L'inné et l'acquis

Bonne année, évidemment, bonne année….

Bonne année à ceux qui lisent

Bonne année à ceux qui écrivent

Bonne année à ceux qui ont besoin de s'évader….

Et merci à tous ceux qui ont laissé des traces de leur passage…

Bien sûr, il y a ceux et celles qui savaient (Harana, Juliette, Lulu..) … évidemment… je l'avais pas beaucoup caché faut dire… Un loup, oui, un loup… les poils sont noirs pour l'instant (Vert) Etape…étape…

Juliette… De mieux en mieux ? Et bien c'est gentil, même si ça fait un peu peur… Quand à me lancer dans une troisième fic, honnêtement, pas le temps en ce moment…

Il y a aussi celles et ceux qui aiment que la relation Tonks/Remus prenne de l'épaisseur (Ryan, Fée Fléau, Alixe, Alana, Boo Sullivan, Girloftheshade…) Y'en a même qui voudrait que la famille s'agrandisse… pourquoi pas…

La rédemption de Remus, Guézanne ? Mais j'y travaille, j'y travaille… La pub était sincère et gratuite…

Grand retour de Lulu-Cyfair (chouette !) A qui parlait Bellatrix il y a quelques chapitres ? Y répondre, serait tout dire… Allez, allez, continue de chercher… J'aime à croire que c'est trouvable…

Dette éternelle et grandissante envers Alixe, Alana Chantelune et Vert qui, encore et toujours, veulent bien relire.


Dix - Leçons

Cyrus inspira avant de frapper à la porte.

« Entrez !»

La voix n'était pas accueillant,e mais il obéit et pénétra dans le cachot qui était plongé dans une semi obscurité. Une lampe voletait près de la tête de Severus et éclairait sa plume qui courait sur un parchemin. Le maître des potions ne leva pas un instant les yeux et grinça, sur un ton que tous à Poudlard connaissait trop bien:

« Avez-vous perdu votre langue ? »

« Cyrus Lupin, professeur… Je viens pour…pour ma retenue »

« Oh ! » Severus leva la tête. « Déjà ? Il jeta un coup d'œil à une clepsydre accrochée au mur.« Oui, bien sûr… »

Cyrus se sentit un peu plus léger. Il avait un instant cru que Severus allait s'enfermer dans son personnage de croque-mitaine. Mais il se garda pourtant de trop d'optimisme.

« Approche. »

Cyrus s'avança. Et le regard du Maître des Potions sur lui apprit qu'il avait bien fait de ne pas trop se réjouir prématurément.

« Bien, bien, bien…Tu sais pourquoi tu es là ? »

Cyrus chercha le piège mais ne le trouva pas.

« Pour apprendre à résister aux Détraqueurs ? »

« Les Détraqueurs… » Severus eut un geste évasif de la main. « Les Détraqueurs ne sont qu'une péripétie, non ? »

Cyrus attendit – après tout c'est ce que faisaient Harry et Remus dans ces cas là. Il semblait que tout le monde trouvait qu'ils avaient raison à procéder ainsi.

« Il me paraîtrait tout aussi souhaitable que tu apprennes à résister aux provocations », précisa, en effet, le Maître des Potions.

« Oh ça… »

Cyrus pensa que celui qui parlait n'était peut-être pas le mieux placé pour dire cela - mais il connaissait trop l'homme qu'il avait en face de lui pour penser pouvoir exprimer une telle opinion à haute voix.

« Oui ça ! », s'emportait d'ailleurs le Maître des potions, les yeux flamboyants, avant d'ajouter, à peine plus calmement : « Mais je croyais que ton père t'avait déjà exprimé toute sa reconnaissance pour l'avoir une fois de plus contraint à aller s'excuser devant Lucius Malefoy… »

Cyrus leva les yeux au ciel.

« Comme si tu en doutais ? »

Le professeur et l'élève se jaugèrent mutuellement.

« Et alors ? »

« Alors ? » demanda Cyrus, « est-ce que je me suis encore battu avec Malefoy ? Non. Est-ce qu'il n'arrête pas de me singer en train de tomber dans les pommes ? Oui. Est-ce qu'il passe son temps à déparler ce qu'il pense être du portugais ? Oui. »

« Tu veux dire que Remus sait être dissuasif quand il veut ? »

« Je veux dire que je suis désolé qu'il ait des ennuis à cause de moi, il en a bien assez comme cela ».

