L'inné et l'acquis
Thamril… Harry en colère… on y vient… Hagrid ? Encore une merveilleuse idée de Alixe…
Contente de revoir Hinkyponk, l'exterminatrice de Black… Exploration des personnages ? On y retourne…
Lulu… Fudge ? Je vois pas pourquoi je me passerais d'un crétin pareil (ça vaut pour Lazoule et Titou aussi)…Conversations ? On y vient… Passionnantes ? On va voir… Bellatrix ? Mais si je dis tout quel est l'intérêt ?
Alana Chantelune… Oui dans cette famille, quand tout rentre dans l'ordre, c'est inquiétant… ça va pas s'arranger d'ailleurs… tu vas regretter leurs bêtises, tu vas voir…
Harana, t'es sérieuse ?
Ça va trop vite nous dit Fée Fléau…. J'ai peur que tu sois un peu la seule à penser ça… Je ne te parlerais pas de tes prémonitions, les vérifiées comme les à voir… mais de Harry/Cyrus… ça m'embête s'ils semblent réagir de la même façon… parce que dans ma tête non… du coup j'en redemande : ils réagissent comment alors ?
Lazoule… Ouais, va falloir qu'il assure le Remus, bien d'accord…
Ryan… décidément Ryan je vais m'habituer à que tu me laisses de longues reviews, méfies toi ! Oui ça s'accélère, rappelle-toi ma théorie de la cocotte minute… et puis ça ne va pas se calmer dans les deux qui suivent et même le 20… (j'en suis au 21)… Sinon Rowlings dit plus ou moins qu'il a un pouvoir que Voldie n'a pas… On suppose tous que c'est l'amour, l'empathie un truc comme cela… mais reste la question de l'expérience…
Halexia Black… du mouvement, mais oui, mais oui… enfin, là, on prend encore un peu d'élan…
Guézanne… avec facilité je choisis de répondre au parallèle Remus/Harry pour avouer, sous la torture, que oui, je colle consciemment le comportement de Harry sur ce qu'aurait fait Remus jeune… ça va peut-être être moins vrai dans les chapitres à venir…
Petite Plume… Le tact de Remus ?... le tact de Remus… et la colère d'Harry ?
Lunenoire… aurait voulu qu'ils se fassent étriper… les dragons, le père, la garde-chasse…et on me dit un peu cruelle !
Mystick veut la suit quand même… Faut pas être parano, hein ? Lol… Et bien la voila !
Attention, long chapitre en plus !
Dix-sept : Savoirs
Hermione, Harry et Ron avaient couru jusqu'à Poudlard, sans faire une seule pause. Et tout le chemin, Harry s'était dit qu'il était content de devoir courir, ça lui évitait de pouvoir réfléchir et ça empêchait Hermione et Ron de poser des questions…
Quatre heures avaient sonné quand ils arrivèrent, mais heureusement, un grand nombre d'élèves étaient rentrés au dernier moment, et une longue queue s'était formée au passage de la grille où chaque directeur de maison notait les retours. Harry, Ron et Hermione n'eurent qu'à se mêler au troupeau.
Quelques élèves taquinèrent Harry légèrement, sur les risques qu'il courrait de se retrouver dans le bureau de son père en arrivant à la dernière minute, mais il parvint à sourire. Il réussit tout aussi bien à soutenir le regard inquisiteur de Minerva McGonagall, mais les yeux inquiets de Ron et Hermione ne cessèrent de lui brûler la peau.
Harry se sentait incapable de discuter avec eux de ce qui venait de se passer. Il se sentait d'ailleurs incapable d'en parler avec quiconque. L'idée que tous aient été au courant d'une prophétie le concernant, que tous lui aient caché… le dévorait de l'intérieur. Insidieusement, lui revenaient en mémoire les insinuations de Quirrell sur son destin… et même les paroles du double psychique de Voldemort l'année précédente… Ces paroles restaient monstrueuses, mais leur sens s'étoffait avec l'idée de cette destiné qui l'aurait dépassé.
Comment Remus avait-il pu se taire ? Comment avait-il pu l'assurer jour après jour, année après année, de sa confiance et de son amour et lui cacher pourquoi tant de choses incroyables lui arrivaient ? La phrase de Fudge revint, aussi assassine qu'une lame trempée dans du sel : « aucun des pouvoirs exceptionnels que Dumbledore anticipaient ». Harry ne put s'empêcher de frissonner comme gagner par la fièvre. Est-ce que son père adoptif comme son grand-père, ou Don Leandro ne lui avaient-ils tous pas répété combien ses pouvoirs étaient importants ? Et combien ceux-ci provenaient sans nulle doute de son affrontement avec Voldemort ? Et instinctivement, il porta sa main à sa cicatrice… « Cette cicatrice qui le sépare du commun des mortels », avait dit Sybil... A qui ces pouvoirs devaient-ils servir ? Que disait le prophétie ? Pourquoi Remus s'était-il tu ?
