L'inné et l'acquis
Merci à
Mme Rowlings de nous prêter ses jouets!
Merci à
Alixe d'avoir relu cinq versions différentes de la deuxième
scène…
Merci à
Vert d'avoir traduit les propos de Mme Maxime… trop mouarf, non ?
Ce
coup-là, vous m'avez tous étonnée… en
réagissant pas du tout là où je vous
attendais !
Ça m'apprendra à jouer les
Sybille…
J'ai remarqué aussi que vous ne lisez pas les réponses à review des autres… Alors pour TOUT LE MONDE…. Dans Cristaux de Neelps, Neelps est l'inversé de Spleen… Normal que ça rende un peu suicidaire…
Alixe…
Contente que tu l'aies vue, finalement !... Mais bon, y a que
toi….
Prudence est toute à toi ! Hâte de la
voir face à Willy Boy !
Lunenoire…
En règle général, j'évite comme la
peste les Drago/Harry parce que c'est quand même toujours la
même chose ! Mais, de temps en temps, ça permet
aussi de montrer qu'ils grandissent, car la forme change…
Thamril…
Mowgli ? Non, honnêtement, je ne crois pas en Mowgli…
Beaucoup trop moldu pour l'occasion… Comment connaîtraient-ils
ça ?
Titou….
Dire que je croyais que tu avais trouvé !
Ryan…
Hermione ? J'ai relu le chapitre et je vois pas… La
scène où elle intervient, elle prévient juste
Harry qu'il n'a pas tourné la page… rien que de la
solidarité entre amis en classe…Déçu ?
Chiffonnette…
Avoir lu les trois opus en un week-end, c'est… impressionnant…
Ta famille a en effet du avoir du mal à te voir !
Et
bien, j'espère que la suite va te plaire tout autant…
Fée
Fléau… Castor et Pollux… Mouarf….
Vildon… Oui,
elle n'a pas un nom sympa… et ça va pas s'arranger dans
quelques lignes, normalement… Je jouais avec Devil en fait, mais
c'est pas bien loin de Voldie….
Et tu penses déjà
que je pourrais mettre dans une quatrième année ?
Pauvre de moi…
Alana
Chantelune... Non, non, je me complique la vie et je fais un
Tournoi à moi toute seule – sans doute est-ce un choix assez
peu raisonnable, mais est-ce qu'écrire des fanfictions est
bien raisonnable ?
Mystick…
Charlie et Cassiopée… elles doivent être adorables tes
nièces… Pas sûre cependant que les étoiles
aient toutes laissé de bons souvenirs dans la famille Black…
Charles pourrait plaire à Tonks, que je sens dans le no-no
sense sur ce sujet… Quant à Esteban – que je trouve aussi
« hot » - je ne vois pas comment l'amener….
Mais, sait-on jamais…
Andromaque…
Reverra-t-on Sirius ?… Mais Cyrus est Sirius… ou je
comprends pas la question…
Guézanne…
Cicatrisé ? Hum à voir… le débat entre le
passé et l'avenir est ouvert… avec un léger
avantage pour l'avenir…
Juliette…
Moi, j'aime bien l'idée que Cyrus fasse ses propres
choix…. Bellatrix ? Mais je peux pas la voir à votre
place !
Chapitre politique….
Vingt-deux – Châteaux
Les élèves étaient venus se regrouper au pied du grand escalier dès la fin du petit déjeuner. Il n'y aurait pas de cours ce matin-là car on attendait les deux écoles qui allaient rivaliser avec Poudlard pour la Coupe des trois sorciers. Et la présence de Diggory, Weasley et Umbridge, représentants le Ministère, ajoutait encore à la solennité et à l'excitation.
Comme s'il y avait besoin que ces trois-là perdent aussi leur temps ! Comme si ça ne suffisait pas qu'une école tout entière perde la tête, il fallait que le Ministère cautionne de telles stupidités !
Severus Rogue n'arrivait pas à comprendre. Comment Lupin faisait-il pour arborer ce sourire stupide ? N'avait-il donc rien de mieux à faire que d'accueillir Karkaroff et Maxime ? Ne savait-il pas combien le premier détestait les loups-garous ? Combien la seconde serait prête à tout pour ramener la coupe dans son école ! Stupide tournoi !
