L'inné et l'acquis

Générique inchangé…. Reconnaissance de dettes et remerciements éternels…

Petit coup de pub - ça faisait longtemps - pour Black blues de Astorius... d'abord, c'est bien écrit, ensuite si le sujet - le 17 ans de Sirius - n'est pas ahurissant d'originalité, c'est plutôt approché différemment... Bref, moi je dis que ça mérite le détour...

Et puis le courrier….

Le premier truc rigolo pour moi, c'est de voir que généralement vous avez tous plus deviné où je veux en venir que mes propres bêtas au même point (Réponse indirecte à Alixe qui se demandait ce que vous alliez penser…mouarf)… c'est quand même très curieux ça… ah moins qu'elles n'aient été trop occupées à corriger mes fautes d'accord… enfn je ne commenterais pas trop pour ceux qui doutent encore… le suspense c'est quand même rigolo, non ?

Les équipes de Quidditch… aïe, aïe, aïe… manquerait un joueur… Neny et compagnie
Vous avez sans doute raison…. Je me rappelle m'en être inquiétée à un point…visiblement je me suis trompée dans les comptes !

Remus serait un peu malade de s'agacer de voir son fils débarquer en pleine nuit, juste après qu'il ait, une nouvelle fois, fait la une de l'école par ses exploits, et mettrait trop de temps à le croire (Guezanne)…. Ça s'équilibre avec Neny qui le trouve trop cool avec ses fils en général…Dans une première version de cette scène, ça chauffait carrément plus que ça… et puis j'ai trouvé que ça nous emmenait trop loin du sujet… mais à la place de Remus, moi, je crois que je me serais un peu énervée aussi… Encore une action militante contre la perfection des héros…

Pourquoi Harry est-il parti tout seul dans le labyrinthe (Angel's Eyes) ? Le pourquoi et le comment de l'Imperium ? (Quasiment tout le monde…) On va y venir… Et puis Neville (Lazoule et Lulu-Cyfair ) Hum, vous avez l'air d'avoir pas mal d'opinion sur lui, son lien avec Harry et Voldie… plus que moi sans doute, j'espère que vous ne serez pas déçues !

L'Auror Tonks et Rusard-connard remportent les suffrages de Lulu-Cyfair, Aresse et Guézanne… Je sais que la Dame le mérite depuis longtemps mais il fallait que ça trouve un terrain favorable… quant à Rusard, c'est presque trop facile !

Juliette n'aime pas Kane et Astorius voudrait le prononcer Kahn… Je respecte tous les droits de mes lecteurs ! J'aime assez l'idée que la bataille de Kane soit contre les fantômes…

Mumus à l'attaque Lupini-Filiae ? B'en oui… c'est comme maître Yoda, on l'attend depuis longtemps non ? Clin d'œil à Vert !

Dédicace aux nouveaux venus (Angel's Eye et Neny) – trois jours pour lire les trois volets, t'as dormi ?) et puis aussi à Juliette qui a fait une remontée spectaculaire ! Remets-moi ton mail et je répondrais à toutes tes questions ! Comme Fée Fléau a faim de la suite, ne la faisons pas attendre !

Chapitre trente - Liens

L'inquiétude de Remus balaya devant lui les portes et réduisit à l'obéissance les fantasques escaliers de Poudlard. Il ne ralentit pas en sortant du château. A sa gauche, les tentes françaises paraissaient étrangement calmes et plus loin sur sa droite, le château de glace bulgare étincelait dans la nuit claire.

Ils devaient se tromper. Rien d'inquiétant ne pouvait arrivé sous ce ciel étoilé de printemps, dans ce vent léger qui embaumait les herbes coupées et les premières fleurs. Mais Remus ne ralentit pas. Il n'y avait pas de hasard ou de coïncidence. Ron ne pouvait pas être soumis à l'Imperium et Harry partir à l'aventure la même nuit sans qu'il y ait un lien quelque part.

Un lien quelque part.

