L'inné et l'acquis
Générique habituel : JKR, Alixe et Vert…
Ah Rogue…
Comment je vois son avenir, Petite plume ? Un peu
difficile, c'est sûr…
Je lui refuse la repentance
ultime ? Guézanne… Hum, je le laisse fidèle
à lui-même… le chemin est sans doute moins important
que l'arrivée… Je crois qu'il a besoin d'être
cynique pour être capable de faire ce qu'il fait… la
pétoche, quoi…
Le choix entre Sev et Harry est-il cruel
pour Remus ? Lupini Filiae Eh bien, heureusement pour
lui, il n'a pas le choix – à l'inverse de ce que prétend
Severus qui adore prendre des airs de martyr…
Minerva désinhibée – Fée fléau, mouarf non ? mais on l'imagine bien, moi je trouve… et c'est vrai Guézanne, qu'ils se lâchent tous un peu dans l'angoisse générale
Tonks… Guézanne et Fée…plutôt maternelle et maternante… oui, oui, oui …. Mais la pauvre, si vous saviez ce que je lui prépare… enfin, bref… Je pensais que vous seriez plus étonnés que cela par sa décision – en tout cas Alixe l'était et donc ce qui vient lui est dédiée.
Petite plume… comment Bellatrix fait-elle pour contrôler quatre personnes en même temps ? Je te promets une réponse un peu plus tard – pas dans ce chapitre…
Oui, Fée fléau, il est un peu prévisible pour le coup mon Voldie… en fait, je me fiche un peu de lui, je crois…
La montre offerte par Albus est-elle vraiment magique ? (Fée) c'est une question ?
Moi, Aresse, en lisant le six j'ai surtout vu les différences – enfin, en le relisant parce que la première fois, je me suis laissée porter…
Harry osera-t-il un jour sortir la nuit de chez lui ? Neny… parlons nous du même Harry ? Mouarf…
Par respect pour les nerfs de Angel's Eye, pour l'enthousiasme de Lywadielle, et les phalanges de Lyane… la suite…
Chapitre Trente-trois - Responsables
Une main sur son ventre, Nymphadora Lupin, dite Tonks, ne pouvait pas se détacher des petits points qui s'animaient un peu partout sur la carte, qu'elle avait de nouveau réduite pour avoir une vue d'ensemble.
La Division payerait un sacré paquet d'or pour un truc pareil, songea-t-elle. C'était évident que Cyrus était celui qui avait rendu la réalisation d'un tel objet possible – sur une idée des jumeaux ? Elle ne doutait pas que Remus aurait beaucoup de chose à dire sur l'usage de sa grande mémoire à un tel projet. Mais que Cerridwen fasse qu'on ait de nouveau des problèmes aussi simples à régler que la propension de Cyrus à se moquer des interdits ! - ne put-elle s'empêcher de soupirer. Et les jumeaux en venant se coller contre sa main dans son ventre semblaient exprimer toute leur sympathie.
Grâce à la Carte, elle pouvait suivre tour à tour la progression du rassemblement des élèves dans la grande salle sous la houlette de Filius Flitwick et Marigold Chourave ; l'arrivée des écoles étrangères dans le château - Molly Weasley était allée les prévenir ; l'avancée de l'Ordre mené par Albus dans la Forêt interdite – et leur progression était bien trop rapide pour avoir été laissée aux seules qualités physiques de ses membres ; ainsi que l'évolution des deux groupes de Mangemorts - dans la clairière et autour du portail.
Elle jeta un coup d'œil au premier groupe. Rogue était toujours seul, Remus et les deux autres semblaient avoir trouvé un bon lieu d'observation, car ils ne bougeaient plus. Mais un nouveau point entrait sur l'arène : Igor Karkaroff ! Elle ne trouva pas la force de s'en étonner et songea simplement que la réaction des élèves de Durmstrang allait être intéressante.
Elle prit le temps d'écrire un mot pour prévenir ses collègues et d'envoyer un hibou leur porter, mais ses pensées restaient sur les implications de ces informations partielles données par la carte.
