L'inné et l'acquis

Toujours des personnages Rowlingsiens… toujours Alixe et Vert pour la relecture…

Titou… Mais dis-moi, as-tu vu la Comtesse récemment ? Merci pour les remarques sur le résumé ! Léo ? Hum… Vais en parler à Harry…

Lulu-Cyfair… Va donc brûler en enfer, démon perspicace ! Lol ! J'aime bien Arthus mais ça faire beaucoup de « us » dans la famille, non ?

Thamril aime Iris sans l'aimer… ça c'est diplomatique ! (Lazoule non plus n'est pas emballée) Le Tournoi t'as plu ? Tant mieux, j'avais l'impression d'y être aller un peu fort mais bon… Ah oui, Nastassia n'est pas une tendre mais de là à être Bellatrix !

Antadélie… Vi la Nastassia, va falloir compter avec (Lazoule aussi)… Contente que tu aimes Romaric ! J'aime bien tes propositions, même si je les trouve un peu « francophones » pour un petit sorcier anglais… Mais Cosma pourrait être rigolo, même si pour les anglophones c'est masculin, j'ai été voir… D'où sors-tu Elior ?

Alana... Mieux connaître les champions ? Tu veux leur mail ? Lol… Hormis Natassia qui a un rôle objectif dans cette histoire, je ne sais pas vraiment pour les autres n'ayant écrit que les deux chapitres suivants, lesquels ne peuvent objectivement clore toutes les lignes de récit que j'ai (déjà) ouvertes !

Lunenoire vote « Zoé ». Je note.

Stephen, Uriel et Tanios me propose Guézanne… enfin non, elle les propose à Tonks… Bon, elle a noté aussi que j'avais pas soumis la dernière version à Alixe puisqu'il restait des incohérences ! Zut…
En plus ce chapitre lui est un peu dédié... ça m'étonnerait qu'elle ne voit pas pourquoi !

Madame Fée Fléau... Ah, une qui aime Iris ! (Juliette aussi !) Et moi, j'aime bien Félix ! J'y avais même déjà pensé… Comme aux étoiles, mais je pense que les étoiles rendent encore nerveux !
Moi, je n'ai ni frère, ni sœur, alors je me base sur d'autres – M. Fénice et son frère par exemple… mes enfants qui s'entendent étonnamment bien… Mais j'ai aussi montré que parfois ils peuvent s'affronter aussi, non ?
Les reviews étalées dans le temps, j'aime bien aussi… Quant à Remus et Tonks, allons voir…

Juliette… normal de s'offrir un peu d'humanité, non ?

Ryan… Eléazar ? et Aurore ? Je note, je note…

Petite Plume… Rogue ? Remus ? Tonks ? On va approfondir ! Cyrus ? plutôt dans le prochain mais je peine encore un peu…

Mystick propose Nathan… Pourquoi pas…

Vous avez remarqué sans doute que j'avais disparu la semaine dernière... comme j'arrive en outre au bout de mes chapitres d'avance, c'est pas sûr que je sois bien régulière dans les semaines à venir...

Finalement « fantômes » m'a gonflé comme titre…

Vingt-quatre - Personnels

Quand Tonks entra dans son bureau, Remus leva la tête en souriant. Il aimait la voir bousculer son emploi du temps et les convenances en venant passer avec lui l'heure qui précédait le déjeuner. Elle lui rendit son sourire, un peu automatiquement peut-être, et alla s'effondrer sur le canapé dans un mouvement épuisé. Puis d'une main lasse, elle désigna de la main la porte qu'elle venait de refermer :

« Est-ce que tu peux bloquer cette porte ? » Comme son époux levait un sourcil surpris, elle ajouta : « Pas envie que ce prétentieux glacé qui te sert d'adjoint vienne commenter mon manque de retenue ! »

Remus pointa sa baguette vers la porte, limitant son ouverture à l'extrême urgence, et se leva :

« Si tes projets sont aussi… personnels, il faudrait peut-être demander aux portraits de nous laisser », remarqua-t-il légèrement moqueur.

Elle secoua la tête en riant, s'allongeant de tout son long sur le canapé pour aller poser ses jambes sur le dossier de cuir. Ses chaussures glissèrent au sol dans l'opération dans un désordre qu'il trouva charmant.

« Mes projets sont de reposer ce dos, ces jambes et ce ventre », dit-elle, tournant des yeux gris très doux vers lui.