Il traversa sans s'arrêter le Grand Hall, sans même un ralentissement pour l'entrée de l'aile des professeurs, malgré le regard implorant d'Hermione. Il s'était contenté de secouer lentement la tête. Non, il n'irait pas voir son père avant d'en savoir plus… Il ne se voyait pas l'accuser du but en blanc de lui avoir caché cette prophétie… Quelle prophétie, d'ailleurs ? Comment pouvait-il aller poser de bonnes questions sans même savoir de quoi il s'agissait ? Et sans les bonnes questions, il était sûr que Remus resterait sur sa précédente stratégie de silence… après tout ça ne serait pas la première fois. Non, il devait savoir d'abord.
Tout en marchant d'un pas calme et régulier, presque hypnotique, vers la Tour de Gryffondor, il fouillait sa mémoire à la recherche de bribes, d'indices concernant cette prophétie. Et puis soudain, il eut ce flash. Il réentendit la voix déchirée de Queudver articuler avec dépit : «Comment aurais-je pu croire que la prophétie était vraie ?»
Il ne se souvenait plus que Remus ou Minerva aient alors répondu quoi que ce soit sur ce sujet. Est-ce que ça pouvait être la même prophétie ? Ça ne pouvait pas être autre chose, raisonna-t-il. Et cette certitude lui donna d'abord très froid. Mais son cerveau continua, indifférent au chagrin du petit garçon qui avait aimé croire qu'il était 'normal'. Il parcourut tout le chemin de cette piste poussiéreuse et angoissante : si cette prophétie avait été connue de Queudver, alors….
Alors il savait ce qu'il devait faire.
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La porte s'ouvrit doucement et Cyrus se glissa le premier dans leur cachette.
« Ça faisait longtemps… » - murmura-t-il appréciateur.
« T'y as pas encore amené Archi ? »
« Tu déconnes ou quoi ? »
Harry haussa les épaules. Il n'était pas venu là pour se disputer avec Cyrus, non. Il avait besoin de lui. Et il savait depuis la fin des vacances que ce n'était pas obligatoirement une chose facile pour son petit frère d'explorer la grande mémoire de Sirius. Il avait aussi compris que Cyrus n'aimait pas le faire. Alors non, il devait s'abstenir de passer sa frustration sur lui, de le provoquer – surtout aussi gratuitement.
« Cyrus… cet après-midi, j'ai… j'ai entendu Rogue et Fudge discuter… » - commença-t-il incapable d'attendre davantage.
« Rogue et Fudge ? » répéta Cyrus.
« Oui… Ils ont parlé de papa, de moi… »
« De moi aussi ? » s'enquit son petit frère pas l'air franchement intéressé.
« Non. Ils ont parlé d'une prophétie, une prophétie faite avant ma naissance si j'ai bien compris… »
« Ah ? » commenta Cyrus étouffant un léger bâillement.
« Ça ne te dit rien ? » insista Harry.
« Ah moi ? Non. »
« Cyrus… Sirius doit savoir, Rogue sait ! »
Les yeux noirs, d'un noir si profond que la pupille s'y noyait, de Cyrus l'observèrent longtemps avant de répondre.
« Rogue… Tu sais, je ne crois pas qu'ils aient été très amis, Sirius et lui », dit le jeune garçon, avec un haussement d'épaule fataliste « J'ai essayé de trouver des souvenirs de Severus jeune mais… rien… ou presque rien… des trucs qui s'arrêtent brutalement… soit ils se fréquentaient peu, soit…»
« Soit ? »
« Soit Sirius ne veut pas que je sache… »
Harry avala précautionneusement l'information. Il savait que Severus et Sirius n'étaient pas des amis. Il l'avait compris cette soirée étrange chez Grand-père Albus qui avait suivi l'arrivée de Cyrus dans leur vie. Il se souvenait de leur affrontement sans pitié dans les souvenirs offerts par Cyrus à Hermione. Mais son frère semblait penser que leur inimitié avait des racines plus profondes encore. Et puis, il y avait cette idée que Sirius puisse choisir contrôler ce à quoi Cyrus avait accès.