Ainsi tous les Mangemorts répondaient ! Etait-ce comme cela que Severus avait guidé Remus vers la clairière ? Instinctivement, elle laissa ses yeux dériver vers les portes de Poudlard : la petite troupe de fidèles avaient pénétré dans le parc et se dirigeaient résolument vers la Forêt, confirmant sa première déduction.
Quelqu'un frappa discrètement à la porte grande ouverte du bureau directorial derrière lequel elle s'était installée.
« Entrez Arthur ! »
« Les écoles sont arrivées » annonça-t-il.
« Je sais. Venez voir, notre équipe de Quidditch attaque ! »
Au rythme précipité de ses pas sur le sol de pierres, Tonks perçut son inquiétude et se sentit furtivement responsable de son désarroi. Pourtant, elle savait que, toutes choses égales par ailleurs, elle referait les mêmes choix.
« Doux Merlin ! » - commenta Arthur en se penchant par-dessus son épaule, et en lisant de nouveau les noms tristement célèbres des anciens Mangemorts assemblés, « Vous ne trouvez pas que… Vous trouvez que c'est très… »
« Sage ? Non », reconnut la jeune femme. « Mais avons-nous d'autre choix que de faire feu de tout bois ? »
« Je n'ai pas tout dit à Molly », avoua Arthur dans un souffle.
« Vous avez bien fait », constata Tonks. « Oh, voilà, visiblement, ça met la pagaille ! » - se réjouit-elle ouvertement, espérant confusément lui remonter le moral. Mais elle sentit le regard sidéré et réprobateur d'Arthur sur elle, le jugement. Visiblement, elle avait échoué.
« Vous avez une confiance énorme en Cyrus », finit-il par murmurer et elle apprécia sa retenue. Sa femme m'aurait déjà traitée de folle !
« Je connais ses capacités », répondit-elle sobrement, « mieux vaut en encadrer l'utilisation, croyez-moi ! »
« Il est vraiment capable de… de les protéger ? »
« Oui, Arthur. Je sais que ça peut paraître incroyable, mais il l'est !»
Comme l'homme en face d'elle n'était plus qu'un regard d'incompréhension, elle ajouta :
« Je ne dis pas qu'il serait capable de mener un duel de bout en bout…mais protéger leur petite attaque, oui… J'ai plutôt confiance
« Comment est-ce possible ? » - s'enquit fébrilement l'interpellé sans plus chercher à cacher ses doutes et ses propres réflexions : « Vous lui avez fait suivre une formation spéciale, c'est ça ? Ron nous a écrits plusieurs fois que Harry travaillait beaucoup avec son père, Cyrus aussi ? »
Tonks leva les yeux vers le père de la tribu Weasley. Est-ce que la vérité le rassurerait ? Elle en doutait sincèrement. Elle savait combien, malgré la réhabilitation, le nom de Sirius Black était toujours tenue en suspicion parmi les sorciers. Et le savoir réincarné dans un jeune garçon tenu pour relativement inconséquent ne pouvait pas être accepté sans une quantité d'explications qu'elle ne se sentait pas la force de donner dans l'heure…
« En quelque sorte », finit-elle par répondre, sans le regarder. Elle n'avait jamais été très bonne pour mentir, même par omission. Arthur regarda avec elle ses fils jumeaux cercler au dessus des Mangemorts et Minerva et Cyrus foncer au milieu d'eux, tour à tour, pour les protéger.
« Mais, c'est une responsabilité énorme que vous lui mettez sur les épaules, même s'il en est techniquement capable ! » - s'insurgea brusquement le père de famille nombreuse, comme s'il venait d'arriver au bout d'un raisonnement intérieur.
Tonks soupira.
« Ecoutez Arthur, je comprends que ça puisse paraître irresponsable mais, moi, je cherche essentiellement à le maintenir en vie… » - répondit-elle, d'un ton monocorde. C'est vraiment le moment de parler de ça ?
