L'inné et l'acquis

Toujours aux mêmes que sont les choses :

A JKR d'avoir créer un monde,

A ceux qui rêvent avec moi de partager leurs voyages…

A Alixe et Vert qui donnent tant de leur temps pour que ces histoires s'écrivent

Excuses à Thamril et Alana Chantelune… si vous le dites, Ted devrait être un sorcier… désolée, pas vérifié… un peu tard pour changer…Mais Alixe qu'est-ce que tu fous !

Les cristaux de Neelps (Harana et Fée Fléau), ils s'inspirent du Rised, des Epouvantards et des Détraqueurs… une vraie saloperie, moi je vous dis…. Et non Vert, je n'ai pas renversé ma tasse de thé sur le clavier… Inverse donc les lettres !

C'est aussi une réponse pour Titou… D'ailleurs, la confiance Lupin/Sirius te taraude ? Bienvenue au club !

Oui, Lulu, Léto et Ghanima valent autant pour Harry que pour Cyrus… Ok c'est une conversation d'initiés…

Cette ferme, Fée Fléau et Juliette, elle existe bien en Angleterre… j'y ai passé une fois une semaine dans le brouillard… Elle me paraissait complètement indiquée pour accueillir mes idées tordues…

Tordu ? (Alana), ah oui, ça tordu, je revendique… Ryan, lui, trouve ça joli….

Impressionnant ? (Halexia) Moi aussi, j'ai eu pas mal peur de ce que j'avais écrit…dans le dernier, dans celui-là et dans le suivant... Heureusement que Alixe était là pour me tenir la main…

Lazoule et Eriol, je crois qu'il faudra plus qu'une conversation pour aplanir les remous…

Guézannne… Je ne pense pas que Remus méprise l'amour maternel ou le sacrifice de Lily – surtout pas de Lily !- mais il sent combien ces phrases sont des expressions adolescentes de sentiments honorables mais pas assez complexes pour être adultes… Mère Céridwenn, que c'est dur à justifier comme cela !

Juliette… Doux Merlin que de choses… Prenons, comment serait Sirius s'il sortait maintenant de Cyrus ? (Et on dit que je suis tordue !) Oui, je crois qu'il serait différent… qu'il aurait évidemment intégré certaines choses… Comment Harry connaît-il la voix de ses parents ? Mais il les a entendus quand il a été attaqué par des Détraqueurs à la rentrée ! Sinon je ne saurais que t'inviter à continuer à te méfier des extralucides… Je fais de même !

La suite (Mystick, Alixe) ?


Dix-neuf - Cristaux

« Harry ? »

Au milieu du grenier, le jeune garçon se tourna instantanément vers lui et Remus ne put s'empêcher de sursauter. Son visage était défiguré par les larmes, mais plus impressionnante encore était la haine qu'il lisait dans les yeux de son fils adoptif. Une haine profonde et puissante. Une haine comme seule pouvait en inspirer la magie noire.

« Harry ? » - répéta-t-il, incapable de trouver mieux.

« Qu'est-ce que tu veux ? » gronda son fils en retour et, là encore, la puissance contenue dans sa voix n'avait rien de rassurant.

« Je veux que tu sortes d'ici, que tu viennes avec moi », déclara-t-il.

« Avec toi ? Pourquoi j'irai avec toi ? »

« Discuter ? » offrit Remus.

Le rire qu'émit alors Harry n'avait rien d'habituel ou de chaleureux.

« Ça fait trop d'années déjà que je t'écoute ! »

Ne pas prendre cela pour argent comptant.

Ne pas hurler.

« Harry, je peux concevoir ton désarroi mais… » - essaya-t-il, et son chagrin était sans doute trop patent.

« Mon désarroi ? » hurla Harry « Ecoutez-le ! »

« Lunard a toujours eu beaucoup de vocabulaire », remarqua calmement la voix de James.

« Remus n'a jamais accordé beaucoup d'attention aux sentiments des autres », renchérit plus perfidement Lily, et Remus se demanda si la magie noire contenue dans les cristaux était déjà devenue assez forte pour se servir aussi de ses propres angoisses.

