L'inné et l'acquis
Générique habituel – la musique est un peu plus inquiétante quand même, je vous l'accorde… Donc, une fois du plus, JKR s'est occupée du casting, Fénice a fait un montage sauvage à son habitude, mais Vert, l'éclairagiste, et Alixe, la décoratrice, l'ont bien poussée alors !
Oui, Andromaque, Narcissa n'est pas une sainte, je l'avais toujours pensée…
Petite plume : pourquoi personne ne va voir qui à attaquer les Mangemorts ? Parce que Voldie a d'autres chats à fouetter…. et puis la scénariste n'y avait pas pensé… piètre excuse !
Après il y a tous ceux qui stressent… Lulu (faire stresser Lulu m'impressionne, vous savez), Angel's Eye (Plus cruelle que Voldie ? Eh bien, chaude, la gortex !), Surimigirl (enchantée d'abord ! Tu arrives maintenant, ou tu es silencieuse d'habitude ?), Alana (je trouve révélateur que tu penses aux boyaux d'Harry !)
Ceux qui veulent que Rogue s'en sorte Fée, Petite plume, Mathilde, j'en prends bonne note….
Celle qui s'étonne de la maturité soudaine de Cyrus – Lyane… T'inquiète, t'inquiète, nous sommes bien sur la même longueur d'onde… mais je voulais aussi dire qu'il avait fait des progrès dans le respect des autres…
Celle qui aime la conversation Tonks Remus (Lunenoire) et celle qui n'y croit pas (Guézanne) - à laquelle je n'ai qu'une seule réponse, c'est un moment choisi dans une longue nuit où on ne peut pas faire que stresser… Mais je reconnais que c'est un implicite un peu gros…. Ma tendance récurrente à l'ellipse…
Et puis moi, qui avais la tête pleine de murmures….
Trente-quatre – Murmures
La mort de Karkaroff laissa un silence glacial dans la clairière. Harry se demanda confusément si quelqu'un l'avait entendu hurler, si cela ferait arriver plus vite d'éventuels renforts. Sauf qu'il ne croyait plus aux renforts, se rendit-il tristement compte.
« Le temps semble venu », annonça d'ailleurs Voldemort à Harry, qui ne vit aucune raison de réagir d'une manière ou d'une autre. Que pouvait-il faire de toute façon, pieds et poings liés et entouré d'une dizaine de Mangemorts ? La prophétie n'imposait sans doute pas pour s'accomplir un duel « à la loyale » !
« Monseigneur ! » - intervint Severus d'une voix un peu blanche.
« Oui, je sais, tu tiens à ce gamin… C'est pour lui, hein, que tu as changé de camp ! Tu le croies assez fort pour m'abattre ? Tu lui as tout appris ? » - se moqua Voldemort. « Nous allons voir ! »
Il veut que Severus me regarde mourir, comprit Harry. Une nouvelle couche de dégoût le submergea, le détachant un peu plus encore de l'atroce réalité : mieux valait sans doute mourir que de vivre dans un monde pareil ! Il percevait les murmures des Mangemorts derrière leur chef ; ils lui parvenaient très assourdis, comme s'ils avaient été très loin, comme si tout cela ne le concernait pas vraiment.
« Toi ou moi », précisa encore Voldemort.
Harry se demanda si c'était vraiment à lui que le Seigneur des Ténèbres s'adressait ; qu'est-ce qu'il pouvait craindre d'un gamin de treize ans épuisé et désarmé ? Comme s'il avait suivi ses pensées – et c'était sans doute le cas, car Harry ne cherchait plus vraiment à se protéger d'une quelconque manière ! –, Voldemort lança avec un sourire sardonique :
« Bellatrix, rends-lui donc sa baguette »
« Maître ?» s'étonna-t-elle respectueusement.
« Il ne sera pas dit qu'il n'a pas eu sa chance » - expliqua sèchement le Seigneur des Ténèbres.
Les murmures impressionnés enflèrent encore, sans qu'Harry puisse arriver à s'intéresser à leur contenu. C'était donc comme cela, dans cette clairière enchanteresse qu'il allait mourir. Il y avait sans doute de pires endroits pour le faire, décida-t-il. Il se demanda si les licornes avaient fui, en sentant la magie noire ou si elles observaient la scène. Il espéra confusément qu'elles continueraient à venir ici et que leur pureté rendrait à l'endroit sa magie initiale.