Le labyrinthe occupait tout l'espace du terrain de Quidditch. Les haies en son centre étaient plus hautes qu'à sa périphérie. L'ensemble créait une masse sombre inhabituelle dans le décor millénaire de Poudlard. Mais rien d'anormal pour autant, songea Remus jusqu'au moment où il vit s'élever une lueur furtive du centre du labyrinthe. Le vent amena aussi de drôles de sons, des sortilèges, des cris peut-être. Le cœur battant, Remus accéléra encore.

Tonks va prévenir Severus et Alastor, essaya-t-il de se rassurer. Et Marigold et Hagrid aussi. Eux seuls connaissent à fond le labyrinthe…

Mais l'angoisse était la plus forte :

Deux heures ? Harry…

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Harry ne s'était pas laissé faire. Il s'était échappé à plusieurs reprises à son agresseur, roulant sous les haies de buis du labyrinthe, s'écorchant le visage et les bras, déchirant la robe de sorcier qu'il avait passé sur son pyjama. Plusieurs fois, il avait manqué de perdre ses lunettes. Il espérait qu'il n'avait pas perdu sa cape – sans jamais avoir eu le temps de s'en assurer.

Dans ce jeu de chat et de souris, il s'était plus ou moins convaincu que son silencieux et sombre agresseur était une femme. Sa conviction ne reposait que sur quelques indices. D'abord, il n'était pas beaucoup plus grand et plus lourd que lui – il paraissait peu probable qu'il soit un homme adulte. Harry avait aussi eu, au cours de la lutte, des visions fugitives de poignets et de chevilles fragiles. Un cri qu'il avait laissé échapper quand Harry avait enflammé les buis derrière lui semblait aussi révélateur. Comme la longue mèche sombre qui s'était échappée de sa cagoule noire et qui battait au vent quand il courrait derrière Harry.

Une femme, peut-être, mais puissante, rapide et déterminée. Harry l'avait appris à ses dépends. La partie la plus détachée de son cerveau avait aussi conclu que son agresseur voulait le capturer, et non le tuer - les occasions n'auraient pas manqué !

Harry ne savait pas si c'était une bonne nouvelle ou non…Il n'avait pas le temps d'y réfléchir. Il courrait à l'aveuglette dans le labyrinthe, l'ombre noire sur ses talons. Il espérait ne pas tomber une fois de plus sur un cul de sac. Il fut déçu.

« Cette fois, je te tiens, petit Harry », souffla l'ombre dans son dos, enfonçant férocement sa baguette entre ses deux omoplates, alors qu'il hésitait à mettre le feu à la haie. « Fini de jouer ! »

La voix était aussi féminine que les poignets et les chevilles l'avaient suggéré. Elle était légèrement éraillée - comme quelqu'un qui aurait beaucoup fumé, ou beaucoup crié, songea étrangement Harry. Elle lui arracha sa baguette et la rangea dans la poche gauche de sa robe.

« Mais qu'est-ce que vous me voulez ? » - essaya Harry alors que son esprit regrettait son manque de décision : Il aurait dû mettre le feu. Ça aurait fait diversion... et ça aurait été visible de loin… Il était trop nul !

« Allons tu sais bien, Harry, allez, ne me déçois pas… » - se moqua l'ombre. « Toute cette année, ces longues semaines d'ennuis et de mensonges, j'ai tenu pour ce moment… Et je me suis nourrie du fait que ce ne serait pas facile… que le loup-garou faisait de son mieux pour te déniaiser… ce graisseux de Rogue aussi… Mais n'est-ce pas le mieux, ça, Harry, quand la proie est à la hauteur du chasseur ? »

Harry déglutit en entendant que cette femme semblait avoir préparé cette attaque depuis des mois, qu'elle connaissait son père et Severus, qu'elle savait leurs efforts, rien de tout cela ne ressemblait à un hasard. Alors le hasard n'existe pas ? Tout ce qui m'arrive est écrit par d'autres ? C'était comme si toutes ses angoisses les plus profondes prenaient finalement vie. Une vie monstrueuse et palpable.