« Flint, n'avez-vous donc aucun souci de votre honneur que vous portiez votre uniforme déboutonné ? » Le garçon perdit un instant sa prestance hautaine et Severus put voir, en vague, des dizaines d'autres vérifier leur mise. Il faut toujours tout faire ici !
Presque satisfait de la tenue de ses élèves, il rejoignit à grands pas le corps professoral.
« Durmstrang ne devrait plus tarder », annonça alors Vector consultant sa montre.
Comme si les éléments lui obéissaient un nuage noir, bas et ventru, s'imposa dans le ciel bleu et pur de Poudlard. Tout le monde au sol rajusta sa cape et un vent glacé glissa sur le sol enneigé, faisant s'envoler la neige la plus légère et frissonner les humains comme les branches du saule Cogneur.
Le cœur de Severus se serra. N'y avait-il que lui pour voir un présage sinistre dans ce froid surnaturel. Karkaroff n'a pas changé, j'en suis sûr ! Comment aurait-il changé ?
Le vent glacé et le nuage, enflèrent et bientôt ils ne semblèrent plus faire qu'un et lier le ciel à la terre dans un tourbillon gris et sombre. Puis le ciel parut aspirer le tourbillon et découvrit aux yeux des spectateurs frigorifiés un château d'inspiration baroque, avec ses tours élancées et vertigineuses, ses grandes fenêtres à meneau et une double porte argentée.
Un château parfait, de contes de fée, murmurèrent plusieurs stupides élèves – sans doute nés moldus… et cette impression d'irréalité était sans doute renforcée par la matière du château - la glace - qui étincelait dans le soleil écossais.
« Faudrait pas un printemps trop hâtif », fit remarquer la pratique Chourave.
Ou, au contraire, un grand feu purificateur, songea Severus, conscient de sa propre aigreur et incapable de la contenir dans les limites de la froide raison. Le monde magique a été trop gentil avec nous, ils auraient dû nous traquer jusqu'au dernier… refuser de pardonner… Ne peuvent-ils pas voir au-delà de l'image ?
La foule, adultes comme enfants, admirait l'apparition à haute voix. Mais, lorsque les portes d'argent du château glacé s'ouvrirent, laissant sortir une dizaine d'élèves menés par Karkaroff lui-même, le silence revint brusquement dans les rangs. Pourtant l'excitation restait palpable.
« Tu le vois le candidat ? » « C'est pas une fille ? » « Tu crois qu'ils sont venus dans la tornade ? » « Plutôt un Portoloin », proposèrent les élèves les plus âgés.
Futile, ridicule, stupide… était-ce pour eux qu'il avait pris tant de risques ? Etait-ce pour eux qu'il ne pouvait plus dormir depuis qu'il avait appris que Karkaroff lui-même accompagnerait ses élèves – et non son adjoint comme ce qu'il s'était passé l'année dernière à BeauxBâtons ?
La délégation approchait, emmitouflée dans d'épaisses capes fourrure, ordonnée et martiale. Lupin lui fit signe de se joindre à lui – son regard attentif lui appris qu'il lisait clairement son mal-être, et Rogue le détesta pour cela.
« Bienvenus à Poudlard ! »
Lupin accueillit aimable son homologue bulgare, ignorant superbement sa visible froideur.
Comme si le fait qu'il lui serre la main effaçait ce que Igor peut penser des loups-garous ! Ce que j'ai pu en penser moi aussi, se corrigea intérieurement Severus et son malaise crut encore.
« Enchanté professeur Lupin, professeur Rogue… je suis heureux de vous revoir », répondit lentement Karkaroff, le fixant ouvertement.
Tu crois lui apprendre que tu me connais ? Tu crois me connaître ? Mais tu te trompes, Karkaroff ! C'est moi qui sais qui tu es !
« Très belle entrée », offrit-il, néanmoins, impartial.
« Merci », répondit le directeur de Durmstrang sans le quitter des yeux.
Il insiste en plus !
« Et voici donc la championne de Durmstrang ? » intervint Lupin.
