L'inné et l'acquis

Générique…. Faudrait que je trouve une musique… 'se met un post-it'… Ah, pas oublier non plus de remercier Alixe et Vert !

Voilà, hein, dès que ça bouge un peu plus ça vous mobilise hein…
Tant mieux parce que tout ce qui a précédé ne faisait que préparer ce qui vient…

Antadélie, Hinkyponk, Eriol, Lupini-Filiae… merci de votre enthousiasme !

Remus ? Fée Fléau, Guézanne, Thamril, … Fallait bien qu'il craque un peu lui aussi, non ? Qu'il mette un peu à nu ses propres fantômes… Et je pense que seul, Cyrus, dans son fonctionnement le plus adulte en est capable… C'est la troisième version de la scène – la première était trop lisse, les prénoms devenaient la finalité et non le moyen de la discussion ; la deuxième était carrément trop violente par rapport au contexte… Donc j'espère que c'est assez équilibré là…

Les prénoms plaisent plutôt, finalement… Thamril, Lyane, Lazoule, Alixe, Aresse, Guézanne…
Kane (qui se prononce Ken) vient de loin en effet… ça voudrait dire 'petite bataille'… reste à vaincre…

Cyrus catalyseur sur tous les fronts ? Oui.
Même au risque que Lunenoire le trouve un peu mal-élevé… mouarf…

Ron qui cherche. Oui.
(Je sais, Alixe, j'aurais pu sans doute éviter qu'il soit en plus mauvais en Quidditch mais j'aime bien reprendre des éléments comme ça… genre c'est son destin, mouarf…)

Trop commenter ici vos excellentes reviews A TOUS sur le sujet menacerait le suspens, j'en ai peur…

Harry, le sacrifice… Fée, Ryan…. oui, hein, je suis dans le canon là… et ta théorie sur Lily, Guézanne, m'a beaucoup touché… Incroyable non que moi, qui aime tant les fantômes, n'y est pas encore pensé ?

Tonks… alors on a Guézanne qui la trouve encore trop timide et Lyane qui voudrait prendre sa place… un certain équilibre, donc.

Ginny ? Hum, Lazoule, pas tout de suite en tout cas !

Les éclairs de feu, Aresse sont un 'cadeau' des Malefoy à Poudlard au moment du premier match… On ne peut pas se souvenir de tout !

Vingt-neuf – Alarmes

« …trouve intolérable que des élèves de MA maison – des amis – s'entre... » - martelait sévèrement Minerva derrière la porte de son bureau.

Remus, la main sur la poignée de la porte, sourit presque. Il aurait presque pu prononcer à sa place la réprimande de la directrice de Gryffondor. Ça faisait tellement d'années qu'il l'entendait !

Bien sûr, il n'y avait pas grand-chose d'autre à dire.

Bien sûr, il ne s'agissait pas d'applaudir à chaque fois que les baguettes se brandissaient.

Bien sûr…

Il ne pouvait pas dire qu'il avait été ravi d'apprendre le duel entre Ron et Cyrus – même si, réflexion faite, cet affrontement avait eu quelque chose d'inévitable, depuis le début de l'année. « Fallait qu'ils en passent par là », avait d'ailleurs commenté Tonks en secouant la tête, « espérons que cette fois, ils auront crevé l'abcès ! »

Et, toutes choses étant égales par ailleurs, ça finissait plutôt bien. Il n'y avait pas trop de dommages : Harry sortirait dès ce soir de l'infirmerie. « Une remarquable constitution », avait commenté Pompom ; le sortilège lancé par Cyrus n'était pas aussi révélateur qu'on aurait pu le craindre. Restaient les ego blessés… …. Et le règlement !

« M. Rusard vous attendra donc tous les soirs de la semaine à venir… » - assénait d'ailleurs Minerva.

Remus frappa et entra, découvrant les dos des deux garçons, tendus de colère contenue. Il en faudra des astiquages pour qu'ils en viennent à de meilleurs sentiments, estima-t-il avec un certain découragement.