Severus le dévisagea longtemps, comme s'il doutait de sa sincérité, puis souffla : « Je suis heureux de te voir si… si perméable à l'esprit du temps »

Cyrus haussa les épaules et commenta avec un ton désabusé : « Tu imagines un monde sans Black ? Pas de Malefoy ? Pas de Bellatrix et même pas moi… Le monde serait plus tranquille ! »

Rogue leva légèrement un sourcil et proposa : « Et sans Nymphadora, les filles de cette école penseraient peut-être moins que trébucher en venant au tableau est sans doute sexy… »

Cyrus en eut le souffle coupé, et il lui fallut un recul qu'il ne se savait pas posséder pour se retenir de sauter sur Severus comme il avait bondi quelques jours plus tôt sur Narcissa. Est-ce que Remus voulait vraiment qu'il écoute des choses comme celles-là sans broncher ?!

« Ceci ne nous dit pas pourquoi tu n'as pas repousser ces Détraqueurs », reprit le Maître des potions, imperturbable à l'émoi visible sur le visage du garçon.

« Les repousser… » - admit-il radouci. Oui, c'était pour cela que Remus l'envoyait voir Severus, le compétent et précis Severus.

« Après tout, IL était Auror et plutôt expert en matière de magie noire », compléta le professeur, plus rêveur qu'acide.

« Severus, je… je dois rapprendre, tu le sais comme moi… » - lui rappela-t-il presque comme un prière.

« Même dans l'urgence ? » - insista Rogue, dubitatif, « Harry a dit que tu les avais sentis bien avant tout le monde…»

« Un petit privilège d'ancien prisonnier d'Azkaban… » - répondit sèchement Cyrus. Et il dut lutter intérieurement contre des images angoissantes, froides et humides qui semblaient vouloir jaillir de sa mémoire.

« Je vois. »

« Non, tu ne vois rien du tout ! », explosa Cyrus, mettant ici toute la rage qu'il avait contenue pendant toute cette conversation. « Tu ne sais pas ce que c'est d'être volé de tous ses souvenirs heureux ! Tu ne sais pas ce que c'est de ne jamais te réveiller de ton pire cauchemar ! »

Quand il se calma, Cyrus fut plutôt surpris que Rogue ne soit pas mis à son tour à hurler. Le Maître des potions n'était pas homme à se laisser brusquer par un garçon de douze ans – même muni d'une mémoire trois fois plus ancienne. Pourtant, il n'en était rien. Severus avait légèrement pâli en entendant sa tirade, mais ses traits semblaient plus rigides que la pierre des gargouilles. Ses yeux noirs brûlaient, non de colère, mais d'une sorte d'émotion que Cyrus ne sut pas reconnaître.

Sans un mot, l'homme se retourna d'ailleurs, et se mit à fouiller dans sa bibliothèque. Il en tira plusieurs volumes, en choisit un, et reposa les autres. Cyrus se surprit à se demander s'il cherchait vraiment quelque chose ou s'il gagnait du temps. Il sentait le Maître des potions mal à l'aise. Etait-ce parce que ce que lui demandait Remus était difficile ? Etait-ce à cause des tensions politiques et sécuritaires qui entouraient cette rentrée ? Etait-ce à cause de ce qu'il venait de dire ? Qu'avait-il donc dit de si incroyable ?

Alors qu'il observait Rogue tourner lentement les pages, translucides à force d'être fines, d'un vieux volume de cuir, Cyrus eut soudain un flash. Un Severus plus jeune, plongé dans la lecture d'un livre, tellement absorbé qu'il ne voit pas venir un saut d'eau glacée, charmé pour voler et se verser lentement dans son cou. En arrière fond de l'image, il entendit des rires, jeunes, insouciants, cruels, puis le souvenir – était-ce un vrai souvenir ? - s'arrêta net, comme il était venu, comme si une herse de château fort était brusquement tombée entre sa conscience et sa mémoire.

