L'inné et l'acquis
La même a toujours les droits et la gloire
Relecture attentive : Alixe et Vert. Chapeau bas.
Alors d'abord, bonjour aux nouvelles têtes ! Deux quand même ! Bienvenu(e)s ! Je suis toujours très curieuse de savoir comment vous arrivez là, après tant de chapitres…
Elaur… James et Lily pour les jumeaux ? A ben ça, en terme de fantômes, ça se pose là !
Feu de Glace… Ambre plaît beaucoup à Cyrus…
Guézanne… Tant de choses comme toujours… Oui, je vois le loup aussi piégé que l'homme dans cette maudite transformation… Pas de pardon…. Peut-être qu'ils n'en ont pas besoin… Ils n'ont pas besoin de vengeance non plus… Ce qui m'amène à Lunenoire…. Remords versus ressentiments… J'ai eu beaucoup de mal à échapper à ça… Tant mieux si tu y crois !
Alana Chantelune… Léo ? B'en j'y ai pensé… Mais est-ce que Leo Lupin sonne bien ?
Mouarf, Alixe, mouarf, non les Black, je les vois pas en « famille aimante »… l'influence de Hinkyponk…
Halexia Black… Tant pis pour la géo…. J'ai jamais été très géo moi-même….
Titou… Les vœux, les vœux… Bellatrix… mais verriez-vous Bellatrix même si je vous la peignais en rose fluo ? Je me demande…
Mystick… J'aime bien Félix…
Harana… Merci… La scène des pensées du loup s'est imposée un soir où Fénoire était en grande forme…
Juliette…sadique ? Oui je ne suis pas toujours très gentille avec mes personnages… Je ne crois pas non plus que Tonks aimerait des prénoms très compliqués mais je serais elle, je me méfierais peut-être des fantômes… Bellatrix… moi, je ne vois qu'elle…
Note : j'ai cherché partout mais le professeur Vector n'a pas de prénom officiel… je l'ai baptisée Prudence… parce que ça correspond à son discours dans ce chapitre et puis que les Anglais ont une réserve de noms anglicans comme ça : Hope, Faith, Liberty, Prudence…
Vingt-et-un : Cicatrices.
« Dis, Harry, ça va durer longtemps ? »
« Quoi ? »
« Ta mauvaise conscience ! On va pas arriver en avance au dîner quand même ! » - protesta Cyrus.
Harry marqua un temps d'arrêt dans sa descente de l'escalier principal de l'aile des professeurs. Oui, il devait l'admettre. Il mettait en ces tout derniers jours de vacances un point d'honneur à respecter de manière pointilleuse toute règle qui pouvait exister dans le château – pendant ou hors période scolaire. C'était sans doute de la mauvaise conscience, c'était sans doute dans l'espoir ridicule de faire oublier à Remus des mots et des actes qui ne s'effaceraient que lentement… mais c'était comme ça.
« Je ne vois pas en quoi être en retard peut être intéressant », contra-t-il calmement, comme s'il s'était vraiment poser la question dans ces termes.
Cyrus haussa les épaules, exaspéré.
« Je te préviens, si on se trouve en tête à tête avec Trelawney ou Vector, je te laisse faire toute la conversation ! »
« Ça me paraît une sage décision !» - se moqua Harry en reprenant sa descente, ignorant les imprécations tragi-comiques de son frère aux démons inférieurs.
Il savait que Cyrus avait autant que lui décidé de rester à Poudlard jusqu'à la rentrée, que lui aussi avait senti le besoin de resserrer les liens familiaux – même s'il ne l'aurait sans doute jamais avoué même sous la torture. Quand, deux jours auparavant, Remus avait annoncé qu'il allait les emmener au Terrier, les deux frères s'étaient regardés furtivement. Depuis qu'ils étaient revenus à Poudlard, ils avaient sans doute passer plus de temps tout les quatre que pendant toutes les vacances – enfin c'est surtout moi qui reste avec eux, reconnaissait Harry douloureusement.
Ça avait été génial de mettre Remus sur un Eclair de Feu, génial que Poppy fasse apparaître dans une boule de cristal l'image confuse, mais étonnamment synonyme de vie, de leurs petits frère et sœur à naître… ça avait été chouette de revoir Hagrid qui semblait avoir définitivement tourné la page des dragons, rafraîchissant de pouvoir discuter avec Severus sans qu'il joue son rôle de persécuteur d'élève, bien d'être à Poudlard…
« Ça vous embête si je reste ? » avait donc demandé l'aîné, désireux de disposer de ces deux journées supplémentaires.