« M. le directeur », commença Minerva.

« M. Lupin », la corrigea gentiment Remus, « c'est surtout en tant que père que voudrait discuter avec ces deux-là… Si vous le permettez, bien sûr ? »

Minerva sourit et Remus s'installa, à son habitude, sur le coin du bureau pour lancer :

« Vous serez sans doute content de savoir qu'Harry sortira après le dîner… »

Cyrus leva furtivement les yeux, visiblement content de la nouvelle, mais embarrassé par son messager. Il faudrait être proche en étant loin, ou discrètement présent… Il faudrait tant de choses, songea Remus. Il s'était rarement senti aussi vieux, si proche de mesurer les limites de la volonté humaine, de la transmission ; rarement senti aussi prêt au pardon inconditionnel ; jamais aussi proche de comprendre – enfin ! – la vision des choses d'un Albus Dumbledore.

« Son nez a repris sa taille initiale, Ron », poursuivit-il d'un ton tranquille, « mais il continue de faire des bulles de savon à chaque fois qu'il ouvre la bouche… Enfin elles sont de plus en plus petites, ça devrait finir par disparaître… »

Seules les oreilles écarlates de Ron témoignèrent qu'il avait entendu. Cyrus se risqua à un regard interrogateur. Il voudrait savoir si je trouve un sortilège Crache-Bulles bien choisi ? - se demanda son père. Il voulait quoi, laver les paroles de Ron ?

« Evidemment le mélange des deux l'a un peu fatigué », remarqua-t-il, refusant toujours de quitter le domaine du factuel.

Silence pesant.

« Il avait peur que vous ayez continué à vous battre en son absence, mais je l'ai rassuré », conclut-il enfin. C'était un message de paix qu'il était venu porter, pas un jugement ou des imprécations. C'était à Minerva de leur parler de règlement. Lui souhaitait seulement mesurer l'étendu de la fracture et les aider à passer à être chose.

Cyrus avait, paraît-il, littéralement sauté par-dessus la table quand son frère s'était écroulé. Les préfets avaient voulu essayer de ranimer Harry, mais Cyrus leur avait objecté que sans savoir la nature des sortilèges, on ne devait pas tenter le diable. « Si on ne le ranime pas nous même, faut prévenir McGonagall », avait loyalement mis en garde l'un d'eux. « Tu sais aussi raccourcir son nez ? » avait objecté Cyrus. « On pourrait attendre que ça passe ? » avait essayé une autre, subodorant sans doute qu'on allait leur reprocher que le duel ait pris une telle ampleur. « Vous allez les chercher ces secours, ou il faut que j'y aille moi-même ? » avait finalement grondé Cyrus. Il avait eu gain de cause.

Ron, pendant ce temps, semblait être resté obstinément sombre et silencieux. Comme il l'était encore là, en face de Remus. Et ce silence était aussi étrange qu'inquiétant.

« C'est maintenant sans doute qu'il faudrait s'excuser ? » demanda soudain Cyrus, comme si le silence qui s'était installé dans le bureau lui était soudain devenu insupportable

« Ça ne paraît pas inimaginable », rétorqua Remus, magnanime.

« Tu crois que je voulais ça ? » reprit son fils pas beaucoup plus calme.

« Je crois que tu regrettes plus d'avoir touché Harry que d'en être venu à te battre », constata-t-il à haute voix. Puisqu'il faut en passer par là !

Cyrus se retint à grand-peine de lever les yeux au ciel.

« Je n'ai pas commencé ! Il était là, à asticoter Harry qui ne lui avait rien demandé et moi…»

« Toi non plus ! » cracha presque Ron.

« Quoi ? »

« Toi non plus, personne ne t'avait rien demandé ! » répéta le rouquin sur le même ton.

Remus sentit la crispation de Minerva à ses côtés. Evidemment, ça n'était pas très présentable cette petite scène de famille qui mélangeait joyeusement tous les genres ! Cyrus le prenait silencieusement à témoin, et Ron avait déjà repiqué du nez.

