L'inné et l'acquis
Ça vous a pas laissé indifférent, dites-moi…
Big Bad Titou Moony (je vais réussir à m'en souvenir en entier, je vais réussir…) C'est qui Fish Garden ?… parce que je verrai bien les dessins ! Oui, c'est qu'à moitié une bonne idée les dragons…
Fée Fléau la précise… Harry petit mâle qui veut se faire respecter ? C'est pas très gentil pour lui ça… mais oui sans doute, il doute moins de lui… encore que, encore que… Sinon, je crois pas trop qu'il se démarque de Cyrus, mais plutôt qu'il cherche sincèrement à limiter la casse entre deux personnes qu'il aime profondément… Mais les meilleures intentions ne suffisent parfois pas…
Merci Godric d'aimer les dragons et les grands frères… ils le payent cher parfois les grands frères….
« combien
de vies seront-elles nécessaires à Sirius Black pour
venir à bout de sa réserve de conneries ? Parce qu'il
est très fort, le petit et plein de ressources. »
Mouarf, Lulu-Cyfair…
Dans
une première version, c'est Ron qui regrettait qu'il n'y
ait pas de dragon à Poudlard pour qu'on voit qui était
le plus courageux… mais Alixe n'y croyait pas… et moi qui est besoin d'elle, je l'écoute...
« Quand est-ce qu'on revoit Bella la dingue? » Mais elle est là tout le temps, ou presque…
Alana Chantelune… Oui, tu les voudrais plus sages, je sais, mais ça s'apprend! Et y'a pas que Remus à Poudlard, comme nous allons le voir tout de suite… (réponse indirecte à Halexia Black, l'impatiente !)
Ajoutons Lazoule au club des Mais-qu'est-ce-qu'ils-ont-dans-la-tête-ceux-là ? Je ne vous croyais pas si nombreux… Regardez Ryan qui veut foutre des baffes à Cyrus !
Ah la neutralité, Thamril, c'est parfois impossible…
Et Guezanne merci pour ta review inspirée… Oui le choix est en train de se nouer et on va encore faire un pas de plus là !
Seize – Sorties
« Bonjour Harry »
L'interpellé sursauta. Hagrid était sorti de nulle part alors qu'il revenait avec Ron et Hermione des serres de botanique.
« Hagrid… » - souffla-t-il.
« Je ne voulais pas te faire peur », dit doucement le garde-chasse. « Juste te parler… »
Harry hocha la tête et regarda ses deux camarades. Ron n'en menait pas très large – plutôt moins que devant le dragon asiatique auquel il avait choisi de retirer une écaille deux nuits auparavant. Hermione avait l'air curieuse, mais quand même intimidée par le ton inhabituellement solennel du garde-chasse.
« Je vous rejoins », finit par proposer Harry.
Les deux autres acquiescèrent et s'éloignèrent lentement. Ron boitait encore légèrement. Harry n'avait même pas besoin de fermer les yeux pour le revoir voler dans les airs, projeté par un grand coup de queue, rouler en boule sur le sable heureusement meuble, se relever et se mettre à courir pour buter contre une pierre qui lui avait fait une entorse. Il n'avait pas besoin d'y réfléchir pour savoir qu'ils étaient passés très près d'une catastrophe…
Une fois de plus, la grande mémoire de Cyrus s'était révélée fort utile pour résorber suffisamment la blessure et éviter d'aller à l'infirmerie. Ron ne s'était heureusement pas trop étonné d'un savoir-faire que Harry et Cyrus avaient prétendu courant au Brésil, et ils étaient rentrés tous les trois sous la cape qui s'était révélée un peu petite.
Harry se demandait encore comment ils avaient évité Peeves ou Rusard dans le mélange d'épuisement et d'excitation qui les terrassait à ce moment-là. Mais il était des moments où il convenait de ne pas trop interroger la chance sur ses raisons…
Certains Gryffondors s'étaient bien étonnés le lendemain que Ron et Cyrus se parlent de nouveau. Harry lui en retenait qu'il n'y avait rien de mieux qu'une sainte-frousse pour réunir des gens que rien n'aurait dû séparer.