« Non mais.. » - s'était sincèrement étonné Remus.
« Moi aussi. Comme ça, s'il se passe quelque chose dans le Poudlard express, on y sera pour rien », avait renchéri Cyrus d'un air satisfait qui avait fait explosé de rire Tonks.
Ça n'était rien deux jours, mais c'était aussi énorme et Harry regrettait presque que ces camarades arrivent demain. Non qu'il n'ait pas envie de revoir Ron et Hermione et l'ensemble de ses camarades de troisième année… mais ils seraient là assez tôt… Il sortit dans le Grand Hall avec un grand sourire pour Rusard, le concierge qui ne le lui rendit pas… mais on ne pouvait pas non plus tout demander !
« Je te l'avais bien dit », grogna Cyrus alors qu'ils jetaient un œil dans la grande salle où allait se tenir le dîner.
« Non, tu avais dit Trelawney ou Vector »
« Ouais, t'as raison les deux c'est mieux », grinça Cyrus, en levant les yeux au ciel. « La divination contre l'arithmancie, l'instinct contre la raison…On va s'éclater ! Je te laisse faire le bon élève, hein, c'est ton rôle ! Après tout, t'as échappé aux vœux au Ministère, c'est de bonne guerre !»
« D'ailleurs, je t'ai pas demandé ? », rétorqua Harry, ignorant délibérément la provocation de Cyrus, « Rien ? »
« Je sais, Harry, que tu me tiens en piètre estime », répondit très lentement Cyrus, lui faisant bénéficier de son insolence la plus tranquille et le plus dangereuse, « mais j'ai finalement des instincts moins suicidaires que les tiens... Je crois que Papa m'aurait embaumé sur place si j'avais fait autre chose que de parler de cadeaux de Noël avec Ginny… »
Et, Harry se dit que si Cyrus avait voulu qu'il se sente mal, il avait tout à fait réussi. Il n'avait aucune envie de discuter de tout cela – estime, instincts suicidaires, père…- avec son petit frère. Il haussa donc les épaules pour toute réponse et entra dans la pièce pour être immédiatement accueilli par la professeur d'Arithmancie :
« Harry ! Vous ne prenez pas le Poudlard Express cette année ? »
Harry s'approcha lentement des deux professeurs, pas loin de partager soudain l'avis de son frère et de trouver stupide de se laisser ainsi mettre en scène. Prudence Vector lui souriait mais Sybille Trelawney, les yeux vagues, perdus dans la contemplation des flammes de la Grande cheminée, ne sembla pas avoir remarqué leur arrivée.
« Non, vous savez… j'ai été un peu malade pendant ces vacances et... » - expliqua Harry poliment.
« Disons ça comme ça », murmura Cyrus dans son dos.
«… ça me fait plus de vacances », termina néanmoins stoïquement le premier, « vous êtes toutes seules ? »
« Oh, le professeur McGonagall et le professeur Chourave étaient là, mais le professeur Rogue est venu les chercher… une réunion de directeurs de maison si j'ai bien compris... Le professeur Gobe-Planche est passée, mais elle avait quelque chose à dire à Hagrid… Sybille et moi, nous nous tenions compagnie », expliqua tranquillement Prudence Vector.
Harry n'osa pas demander de quoi les deux professeurs avaient bien pu discuter. Comme l'avait fait souligné Cyrus, elles n'étaient pas connues pour leurs convergences de vue.
« Bref, on risque de mourir de faim pendant encore un moment », soupira Cyrus un peu plus fort cette fois et Harry comprit que le reproche s'adressait à lui.
« Oh, ton frère aussi est là… On ne se connaît pas très bien, Cyrus n'est-ce pas ? » - demanda le professeur Vector, tendant la main. « On m'a dit que tu travaillais beaucoup mieux cette année Tu penses déjà à ses choix pour l'année prochaine ? »
Harry regarda son frère avec curiosité - incapable de prédire ce qu'il pourrait répondre à cela.
« Bonsoir professeur, non, je ne sais pas encore », répondit Cyrus – c'était la seule chose à répondre, mais Harry fut quand même surpris qu'il n'y ait aucun double sens ou insolence dans la réponse de son frère. Il fut encore plus étonné de la suite :
« Il faut y réfléchir, Cyrus, essayer de te projeter dans l'avenir », insista Vector.