« Ron », appela Remus très doucement.

« Je m'excuse professeur », articula très lentement le jeune garçon sans lever les yeux.

« Ron s'il te plaît, je trouve dommage… »

« Je sais », l'interrompit le jeune garçon d'un ton précipité, « je m'excuse… »

« Ron, je suis sûr que Harry ne t'en veut pas vraiment… »

« Oh oui. Pourquoi m'en voudrait-il ? » - rétorqua l'adolescent inhabituellement sarcastique.

Zut, je ne veux pas qu'il croie que je le tiens pour seul responsable.

« Ron, il ne se serait jamais jeté entre vous si vous n'étiez pas, tous les deux, très importants pour lui. »

« Bien sûr professeur », commenta Ron une fois que le silence eut suffisamment duré pour qu'il soit évident que Remus attendait une réponse.

Visiblement, il n'est pas prêt à m'écouter…

« Je peux partir, maintenant, professeur ? »

Le titre sonna étrangement lointain et méprisant aux oreilles de Remus. Où était le petit garçon un peu naïf qu'il avait traîné aux côtés d'Harry dans les magasins de jouets moldus. Où était l'enthousiaste Ron, l'ami fidèle qui portait sur les gens et les choses un regard amusé ?

« Comme tu veux, Ron », soupira-t-il.

Oui sans doute, c'était ça la vision de Dumbledore.

00

La lumière était inhabituelle. Verte et sombre. Et à certains moments, l'obscurité était si épaisse que Harry ne voyait pas où il marchait. Plus il s'avançait du centre du Labyrinthe, plus une angoisse sourde s'amplifiait dans sa poitrine. Une branche craqua soudain derrière lui.

« Un animal », murmura-t-il, incertain des raisons qui le poussaient à prononcer ces mots à haute voix.

Il continua encore. Plus il s'avançait vers le centre du Labyrinthe, plus les haies magiques plantées par le professeur Chourave étaient hautes et denses, lui dérobant maintenant entièrement une quelconque vision du château. C'était comme si Poudlard, l'énorme et rassurant château, avait disparu. Comme s'il s'en était vraiment éloigné. Il déglutit et raffermit son emprise sur sa baguette.

Il ne restait que quelques mètres sans doute. Quelques mètres pour voir le podium du vainqueur qui le samedi suivant porterait la Coupe du Tournoi. Il touchait au but. Il allait pouvoir trouver une quelconque preuve qu'il était venu jusque là et retourner se coucher. Il pensa avec un certain réconfort à la cape de James dans sa poche droite. Il ne devrait pas avoir plus de difficultés à rentrer à Gryffondor que de sortir jusqu'ici… Mais qu'est-ce que…. ?

000

« Harry ! »

Ron se réveilla en sursaut, le souffle court.

Un rêve, c'est un rêve, juste un rêve…

Non, qu'est-ce que Harry ferait au milieu de la nuit dans le Labyrinthe ? A tâtons, il se leva fébrilement et écarta le rideau du lit voisin du sien, certain d'y voir une touffe hirsute de cheveux noirs dépasser des draps blancs. Mais les draps étaient repoussés et la bouche de Ron s'assécha. Il eut profondément froid comme si le vent glacé de l'hiver venait de s'engouffrer dans le dortoir

« Il est…là ? » demanda soudain dans son dos la voix inquiète de Neville.

Ron se retourna d'un bond et vit que Dean et Seamus, eux aussi, étaient réveillés et assis dans leur lit. Tous trois avaient l'air d'avoir été violemment arrachés au sommeil. Tels trois reflets de ce qu'il imaginait de son propre visage, tous trois avaient l'air inquiets et frissonnants.

« Il n'est pas là, hein ? » lança Seamus, presque agressif.

Ron secoua la tête en signe de confirmation, dépassé par les implications de la question de ses deux camarades. Comment pouvaient-ils savoir eux aussi ?

« Il est… » - murmura Dean.

