L'inné et l'acquis.

Ce qui n'est pas à moi ce reconnaît aisément.

Bon, il y a Bad Big Titou qui est revenue – c'est la saison dites-moi le retour de ceux qu'on voyait plus… - j'espère qu'elle va rester. Tellement de choses dans tes reviews que je vais te répondre par mail pour les anciennes ! Merci d'aimer autant les périphrases de Remus…. Non, j'ai pas des très gentils projets pour Ron mais ça va empirer que progressivement…. Ah et les adultes vont être plus en retrait pendant quelques chapitres, je crois….

Y'a tout le gang de ceux qui plaindraient Cyrus aurait-il mis volontairement le feu à la forêt magique ! (Fée Fléau, Halexia Black, Mystick…) Mais comme dit Lunenoire, les actes ont des conséquences…. D'ailleurs en voilà d'autres….

Guézanne… Je te trouve bien dur avec ce trio (Remus, Sevie et McgO, je suppose)… non ils ne font pas que surveiller et punir….

Oui Juliette, il va s'agir de surveiller de près les extralucides…leur multiplication pourrait avoir des conséquences inattendues – enfin j'espère…

Je sais Ryan : tu veux moins de parlotte et plus d'action… moi je suis une partisane de la cocotte minute : la pression monte et l'action devient inévitable… mais dans celui-là on parle moins je crois… tu me diras ?

Harana…. La tante d'Australie ? Tu vois Bellatrix déguisée en kangourou ?c'est fou ça comme personne ne la voit… enfin je suppose que je devrais m'en réjouir… Je suis sympa : elle n'apparaît pas dans ce chapitre… pas la peine d'aller imaginer je ne sais quoi !

Ah et puis il y a ma chère Alana Chantelune qui n'aime jamais quand les moins de ? ans évoque le sentiment amoureux… C'est une vieille conversation entre nous ça, non ? Je sais pas comment étaient tes douze ans mais aux miens, j'avais pas une distinction très nette entre amour et amitié…ça passait facilement de l'un à l'autre – sans d'ailleurs obligatoirement passer à l'acte… Quand Ron s'agace des cachotteries d'Hermione et de son rapprochement avec Cyrus, pour moi, c'est de la simple jalousie… avec ou sans amour….

Merci Alixe d'aimer mes dialogues et de le répéter… .merci à tout le temps que tu me consacres !

Quinze –Gages

Ron demeurait maussade et Hermione avait cessé de faire des efforts pour le distraire de son ressentiment. Et Harry, lassé d'être pris entre leurs feux, avait appris à les fréquenter séparément. Ce n'était pas toujours désagréable – pas besoin de se justifier quand on avait envie de lire un livre avec Hermione, inutile d'expliquer le besoin de faire un jeu de Bavboules à Ron, mais ce n'était pas toujours drôle non plus de devoir choisir.

En ce froid samedi matin de novembre, Ron, assis sur son lit, les yeux perdus dans le vide, lui sembla celui qui avait le plus besoin de lui..

« On va voler ? » lui lança-t-il donc.

« Voler ? Mais j'ai pas de balai, moi… Fais pas partie de l'équipe et aucun de mes frères n'a daigné se lasser du sien… »

Harry sourit presque devant tant d'auto apitoiement.

« Ça s'arrange ça… »

« Ah ouais ?"

« Il suffit de demander à deux Batteurs que je connais… »

« Voudront jamais ! »

« … et qui me doivent bien ça ! » termina Harry avec un clin d'œil.

Ron fronça les sourcils, à l'évidence peu convaincu, mais le suivit jusque dans la Salle commune où ils trouvèrent facilement les jumeaux Weasley qui semblaient plongés dans une activité qui requérait un grand nombre de parchemins. Harry se demanda avec agacement pourquoi personne – Percy par exemple ! – ne s'était encore étonné de les voir si travailleurs et intéressés à l'objet de leur recherche…

« Salut les gars », lança-t-il en se glissant à côté de George qui sursauta presque.

Comme Ron ajoutait une salutation où perçait la curiosité, Fred lâcha précipitamment la pression sur le plus grand des parchemins qui s'enroulait automatiquement.

« C'est trop grand », commenta Harry.