« Oh, moi qui m'imaginais… »

« Tout projet est améliorable… »

Il s'assit à côté d'elle, lui prit la main et l'embrassa.

« Tu en fais trop, tu devrais t'arrêter… » - commenta-t-il plus sérieux.

« Je sors de chez Poppy, comme chaque jour et, elle, trouve que je suis faite pour la maternité », rétorqua-t-elle, l'air enchanté de cette contre-expertise.

Il se sentit étrangement intimidé par ces savoirs de femme, ces pouvoirs de vie. Il chuchota presque :

« Tout va bien ? »

« Ils sont en pleine forme… Et, moi aussi… Juste une bouffée de fatigue… Ne t'inquiète pas…»

Il sourit très doucement, laissant ses mains descendre sur le ventre arrondi. Il pensa à ces deux petits êtres en gestation – ses enfants. Il croisa son regard à elle et sut que tous les mots étaient superflus.

« J'ai eu Cyrus ce matin… » - rit-elle soudain. « Il était encore plus inquiet que toi ! Il trouvait que je ne devrais plus faire de démonstration dans mon état… surtout avec autant d'apprentis sorciers autour de moi ! Et il m'a dit cela devant toute la classe !»

Remus sourit.

« Harry aussi est content »

« Je sais »

« Tu sais ? » s'étonna-t-il.

« Oui… Dimanche, il m'a dit qu'ils étaient la vie… Je pense que ça veut dire qu'il est content… Non ? »

« Oui… sans doute », murmura-t-il soudain lointain.

« Qu'est-ce qui ne va pas ? »

« Rien… J'aimerais juste qu'il m'en parle à moi aussi… qu'il me parle tout court… » - soupira Remus, avant d'ajouter sur le ton de la confidence : « Ce matin… ce matin, j'ai entendu Dubois le supplier d'aller me voir pour demander quand ils pourraient enfin organiser ces matchs amicaux de Quidditch… »

« Il a refusé ? » s'étonna Tonks.

« Pas vraiment… 'dit qu'il n'était pas mieux placé que quiconque pour demander ça… qu'il verrait… »

« Tu voulais qu'il dise : « pas de problème, mon père, je l'ai dans la poche ? » »

Remus haussa les épaules.

« Je l'ai croisé juste après et il ne m'a rien dit… » Comme sa compagne ouvrait la bouche pour rétorquer, il ajouta très rapidement : « Je sais, je suis paranoïaque… Il ne pouvait pas savoir que je savais… Il préfère peut-être m'en parler à un autre moment… »

Tonks resta silencieuse, les yeux rivés sur ses pieds qui dessinaient des arabesques sur le papier peint.

« Tu n'es pas d'accord ? » s'inquiéta Remus.

« Je sais pas… je me demande… Je crois qu'il s'en veut encore trop pour te demander quoi que ce soit… »

« Mais enfin, c'est stupide ! Moi, je ne lui en veux pas… C'est un accident malheureux… qui n'aurait sans doute pas pris les mêmes proportions si j'avais su… »

« Tu ne lui en veux pas, mais est-ce que lui le sait ? » interrogea la jeune femme.

« Comment ça ? »

« Tu lui as dit ? »

« Mais oui ! »

« Tu lui as dit : 'Harry, je ne t'en veux pas'… 'Harry, je te pardonne ?' »

« Je… enfin ! Je ne sais plus ce que j'ai dit exactement mais… Oui, je lui ai dit qu'on ne pouvait pas lui reprocher ce qu'il avait pu dire sous l'influence des cristaux ! »

« Ce n'est pas pareil »

« Quoi ? »

« Parce que les cristaux ne sont qu'un révélateur, Remus… Ils n'ont rien inventé par eux même et c'est sans doute de cela qu'il a honte… » Elle se tut un instant puis reprit : « Or c'est normal qu'il ait envie d'en savoir plus sur Lily et James… C'est normal qu'il ait envie d'entendre que ses parents se sont sacrifiés pour lui, ou qu'ils le comprendraient peut-être mieux que toi… Moi, j'ai été élevée par mes parents, mais je fantasmais souvent en m'endormant gamine qu'ils n'étaient pas mes vrais parents… Alors, imagine ! »

Elle se tourna a demi vers Remus et soupira en le découvrant froid et rigide.

« Ça y est ! Tu le prends mal ! » constata-t-elle. « Et tu voudrais qu'il te parle ! »

« Ecoute, je… je suis content que… que tu te sentes aussi proche de lui que cela… » - articula-t-il avec froideur.