Mais, Bellatrix s'approchait de lui, accompagnée par un homme dépenaillé – peut-être son mari qui était resté à Azkaban, songea Harry, toujours incapable de se concentrer sur ce qui allait venir. Tout paraissait plus intéressant que ce qui allait se passer quand Voldemort lèverait sa baguette.
Bellatrix murmura un sortilège qui effaça les cordes qui le maintenaient encore, instinctivement Harry se massa les poignets pour faire revenir la circulation avant de se saisir de la baguette que l'homme tenait devant lui avec un air dégoûté ; le bois fut étrangement familier sous ses doigts, presque rassurant. Bêtement rassurant
Voldemort eut un petit salut de la tête :
« Il paraît qu'on a essayé de t'apprendre à te défendre… »
Harry jeta un coup d'œil autour de lui. Il était encerclé de Mangemorts qui seraient sans doute trop contents de l'empêcher de s'enfuir. Dans son dos, il y avait Severus mais qu'est-ce que l'homme ligoté pourrait lui conseiller ? Y a-t-il une bonne façon de mourir ?
Le Seigneur des Ténèbres leva sa baguette et Harry imagina qu'il allait le faire souffrir d'abord. Son corps n'avait pas encore oublié la sensation et il sentit que ses membres tremblaient.
Non, s'ordonna-t-il. Tu ne peux pas le laisser te faire ça !
Quand le sortilège s'éleva, aussi puissant que prévisible, Harry plongea en boule, roula sur lui-même et le sort brûla l'herbe à l'endroit où il s'était tenu. Il se releva d'un bond et, sans réfléchir, comme dans les exercices qu'il avait pratiqués depuis un an avec son père, il jeta lui aussi un sort. Evidemment, son sortilège d'assommoir paraissait un peu dérisoire en réponse à un Impardonnable, mais il eut quand même le plaisir de voir le Seigneur des Ténèbres se reculer précipitamment pour l'éviter, trébucher et manquer de tomber au sol.
Sans le quitter des yeux, Harry continua de marcher en arc de cercle et lança un « Incendio » qui alla de perdre dans la foule des Mangemorts. Un homme grogna. Il avait dû être touché. C'était une piètre satisfaction mais, finalement, l'action, même vouée à l'échec, lui paraissait plus souhaitable que l'angoisse de devoir attendre sa fin sans pouvoir rien y faire.
« Bien, nous avons assez joué ! » gronda soudain Voldemort à sa droite. « Avada…. »
Le sortilège de miroir que Harry lança en désespoir de cause sortit jaune et clair de sa baguette et partit à la rencontre de l'éclair vert de mort. Ils se rencontrèrent en plein ciel dans une impressionnante gerbe d'étincelles. Il n'y avait aucune raison qu'un miroir suffise à détourner le sortilège de mort. Harry le savait. Peut-être sera-t-il moins fort… comment la mort peut-elle être moins forte ? Les pensées les plus décousues se bousculaient dans sa tête quand la réalité devint suffisamment surprenante pour le sortir de ses suppositions morbides.
Tout ce que Harry savait des duels était que, lorsque deux sortilèges se rencontraient, l'un prenaient obligatoirement le dessus sur l'autre – soit en fonction de la force du sorcier, soit en fonction de la puissance du sortilège lui-même. Jamais, aucun livre qu'il avait consulté, jamais Remus ou Grand-père n'avaient évoqué de ce qu'il observait : les deux sortilèges semblaient maintenant former un arc solide qui liait les deux baguette entre elles et aucun ne semblait dominer l'autre.
La baguette d'Harry se mit à trembler dans sa main et il crut qu'il allait la laisser échapper. Il s'y agrippa des deux mains, plus ou moins conscient que s'il la lâchait tout répit serait terminé.
« Ne lâche pas, Harry ! » s'écria Severus – cri immédiatement suivi d'une exclamation de douleur, très vite masquée par les nouveaux murmures de surprise et d'inquiétude mêlés qui s'élevaient maintenant des Mangemorts.
Harry n'eut cependant pas le temps d'écouter les explications qu'ils pouvaient trouver à l'étrange phénomène car une autre réaction surprenante avait lieu. Des perles se formaient à la pointe de chacune des deux baguettes et remontaient lentement le long de chaque sortilège en direction de la baguette adverse. Le processus prit de longues et interminables secondes et au début, Harry ne vit pas bien s'il devait en penser quelque chose. Mais Severus avait dit de tenir, c'était sans doute la seule chose à faire. Il se concentra donc sur sa baguette et sur le sortilège qu'il avait lancé.