Fred regarda Ron d'un air critique puis répondit à Harry :

« Cyrus pense qu'on sera plus précis comme ça… il suffira de la réduire… »

Harry leva les yeux au ciel à la mention de son frère. Celui-là n'aurait-il jamais fini de se mettre dans des histoires impossibles ?

« De réduire quoi ? » intervint alors Ron.

« Une carte de Poudlard », répondit Harry comme personne d'autres ne semblait prêt à la faire.

Fred et George se renfrognèrent.

« Harry… » - grogna le premier.

« Allez, les gars, vous avez confiance en Ron quand même ! »

Comme les deux autres opinaient faiblement de la tête, il ajouta presque malicieusement :

« Vous lui faites tellement confiance que vous allez lui prêter un balai ! »

« Tout ça pour un balai », maugréa George.

« Oui… et puis prenez ça pour un avertissement… Vous ne pouvez pas travailler ailleurs qu'en plein milieu de la salle commune ? »

« Celui qui se cache est plus voyant que celui qui se montre », énonça doctement Fred.

Harry rit.

« Sans doute, mais un samedi matin, faut pas s'appeler Percival Weasley pour trouver ça louche… aussi louche que les subits approvisionnements en bonbons ou… »

« On n'y est pas retourné ! » s'exclama George.

« Et on est désolé… » - continua Fred.

« Pas de raison d'être désolé… »

« On comprend bien que Cyrus et toi, vous… » - intervint George.

« Cyrus et moi avons accepté de vous aider et, moi en tout cas, je ne vais pas me défiler », contra Harry, sincère. Les jumeaux eurent l'air un peu rassérénés par ses paroles. « Je trouve juste que ce serait dommage de se faire prendre avant que la carte soit rien de plus qu'un projet… »

Fred et George opinèrent, échangèrent un regard qui sembla conclure le débat. Le premier se leva.

« Bon, je vais chercher mon balai… »

« Merci… »

00

« Tu veux dire que c'est une carte où figureraient tous les passages secrets, les mots de passe et… »

« Oui, Ron… »

« Waou... »

Ils avancèrent un peu en silence puis Ron murmura :

« T'as quand même du courage de te mettre dans un tel projet sous le nez de ton père ! »

« Gryffondor finalement, tu vois ? » lança Harry avec une pointe d'acidité.

Ron grimaça.

« Je voulais pas dire… »

« C'est bon », le coupa Harry beaucoup plus doucement. « Oh, on est pas les seuls à avoir eu envie de se défouler ! »

« C'est Diggory et… »

« Cho», termina Harry, d'un seul coup moins certain de vouloir s'entraîner.

« Ils essaient l'Eclair de feu », murmura Ron, avec un regard éloquent pour le balai de son frère et celui d'Harry.

« Ouais »

« Remarque… c'est pas le balai qui fait le joueur… »

Harry ne préféra pas commenter cet axiome, dont la vérité était quand même sérieusement limitée par la différence objective de vitesse. Cédric illustrait d'ailleurs cela, terminant au même moment un intéressant looping, vivement applaudi par Cho. Avec un mélange de défi et d'envie, Harry se joignit aux applaudissements de la brunette. Cédric se retourna :

« Harry ! » s'exclama-t-il et il vint immédiatement à leur rencontre.

« Salut Cédric... Alors toi aussi, t'avais envie de prendre l'air ? »

« Oui… et puis, avec Cho, on se disait qu'on allait perdre tous nos réflexes.. »

« C'est sûr… »

« Tu viens voler aussi Weasley ? »

« Ouais… c'est le balai de Fred…Harry a insisté » répondit Ron avec une humilité assez peu caractéristique.

« Tu veux essayer mon balai, Harry ? » demanda Cédric.

Harry remonta ses lunettes, un instant embarrassé que Cédric ne propose pas la même chose à Ron, mais l'envie fut plus forte.