« Mais je suis pas sa mère ? » demanda-t-elle d'un ton exaspéré. Remus se mordit les lèvres.

« Tonks… » - commença-t-il plus conciliant, mais il s'arrêta brusquement en entendant la porte s'ouvrir. Severus entra, allant droit devant lui et ne le voyant pas derrière son bureau, se retourna vers eux.

« Oh, je vois ! Une urgence ! »

Tonks ferma les yeux mais Remus se levait déjà, dangereusement pâle et froid. Il ne s'adoucit pas en croisant le regard déjà moins narquois de son adjoint.

« Est-ce que l'entrée de ce bureau n'était pas réservée à un cas d'extrême urgence ? » demanda-t-il avec une politesse glaciale.

« C'est que… »

« Un incendie ? »

« Non, mais Karka… »

« Une invasion de Trolls, des Détraqueurs, un tremblement de terre ? »

Cette fois Severus resta silencieux, mesurant qu'il avait devant lui un Lupin hors de lui.

« Si l'urgence tient aux retrouvailles d'anciens Mangemorts, je pense que la nouvelle n'est pas de la toute dernière fraîcheur… Dehors ! » - conclut d'ailleurs celui-ci.

Le Maître des Potions se raidit, inspira comme pour dire quelque chose puis obéit, claquant la porte derrière lui. Remus resta figé au milieu de la pièce, puis souffla bruyamment comme pour repousser sa colère.

« Il va t'en vouloir », constata Tonks qui s'était rassise.

« Je sais »

Remus marcha jusqu'à la grande fenêtre de son bureau et laissa ses yeux divaguer sur le paysage glacé. Il avait la tête étrangement vide, hors du temps et du lieu. La voix de Tonks dans son dos le surprit presque :

« Quand j'étais élève ici, je te trouvais fascinant et mystérieux… Et sexy, aussi…. Puis, quand Dumbledore m'a fait entrer dans l'Ordre, je t'ai découvert puissant, important et pourtant très humain. Et je sais que j'aime en toi ce mélange de puissance et d'humanité… Je me fiche qu'il faille faire des sourires au Ministre, je me fiche que tu aies de l'ambition ou des défauts… Je te prends comme tu es. »

La phrase résonna dans sa tête, s'insinuant dans des recoins peu explorés, ravageant sur son passage de vieilles défenses branlantes. Il voulut répondre mais la voix lui manqua.

« Je trouve dommage quand tu te laisses bouffer par tes fantômes… » - reprit encore Tonks plus doucement.

« Mes fantômes ? » demanda-t-il dans un souffle.

« Oui… » Elle s'était levée. Elle était toute proche de lui, il pouvait le sentir. « Et je ne t'apprendrais rien en disant que ce sont les mêmes que ceux de ton fils !»

Il ferma les yeux, posant son front sur la glace froide de la vitre.

« Je ne sais pas si je peux guérir de ça », murmura-t-il.

« Vous devriez peut-être faire ça ensemble », répondit-elle, étonnamment calme et lucide.

00

Ils étaient arrivés en retard au déjeuner et il n'y avait pas besoin d'être Sybille Trelawney pour savoir que Severus avait déjà proposé sa version de leur retard.

« Votreu feummeu seu sent mieux ? » demanda immédiatement Mme Maxime.

« Oui, merci, chère Olympe… Ce sont les premiers mois les plus difficiles »

Tonks avait souri pour confirmer mais le Maître de potions avait gardé un silence obstiné pendant tout le repas. Au point que Minerva avait lancé un regard interrogatif à Remus qui lui avait fait signe de ne pas s'inquiéter.

Les trois directeurs s'étaient ensuite retirés dans les tentes françaises pour prendre le café et une conversation aussi polie qu'insignifiante. Puis Remus était remonté dans son bureau pour finir un courrier. Il n'avait qu'une grande heure avant que Harry et Hermione ne viennent le rejoindre. Il se demanda ce qu'il pourrait faire ou dire pour que son fils ne s'enferme pas à nouveau dans le silence et la distance. Qu'était-il advenu de l'enfant qui le réveillait la nuit pour lui poser des questions ? Etaient-ils séparés par leurs fantômes comme l'avait suggéré Tonks ?

Il peinait à se concentrer sur son travail quand la gargouille annonça un élève. Il leva les yeux sur la porte pour voir justement entrer Harry, sombre et bouillant de rage.

