L'inné et l'acquis

Le générique est toujours le même… encore que l'interprétation du thème en ce moment est plus sombre et inquiétant que d'habitude… L'auteur remercie bien sûr Vert et Alixe qui ont été là pendant toutes les prises de vues…. Surtout que cette semaine, on a fait tous les repérages pour les trois chapitres suivants…

Erratum : la fic d'Astorius dont je parlais la semaine dernière s'appelle Black Lignage - tant qu'à faire de la pub, vaut mieux donner le bon titre….

Le Courrier :

Le développement de la fibre maternelle de Tonks…. Je pense qu'elle a des critères de danger à elle, Neny, mais on va y revenir…

Bellatrix…. Thamril…. Presque toutes les réponses dans ce chapitre…

Angel's Eye… oui, je peux comprendre qu'attendre, même une semaine, soit un peu frustrant…

Oui, c'est une épreuve qui devrait nous en apprendre beaucoup sur les personnages, Fée Fléau… Et pour Cyrus…. hum… on en reparlera je crois…

Le loup, Guézanne, mais oui, pourquoi se passer du loup ? Merci de te laisser toucher malgré toute cette angoisse et cette action… Je suis étonnée moi-même d'arriver à en mettre tant de pages « ficelées » comme tu dis… ça c'est vraiment ce que j'aurais appris en écrivant ce cycle…

Bonjour Tête de Nœud ! Bonjour, bonjour…. Ne change rien, toi non plus, à ton enthousiasme !

Mais ils sont où Rogue et compagnie, Lupini Filiae, on va voir ça….

Merci Andromaque….. ton angoisse et tes compliments, quel beau cadeau !

L'impérium, Alana Chantelune… Il y aura bien sûr un chapitre d'explication… hum je peux quand même vous dire que ce sera pas avant le 35 – pas mal d'autres choses à expliquer en vue, sans doute….

Bellatrix, miroir inversé et salvateur pour Sirius… Juliette, oui, quelque chose comme ça… Pour le reste, j'ai promis du courrier, je vais le faire !

Trente et un – Labyrinthes

« Le voici, Maître »

La femme poussa une nouvelle fois Harry devant elle et il se retrouva au centre de la clairière qui formait le centre du labyrinthe. Le podium – le fameux podium – occupait l'un des côtés et il était effectivement décoré de motifs animés représentant les mascottes des quatre maisons de Poudlard, des armes de Beaux Bâtons et des emblèmes de Durmstrand. Harry contempla ainsi longuement, dans un état second, le lion de Gryffondor qui lui sembla légèrement méprisant. Il ne décrocha son regard qu'en sentant une nouvelle ombre se détacher de la pénombre derrière le podium.

« C'est bien, Bellatrix », apprécia une voix sifflante qui glaça Harry mieux qu'un Détraqueur. « Il s'est bien défendu, j'ai cru entendre… »

« Oui, Maître », répondit la femme derrière lui avec une humilité nouvelle.

« C'est bien », commenta l'ombre, « il ne faut pas que ce soit trop facile… »

Malgré l'obscurité profonde qui baignait l'arrière du podium, Harry pouvait maintenant distinguer une silhouette frêle et aigue comme des os de poulet et, dans le renfoncement d'une capuche, l'éclat étrange de deux yeux. Deux bras, deux jambes, un simulacre d'humanité.

« Mais ne restons pas là, le feu a dû être très visible sans doute et ses petits camarades ont sans doute fini par donner l'alarme », dit soudain celui qui devait être Voldemort - si les oreilles de Harry ne le trahissait pas.

L'adolescent ne voulait pas savoir comment le Seigneur des Ténèbres s'était procuré un nouveau corps, ni à quel prix, il semblait avoir retrouvé sa puissance. Il n'était pas réellement intéressé non plus par les projets que Voldemort et Bellatrix pouvaient avoir pour lui.

« Oui Maître », chuchota cette dernière, comme une confirmation du fait qu'il ne devait rien attendre d'eux.

Le Seigneur des Ténèbres, d'une main décharnée, sortit alors des profondeurs de sa cape une canne à pommeau d'argent qu'elle empoigna immédiatement. Les deux Mangemorts regardèrent Harry comme pour lui intimer de faire comme eux. Et, instinctivement, le jeune sut que ce serait la dernière chose qu'il ferait volontairement.

« Tu penses avoir le choix, Harry », se moqua Bellatrix esquissant le geste de lui prendre la main – geste que Voldemort arrêta d'un seul regard.