Il croit sans doute que j'ai besoin de son aide ! Mais jamais Karkaroff ne va s'intéresser à toi, Lupin ! Il n'est pas venu pour toi ! Ne peux-tu le comprendre ?
Le regard de Karkaroff revint néanmoins poliment sur le directeur de Poudlard avant de se tourner vers la jeune fille qui se tenait un pas derrière lui, mais un pas devant ses camarades de Durmstrang. Grande et charpentée, Natassia Vildon avait des traits aristocratiques, des yeux clairs, des cheveux presque blancs.
Savant mélange de Claudius et de Barbara ! - jugea Severus, ému malgré lui de retrouver des visages plus jeunes mêlés dans les traits de la jeune fille.
Elle ne semblait absolument pas impressionnée par la situation. Quand Karkaroff l'invita de la main, elle vint directement se présenter à l'équipe de Poudlard, puis aux représentants du Ministère qui les avait rejoints.
« Bravo Mademoiselle », dit gentiment l'inénarrable Arthur Weasley, « je suis sûr que vous saurez représenter votre école comme la vaillance et la compétence des jeunes sorcières face à leurs homologues masculins !»
« Il est clair que la pureté du sang est plus importante que le sexe », déclara la jeune fille, sans une trace d'accent. Elle garda la tête haute et le front serein comme si elle ignorait le contenu subversif de ses paroles. Pourtant Severus put voir que même Remus en doutait.
Et oui, voilà les vipères que tu as invitées dans ton refuge, Lupin ! Ne t'ai-je pas inlassablement mis en garde ! Mais tu es comme Albus, n'est-ce pas ? Tellement plus Gryffondor de réparer ses erreurs plutôt que de les éviter !
« Heureusement, Mademoiselle, la qualité du savoir continue de l'emporter sur celle du sang », lâcha Lupin, un peu brusquement.
Parce que tu crois qu'ils ont besoin que tu leur dises que tu n'es qu'un demi-humain ? Ne sois donc pas si prévisible !
« Oui, le Tournoi va permettre à tous de montrer ce qu'ils savent faire ! Et d'ailleurs, vous avez déjà commencé ! » - intervint finalement Diggory, sans doute soucieux de voir la conversation restée dans les limites polies du consensus. « Vraiment magnifique, un château d'une rare beauté, je me demande ce que Mme Maxime va nous proposer ! »
Et en voilà encore un autre qui croit que la meilleure politique est celle de l'autruche ! Terrifiant !
Le directeur de Durmstrang eut un petit sourire suffisant comme pour dire qu'il ne craignait pas la concurrence française. Mais avant que les autres aient ajouté au sujet, une rumeur s'éleva des élèves assemblés, et Remus tourna la tête vers l'Ouest. Au dessus de la Forêt interdite, on distinguait une masse rouge et dorée, une masse sphérique, qui arrivait à vive allure en direction de Poudlard.
« Un ballon », constata Filius Flitwick avec l'air d'un enfant ravi.
Une montgolfière se détachait, en effet, de plus en plus nettement dans le ciel clair. Elle ralentit, survola le château de glace, et amorça une descente lente et digne sur la prairie enneigée. Quand l'imposante nacelle toucha le sol, le ballon se dégonfla d'un seul coup, et s'étala sur la neige comme un manteau de cérémonie. Une seconde, tout le monde crut que c'était fini et un sourire supérieur réapparut sur le visage de Karkaroff qui s'était figé pour observer l'arrivée des Français.
Mais le manteau prit vie et bientôt, trois pics se dressèrent, un central plus haut que les deux autres, soulevant l'étoffe pour former des dômes et de larges plis majestueux. De nouveaux pics apparurent et des auvents vinrent s'ajouter. Un drapeau frappé aux armes de BeauxBâtons fit son apparition et claqua dans le vent.
« Pourquoi ça me dit quelque chose ? » entendit Severus murmurer Tonks, quand l'immense assemblage de tentures et de cordes fut terminé.
« Vous connaissez la tapisserie française, la Dame à la Licorne ? » demanda Prudence Vector qui était à ses côtés.