« Oui », reconnut Cyrus avec un petit sourire, « c'est la question n'est-ce pas ? Ce que je veux faire de ma vie ? »
« En quelque sorte », répondit Vector visiblement contente du tour que prenait la conversation.
« Trouver un modèle… » - ajouta encore Cyrus d'un air rêveur.
Vector eut ce petit sourire qu'elle prenait parfois pour expliquer que le tracé d'un pentateuque était légèrement plus que de la géométrie : « On ne peut pas s'appeler Lupin et penser manquer de modèle ! »
« Papa ? » demanda Cyrus. « Oh bien sûr, j'admire Papa, mais franchement, je ne me vois pas arbitrer de querelles, répéter cent mille fois la même chose à des gamins et rester calme… »
« Non ? » - demanda la professeur d'arithmancie, réprimant visiblement un nouveau sourire qui venait sans doute de l'image en creux que Cyrus projetait de lui : acteur de querelle, peu connu pour sa patience et sa diplomatie.
« Non, il me faut de l'action, de l'air… » - sembla confirmer le jeune garçon.
« Auror ? »
« Non, je ne crois pas que je serais intéressé à faire respecter de lois pas toujours respectables », répondit très franchement Cyrus avec une moue dégoûtée.
Cette sortie plongea le petit groupe dans un grand silence – Trelawney n'avait pas fait un geste depuis le début de la conversation, Harry se demandait jusqu'où irait la franchise de Cyrus et Vector devait s'interroger sur la teneur des lois « pas toujours respectables ». Mais le jeune garçon, lui, paraissait trop concentré pour prêter attention aux réactions des autres.
« Mais j'aime bien l'idée de servir les autres, d'être utile… » - reprit-il.
« Médicomage ? » proposa de nouveau Vector, mais Harry sentit que cette fois elle était moins assurée.
« Eh bien j'y ai pensé », révéla Cyrus en repoussant ses longues mèches derrières ses oreilles, avec un air sérieux et mature qui renforçait encore l'étrangeté de ses paroles, « pourquoi pas, c'est un métier utile sans nul doute…. Mais en fait, j'ai un autre idée… je sais que c'est pas une voie facile, mais je crois que c'est ça que j'aimerais bien… »
Vector regarda Harry qui haussa les épaules. Non, il n'avait aucune idée de ce que Cyrus pouvait vouloir dire…Il ignorait même que son frère ait une opinion sur un sujet pareil !
« Et peut-on demander ? »
« Oui sans doute… j'ai… j'ai beaucoup d'intérêt pour… pour le métier d'ethno mage… » -déclara Cyrus avec une certaine timidité, comme s'il s'attendait à qu'on se moque de lui. Comme Harry et Vector le dévisageaient avec stupéfaction, il continua : « comprendre les savoirs magiques traditionnel, les faire connaître, réduire notre arrogance face à la différence… tout ça ! »
Harry reconnut le discours. C'était celui qu'Aesthelia avait tenu à Andromeda au moment du mariage de Remus et Tonks. Il n'aurait jamais cru que Cyrus les avait écoutés et encore moins que son frère s'envisageait partager la vie de tribus magiques... Instinctivement, il regarda Vector qui semblait hésiter.
« C'était… c'était aussi le métier de votre mère, si je m'abuse… » - demanda-t-elle finalement très doucement.
« Oui… celui aussi de ma marraine… mais je ne crois pas que ce soit à cause de ça… »
« Vous avez de toutes façons le temps d'y réfléchir… »
« Oui, mais ça veut quand même dire que je dois prendre des matières fondamentales l'année prochaine… il y a donc des chances que vous me voyiez dans votre classe… » - répondit Cyrus en soutenant son regard avec cet air de confiance innocente que Harry lui enviait très souvent.
« L'étude d'autre langages comme les runes pourrait aussi être important… » - fit remarquer Prudence Vector.
Cyrus haussa les épaules.