« Tu me rappelles ton père, tu sais, si sûr de lui et des pouvoirs, si Gryffondor ! Prêt à mourir plutôt que de céder », persifla ce dernier – et dans la nouvelle proximité, Harry put distinguer des traits qui ne ressemblaient en rien à ceux qu'il avait pu voir l'année précédente dans les caves de Poudlard. La peau blafarde était atrocement étirée sur des os fragiles et aigus. Les yeux oblongs abritaient des iris rougeâtres.

« Trois fois, il m'a défié, et il s'en est sorti… » - continuait la voix sifflante. « Et, à cause de ça, il s'est cru indestructible… Prétentieux, non ? Qu'en penses-tu, Harry ? »

Harry ne pensait pas ; il subissait ces paroles qui semblaient venir s'inscrire en lettres de feu dans ses nerfs et dans son âme. Il avait bien compris que Voldemort parlait de James, de ce père qu'il ne connaissait que par l'intermédiaire des souvenirs des autres : l'amitié de Remus, la fidélité inconditionnelle de Sirius, la haine de Severus… et maintenant, le mépris de Voldemort. Ce n'était qu'une autre couche d'informations, toutes convergentes et complémentaires et pourtant inutiles. Quoiqu'on lui raconte, il ne connaîtrait jamais son père biologique. Il n'aurait jamais sa propre opinion sur lui.

Il sentit soudain son âme se rebeller. Non pas seulement en souvenir des parents naturels dont il avait été privés, non pas en raison d'un quelconque modèle que Remus pouvait représenter pour lui, c'était sa décision et son refus. Il ne prendrait pas la canne en main.

Harry ne savait pas si l'alarme avait été donnée. Il ne savait pas si on venait déjà à son secours. En fait, il y avait un risque réel que personne ne vienne. Il y pensait par intermittence. Mais dans tous les cas de figure, il n'imaginait pas que Voldemort veuille autre chose que sa mort, sa disparition totale. Alors pour quel chimérique espoir aurait-il obéi à Voldemort ?

Il secoua très légèrement la tête.

Voldemort rit.

« Enfant que tu es ! Bellatrix ! »

L'interpellé prit la main d'Harry avec autorité et le força à toucher le pommeau glacé de la cane. Harry eut beau replié les bras, essayer de contrer la poigne de Bellatrix, il sentit bientôt le contact de la canne argentée, et immédiatement après une aspiration au niveau du nombril. Tout tournoya autour de lui.

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Remus arriva presque haletant au centre du labyrinthe. Malgré ses sens de lycanthrope, il avait dû chercher son chemin pour arriver jusque là. Au début, il s'était laissé dérouter par le labyrinthe lui-même, avant de se maudire et de sacrifier une à une les haies de buis qui se dressaient sur son passage. Mais, il s'était aussitôt rendu compte qu'il n'était pas si facile de suivre un quelconque cap.

Le feu s'était rapidement éteint et l'odeur du brasier, transmise par le vent printanier, était difficile à localiser avec précision. Et puis, il y avait les autres odeurs : celle d'Harry, perturbante dans sa familiarité. Il avait visiblement cherché son chemin lui aussi, revenant plusieurs fois sur ses pas. Remus ressentait la légère acidité que l'inquiétude croissante avait donnée à l'odeur de son fils. Il y avait aussi l'inquiétante rencontre de l'odeur de Harry avec celle de Bellatrix. Plusieurs rencontres. Les traces olfactives permettaient à Remus de percevoir l'adrénaline, la lutte… Toutes ces rencontres racontées le perturbèrent dans sa quête initiale.

A cause d'elles, il savait que Bellatrix avait fini par rattraper Harry – et le feu datait de ce moment-là. Il savait qu'ils s'étaient ensuite tous les deux dirigés vers la clairière du Podium. Remus s'interdisait de penser à l'angoisse d'Harry et s'obliger à se concentrer sur le fait qu'il n'avait pas encore détecté l'odeur du sang. Harry.

Sauf que la somme de toutes ces connaissances n'expliquait pas pourquoi maintenant la clairière au centre du labyrinthe était vide. Harry et Bellatrix y avaient été, c'était manifeste. Remus pouvait aussi déceler une troisième présence qu'il n'osait pas qualifier. Rarement dans sa vie, il n'avait aussi profondément ressenti la magie noire et la marque d'une créature des ténèbres.

Non pas un loup-garou bien sûr – on était loin de toute lune pleine. Mais pas plus aucune des créatures connues et si injustement craintes du commun des sorciers – vampires, harpies… Ni même un Détraqueur… Non, cette présence était inconnue et d'autant plus menaçante.