« … dans le Labyrinthe », compléta Ron, malgré lui. Et il fut presque soulagé d'entendre les mots au lieu de voir les lieux sombres et inquiétants dans sa tête. Les trois autres hochèrent la tête avec gravité. Aucun des quatre n'osa exprimer à haute voix d'où ils tenaient cette certitude.

« Il est en danger », estima Dean.

« La femme… » - gémit Neville, « c'est la femme…. »

L'évocation de l'ombre fine et sombre fit de nouveau frissonner les quatre garçons. C'était peut-être une femme…

« Il est blessé… » - souffla Seamus. « Enfin, je crois ».

« On perd tous la boule », conclut Dean, la tête entre ses mains.

Justement, tous, ça en faisait quand même beaucoup, estima Ron. Mais qu'est-ce qu'il fiche là-bas ! Pourquoi est-il parti tout seul, pourquoi est-il parti sans moi ? - s'interrogea-t-il douloureusement. Et pourquoi voyons nous ça dans nos rêves ?

Brusquement, il revit Harry s'effondrant sous le sort de Pousse-Nez qu'il destinait à Cyrus. Il revit aussi Harry entrant dans le dortoir et refuser quelque chose. Il se revit insister, méprisant, hautain, méchant, presque menaçant. Pourquoi avait-il l'impression que Neville, Dean et Seamus l'avaient aidé ? Il leva les yeux et fut effrayé de voir la même question se répétée dans le regard de chacun de ses camarades.

« Qu'est-ce qu'on va faire ? » gémit de nouveau Neville.

« On peut pas le laisser », confirma Seamus.

« Il faut aller voir », proposa Dean.

Aller voir ? Ils en avaient de bonnes ! Aller voir ! Traverser tout le château en pleine nuit ! -estima Ron. Un truc à se retrouver chez McGo une deuxième fois en moins de vingt-quatre heures. Bien sûr, il l'avait déjà fait, mais toujours avec Harry qui connaissait le château comme le fond de sa malle - et la cape de son père comme assurance… Ron soupira. Il y avait bien les jumeaux et la carte magique… mais réveiller Fred et George en pleine nuit, c'était attirer de nouveau sur lui tellement de moqueries !

« Cyrus saurait nous guider, non ? » chuchota alors Seamus.

Cyrus ? Il revit le frère d'Harry, dressé de l'autre côté de la lourde table de chêne de la salle commune, la baguette pointée vers lui et les yeux plus noirs que l'anthracite. Il déglutit. Cyrus pouvait être plus cinglant que Fred ou George. Mais, Cyrus était aussi capable d'une étrange compréhension des autres… il avait ces pouvoirs aussi importants qu'imprévisibles…. Il revit Cyrus les guider, Hermione et lui, sur les traces de Harry deux ans auparavant…. Cyrus… Il hocha la tête.

« Allons-y », conclut Dean, déjà debout.

Ron repensa au visage dur et lointain de Cyrus pendant toute la soirée. Sans doute Remus lui avait sonné les cloches après son départ. Il n'y avait qu'à penser à ce que sa propre mère lui aurait passé comme savon si elle avait appris qu'il s'était battu avec le frère de son meilleur ami, avec pour tout résultat d'envoyer le dit ami à l'infirmerie ! Sans doute Cyrus n'allait pas être dans les meilleures dispositions envers lui. Fallait-il que les autres y aille sans lui ? Mais c'était Harry, par la barbe de Merlin !

« Je vais y aller tout seul », déclara-t-il, relevant les yeux.

« Tout seul ? » répéta Neville incrédule et respectueux.

« Oui ».

Aucun des trois ne fit un geste quand il sortit silencieusement du dortoir. Les marches glacées sous ses pieds finirent de le réveiller. Il arriva rapidement à l'étage inférieur où dormaient les deuxièmes années. La main sur la poignée, il hésita un quart de seconde mais vida son esprit et pénétra dans la chambrée sombre. Il entendit la respiration tranquille des dormeurs. Quel lit est celui de Cyrus ? Il écarte tour à tour le rideau de Herman Gingle, de Colin Crivey et d'Archibald McLeish. Il n'y a plus d'hésitation à avoir. C'est d'une main un peu tremblante qu'il s'empara du rideau du quatrième lit. Une main empoigna alors de son pyjama et une baguette se planta dans sa gorge :

« Tu fais quoi, là ! » gronda Cyrus presque canin. « T'as vraiment perdu toute dignité ? Tu attaques les gens la nuit maintenant ! »

« Harry », articula Ron avec difficulté.