« C'est possible ça ? » demanda-t-il finalement.
« J'en sais rien », répondit calmement Cyrus.
Une nouvelle fois, l'aîné de l'étrange fratrie Lupin pesa ses mots.
« Tu veux dire que tu n'en as parlé à personne ? »
« Oui. »
Ils se turent tous les deux, allongés sur le sol dur dans la demi-pénombre de la toute petite pièce au plafond bas, juste éclairé par des bougies.
« Si… si tu veux… je… je peux chercher », proposa finalement Cyrus comme si c'était la conclusion logique de tout ce qui s'était échangé précédemment.
« Chercher quoi ? »
« Ta prophétie »
Ma prophétie, se répéta intérieurement Harry. Est-ce MA prophétie ? Parle-t-elle que de moi ? Mais il se contenta de demander :
« Quand ça ? Maintenant ? »
Cyrus haussa les épaules.
« Maintenant ou plus tard… »
« T'es pas obligé… »
« Dis-moi plutôt ce que tu sais », l'interrompit son frère en roulant sur le côté pour lui faire face. Harry soupira.
« Pas grand-chose… avant ma naissance… une prophétie…une prophétie me liant à … Voldemort… A priori, Queudver la connaissait… »
Cyrus se tendit et Harry hésita. Il n'était pas aisé de détacher en Cyrus l'inné de l'acquis, de savoir ce qui venait de Sirius et ce qui était le fruit de sa propre expérience. Mais tout –bonheur et malheur, tout ce qui se rapportait aux Maraudeurs semblait toujours le toucher au-delà de ce que lui pouvait ressentir, comme si ces évocations là avaient un pouvoir particulier à passer les frontières psychiques et temporelles.
Harry fut tenté de laisser tomber, de protéger la psyché de Cyrus des fantômes qui rodaient dans les souvenirs de Sirius. Mais les paroles de Fudge revinrent, ainsi que les insinuations de Parvati ou les doutes de Ron… Un destin ? Quel destin ?
« Queudver savait… Rogue a dit à Fudge qu'il était au courant… Je sais pas s'il l'était à l'époque… Fudge aussi… Papa, c'est sûr… Ils en ont parlé… Peut-être Grand père… »
« Je vois pas comment il aurait ignoré une chose pareille ! » le coupa Cyrus en levant les yeux au ciel.
« Donc Sirius aussi… Sirius était mon parrain… » - insista Harry, conscient de son obstination, mais incapable de la contenir.
Cyrus hocha la tête comme pour dire qu'il n'avait pas besoin de développer. Il s'assit à même le sol, les jambes croisées et ferma les yeux. Harry se tint tranquille pendant de longues secondes et d'interminables minutes, étudiant sans fin le visage impassible de son frère. Son cœur battait de manière inexplicable. Il allait exploser quand la voix de Cyrus s'éleva étonnamment désincarnée, sans âge, sans émotion, comme pour décrire une expérience ou un paysage inconnu :
« James… James parle… Il est inquiet… Il parle de Lily… de Dumbledore… de ce que lui a dit Dumbledore… ils sont en dangers… Lily, James et toi… Voldemort s'est mis en tête que vous étiez ses ennemis… Ils doivent se cacher… tout de suite…»
« Une prophétie ? » le pressa Harry.
Cyrus sans ouvrir les yeux secoua la tête.
« Dumbledore… Dumbledore dit qu'il faut prendre cela au sérieux… Lily rit… elle pleure aussi… Sirius… Sirius promet… un traître… Qui peut être le traître… ils ne sont pas d'accord…»
Cyrus s'interrompit brusquement, il ouvrit plusieurs fois la bouche comme pour parler mais les mots lui manquèrent.
« Non » souffla-t-il, « non, Sirius se trompe… »
« Quoi ? Qu'est-ce que tu vois ? »
« Des morts, des hommes des femmes, des enfants… des sorciers, des moldus… Bien sûr, il y a un traître… peut-être même plusieurs… »
« Queudver ? » interrogea encore Harry.