Etait-ce la créature qui les avait faits disparaître ?

On ne pouvait transplaner à Poudlard – et le fait rarissime était suffisamment documenté pour être incontestable. Néanmoins, des formes moins élaborées de transports magiques étaient possibles – comme la perpétuelle circulation magique des Elfes en témoignait. Mais la troisième présence n'avait rien d'elfique, Remus aurait pu le jurer.

Il continua donc de tourner dans la clairière comme un loup en cage, à la recherche vaine d'une piste, d'un indice sur la destination ou sur les moyens employés par les agresseurs d'Harry. C'est dans ce profond désarroi que Severus, Alastor et Hagrid le trouvèrent.

« Lupin ! » l'apostropha le premier.

« Oh Severus », répondit Remus, sa main gauche dessinant instinctivement un geste désolé. « Je suis arrivé trop tard. »

« Trop tard ?» grogna Alastor.

« Ils sont partis. »

« Ils ? » - s'enquit de nouveau l'Auror, et son œil unique tournait avec excitation dans son orbite comme pour scanner la clairière et en imprimer tous les détails.

« Harry était ici et Bellatrix aussi », expliqua Remus, ne regardant que Severus.

« Bella…mais professeur c'est impossible ! » - s'exclama Hagrid.

« Je sens son odeur », répondit laconiquement Remus.

Aucun des trois hommes en face de lui ne sut quoi répondre à cette référence aussi claire que rare à la lycanthropie du directeur de Poudlard.

« Il y a une autre odeur », ajouta ce dernier, comme à regret, « une odeur que je ne connais pas ».

Une hypothèse le traversa soudain, sans qu'il put déterminer depuis combien de temps elle avait été là. Il pouvait cependant comprendre que sa conscience est traînée à la prendre au sérieux. De nouveau, son regard se fixa sur le Maître des Potions qui n'avait encore rien dit, comme une prière, comme si lui seul était capable de lui rendre l'espoir. Mais quand il le regarda, il le vit se raidir brusquement, comme touché par un sortilège et se saisir convulsivement de son bras gauche avec sa main droite.

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Ils étaient au cœur de la Forêt magique. Harry connaissait cette clairière. Il y était venu plusieurs fois observer des troupeaux de licornes avec Hagrid. Et, c'était particulièrement dérageant de se retrouver tout à coup dans cet endroit associé à tant d'émerveillements et de sécurité, menacé par trois baguettes différentes et également malintentionnées : Bellatrix, Voldemort et un troisième larron qui visiblement les avait attendus dans la clairière.

L'homme était assez jeune, même si sa santé avait l'air à peine meilleure que celle de Bellatrix, et il avait tout de suite manifesté beaucoup de curiosité envers Harry :

« C'est donc lui, Maître ? »

« Oui, Barty », avait répondu Voldemort avec une certaine complaisance.

« Il est venu à notre petit rendez-vous comme un bon garçon », avait ajouté Bellatrix d'une voix moqueuse.

« Comme s'il avait pu en être autrement, Maître ! »

« Le seul résultat possible du travail patient de Bellatrix », lui répondit Voldemort et Harry avait senti que rien ne pouvait faire plus plaisir à l'évadée d'Azkaban.

« Bien sûr, Maître », avait diligemment répondu le dénommé Barty.

« Je n'oublie pas pour autant son œuvre, Barty, ta loyauté… » - reprit complaisamment Voldemort. « Sans toi, Bella n'aurait jamais pu accomplir sa mission… Sans ta patience, ta constance et ta ruse, aucun de mes fidèles, injustement tourmentés à Azkaban, ne pourrait bientôt se joindre à nous à leur tour pour célébrer mon retour ! »

« Merci Maître. Ils ne rencontreront en effet aucune difficulté pour répondre à votre appel, Maître. »

« Chaque chose en son temps, Barty. Chaque chose en son temps. Il y a eu le temps de l'exil, le temps de la maturation et voici le temps de la vengeance »

« Elle vous est due, Maître », murmurèrent en même temps les deux Mangemorts, à la grande satisfaction de Voldemort.

« Tu vois, Harry, c'est très simple. Chacun a un rôle à jouer et toi aussi ».

Mon rôle, songea douloureusement Harry. Mon rôle n'était-il pas d'accomplir la prophétie ?