« Il faut peut-être rester raisonnable dans mes choix… Harry vous dirait que mon latin reste plus qu'élémentaire ! »
Comme l'interpellation de son frère avait ramené les regards sur lui, Harry ne sut d'abord pas quoi dire. Il n'avait aucune envie qu'on l'interroge sur ces projets d'avenir. Il y avait quelques semaines, il aurait sans doute parlé du métier d'Auror – même s'il n'avait pas de réponse aux objections de Cyrus sur la validité des lois magiques. En fait, il n'y avait jamais vraiment réfléchi, son avenir professionnel lui paraissant appartenir à un avenir par trop lointain. Et, il s'en rendit compte alors, personne ne lui avait jamais posé la question ! Ni Remus, ni son grand-père, ni aucun de ses professeurs…. Cette ligne de pensée ramena évidemment la prophétie et ses limitations sur son avenir au premier plan de ses pensées. Avec un soupir, il opta donc pour une conversation plus banale :
« Et vous avez passé de bonnes fêtes, professeur ? » s'enquit-il.
« Oui, oui, merci… Beaucoup de copies à corriger malheureusement ! »
« Il faudrait éviter de donner tant d'examens avant les vacances », proposa Cyrus, ayant sans doute terminé son quota de conversation polie pour l'heure.
« Mais jeune homme, ça voudrait dire que ce serait les élèves qui auraient à travailler pendant les vacances » - rétorqua Vector, céleste, et Harry pouffa en voyant la tête de son frère. « Encore que cette année, avec le Tournoi, je m'attends à la plus grande dispersion des élèves pendant ce semestre », ajouta-t-elle sur un ton résigné et Harry pensa qu'elle ne devait pas compter parmi les supporters du Tournoi. Trelawney, non plus, sans doute ajouta-t-il mentalement.
« …Le Tournoi… » - intervint la voix spectrale du professeur de Divination le sortant brutalement de ses pensées, « le tournoi est une chance… »
« Une bonne excuse pour les paresseux, oui », grommela Vector.
« C'est une chance pour ceux qui ont du courage, des ambitions », renchérit Trelaweney, parlant toujours avec cette voix désincarnée, « c'est un bon lieu pour affronter son destin ».
Destin était encore un mot que Harry avait du mal à entendre sans se figer. Malgré les affirmations de son grand-père et de son père, il n'était pas totalement convaincu qu'il avait une telle prise sur ce fameux destin. Toutes ces choses qui s'étaient passées avant sa naissance, toutes celles qui s'étaient passées depuis… tous ces futurs possibles… Il lança un regard un peu nerveux à Cyrus qui leva les yeux au ciel.
« Il est certain, Sybille, qu'il faut encore être convaincu d'avoir un destin », répondit finalement Prudence Vector, sur le ton de quelqu'un qui se retient d'être bien plus virulent.
« Il ne s'agit pas de conviction, il s'agit d'intuition », répondit très calmement Trelawney.
Prudence Vector leva les yeux au ciel ravalant sans doute des arguments qu'elle savait inutiles mais la professeur de Divination continua très doucement, les yeux toujours perdus dans les flammes : « Je suis sûre que Harry me comprend, j'ai toujours eu l'impression qu'il avait de l'intuition… » Elle ne termina pas sa phrase, mais Harry sentit à la réaction de son frère qu'il avait perçu comme lui qu'elle n'en aurait pas dit autant en son cas.
« Ça Harry, ne manque pas d'imagination ! » grommela finalement Cyrus mais sa sortie fut opportunément couverte par le bruit des portes qui s'ouvraient sur les directeurs sur l'école.
« Nous sommes désolés d'arriver si tard, j'espère que vous ne mourez pas trop de faim», s'excusa Remus avec un grand sourire, « M. Rusard, pouvez-vous essayer de retrouver ceux et celles qui se sont désespérés de nous attendre ? »
Tout le monde se tourna vers les nouveaux arrivants qui se répartissaient librement autour de la table. Vector s'avança à son tour en souriant, demandant au directeur de Poudlard et à sa femme ce qu'ils comptaient faire du futur ethnomage qu'ils élevaient. Harry observa avec amusement la surprise de Remus et les efforts de Cyrus pour échapper à une nouvelle conversation sur le sujet.
Mais il sentit derrière lui la présence presque immatérielle de la professeur de Divination, toujours assise auprès du feu. Il repensa à ses paroles étonnamment favorables au Tournoi et il se retourna pour l'observer. Elle ne semblait pas intéressée par les conversation autour d'elle, perdue dans son monde intérieur, sirotant du thé venant de sa théière qu'elle ne partageait avec personne. Il repensa aux souvenirs que son Grand-père avait partagés avec lui et il frissonna, impressionné que des paroles aussi décisives pour sa vie puissent être provenir de quelqu'un d'aussi falot.