D'autres avaient remarqué que Ron boitait. Malgré que ce dernier ait maintes fois prétendu avoir glissé dans la douche, une rumeur avait traîné dans la Tour de Gryffondor selon laquelle les deux s'étaient finalement expliqués poing par poing. Ni réfutée, ni nourrie, la rumeur était morte le lendemain soir. Seule Hermione avait un moment insisté pour savoir comment Ron avait put se blesser – jusqu'au moment où le rouquin avait rétorqué : « une altercation avec un fantôme ». Les compteurs étaient presque tous revenus à zéro…
« Il boite », remarqua Hagrid, tirant Harry de ses réflexions.
« Il a buté contre une pierre », répondit un peu trop vite le jeune garçon.
Le silence retomba entre eux. Le demi-géant restait impassible et immobile, énorme masse de chagrin et de désapprobation et Harry n'y résista pas. Hagrid avait été longtemps son seul ami… le seul adulte dont le statut permettait des choses différentes. Non que Remus n'ait jamais joué avec lui, non que Minerva n'ait pas été toujours prête à lui raconter des histoires, mais Hagrid était différent. Hagrid le traitait généralement comme un égal plutôt que comme un enfant ou un élève… Hagrid ne semblait pas appelé à des tâches aussi supérieures qu'incompréhensibles. Il ne jouait pas de « personnage public » différent du personnage privé… Hagrid avait longtemps été au centre de son univers quotidien.
« Hagrid, je… je suis désolé… »
Le garde-chasse se tourna à demi pour lui faire face. Ses petits yeux noirs enfoncés étudièrent Harry et il souffla.
« C'est toi, hein ? C'est bien toi qui es allé sur l'île ? »
Harry n'eut pas besoin de confirmer. Hagrid soupira, se balança légèrement d'arrière en avant et murmura.
« Je préfère ça… quelque part, je préfère ça… »
« Tu… tu as cru… ? »
« On sait jamais, Harry, avec les bruits qui courent, les fous de magie noire qui rodent… Oui, quelque part, je préfère que ce soit toi… »
Harry ne trouva rien à dire. Mais soudain le demi-géant tonna, le faisant sursauter :
« Mais, par la barbe de Merlin, pourquoi ne m'as-tu pas demandé ? »
« Oh… »
« Tu sais bien que je me serais arrangé ! »
« Et bien… »
« Je te fais peur maintenant ? »
Harry soupira.
« Un ami voulait venir.. » - essaya-t-il d'une voix incertaine.
« Ron ? Ne me dis pas qu'il… »
« Je n'ai pas dit que c'était Ron… » - se défendit Harry.
« Alors qui ? Cyrus ? »
« Hagrid… je peux pas te le dire… d'accord ? Je… Tu peux aller voir papa ! Tu peux tout lui dire, mais… à lui aussi, je dirais que j'y suis allé seul ! » - s'emporta presque Harry.
Hagrid sembla interloqué.
« Il a de la chance ton ami… » - dit-il au bout d'un moment presque blessé.
« C'était mon idée… » - expliqua plus doucement Harry. « Je veux pas que d'autres aient des ennuis à cause de moi… »
« D'autres ? »
Harry se maudit intérieurement de parler autant et reprit, pas loin de souhaiter que Hagrid le fasse :
« Je suis désolé de t'avoir inquiété… Je comprends que tu ailles voir Minerva ou… Papa… » - avoua-t-il plus doucement
Le demi géant laissa échapper un juron rageur et planta des yeux flamboyants dans ceux de Harry.
« Tu veux que j'aille les voir, Harry ? Tu veux que j'aille dire au directeur de Poudlard que j'ai failli à sa confiance et que j'aie été incapable de garder un simple mot de passe ! »
La salive manqua à Harry. Il n'avait jamais réfléchi à la situation comme cela. Jamais penser que la responsabilité d'Hagrid puisse être d'une façon ou d'une autre engagée.
« C'est de ma faute… » - commença-t-il, sincèrement désolé cette fois.
« Non Harry, c'était à moi de me taire… juste de me taire ! Mais moi, toujours si confiant et si bavard, hein, il a fallu que je t'explique tout, sans même que tu me le demandes ! »
Harry allait objecter qu'il avait quand même clairement orienté la conversation, mais le garde-chasse reprenait secouant avec un dépit palpable sa longue chevelure hirsute :
« Et j'aurais pu en faire autant avec n'importe qui ! Ce ne sont pas mes os qui sont trop longs, non, c'est ma langue… »
Harry l'écoutait, pétrifié par cette colère amère qui ne s'adressait même pas à lui. Hagrid reprit alors un ton plus bas.