« Harry ? »

« Le professeur Rogue m'envoie voir M. le directeur », annonça ce dernier d'un air furieux, en tendant un parchemin cacheté.

Remus fronça les sourcils. « C'est quoi ? »

Son fils eut simplement un haussement d'épaule. Remus prit le parchemin et demanda :

« Il t'envoie me porter ça ? »

« Non… Il espère qu'une visite à M. le directeur saura en finir avec mon insolence et mon insubordination… » - précisa Harry, acide.

En parlant d'insolence, constata Remus. Mais il se contenta d'hocher la tête et d'ouvrir le parchemin.

« Tu ne veux pas m'écouter et ton fils est encore moins prudent que toi.
J'espère que tu lui diras quand même qu'il doit le respect à ses professeurs. S.R. »

Il leva les yeux et croisa le regard mi-inquiet mi-scandalisé de Harry. Il remarqua aussi qu'il ne lui avait pas dit de s'asseoir.

« Assieds-toi. » Harry s'exécuta. « Si tu me racontais… »

« Quoi donc ? »

« Ce qui s'est passé. »

Harry sembla hésiter et Remus ajouta, loyalement : « Il n'y a rien dans ce billet… »

«Ah ? Et bien… On est arrivé en potions et Rogue…» Il se reprit avant que Remus ne lève même un sourcil : « le professeur Rogue parlait avec le professeur Karkaroff… Ils n'avaient pas l'air d'accord…. Enfin, Severus n'avait pas l'air d'accord… On s'est installé mais Karkaroff ne partait pas… Moi, j'avais promis à Neville de me mettre avec lui et comme il est au premier rang, je me suis approché… Severus m'a dit de retourner à ma place… J'ai dit que ma place était devant… Il s'est énervé tout de suite, m'a dit de ne pas me prendre pour un petit prince et de retourner à ma place…. Le problème c'est que j'avais pas de place, Papa ! »

« Et alors ? » demanda Remus, refusant de montrer une quelconque opinion à ce stade du récit.

« Alors je suis resté dans l'allée à attendre que tout le monde s'assoie pour qu'il voit bien que la seule place libre était avec Neville… Là, il a pété les plombs… à croire que j'avais fait explosé un chaudron ! Et il m'a jeté dehors avec ce parchemin. »

Le ressentiment de Harry était clair.

« Je vois. »

« Tu vois quoi ? » s'énerva Harry. Remus mesura à ce manque de retenue combien son fils était blessé par le traitement de Severus. Ça faisait tant d'années qu'ils jouaient au jeu du professeur et de l'élève, c'était une partition que Harry connaissait bien… Severus avait dû clairement sortir du schéma habituel pour arriver à le vexer autant… Ceci en disait long sur le trouble du Maître des potions… ou sur ses talents de comédien….

« Je pense qu'il a voulu t'éloigner de Karkaroff… » - lui avoua-t-il après un instant de réflexion, collant les informations de la lettre avec les faits racontés par Harry. « Il n'a pas confiance en lui… Ce matin, il voulait m'en parler mais il… je n'ai pas eu le temps... Il dramatise aussi peut-être… »

« Tu veux dire qu'il me jette dehors, qu'il ignore Minerva pour m'envoyer à toi comme si… -enfin, j'ai peut-être été un peu insolent, mais il aurait pu m'enlever des points ! – juste à cause de Karkaroff ! »

« Oui, je pense qu'il a voulu t'éloigner… et peut-être aussi te faire payer ce que je lui ai dit ce matin… » Harry ouvrit de grands yeux et Remus grimaça : « Je l'ai moi-même jeté hors de ce bureau… »

« Il est malade », conclut son fils.

Remus soupira :

« Je ne peux pas te laisser dire cela… Severus est excessif, paranoïaque, tout ce que tu voudras mais… mais c'est un homme droit et fidèle, Harry… »

« Mais toi, tu l'as jeté dehors ! »

« Parce qu'il a tendance à oublier que je peux avoir une vie en dehors de Poudlard » expliqua-t-il. Et ça faisait un moment que ça me démangeait, reconnut-il intérieurement. « Mais je pense que, pour une raison ou une autre, il a réagi comme cela d'abord à cause de Karkaroff… »

« Ah ? »

Remus ferma les yeux. Qu'était-il censé dire maintenant… Mais l'expérience était encore trop fraîche pour qu'il n'essaie pas la vérité :