Les perles magiques continuaient de progresser le long des sortilèges, s'approchant chaque seconde, insidieusement, du point de contact. La question se forma dans la tête d'Harry presque à son insu, que se passerait-il si les perles issues de sortilèges contraires se rencontraient… Est-ce que les mêmes règles prévalaient ? Mais il ne voulut pas y réfléchir…. Qu'est-ce qui pouvait être pire que sa situation présente ? Rien, décida-t-il.
Pourtant la progression des perles ne semblait pas un phénomène qu'on puisse simplement ignorer. D'abord, il s'aperçut que « ses » perles jaunes étaient finalement plus proches du point de contact que celles de Voldemort, sans trouver de conclusions à en tirer. Ensuite, plus les perles s'éloignaient des deux assaillants, plus leurs baguettes respectives tremblaient, tant et si bien que Harry se demanda si elles n'allaient pas s'ouvrir d'un seul coup et révéler leur cœur magique. Le premier, Voldemort réagit et les sinistres perles vertes accélérèrent, semblant repousser du même coup celles d'Harry.
Instinctivement, ce dernier sut qu'il ne devait pas les laisser s'approcher de sa propre baguette. Fixant son regard sur les perles jaunes, il leur demanda silencieusement de s'éloigner de sa baguette, d'aller à la rencontre des perles vertes – sans pourtant avoir de réponse à la question qui le taraudait : Que se passerait-il quand les perles se rencontreraient ?
Au début, les perles jaunes progressèrent rapidement, comme si elles répondaient à son appel silencieux, puis elles ralentirent et Harry sentit que Voldemort lui-même s'opposait à leur progression. Prenant cela pour un encouragement – tout ce que craint Voldemort est bon à prendre -, Harry redoubla ses efforts pour repousser les perles jaunes, toujours plus loin de l'extrémité de sa baguette, toujours plus loin sur le trait jaune de son sortilège, toujours plus près des perles vertes de Voldemort. Cette progression fut saluée par des cris angoissés de Mangemorts :
« Maître, Maître ! Que se passe-t-il ? Que devons-nous faire ? »
Mais Voldemort semblait trop concentré sur sa propre baguette pour répondre à ses partisans. Il regardait avec une inquiétude visible les perles, toujours plus nombreuses, qui allaient bientôt se rencontrer. Harry eut soudain l'étrange et intime conviction que le Seigneur des Ténèbres craignait plus encore que lui ce qu'elles pouvaient entraîner. Savait-il, lui, ce qui pouvait provoquer un tel effet ?
La curiosité d'Harry trouva rapidement une autre cible quand les deux groupes de perles se rencontrèrent dans une gerbe étoilée d'étincelles vertes et jaunes. Tout de suite après, à la pointe de la baguette de Voldemort, une nouvelle substance apparut : une sorte de gaz blanchâtre. Il en sortait des quantités incroyables – comment une simple baguette pouvait-elle contenir tant de cette substance gazeuse ? - et le petit nuage qui s'éleva bientôt prit peu à peu une forme définie – une forme humaine, reconnut Harry - déclanchant de nouveau murmures inquiets dans la clairière.
« Père ! » - hurla soudain une voix étranglée parmi les Mangemorts
« Oui, je suis Bartemius Croupton, père », indiqua le fantôme, étonnamment cérémonieux et grave. « J'aurais préféré vous rencontrer dans d'autres circonstances, M. Potter. Nous comptons tous sur vous, ne lâchez pas ! »
Harry ne vit pas Bartemius Croupton fils s'enfuir brusquement de la clairière en hurlant, son regard était déjà fasciné par la nouvelle fumée se formait au bout de la baguette de Voldemort. Plusieurs silhouettes ectoplasmiques se matérialisèrent ainsi, les unes après les autres, et vinrent se présenter à lui. Certaines indiquèrent qu'elles étaient de simples Moldus. Toutes le félicitaient d'avoir mis le Seigneur des Ténèbres en difficulté. Harry ne sut pas s'ils devaient en croire leur expertise – n'était-il pas lui-même en difficulté ?