« La tentation ? Lily n'y croît pas… sage Lily… les yeux d'Harry…mon frère… tous frères… le traître… »
Dans la voix du jeune garçon, il y a une émotion croissante, presque des larmes. Cyrus se mit à trembler et Harry eut soudain très peur. Cyrus allait trop loin, trop loin dans la mémoire de Sirius, il allait s'y perdre… et comme à chaque fois, il allait sans doute perdre connaissance, là au tréfonds du château, dans cette salle minuscule où on accédait par un boyau, en rampant…
« Cyrus ! Cyrus, arrête ! Ça suffit ! Tu m'entends ? C'est moi, Harry ! Reviens ! »
Mais son frère se tendit comme si la douleur le traversait et résonnait dans son corps. Il sembla soudain lointain et inaccessible, au plus profond de souvenirs que Harry ne pouvait partager avec lui. Encore qu'une idée s'imposa à lui, douloureuse et contradictoire.
« Ils parlent de papa, hein ? Ils parlent de Remus ? » - pressa-t-il. Evidemment, ils avaient cru que Remus était le traître… et pendant des années, Harry leur en avait voulu d'avoir cru ça… Mais ce soir, il doutait tellement de tout qu'il aurait aimé entendre comment James et Sirius avaient construit leur certitude… Mais de nouveau Cyrus semblait suivre un autre fil de sa mémoire.
« Et il y a les morts… Regulus… et ceux qui le seront bientôt… Sirius ne veut pas mourir », marmonna encore son frère comme happé encore plus avant dans les méandres trop grands de cette mémoire qu'il entreprend de visiter.
« Cyrus », s'affola Harry « Cyrus, arrête… c'est pas grave… reviens, reviens »
« Je te protégerai, Harry, je le jure », articula-t-il soudain d'une voix rauque. Et comme si on avait coupé les fils d'un pantin, soudain il glisse sur le côté en marmonnant : « Quelle connerie, cette prophétie… »
« Cyrus ! »
Harry le secoua autant qu'il put, l'appela, l'encouragea, mais Cyrus ne lui répondit pas. Il n'était pas inconscient, mais il semblait toujours pris dans des visions intérieures qu'il paraissait incapable de contenir. Et puis soudain il trembla et, une fois de plus, Harry craignit qu'il ne s'évanouisse.
Mais ses lèvres chuchotèrent quelques choses, quelque chose qu'Harry ne put saisir mais qu'il eut pourtant l'impression de connaître - une incantation ? Et le pop caractéristique qui suivit donna la clé. Cyrus s'était transformé et un jeune chien noir et pataud fut allongé sur le sol contre Harry, tiède et doux.
Ça fait longtemps que Harry n'avait pas vu Patmol et il était surpris de le voir si grand. Cyrus avait-il tant grandi ? A moins que ce ne fût le fait de le voir allongé qui donna cette impression.
« Patmol », murmura-t-il laissant sa main lisser le poil chaud. « Je suis désolé… j'aurais jamais dû te demander ça… »
Le chien gémit, très doucement et il ouvrit les yeux. Des yeux étonnamment sombres et intenses comme ceux de l'enfant qui se tenait là quelques secondes auparavant. Puis le chien se hissa péniblement sur ses pattes, donnant de petit coup de museau à Harry.
« Quoi ? Qu'est-ce que tu veux ? »
Le chien prit sa manche et tira dessus.
« Mais quoi ? Tu veux qu'on rentre ? Dans cette forme là ? »
Le chien sembla s'exaspérer, il gémit de nouveau, aboya. Harry le regarda sans comprendre.
« Qu'est-ce que tu veux ? »
Et puis l'idée s'imposa, simple, lumineuse, évidente et Harry se demanda comment et pourquoi il ne l'avait pas eu avant.
« J'y arriverai pas », murmura-t-il, presque intimidé.
Mais Patmol ne le lâchait pas, il mordillait sa manche et léchait sa main comme pour l'encourager et Harry finit par se décider. Il s'assit à son tour en tailleur sur le sol, le cœur battant. Il s'efforça de vider son esprit et de calmer sa respiration ainsi que Léander puis Minerva le lui avaient conseillé. Il s'emplit de l'image d'un jeune loup, telle qu'il avait pu en voir dans des livres, image qui ramena le souvenir de la forme de son père adoptif les soirs de pleine lune… instinctivement Harry la repoussa. Il n'était pas sûr qu'elle l'aidait en quoi que ce soit, à ce moment-là.
Il sentit Patmol qui glissait son museau dans sa main et il se laissa envahir par l'affection qu'il ressentait. Elle balaya toute cette rancœur qui l'avait envahi. Il prononça l'incantation d'une voix forte et sûre. Un pop haut et clair accompagna sa transformation complète.
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Heureusement que c'était dimanche.