La mystérieuse femme enfonça un peu plus sa baguette dans son dos et murmura : « Mais assez parlé, nous sommes attendus… »

Harry obtempéra. Il faut au moins que je reprenne mon souffle et que je lui reprenne ma baguette, songea-t-il s'exhortant au calme. Et, il était parti depuis longtemps maintenant, Ron et les autres allaient finir par s'inquiéter…. Bizarrement, son cœur se serra un peu plus à cette pensée, car son agresseur l'attendait dans le labyrinthe... Comment avait-elle su ? Et qui était-elle ? Toute l'année…

Il résista à l'envie de se retourner. Il n'avait pas envie de voir, pas envie de savoir. Je ne la connais pas, je ne peux pas la connaître ! Sa voix ne me dit rien. Ce dernier constat le rassura un peu pendant quelques mètres, car la femme reprenait :

« Oui, c'est un grand honneur qui m'est attribué… une chance de vengeance… de laver l'affront…Ils ont tous été si couards, ils se sont tous cachés, hein… tous…. Regarde-les, Karkaroff, Rogue, Malefoy… à quémander une miette de pouvoir… répugnant ! »

Plusieurs sonnettes d'alarme résonnèrent dans la tête d'Harry. Le seul lien entre tous les noms cités était trop clair : leur passé de Mangemort…La femme faisait partie des admirateurs de Voldemort ? Et la chance, la vengeance, l'affront… Tout ça n'était pas très encourageant, il fallait bien le dire. L'adrénaline de la poursuite courait encore dans ses veines et bloquait encore la panique, mais Harry sentait confusément que seul le pire pouvait les attendre.

Ils tournèrent à droite, toujours plus près du centre du labyrinthe si on en croyait la hauteur croissante des haies - Le centre du labyrinthe et son podium, qui devait le dimanche suivant accueillir la coupe qui allait récompenser le vainqueur du Tournoi. On disait à Poudlard que le la coupe était déjà sur le podium, que celui-ci serait « magique » et qu'il était orné des armes animées de toutes les écoles. On disait aussi qu'il était gardé par des sortilèges impossibles à surmonter pour des élèves… On disait tant de choses…

Harry ne croyait pas à cette rumeur. Il ne pensait pas que Remus aurait laissé mettre des sortilèges dangereux dans le labyrinthe, qu'il aurait pris le risque de blesser un élève un peu trop curieux. La coupe était sans doute en sécurité dans le bureau directorial…

Il avait mis du temps à exprimer conviction parce que, comme un fait exprès, Ron avait soutenu le contraire. Et Harry n'avait pas envie de se disputer avec lui alors qu'il venait à peine de sortir de l'Infirmerie pour avoir essayé de s'interposer entre son plus vieux copain et son frère. Surtout que Ron s'était excusé – un peu du bout des lèvres mais quand même.

Mais la conversation entre Dean, Seamus, Neville et Ron durait et il avait fini par oublier qu'il ne voulait pas y participer… Il avait été sidéré par leurs réactions. Même Neville s'était moqué de lui et de ses soi-disant informations sur le Tournoi :

« Mais qu'est-ce que tu sais, Harry ? Qu'est-ce que tu nous as dit de vrai depuis le début ? Hein ? »

Et la conversation factuelle avait dérivé sur les secrets des Lupin, leur manière de se croire supérieurs, de laisser croire qu'ils l'étaient, leurs prises de risque soigneusement calculées et leur sempiternelle trouille de leur père. Petit à petit, Harry s'était échauffé. Non, il n'excusait pas Cyrus. Non, ils ne bénéficiaient pas tant que cela d'un régime de faveurs ! Non, il ne prenait pas ses décisions uniquement en fonction de son père !

« Prouve-le », avait craché Seamus.

Et dans une espèce de désespoir, il avait accepté d'aller dérober un des ornements du podium – puisqu'il n'était pas dangereux de s'en approcher ! Tout seul et tout de suite.

Une heure plus tard – plus ou moins – ça ressemblait à un piège.

Mais comment croire que ses amis savaient qu'il serait attendu ?

« Tu as peur, Harry ? » demanda la voix.