« Sybille, Harry, venez nous rejoindre ! » appela alors son père.
Harry acquiesça et se tourna une nouvelle fois vers la professeur de Divination qui sembla alors seulement s'arracher à la fascination du feu. Elle se levait très lentement, rajustant ses multiples couches de châles autour de ses bras et levant ses grands yeux de myope démultipliés par ses épaisses lunettes vers Harry, comme si elle le voyait pour la première fois. Sans trop savoir pourquoi, Harry dut réprimer un frisson nerveux et il eut l'impression fugace que sa cicatrice le lançait. Mais Trelawney s'avança lentement vers la table et murmura en passant devant lui :
« La cicatrice, Harry… la cicatrice… »
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« T'as eu un Eclair de Feu ! » s'exclama Ron, « t'as eu un Eclair de Feu pour Noël ? »
Dean, Seamus et Neville abandonnèrent aussitôt leurs rangements pour venir admirer le nouveau balai de Harry.
« Dommage qu'il n'y est pas de matchs cette année… » - commenta le premier.
« On peut peut-être en organiser, non Harry ? » remarqua le second.
« Faut voir… peut-être entre des épreuves du Tournoi… faudrait en parler avec les autres équipes...» - reconnut Harry réfléchissant tout haut.
« On pourra l'essayer ? » s'enquit Seamus, la main glissant légèrement sur le manche profilé.
« Pourquoi pas », répondit Harry en regardant Ron. Il avait plus ou moins prévu de lui donner son ancien balai, mais il ne savait pas vraiment comment s'y prendre pour que l'ombrageux rouquin l'accepte. Sans doute à un autre moment…
« Oh moi, je suis sûr que je tomberais », murmura Neville mais ses yeux brillaient autant que ceux de ses camarades de dortoir.
« Ecoute, Neville, ce n'est pas si différent d'un autre balai ! Cyrus n'a pas encore réussi à se casser quelque chose avec le sien, et pourtant il a essayé ! » - répondit joyeusement Harry.
« Cyrus en a eu un aussi ? » demanda Ron et la jalousie cette fois était patente.
« Oui… un chacun… c'était notre cadeau de Noël… » - expliqua Harry, essayant de souligner qu'ils n'avaient pas eu des milliers de cadeaux non plus.
« Destiné à entrer dans l'équipe, bon sang ne saurait mentir », commenta Ron, essayant de se moquer de sa propre amertume avec assez peu de succès.
Les trois autres Gryffondors se reculèrent imperceptiblement des deux amis et Harry soupira :
« Je croyais que c'était fini, toi et Cyrus ? » finit-il par demander.
« Mais tout à fait, je ne vais pas lui reprocher d'avoir des parents riches et particulièrement magnanimes avec lui… » - répliqua Ron, un peu raide.
Harry décida qu'il n'aurait pas cette conversation-là. Il n'y était pour rien si les Weasley n'avaient pas les moyens d'offrir à leurs enfants tout ce qu'ils pouvaient désirer. Quant à la soit disant magnanimité de Remus et Tonks, il était convaincu que Ron ne pensait pas ce qu'il disait.
« A propos de famille, alors, ces vœux du Ministère ? » demanda-t-il au contraire.
« Aussi ennuyeux qu'on pouvait se les imaginer… » - répondit Ron semblant néanmoins apprécier le changement de conversation. « En plus, t'étais pas là.. «
« Malade », précisa Harry aux autres.
« Chanceux, oui… et les jumeaux avaient juré à maman qu'il ne se passerait rien », conclut sombrement Ron.
Harry sourit et ajouta : « Cyrus aussi »
« Oui, il paraît… Encore que j'ai cru qu'il allait tout oublier quand Malefoy est venu l'asticoter… »
« Ah ouais ? »
« Il t'a pas raconté ? » s'étonna le rouquin.
« Non »
Ron eut presque l'air embarrassé puis il raconta avec un haussement d'épaules :
« En fait... ils s'étaient planqués, Ginny et lui, dans une des loges au-dessus… On est allé les rejoindre avec les jumeaux et Cédric…Ils voulaient… ils voulaient que Cyrus leur montre où vous aviez trouvé des… alcools… l'année dernière…»
Harry resta impassible, laissant à ses autres copains de dortoirs le soin de s'étonner du projet comme de l'association et Ron se dépatouiller avec les explications. Cyrus avait dit qu'il ne s'était rien passé et il le croyait.
