L'inné et l'acquis

Générique habituel – la musique a repris un rythme moins inquiétant mais on est pas encore dans la berceuse, loin s'en faut !

Donc, une fois du plus, JKR s'est occupée du casting, Fénice en a fait qu'à sa tête mais Vert, l'éclairagiste, et Alixe, la décoratrice, ont veillé au grain… Une affaire de filles !

Bon, dans les reviews, il y a deux ou trois familles…. Il y a ceux qui se félicitent…. Il y a ceux qui trouvent ça trop facile la fin de Voldemort, lesquels se divisent entre ceux qui ne le croient pas mort et les autres… Moi, je me suis fait plaisir en l'explosant -et je me félicite… tout en prenant bonne note que le stratagème inventé par JKR dans le six me donne même la possibilité d'un come-back de l'affreux… mais franchement ça m'étonnerait !

Sinon….

Non, lulu, peter ne peut revenir, déjà mort, à la fin de Entre Lune et Etoile…et par la même occasion, on a déjà réhabilité Sirius... Fée Fléau… Il a choisi d'être Cyrus, rappelle-toi !

Cyrus face à Bellatrix… Lulu, Lyane…..Et on me dit que ma fin de Voldie est trop facile ! (Angel's Eye – Petite Plume) Enfin, on va sans doute en reparler… Niark

Merci, Alana et Guézanne, d'avoir aimé les fantômes apaisés de la famille Potter… nul ne pourra jamais assez remercier suffisamment Alixe de m'avoir poussée à les affronter ceux-là… et sans doute les miens avec…. Ça fait une grande poussée en avant pour tout ce petit monde, n'est-ce pas Fée fléau !

Tant de questions sans réponse, Surimigirl, Lyane, Boo Sulivan, je sais, je sais….pas le genre à oublier ça !

La succession de Voldie, Guezanne et compagnie… pas tout de suite, ça….

Lupini filae - Qu'il n'arrive rien à la famille Lupin… allons, voir ça…

Trente-cinq – Peurs

Quand elle vit brusquement disparaître le nom de Voldemort de la carte, Tonks ne put s'empêcher de fermer les yeux. Ce n'était peut-être pas digne d'une Auror, mais elle s'était jamais sentie plus loin du détachement professionnel préconisé par le corps d'élite auquel elle avait promis de consacrer sa vie.

Quand elle rouvrit les yeux, elle chercha fiévreusement les noms de Remus Lupin et Harry Potter. Ne les voyant pas parmi la dizaine de noms qui courraient en tous sens dans la clairière, elle laissa échapper un cri étranglé. Cyrus posa sa main sur la sienne :

« Non, regarde, ils reviennent »

Suivant le doigt du jeune garçon, elle vit en effet qu'un petit groupe avait déjà quitté la clairière : Remus, Harry, Albus et Severus. Ils progressaient très rapidement dans la Forêt en direction du château.

« Allons à leur rencontre », décida-t-elle.

Ils arrivèrent dans le Hall alors que les trois hommes se détachaient sur la pelouse grise dans la lumière de l'aube. Remus, au centre, portait Harry dans ses bras.

« Harry ! Est-ce que… »

La question de Tonks resta au travers de sa gorge.

« Il est évanoui, Nymphadora », la rassura Dumbledore.

«… et c'est sans doute, ce qui peut lui arriver de mieux », commenta Remus d'une voix sans timbre. Il ne faisait aucun doute qu'il était particulièrement épuisé – ses traits n'avaient rien à envier aux lendemains de pleine lune.

Ils montèrent les marches du château sans trouver d'autres mots à échanger. Minerva arriva à pas pressants :

« Poppy vous attend », annonça la directrice de Gryffondor - et Tonks remarqua qu'elle regardait tout autant Severus que Remus. Le Maître des Potions leva les yeux au ciel :

« Comme si le Ministère allait nous laisser le temps de s'occuper de notre santé ! »

« Le commandant des Aurors et deux enquêteurs spéciaux sont dans la cheminée », confirma la directrice de Gryffondor.

Les trois hommes s'entreregardèrent et Albus décida :

« Occupez-vous d'Harry, Remus… Severus et moi allons répondre à leurs premières questions. »

La famille Lupin s'engagea donc seule dans le couloir de l'infirmerie.

« Tout va bien ici ? » chuchota Remus.

« Oui, les défenses n'ont pas été attaquées », répondit Tonks, mais le regard de son mari suffit à la détromper : « Nous allons bien, Remus… nous allons tous bien… » - assura-t-elle, caressant presque timidement son épaule.

Il semblait incapable de prononcer une parole et hocha longuement la tête pour toute réponse. Il grimaça pour répartir autrement le poids d'Harry dans ses bras.

« Tu le mets pas sur un brancard ? » demanda Tonks avec sollicitude.

« Non », répondit presque farouchement Remus

Ils avancèrent en silence jusqu'à ce que Cyrus demande :

« C'est pour de vrai ce coup-ci ? »

« Nous avons vu le nom de Voldemort disparaître brusquement sur la Carte », expliqua Tonks.

« Quelle Carte ? » demanda Remus d'une voix lasse, presque comme s'il se forçait à poser la question par pure politesse.

« Une carte magique de Poudlard », expliqua Cyrus un peu abruptement.

Le père et le fils échangèrent un regard de confirmation.