Ne pas les écouter, en aucun cas.

« Comment as-tu pu me mentir ? » murmura alors Harry, la voix rauque et Remus remarqua que la lumière qui baignait la scène avait changé. Elle était légèrement plus bleue qu'auparavant. Il s'y prenait mal, il ne faisait qu'approfondir le chagrin de son fils.

« Je ne t'ai jamais menti », répliqua-t-il.

« Quoi ? Me cacher pendant des années qui je suis ? ce n'est pas un mensonge ? »

« Je ne t'ai jamais caché qui tu étais !»

« Me cacher que je suis sensé accomplir une prophétie… me laisser croire que je suis comme tout le monde ! » continua son fils adoptif avec passion.

Une vague de colère traversa Remus et il dût une nouvelle fois s'inviter à la patience.

Ne pas discuter du fond…

« Quelle prophétie ? » demanda-t-il d'un ton glacial que n'aurait sans doute pas renié Severus.

La question sembla avoir quelque effet sur Harry qui resta quelques secondes à le regarder avant de répondre. La lumière devint plus jaune. L'alchimie changeait.

« Tu sais bien quelle prophétie… celle qui a été faite avant ma naissance…. Avec Voldemort… » - finit par indiquer le jeune garçon, un ton plus bas.

« Je connais UNE prophétie concernant Voldemort », répondit lentement Remus, toujours très froid. A pas lents, il contournait la zone définie par les trois cristaux. Harry ne le quittait pas des yeux. La lumière restait jaune. « Elle explique qu'il désignera lui-même l'artisan de sa chute… »

« Moi ? » demanda Harry d'une toute petite voix.

« Jusqu'au jour où il a tué tes parents et qu'il t'a marqué au front, personne ne pouvait en être sûr… »

Instinctivement Harry porta ses mains à sa cicatrice :

« Cette cicatrice qui te sépare du commun des mortels », murmura-t-il en frissonnant, et Remus nota avec inquiétude que la lumière verdissait de nouveau. Harry retombait dans ses pensées circulaires. Et c'était de sa faute, il n'aurait jamais dû entrer maintenant dans un débat pareil.

« Ce n'est ni le lieu ni le moment, Harry, viens avec moi », ordonna-t-il.

« Mais t'as vu comment il lui parle », s'exclama alors la voix de James provoquant une crispation certaine de l'estomac de Remus.

« Harry », répéta-t-il.

Harry commença par se lever et il sentit l'adrénaline courir dans ses veines. Est-ce que ça allait marcher ? Est-ce que c'était suffisant ? Il regarda avec inquiétude son fils faire deux pas, titubant presque. Il était visiblement épuisé.

« Harry… »

Mais soudain le garçon s'arrêta, secouant la tête et ses yeux brillèrent de nouveau de cette lueur haineuse qui glaçait Remus.

« Je… dois t'obéir, hein ? Ne pas poser de question, hein ! Pourquoi ? T'es… t'es un menteur, un dissimulateur… T'es même pas mon père » cracha-t-il, fondant en larmes et entraînant la lumière dans un bleu plutôt sombre qui donnait l'impression d'être au fond d'un lac.

« Bien répondu ! » applaudit la voix de James.

« Oui, mais c'est pas très gentil », objecta Lily d'une voix triste. « Je pensais que vous vous entendriez mieux que ça tous les deux ! »

Comment pouvait-on faire face à ça ? Harry le reniait trois fois – par sa propre bouche et par les mots sinistres qu'il prêtait à chacun de ses parents. S'il avait été moins amer, et moins pressé par l'urgence, il en aurait presque ri. Les paroles qu'Harry prêtaient à James et Lily étaient un stéréotype de tout ce qu'on avait pu lui raconter sur eux. Le côté brillant et insolent de James, le côté réfléchi et plus conciliant de Lily… Sauf qu'aucun des deux n'aurait pu soutenir l'autodestruction de leur fils… Remus inspira et souffla lentement, s'obligeant à ne pas considérer le sens des paroles, s'obligeant à continuer de se battre. C'était entre Harry et lui…et non le jugement d'esprits humains et complexes revenus du monde des morts.