« Pourquoi pas… »

« On a amené un vif… » Le capitaine des Serdaigles n'hésita qu'un instant. « On a un petit jeu avec Cho… Je lui bande les yeux, je l'emmène dans les airs et puis je lance le Vif ... Quand elle enlève le bandeau, on chronomètre le temps qu'elle met à le trouver… Tu veux essayer ? »

Harry ravala sa surprise. « Un petit jeu avec Cho… » Il regarda la jeune fille qui s'était approchée et semblait hésiter à entrer dans la conversation… Le petit jeu était sans doute intéressant… quand on avait pas une équipe sous la main pour s'entraîner… non que Cédric n'aurait pas été capable d'en réunir une…

« Elle peut commencer.. » proposa finalement Harry, partagé entre la curiosité et un soupçon qu'il peinait encore à formuler.

Cho opina :

« Tu as raison de prendre ton temps, ce balai, il faut l'observer avant de le tenir… »

Harry comprit que ce n'était pas la première fois qu'elle volait sur l'Eclair de feu et il sentit une jalousie nouvelle l'envahir. Il ne savait pas trop si elle prenait racine dans l'utilisation du dernier balai sur le marché ou dans le rapprochement suggéré entre Cédric et Cho. Il acquiesça un peu brusquement.

Cédric tendit l'Eclair de feu à Cho.

« Harry va te conduire… moi, je m'occupe du Vif… Ron, prends mon chronomètre…»

Cédric s'éloigna donc sur le balai de Cho, une petite boite sous le bras contenant le vif d'or. Cho sortit de la poche de sa robe un foulard rouge qu'elle tendit à Harry sans un mot. Ron s'intéressa subitement au fonctionnement du chronomètre.

« Je te bande les yeux tout de suite ? Tu vas décoller comment ?» - commenta Harry.

« Tu me guideras…»

Sans un mot, Harry se plaça derrière Cho et noua doucement le foulard.

« Fais un nœud plus serré… ça tiendra jamais… » - souffla la jeune fille.

Une nouvelle fois, Harry se eut l'impression que ce n'était pas la première fois qu'elle s'entraînait ainsi. La pensée de Cédric nouant le foulard le dérangea profondément. Mais il ne dit rien et réajusta le bandeau rouge.

« Ça va comme ça ? »

« Oui »

Il lui tendit alors l'Eclair de feu, mais elle ne réagit pas et Harry dut lui prendre la main pour la poser sur le bois lisse et vernis.

« Quand vous voulez ! » cria alors Cédric.

Harry s'empara de son propre balai, qui lui parut singulièrement lourd et terne subitement.

« Tu peux décoller seule ? » demanda-t-il.

« Oui. Enfourche ton balai et donne-moi la main… une fois en l'air, tu dirigeras… »

Il fit comme elle lui avait dit. Et la main de Cho dans la sienne lui parut chaude et légère. Les deux balais s'élevèrent de concert – Cho retenant sans nul doute le sien – jusqu'à une dizaine de mètres du sol.

« Fais la tourner… qu'elle perde ses repères spatiaux… » - indiqua alors Cédric qui venait d'ouvrir la boîte.

« Tu as entendu ? » Cho acquiesça. « Bon, c'est parti ! »

Harry commença par les faire de nouveau monter dans les airs puis il les entraîna dans une longue glissade vers la gauche qui les ramena presque aux côtés de Ron. Il ne savait pas ce qu'il pouvait faire ou non. C'était un peu dangereux quand même, ce vol à l'aveugle. Excitant aussi… Il regarda Cho, un peu tendue sur ce balai de compétition, concentrée, sans doute pour retraduire de sa main libre les indications que lui donnaient leurs mains liées. Un oiseau croisa leur route et Harry redressa un peu brusquement son balai. Il fut surpris de sentir combien facilement Cho suivait sa course.

Ils dessinèrent ainsi plusieurs huit, changeant de sens plusieurs fois, montèrent, descendirent, dans l'air piquant avec une étrange communion. Harry avait l'impression qu'ils auraient pu voler ainsi pendant des heures, mais Cédric apparut soudain à sa gauche pour dire d'une voix étrangement contrainte : « ça va là je crois, non ? »

« Oui bien sûr », répondit Harry, rosissant presque, sans trop savoir pourquoi. Il freina leur course et Cho fit glisser le foulard autour de son coup. Elle cligna plusieurs fois des yeux, éblouie puis secoua la tête et se saisit à deux mains du manche.

« Prête ? Weasley, top chrono ! » - s'exclama Cédric la poussant dans le dos comme si la vitesse du balai était insuffisante.