C'était un sentiment étrange. Ce n'était pas sa conscience qui avait décidé de se couper de sa mémoire mais l'inverse. Il n'avait jamais ressenti cela auparavant. Il frissonna, presque apeuré, mais Severus se retourna, brisant la sorte de transe qui l'avait saisi

« Ce que tu me dis c'est que tes barrières mentales sont devenues plus poreuses… nous devrions commencer par cela… »

Le constat ne semblait que trop s'appliquer à ce que Cyrus venait de vivre et il ne put refuser les différents exercices de concentration et de discipline mentale que Severus lui proposa, et dont il sortit tellement épuisé qu'aucun Gryffondor ne put douter un seul instant de l'effectivité de la retenue de Rogue.

00

« C'est vrai cette histoire, Potter, que Granger et toi vous êtes tellement nuls que c'est ton père qui va faire semblant de vous enseigner l'arithmancie ? » claironna une voix traînante le matin suivant, alors que le Grand Hall fourmillaient d'élèves qui allaient ou qui revenaient de petit-déjeuner.

Hermione se retourna et allait sans doute répliquer mais Harry s'interposa :

« De quoi te plains-tu Malefoy, tu me verras moins comme ça !? » répondit-il, très calme. Il fut conscient des regards et des élèves qui s'arrêtaient pour écouter leur échange, mais il essaye de les ignorer.

« Oh, ne me fais pas rêver, Potter ! »

Harry haussa les épaules et reprit son chemin vers la Grande Salle. Hermione et Ron le suivirent- le second avait l'air prêt à faire du Serpentard son petit-déjeuner s'il rouvrait la bouche. Il valait mieux ne pas s'attarder !

Malefoy n'avait pas été le seul à s'étonner, mais l'histoire des trois options avait bien marché.

« Sinon, il vous faudrait un retourneur de temps ! » avait lancé Lavande.

Elle ne sait sans doute pas à quel point c'est difficile à avoir, avait pensé Harry.

Mais Malefoy n'était pas toujours très prudent pour un Serpentard :

« Et j'espère que t'as pris Etude des moldus en troisième option, après tout c'est le seul espoir pour un demi-sang de bourbe comme toi ! »

Harry ferma les yeux, essaya de s'exhorter à continuer son chemin puis décida qu'il en était incapable, malheureusement. Il se retourna donc vers Malefoy, pas aussi lentement qu'il l'aurait souhaité, et gronda :

« T'avise pas de croire que j'ai trop peur de mon père pour ne pas te donner la leçon que tu mérites ! »

Ron et Drago semblèrent tous les deux ravis de sa réponse, et la partie la plus calme du cerveau d'Harry trouva le mélange inquiétant.

« Je ne souhaite que cela, Potter ! »

Les élèves autour d'eux continuaient de s'agglutiner, et la même partie raisonnable de son cerveau fit remarquer à Harry qu'ils n'auraient jamais pu choisir un pire endroit pour s'affronter. Sans doute était-ce délibéré de la part de Malefoy… il était tombé dans le panneau comme un débutant !

« Je vois », dit-il très froidement, se retournant complètement pour faire face au Serpentard. Trop tard pour reculer, restait à faire bonne figure !

Alors que les deux garçons n'avaient jamais paru si prêts de sortir leur baguette respective, il eut un mouvement en périphérie du groupe, et une voix un peu éthérée sur sa droite demanda ce qu'il se passait. Une voix plus grave et autoritaire posa la même question à la gauche de Harry, et le cercle autour d'eux laissa passer au même moment la haute silhouette torturée du professeur Maugrey et la petite silhouette du Professeur Trelawney. Le premier demanda de nouveau :

« Peut-on savoir ce qu'il se passe ? »

« Rien professeur », murmura Harry.

« C'est... » - commença Malefoy. Harry eut la satisfaction de voir le Serpentard hésiter à mentir plus avant. « Je demandais juste des précisions à Potter sur son 'emploi du temps aménagé'… »

« Fouinard comme ton père, hein Malefoy ? », gronda l'Auror, son œil magique fixé sur Drago qui n'avait pas l'air d'apprécier.

Harry aurait sans doute chéri ce moment à sa juste valeur si, brusquement, une douleur fulgurante ne lui avait déchiré le front. Il dut se mordre la langue pour ne pas gémir. Cho qui s'était glissée au premier rang entre temps allait s'avancer, mais Hermione fut plus rapide.

« Ça va Harry ? »

« Oui », articula difficilement celui-ci les dents serrées et le regard furibond. Il ne manquait plus que quelqu'un fasse remarquer qu'il allait mal.