« Cyrus était en train de nous expliquer que vous étiez tombés par hasard sur des caisses de réserve l'année dernière… quand Pansy et Malefoy sont arrivés… Je sais même plus sur quelle excuse… Mais… ils ont commencé à dire à Cyrus qu'il perdait son temps avec nous… »
Là, Ron jeta un regard circulaire autour de lui, comme s'il prenait conscience de la présence des autres et du sens de ses paroles. Mais Harry choisit une nouvelle fois de hausser les épaules – tant pis pour Ron !
« …le dernier des Black devrait s'associer à mieux que des Weasley », proposa-t-il calmement.
Il entendit les exclamations étouffées de Neville et Dean. Seamus se racla la gorge mais lui ne quitta pas Ron des yeux.
« Hum… un truc comme ça », maugréa-t-il, « enfin bref, Cyrus a essayé de pas leur répondre et Drago a continué… »
« Loup-garou ? » continua Harry, avec un détachement ironique et sans pitié qui faisait clairement penser au plus jeune des Lupin.
« Moins direct que ça, mais c'était l'idée », confirma Ron avec une grimace.
« Et ? »
« Et Cyrus est devenu très pâle…On a tous cru qu'il allait se jeter sur lui, Malefoy aussi… il était prêt…mais finalement, Cyrus s'est mis à rire… « Tu voudrais bien, hein, que je me batte avec toi… tu voudrais bien passer encore pour la victime et que je me fasse tuer pas mon père… et bien, désolé Drago, pas aujourd'hui !» Et il est sorti… »
Dean siffla.
« Cyrus Lupin raisonnable ? Le score de Gryffondor va remonter ! »
Harry sourit, essaya de retenir sa pique mais échoua :
«Tu vois Ron, finalement, des parents magnanimes…. »
Les oreilles de son ami s'empourprèrent.
« J'ai pas voulu dire ça… »
Un drôle de silence retomba sur le dortoir, Ron et Harry s'observant du coin de l'œil. Dean et Seamus se reculèrent imperceptiblement mais finalement Neville intervint.
« Pourquoi... Harry…. ton frère… c'est un Black ? »
Harry sentit son cœur s'accélérer, il ne pouvait pas trop faire demi-tour maintenant. Il avait plus ou moins consciemment compté sur les rumeurs qui avaient circulé depuis que Cyrus vivait avec eux. Mais si ses camarades voulaient une confirmation de sa part, pouvait-il leur refuser ?
« C'est aussi un Lupin… comme moi », finit-il par répondre.
Ron était embarrassé, Neville confus. Dean et Seamus se consultèrent et le premier reprit :
« Tu veux dire qu'il est adopté ? »
« Mon père s'est marié avec sa mère, alors qu'elle l'attendait », répondit Harry, récitant la version dumbledorienne.
« Son père c'est Sirius Black ? »
« Celui qui a... tes parents ? » - s'embourba Neville.
« Sirius Black a été accusé à tort, même le Ministère l'a reconnu… » - énonça Harry, évitant le regard de tous ces camarades.
« Et il ne s'occupe pas de son fils ? » demanda Seamus.
« Je ne crois pas qu'il le considère comme son fils… et puis Cyrus a déjà un père… » - rétorqua Harry, conscient de l'agressivité de son ton mais incapable de le contenir.
Le plus profond silence tomba sur le dortoir et cette fois ce fut Harry qui le brisa en demandant :
« Ce n'est pas réellement un secret… mais je vous serais reconnaissant d'éviter d'en parler à tout le monde… et même à Cyrus… »
« Bien sûr Harry », avaient répondu les quatre autres.
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Harry s'était attendu à que ses révélations ne ravivent encore les préventions que ses camardes semblaient avoir parfois envers lui, qu'elles soulignent une fois de plus sa différence du commun des sorciers. Mais ses inquiétudes ne se vérifièrent pas. Au contraire. Comme si la confiance d'Harry avait nourrit la confiance de ses camarades de dortoir. Seul Ron avait grogné quand ils avaient été seuls qu'il aurait pu lui dire avant. Mais il avait fini par reconnaître que ça ne changeait pas grand-chose et s'était plutôt enthousiasmé que Harry lui donne son ancien balai.