Harry et Cédric la regardèrent s'éloigner, cerclant autour du terrain à la recherche de la boule ailée.

« Sacré balai », murmura Harry.

« Sacrée fille aussi », répondit Cédric.

« Oui »

« Tu ne m'en veux pas ? » demanda alors Cédric très sérieux.

Harry sentit sa gorge se serrer et il eut du mal à trouver une réponse puis les mots de Cédric l'année précédente lui revinrent : « Il ne peut y avoir qu'un gagnant… »

000

Bien sûr, voler sur un Eclair de feu était une vraie expérience.

Bien sûr, il pouvait s'enorgueillir d'avoir fait dès le premier essai un meilleur temps que Cho.

Cédric avait été dithyrambique et Ron fier au-delà du possible – sûr qu'il allait raconter cela à tous les Gryffondors. Mais pour Harry, être bon en Quidditch, était moins effrayant qu'être considéré comme un être différent du commun des sorciers. C'était quelque chose qu'il avait l'impression de mériter.

Bien sûr, Cho l'avait chaleureusement félicité, mais Cédric avait aussi posé un bras protecteur sur l'épaule de la jeune fille alors qu'elle parlait, et Harry avait pensé qu'il n'avait pas besoin de sous-titre. D'ailleurs la grimace de Ron était éloquente. Cho avait eu l'air un peu gêné mais elle n'avait pas retiré la main de Cédric.

Bon encore, il avait eu une petite satisfaction mesquine quand les autres l'avaient écouté avec respect leur apprendre que les sorties au Pré-au-lard allaient sans doute reprendre avant Noël.

« On peut le dire ? » avait tout de suite demandé Cédric.

« Si je pensais me tromper, je ne le dirais pas », avait répondu orgueilleusement Harry. Mais les trois autres le connaissaient tous assez pour savoir que Harry ne lançait jamais de rumeurs et l'information leur avait paru d'autant plus importante.

« Tu veux dire que c'est quasiment officiel ? » avait renchéri Cho.

« Je pense que ça le sera lundi », avait répondu Harry. « Ils attendent le dernier feu vert des Aurors… »

« Mon père ne m'a rien dit », indiqua alors Cédric.

Harry avait haussé les épaules et avait ajouté, pas très gentiment :

« Si ça tombe à l'eau, au moins on saura que MON père aura tout fait pour nous permettre de faire nos cadeaux de Noël ! »

Cédric n'avait rien répondu.

Et Harry allongé dans son lit, les rideaux tirés, n'était pas très fier de sa dernière sortie.

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Cyrus se laissa tomber à côté de lui sans crier gare dans la bibliothèque. Harry leva la tête mais ne dit rien et se replongea immédiatement dans les applications cosmiques de la géométrie. Son frère soupira.

« C'est la place de Ron », indiqua Harry sèchement.

« Oh » Cyrus se leva fit le tour de la table et se rassit en face de son frère. Il attendit dix secondes et tendit une petite bourse de cuir.

« Tiens, comme promis ».

Harry leva les yeux lentement.

« Première sortie au Pré-au-lard, je te paye tes achats à Honeydukes… »

Harry fronça les sourcils.

« T'avais parié que je serai un carnass… »

« Ouais, et bien je fête ça. »

« Je ne veux pas de ton or »

« Pourquoi ? »

« Pas à vendre »

Cyrus s'empourpra et Harry crut qu'il allait lui sauter dessus malgré la table qui les séparait et les règles de conduite dans la bibliothèque. Mais son frère inspira et répondit :

« OK. Comme tu veux. Je peux te demander d'en acheter pour moi ? »

« OK », répondit Harry rebaissant le nez sur son livre, tout en se demandant s'ils allaient en rester là. Il regrettait un peu d'avoir été si sec, mais il voulait que Cyrus s'excuse au moins de ses secrets et de ses silences envers lui. Pas qu'il ait l'air de trouver normal que Harry passe l'éponge…Mais Cyrus n'était pas quelqu'un qui s'excusait facilement et Harry s'invita à la patience. Quand Ron le regard meurtrier revint s'asseoir, il réduisit d'autant les chances de réconciliation.

« T'as pas un devoir de potion sur le feu, toi ? » lança le rouquin à Cyrus sans attendre.