« Harry… Il faut sans doute que tu saches que Severus et Karkaroff se connaissent depuis longtemps, très longtemps même si… »

« Severus connaît des Mangemorts ? » l'interrompit Harry scandalisé, puis son visage se figea dans une compréhension douloureuse : « Tu veux dire… Non ! Ce n'est pas… »

« Harry… » - essaya son père mais Harry s'était déjà levé et hurlait :

« Et c'est tout, cette fois ! Severus est un Mangemort ! Je suis celui qui doit faire tomber Voldemort ! Y'en a combien d'autre comme ça ! Mon père n'était pas mon père ? Ma mère était une pute ! »

Les mots volèrent dans les airs. Remus les observa, accablé et impuissant. Harry les comprit bien après les avoir prononcés. Il blêmit et baissa les yeux.

« Est-ce que tu as encore envie de crier ? » demanda finalement le premier.

« J'ai encore dit que des conneries, hein ? T'es content ? » Il y avait des larmes dans la voix de Harry.

« Est-ce que je peux venir te prendre dans mes bras ? » demanda Remus après un moment.

Harry inspira, essayant sans doute de gérer ses émotions contradictoires, mais n'y réussit pas. Il cracha plutôt :

« Pourquoi… c'est un cauchemar ? Je vais me réveiller ? »

« Non », reconnut Remus. Il observa son fils qui essayait de ne pas craquer. Il vit ses mains se poser sur le bureau directorial, puis sa tête se poser sur ses mains et ses épaules trahirent ses sanglots silencieux. Il se leva silencieusement fit le tour du bureau et vint le prendre dans ses bras.

« C'est moins triste que tu ne le crois », proposa-t-il après un moment. « Severus était un jeune homme brillant, mais complexé et solitaire… Voldemort promettait la puissance et la gloire… C'est un peu la même histoire que Peter… Sauf que Severus a sans doute plus d'excuse… »

Il sentit que Harry l'écoutait, avec cette même attention absolue qu'il avait, enfant, quand il lui racontait des histoires. Et l'émotion le submergea lui aussi.

« Severus est revenu à la magie blanche bien avant ta naissance et il a accepté d'espionner Voldemort pour l'Ordre, pour Albus… Il a pris beaucoup de risques…. Et maintenant, il est la cible et de ceux qui voient en lui un ancien Mangemort et des anciens fidèles de Voldemort qui peuvent douter de sa loyauté… »

« Karkaroff ? »

« Sans doute… »

Ils se turent de nouveau.

« Qu'est-ce qu'il lui veut, Karkaroff ? » s'inquiéta Harry.

« Je ne sais pas, je vais aller lui demander… et lui dire aussi que tu sais… »

Oui, pensa Remus, là encore, il vaut mieux prévenir que guérir !

« Oh… » Harry leva la tête, retirant ses lunettes pour s'essuyer les yeux. « C'est pour ça qu'il connaît Malefoy ? » Sans attendre de réponse, il secoua la tête : « J'arrive pas à croire qu'il ait pu…»

Remus lui prit le visage dans ses mains. « Harry, au point où nous en sommes… Il faut sans doute mieux que je te dise tout… Je ne pense pas que Severus aurait fait ce choix si… s'il n'avait pas représenté à l'époque la meilleure vengeance possible contre certaines personnes… »

« Quoi ? »

« Je veux dire qu'il a fait exactement le choix inverse que ses pires ennemis… que James et Sirius, qui se sont engagés au même moment dans les Aurors… »

Il vit dans les yeux clairs de son fils les choses se mettre en place comme dans un puzzle. Cette révélation lui faisait mal à lui aussi, mais peut-être fallait-il en passer par là pour écarter à jamais les pièges tendus par le passé. Pour en finir avec les fantômes…

« Ses pires ennemis ? » - répéta faiblement Harry.

« Ses tourmenteurs les plus fidèles si tu préfères, et je devrais sans doute m'ajouter à la liste ainsi que Peter…. Et sans doute, suis-je plus coupable que Peter parce que étant préfet, j'aurais dû intervenir… »

« Mais pourtant vous êtes amis ? » demanda Harry comme s'il espérait encore que la vérité puisse être différente.

« Pourtant nous sommes amis, pourtant Severus s'occupe de Cyrus, pourtant… nous allons tous de l'avant… »

Harry hocha la tête, mais Remus ne pouvait pas dire s'il avait compris ou non.