« Ça saute aux yeux ! » - ne put s'empêcher de rétorquer Arthur Weasley – la rougeur de ses oreilles montra rapidement qu'il n'assumait pas pleinement son sarcasme, mais Tonks ne parut pas particulièrement vexée :
« Vous ne le connaissez pas, Arthur… » - soupira-t-elle de nouveau. « Qu'est-ce que j'ai comme solution ? L'attacher à cette chaise ? » - demanda-t-elle en désignant un lourd fauteuil sculpté qui lui faisait face.
« Pardon ? »
« Vous croyez que si je le mets dans la Grande salle avec ses petits copains, il va y rester ! » - demanda-t-elle en toute franchise. « Alors que Harry et Remus sont en danger ? Je veux bien prendre des paris si vous voulez !»
Arthur la dévisagea avec une incrédulité marquée.
« Il a pourtant l'air de vous respecter beaucoup… » - objecta-t-il, plus doucement.
Tonks haussa les épaules.
« Je ne suis pas sûre que ça suffise, Arthur… Même Remus n'a pas eu l'air de penser qu'il serait capable d'attendre sagement que ça finisse tout seul ! Alors, moi… Mae ou pas Mae… Je préfère lui donner une mission précise et prier les divinités moldues et sorcières qu'il suivra scrupuleusement mes directives… Je préfère calculer le risque auquel je l'expose ! »
Arthur ouvrit la bouche et la referma, visiblement incapable de partager son approche du problème.
« Bon, ils sont arrivés à la Forêt…. Ils vont revenir maintenant… » - annonça la jeune femme, et Arthur entendit l'inquiétude contenue dans ces derniers mots.
« Vous croyez que… » - demanda-t-il.
« Cerridwenn soit louée, il revient » - l'entendit-il confirmer dans un souffle.
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« Igor », murmura le Seigneur des Ténèbres.
« Monseigneur ! » - souffla le directeur de Durmstrang avec émotion et en tombant immédiatement à genoux devant la silhouette encapuchonnée. « Je n'arrivai pas… croire… »
« Homme de peu de foi ! » - lança Bellatrix avec un sourire méprisant.
« Comment pouvez-vous juger, Bellatrix ! » s'insurgea Karkaroff.
« Oh, je t'ai observé Igor ! Toute une année ou presque ! Faire des courbettes à Dumbledore, des risettes à Lupin ! Tu crois que je n'ai pas compris que même tes manœuvres contre Maxime étaient feintes ? »
« Vraiment ? N'ai-je pas été le seul à essayer de continuer de former des jeunes à la vraie magie ? Le seul à leur dire qu'avec leur sang pur, ils ne devaient pas avoir peur de leurs pouvoirs ? Oui, j'ai dû serrer la main de Lupin – et vous croyez que… »
« Il suffit ! » - gronda Voldemort. « L'heure n'est plus à la négociation ! »
« Monseigneur ? » - souffla Karkaroff avec crainte
« L'heure est à la vengeance », confirma Voldemort en désignant Harry de sa canne.
Instinctivement Harry se redressa et croisa ainsi le regard désespéré du directeur de Durmstrang. Est-ce que j'ai cet air là ? - se demanda-t-il, cet air de bête prise au piège ? Karkaroff ne ressemblait plus guère au directeur plein de morgue qui affirmait l'importance de la magie noire et professait le mépris des Moldus. Il avait les épaules voûtées et le regard fuyant qui allait sans arrêt de Voldemort aux deux autres Mangemorts pour revenir sur Harry. L'homme avait néanmoins lâché son poignet comme si la morsure de la marque s'était apaisée avec la proximité du Seigneur des Ténèbres.
Est-ce que Severus le ressent de la même façon ? – se demanda soudain Harry, Est qu'il est aussi en chemin ? Est-ce qu'il est capable d'y résister ? Est-ce que… Le souvenir du mot, clignotement muet dans sa mémoire, l'aida un instant à repousser la panique qui montait. Ils allaient venir… sa famille…Sans doute, Ron avait-il donné l'alarme… ou Severus peut-être…Et ils venaient à son aide !