« Tu vas t'évanouir toi aussi, Potter ? » - se moqua Malefoy rayonnant de malveillance.

« Je crois plutôt que c'est vous, M. Malefoy, qui allez vous 'évanouir' ! Disparaissez donc de ma vue avant que j'enlève des points ! » - martela l'Auror.

Tous virent que Malefoy devait se faire violence pour obtempérer, mais il finit par partir, entraînant ses fidèles Goyle et Crabbe avec lui et maugréant des menaces envers les vieux Aurors qui feraient mieux de prendre leur retraite et de s'occuper de leurs affaires.

« Si je ne savais pas que Lupin devrait réparer les pots cassés, je transformerais bien cette petite fouine en… » - grommela encore Maugrey, déclenchant quelques rires de soutien parmi l'assistance.

Au moment où Harry allait se féliciter que tout le monde se disperse et que l'attention générale se reporte sur autre chose que sa douleur – qui persistait, même si elle avait perdue sa fulgurance -, la professeur de Divination se retourna vers lui, l'étudiant derrière ses énormes lunettes de mouche. Elle fit un pas vers lui et posa une main légère sur le front d'Harry qui se retint de lever les yeux au ciel. Serait-il un jour autre chose que l'enfant de Poudlard, celui dont tous les professeurs protègent la santé ? Mais la femme ferma brusquement les yeux et sa voix changea :

« La marque, évidemment la marque… Celle qui sépare le Survivant du commun… » -murmura-t-elle.

Harry se hérissa et, instinctivement, recula pour échapper au contact.

« Excusez-moi, professeur, mais… rien d'extraordinaire… un simple mal de tête… »

Il constata avec horreur que de nouveau tous les élèves présents s'étaient tus et le dévisageaient avec insistance. Poudlard, pour la première fois, lui parut trop petit pour pouvoir s'enfuir, se cacher, disparaître suffisamment longtemps pour que tous oublient cette scène…

« Vous avez déjeuné, Potter ? » s'enquit brusquement Maugrey.

« Non, c'est ça, sûrement ça », affirma Harry, reconnaissant qu'on lui pose enfin une question normale.

« Vous feriez mieux de vous hâtez mon enfant », dit alors Trelawney d'une voix tout à fait normale, « sinon vous allez être en retard ! »

« Tout de suite, professeur ! », l'assura Harry.

000

La rumeur l'accompagna toute la journée. Les conversations s'arrêtèrent à son approche, des filles chuchotèrent sur son passage. Il surprit même des élèves de son groupe étudier a cicatrice d'un nouvel œil. A la fin du repas du midi, il comprit soudain : on ne se moquait pas de lui, non, on avait presque peur.

« Ne fais pas attention à eux, Harry, ils vont oublier aussi vite que ça leur est venu », lui répétait Hermione de loin en loin.

Elle avait sans doute raison, mais ce n'était pas facile.

« Chouette ! On a Soins aux créatures magiques ! », s'exclama Ron alors qu'ils sortaient du réfectoire en examinant son emploi du temps.

Harry se força à revenir à la réalité. Après tout, il s'était lui aussi réjoui de suivre des cours de Soins aux Créatures Magiques, même si Hagrid avait estimé qu'il n'apprendrait pas grand-chose pendant sa première année avec les banales créatures du professeur Gobe-Planche. Il y avait peu de chance effectivement qu'elle nous sorte des accromentulas, pensa Harry avec un sourire. Mais comme il allait devoir suivre trois options, plus le travail qu'il devait faire avec Minerva sur son Animagus et les cours de défense que son père avait annoncés, ce n'était sans doute pas très grave que son travail scolaire ne soit pas trop ardu.

« Avec qui ? », demanda-t-il.

« Serpentard », le prévint doucement Hermione.

« Génial », grinça Harry, luttant contre l'envie pressante d'aller se cacher toute en haut de la tour d'astronomie comme quand il était petit et qu'il avait fait une bêtise.