« Fini. »

« Pratique. »

« Quoi ? »

« D'avoir une Hermione à qui faire porter le chapeau et à qui faire faire le devoir », répondit Ron du tac au tac. Harry leva la tête de nouveau de ses cahiers pour voir son frère et son ami se fusiller du regard. Evidemment. Avant qu'il n'ait eu le temps d'ajouter quoi que ce soit, Cyrus proposa :

« Bon… si on réglait ça, une fois pour toute… »

« Moi, ça me va », dit Ron.

« Où, quand ? » gronda Cyrus.

« Ton heure sera la mienne… »

« Ce soir ? »

« Cyrus… » - intervint Harry sans trop savoir quoi ajouter d'autres. Dire à Cyrus qu'il courrait devant les ennuis, que sa victoire lui coûterait plus cher qu'une défaite ? Comme s'il allait l'écouter !

« Il y a des endroits discrets », grinça son frère comme s'il avait entendu ses objections.

Ron acquiesça et Harry secoua la tête. Il y avait un peu réfléchi après que Ron lui ait posé la question sur ce qu'il aurait fait si lui et Cyrus en étaient venu à se battre, mais tout cela était resté théorique. Il s'était simplement convaincu qu'il ne pouvait pas rester spectateur.

« Cyrus, il s'agit d'équité… », essaya-t-il.

Le regard sombre que son frère lui jeta en aurait impressionné plus d'un.

« Tiens, voilà le Grand Frère… »

Harry s'implora de rester calme.

« Tu seras fier de toi une fois que tu l'auras ridiculisé ? » - insista-t-il.

« Rien ne…. » - commença Ron, les oreilles écarlates qu'on puisse ainsi lui prédire déjà la défaite, mais Harry ne lâcha pas son frère des yeux.

« Tu veux prendre sa place ? » demanda crânement Cyrus.

« Jam… » - essaya de nouveau Ron.

« Non », répondit Harry. « Sauf si je n'ai pas le choix… »

Cyrus hésita un instant.

« Alors que veux-tu ? »

« Comme vous êtes trop bêtes pour vous pardonner simplement, je voudrais que vous trouviez une façon de vous affronter un peu plus…juste ».

« Si on se casse mutuellement la gueule… ça sera pas plus discret », objecta Cyrus, pratique.

Harry déglutit. Non, il n'avait pas obligatoirement d'alternative à leur proposer. Le silence retomba sur leur petit groupe.

« On est des Gryffondors, non ? » demanda soudain Ron après de longues secondes d'une voix étonnamment blanche.

Il eut immédiatement l'attention pleine et entière des frères Lupin.

« Alors du courage, normalement, on en a autant l'un que l'autre… » - continua le rouquin.

« Tu parles », gronda Cyrus.

« Tu veux lui proposer un test de… de courage ? » demanda Harry.

Ron haussa les épaules. « Oui ».

« Et quoi ? » insista Harry.

Un silence suivit.

« On pourrait… » - commença Cyrus, singulièrement enjoué tout d'un coup. « On pourrait… s'approcher le plus possible d'Arag.. »

« T'es pas un peu malade ? » intervint Harry avec une fougue nouvelle. « Un coup pareil personne te le pardonnera ! »

La mise en garde impressionna singulièrement Cyrus qui se rembrunit, baissa la tête et rongea visiblement son frein en silence. Les yeux de Ron allèrent d'un Lupin à l'autre, mais il n'osa pas cette fois demander de quoi il était question. Quelque chose lui disait qu'on ne lui répondrait pas. Mais, finalement, Cyrus haussa les épaules et proposa :

« Et un classique, allons piquer quelques herbes à ce vieux Severus ? »

« Toi, t'as vraiment besoin que Severus t'aies un peu plus dans le nez !» - jugea Harry.

Cette fois, Ron sourit. Il avait rarement vu Harry jouer au 'grand frère', et il appréciait assez de le voir affirmer son ascendant sur Cyrus, qui d'ailleurs levait les yeux au ciel mais semblait une nouvelle fois incapable de contrer l'argument. Le silence retomba sur le groupe.