Mais l'angoisse revint immédiatement après, insinuante et poisseuse. Le doute d'abord : Severus fait-il partie de MA famille ? Papa sait-il où me chercher ? Et qui l'aident ? Grand-père ? Tonks ? Cyrus… Et puis l'abattement : De toute façon, que pourront-ils faire ? La prophétie ne disait pas que quiconque d'autre que lui n'avait la capacité d'abattre Voldemort… S'ils venaient à sa rescousse, ils étaient condamnés à l'échec…Le désespoir n'était plus loin alors que les Mangemorts s'observaient :
« Un grand jour, Monseigneur », souffla Karkaroff.
Bellatrix eut un nouveau sourire prédateur :
« A plus d'un titre », murmura-t-elle.
Barty Croupton à sa droite rit doucement et Harry eut froid, très froid, sans doute aussi froid que Karkaroff.
Les deux Mangemorts auraient sans doute continué à torturer mentalement leur ancien collègue si d'étranges clameurs ne s'étaient pas alors faites entendre dans la forêt ; D'abord, Harry espéra contre toute logique que c'était des secours qui arrivaient. Pourquoi auraient-ils faits tant de bruit ? Mais, surtout, ces bruits paraissaient sans aucun rapport avec la situation présente.
« Ce sont des rires ! » demanda Croupton
Ni Bellatrix, ni Voldemort ne lui répondirent et Harry prit, comme Barty Croupton, cela pour une confirmation.
« Je n'y suis pour rien », murmura Karkaroff – ce que personne ne releva.
« Bellatrix, attache-les », lança soudain sèchement le Seigneur des Ténèbres.
Ni Harry, ni Karkaroff ne furent surpris de l'interprétation que la femme donna de l'ordre. Ils se retrouvèrent donc ligotés, dos à dos, la corde elle-même reliée à un jeune arbre.
« Bien, avançons », ordonna Voldemort quand cela fut fini.
Harry les regarda avancer tous les trois en ligne, Voldemort au milieu, vers la lisière de la clairière : Jusqu'où allaient-ils s'éloigner ? Aurait-il alors un temps suffisant pour se transformer, échapper aux liens et s'enfuir ? Le murmure de Karkaroff vint le sortir de ses pensées fiévreuses :
« Ce sont des cordes magiques, elles se resserreront si tu bouges… »
Harry s'immobilisa. Il aurait pu lui demander si se transformer revenait à bouger pour les cordes. Il aurait aussi pu l'interroger sur ce qui se passait au château quand il en était parti ; mais pas un son ne sortit de sa gorge.
« Tu es prêt, Harry ? » reprit le directeur de Durmstrang d'une voix rauque.
« Prêt ? »
« Prêt pour la prophétie », répondit Karkaroff avec un peu d'impatience.
Harry se raidit ; Avait-il bien entendu ? Karkaroff comptait-il sur LUI pour les sortir des griffes de Voldemort. C'était tout de même incroyable ! Il croyait qu'il pourrait accomplir une quelconque prophétie, ligoté et sans baguette ?
La clameur s'approchait : des rires, nombreux. Et puis des lueurs apparurent dans les fourrés, des lueurs furtives, qui ne pouvaient provenir que de baguette magique. Ces lueurs s'approchèrent pour s'arrêter net à la lisière nord de la clairière dans un demi-cercle incertain. Ils étaient une dizaine de silhouettes sombres, certaines cagoulées d'autres non. Ils ne bougeait plus, mais étaient encore pris par vague par des fou rires sonores.
« Maître », salua finalement un des hommes en s'agenouillant.
Les autres rirent.
« Il suffit ! » - hurla Bellatrix.
L'ordre fit s'étrangler bien des rires – mais pas tous.
« Il faut nous excuser, maître », se lança un deuxième Mangemort en s'agenouillant à son tour. « Nous avons été attaqués par… » Il explosa de rire, mais son voisin termina pour lui :
« Une poudre de rire, sans doute… »
« Qui ? » cracha le Seigneur des Ténèbres.