« Oh… Oui, Bien sûr ! »
Et voilà donc tout ce qui les intéresse ! Les bébés ! Les tapisseries ! Les Tournois ! Les festins ! Panem et circenses ! - songea douloureusement Severus.
Les tentures qui fermaient la tente principale s'ouvrirent d'un coup, révélant la haute stature de Mme Maxime entourée d'une dizaine d'élèves dont le plus grand lui arrivait à peine à l'épaule. Le petit groupe sortit d'un pas assuré de l'ombre du dais et Lupin, une nouvelle fois, lui fit signe de se joindre à lui pour les accueillir. Aucun des deux hommes n'étaient à proprement parler petit, et pourtant à côté de l'imposante directrice de Beaux-Bâtons, ils avaient l'air de collégien. Mais, Lupin ne sembla pas se sentir diminué et s'adressa à Mme Maxime avec entrain et bonne humeur :
« Mme Maxime, je suis très heureux et fier de vous voir à Poudlard ! »
« « Il faut m'appeuler Olympe, mon cheur Remus, il faut… Nous en avons deujà parleu… Cette neige est deulicieuse ! »
L'alliance du loup-garou et de la demi-géante ! Karkaroff va devoir mettre un mouchoir sur sa fierté, estima peu aimablement Severus.
« Je vous présente le professeur Rogue qui m'assiste dans la difficile tâche de gérer cette école », continuait Lupin, toujours aussi souriant et amical.
« Oh oui, n'eust-ce pas ? J'eu entendu parleu de vous ! » - répondit Mme Maxime.
En bien, visiblement ! Severus s'inclina avec raideur, ignorant le froncement de sourcil de Lupin. C'est elle qui a commencé !
« Meus je vois que Karkaroff est deujà arriveu », continua Maxime, visiblement indifférente à la réaction du Maître des Potions, « Son château eut treus reuhussi… un peu froid, peut-eutre… »
Elle aussi ! Sage Cerridwen, protégez les imbéciles !
« Allons le rejoindre », proposa Remus.
« Bien sûr, Romaric, Veunez aveuc nous ! » dit la directrice de Beauxbâtons.
Un jeune garçon, tellement brun, fin et élancé qu'il semblait presque un ultime descendant des légendaires elfes des forêts, se détacha du groupe d'élèves. Il avait la démarche dansante et un sourire éblouissant qui transformait profondément son visage. Il remercia poliment Lupin et Rogue de leur accueil.
Encore un qui n'a pas froid aux yeux ! McMillan va se faire déchiqueter par ces deux là ! Mais, voilà Marigold qui nous l'amène ! Le coq du sacrifice ! Lui s'en rend bien compte et ne nous remercie pas de le jeter en pâture aux deux autres ! Ça se lit sur son visage !.
Danny McMillan était plus grand que Dubosc et plus petit que Vildon. Il était le candidat de Poudlard et il aurait dû savoir que tous le soutenaient. Il était le seul à s'exprimer dans sa langue maternelle mais, même de loin, beaucoup sentirent qu'il était surtout intimidé. Malgré les encouragements de Remus, de Chourave et de Diggory, il parût particulièrement emprunté.
Dans la bousculade peu digne qui suivit l'invitation de Lupin de rentrer dans le château, Severus entendit le jeune Weasley commenter pour ses camarades.
« Tu veux que je te dise, Harry, quand je vois McMillan à côté des deux autres, je me dis que Poudlard n'a pas beaucoup de chance ! »
C'était triste à dire, mais Severus était pour la première fois de sa vie d'accord avec un Weasley !
000
« Harry, tu dors ? »
« Non, Ron, j'y arrive pas ! »
Comment aurait-il pu dormir après cette journée ? L'arrivée des autres écoles avaient été grandiose et le reste de la courte journée n'avait été qu'une longue et interminable attente collective jusqu'au repas du soir. Tout Poudlard n'avait qu'une envie revoir les vingt extra-terrestres qui venaient de bousculer la vie régulière de l'Ecole. On voulait en savoir plus sur les sombres et raides Durmstrang. On voulait voir de plus près les brillants et légers BeauxBâtons. On voulait les connaître, les sentir, les toucher …
On se demandait s'ils resteraient tout leur séjour à cette cinquième table rajoutée au milieu de la Grande Salle ou s'ils pourraient se mêler aux étudiants. On pariait déjà sur d'éventuels couples. Bref, on avait été particulièrement loin des enchantements, de la métamorphose ou des potions !