En groupe, les apparitions se mirent à tournoyer autour des deux adversaires, les isolant peu à peu plus des autres Mangemorts, qui continuaient à appeler et à s'énerver autour des deux adversaires. A chaque fois qu'ils arrivaient à portée d'oreille de Harry, elles murmuraient « Tiens bon, petit, tiens bon »… Leurs encouragements brouillaient quasiment totalement les cris des Mangemorts assemblés.
Harry se demandait combien de fantômes allaient ainsi sortir de la baguette avant que le phénomène s'arrête. Qui étaient-ils d'abord ? Et que se passerait-il ensuite ? Il n'en avait aucune idée. Mais ces fantômes - ou ectoplasmes ou résonances psychiques, Remus aurait sans doute été précis et intransigeant dans sa définition – lui avaient l'air favorables et Harry décida que s'accrocher à sa baguette était sans doute la seule chose à faire !
Alors qu'une nouvelle silhouette s'extirpait de la baguette de Voldemort, des cris lointains parvinrent jusqu'à Harry. On aurait dit le sifflement caractéristique de sortilèges, et peut-être aussi des cris de douleur. Sauf que Harry n'était pas réellement sûr de les avoir entendus ; il n'était toujours pas convaincu de voir ce qui apparaissait devant ses yeux.
Une nouvelle silhouette spectrale avait pris corps et Harry reconnaissait en elle une femme, une femme jeune et élancée et qui avait dû avoir une longue chevelure opulente. Son cœur trouva à son insu de nouvelles raisons de s'emballer alors qu'elle s'approchait d'Harry. Il croisa son regard et elle sourit et, brusquement, il sut pourquoi :
« Lil…Lily ? »
Le fantôme eut encore ce sourire très doux qu'Harry avait observé des heures entières dans l'album de photos.
« Harry… Nous sommes si fiers de toi, Harry… Ne lâche pas ! »
« Non », balbutia Harry, en raffermissant par pur réflexe son emprise sur sa baguette qui tremblait de plus belle. Sa mère ? L'émotion pure se ternit du souvenir du Noël précédent, des conversations dangereuses qu'il avait eues avec cette fausse émanation de sa mère et il demanda, balbutiant :
« Comment… »
« Tu as compris, n'est-ce pas ? » dit Lily en montrant la baguette du Seigneur des Ténèbres.
« Vous êtes tous des victimes de Voldemort», affirma Harry, la réponse s'imposant dans son esprit sans qu'il ait à la chercher.
De nouveau le sourire, de nouveau, le martèlement du cœur.
« J'aurais tant à te dire… » - soupira Lily, et Harry voulut hurler qu'il ne voulait pas qu'elle parte. Il voulait la connaître… Il voulait… Peut-être valait-il mieux mourir finalement. Imperceptiblement, ses doigts se desserrèrent.
« Harry ! »
Il se reprit, saisi par le reproche.
« Tu peux le faire, mon chéri ! » affirma Lily. « Tiens bon ! Tu n'es pas tout seul, Harry ! Nous allons t'aider ! Nous allons tous t'aider ! »
Il se raccrocha instinctivement à cet espoir minuscule, même si sa raison objectait que des fantômes, même nombreux, n'avaient jamais tué personne. Il lui semblait qu'il avait à jamais déserté le royaume de la raison en faisant ce pari stupide qui l'avait mené dans le piège de Bellatrix Lestrange.
Lily se retourna, la baguette de Voldemort tremblait une nouvelle fois.
« Il arrive », annonça-t-elle, « ton père – James – il veut te parler ! Courage, mon chéri ! Ne lâche surtout pas, tu entends ? »
Toujours incapable de pensée cohérente, Harry acquiesça. Obéir était plus simple. Il renforça son emprise sur sa baguette et laissa ses yeux dériver vers la forme blanchâtre qui se matérialisait au bout de la baguette tremblante de Voldemort.
« Voilà James », confirma Lily à son oreille.
La baguette de Voldemort trembla encore une fois et Harry sentit son cœur battre d'une excitation nouvelle. Son père ? Ce fameux James dont tout le monde lui avait tant et tant parlé ? Est-ce qu'il saurait lui dire comment faire, comment tenir, comment sortir de l'emprise du sortilège de Voldemort ?
« Par ici ! Il est ici ! Vous allez bien, professeur ?», rugit alors dans son dos une voix qu'il crut reconnaître – Hagrid ? - et, tout de suite après, quelqu'un d'autre hurla, très près de lui : « incendio ! » - lequel sembla provoquer des exclamations rageuses. Papa ?