« Sans doute voulons-nous tellement oublier nos erreurs que nous perdons de vue que le silence est une autre forme de mensonge », ajouta-t-il encore. Harry le regarda longtemps avant d'oser:

« Il était si terrible que ça... James ? »

Remus déglutit. Ça c'était une sacrée question !

« C'était mon ami… un ami ombrageux, enthousiaste… supportant peu la contradiction mais prêt à courir des risques incroyables pour ses amis….Un humain, Harry… »

« Mais il maltraitait Severus et il t'a cru traître et… »

« Il a fait des erreurs… des erreurs humaines »

Harry eut l'air dubitatif et Remus se força à en dire plus. Sans doute fallait-il en dire plus…

« Je peux te parler de mon ami, brillant joueur de Quidditch, incroyable en métamorphose… je t'en ai déjà beaucoup parlé, je crois… Mais je ne peux pas te dire quel père il aurait été… Et crois moi, j'ai passé suffisamment de nuits à me poser la question pour en être sûr ! »

« Pourquoi ? »

« Il aurait changé, Harry, obligatoirement… Il aurait continué de grandir, comme j'ai continué à grandir… Il avait déjà tellement changé entre son arrivée à Poudlard et sa dernière année… tellement mûri… »

« Tu voulais être lui ? » demanda Harry à brûle pourpoint, les mots sortant de sa bouche en même temps qu'ils se formaient dans sa tête.

« Je ne pouvais pas être lui, Harry… Je n'ai jamais pu… Mais ça aurait sans doute été plus simple si je n'avais pas eu à me poser la question de ce qu'il aurait fait ou dit… »

« Tu aurais préféré ne pas le connaître…. Ne pas connaître mes parents ? »

« Si je ne les avais pas connus, je n'aurais jamais pu m'occuper de toi, Harry… La vie est têtue et compliquée… Il y a de bonnes choses et d'autres qui le sont moins… »

« Et moi, je viens réveiller le pire », constata Harry, après un moment.

« Toi, tu veux savoir et tu en as le droit… Moi, je me défends sans doute trop parfois de cette mémoire… »

« Il faudrait savoir en finir avec la mémoire, non ? » dit son fils et Remus se demanda s'il pensait aussi à Cyrus.

« Il faudrait savoir prendre dans cette mémoire ce qui permet d'avancer, de construire l'avenir », répondit-il autant pour lui que pour Harry.

Ce dernier baissa un instant la tête, mais quand il la releva, il souriait presque. Timidement, il dit :

« En parlant d'avenir, j'ai pensé à Léo pour un garçon… »

Remus rit, un peu nerveusement : « Vous ne faites tous que ça, dites-moi ! »

« Tonks dit que toi, tu n'y penses pas… »

« M'a tout l'air d'un complot ! Je propose qu'on mette toutes ces propositions aux voix, un prochain dimanche… » Remus regarda sa montre. « Je vais essayer d'aller voir Severus avant qu'il ne déduise Merlin sait quoi de mon silence… Reste ici, Hermione ne va pas tarder à arriver… Passe-toi quand même de l'eau sur les yeux, sinon tu vas faire remonter ma réputation ! »

Harry sourit, puis posa une main sur l'avant-bras de son père :

« Tu sais… c'est lourd, ça aussi, de rien pouvoir leur dire… à Ron ou à Hermione… »

Remus soupira :

« Qu'est-ce que tu voudrais leur dire ? Est-ce que tu sais tout de la vie de leurs parents ? »

« Leur parler de la prophétie, par exemple…. »

« Je croyais que tu n'aimais quand Ron te parlait de divination… »

Harry haussa les épaules.

« Harry… » - reprit Remus avec une grande inspiration. « Je ne t'interdis pas de leur parler… Tu es sans doute assez grand pour mesurer les risques… »

« J'en ai récemment fait la preuve ! » lâcha Harry.

« Tu parles des cristaux ? »

Harry soutint son regard.

« Et bien parlons des cristaux », répondit Remus, invoquant mentalement l'image de Tonks. Sacrée sorcière ! « Qu'est-ce que tu veux savoir ? » Harry resta silencieux.

« Si je t'en veux ? Si je t'ai complètement pardonné ? Harry… » Il se demanda qu'est-ce qu'il pourrait faire ou dire pour l'en convaincre complètement. Il finit par plonger son regard dans celui de son fils et articuler : « Harry, je n'ai même jamais envisagé de ne pas te pardonner ! »

« C'est pas un peu facile ? » rétorqua Harry.