Même les professeurs avaient paru distraits, s'arrêtant dans leur déambulation dans la classe pour observer par la fenêtre les deux nouveaux châteaux de Poudlard. Flitwick ne put s'empêcher de donner moult explications techniques sur les charmes utilisés – quelque soit le niveau de compréhension des élèves en face de lui. En Divination, Trelawney avait constamment trouvé des références au Tournoi dans toutes les prédictions de ses élèves qu'ils emploient le tarot, les feuilles de thé ou la boule de cristal. Binns, une nouvelle fois, fut le seul professeur qui sembla totalement ignorer l'arrivée des autres écoles et l'ouverture imminente du Tournoi. Comment aurait-il pu dormir !
« Moi non plus…. » - murmura son ami avec un soupir. « J'aimerais bien savoir ce qu'ils font dans leur igloo ou dans leur tente… »
Harry sourit dans l'obscurité et s'assit sur son lit.
« Ronald Weasley, t'es en train de me proposer d'oublier de couvre-feu et d'aller faire une promenade nocturne ? » demanda-t-il, un peu moqueur.
Son ami soupira comme toute réponse et Harry sentit qu'il le décevait en parlant de règlement. Ils restèrent silencieux puis le premier reprit :
« Tu sais, hier, j'ai entendu pas hasard, Cyrus discuter avec Fred et George… La carte avance bien… elle n'arrive pas encore à voir les noms mais elle détecte les présences… »
« C'est vrai ? » demanda Harry même si sa question était inutile. Il entendait l'argumentaire sous-jacent. « Ton frère, lui, ne passe pas son temps à respecter le règlement !».
« T'imagine… avec ta cape et leur carte… »
Harry gloussa : « Mieux que tu ne croies… » » Puis, il tendit la main, s'empara de ses lunettes avant de repousser les couvertures et de sortir de son lit. « OK, allons faire un tour… mais vigilance constante, hein ? »
Ron était déjà debout et, malgré l'obscurité, Harry sentit qu'il jubilait. Les deux garçons s'habillèrent silencieusement et descendirent dans la salle commune. Harry avait glissé au cas où dans sa poche sa cape d'invisibilité. Il ne l'emploierait qu'en dernier recours, mais c'était stupide de s'en priver !
La salle commune était vide et ils la traversèrent rapidement puis s'engagèrent prudemment dans le couloir. Ils avaient beau faire le moins de bruit possible, ils avaient l'impression que chacun de leur pas s'entendait jusqu'aux cachots. Ils atteignaient l'escalier secondaire qui menait au rez-de-chaussée quand ils entendirent des murmures en bas de l'escalier. Les deux garçons échangèrent un regard et tendirent l'oreille :
La première voix les glaça. C'était celle de Rusard :
« C'est la première fois, professeur, que je vous vois la nuit » disait-il.
« Oh, vraiment… J'aime pourtant parfois marcher et laisser les visions venir à moi », répondait Trelawney de sa voix sépulcrale. « Mais je vous remercie, M. Rusard, me voici arrivée !»
Harry imagina qu'elle se tenait devant le grand tableau de Circée qui cachait l'entrée de l'aile des professeurs.
« Qu'est-ce qu'elle fiche là ? » grommela Ron.
Harry haussa les épaules.
« En tout cas, c'est une mauvaise direction ! »
Ron acquiesça d'un signe de tête et ils rebroussèrent chemin, prenant cette fois-ci à droite devant la Tour de Gryffondor pour rejoindre un escalier secondaire. Ils n'avaient pas fait dix mètres dans ce nouveau corridor que des bruits de course retentirent.
Sans plus réfléchir, Harry sortit précipitamment sa cape de sa poche et jeta l'étoffe magique sur eux. Avant que les deux amis n'aient eu le temps de décider s'ils voulaient avancer ou reculer, des pas précipités vinrent dans leur direction.
« Tu es sûr ? » murmura une première voix.