Le retour à la vie scolaire et communautaire n'était donc finalement pas si difficile et il tendait même à l'aider à fermer ses cicatrices, à mettre un peu de distance entre lui et toutes les interrogations et les doutes de la fin de l'année précédente. Quelques jours après la rentrée, Harry attendait donc l'arrivée de la professeur de Défense contre les Forces du mal, en discutant tranquillement avec ses camarades de la très prochaine arrivée des délégations des autres écoles, sujet qui remplissait aisément les conversations, deux jours plus tard
« Tiens, elle n'est pas là, notre grande Auror détachée…. Elle se sent faible ? » - remarqua soudain une voix traînante et hautaine que tous connaissaient bien. Harry vit les regards inquiets et furieux que lui lancèrent ses camarades Gryffondors et il leur sourit comme pour les inviter à résister à la provocation.
« Malefoy », constata-t-il.
« C'est dangereux paraît-il les grossesses de lycanthropes », continua Drago. « Elle est peut-être partie pour Sainte Mangouste. »
Tiens, il savait déjà ça, pensa Harry. Ni Remus, ni Tonks leur avaient caché que la lycanthropie du premier posait problème. Même si les enfants à naître n'étaient pas affectés, le corps de Tonks pouvait repousser les embryons comme des corps étrangers et elle était soumise à un traitement préventif assez lourd.
« Tu es bien informé dis-moi ? »
« Qu'est-ce que tu crois, Potter ? »
« Tu penses que tu mettras combien de siècles à te rappeler de mon nom entier, Malefoy ? » demanda sourdement Harry.
« Tu es si fier d'être un Lupin ? Pas besoin pourtant, puisque ma chère cousine s'occupe de les multiplier ! »
« Et nous qui espérions que vous en profiteriez pour la renier définitivement ! » regretta comiquement Harry, arrachant quelques rires étouffés à ses camarades.
Malefoy gronda :
« Nous tenons le sang en trop grande estime pour ne pas regretter sa mésalliance »
« Joli, Malefoy, tu seras un bon petit avocat véreux… comme ton père ! »
« Laisse donc mon père là où il est ! »
« Dès que tu laisseras toute ma famille en paix, cher cousin ! »
Malefoy se crispa dans une attitude menaçante et Harry soutint son regard, déterminé à ne pas faire le premier geste mais à ne pas se laisser faire pour autant. Seule l'arrivée de Tonks, légèrement essoufflée, mit une fin claire à l'affrontement latent.
« Excusez-moi, un appel du ministère pour la sécurité du Tournoi, j'ai été prévenue à la dernière minute… » - expliqua-t-elle, refermant la porte de la classe derrière elle. La plupart des élèves s'étaient levés à son arrivée mais, malgré tout, on pouvait toujours remarquer que Harry et Malefoy se tenaient au milieu d'un cercle informel et qu'ils s'opposaient physiquement l'un à l'autre. . « Qu'est-ce qui se passe ici ? Malefoy, Potter-Lupin, un problème ? »
« Non, professeur », grommela Harry, préférant éviter d'obliger Tonks à arbitrer une querelle qui mélangeait si intimement le scolaire et le familial. Mais il détesta la lueur de triomphe dans les yeux de Drago Malefoy.
« Je m'enquerrais de votre santé, professeur », lança d'ailleurs ce dernier.
Beaucoup d'élèves se figèrent. Tonks lui lança un regard inquisiteur :
« Votre sollicitude me touche, M. Malefoy, mais je vais très bien, merci… Asseyez-vous tous et prenez vos livres… Nous allons nous intéresser aujourd'hui…»
« A la reproduction des loups-garous ! » lança Malefoy dans un silence général et tendu. Même Pansy Parkinson se mordit les lèvres.
Tonks prit le temps de répondre.
« L'étude des loups-garous nous occupera au troisième trimestre, M. Malefoy, et je retiens d'ores et déjà que vous vous portez volontaire pour un exposé sur leur reproduction, en attendant je voudrais que nous lisions ensemble le chapitre introductif sur les créatures des eaux douces, p59. Melle Parkinson, pouvez-vous commencer ? »
Il y eut quelques rires étouffés et le cours commença, à peine plus tendu qu'à l'accoutumée. Malefoy fulminait mais ne semblait pas oser entreprendre quoique ce soit de plus provocateur. « La limite des Serpentards », pensa Harry, un peu distrait. La main d'Hermione se posa sur son bras et elle tourna avec beaucoup d'affectation la page de son livre. Zut, il n'écoutait pas vraiment Dean Thomas qui lisait un paragraphe sur les serpents d'eau. En tournant lui aussi sa page, il croisa la regard de Tonks et il sentit ses joues rosir. Non ce n'était pas le moment d'embarrasser Tonks…Il se concentra sur la fin de la leçon.