« Tu sais Harry, Poudlard est ma maison… le seul endroit où je suis accepté… Si je ne pouvais pas être utile ici, où irais-je ? Qui voudrait d'un demi-géant, mal éduqué ? Qui ? Je finirai dans les rues moldues, sans un toit… sans… Dumbledore m'a permis de rester quand… Ton père m'a gardé ! Et toi, tu voudrais que j'aille leur dire que je suis un incapable ?… Juste bon à donner les mots de passe et à te laisser courir des risques imbéciles ? »
« Oh, Hagrid… je… »
« File, Harry, file… c'est l'heure du repas… » - conclut le garde-chasse en se détournant de lui et en s'éloignant d'un pas aussi rapide que furieux.
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C'est un Harry pétri de remords qui se glissa très discrètement dans le réfectoire entre Ron et Hermione. Personne ou presque ne tourna la tête vers lui – à peine un froncement de sourcils de Percy. Et pour cause : le directeur de Poudlard parlait :
« ….Je peux donc confirmer aujourd'hui qu'une sortie exceptionnelle à Pré-au-lard sera organisée samedi dans deux semaines, soit une semaine avant vos vacances... »
Un concert d'applaudissements et de cris de joie interrompit ces paroles et Remus sourit.
« Applaudissez aussi M. Diggory qui nous apporte cette bonne nouvelle… »
Toute la Grande salle obéit avec entrain et bonne humeur, jusqu'à ce que le directeur de Poudlard lève la main comme pour demander la parole.
« Comme je l'avais déjà indiqué, en raison des circonstances, cette sortie sera extrêmement surveillée. Une équipe de cinq Aurors sera dépêchée de Londres pour votre sécurité… »
L'évocation du corps d'élite du Ministère provoqua parmi les adolescents la même excitation que d'habitude et la salle bruissa de commentaires enflammés.
« Vos parents ont été prévenus par hibou ce matin même et sans autorisation écrite expresse de leur part, nul ne pourra y participer… » - continua Remus, calmant par ce simple avertissement les murmures excités, avant de conclure avec un sérieux inhabituel : « Comme les Détraqueurs resteront dans les environs, je tiens à préciser dès maintenant que nul de devra s'écarter des rues du village et surtout, que l'heure du retour sera impérative… Je compte sur vos différents directeurs de maison et l'ensemble des professeurs pour répéter ces consignes de sécurité pendant les deux prochaines semaines. Sachez aussi que tout manquement à ces consignes vous amènera directement dans MON bureau.»
Remus fit une pause pour marquer ses derniers mots et un grand silence lui répondit. Il n'était pas connu pour s'immiscer dans la discipline quotidienne de l'école et les rares cas dans lesquels il était intervenu avaient été suffisamment sérieux pour que personne n'ait envie de bénéficier d'une entrevue particulière avec le directeur de Poudlard.
« Bien, merci encore de m'avoir écouté et bon appétit. »
Les conversations reprirent doucement, remplissant la haute salle de leur habituel ronronnement. Beaucoup faisaient déjà des plans d'achats et les troisièmes années écoutaient avidement les plus âgés leur décrire ce qu'ils pouvaient attendre de Pré-au-lard. Harry, lui, n'arrêtait pas de repenser aux yeux tristes de Hagrid, à sa colère envers lui-même. Il entendait Ron parler avec animation avec Neville de Honeydukes alors qu'il n'y avait jamais mis les pieds. Il entendit Cyrus rire au récit que Lee Jordan faisait de sa première sortie à Pré-au-Lard avec les jumeaux.
Ah, il riait moins quand le Norvégien à crête s'était brusquement réveillé et l'avait repoussé de jets enflammés qui étaient venus griller le bas de son uniforme ! pensa Harry avec une certaine rancœur. Son frère n'avait dû son salut qu'à la diversion qu'avait alors produite Ron en sautant du menhir sur la queue de l'Asiatique doré… Tout ça pour ça… Harry secoua la tête et Hermione murmura :
« Ça va pas, Harry ? »
« Si, si… »
« C'est chouette non, cette sortie ? », demanda alors Parvati qui était en face de lui.
« Génial », répondit sombrement Harry. Puis sans attendre que quelqu'un ne pousse plus loin son enquête sur son humeur, il se leva et quitta le réfectoire.
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« Il y a un problème Harry ? »
« Non. »
Tonks prit un air inspiré et hocha la tête.