Comme une confirmation, Lily vint chuchoter à son oreille :
« Tiens bon, Harry ! Les voilà ! »
Incapable de faire plus, Harry hocha simplement la tête. Il aurait bien aimé savoir ce que sa mère imaginait que Hagrid ou Remus pourraient faire en fin de compte. Ils mettraient peut-être les Mangemorts en déroute mais que pourraient-ils contre Voldemort ? D'autres questions confuses traversaient son esprit épuisé : A quel professeur, le premier parlait-il ? A Severus ? Etaient-ils seuls ? Il eut l'impression confuse que non, sans pouvoir s'en assurer. Tellement de choses incroyables s'étaient passées depuis qu'il avait quitté son dortoir qu'il ne trouvait plus la force ni de douter, ni d'espérer.
Il se concentra donc sur l'injonction répétée par tous ces fantômes qui semblaient lui vouloir du bien et tournoyaient autour de lui : tenir bon. Par ailleurs, il observait de temps à autre la matérialisation progressive du fantôme de son père… étonnante réplique des dernières photos que Remus lui avait montrées…surprenante copie de son propre visage, jusqu'aux épis qui hérissaient ses cheveux – et qui pouvait juger de la couleur des yeux d'un fantôme ?
« Tu t'en sors bien, Harry ! Ne lâche pas ! » - lui souffla ce dernier, en venant tout prêt de lui.
« Non », répondit Harry docilement - Il ne fallait pas lâcher.
« Remus et Dumbledore arrivent, Harry, je les vois… » - annonça encore James.
Ainsi telle est ta voix, songea Harry, étonné d'être encore capable de s'en émouvoir.
« Et alors ? » murmura-t-il finalement, posant enfin la question qui le taraudait depuis un temps qu'il n'était plus capable de mesurer !
« Alors, ils vont t'aider… » - répéta James, rassurant, « Occupe-toi juste de tenir la liaison, c'est elle qui te protège ! »
Comme pour confirmer ses paroles, des pas humains résonnèrent plus près d'eux sur le sol herbu de la clairière. Des sorts fusaient, sifflements stridents, explosions fumeuses, et des cris de douleurs suivaient. La bataille faisait rage près d'eux. Harry reconnut la voix de Carley Paulsen – aussi inattendue qu'une ballerine en tutu dans un métro moldu aux heures de pointes :
« Professeur ! Allez-y ! Je vous couvre ! »
« Il serait quand même temps ! » - grommela James qui était maintenant derrière Harry.
« James, tu avais promis ! » - s'insurgea Lily.
La réponse de James fut perdue pour Harry, car la voix forte et profonde de son Grand-père s'éleva :
« Remus ! Je suis ici ! Avec Severus !»
Harry entendit de nouveau des pas, puis Albus reprit :
« Nous n'avons pas de temps à perdre ! Vous avez le couteau ? »
« Albus…Je »
« Je sais, Remus, ça ne me plaît pas beaucoup non plus ! Mais si vous avez une autre idée, je serai heureux de l'entendre !»
« Je ne veux pas faire d'Harry un assassin! »
« Il ne s'agit pas de ça, et vous le savez ! » répondit Albus sur un ton conciliant, « Où est le chaudron ? »
Harry entendit un cliquetis métallique.
« Comment pouvez VOUS proposer un tel procédé ? » gronda encore Remus.
« J'adorerais avoir une conversation éthique avec vous, Remus, même plusieurs si vous le souhaitez, mais je ne suis pas sûr que le moment soit bien choisi ! » objecta tranquillement Albus. Harry entendit d'autres bruits de chaudron et s'interrogea confusément sur ce qu'une potion pourrait changer à la situation présente. « Merci Severus. Voilà, quelques gouttes suffisent. A vous !»
« Il n'y aurait donc pas de choix ? »
La voix de Remus parût rauque et désespérée à Harry, qui, comme un écho à cette incertitude, vacilla. Il ferma les yeux, épuisé.
« Harry ! » - cria la voix de Lily, tout près de lui. Il rouvrit les yeux brusquement..
« Vous allez FAIRE quelque chose, bon sang ! » - tempêta une autre voix près de lui.
« James ? » demanda faiblement la voix de Remus.