« Mais regardez-moi ce coupeur de cheveu en quatre ! »

« On se demande où j'ai pu apprendre ça ! »

« Il disait quoi Severus déjà sur ton insolence ? » demanda Remus, faussement fâché.

Harry sourit.

« Je ferais mieux de me taire, c'est ça ? »

« Tu me l'enlèves de la bouche ! », répondit Remus sur le même ton. Dans le silence qui suivit, Remus offrit ses bras à Harry qui les accepta avec sans doute moins de retenue que précédemment. Puis, Lupin eut un regard pour l'horloge murale qui indiquait « sortie des élèves » et ajouta : « J'y serais jamais avant qu'il ne soit rentré en classe…Qu'est-ce que tu prendrais, toi, pour aller le plus vite : le passage Ouest ou celui de la Tour d'Astronomie ? »

000

Les cachots n'étaient jamais des lieux très bruyants, mais quand le directeur de Poudlard apparut dans l'encadrement de la porte des cachots, le silence fut total.

« M. le directeur », constata Rogue, doucereusement lui-même.

« Bonjour à tous ! Excusez-moi de vous déranger, professeur Rogue. Il est venu jusqu'à moi que nous avions des questions urgentes à discuter… »

« Heureux de constater que cela vous paraît prioritaire… finalement…»

Remus aurait pu se contenter de sourire à celle-là, mais il voulait faire acte de bonne volonté :

« Non bis in idem », proposa-t-il à son adjoint par-dessus les têtes des élèves qui observaient l'échange à la dérobée.

Severus leva d'abord les yeux au ciel, mais finalement acquiesça. Remus sentit sa poitrine se contracter. Il le connaissait depuis trop d'années pour ne pas mesurer qu'il n'aurait jamais accepté si rapidement ses excuses, si l'affaire n'était pas vraiment importante…

« Ab Jove principium », ajouta son adjoint, signifiant ainsi qu'il s'en remettait à sa décision – et qu'il avait au moins autant de connaissances latines que lui. « Mais… » - objecta-t-il encore, montrant ses élèves d'un geste de la main.

« Ces jeunes gens m'ont l'air bien occupés. Il suffit de désigner des responsables… » - répondit tranquillement Remus, laissant son regard dériver sur le groupe de Gryffondor Poufsouffle cinquième année, qui, instinctivement et collectivement, baissa la tête. « Je suis sûr que le duo Weasley dispose de toute les qualités requises pour assurer le calme pendant votre absence ! »

Les interpellés eurent l'air sidérés de l'affirmation, leurs camarades pouffèrent, mais le Maître des potions confirma, avec une certaine délectation.

« Si vous les tenez personnellement pour responsables, M. Le directeur… »

« Je suis sûr qu'ils vont prendre leur rôle à cœur », conclut Remus avec un regard gentiment ironique pour les jumeaux qui parurent catastrophés.

Après une ou deux précisions du Maître des potions sur la réalisation de l'expérience en cours, les deux hommes sortirent de la classe, traversèrent le couloir pour aller dans le bureau de Severus. Ils fermèrent la porte derrière eux.

« Alors ? » demanda Remus.

Le Maître des potions eut un regard agacé et Lupin décida qu'il fallait mieux circonscrire le débat.

« Je veux dire… Parle-moi de Karkaroff »

« Il me harcèle », finit par articuler Severus.

« Depuis qu'il est arrivé », répondit Remus.

« Tu en parles à tes aises ! »

Remus soupira et se contenta de soutenir le regard de son adjoint. Quand celui-ci eut admis sa défaite, il expliqua :

« Il est partout où je vais… Il veut tout le temps me parler… des Vildon… de Malefoy… Qui je vois encore, ce qu'ils pensent… »

« On devait si attendre, non ? »

« Il pose des milliards de questions qui t'inquiéteraient aussi… Sur toi, sur Dumbledore, sur Harry… »

Remus acquiesça. On y venait.

« Sur ses pouvoirs… sur mes relations avec lui… Et ce petit malin me fait un caprice d'enfant gâté devant lui ce matin !»

Lupin leva la main pour lui dire qu'il n'était pas venu pour parler de cela. Rogue haussa les épaules.