Est-ce que j'ai peur ?- se demanda honnêtement Harry. Non, je suis… triste.

« Non »

« Pourtant tu devrais… enfin, je suppose qu'on t'a fait croire que tu étais le plus fort… après tout, à ta place, je croirais sans doute cela aussi… »

« Qui êtes-vous ? » demanda Harry.

Elle rit.

« Ton Papa serait déçu, Harry… N'est-ce pas évident ? Je suis la vengeance !»

Elle rit de nouveau. Longtemps. Relâchant légèrement la pression qu'elle imprimait dans son dos avec sa baguette. Et Harry, cette fois, n'hésita pas. Il se jeta de nouveau sous la haie la plus proche, rampant sans s'arrêter et courrant dès qu'il le pouvait. Il l'entendit jurer et hurler :

« Incendio ! »

La haie qui les séparait s'enflamma brusquement et la femme la traversa immédiatement, ombre noire sur les hautes flammes violettes qui dévoraient les buis. Harry accéléra et le sortilège le toucha en plein dos :

« Endoloris ! »

Il hurla. Il hurla à penser que ses cordes vocales allaient se rompre, que ses nerfs allaient mourir et ses muscles se déchirer. Il hurla à s'en vider les poumons, à s'arracher les yeux. Il hurla comme il ne savait pas qu'il pouvait hurler. Et il hurlait encore quand le lien magique entre lui et son tourmenteur s'arrêta.

« Rien ne prépare jamais aux Impardonnables », commenta la voix, froide et technique, et d'autant plus cruelle, « Ton papa ne t'a pas enseigné ça, Harry ? En avoir rencontré un ne protège pas des autres… Si tu ne veux pas que je te soumette à l'Imperium comme tes stupides petits amis, je te conseille de me suivre ! Debout !»

Ses muscles refusaient, ses os ne semblaient pas s'en croire capables, mais Harry savait qu'il n'avait pas le choix. Il se redressa en titubant, incapable de supprimer le tremblement de ses mains, comme le claquement de ses dents.

Instinctivement, il pensa au jeune loup qu'il portait en lui. Est-ce que son Animagus aurait su le protéger de cette douleur comme il savait le protéger des Détraqueurs ? Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Lupy – le nom qu'il lui avait donné en secret – aurait été bien plus agile que lui sans doute pour se glisser sous les haies et courir loin de cette épouvantable folle !…. Folle ?…

Non, il devait se tromper… comment serait-elle là ? Et de toute façon, il n'était pas sûr d'avoir la force nécessaire pour la transformation, surtout après ce qui venait de se passer ! Brusquement, il sentit la peur s'insinuer dans ses veines comme un poison à retardement. Non, seul le pire était possible.

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L'odeur l'alerta.

Le feu, un feu magique.

Quelqu'un avait allumé un feu magique dans le labyrinthe.

Remus laissa le loup le guider vers la source de cette odeur.

Le loup était au moins bon à ça, percevoir les odeurs.

Et il en sentait beaucoup depuis qu'il était entré dans le labyrinthe.

Celle d'Harry, diffuse mais récente.

Celles d'Hagrid et de Marigold plus fortes, mais plus anciennes.

Et une autre aussi, immanquable malgré les efforts patents qui avaient été faits pour la dissimuler. Une autre qui réveillait des souvenirs anciens – et aucunement agréables.

Bellatrix n'avait peut-être pas toujours été une Mangemort.

Certes.

Mais elle n'avait jamais été une amie.

Remus se souvenait bien de la jeune élève à peine plus âgée qu'eux quand ils étaient entrés à Poudlard. Elle parlait encore à Sirius – même si elle se moquait de son affectation à Gryffondor. Elle avait déjà une cour d'admirateurs et d'admiratrices, mais ses opinions politiques restaient encore incertaines. Sans doute plaignait-elle Andromeda qui se trouvait rejetée par leurs parents, mais elle professait aussi qu'une telle indignité ne lui arriverait pas.