« Quelqu'un venait…», répondit une deuxième voix un peu plus aiguë.
« Si ça se trouve, ce n'est qu'un autre étudiant », grommela une troisième.
« On rien du tout comme la der…» reprit la première voix.
George Weasley ne put jamais terminer sa phrase, il venait d'heurter de plein fouet Harry et Ron, invisibles sous la cape.
« Qu'est-ce que… » - commença le jumeau Weasley en se frottant le front.
Fred était statufié. Cyrus, d'abord bouche bée, fronça soudain les sourcils.
« Harry ? » demanda-t-il avec incrédulité.
L'interpellé laissa glisser la cape et les jumeaux Weasley eurent encore l'air plus stupéfaits.
« Ron ? » murmura Fred.
Mais George se retourna, leur faisant signe de se taire. Les cinq retinrent leur souffle, s'attendant à chaque instant à l'apparition d'un fantôme, d'un préfet ou du Concierge de Poudlard. Les secondes s'égrenèrent, interminables. Cyrus avait redéployé la carte et secoua la tête.
« Fausse alerte a priori »
« Elle ne nous a pas vus », remarqua Harry.
« Non… peut-être à cause de la cape », répondit son frère toujours très concentré.
« D'ailleurs Harry, d'où tu sors un truc pareil ? » demanda Fred.
« C'est vachement rare ! » ajouta son jumeau.
« Héritage », répondit l'interpellé. Puis comme les jumeaux n'avaient pas l'air satisfaits de sa réponse, il ajouta moins sèchement. « Elle appartenait à James Potter… mon père biologique… Papa me l'a donnée cette année seulement… »
Il ne fit aucun doute que les jumeaux auraient bien immédiatement changé de famille.
« Ça ne marche vraiment pas ? » reprit Harry, désireux de voir la conversation changer de sujet.
Cyrus haussa les épaules.
« On trouve bien les formules… les passages… Mais pour détecter les personnes, ça tient du poker… des fois, y'a des noms, des fois, ils sont faux…je dois oublier quelque chose… » - maugréa le jeune garçon, rejetant d'un geste brusque de la tête ses mèches noires en arrière.
« Oublier ? » s'enquit Fred.
Evidemment, Cyrus ne sembla pas avoir entendu la question.
« Bon, je ferai d'autres recherches… » - soupira-t-il plutôt.
« Tu sais Cyrus, si tu nous disais où tu cherches tout ça, on pourrait t'aider », fit remarquer très doucement George. Harry aurait parié que ce n'était pas la première fois !
« Malheureusement, je crois que vous dire ça serait la plus mauvaise idée que je pourrais avoir », répondit Cyrus tranquillement et Harry dut se mordre les joues pour ne pas rire. Il n'y avait que Cyrus pour accepter aussi calmement des situations aussi tordues !
« C'est toi qui vois », conclut Fred, visiblement partagé entre la curiosité et le respect.
« Et vous faisiez quoi ? » demanda plutôt Cyrus en se tournant vers Harry.
« On voulait aller faire un tour dehors, ou aux cuisines…. »
« Mais y avait Rusard et Trelawney au pied du Grand escalier ! » soupira Ron, visiblement frustré.
« Trelawney ? » s'étonna George.
« Elle lui révélait peut-être que des Bombabouses vont exploser demain », proposa Fred.
« Tu crois qu'elle a remarqué qu'on a reçu un paquet ce matin ? » demanda innocemment son jumeau
Harry et Cyrus rirent de bon cœur. Seul Ron se renfrogna et Harry se rappela brusquement que ce dernier détestait qu'on se moque de la Divination et de la professeur qui l'enseignait à Poudlard. Il ne savait pas si Ron s'intéressait vraiment à la discipline ou si c'était sa façon de lui reprocher d'avoir choisi une autre voie que lui. En tout cas, ça semblait s'étendre aux moqueries de ses frères et ne pas s'appliquer seulement à ses propres doutes.
« Tant qu'il ne nous font pas des petits ! » conclut alors Cyrus, déclanchant de nouveaux rires et des grimaces dégoûtées des jumeaux.