Oui, c'était sans doute la seule pensée positive à laquelle Harry pouvait se raccrocher et, en toute logique, il aurait dû en reconnaître le crédit à son frère qui venait de fermer la porte et de sortir. Mais les mots que ce dernier avait lancés avant de quitter le dortoir des troisièmes années Gryffondor flottaient encore dans les airs, et Harry sentait encore son sang bouillir à la simple évocation de toute la provocation qu'ils contenaient.
Il faut dire que la journée n'avait pas à proprement parler bien commencé. Quand il avait ouvert les yeux, il s'était vraiment demandé où il était et il lui avait fallu du temps pour réaliser qu'il était dans son lit et dans son dortoir. Enfin sur son lit. Tout habillé.
Il s'était assis et avait doucement tiré les rideaux, s'attendant à voir ses camarades en train de s'habiller ou de traîner paresseusement dans la chambre. Mais la pièce était aussi vide et silencieuse qu'elle était lumineuse.
Il est tard, proposa son cerveau.
En tendant la main vers sa table de nuit à la recherche d'un réveil pour vérifier la possibilité de cette hypothèse, il se rendit compte qu'il avait des courbatures monstrueuses. Et ceci l'étonna. L'heure, elle, l'inquiéta : midi !
Il eut un sursaut d'adrénaline, une urgence à se jeter hors du lit pour courir dans les couloirs et rattraper ses cours perdus… et il alla jusqu'à la salle de bain en titubant pour se jeter de l'eau froide sur le visage.
Un rire un peu trop connu le fit se retourner.
« T'es dans un sale état, dis-moi grand frère !»
« Cyrus ! Mais… »
« Cool, mec… c'est dimanche… »
« Dimanche », répéta Harry. « Oh oui, dimanche… »
« Heureusement, non ? »
Harry s'assit sans regarder sur le lit de Neville et Trevor, endormi sur le couvre-lit, protesta de manière sonore. Il passa sa main encore mouillée dans ses cheveux, essayant de se concentrer sur cette sensation. Dimanche… bon, le pire n'étant pas… restait à recoller les morceaux du reste !
« J'ai l'impression de me réveiller d'un cauchemar… » - murmura-t-il.
« T'exagère un peu, non ? Merci bien ! » - protesta Cyrus en s'asseyant en face de lui et en coinçant la retraite du crapaud avec l'oreiller de Neville. Harry le regarda faire et haussa les épaules.
« T'es en mal de fleurs, Harry ? Bon, c'est bien parce que c'est toi : tu as réussi à même pas 14 ans ta première transformation complète en Animagus et tu as tenu plus de deux heures… Tu pourrais avoir ta photo dans le journal, tu sais ? »
« Génial »
Cyrus soupira en levant les yeux au ciel.
« T'as mal partout ? » s'enquit-il tout en essayant d'attacher Trevor avec une écharpe de Neville qui traînait sur le lit.
« Pire que ça », reconnut Harry.
« Normal… mais t'as de la chance… Comme même Poppy est au courant, tu pourras aller te faire offrir une bonne potion requinquante… Un petit luxe que James et Sirius n'ont pas eu à leur époque… »
Harry considéra l'idée avec circonspection. S'il allait voir Poppy, il pouvait être sûr que dans les secondes qui suivraient tout Poudlard…. Enfin presque… saurait… Et il ne savait pas s'il en avait très envie. Il finit par grincer :
« Fiche la paix à ce crapaud, tu veux ! »
Cyrus l'observa de derrières ses longues mèches brunes avant répondre.
« J'ai rêvé cette nuit », finit-il par proposer, en se redressant et laissant partir le petit batracien hors de sa portée sans même un regard.
« Ah ouais ? »
« Un drôle de rêve… » - reprit son petit frère apparemment peu touché par la mauvaise humeur persistante de Harry. « J'ai vu Sirius et Severus se battre en duel… enfin au début, c'était eux… et puis… Sirius s'est transformé… »
« En chien ? » demanda Harry presque malgré lui.
« Non… en phénix… »
« En phénix ! »
« Oui… et Severus voulait le suivre mais il ne pouvait pas… il… c'était comme s'il était attaché… attaché par le poignet gauche… quelque chose de sombre et lumineux en même temps… quelque chose de brûlant.» Cyrus secoua la tête.
« Et puis ? »
« Je me suis réveillé… » Cyrus haussa les épaules. « Il était déjà 10 heures… Archibald avait faim et il venait de me verser un verre d'eau sur la tête… »
Harry pouffa.
« Qui se ressemble s'assemble ».
Cyrus se contenta de sourire, les yeux perdus dans le vague. Ils restèrent ainsi quelques secondes silencieux, jusqu'au moment où le plus jeune reprit très doucement.