« Quoi, Harry ? » demanda sèchement Cyrus sans desserrer un instant son étreinte.

« Il...a... disparu » souffla Ron.

Dans la demi-obscurité du lit clôt, les yeux noirs de Cyrus semblaient étrangement brillants.

« Tu crois que je vais pleurer s'il décide d'aller se promener sans toi ? »

Ron se sentit désemparé. Il n'avait jamais imaginé que Cyrus puisse partir dans ses propres déductions comme cela.

« Il est… en danger », essaya-t-il encore, désespéré que Cyrus ne l'écoute même pas.

Etait-ce les larmes dans sa voix, était-ce son regard, il ne sut pas ce qui toucha Cyrus. Aussi brusquement qu'il l'avait attiré vers lui, ce dernier le repoussa.

« C'est quoi cette connerie ? »

Ron ne put s'empêcher de masser son cou douloureux avant de répondre de la voix la plus humble.

« On l'a vu… Seamus, Dean et Neville et moi… On a fait le même rêve… Harry est…. Dans le Labyrinthe… «

« Dans le Labyrinthe ? »

« Il est en danger… On l'a tous vu ! »

Les yeux gris noirs que Cyrus posa sur lui parurent étonnamment fatigués.

« Ecoute vieux, si tu gardais tes hallucinations pour les cours de Divination ? »

« Cyrus… Je… Cyrus, tu sais comme moi qu'il ne disparaîtrait pas comme ça au beau milieu de la nuit… pas tout seul… » - plaida-t-il - « pas après ce qu'il s'est passé hier en plus… Cyrus… »

De nouveau, le silence, mais quelque chose changea lentement dans les yeux du frère d'Harry.

« OK. On va aller voir… J'espère pour toi que ça en vaut le coup » soupira-t-il finalement.

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Cyrus se demandait inlassablement quelle mauvaise fée le poussait dans les couloirs de Poudlard, au beau milieu de la nuit, à porter un quelconque crédit aux racontars de Ron.

Mais, plus il y pensait et plus seul le pire lui semblait plausible. Que Harry se soit déjà allié à Ron pour le mener en bateau paraissait douteux – le principe même de la blague ne ressemblait en rien à son frère. Pourquoi aurait-il été se promener au beau milieu de la nuit tout seul ? Et les rêves des quatre autres ?

Et, quand il appelait à la rescousse sa profonde mémoire, il n'arrivait qu'à une conclusion. La seule personne présente ici à laquelle Sirius aurait fait confiance dans un tel moment était Remus. Alors, ils n'avaient pas beaucoup d'autres options que d'aller le prévenir.

Ils arrivèrent assez rapidement dans le Grand Hall et se dirigèrent résolument vers la porte dérobée qui donnait accès à l'aile des professeurs. Ils n'étaient plus qu'à cinq pas – six peut-être – quand la voix de M. Rusard les glaça sur place :

« Et bien, et bien, je me disais bien que j'allais sans doute trouver des Gryffondors derrière tout ça… Encore que je m'attendais plus à trouver vos frères, M. Weasley… Surtout avec vos exploits de cette après-midi ! Mais la mauvaise graine reste la mauvaise graine, n'est-ce pas ? »

Ron avait blêmi et le regardait d'un air désespéré. Mais qu'est-ce que je peux faire, ragea Cyrus, stupéfixer Rusard ?