Evidemment, les veracrasses qui constituaient l'objet d'étude de leur première leçon n'étaient pas des animaux passionnants. Ils mangeaient beaucoup, mais ça Harry le savait depuis longtemps. « Et ils ne sentent pas très bon », avait ajouté Lavande. « Non mais quelle mômerie ! », avait soufflé Hermione, « et elle, elle sent quoi ? »

Malefoy avait décrété qu'ils n'avaient rien de magique et avait arrêté de nourrir le sien, jusqu'à ce que Mme Gobe-Planche ne lui propose une recherche de cinq rouleaux de parchemins pour la semaine prochaine en remplacement. Bref, ça s'était plutôt bien passé, si on omettait la charmante remarque du même Malefoy sur le chemin du retour.

« Hé Potter ! Maugrey aussi, il vous a adoptés aussi alors ? Ça fait une belle famille : le loup, la petite qui change de tête, le vieux couturé, celui qui s'évanouit et celui à la cicatrice brûlante : Un raccourci de Sainte-Mangouste ! »

« Section psychiatrie alors ! », avait ajouté Pansy Parkinson.

Harry avait enfoncé résolument ses mains dans ses poches et était rentré au château à grands pas, sans desserrer les dents. Ron avait eu du mal à le rattraper, pour peu de temps d'ailleurs puisqu'il allait en Divination, alors que Harry et Hermione, eux, avaient Etudes des moldus. Quand sa camarade les rattrapa à son tour, Ron avait renoncé à lui faire prononcer un mot, et Hermione n'eut pas plus de succès jusqu'au moment ils s'étaient retrouvés seuls dans un couloir. Harry s'était alors immobilisé, et avait poussé un long hurlement de rage.

« Harry !? »

« Ouais, et bien tant pis ! Tu préférais que je casse sa petite gueule d'enfoiré ? »

« Et bien.. », commença Hermione comme si elle avait vraiment étudié l'alternative.

« Juste pour que mon père soit encore obligé d'aller s'excuser ? »

« Quand bien même… »

« Je le déteste, je le déteste, je le déteste ! », avait de nouveau hurlé Harry.

« Je vois. »

Quand il avait paru plus calme, elle avait ajouté :

« Et ta cicatrice ? »

Harry avait fait volte face.

« Quoi ma cicatrice !? »

« Elle… était brûlante ? »

« Oui »

« Oh. »

Harry avait repris son chemin à grands pas.

« Oui, je sais, faut que j'en parle à mon père… et faut pas que je me batte avec Malefoy, et… merde ! »

Cette fois, Hermione avait choisi le silence.

000

Harry s'était ennuyé ferme en étude des moldus. Non franchement. Il se demandait comment Hermione, qui savait tout ça encore mieux que lui, avait pu prendre autant de notes.

« Les Moldus n'ont pas de pouvoirs magiques ». Sans blague. « Ils remplacent l'énergie magique par des énergies mécaniques au nombre de trois : la traction (humaine ou animale), l'énergie électrique (de différentes sources), l'énergie élémentale (vent, eau…) » A bâiller.

« C'est pas avec ça qu'ils vont être capables de prendre le métro », avait-il glissé à Hermione en désignant de la pointe de sa plume leurs camarades à grande majorité Poufsouffle et tous Sang-pur - sauf Hermione.

« Chut », avait répliqué celle-ci.

Au bout de vingt minutes, Harry avait décidé qu'il relirait les notes d'Hermione et avait commencé à rédiger son devoir de potions pour la semaine prochaine. Quand la cloche avait sonné, il avait été le premier dehors.

0000

Quand ils arrivèrent en haut du grand escalier en colimaçon – entrée officielle pour une disposition tout à fait officielle elle aussi, contre laquelle Rusard ne pourrait rien ! - Remus les attendait.

« Harry, Hermione, entrez… »

« Bonsoir Papa »

« On va se mettre là », dit Remus en désignant les deux canapés où il recevait certaines de ses visites dans son bureau directorial. Hermione se rappela la première fois qu'elle y était venue et qu'elle avait appris le plus grand secret de la famille Lupin. Elle se demanda si cet endroit lui offrirait toujours de si importantes révélations.

« Vous avez faim ? Soif ? Non ? Bon. Hum… j'ai discuté avec Vector… Il pense que si vous n'êtes que deux, et que vous travaillez suffisamment, il doit pouvoir vous faire suivre le programme tout en me laissant du temps pour travailler avec vous d'autres choses…. »

« Avec nous ? »

« Oui Hermione, tu en sais suffisamment pour comprendre que Cyrus et Harry sont menacés par l'évasion de Bellatrix et par la présence autour de Poudlard de Détraqueurs… je ne vois aucune contre-indications à ce que tu en apprennes autant que Harry. C'est même sans doute plus sage. »

La jeune fille ouvrit la bouche et la referma, visiblement dépassée par les implications.