« On a pas bien vu, Maître », s'excusa un autre homme, plus sobre.
« Des gamins », avança une femme ;
« Ils n'étaient que quatre ! » - s'esclaffa un autre, visiblement malgré lui, et d'autres ne résistèrent pas à rire avec lui.
Des gamins ? Imaginant brusquement Ron et Cyrus sur des balais à sa recherche et s'attaquant à des Mangemorts, Harry sentit ses derniers espoirs s'effondrer. Non, cette fois, même les pouvoirs étendus de Cyrus ne le sauveraient pas ! Et il ne fallait pas attendre que Ron et les deux autres qui les avaient accompagnées – il n'osait pas imaginer qui ! – soient d'une quelconque utilité ! Ils ne seraient que des victimes supplémentaires !
« Arrêtez ! » hurla de nouveau Bellatrix, « n'avez-vous donc aucune dignité ! »
Il y aurait sans doute eu beaucoup de choses à dire sur la définition de la dignité de Bellatrix, mais visiblement aucun de ses anciens compagnons Mangemorts ne souhaita avoir cette conversation avec elle. Une silhouette plus fine se détacha cependant du groupe et intervint d'une voix froide mais conciliante :
« L'effet va passer, Bella…» Elle s'agenouilla en baissant sa tête encagoulée et murmura avec dévotion : « Monseigneur »
Narcissa…reconnut Harry, sans s'étonner de ne pas être autrement surpris ;
« Oui, nous allons passer à autre chose », intervint Voldemort. « Suivez-moi »
La dizaine de silhouettes suivit le Seigneur des Ténèbres, dans un grand silence à peine entrecoupé de rires nerveux, tenant ainsi plus du troupeau d'adolescents que des troupes d'élite d'un mage noir.
La vision de Harry et Karkaroff, liés l'un à l'autre, fit néanmoins cesser les derniers rires.
« Comme vous le constatez tous, je suis revenu régler mes comptes », commenta Voldemort en leur tournant délibérément le dos pour regarder avec mépris ses deux prisonniers.
« Monseigneur », murmura la petite troupe derrière lui.
Harry sentit leur nervosité ; sans doute, peu avait été totalement fidèle à leur sombre engagement ; sauf peut-être ceux qui étaient à Azkaban, rajouta-t-il mentalement en observant l'air farouche des cinq hommes dépenaillés qui se tenaient à côté de Bellatrix. Le reste portait des robes en bien meilleur état et de prudentes cagoules. Il avait déjà reconnu la voix des Malefoy et supposa qu'il avait déjà rencontré les autres en diverses occasions politiques où l'avait traîné son père. Tout cela était plus probable qu'une équation d'arithmancie. Une seule question le blessait encore : est-ce que Severus était parmi eux ?
« Si je suis ici aujourd'hui, c'est que certains m'ont été fidèles… Et ils savent que je ne les oublierai pas », reprit Voldemort. Bellatrix et Croupton se redressèrent fièrement en entendant ces paroles. « Certains ont perdu la vie et ils ne seront pas oubliés non plus ! »
Pense-t-il à Queudver ? Harry revit le petit homme prostré en entendant la sentence du Magenmagot, ses cris de détresse à l'adresse de Remus… Il eut de nouveau ce goût amer de la trahison perpétuelle qui semblait marquer son destin.
« Il s'agit cette fois de se débarrasser définitivement de notre principal ennemi », continua le Seigneur des Ténèbres et, dans un murmure déférent, les Mangemorts approuvèrent.
Leur principal ennemi ? Comme si j'avais réellement eu le choix ! pensa Harry avec amertume. Je ne suis que l'héritier d'une bataille qui à commencer avant ma naissance ! C'est lui qui a fait de moi SON ennemi ! Lui qui m'a fait orphelin ! Et lui qui va me tuer !