« Si tu le dis… C'est vrai que ça ne fait que deux semaines que tu fais la tête en permanence… »
Le premier mouvement d'Harry fut de battre retraite, de prétexter un devoir ou autre chose pour rejoindre ses camarades qui étaient déjà sortis. Mais quelque chose le retint. Bien sûr Ron et Cyrus avaient été sincèrement désolés que Hagrid se soit senti responsable de leur petite escapade. Mais lui, lui qui avait fait parler le garde-chasse et avait encouragé Cyrus et Ron dans leur projet, se sentait singulièrement coupable. Et il avait porté ce remord incessant depuis lors sans pouvoir réellement s'en ouvrir à quelqu'un.
« Je fais pas la tête… je m'en veux.. » - souffla-t-il, en se retournant pour lui faire face.
Tonks eut l'air sincèrement surprise de cet aveu et Harry se demanda ce qu'elle avait pu imaginer.
« Et je ne sais pas quoi faire pour me faire pardonner… » - ajouta-t-il et il eut déjà l'impression que ses poumons respiraient mieux.
La jeune femme hésita un peu avant de demander :
« Tu…. Tu… enfin… C'est quelque chose que je devrais savoir ? »
Harry réfléchit.
« Non. Non, je ne crois pas… L'ami à qui j'ai déjà fait de la peine ne… »
« …ne serait pas content de voir l'équipe enseignante s'emmêler », termina Tonks, avec un air entendu.
« Non », confirma Harry presque à regret.
La jeune femme lui fit signe de venir s'asseoir à côté d'elle. Il hésita puis obéit.
« Est-ce que tu aurais pu faire autrement ? » demanda-t-elle après un moment.
« Je sais pas… en tout cas, jamais j'ai voulu le blesser…au contraire…. »
Tonks hocha la tête et commenta doucement :
« Parfois, Harry, on ne peut rien faire… juste attendre… attendre que cet ami se soit suffisamment calmé pour qu'il accepte nos excuses… »
« Oui sans doute », murmura le jeune garçon. Il sentait la chaleur humaine de Tonks à côté de lui. Proche, douce et rassurante. Il aurait aimé être plus proche encore mais il n'osait pas. Mais elle passa un bras léger et enveloppant autour de ses épaules.
« C'est dur de grandir, hein ? »
« Oui », répondit sombrement Harry.
Ils restèrent ainsi silencieux, mais Harry sentit que sa morosité s'allégeait d'elle-même et il osa se laisser aller contre l'épaule de sa…. mère adoptive ?... Il savait qu'il n'avait pas pour elle le lien profond qu'il ressentait pour Remus. Non. Il n'avait rien besoin de lui prouver. Il n'avait pas non plus cette affection tranquille que Cyrus montrait pour la jeune femme. Non plus. Mais il lui faisait confiance, profondément confiance. Il respectait son jugement, et se sentait protégé par elle. Elle faisait clairement partie de sa famille. Sans doute était-ce suffisant.
« Tu vas avec qui à Pré-au-lard, demain ? » lui demanda-t-elle finalement.
« Ron et Hermione… »
« Ils ont l'air réconciliés. »
« Oui. »
Harry se demanda si Tonks voulait savoir où en étaient ses relations avec Cho, mais il ne se sentit pas le courage d'aborder le sujet.
« Tant mieux. » Elle regarda sa montre et soupira. « Faut que j'y aille, les Aurors arrivent et je dois aller avec Alastor les chercher à la gare… Amusez-vous bien demain… » Ils se séparèrent et elle se leva pour récupérer la pile de livres et de parchemins qu'elle avait préparée et ajouta : « au risque d'avoir l'air affreusement parental, traînez pas, hein, soyez là à quatre heures, d'acc ? »
Harry lui sourit :
« Promis. »
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« Bon, si on finissait par une Bièraubeurre ? » suggéra Harry. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas visiter toute les boutiques avec Ron et Hermione, mais ça faisait huit ans qu'il vivait à côté du village magique, qu'il y allait faire des courses et manger au restaurant et il ne voyait vraiment pas en quoi la poste magique était si « incroyable » – pour reprendre les mots d'Hermione.