« Parce que tu crois que ces deux-là feront mieux que moi ? » demanda –t-il, laissant sa colère transparaître. Autant qu'elle sorte !

« Ceux-là ? » répétèrent Harry un peu déstabilisé. « Oh, je vais les rejoindre, vraiment, bientôt… en finir avec les mensonges et les faux-semblants. »

Remus sentit son cœur cesser de battre et un froid étrange l'envahir, dans un réflexe de survie il s'éloigna un peu du triangle de magie noire. Il ne pouvait pas se permettre de se laisser aller à des pensées défaitistes, se faire prendre lui aussi au piège de ses propres démons.

« Tu t'en vas ? » demanda alors Harry presque inquiet.

« Non »

« Ah… » De nouveau, une expression de défi traversa le visage de son fils : « tu crois toujours que tu vas m'en empêcher hein ? »

« Oui »

Remus se remit à marcher, ne serait-ce que pour se prouver qu'il était vivant, qu'il ne rêvait pas ce cauchemar et puis pour obliger Harry à le suivre des yeux, à bouger lui aussi. Ça fonctionna. Et la lumière revint vers un bleu plus clair. A chaque pas, Remus se demandait comment continuer, comment bousculer ce dispositif diabolique… Il fallait faire revenir la magie vers le blanc, vers le spectre de la chaleur, vers la vie… Il fallait sortir Harry de l'auto apitoiement satisfait… Il fallait plutôt qu'il s'en prenne à lui… et c'était possible !

Sa question quelque seconde plus tôt montrait bien que ce que ferait Remus avait encore une importance, que ça traversait les barrières d'insensibilité que les cristaux avaient érigées dans sa tête… Mais comment aller plus loin ? La colère ? Remus se sentit incapable de feindre la colère… La colère contre quoi d'abord ? Il continua de marcher, toujours en vérifiant que Harry le regardait. La provocation ? Il déglutit et serra plus fermement sa baguette dans sa main. Avait-il d'autre choix ?

« Donc tout ça est de ma faute ? » demanda-t-il soudain, s'arrêtant de marcher et faisant face à Harry qui le regarda avec suspicion.

« Allez, réponds ! »

« Qui d'autre ? » maugréa Harry d'une voix plus proche de sa voix normale. Le bleu prit des nuances Véronese…

« Et donc tu me fuis ? » demanda encore Remus.

« Quoi ? »

« Tu me fuis, tu veux mourir, ne plus jamais me voir, que sais-je encore », continua-t-il forçant le sarcasme dans sa voix, alors qu'il en aurait pleuré. « C'est pas très Gryffondor tout ça… non ? »

Il sentit à distance la colère monter dans Harry.

« C'est mieux que le mensonge », cracha-t-il mais sur un ton plus bravache que grandiloquent. La lumière prit une teinte turquoise.

« Mieux ? Tu prouves quoi comme cela ? Que tu vaux mieux que moi ? »

La question sembla déstabiliser Harry qui se tourna instinctivement vers « ses fantômes » qui restèrent aussi muets que lui.

« Eh bien ? J'attends ! Où est passée ta belle éloquence ? »

Son fils adoptif lui lança un regard mauvais, fulminant visiblement, au milieu du triangle de lumière – qui tendait maintenant vers le tilleul.

« Des mots tout ça », cracha-t-il finalement.

« C'est vrai… » - reconnut Remus, partagé entre la satisfaction intellectuelle de voir son plan fonctionner et un profond dégoût pour le procédé. Mais pouvait-on combattre la magie noire autrement qu'avec ses propres armes ? « Si tu veux on peux en venir aux actes… »

La surprise le disputa à la méfiance et à la colère sur le visage de Harry et gagna.