« Depuis que je me suis réveillé, je repense à cette nuit… Je suis désolé si je n'ai pas trouvé le souvenir exact de ta prophétie… Il est possible que Sirius n'ait pas été là à ce moment -à… J'ai découvert qu'il est plus difficile pour moi d'avoir accès à des choses qu'on lui a raconté qu'à des choses qu'il a lui-même vécues… »
« Ah… »
« Mais de toutes façons, Harry, je ne comprends pas pourquoi tu vas pas voir Papa… »
Harry se laissa tomber à plat dos sur le lit et prit son temps pour répondre. Ce n'était pas simple comme question.
« Parce qu'il va me balader… » - finit-il par articuler.
« Tu peux pas lui reprocher d'avoir voulu te protéger, Harry… »
Mais me protéger de quoi ? - aurait voulu hurler Harry mais, au lieu de cela, il répliqua, glacial : « Excuse-moi mais ce rôle-là, il te va assez mal !»
Son frère haussa les épaules.
« Peut-être… En tout cas, j'ai aussi pensé à ce rêve… et je pense que ce rêve, c'est Sirius qui me l'a envoyé… »
Encore furieux des « conseils » de Cyrus, Harry retint la question qui lui brûlait les lèvres.
« Je pense qu'il veut me dire qu'ils se sont battus, mais que je ne dois pas juger leur passé… Sirius a été plus brillant… mais il a payé le prix fort pour cela… et s'il n'avait pas été un 'phénix'… Tout le monde n'a pas deux chances, Harry »
« Et Severus ? » demanda Harry, un peu intimidé par l'air étonnamment grave de son petit frère.
« Quelque chose comme… il a été empêché… attaché…. » Cyrus se tut de nouveau puis murmura : « j'ai décidé de parler à Papa de ce rêve….de mes rapports avec ma mémoire…»
Harry déglutit. Ça faisait des mois qu'il poussait son petit frère à cela et aujourd'hui il se sentait pris au piège par sa décision. Cyrus lut sur son visage comme dans un livre :
« Dans cinq jours, ce sont les vacances de Noël… Je trouverais bien l'occasion de lui parler de ça… sans mentionner nos petites expériences, si tu ne veux pas… mais ce serait plus simple si… »
« Tu sais, c'est quand même pas Merlin en personne » - le coupa Harry avec un peu de dérision, « il a pas la solution à tout ! »
Cyrus secoua la tête, se leva, époussetant des poussières imaginaires sur son uniforme. Il se dirigea vers la porte, l'ouvrit très lentement et se retourna pour la refermer. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il lâcha :
« Qu'est-ce que t'es con quand t'es en colère, Potter !»
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Ils se tenaient l'un et l'autre en haut des marches du perron de Poudlard. Au loin, on distinguait deux silhouettes juvéniles et frêles qui encadraient la haute stature du garde-chasse. Tous les trois remontaient l'allée centrale dans la neige fraîche et poudreuse qui était tombée la veille comme pour marquer le passage de l'automne à l'hiver.
« Les voilà », murmura Tonks, très doucement.
« Oui », répond Remus et dans sa voix elle peut percevoir tant d'affection et d'anticipation qu'elle ne peut retenir un sourire.
« Tous les profs attendent les vacances mais toi, plus que les autres… »
« Je sais… je suis incorrigible… je ne peux que les vouloir près de moi, les entendre, les sentir… Ça fait des semaines que je les vois que de loin !»
« Tu vois Harry…. »
« Oui mais… autrement qu'en prof ou directeur… »
« Ils partiront tu sais….bientôt », lui rappela-t-elle alors d'une voix étonnamment grave.
« Je sais… » - répondit-il, d'une voix qui souriait. « Ne t'y trompe pas, je sais… mais ça rend leur présence d'autant plus importante » Il se tut quelques secondes et ajouta : « Tu verras ».
Elle prit à son tour son temps pour demander :
« On va leur dire ? »
« Oui, bien sûr… »
« Quand ? »
« Quand ça viendra… et ça viendra, ne t'inquiète pas… Tes sautes d'humeur et de forme vont bien finir par attirer leur attention…»
« Remus… »
« Allons ne te vexe pas, c'est naturel… Te rends-tu compte ? N'es tu pas excitée de faire quelque chose d'aussi naturel ? Moi, je ne cesse de m'émerveiller de pouvoir en être la cause... »
« On aurait dû attendre… » - soupira-t-elle contre toute attente.