« Si tu veux », répondit celle-ci. « J'ai jamais bu de Bièraubeurre, c'est fort ? »
« Non, rien à voir avec la bière moldue », répondit Ron, « c'est chaud et délicieux ! »
Sur cette promesse, ils entrèrent aux Trois Balais où Mme Rosmerta les accueillit avec un grand sourire :
« Harry ! Ah j'attendais ce jour, où l'on te verrait entrer ici tout seul ! Et ce sont tes amis ? Laisse-moi deviner… Toi, tu dois être un Weasley ! »
Harry présenta Ron et Hermione et commanda trois Bièraubeurre – commande récompensée d'un clin d'œil complice de la tenancière du bar. Il guida ensuite ses deux amis vers un recoin du pub.
« Ici, on verra tout sans être vu », leur apprit-il. « C'est la place préférée de Minerv… de McGo »
« Elle t'emmenait ici ? » demanda Hermione clairement amusée.
« Quand j'étais petit le week-end parfois… ou pendant la pleine lune… » - répondit distraitement Harry, qui observait derrière eux un groupe de Serdaigles où il avait reconnu Marietta. Mais Cho n'avait pas l'air avec eux.
« Tu sais, Harry, je me demande parfois comment tu fais pour…. Pour paraître si distant avec eux tous », commenta Ron, un peu rêveur.
Harry haussa les épaules :
« Ça a toujours été comme ça… mon père était aussi le professeur Lupin… j'allais dans la classe de Rogue et de McGo parfois… mais je les connaissais aussi lors des fêtes privées, des dimanches… c'est un jeu te dirait Severus… »
« Tiens à propos ! » souffla Hermione désignant la porte d'un coup de menton. La Maître des Potions entrait, faisant par sa seule présence baisser la température de la pièce et le niveau des conversations.
« Avec Fudge ! » ajouta Ron, avec une exclamation étouffée.
« Ah ça c'est notre chance, tiens ! Tu paries que s'il nous voit, Fudge va vouloir me parler ! Toi aussi d'ailleurs, les enfants du Ministère sont un peu les siens ! »
Ron grimaça.
« Mobiliarbus ! » articula alors Hermione, déplaçant ainsi un imposant arbre de Noël pour venir cacher complètement leur table à la vue de la salle.
« Minerva apprécierait », sourit Harry. Mais son sourire s'évanouit quand les deux hommes vinrent se placer à la table la plus proche de l'arbre.
« Merci, Severus d'avoir accepté de m'accompagner… » - disait le Ministre britannique de la magie.
« Mais, M. le ministre, l'honneur est pour moi… »
«J'aurais aimé que Lupin se joigne à nous », continua Fudge d'un air contrarié.
« La sécurité… » - commença le Maître des potions sur un ton mondain.
« La sécurité, professeur Rogue ? Vous ne croyez pas que vous en faites un peu trop ! » -s'emporta le Ministre comme si cette rancœur avait couvé depuis des semaines en lui. « Comme si la communauté magique avait besoin de menaces fantômes et de rumeurs fumeuses ? »
Rogue prit le temps de répondre.
« Il me semble, M. le Ministre, que nous ne faisons qu'appliquer scrupuleusement les consignes du Ministère… »
Fudge soupira.
« Ces consignes n'auraient jamais existé si certaines personnes n'avaient pas fait tant de bruit autour de cette stupide évasion…Je ne comprends pas pourquoi Dumbledore, Lupin et vous–même êtes si surs que Poudlard soit menacé ! Laissez-moi continuer ! Jamais je n'ai vu Dumbledore aussi pointilleux, Lupin aussi ouvert à l'intervention du Ministère et votre position alarmiste – je me rappelle de votre sortie grandiloquente à la rentrée ! – ne cesse de m'étonner. Alors je me pose des questions : soit vous savez des choses que j'ignore…. »
« Soit ? » demanda sèchement Rogue.
«…soit vous prenez tout cela trop au sérieux… et quand je lis les rapports des Aurors et de Croupton, je me convainc aisément que la deuxième explication est la bonne ! »
« Trop au sérieux ? »
« Oui… Ce n'est pas Poudlard qui vous inquiète, hein, c'est… l'avenir du petit Harry… Même vous… nous avons tous un faible pour ce garçon…. Mais laissez-moi vous dire Rogue, aussi timbrée soit Bellatrix Lestrange, moi je suis sûr qu'elle à trouver plus malin que de se cacher au fond d'un cachot de Poudlard pour supprimer celui qui empêcherait le retour de… Vous-Savez-Qui… ou pour de faire mentir une quelconque prophétie…»
« Une quelconque prophétie », répéta Rogue d'une voix étrangement neutre et sans timbre.