« Bon, ne sous-estimons pas les signes du destin… Si on rentrait avant que tout ça tourne à la catastrophe ? » - proposa Harry et personne ne trouva à la contredire.
« Oui, soyons raisonnable », dit Fred. « Et prudent », ajouta-t-il avec un petit signe de tête à Cyrus qui leva sa baguette et murmura :
« Pas vu, pas pris »
Le parchemin redevint vierge. Harry sourit. Il avait rêvé des nuits entières enfant de cette fameuse carte et des Maraudeurs l'utilisant dans les couloirs de Poudlard. C'était irréel de se retrouver presque dans la même situation.
« Et pour l'activer ? » demanda-t-il.
George et Fred eurent un regard interrogatif pour Ron qui s'empourpra.
« S'il devait le dire, ce serait déjà fait », remarqua calmement Harry.
« C'est sûr… hum…. 'Moi plutôt qu'un autre'… » - articula George et le parchemin s'anima de nouveau.
Cyrus pouffa. « Philosophes ! »
« Ouais, on pourrait l'appeler comme ça », dit Fred, « la carte des philosophes ! »
Les cinq garçons sourirent dans la demi-obscurité. C'était un nom parfait !
000
« On m'a dit que vous enseigniez vous-même à votre fils aîné », demanda Karkaroff sur le ton de la conversation.
Remus prit le temps d'avaler ses œufs pour répondre.
« C'est juste une question d'emploi du temps… Il voulait prendre une option de plus… C'était le plus simple… »
« Bien sûr », dit Karkaroff avec un sourire entendu que Remus n'aima pas. Ce n'est pas que je m'imaginais faire grande illusion, mais être transparent à ce point ! Insensiblement, les mises en garde de Severus s'imposèrent à lui :
« Tu ne trouves pas étonnant qu'il vienne juste après l'évasion de … »
« Ça fait six mois qu'elle est dans la nature, Severus !»
« Justement ! Moi, je serais lui, je resterais sagement dans mon école… Tu sais qu'elle a promis de venger… de punir tous les traîtres…. »
« Tu crois qu'elle est à Poudlard ? » demanda encore Remus d'une voix qui semblait bien dire que lui ne le croyait pas.
« Moi, je veux savoir pourquoi il vient ! Tu crois que c'est par hasard que la candidate s'appelle Vildon ? » - continua la Maître des Potions sans s'arrêter de marcher dans le bureau directorial.
« Chercherais-tu à me dépasser en matière de paranoïa ? » avait essayé de se moquer Remus, tranquillement assis dans son fauteuil.
Son adjoint l'avait foudroyé du regard avant d'asséner :
« Excusez-moi, M. le Directeur, je croyais que mon opinion pouvait vous intéresser, je me suis visiblement trompé… »
Et de sortir en claquant la porte.
Non, sans doute, il ne fallait pas sous-estimer le pouvoir de nuisance de Karkaroff.
« Harry et moi avons l'habitude de travailler ensemble », décida de répondre Remus tout en croisant posément ses couverts dans son assiette.
« Gryffondor m'a-t-on dit ? »
« On vous a bien renseigné. »
« Comme son père et comme son frère ? » demanda aimablement Karkaroff.
« Il ne faut pas voir dans ces affectations trop de choses vous savez… Ce sont des traditions… avec leurs qualités et leurs défauts… Vous avez l'équivalent à Durmstrang ? » - s'enquit Remus qui connaissait la réponse.
« Non. Nous préférons un message pédagogique plus…. unitaire», reconnut son homologue roumain.
Remus sourit aimablement. Il y a des mauvaises langues qui disent qu'unitaire rime avec totalitaire…
« Pour en revenir à vos fils, Harry et… » - reprit Karkaroff.
« Cyrus. »
« Oui voilà, ils sont en …. »
« Troisième et deuxième année »
Karkaroff jeta un regard circulaire faussement innocent sur la Grande Salle que Remus fit exprès d'ignorer. Il ne pourrait sans doute pas jouer éternellement au chat et à la souris, mais il n'avait aucune raison de rendre cela facile.
« Vous ne comptez pas nous les présenter ? » demanda Karkaroff finalement.
Au moins c'est direct !