« Quelque soit vos grands projets », reprit ce dernier, « je pense qu'ils vont connaître un léger contretemps… et se limiter à une visite au bureau du professeur McGonagall, voire à celui de M. le directeur… »

Il avait terminé sa phrase en regardant Cyrus comme pour indiquer si besoin est qu'il s'attendait à que le dit directeur soit particulièrement heureux de se voir réveiller au beau milieu de la nuit pour statuer sur les infractions de son fils. Tu te crois malin, songea Cyrus, exaspéré :

« Il se trouve, M. Rusard, que vous nous obligeriez en réveillant M. le directeur, car c'était, en fait, notre projet… » - rétorqua-t-il sombrement. Il eut la satisfaction de voir un instant s'effacer le sourire narquois de l'irascible concierge.

« Vous ferez bientôt moins l'intéressant, jeune homme », décida brusquement M. Rusard. « Je sais que la patience de M. le directeur n'est pas sans limite »

Non, elle ne l'est pas, consentit Cyrus in petto. Sans doute que ça va même faire beaucoup pour le même jour… Avec un petite grimace d'excuse pour Ron, qui avait l'air légitimement inquiet de la tournure des événements, il suivit sans mot dire le concierge dans l'escalier et les corridors qui menaient à l'appartement directorial.

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A aucun moment, Cyrus n'avait envisagé que Remus les accueillent à bras ouverts mais quand son père laissa tomber ses yeux sur Ron et lui après avoir écouté les paroles mielleuses du concierge, il constata amèrement que la partie n'allait pas être facile.

Evidemment…

« Je suis tombé sur ces deux-là dans le Grand Hall, M. le directeur… J'allais moi-même sortir car j'avais vu par la fenêtre du quatrième d'étranges lueurs dehors… »

« Dehors ? Où ça ? » - s'exclama Cyrus, oubliant instantanément qu'il venait de décider d'adopter un profil de carpette tant que Remus ne lui poserait pas de question. D'ailleurs, Tonks qui était finalement venue les rejoindre dans le salon, lui fit immédiatement signe de se taire. T'es en train de t'enfoncer, Cyrus, calme-toi ! - s'admonesta-t-il - Il va être braqué avant même qu'on ait la moindre chance de s'expliquer !

« Visiblement il se passe quelque chose dehors », commenta Remus, raide et glacial comme seul lui savait l'être. Et voilà, il est braqué…

« Sans doute, M. le directeur », répondit M. Rusard, visiblement ravi par le tour que prenait la conversation.

« On peut savoir où vous alliez ? » demanda Remus se tournant cette fois vers les deux garçons.

« Si je te dis qu'on venait te voir ça va te paraître énorme, hein ? » soupira Cyrus.

« Me voir ? »

Cyrus jeta un regard inquisiteur à Ron : Lui était prêt à tout déballer immédiatement, mais Ron ?

« On est inquiet pour Harry », finit-il par répondre retournant son regard vers père.

« Il y a décidément beaucoup de monde dehors », commenta le concierge, incapable lui aussi de garder sa jubilation pour lui.

« Pourquoi inquiets ? » intervint Tonks.

« C'est moi qui est demandé son aide à Cyrus », répondit Ron dans une grande inspiration, « Harry a disparu… Il n'est pas dans son lit et… je trouve ça bizarre…»

Rusard eut un sourire dédaigneux qui disait bien ce qu'il pensait de l'explication. Cyrus, lui, l'approuva d'un coup de tête un peu triomphant.

« Attends, Ron attends, qu'est-ce qui est bizarre ? » demanda Remus avec une pointe d'agacement.

« Il a disparu », répéta l'interpellé avec une certaine gêne.

« Papa, il n'irait pas se promener comme ça tout seul ! » - les interrompit Cyrus, toujours impatient. « Pas Harry ! Tu le connais comme moi ! »

« En fait, vous vous inquiétez parce qu'il n'a pas jugé bon de vous traînez avec lui ! » - insinua Remus, oscillant entre le soulagement et le sarcasme. Le mélange fit exploser son fils :

« Alors, voilà ! Tu veux qu'on te fasse confiance ! Tu veux qu'on te parle ! Et voilà ! »

« Je serais toi, je choisirais un autre ton », répliqua brusquement Remus.