« Aux actes ? » répéta-t-il.

Remus leva sa baguette et la regarda – c'était plus facile que de regarder Harry : « Quand on est promis à une si grande destinée que tu sembles le croire, on ne devrait pas avoir peur d'affronter un vieux loup-garou quelques heures avant la pleine lune ! »

« Se battre ? » demanda prudemment Harry. Le tilleul s'éclaircit autour de lui.

« Quoi d'autre ? » demanda Remus le cœur battant.

« Et si je gagne ? »

« Tu crois que tu vas gagner ? »

En d'autres circonstances, Harry aurait peut-être ri et compris que c'était une provocation gratuite. Certains jours, il aurait même pu douter de lui et refuser tout net, avec une voix de petit garçon, d'essayer quoi que ce soit. C'était déjà arriver pendant les séances d'entraînement qu'ils avaient eu depuis la rentrée. Mais en cette fin d'après midi, à quelques jours d'une nouvelle année qu'il prétendait souhaiter ne pas voir, il sortit rageusement sa baguette et lança un Expelliarmus consistant, mais que Remus évita d'un pas sur le côté.

« Il faudra plus que ça », constata ce dernier, en répliquant par un sort d'Entrave combiné à des chatouilles. En temps normal, ce genre de traitement exaspérait Harry qui voulait de « vrais sorts de combat, pas des trucs de gamins ». En ce jour de colère, ça eut le même résultat sauf qu'il serra les dents plutôt que de se plaindre. Remus nota avec une joie mauvaise qu'un des spectres faiblissait.

Harry se retourna vers lui d'un coup et envoya un sort d'Assommoir qu'il eut juste le temps d'amortir avec un Bouclier. Harry s'améliorait, aucun doute… Il répliqua immédiatement par un Expelliarmus qui envoya Harry au sol. La lumière s'éclaircit encore et Remus sentit qu'il pouvait s'approcher plus près du triangle. Pour faire bonne mesure, il ajouta un sortilège de Noue-lacet qui fit de nouveau trébucher Harry.

« Trop long ! » - asséna-t-il froidement.

Ne pas lui laisser le temps de penser et de replonger !

Les pierres étaient de moins en moins lumineuses, les spectres s'affaiblissaient. Il allait pouvoir bientôt sans risque briser le triangle. Il hésita une seconde de trop sans doute à affermir son avantage, et Harry fit apparaître deux serpents qui se dirigèrent en sifflant vers son père, lequel les fit disparaître d'un revers de baguette négligeant. Après avoir lancé deux chauves-souris qui allèrent en représailles s'emmêler dans les cheveux de son fils, il s'approcha encore du triangle, sentant sa puissance maléfique s'épuiser.

Moi aussi je suis une créature des ténèbres songea-t-il amèrement. Et son esprit joua quelques secondes confusément avec l'idée de pleine lune. Mais il n'y accorda pas beaucoup d'attention. Ses yeux venaient d'être arrêté par un éclat doré….le coffret… Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt… s'il pouvait mettre même qu'une seule pierre dans le coffret !

Harry lança un sortilège lance-flamme qu'il perçut presque trop tard pour l'éteindre en plein vol. Son attention était toujours sur le coffret. Pendant qu'Harry se dépêtrait d'un nouveau sortilège d'Entrave qui avait emprisonné ses bras, il essaya de l'amener vers lui par un sortilège d'attraction. Le coffret résista un moment, sans doute retenu par les forces du Mal à l'œuvre, puis se dégagea d'un seul coup venant buter dans les pieds de Remus. Au moment où il se baissait il entendit l'incantation d'Harry et releva la tête. Il prit ainsi de plein fouet le sortilège d'Assommoir le plus puissant que son fils n'avait jamais produit. Il s'effondra, envoyant rouler le coffret dans sa chute.