« J'essaie, dans la mesure du possible, d'éviter de rappeler leur « différence »… Mais si vous le souhaitez », ajouta-t-il en insistant sur le 'vous'.
Avant que Karkaroff n'ait pu se rétracter, il chercha Harry ou Cyrus du regard et croisa d'abord celui du deuxième. Ses yeux insistèrent et le jeune garçon se fit interrogateur. Il posa alors trois doigts de sa main droite sur son bras gauche. Cyrus hocha la tête et se leva pour aller rejoindre Harry qui était dans une intense discussion avec les jumeaux Weasley, Ron, Dubois, Johnson, Bell et Thomas.
« Ça doit parler Quidditch », songea Remus, repensant à la demande de match amical que Minerva avait fait remonter auprès de lui. Il avait pour l'instant décider que ça attendrait la première épreuve ! « Au pire, dites-leur que c'est à cause de la neige ! » On devrait tous n'avoir que des soucis aussi importants que le Quidditch !
Karkaroff avait remarqué son manège. « Un code ? »
« Oui… je suis le majeur, Cyrus est l'index et Harry, l'annulaire… » - expliqua-t-il, « Trois doigts sur mon bras gauche, il faut qu'on se parle tous les trois….Si je traversais la Grande Salle pour aller leur parler, ce serait horriblement officiel… »
Cyrus se penchait sur l'épaule de son frère et Harry tournait la tête vers lui ; il confirma d'un signe de tête. C'était la fin du petit-déjeuner, ça allait être facile, même si Remus doutait que ça échappe totalement à Radio Poudlard !
« Venez, rapprochons-nous de la porte du fond, ça rendra la rencontre plus 'fortuite'…. »
Les deux paires se rejoignirent donc comme par hasard sur le chemin de la sortie et finalement peu d'élèves s'émurent de voir les fils du Directeur être présentés à celui de Durmstrang. Certains les envièrent même sans doute.
« Harry, Cyrus, le professeur Karkaroff voulait vous dire bonjour », les introduisit Remus.
Les deux garçons hochèrent la tête, murmurant des salutations polies, mais le regard interrogateur fixé sur lui. Un peu trop peut-être.
« Je suis très heureux de vous rencontrez… »
Malgré le pluriel, il était néanmoins clair que Karkaroff était surtout intéressé par Harry – fasciné aurait sans doute été plus juste.
« On m'a dit, jeune homme, que vous étudiez l'Arithmancie », précisa-t-il.
Harry leva les yeux vers le directeur de Durmstrang, grimaça, et détourna le regard comme brutalement gêné. Remus se sentit désolé pour lui. Pourtant, depuis le temps, il devrait avoir l'habitude…
« Je débute tout juste », murmura Harry, « mais je trouve ça intéressant… »
« Et Cyrus lui veut devenir ethnomage », ajouta Remus essayant de rendre la conversation plus générale.
« Oh vraiment », répondit poliment Karkaroff.
« Envie de grand air », commenta Cyrus, de son air le plus innocent.
Toujours faire confiance à Cyrus pour se mettre à son avantage !
« Voilà qui est tout à fait… Gryffondor », commenta acerbement le directeur de Durmstrang.
« Sans doute ! » intervint Remus, agacé par l'ensemble du manège. « Bien, vous deux, ne vous mettez pas en retard », ajouta-t-il, avec un signe de tête qui leur disait qu'ils pouvaient partir. Aucun de ses fils ne sembla s'en offusquer, au contraire.
Karkaroff allait sans doute faire un commentaire quand un de ses élèves approcha et commença une longue explication en bulgare qui dispensa Remus de s'attarder auprès de son homologue. Il s'excusa d'un geste de devoir partir et se mêla avec bonheur à la foule des étudiants qui quittait la Grande Salle.
Les murmures parlaient de cours, de couples, de blagues, de points, de lecture et de Quidditch… Ils étaient pleins d'espoir et de vie et il pensa que sa force était là.
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Espoirs… Tiens c'est le nom du suivant !
Petite crise latiniste : Panem et circenses ! Du pain et des jeux ! Genre décadence de l'empire romain, si vous voyez ce que je veux dire… Mais, c'est un point de détail….