« C'est çà, Potter, viens le faire douter un peu plus ! » râla Lily quelque part au dessus d'Harry, « Qu'est-ce qu'on avait dit ! »
« Douter ? Mais pourquoi il douterait ! » - s'exclama James, tout près d'Harry lui aussi. « Sans lui, Harry serait sans doute déjà mort, Lily ! Je veux justement qu'il ARRETE de douter !»
Les oreilles de Harry bourdonnaient trop pour qu'il comprenne le sens profond de cette conversation, surtout que d'autres voix s'élevaient, couvrant en partie les premières :
« Remus ! Remus, bon sang ! Reprenez-vous ! » - ordonnait plus loin la voix de son grand-père. « Le temps presse ! »
« Remus », cria Lily, plus près, « seul, Harry importe, lui seul ! »
« C'est TON fils aussi, bordel, Lunard, non ? » tonna James, pressant.
« Harry », répéta Remus, d'abord incertain, puis avec une décision nouvelle : « Bien sûr, Harry… »
Il cria soudain : « Tiens bon, Harry, tiens bon ! Tu m'entends ? Tiens bon. !»
« Je tiens bon, Papa », souffla Harry presque à son insu et, dans son oreille, Lily approuva.
« Oui, ne lâche pas, mon chéri, ne lâche pas ! On est tous avec toi !»
Plus loin, d'étranges paroles répétées à l'unisson par trois voix différentes lui arrivaient par bribes.
« … par le sang versé par chacun, volontairement…. Par la volonté donnée par chacun, de plein gré…. la lumière efface le néant ! »
Comme une vague, la puissance magique s'engouffra soudain en Harry. Elle semblait s'emparer de lui, de sa volonté comme d'un fétu de paille, balayer sa fatigue… Harry se sentit soudain très grand – immense ! - et fort – d'une puissance inégalée ! La force envahit sa baguette aussi sûrement qu'un feu dévorant et remonta le lien magique, repoussant les perles inexorablement vers la baguette de Voldemort qui se mit à trembler de plus belle….
« Ne lâche pas, fiston », murmura James une nouvelle fois dans son dos, « ne lâche surtout pas ! Ça ne sera plus très long !»
«…pas », répéta Harry dans une sorte de transe, les yeux fixés sur le lien magique, incapable d'imaginer ce qui allait se passer ensuite.
Le lien sembla prendre une nouvelle épaisseur et les perles remontèrent résolument vers la baguette du Seigneur des Ténèbres.
« Non », souffla ce dernier d'une voix rauque et, pendant une fraction de seconde, les perles s'arrêtèrent puis, très lentement, elles reprirent leur progression. La baguette de Voldemort fut prise de tremblements inégalés et Harry pensa qu'elle allait lui sauter des mains, mais le sorcier s'agrippa de ses deux mains osseuses et blafardes. La première perle toucha l'extrémité de la baguette et un craquement sinistre retentit. Une seconde la rejoignit et l'explosion eut lieu.
Une fumée âcre et noire envahit la clairière dans un mélange de cris de panique, de sortilèges et d'ordres hurlés par des voix pressantes. Pendant quelques secondes, rien n'était visible.
« Il a… » - demanda la voix angoissée d'Hagrid.
« Oui, je crois que cette fois, il a disparu », confirma celle, plus calme, d'Albus.
« Harry ! » - s'écria Remus, s'élançant dans la fumée.
Harry aurait voulu lui répondre, lui dire de ne plus s'inquiéter, mais la force qui l'avait envahi refluait comme la marée.
« C'est fini, Harry », murmura dans son oreille la voix de James.
« Au revoir, mon chéri… » - souffla celle de Lily.
Les avait-il même vraiment entendus ? Harry se sentait si faible, si vulnérable… Pouvait-il lâcher maintenant ?
La baguette glissa de ses doigts sans qu'il en ait réellement conscience. Des bras l'enserrèrent, des bras réconfortants mais tremblants :
« Harry, c'est fini ! Harry, tu m'entends ? »
Harry se laissa aller contre ces bras. Il avait envie de s'y lover, de ne faire qu'une boule légère entre eux… une boule comme seul Lupy savait en former. Sans l'avoir réellement consciemment décidé, il laissa son Animagus prendre sa place.
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Bon, ça se termine pas trop mal, hein ?
Hum...
Mais ils sont toujours entourés de Mangemorts….
Les Aurors courent après, mais qui attrapera Bellatrix ?
La suite s'appelle Peurs, hein, alors, vous voyez bien que c'est pas vraiment fini...