Remus se tut, on pouvait entendre maintenant nettement la voix de baryton de Hagrid et les piques que lui lançaient les garçons. A leurs gestes et aux mots que ses oreilles de loup saisirent au vol, il comprit qu'ils parlaient de dragons et il soupira bruyamment.
« Tu vois, tu regrettes », se méprit la jeune femme.
« Non, je regrette juste que Hagrid n'ait pas réussi à cacher l'existence des dragons aux garçons avant la première épreuve… » - expliqua Remus avec un agacement certain.
« Oh, tu crois qu'ils savent depuis longtemps ? »
« Je préfère pas le savoir, Tonks », soupira-t-il de nouveau. « Depuis un quart d'heure, je suis officiellement en vacances et je ne vais pas commencer mes vacances en m'enfermant dans le rôle parfois pesant de directeur de Poudlard… »
« Et le père ? »
« Le père est encore assez jeune pour se souvenir qu'il n'est pas souhaitable que les pères sachent tout », répondit-il avec un sourire d'autodérision.
Tonks rit lentement et longuement.
« Je ferai en sorte que ceux-ci aussi le soient au courant, méfie-toi », dit-elle une main posée sur son ventre, invisible sous les épaisseurs d'écharpe, de cape et de robes qu'elle portait superposées.
« Je promets de faire tout mon possible pour ne pas vieillir trop vite… »
Tous les deux le dos appuyé contre les hautes portes de chêne ouvragé de Poudlard, ils restèrent de longues secondes à partager cette connivence tranquille qui s'installait entre eux, ces projets, ces espoirs grandissants. Mais la petite troupe arrivait maintenant auprès d'eux, les joues rougies par le froid et la neige, les yeux brillants du départ de leurs camarades.
« Hé bien voilà, M. le directeur », commença Hagrid, avec son mélange habituel de cérémonie et de faits bruts. « Ils sont partis… sous bonne garde comme à l'aller… les professeurs Rogue et McGonagall m'ont dit de vous dire qu'ils vous écriraient dès qu'ils seraient à Londres. Je vous ramène la jeune classe… comme promis !»
« Merci Hagrid… merci aussi d'avoir accepté de tenir le fort encore une fois pendant ces vacances ».
Le demi-géant eut l'air gêné de ces compliments.
« Ce n'est rien, M. Le directeur, rien du tout… toujours à votre service ».
Remus vit le regard vif et intense que Harry lança alors au garde-chasse. Il crût y voir de la douleur mais Tonks intervint :
« Pas d'élèves, vous allez être tranquilles Severus, Alastor et vous ! »
« Tous les autres s'en vont ? » s'étonna Cyrus.
« Tu sais bien que les professeurs normalement constitués brûlent de quitter cet endroit dès qu'ils en ont l'occasion », se moqua gentiment Remus, « je me demande pourquoi… »
Pendant que Cyrus levait les yeux au ciel, Tonks ajouta toute aussi amusée :
« Oui, et cette année a dû être vraiment très difficile parce que même Sybil s'est sentie appeler par une vieille cousine ! »
« Il est vrai qu'on peut s'inquiéter de rester trop longtemps dans un château où même les fantômes perdent la tête… »
« Ça fait combien de temps qu'on est en vacances, là ? Une heure ? Eh bien ça, promet… Je peux pas rester ici avec Hagrid ? » - demanda Cyrus avec ce qui pouvait passer pour son insolence habituelle, mais Remus y reconnut immédiatement une vraie nervosité. Avant qu'il ne puisse intervenir pour faire comprendre à son fils qu'il plaisantait, Tonks continuait sur le même ton moqueur :
« Comment ça, Cyrus, tu ne veux mieux connaître mes chers parents, leurs disputes répétitives, leur vielle maison mal isolée, perdue au milieu des bois ? »
« Présenté comme ça, je n'hésite plus », maugréa l'interpellé, « quand est-ce qu'on part ? »
« On est attendu pour dîner », répondit Remus très doucement, « alors on va tous monter préparer nos affaires… Je viendrais vous voir avant de partir, Hagrid, mais je vous souhaite déjà de bonnes fêtes ! »
« Oui, joyeux Noël, Hagrid », dit alors doucement Harry et le garde-chasse lui lança un regard bourru et tendre qui fit sourire Tonks. Remus se rendit compte que c'était la première fois que son fils aîné parlait. Pendant toute cette petite conversation, il s'était tenu en retrait, distant. Il avait déjà senti cette distance pendant le dernier cours… Oui sans doute avaient-ils tous besoin eux aussi de changer d'air, d'échapper à Poudlard et de se retrouver tous les quatre.