Et Sirius, Remus s'en rappelait, n'était pas alors loin d'une telle position. Il pensait encore qu'il pourrait être lui tout en restant un Black, qu'il pourrait faire accepter sa différence, ses choix et, qui sait même, influencer la position de sa famille. Et sans doute cet espoir irréaliste était la partie la plus Gryffondor de son ami !

Il se souvenait clairement de sa sombre beauté – comme un contrepoint à la blonde Narcissa, comme un double féminin et inquiétant de son flamboyant cousin.

Il se souvenait aussi douloureusement de son profond mépris pour les « créatures ». Elle pouvait haïr James, son argent, son sang pur dévoyé et ses idées politiques progressistes. Elle pouvait se moquer du pauvre Peter, démuni de richesses matérielles comme de confiance en lui ou de puissance magique – mais sang pur lui aussi. Mais que son cousin puisse lui proposer la compagnie d'un loup-garou était visiblement inacceptable.

« T'es parano, Lunard », soupirait le dit cousin quand il lui faisait remarquer cela, « Comment saurait-elle ? Tu crois que je lui fais ce genre de confidences ? »

Mais Remus avait toujours eu l'impression qu'elle savait.

Sinon, pourquoi l'aurait-elle traité comme s'il était totalement transparent ?

Et il se souvenait enfin de la dérive parallèle de Bellatrix et Sirius, comme un contrepoint l'un à l'autre.

Bella devenait chaque jour plus puissante, plus distante, plus hautaine. Elle se rangeait clairement dans le camp de Lucius, de Narcissa, et des Mangemorts.

Sirius se radicalisait à sa façon, dans son refus définitif de l'autorité de ses parents, et des professeurs par la même occasion. Lui aussi devenait puissant, mais mettait un point d'honneur à assurer sa popularité, là où sa cousine s'enfermait dans le cercle étroit de quelques élus. Rien ne semblait plus les relier l'un à l'autre si ce n'est un profil jumeau et un orgueil démesuré.

« Elle est la seule qui a plus d'orgueil que toi, Patmol », disait parfois James avec admiration.

« Tu déclares forfait, Cornedrue ? » répliquait crânement Sirius.

Bellatrix

Ça ne faisait même pas l'ombre d'un doute

Bellatrix et Harry.

Mais où s'était-elle cachée pendant tous ces mois ? L'avait-elle nargué à Poudlard même ? Comment avait-il fait pour l'ignorer ? Pour ne même pas la sentir ?

Et tout ce temps, comme dans ses cauchemars les plus fous, elle avait planifié sa vengeance contre Harry ?

Remus fut brutalement soulagé de savoir les deux Black qui comptaient tant dans sa vie loin de cette bataille-là. Il les connaissait assez pour savoir que ni la jeunesse de l'un, ni la grossesse de l'autre ne les empêcherait de vouloir racheter leur sang. Il suffisait déjà qu'il craigne tant pour Harry, qu'il doive prendre cette responsabilité là, ce risque de se croire maudit à tout jamais pour n'avoir pas réussi à le protéger plus de ce que certains voyaient comme son destin

Putain de destin.

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« Je vais les garder ici pour la nuit », confirma Poppy, en refermant la porte sur Ron, Neville, Seamus et Dean, derrière elle. « On ne sait jamais… surtout tant qu'on ne sait pas qui les a ensorcelés ! »

« Soyez prudente ! » - l'enjoignit Tonks, « le lien n'est peut-être pas brisé… »

« Ne vous inquiétez pas jeune fille ! » - répliqua l'infirmière avec un petit sourire, « sans baguette je ne vois pas à quoi ils pourraient servir ! »

« Hum, il semble en effet qu'ils aient déjà accompli la mission qu'on leur avait assignée », grommela Cyrus.

Les deux femmes confirmèrent en grimaçant. A priori, l'Imperium n'avait servi qu'à attirer Harry au dehors. Il n'était même pas sûr qu'on ait cherché à attirer Harry DANS le labyrinthe spécifiquement. Malgré ses tentatives d'hypnoses et les souvenirs complémentaires des autres Gryffondors, les détails de la conversation restaient flous et rien ne permettait de savoir qui les avaient ainsi influencés.