« Et Ron ? »

Remus tourna la tête vers son fils qui avait posé la question.

« Je suis désolé Harry, je sais combien Ron est important pour toi, mais je ne pense pas qu'il soit sage d'agrandir encore un peu plus le cercle de ceux qui savent… »

« De toutes façons, je n'ai pas le choix, hein ? » répliqua immédiatement Harry.

Hermione se mordit les lèvres, craignant que ces deux là ne s'enferment une nouvelle fois dans un affrontement de volontés où elle se sentirait singulièrement déplacée. Mais Remus demanda simplement :

« Qu'est-ce qui ne va pas, Harry ? »

« Rien ne va », constata son fils sombrement.

Comme il ne semblait pas enclin à élaborer, Hermione s'exhorta au courage et proposa.

« Malefoy n'arrête pas de le chercher… »

« Et ma cicatrice s'est mise à me brûler ce matin en plein milieu du grand hall, sans aucune raison… » - ajouta précipitamment Harry.

Hermione comprit alors qu'elle s'était peut-être trompée. La réaction de sa cicatrice était peut-être plus inquiétante pour Harry que Malefoy. Et le souvenir de l'année dernière s'imposa, de Melle Teigne pétrifiée, de Ginny et Cyrus disparus et elle réprima un frisson. Oui, il y avait sans doute de quoi prendre cela au sérieux.

« Tu te disputais avec Malefoy » - lui rappela-t-elle néanmoins.

« Et alors, ce n'est ni la première ni la dernière fois ! »

Remus leva la main pour qu'ils l'écoutent :

« Ça a duré longtemps ? »

« Une demi-heure… très fort au début puis beaucoup plus comme un picotement. » Harry haussa les épaules. « Qu'est-ce que tu crois ? Notre ami le serpent est revenu ? »

Remus secoua la tête mais Harry n'en avait pas fini :

« Et notre grande prophétesse locale est venue dire que j'étais différent de tout le monde ! »

« On m'a dit », répliqua prudemment Lupin, partagé entre le soulagement de voir Harry en parler de son propre chef et cette impression persistante qu'il était un peu dépassé par les évènements.

« Sybille… Sybille a sa propre logique… » - essaya-t-il mais en croisant le regard flamboyant de son fils, il pensa soudain que Harry avait moins besoin de réponses que d'exutoire. Il reprit ton sur un ton volontairement plus léger :

« OK, OK… je vais garder pour moi mes questions de mère poule et mes appels au calme… On va voir si ça se reproduit… Là tout de suite, on va plutôt traiter ton exaspération… » Il se leva et proposa : « si vous me montriez ce que vous seriez capable de faire avec une baguette ? »

« Comment ça ? » demanda Hermione.

Remus, d'un mouvement de baguette, fit disparaître son lourd bureau et son tapis persan, dégageant un vaste espace qu'il recouvrit d'un tapis semblable à celui qu'utilisait Tonks.

« Tu veux… ? » commença Harry, n'osant pas y croire.

« Est-ce que vous croyez qu'à vous deux vous arriveriez à me désarmer et à m'immobiliser ? » demanda Remus très innocemment.

000

« Alors cette leçon particulière avec Harry et Hermione ? »

« Alors, on s'est bien amusé… »

Tonks lui lança un regard curieux :

« Si les Gryffondors se mettent en groupe à trouver l'arithmancie drôle… »

Remus sourit. La scène repassait clairement devant ses yeux.

« T'aurais dû voir leur tête quand ils se sont tous les deux retrouver ficelés dos à dos ! »

Tonks s'esclaffa bruyamment.

« Mais ils ont compris, la deuxième fois, ils se sont protégés l'un l'autre… » - continua Lupin avec une affection visible pour ses élèves. « Bientôt, tu pourras prendre ma place…»

« Tu crois pas que tu exagères ? »

« On n'a pas utilisé plus de trois sorts différents, Tonks, rien d'au dessus de leur niveau… »

« Ouais, moi, je vais avoir l'air maligne s'ils écrasent leurs petits copains en cours… »

« Tant que tu ne mets pas Drago face à Harry, ça ira !»