Harry avait repris sa lecture. Ron essayait de l'imiter mais Cyrus restait le nez en l'air, comme s'il attendait une inspiration nouvelle. Et celle-ci vint d'un seul coup, comme Cyrus se saisissait du volume « Elevage des Dragons Communs » que Ron avait devant lui.

« Ça au moins, ça serait une bonne épreuve », dit-il en montrant l'illustration de couverture.

« Cyrus », soupira de nouveau Harry.

« Quoi ? On n'ira pas dans la Forêt interdite, Severus n'a rien à y voir et si on s'y prend bien, personne ne le saura jamais ! »

« Hagrid ? »

« Hagrid dort la nuit, Harry »

Harry soupira.

« Il m'a dit qu'il y avait un mot de passe… pour lever l'invisibilité… » - révéla-t-il presque à contrecoeur.

« Vous parlez de quoi là ? » intervint cette fois Ron.

Harry se souvint brusquement que son ami n'avait pas été là quand Hagrid les avait emmenés voir les dragons.

« Au milieu du lac, sur l'île, Hagrid garde quatre dragons qui… qui doivent servir pour la première épreuve du Tournoi », chuchota-t-il. « Il y a un charme d'invisibilité sur l'île… »

« Personne ne nous verra… » - ajouta Cyrus.

Ron ouvrit des yeux ronds, ouvrit la bouche et la referma.

« Et on fera quoi ? » articula-t-il enfin.

« C'est des femelles », lui apprit Cyrus, « on peut leur piquer un œuf »

Il n'était nul besoin d'être Legilimens pour comprendre que Harry invoquait silencieusement les créatures supérieures qui décoraient les murs de la bibliothèque.

« C'est ça. Pour finir chez Pomfresh, avec Hagrid furieux que vous lui ayez abîmé ses dragons et Papa qui t'attend à la sortie ? Mais t'apprendras donc jamais rien ! » finit-il par exploser.

« T'es pas drôle », grommela Cyrus visiblement vexé.

Ron ravala son envie de rire, mais Harry soupira encore. Il détestait le rôle de conscience que Cyrus lui faisait jouer. Mais pouvait-il s'abstenir de s'en mêler ? Pouvait-il laisser son petit frère et son meilleur ami faire n'importe quoi ? Il savait qu'il sentirait trop responsable s'il leur arrivait quoi que ce soit.

« Vous pourriez… vous pourriez leur dérober… une écaille », proposa-t-il, presque à son insu.

« Et en quoi c'est mieux qu'un œuf ? » objecta Cyrus.

« Je ne voudrais pas devoir dire à Hagrid que tu as oublié que leur queue est insensible à la douleur, hein, Petit Frère ? » lança Harry dégoulinant de sarcasme.

Cyrus blêmit légèrement, mais acquiesça brusquement.

« Il nous faut un arbitre », dit alors lentement Ron, exprimant ainsi son accord.

Harry soupira.

« OK. Je suppose que je n'ai pas le choix… »

« T'es… »

« … génial », termina Cyrus avec un sourire éblouissant.

« Complètement cinglé, oui, mais c'est sans doute votre fréquentation qui veut ça », maugréa Harry, ouvrant cette fois résolument un volume de Métamorphose. « Maintenant, laissez-moi travailler en paix ! »

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Heureusement, il n'avait pas encore neigé. Pas besoin de recouvrir les traces de leurs pas. Ron et lui étaient relativement à l'abri sous la cape d'invisibilité. Harry repoussa l'évocation même de ce que pourrait en dire Remus. Il serait toujours temps de regretter amèrement ce qu'il était en train de faire. N'avait-il pas déjà écarté toutes les autres options ?

« Cyrus y va comment ? » demanda Ron

« T'inquiète pas pour lui… Il y a des tas de façons d'y aller sans se faire voir… par la forêt notamment… » - ajouta-t-il presque pour lui-même. Oui, à la place de Cyrus, il aurait fait appel à Patmol.

« La Forêt ? »

Il y avait une incrédulité respectueuse dans la voix de Ron et Harry ressentit une nouvelle fois tout ce qu'il cachait encore à son meilleur ami.

« Tiens, il est là ! »

Une frêle silhouette toute encapuchonnée dans une cape se tenait à côté de la barque. Ron et Harry attendirent d'être plus prêts pour faire glisser la cape.