000

« Papa ! Papa ! » - suppliait Harry « Oh Papa… »

Mais Remus restait inerte. Harry arrivait à se rassurer du fait qu'il respirait régulièrement mais il n'arrivait pas à se décider à se lever et à aller chercher de l'aide… Il ne voulait pas le laisser… et il n'imaginait même pas devoir expliquer aux autres… Pour dire quoi d'ailleurs ? Qu'ils s'étaient battus ? La tête lui tourna… et à l'intérieur se bousculèrent des images floues et haineuses, des paroles terribles… « Tu n'es même pas mon père ! » Avait –il vraiment pu dire une chose pareille ?

Le grincement de l'échelle derrière lui le fit sursauter.

« Remus ? Harry ? » - demandait une voix un peu inquiète.

« On est là Tonks », murmura Harry,

« Ici ? Dans le noir ? Vous faîtes quoi ? » - demanda la jeune femme en s'extirpant de la trappe. Aux précautions qu'elle prit pour le faire, Harry se souvint brutalement qu'elle était enceinte… En fait, c'était comme si brusquement il comprenait ce que cela voulait dire… qu'elle portait une vie nouvelle en elle… deux vies d'ailleurs lui sembla-t-il se souvenir….

« Lumos », murmura-t-elle et elle pointa sa baguette devant elle éclairant soudain Harry et la silhouette allongée de Remus.

« Remus ? Mais qu'est-ce que… qu'est-ce qu'il lui ait arrivé ? » - demanda-t-elle se précipitant à ses côtés. Harry se sentit de nouveau incapable d'expliquer une chose pareille. Non, jamais il ne pourrait. Mais Tonks se tourna vers lui les sourcils froncés levant sa baguette pour l'examiner « Qu'est-ce que tu as là ? » demanda-t-elle en désignant un bleu qui se formait sur son menton. Mais sa main retomba comme découragée devant son visage blafard, ses yeux rouges, la sueur froide qui mouillait son front. « Harry, qu'est-ce qui s'est passé ? »

« On s'est battu », finit par murmurer Harry.

« Pardon ? »

« Oh Tonks, je voulais pas ! » s'écria-t-il éperdu. « Je sais pas … J'étais si malheureux ! Je voulais mourir… Ils m'attendaient… Mais papa ne voulait pas… et puis… Mon deuxième sortilège d'Assommoir l'a pris de plein fouet, il est tombé… Oh Tonks… je ne...»

Elle leva la main pour l'arrêter…

« OK, je n'ai pas le temps de comprendre mieux…Assommoir » répéta-t-elle, pensive.

« Tu vas le réveiller ? » demanda Harry d'une toute petite voix

« Harry, dans moins d'une heures, la lune sera pleine… C'est d'ailleurs pour cela que je venais vous chercher ! Et il n'a pas pris de potion de tout l'après-midi… Le réveiller ? Pour faire quoi ? »

« Voir s'il va bien », plaida Harry d'une toute petite voix.

« Il respire… » Elle inspecta son crâne : « il s'est fait une belle bosse en tombant… mais a priori rien de méchant… » Elle prit son poignet et palpa son pouls, attentive et grave et Harry se sentit singulièrement réconforté par ses gestes précis et rationnels. « Régulier, pas si faible que cela, mais c'est peut-être l'effet de la transformation qui monte… » Elle reposa délicatement le poignet au sol puis jeta un long regard autour d'elle.

« Il va falloir sécuriser cette pièce.. . pour qu'il ne puisse pas sortir… » Elle leva sa baguette et fit apparaître une grille métallique, percée d'une porte, qui vint couper la pièce en deux. D'un autre coup de baguette, elle fit apparaître un matelas et une couverture. Harry n'osa pas demander de l'aider quand elle installa Remus sur ce lit improvisé. Il restait immobile, agenouillé, sans faire un geste… encore sous le choc de la bataille qu'il venait de livrer contre son père et contre lui-même, et singulièrement incapable d'y mettre des mots…

Il ne sortit de son abattement inquiet que quand il la vit se diriger vers la lucarne à l'autre bout du grenier.

« Attention… les pierres », articula-t-il avec difficulté.