« Tu m'as détruit, Harry », reprit Voldemort sur un ton plus grave. « Une fois. Et, une autre fois, tu m'as déjà empêché de revenir complètement ! »

Tu oublies celle où j'ai fait disparaître ta résonance psychique, compléta amèrement Harry. Tout ça, pour ça…

« Mais cette fois, j'ai pris mon temps, j'ai réuni les appuis nécessaires et je ne vois pas comment j'échouerai », reprit la voix sifflante. Ses deux âmes damnées grommelèrent quelque chose qui pouvait passer pour un assentiment.

« J'ai retrouvé un corps, comme tu peux le voir… Là encore, Barty m'a aidé. Il nous fallait du sang, du sang sorcier… Il était bien sûr prêt à me le donner. Evidemment. Mais celui de son père nous était plus utile. Il fallait de toutes façons que nous obtenions des appuis au sein du Ministère… Et qui mieux que Bartemius Croupton père pouvait nous les apporter ? »

Croupton ? Le nom disait quelque chose à Harry. Croupton… Le nouveau directeur de la prison d'Azkaban ! Nommé juste après l'évasion malencontreuse de Bellatrix ! Tout cela était évidemment plus que des coïncidences !

Harry se rappela aussi de cette histoire horrible, racontée par Grand-père Albus sur le fils de Croupton, qui était devenu Mangemort alors que son propre père était en charge de la justice magique. Arrêté, il avait été jeté à Azkaban, encore une fois par son propre père, et y était rapidement décédé en raison de sa santé fragile…

Voldemort avait l'air de tenir pour vrai une toute autre version, et Harry ne voyait objectivement pas comment lui donner tort.

« Grâce à Barty, Bellatrix est venue nous aider. Depuis des mois, en lieu et place de celle qui a osé prédire ma disparition, elle attend, elle observe, elle organise cette glorieuse soirée ! » - conclut le Seigneur des Ténèbres avec une satisfaction certaine.

En lieu et place ? Sybille ? Sybille Trelawney ? Bellatrix a pris la place de Sybille Trelawney à Poudlard ? Harry eut l'impression qu'il devrait le dire à haute voix pour y croire vraiment. La bouche plus sèche encore, il revit la professeur de Divination s'approcher de lui peu après la rentrée pour faire des remarques étranges sur son destin ; remarques qu'elle avait répétées à la veille de la rentrée de janvier. Et, à chaque fois, sa cicatrice l'avait lancé !

Il réentendit toutes ces rumeurs qui avaient circulé sur son compte et sur le Tournoi et qui semblait toujours liées à la professeur de Divination. Il se rappela l'étrange fascination qu'elle avait semblé exercer sur tous ses camarades de Gryffondor et sur Ron en particulier… Une fois de plus, on était au-delà des coïncidences ! Sybille Trelawney !

« C'est vous ! » - s'exclama-t-il – « C'est vous qui avez monté Ron contre moi ! »

Bellatrix eut un petit sourire condescendant.

« Pas que c'est été très difficile, tu sais, Harry… Il est tellement jaloux de toi et de ton soi-disant frère….. Il est tombé mûr, comme un fruit, dans ma main. Encore qu'en t'envoyant hier à l'infirmerie, il m'ait un instant fait craindre un nouveau délai ! Mais finalement rien ne pouvait arrêter le destin ! »

Harry n'eut même as le temps de réfléchir à ces paroles que Voldemort ajoutait, avec une évidente délectation :

« Le sacrifice de ta mère t'a peut-être sauvé une fois, petit Harry, mais c'est la main de ton meilleur ami qui m'aura donné ma vengeance ! »

Il va me tuer, comprit Harry avec un détachement qui le surprit lui-même. Et rien ensuite ne pourra l'arrêter. Le monde magique tout entier sera à lui… Il faisait décidément piètre figure en temps que champion !

« Tu mourras ce soir, Harry, devant tous mes Mangemorts de nouveau rassemblés », expliqua alors Voldemort avec affectation. « Ta fin sera la preuve de mon nouveau règne ! »

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« Severus ? Severus, ça va ?»

Remus essayait de retenir son adjoint qui titubait en gémissant, serrant convulsivement son bras contre lui. Il ne s'arrêta que pour éclater d'un rire amer.

« IL est de retour, Lupin ! »

« Qui ? » demanda Remus par pur réflexe. La main droite crispée de son adjoint sur son poignet gauche ne faisait que renforcer ses craintes les plus profondes.

« Qui d'autre ? » rétorqua le Maître des Potions brusquement avant de murmurer, « nous avons été joués comme des enfants ! »

« Bella… » - souffla Remus dans une compréhension qui s'abattait par vagues sur sa conscience, au-delà des schémas rationnels.