« Je ne sais pas ce qu'il cherche vraiment », continua-t-il d'un ton peu aimable. « Je n'arrive pas à savoir si c'est seulement de la fascination…. »

« Non ? »

Severus grimaça puis reprit très doucement :

« Sais-tu qu'il aurait demandé à Trelawney de lui lire les cartes et qu'elle lui aurait parlé du… de Voldemort ? »

« Sybille ? » s'étonna Remus.

« Elle serait venue le voir… elle lui aurait parlé de … de sa… marque. »

Il ne faisait aucun doute que la perspective qu'une de ses collègues – et sans doute a fortiori, une collègue qu'il méprisait ouvertement – puisse un jour venir l'entretenir sur SA marque troublait énormément Severus.

Comme Remus continuait à se taire, il reprit d'un ton fiévreux : « Et il prétend que depuis qu'il est à Poudlard, sa marque le lance de plus en plus… Il voulait savoir si la mienne aussi… »

« Et ? » murmura Remus à son tour. Il n'avait finalement jamais parlé de cela directement avec son adjoint.

« Je ne sais pas… ça fait deux fois, la nuit, que je me réveille, avec l'impression… qu'elle me brûle… qu'Il m'appelle… Mais j'ai mis cela sur le compte du stress… »

« Elle change de couleur ? » - s'informa encore Remus, presque à son corps défendant.

« Non »

Les deux hommes se turent. Un silence lourd et pesant.

« OK. J'ai dit à Harry d'éviter Karkaroff... » - annonça Remus

Severus hocha la tête.

« Je lui ai aussi dit pourquoi », ajouta Lupin sans éviter le regard de son adjoint.

Le Maître des potions se pétrifia et gronda : « tu as quoi !»

« Je lui ai dit. »

« C'était sans doute la seule chose à lui dire ! »

« Si tu veux qu'il comprenne tes actions et qu'il respecte ton expertise, je.. » essaya Remus, très calme.

« Il a besoin de me mépriser ? » interrogea douloureusement Severus.

« Je ne crois pas qu'il te méprise ! »

« Vraiment… Harry Potter et le Mangemort repenti ! Un joli conte pour les enfants ! »

« Et bien, Harry Potter a grandi, il s'appelle aussi Lupin, et il est possible que son père adoptif ait encore une certaine influence sur lui ! » asséna Remus avec autorité. Severus se figea de nouveau et le dévisagea.

« Puis-je savoir ? » demanda-t-il crânement.

Remus soutint longuement son regard avant de répondre

« Je lui ai dit que tu avais sans doute fait un mauvais choix parce que tu avais une revanche à prendre… et que faire le choix inverse de certaines personnes avait pu sembler une bonne idée… »

« Tu lui as dit pourquoi ? » s'étonna presque Rogue.

« Je lui ai dit que James et Sirius t'avaient maltraité…sans obligatoirement entrer dans les détails… Mais je pense qu'il savait déjà intuitivement beaucoup des choses que je lui ai dites aujourd'hui ! »

Severus resta si parfaitement immobile qu'on pouvait sans doute s'interroger sur la persistance de sa respiration.

« Et alors ? » s'enquit-il pourtant.

« Alors, il s'est inquiété du mal que pouvait te faire Karkaroff… »

Les yeux noirs de Severus brillèrent furtivement et il détourna la tête.

« Je suppose que tu penses que je devrais lui parler » articula-t-il moins acide qu'il ne l'aurait sans doute souhaiter.

« Tu me connais bien », approuva Remus avec un sourire. Son adjoint haussa une nouvelle fois les épaules, marmonnant quelque chose à propos de la nécessité d'hurler avec les loups.

« Que comptes-tu faire à propos de Karkaroff ? » demanda-t-il plus haut.

« Je compte annoncer la création de nouvelles équipes de Quidditch », lui apprit Remus avec l'air de trouver que c'était la réponse la plus adaptée à tout ce qui précédait.

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J'espère ne pas trop dumbledoriser Remus… mais je veux croire qu'il est sans doute meilleur sous pression… ça tombe bien parce que la pression s'amoncelle, moi je trouve…

Sinon ma crise latiniste se renforce… Sans doute encore l'influence de Vert que ça fait rire !
Pour ceux qui voudraient savoir :

Non bis in idem Pas deux fois…

In Jove principium Jupiter en premier… A tout seigneur, tout honneur… en gros, t'es le chef…

Le suivant devrait parler de chance, d'amour et puissance - magique et matérielle… Le latin aidant une fois de plus, j'arrive au titre de « Fortunes »… O fortuna, velut luna, status est variabilis…