« Quelles pierres ? »

Harry ne put que les désigner d'un geste vague, las et fataliste.

« Oh… qu'est-ce que c'est ça ? »

« Je sais pas… mais je crois… » Sa voix s'étrangla.

La jeune femme s'approcha prudemment d'une qui rougeoyait encore comme une braise.

« Cristaux de Neelps ? D'où ça sort ? »

« C'est quoi ? » s'informa Harry presque malgré lui.

« Une belle saloperie… ça te bouffe tes idées joyeuses, pire que dix Détraqueurs…et puis ça te scotche, pire qu'un miroir de Rised. ! » Elle leva des yeux inquiets vers lui : « Dis-moi Harry… c'est ça hein ? C'est ça qui t'attirait dans ce grenier depuis une semaine ? D'où sortent-ils ?»

« Je… je les ai trouvés par hasard… » - avoua-t-il incapable de résister à ses yeux gris sombres. « Dans la malle-là… une après-midi où il pleuvait… y avait rien à faire… Papa travaillait… Cyrus était avec toi… je suis monté là… elles étaient dans un coffret… Je savais pas ce que c'était… mais le coffret était joli…un coffret en or pur, t'imagine ? »

« Très bien », dit assez froidement Tonks.

Comme Harry lui lançait un regard surpris, elle ajouta, technique : « c'est le seul moyen de pouvoir les manipuler… C'est toi qui les as sorties ? »

« Oui. »

« Comment as-tu su pour la forme ? »

« Je sais pas… J'en ai rêvé après les avoir trouvées… J'ai essayé… C'est tout »

Au regard qu'elle lui lança, Harry sentit que sa dernière phrase était de trop.

« Et Remus est arrivé », reprit-elle néanmoins, se cantonnant au factuel.

« Oui »

« Et il a voulu te faire sortir ? »

« Je crois »

Elle hésita puis demanda finalement : « et toi tu as résisté ? Tu t'es battu ? »

Harry prit un temps infini pour reconnaître :

« Non. Il m'a provoqué en duel… Je ne sais pas pourquoi… »

La jeune femme sembla considérer un moment la question.

« Peut-être pour couper la relation avec les pierres mais…. Si tu étais tellement pris par elles comment as-tu pu sortir du triangle ? »

« Oh… je… je ne sais pas… Quand Papa est tombé ça a comme...déchiré quelque chose dans ma tête… et j'ai voulu me précipiter pour l'aider… Les… les fantômes ne voulaient pas… »

« Les fantômes ? »

Harry eut un geste de désespoir.

« Des fantômes qui parlaient avec la voix de mon père et ma mère… de James et Lily » précisa-t-il.

« James et Lily ? » - répéta lentement Tonks.

Harry ne trouva que la force d'acquiescer.

« Il y avait comme une force… une force qui m'empêchait de sortir du triangle… et puis ces voix qui me disaient que je serai plus tranquille sans lui… et puis, je sais pas, j'ai refusé, je crois. »

« Refuser », répéta platement Tonks.

« Oui »

« Tu as repoussé un maléfice de Neelps ?» - demanda-t-elle dubitative.

Harry ne trouva rien à répondre d'autre que : « je n'ai fait que ce que j'ai dit. »

« D'accord », dit lentement Tonks. « Je suppose qu'on va avoir des jours pour en parler alors restons en là… Bon… Faut virer ces saletés du milieu… Il est où ce coffret ? »

Harry alluma sa propre baguette et vint la rejoindre au milieu du grenier.

« On a dû taper dedans… à un moment ou un autre », maugréa-t-il s'attirant de nouveau un regard peu amène de la jeune femme. Gêné, il se détourna et s'éloigna pour chercher dans un angle opposé à elle. Il fourragea au hasard dans un tas de sac de grains et reconnut facilement la forme au toucher.

« Je l'ai ! »

« Surtout ne le touche pas ! »

« Mais je l'ai manipulé tous les jours ! » objecta-t-il.