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A peine avaient-ils regagné leur appartement, Tonks vint lui chuchoter à l'oreille :
« Ils sont déçus qu'on n'aille pas plus loin, non ? »
« Ils trouveront de quoi s'occuper et s'ennuyer où qu'on aille Tonks… et c'est important qu'ils connaissent mieux ta famille… et dans ton état, on n'allait pas partir au Brésil !»
« Je voudrais pas… » - insista-t-il.
« Tonks, ça fait un moment qu'ils t'ont acceptée comme ils vont accepter leurs frères et sœurs… Arrête de t'inquiéter comme cela… » - dit-il en l'enlaçant.
« Je crois qu'il faut leur dire… » - souffla-t-elle dans son oreille.
« Tout de suite ? »
« Oui… pas avec mes parents au milieu… je veux pas qu'ils l'apprennent comme ça… ou qu'ils l'apprennent par une rumeur… Ils sont concernés au premier chef ! »
Remus lui sourit. Il s'avait combien elle était nerveuse que Harry et Cyrus se sentent mis de côté par l'élargissement de leur famille, combien, depuis des semaines, elle avait réfléchi à ce Noël, aux cadeaux de chacun et à l'invitation de ses parents. Ce n'était pas un comportement très habituel chez elle qui fonctionnait plutôt dans l'urgence et par improvisation. C'était peut-être dû à son état…
« Allons-y », accepta-t-il.
Tonks acquiesça un peu brusquement et sortit immédiatement de leur chambre comme si elle craignait de changer d'avis. Remus la suivit, toujours persuadé qu'elle s'inquiétait sans doute trop, mais désireux qu'elle cesse de se torturer l'esprit avec ça. Quand ils entrèrent dans la chambre des garçons, Harry était allongé sur son lit – a priori peu soucieux de la préparation de ses bagages – alors que Cyrus avait déjà sorti des piles de livres et de jeux qu'il n'emmènerait sans doute pas – enfin, Remus se promettait d'y mettre éventuellement bon ordre…
« On a quelque chose à vous dire », commença immédiatement Tonks en s'asseyant tout aussi soudainement en tailleur par terre au milieu de la pièce. Remus l'imita espérant montrer assez de soutien par son sourire. Cyrus et Harry échangèrent un regard surpris mais comme Tonks leur faisait signe de venir les rejoindre, ils obéirent.
« Je… enfin nous », essaya la jeune femme s'empourprant et Remus posa une main rassurante sur son genou.
« Ce que Tonks brûle de vous dire c'est que notre petite et curieuse famille n'a pas fini de grandir… »
« Je suis enceinte de jumeaux… enceinte de trois mois » ajouta-t-elle précipitamment.
« Oh », répéta Cyrus, sur un ton intéressé, « Des jumeaux ? Comme Fred et George ?»
« Non, un garçon et une fille,» répondit Remus. « A cause de…. de mon état, nous avons fait des analyses très complètes… On sait leur sexe, on sait qu'aucun des deux n'est un cracmol… Si on avait voulu on aurait pu savoir la couleur de leurs yeux ! »
« Ça va vous faire d'un coup un petit frère et une petite sœur », ajouta Tonks comme si elle cherchait à prévenir d'éventuelles objections.
« Une sœur ? C'est chouette, ça une soeur ! » lança Cyrus avec sincérité. « Un frère aussi, mais une fille ! Ça va nous changer, hein Harry ! »
L'interpellé sembla saisi par la question et, sous le regard de son frère, de parents et d'Hagrid, il s'empourpra presque.
« C'est génial », finit-il par articuler, mais Remus eut l'impression qu'il s'en fichait profondément. Et cette indifférence le blessait plus qu'une démonstration de jalousie aurait pu le faire. Il sentit aussi que Tonks était surprise de son manque d'intérêt.
« Ils arriveront en juin… normalement…. Alors on a le temps de s'y préparer… et je… j'espère … » - reprit-elle visiblement soucieuse de se justifier.
« Hé, arrête de stresser, c'est vraiment génial », la coupa doucement Cyrus. Et, avec ce sourire rayonnant qu'il savait prendre, il lui prit la main pour demander : « On va enfin pouvoir t'appeler Mae, alors ? »
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Ne vous fiez pas trop à cet heureux évènement… Le prochain chapitre est relativement tendu… D'ailleurs, il s'appelle «Eclairs »…
