus ? Tu as peur de quoi ? Qu'il soit incapable de choisir sa propre voie ? »

Elle attendit avec une patience et une résolution qu'il ne lui connaissait pas qu'il consente à lui répondre.

« Non », souffla-t-il très doucement.

« Pardon ? »

« Non, bien sûr que non », répondit-il plus distinctement.

Elle l'observa encore avant de demander :

« C'est la responsabilité qui t'effraie ? »

Il lui lança un regard meurtri qu'elle accepta cette fois comme une réponse valable.

« Alors quoi ? Tu as honte ? Honte de toi ? »

Il se figea parce que les mots n'étaient pas venus comme cela toute la nuit, mais ils avaient eu le même sens.

« Tu crois que James aurait été content que son fils devienne un loup ? » demanda-t-il très faiblement.

Bien sûr, elle ne pourra pas répondre à ça, pensa-t-il avec une joie mauvaise. Elle ne l'avait pas connu. Une vague de culpabilité suivit : Il était lâche de la charger de ses propres délires. Pétri de désespoir et de remords, il regarda Tonks l'observer, les sourcils froncés. Elle finit par demander, une note d'incrédulité inquiète dans la voix :

« Tu parles bien du même James que celui qui est devenu un Cerf pour t'accompagner les nuits de pleine lune ? »

Il prit la phrase en plein cœur.

Elle avait sans doute raison, estima son cerveau.

Oui James avait fait ça pour lui. Sirius aussi. Ses amis n'avaient jamais méprisé le fait qu'il soit un loup-garou. Ils étaient arrivés tardivement à le soupçonner pour ça de pouvoir être tenté par Voldemort, mais jamais à le mépriser.

Alors, sans doute, la forme de l'Animagus était acceptable…

Il sentit que ses mains tremblaient et que ses yeux piquaient. Sans doute la nuit blanche expliquait son émotivité, mais il était incapable de se retenir.

Elle avait raison.

Il tituba presque jusqu'à elle et enfuit son visage dans ses cheveux.

« Comment ai-je fait pour survivre sans toi ? » chuchota-t-il.

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Bon ensuite, l'année continue à accélérer… Pour l'instant, faute de mieux sans doute, mais aussi pour des raisons objectives, ça s'appelle « leçons ». Sais pas encore quand je le posterai… au pire en janvier… Alors joyeux Noël !