« C'est tout de même terrible », commenta Mme Pomfresh, « et pourquoi Harry ? »

« J'ai bien peur que la réponse soit par trop évidente », répondit Tonks avec un soupir.

« Allons, ne pensez pas au pire comme cela ! Le professeur Lupin l'a peut-être déjà retrouvé ! Et les professeurs Rogue et Fol-Œil sont avec lui ! C'est sans doute qu'une mauvaise blague ! On sous-estime souvent les capacités des enfants… »

Tonks acquiesça avec un sourire crispé.

« Pensez aux bébés, ne vous angoissez pas ! Ce n'est pas bon pour eux ! »

« Je sais, Popy, je sais »

« Bon, allez vite vous reposer », conclut l'infirmière l'air satisfait de la réponse de la future mère.

Tonks la remercia encore et sortit, Cyrus sur les talons. Ils prirent silencieusement le chemin de l'appartement Lupin, leurs pas aussi lourds que leurs pensées.

« Parce qu'ils vont être bien, hein, s'ils naissent sans père ou sans grand frère ? » - marmonna la jeune femme dix pas plus tard. « Ça, ça sera bon pour eux, peut-être ? »

Cyrus la regarda, interloqué par le ton comme par le discours.

« … ils croient quoi, tous ? Que je vais aller me coucher et attendre que Remus et Harry reviennent pour compter les morceaux qui me seront rendus ! » - explosa-t-elle encore.

Elle changea abruptement de direction, dédaignant le passage secret qui les aurait rapidement ramené dans l'aile des professeurs pour se diriger vers le Grand Hall. Cyrus observait son visage tendu, grave et furieux, ayant soudain l'impression de découvrir quelqu'un qu'il ne connaissait pas – ou qu'il connaissait trop bien. Une Black.

« Je ne suis pas devenue Auror pour laisser ma folle de tante détruire ma famille ! » - ajouta-t-elle encore.

Il fallut une autre dizaine de pas à Cyrus pour oser insister :

« Tu crois que ? »

« Qui d'autre, Cyrus, qui d'autre ? Qui aurait pu se cacher Chernobog sait où pendant des mois sans qu'on s'en rende compte ? Qui aurait pu être aussi patiente et tordue dans son plan pour s'emparer d'Harry ? Qui d'autres pourrait à ce point vouloir Harry ? » (1)

« Karkaroff ? » proposa le jeune garçon, accélérant encore pour rester à sa hauteur.

La jeune femme haussa les épaules.

« Evidemment… c'est une possibilité…. Mais mes tripes disent que c'est elle... Et surtout, épargne-moi le couplet Lupin sur l'inanité de la Divination ! »

Cyrus garda prudemment le silence tandis qu'ils entraient dans le Hall et s'approchaient sans ralentir de la porte. C'était inespéré que Tonks veuille aller voir, inespéré qu'elle l'emmène. Il ne savait pas si elle avait raison, si Bellatrix Black était derrière tout cela, mais ça lui paraissait une raison supplémentaire de savoir. Quoi qu'en dise Remus, c'était SA place.

Ce n'est que la main sur la poignée que Tonks s'arrêta et le jaugea :

« Tu vas où, là, Cyrus ? »

« Avec toi. »

« Tu crois ça ?»

« Tu as oublié ? », contra Cyrus, « 'Tu. Restes. Avec. Tonks.' »

La dénommée Tonks – épouse Lupin, mère adoptive en formation continue, mère naturelle en puissance, héritière maudite des Black et Auror de plein droit - eut un bref instant d'hésitation où toutes ces facettes de son identités se bousculèrent. Finalement, elle haussa les épaules :

« Je suppose que je n'ai pas le choix ».

Et ils sortirent sans un mot de plus.

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(1) Alors, Chernobog… Chernobog serait un dieu du mal slave… me paraissait assez indiqué comme ça là…

Quant à la suite, je suis sûre que vous la voyez en partie venir mais reste à la raconter…

Le chapitre suivant va au cœur du sujet et s'appelle Labyrinthes.