« Avec les résultats qu'on sait ! »

Harry blêmit un peu, mais ajouta : « Tu as dit que ça arrêtait les … effets.. »

« Ecoute Harry, je ne sais pas comment des cristaux de Neelps ont pu arrivé ici mais ça n'est certainement pas par bonne intention, alors je me méfie.. »

Harry opina lentement et s'écarta d'un pas pour laisser la jeune femme s'assurer qu'on pouvait toucher le coffret. Quand elle le retourna, elle laissa échapper un petit sifflement : « ben tiens, ça faisait longtemps ! Regarde ça !»

Harry se pencha par-dessus son épaule et il vit au bout de son ongle un poinçon gravé représentant un faucon, une crête.

« Les armes des Black », murmura-t-il, s'étonnant de ne pas les avoir remarqué à aucun moment.

« Elles-mêmes », grommela Tonks, pleine de colère contenue. Puis elle se releva brusquement, entreprit de réunir les trois cristaux et de les faire rentrer dans le coffret sans jamais s'approcher de plus d'un mètre d'eux. Harry se tint prudemment coi et immobile pendant toute l'opération.

« Bien », souffla la jeune femme avec un certain soulagement quand elle eut fini. Puis elle le regarda de biais un long moment avant de demander avec une sècheresse qui ne lui ressemblait pas :

« On ne t'as jamais dit de ne pas toucher à pleines mains un objet magique que tu ne connais pas ? »

Harry hésita puis murmura : « si ».

« Mais évidemment tu ne pensais pas trouver d'objets magiques dans l'écurie de mon père », continua Tonks pleine de rage froide. « C'est quand même incroyable, quand c'est pas l'un qui se couvre de ridicule, c'est l'autre qui joue avec de la magie noire, c'est ça ? » s'emporta-t-elle soudain et Harry ne vit pas ce qu'il pouvait répondre à ça. Il essaya de se montrer digne et courageux face à l'orage, mais il ne put réprimer un frisson de fatigue et de nervosité.

« Oh Harry, tu trembles, tu es épuisé, blessé et moi je te crie dessus », fondit-elle immédiatement, se précipitant vers lui.

« Mais tu as bien le droit », constata Harry, en la regardant droit dans les yeux.

« Harry, personne ne peut résister à ces cristaux, c'était la peine capitale en Scandinavie pendant des siècles et… Mais ce n'est sans doute pas le moment d'ajouter des histoires horribles à tout ce que tu viens de vivre… » Elle ramassa le coffret et ajouta « On va emmener ça… et partir avant que Remus ne… »

Mais un couinement curieux arrêta sa phrase.

« Harry… » - murmura-t-elle

« Papa ? »

« Oh non ! Reste derrière moi ! On va… on va aller doucement vers la porte… »

Dans l'obscurité face à eux, l'homme et le loup se mesuraient l'un à l'autre dans un concert de gémissements et de jappements qui ne pouvait que fendre le cœur de quiconque l'entendait. Harry regarda Tonks raffermir son emprise sur sa baguette. Que comptait-elle faire ? L'assommer ? Ainsi Remus allait-il être assommé deux fois dans la même journée à cause de lui ! Sans tellement plus y réfléchir, il la saisit par la manche.

« Quoi ? »

« Il y a un autre moyen… »

« Ah oui ? »

Harry ne se sentit pas capable d'expliquer avec des mots. La gorge lui brûlait autant de chagrin ravalé que des mots hurlés à tort et à travers pendant des heures. Il ferma simplement les yeux, murmura l'incantation et dans un pop très net, se transforma.

« Harry ! Harry, depuis quand ? »

Dans l'obscurité, un grondement plus grave retentit et la jeune femme jeta un regard affolé autour d'elle. Indécise, elle posa ses mains sur son ventre, puis eut un soupir fataliste et se transforma elle aussi.

0000

Finalement va falloir trois chapitres sur cette histoire…

Je l'ai baptisé Sangs, le suivant…

Oui, je sais, Fénoire en maraude ces temps-ci, je reconnais… Faîtes rentrer les enfants !