« Evidemment ! » - grinça Rogue entre ses dents. Et ses efforts visibles pour surmonter la douleur amenèrent Remus à de nouvelles questions :

« Il t'appelle ? » - demanda-t-il un peu nerveusement.

« Convocation immédiate et impérative », articula péniblement le Maître des Potions, avec l'intention évidente de paraître accepter l'entière dérision de la situation – intention trahie par les gémissements qu'il n'arrivait pas à contenir. La cicatrice, sous ses doigts, pulsait à grand coup comme une lame chauffée à blanc, plongée encore et encore dans sa chair.

Comme dans ses pires cauchemars.

Comme avant.

« Où ? » le pressa Remus.

« Je ne sais pas », souffla Severus, malade à l'idée de penser ce que la puissance de la convocation disait de l'état du Seigneur des Ténèbres.

« Tu ne peux pas savoir ? » - insista Remus, « Harry doit être avec lui ! Pour quelle autre raison serait-il si pressé de vous convoquer tous ? »

Et les implications de cette question jetèrent un silence visqueux sur leur petit groupe. Rogue se força à le regarder avant d'hocher péniblement la tête dans une confirmation muette de leur angoisse à tous. Puis il ferma les yeux, cherchant à imposer une certaine régularité à sa respiration, visiblement pour tenter de surmonter la douleur et atteindre une vision du lieu de rendez-vous.

« La forêt… » - marmonna-t-il, « la clairière aux licornes »

Maugrey fut sans doute le seul à ne pas instantanément visualiser l'enchantement que constituait cette trouée moussue au cœur de la Forêt interdite. Mais ceci ne l'empêcha pas de suivre les autres.

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Tonks et Cyrus les virent seulement de loin s'enfoncer dans la forêt. Trois hautes silhouettes qui soutenaient une quatrième qui semblait avoir quelques difficultés à avancer droit. Mais l'ensemble se déplaçait en courrant. Comme si leur vie en dépendait. Ou celle d'Harry.

« Là-bas ! Vite, Tonks ! »

« Harry n'est pas avec eux. »

Cyrus sembla un instant déstabilisé par la remarque, mais il la repoussa d'un geste impatient de la main.

« Si on y va pas, on va les perdre ! » insista-t-il.

« Si on va où, Cyrus ? »

« Mais tu avais dit », s'insurgea le jeune adolescent.

« On ne sait pas ce qu'ils ont trouvé dans le labyrinthe, ni pourquoi ils vont dans la forêt, ni où ils vont…. Je ne peux pas courir ! Nous ne sommes d'aucune utilité », énonça Tonks avec une certaine amertume.

« Mais tu es une Auror, Tonks ! Et moi, aussi ! »

« Beaux Aurors vraiment ! » - se moqua douloureusement la jeune femme « Une, enceinte de six mois et qui n'a pas eu un entraînement digne de ce nom depuis neuf et l'autre qui a douze ans et treize année d'interruption de pratique ! »

Cyrus la regarda d'un air sombre mais essaya quand même :

« Mais ! »

« Il n'y a pas de mais, Cyrus. Nous allons rentrer et prévenir des renforts… Albus, Shacklebolt à la Division… Il faut aussi voir avec Minerva si on ne peut pas trouver un moyen de les localiser »

Ayant énoncé son plan de bataille, elle fit demi-tour et commença à marcher en direction du château. Cyrus, lui, ne bougea pas.

« Tonks ! » plaida-t-il.

« Tu veux les aider, n'est-ce pas ? Tu veux être utile ? » - demanda la jeune femme. « Tu te rappelles du premier commandement des Aurors ? »

« Ne pas mettre en danger une opération par une prise de risque inutile », grommela Cyrus.

Elle lui offrit un sourire triste pour toute réponse.

« Allons, viens, ne fais pas l'enfant… » - dit-elle en lui tendant la main.

A contrecœur, Cyrus la suivit. Cinq pas derrière elle, il gardait une moue boudeuse qui disait bien combien il avait l'impression de laisser la moitié de son âme derrière lui. Ils arrivaient dans ce silence contraint au château quand le garçon la rattrapa et s'exclama :

« Je sais ! »

« Quoi ? »

« Je sais comment les retrouver ! Viens ! Il faut réveiller Fred et George ! »

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Le prochain va parler assez évidemment de carte magique et de réunion de Mangemorts…. Comme tout le monde n'a pas dit son dernier mot, Cartes fonctionne assez bien comme titre…

Avertissement : Je vais m'éloigner d'un ordinateur connecté en permanence pour une retraite estivale… mais je vais essayer de vous mettre la suite dans pas trop de temps quand même…