Là, j'ajoute un mot, il m'en colle une ! - constata son fils, partagé entre la frustration et le remord. Je fais que ça en ce moment de me le mettre à dos !

« Remus », se lança à son tour Ron, « C'est moi qui pense que Harry est en danger... je.. enfin Neville et Seamus et Dean aussi… on a tous vu la même chose »

« Quelle chose ? » demanda Tonks, et sa voix posée parut presque irréelle dans la tension qui s'était accumulée dans la pièce.

« Je me suis réveillé d'un coup », répondit Ron, « j'avais rêvé d'Harry… enfin c'était plutôt un cauchemar. Il était dans un endroit sombre…. Je ne sais pas pourquoi mais je crois que c'était le labyrinthe… le labyrinthe du Tournoi… Il marchait et puis, une ombre grandissait derrière lui et attaquait… mais Neville a vu une femme… »

« Neville ? » intervint Remus, attentif cette fois.

« On a fait le même rêve.. Neville, Dean, Semaus et moi… Harry dans le labyrinthe… attaqué…. Blessé peut-être… et on se réveille et il n'est plus là ! »

« Bien sûr, mais c'est peut être une coïncidence », fit de nouveau remarquer Tonks de la même voix apaisante.

« C'est ça, Harry avait juste rendez-vous avec Aliénor ! » s'insurgea Cyrus.

« Cyrus ! » La voix de Remus était sans concession. « Je ne crois pas que j'aurais la patience de te demander une troisième fois de mieux choisir tes mots !» Comme l'interpellé grimaçait en secouant la tête, il se tourna vers le cadet des Weasley, qui semblait étrangement pâle et lointain et demanda plus calmement : « Dis-moi, Ron, ce rêve… c'est… un rêve ou une image commode ? »

Ron écarquilla les yeux avant de comprendre et de répondre :

« Remus… je… je sais que ça paraît fou ! Surtout… Je sais pas pourquoi, mais j'ai ce sentiment bizarre que c'est de ma faute… que c'est moi qui l'ai envoyé là-bas ! »

« Qu'est-ce qui te faire dire ça ? »

« Des images, un flash… comme si Neville, Dean, Seamus et moi, on… on l'avait décidé… forcé…qu'il ne voulait pas… »

« Forcé ? » gronda Cyrus.

« Un flash ? » s'enquit Tonks.

« Comme… » Ron baissa la tête, l'air perdu. « Je sais pas… c'est comme si un autre que moi avait vécu tout ça…»

Remus et Tonks se regardèrent longuement, immobiles et tendus. Puis la jeune femme sortit sa baguette et s'approcha de Ron.

« Imperium detecto », murmura-t-elle de cette voix froide et sèche que Cyrus assimilait à sa fonction d'Auror. Ron trembla sous le halot violet qui s'échappa de la baguette et qui brusquement devint jaune.

« Lancé, il y a au moins deux heures… » - estima-t-elle, mais Remus sortait déjà de la pièce.

« Tonks, préviens tout le monde ! Préviens Severus ! Lui en premier ! » - lança-t-il par-dessus son épaule. « Et emmène ces gosses à l'infirmerie… »

Peu désireux d'attendre que Tonks l'en empêche, Cyrus voulut sortir derrière lui. Mais Remus revenait déjà :

« Il me semblait aussi », commenta-t-il en le voyant la main sur la porte.

« S'il te plaît », murmura Cyrus hésitant entre l'embarras et la colère.

« Il n'en est pas question. »

« Mais… »

« Tu. Restes. Avec. Tonks. »

Le ton était sans appel et Cyrus eut un geste de frustration.

« Merci », souffla Remus avant de sortir cette fois pour de bon.

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Ok ça se précipite – vous l'aviez vu venir, hein…

Le suivant s'appelle Liens…et devrait répondre à pas mal de questions, mais en suggérer d'autres aussi…

J'en suis au 32, pour lequel je ne trouve pas encore de titre… Encartables peut-être… ça vous fait toujours une piste…