« Evidemment », commenta Cyrus. Ses yeux étaient insondables dans la pâle luminosité que leur offrait la lune.

« J'étais avec lui », se défendit Harry.

« Garde ta salive pour un autre, mon vieux… J'espère pas que t'en auras besoin, mais si c'était le cas, t'en auras jamais de trop ! »

Harry préféra ne pas commenter. Oui, il aurait sans doute besoin de toute son éloquence si tout ceci arrivait aux oreilles de leur père. Mais à cause de qui, hein ? Il s'approcha de la barque, sortit sa baguette et murmura :

« Vous êtes toujours d'accord ? »

Les deux autres opinèrent. Gryffondors. Harry hocha donc la tête et se mit à pousser la barque jusqu'à ce qu'elle soit dans l'eau puis, d'un signe de tête, leur fit signe de monter dedans.

« On va nous voir », objecta Ron un peu nerveusement.

« Apoculatum », articula alors Harry, le cœur battant, en posant sa baguette sur le bois de la barque qui immédiatement disparut. Ron siffla. Cyrus parut moins impressionné par son sortilège d'invisibilité :

« Propulsion ? » demanda-t-il négligemment.

« La rame n'a jamais tué personne », maugréa Harry en s'asseyant à côté de Ron.

Ils ne dirent pas un mot de plus pendant la traversée. Quand la barque heurta la plage de l'île, Ron demanda cependant :

« Ils sont où ? »

« Ils sont là », répondit Cyrus, « on ne peut pas les voir ni les entendre pour l'instant, mais ils sont là… Tu es sûr du mot de passe, Harry ? »

« Tout frais de cet après-midi »

« Si Hagrid en parle… »

« Tu veux reculer ? »

« Je pensais à toi ! »

« T'inquiète, j'assumerais les conséquences s'il le faut… »

Cyrus voulut répliquer encore, mais finit par décider du contraire et il suivit Harry et Ron jusqu'à un menhir qui se trouvait planté sur la plage. Une nouvelle fois, Harry sortit sa baguette et murmura :

« Scrout-à-pétard »

Cyrus étouffa un rire un peu nerveux – d'une certaine façon les mots de passe d'Hagrid étaient aussi prévisibles que ceux de Grand-père Albus, concéda mentalement Harry. Mais l'air autour d'eux vibra et sembla se déchirer. Des grondements étouffés leur parvinrent et l'île leur parut soudain plus petite. En son centre, dans un enclos qui paraissait ridicule par rapport à leur masse, quatre dragons dormaient paisiblement, la tête sur les pattes avant et les ailes repliées.

« Le premier qui s'emparera d'une écaille de la queue d'un des dragons aura gagné… » - déclara-t-il, la voix un peu incertaine. « Vous savez tous les deux que ces bêtes là sont un peu chatouilleuses mais… elles dorment… Si vous ne faîtes pas de bruit… »

« Elles vont sentir les vibrations », remarqua assez calmement Ron.

« Vous avez vos chances… le plus rapide, le plus imaginatif, le plus courageux… l'entraînement magique n'ayant ici que peu d'utilité… » - commenta Harry, autant pour lui que pour eux.

« Et s'ils se réveillent ? » demanda Ron la voix un peu blanche.

« Conjonctivis et Stupefix », répondit tranquillement Harry, comme s'il récitait une leçon de Défense contre les forces du mal.

« Toi ? » demanda Cyrus, clairement dubitatif.

« Tu veux que je t'assomme d'abord pour que tu sois sûr de mes capacités ? » demanda Harry très sèchement. Les deux frères se mesurèrent du regard.

« T'es complètement cinglé, Grand Frère », siffla Cyrus avec une exaspération mêlée d'affection. « Encore plus que moi… »

« Je te remercie. »

« Et bien prépare ton Stupéfix », conclut Cyrus en retirant sa cape d'un geste fataliste. Ron l'imita.

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La conclusion de cette équipée ? La question de la responsabilité ? Les courses de Noël ? Le désir de transparence ?

Tout, ça s'appelle déjà « Sorties » et ça sera bientôt en ligne….

Pour ceux que ça intéresserait, j'ai ce soir fini une première version du chapitre 19… vous voyez, j'ai de l'avance !