« Bien, nous allons commencer la semaine prochaine par l'étude des Pitiponks, je dois en recevoir d'un jour à l'autre…et malgré les perturbations que va certainement imposer le Tournoi, nous allons à peu de choses près suivre le plan proposé dans ce chapitre pendant le deuxième trimestre. Puisque nous parlons de l'avenir, et qu'il me semble dommage que tous ne puisse pas juger du sel des fines remarques de M. Malefoy, je dois vous prévenir d'ores et déjà que je ne finirais peut-être pas l'année avec vous car… je suis enceinte… »
Les garçons eurent l'air sidéré et les filles se partagèrent entre le rire nerveux et les félicitations. Malefoy leva les yeux au ciel. Tonks eut un petit sourire crispé et un regard interrogateur pour Harry qui lui rendit son sourire. Non, décidément, il espérait de plus en plus de la transparence.
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« La délégation de Durmstrang arrivera la première… vers 10 heures… »
« Pourtant ils viennent de plus loin », remarqua Marigold Chourave.
« Mme Olympe n'est pas connue comme quelqu'un qui se lève tôt », dit doucement Remus.
« Non ? » demanda Minerva McGonagall.
« … et puis je pense qu'elle a envie de se faire admirer… » - termina-t-il avec un sourire entendu.
Tous autour de lui acquiescèrent avec un petit sourire.
« On en sait plus sur leur candidat ? » demanda Flitwick d'un air curieux.
Remus se pencha sur le dernier parchemin reçu de Karkarov.
« Oui, donc, Victor Krum le premier candidat est retenu par les entraînements de l'équipe nationale de Quidditch… ils n'ont pas pu trouver de terrain d'entente. Ils ont donc un nouveau candidat, ou devrais-je dire une candidate… »
« Ça c'est bien, sinon ça faisait trois garçons.. » fit remarquer Minerva
« Parce que Romaric est un nom de garçon ? » s'étonna Marigold en ce tournant vers elle.
Remus s'éclaircit la gorge pour ramener le silence parmi ses collègues.
« Oui, Romaric Dubosc, le candidat de Beaux-Bâtons, est un garçon… pour Durmstrang, on nous annonce une certaine Natassia Vildon… »
« Vildon », répéta Rogue, intervenant pour la première fois dans la conversation. Remus ne fut pas le seul à entendre la tension de sa voix.
« Vildon, oui… vous la connaissez, professeur Rogue ? » demanda-t-il poliment.
« Les Vildon vivaient en Angleterre… jusqu'en 1981 », expliqua sombrement le Maître des potions.
« Oh ? Vous les connaissiez ? » - demanda le professeur Chourave avec tant de bonne volonté que Remus faillit exploser de rire – Marigold avait un tellement bon fond qu'elle semblait jamais capable d'envisager le pire. Mais Minerva avait perçu toutes les implications de la phrase de Severus Rogue.
« Personne n'ignore que beaucoup de sympathisants de Vous-Savez-Qui ont fui vers l'Europe de l'Est… Pensez-vous qu'on doive vérifier qu'ils ne sont pas interdits sur le territoire ? »
Severus secoua la tête et cracha presque :
« Pas plus que Karkaroff… autant que je sache…»
Les cinq professeurs restèrent silencieux dans la salle des professeurs. Ils prirent brusquement conscience de l'heure tardive de leur réunion, du silence qui les entourait, du château endormi autour d'eux, de la forêt à l'extérieur, de l'Angleterre tout autour, et du monde et ses agitations plus loin encore…. Tout était si paisible à Poudlard. Si fragile...
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On y vient, on y vient, non ?
De pierres, de glace ou de toiles, la suite s'appelle Châteaux…
Ah si, note sur les concours :
ils continuent !
J'ai retenu parmi tout ce que vous
m'avez écrit deux propositions pour l'animagus de Harry :
Oeil-de-nuit et Snoer (neige en norvégien)…
Ai de mon côté pensé à Petite-Lune (mais ça fait un peu Yakari…)