« … Bien sûr, tout cela ne peut se finir sans que les traîtres ne soient châtiés », conclut brusquement Voldemort.
« Monseigneur ! » - gémit Karkaroff dans le dos d'Harry.
Mais Voldemort ne le regardait pas, il s'était retourné et faisait un signe de tête auquel Bellatrix et Croupton réagirent immédiatement. Tous les deux fondirent sur un des hommes cagoulés agenouillés devant eux, les autres s'écartèrent avec empressement. L'homme se redressa en comprenant qu'ils venaient pour lui, mais ne chercha pas à s'enfuir ou à s'opposer à ses assaillants et se laissa traîné devant le Seigneur des Ténèbres sans un cri ou un geste.
« N'est-ce pas, Severus ? » siffla Voldemort.
Le cœur de Harry, dans sa poitrine, essaya de croire que le Seigneur des Ténèbres pouvait se tromper. Mais l'homme, avec fatalisme et dignité, arrachait lui même sa cagoule. Son visage était aussi pâle que d'habitude et ses yeux noirs ne quittaient pas l'horrible petite silhouette maléfique. Severus…
« Ça fait deux ans que j'attends ce moment », ajouta Voldemort.
« Vous me faîtes trop d'honneur, Monseigneur », répondit le Maître des potions avec une hauteur glaciale.
« Oui, sans doute », répondit le Seigneur des Ténèbres, avec une once de regret. « Attachez-le ! »
Et maintenant il va nous tuer l'un après l'autre, décida Harry. Et il eut envie que tout soit déjà fini.
Mais Voldemort eut un autre signe de tête et Bellatrix et Croupton délaissèrent Severus pour s'approcher de Karkaroff qui gémit de plus belle. Le séparant de Harry, ils le traînèrent au centre du cercle que les Mangemorts formèrent sans même qu'on leur ordonne, comme une vieille routine soudain retrouvée.
« Détachez-le », dit sourdement Voldemort. Il eut un rire rauque rapidement étouffé dans l'assistance.
« Comment as-tu pu croire, Igor, que je ne saurais pas que tu avais essayé de vendre ma retraite aux autorités roumaines ? Ils ne t'ont pas cru, bien sûr, mais c'est une piètre excuse ! »
« Monseigneur ! »
« Oui, tu as essayé de maintenir certaines traditions dans ton école, mais à quel prix ! Et ne pensent pas que les Vildon s'en sortiront mieux que toi ! Tous ceux qui, à un moment ou un autre m'ont tourné le dos, paieront ! »
Karkaroff tomba à genoux et souffla d'une voix pleine de larmes :
« Monseigneur, tuez-moi ! »
« Toujours aussi tenté par la facilité, n'est-ce pas Igor ? », répondit Voldemort, « Endoloris ! »
Le sort toucha l'homme déjà à terre qui hurla au-delà de ce que Harry pensait humainement possible d'hurler. Dix fois, le sortilège fut jeté. La dixième fois, l'homme ne s'arqua même plus sous le fouet magique. Il gémit très brièvement et se figea.
Tétanisé, Harry regardait Karkaroff dont le visage s'était statufié dans une atroce grimace de douleur. Combien de temps avait-il tenu ? Dix minutes ? Moins ? Et cet homme était un Mangemort, il savait sans doute même à quoi s'attendre en venant ce soir. Qu'est-ce que lui, dans ces conditions….
A sa droite, un peu derrière, il entendait le souffle rauque de Severus, comme l'écho de sa propre peur. Serait-il le suivant ? Devrait-il lui aussi le regarder mourir ? Y aurait-il des limites à l'horreur de cette trop longue nuit ?
Harry sentit le regard de Voldemort sur lui et, instinctivement, leva la tête rencontrant pour la première fois directement les iris rouges et la lueur démentielle qui les habitait. Ça allait être son tour.
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Oui, je sais, c'est pas très gai…
Comme dans la suite, il y a foule et que celle-ci n'est pas silencieuse, loin s'en faut, ça s'appelle « murmures »…. Si, si...