Elle rit doucement, finissant de se déshabiller en trois mouvements et grimpant lestement en petite tenue sur leur lit pour s'emmitoufler dans les couvertures. Remus, lui, continua de plier consciencieusement ses vêtements sur une chaise, jusqu'à ce qu'elle lui lance un coussin.

« Quoi ? »

« Tu le fais exprès non ? »

« Pas toi ? »

Elle commença pas prendre la mouche et froncer les sourcils, mais Remus lui renvoya l'oreiller dans la tête et elle rit. Il vint la rejoindre et baissa d'un coup de baguette l'intensité de la lumière.

« Et puis il était plus calme ce soir… »

« Hum, cette histoire de cicatrice, ça l'a stressé, hein ?… Maugrey m'a raconté… ça lui prend souvent à Sybille ? »

« Non, c'est même la première fois qu'elle… enfin si on exclut la soi-disant prophétie, qu'elle parle d'Harry… une fois, quand ils étaient plus jeunes, elle a fait une sorte de prophétie sur Cyrus… l'enfant né deux fois, un truc comme ça, qui seul saurait reconnaître le retour du Seigneur des Ténèbres… c'était juste avant que Quirrell ne nous le ramène sous forme de résonance psychique… pas trop mal vu… Même si j'ai jamais bien compris ce qui avait déclenché sa vision en pleine réception avec Fudge !»

Elle sourit, rêveuse, et fit remarquer :

« Enfin là, ça n'a rien d'une prophétie, Remus, dire qu'il est différent à cause de sa cicatrice, c'est comme dire que les moldus n'ont pas de pouvoirs magiques ! »

« Et donc ? »

Elle haussa les épaules.

« J'suis Auror, moi, pas devin »

Remus soupira.

« Minerva est allée lui parler… »

« Grand Merlin ! » s'exclama Tonks qui savait combien la professeur de Métamorphose tenait sa confrère de Divination en peu d'estime.

« Très gentiment… » - corrigea Lupin, le sérieux de sa voix étant démenti pas un sourire en coin.

« J'aurais voulu voir ça… »

« A priori, elle ne se souvient pas d'avoir dit ça… juste que Harry avait mal… Elle a demandé s'il allait mieux…»

Tonks leva les yeux au ciel et demanda avec une dérision certaine :

« Alors ?»

« Alors, ça nous ramène à la brûlure qu'il a ressentie… »

Tonks parut très sérieuse tout d'un coup et Remus l'aima pour ça.

« Un serpent ? »

« Pourquoi un serpent ? Il a déjà vu des tas de serpent sans avoir mal… »

« Et quand il a eu mal… » - continua-t-elle, réfléchissant à haute voix.

« C'était un serpent bien particulier », constata sombrement son mari.

« Tu ne veux pas dire… non, Remus, il… comment aurait-il déjà retrouvé autant de forces ? »

Remus soupira.

« C'est pas parce qu'on ne sait pas comment que ça n'est pas possible… regarde Bellatrix, on ne sait pas comment, mais elle court dehors… »

La jeune femme pesa en silence cette affirmation avant de demander très doucement :

« Et la piste des Détraqueurs corrompus, ça donne quoi ? »

« J'en sais rien… Albus nous aurait dit… » - répondit Remus avec un haussement d'épaules qui semblait indiquer qu'il ne croyait pas beaucoup à cette piste.

Ils restèrent silencieux tous les deux quelques instants. La chaleur de leur lit contrastant bizarrement avec ce sentiment partagé que le danger rodait extrêmement près d'eux.

« Mais, tu maintiens le Tournoi ? »

« Plus que jamais, ça détournera heureusement la conversation des bizarreries de la famille Lupin ! »

Tonks sourit de nouveau et une expression machiavélique traversa son visage fin.

« A propos de détournement de conversation… »

« Quoi ? »

« … je propose un nouveau sujet… »

« Ah ? »

« … le rapprochement des corps en saison hivernale… »

« Passionnant. »

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Ensuite… un fantôme un peu trop indépendant, des apprentis sorciers par toujours très prudents et la préparation d'Halloween… Ectoplasmes me fait relativement rire…