« Oui, vous savez bien, celle faite avant SA naissance… » - expliqua Fudge, l'air gêné. « Ne me dites pas que vous n'êtes pas courant ? »
« Je suis au courant », répondit sobrement le sous-directeur de Poudlard.
Derrière l'arbre de Noël, les trois Gryffondors entendirent nettement le Ministre inspirer avant de reprendre :
« J'en suis sûr… et je crois aussi que vous y apportez trop d'importance… Harry est un garçon brillant certes mais, à ce que j'ai pu voir, il n'a rien de… extraordinaire, n'est-ce pas ? Rien de ces pouvoirs spéciaux que Dumbledore anticipait… un garçon doué, relativement poli et aussi intéressé par le Quidditch et les blagues que la majorité des garçons de son âge… » -conclut le Ministre avec un petit rire. « Si vous croyez que je ne sais pas qu'il a trempé dans le sortilège d'allégresse jeté pendant la cérémonie des vœux l'année dernière… »
Rogue sembla hésiter à répondre.
« La question n'est peut-être pas Harry, mais l'image que d'autres peuvent se faire de lui… Comme vous l'avez souligné, M. le Ministre, Lupin s'est donné beaucoup de mal à l'élever comme un enfant normal mais…. »
« Mais quoi ? Allons, allons, professeur Rogue, … vous allez me ressortir que c'était Vous-savez-qui qui manipulait ce pauvre fou de Quirrel il y a deux ans, c'est ça ? Tout cela n'est pas bien sérieux… Nous savons bien qu'IL a disparu… »
« Puisque nous le savons… » - répondit Rogue avec un degré de sarcasme qui en disait long sur l'état de sa patience.
« Allons, nous savons que Harry a résisté à… à ce monstre grâce au sacrifice de sa mère… et non en raison d'une quelconque prophétie qui lui aurait donné une mission ou des pouvoirs particuliers… Et nous savons que cette abomination a, dieux merci, durablement disparu de la circulation... »
« J'aimerais partager vos convictions, M. le Ministre, mon sommeil serait plus profond… »
« Et moi, j'aimerais me dire que vous n'allez pas, tous autant que vous êtes, coller des idées de grandeur et de destiné dans la tête d'un gamin que JE vous ai confié… » - s'agaça de nouveau Fudge.
« M. le Ministre me fait beaucoup d'honneur mais je n'ai jamais réclamé la garde de Harry Potter et je laisse tout le crédit de ce qu'il est aujourd'hui au professeur Lupin… » - contra implacablement le Maître des Potions.
Fudge remua sur sa chaise et ajouta plus bas :
« Dites-moi, Rogue que sait le petit Harry de la Prophétie ? »
Rogue soupira et répondit très doucement lui aussi.
« Je ne les jamais entendu y faire allusion l'un ou l'autre devant moi… »
« Ce qui ne veut rien dire….bien sûr… »
« M. le Ministre, » intervint alors Rogue, « je suis désolé de devoir interrompre cette… passionnante conversation… mais il est presque quatre heures et nous avions prévu que tous les directeurs de maison soient là pour vérifier le retour des élèves… »
« Oh oui, bien sûr, il ne faut surtout pas que … qu'un autre regrettable incident inquiète les parents… Je vous accompagne !»
Les deux hommes se levèrent et se dirigèrent vers le comptoir pour payer. Harry, qui s'était à demi levé pour mieux entendre, se laissa retomber sur sa chaise, livide.
« C'est quoi cette histoire de… de prophétie ? » demanda Ron.
Harry secoua la tête, incapable d'articuler les pensées étranges et angoissantes qui l'assaillaient.
« Tu n'en as jamais entendu parler ? » insista Ron.
« Non », souffla Harry, absent.
« Mais… »
Hermione intervint : « Si Rogue rentre, on devrait faire pareil, non ? »
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Malheureusement pour moi, vous avez une longueur d'avance sur le trio et vous savez ce qu'est la prophétie… Restent les conséquences de cette révélation, et là….
Dans le prochain chapitre, le passé revient hanté le présent… mais comme il est difficile de séparer le bien du mal, il va se révéler hasardeux de prendre des décisions…. Savoirs me paraît relativement indiqué pour l'instant… Je vous mettrais ça lundi prochain… Courrier bienvenu !