« Oh… Je suppose que je dois me réjouir que ça vous ait gardés loin de cette bande de malades », murmura Remus, finalement. « Tu peux m'ouvrir cette porte, Tonks ? »

Mais Popy ouvrit avant la jeune femme et dirigea immédiatement Remus vers un lit où il allongea Harry avec précaution. Il ne s'écarta qu'à contrecœur pour laisser l'infirmière travailler. Il rejoignit les deux autres pour la regarder faire, comme hypnotisés par ses gestes précis.

« Nous avons donné à Harry la force de repousser le sortilège de mort de Voldemort », expliqua soudain Remus. « Albus, Severus et moi », ajouta-t-il en levant son poignet où s'étalait une balafre rouge pas encore cicatrisée.

« Il est donc mort par son propre sortilège », comprit Tonks, les sourcils froncés comme si elle se forçait à visualiser la scène.

Remus hocha gravement la tête sans commenter plus avant. La jeune femme se mordit les lèvres, hésitant sans doute à poursuivre cette conversation, puis posa la question :

« Comment… Comment êtes-vous arrivés à temps ? »

« En fait » Remus secoua la tête. « En fait, ils semblent s'être lancés un sortilège en même temps… et… comme leur baguette sont… jumelles »

Cyrus leva brusquement la tête, se rappelant la gravité d'Ollivander, trois ans auparavant, le discours volontairement rassurant de Remus – sa propre fugue le même jour ayant de toute façon beaucoup fait pour que la gémellité des baguettes passe au second plan.

« Elles ne peuvent pas se combattre, c'est ça ? » - intervint-il.

Une nouvelle fois, Remus hocha seulement de la tête. Combien de temps lui faudrait-il pour oublier cette image incroyable qu'il avait dû contempler caché, dévoré par son impuissance - sur l'ordre d'Albus qui préconisait d'attendre encore… Il laissa ses yeux suivre le balancement du pendule que Popy promenait sur le corps inanimé d'Harry pour mesurer l'état de ses forces magiques.

« Et ? » s'enquit finalement Tonks alors que Mme Pomfresh hochait la tête et rangeait l'instrument.

« Les deux sortilèges se sont heurtés l'un à l'autre et, dès lors, seule la volonté… la concentration, la détermination pouvaient faire pencher la balance dans un sens ou un autre », continua Remus, étonné lui-même de trouver les mots pour raconter des évènements qui s'étaient enchaînés trop vite pour qu'il ait le temps de les analyser.

« Albus a pensé que c'était le moment pour intervenir... Nous n'avons fait qu'aider Harry », conclut-il soudain épuisé.

« Eh bien, quand je vois dans l'état où il est », intervint Mme Pomfresh, « il était plus que temps !»

Remus se rembrunit.

« Mais ça va aller ? » demanda Tonks, la seule capable de poser la question.

« Dans quelques semaines… il a quelques blessures superficielles… des traces d'endoloris… mais surtout, plus une once de fluide magique… »

« Beaucoup de repos et de chocolat », conclut Remus, essayant un ton badin.

« Plus encore », confirma Mme Pomfresh en continuant de l'ausculter Elle se retourna soudain vers eux pour demander : « Depuis quand est-il un Animagus complet ? »

« Depuis décembre », répondit Cyrus, un peu étonné.

« Quand… quand il a pu enfin lâcher sa baguette, il s'est transformé », expliqua Remus, d'une voix rauque. « C'était sans doute plus… moins douloureux comme ça… échapper aux questionnements humains… Mais il n'a pas tenu longtemps… quelques minutes à peine… »

Popy ne commenta pas, mais se mit à préparer un ensemble de potions qu'elle comptait sans doute faire ingurgiter à Harry. Instinctivement, Tonks vint enlacer Remus, espérant que son amour puisse l'aider à assumer le doute et la culpabilité, mais Cyrus se tourna vers eux les sourcils froncés :

« Excusez moi si je me trompe, mais... ce que tu as décrit c'est… c'est une liaison entre les deux baguettes… alors…. Elle a duré longtemps ? »

« Pas mal de temps, oui… Harry est costaud finalement », répondit Remus, avec un regard pour Popy qui tirait les rideaux autour du lit en maugréant quelque chose sur les « gamins qu'on laissait s'exposer plus que de raison… »

« Et… c'est pas dans ce cas là, qu'il y a ce truc.. ce truc très rare… Prior… je-sais-plus quoi ?»

« Priori Incantem, la remontée des sortilèges ? » demanda Tonks.

« Oui, c'est ça ! »

Remus eut l'air soudain plus pâle – si c'était possible. La réponse toucha Cyrus avant Tonks.

« Il les a vus, hein ? Les deux ? »

« Oui. »

« Et ? Ils ont dit quoi ? » - insista Cyrus.

« Est-ce que tu crois qu'ils pouvaient faire autre chose que sauver leur fils encore une fois ? » demanda un peu sèchement Remus, les oreilles bourdonnant encore des cris de Lily et de l'apostrophe définitive de Cornedrue : « Mais c'est ton fils aussi, bordel, Lunard, non ? » une absolution ou un reproche ? Ça promettait d'autres nuits sans sommeil.

Tonks ouvrait la bouche, sans doute pour des mots d'encouragement qu'il n'était pas sûr de mériter, quand on toqua alors à la porte. Minerva apparut.

« Remus, désolée, les envoyés du Ministère… ils voudraient vous voir et... voir Harry »

« Pour ça ils attendront ! » annonça l'infirmière, « il est hors de question de le réveiller ! »

« Je m'en occupe Popy », intervint Remus. Il prit doucement Tonks dans ses bras et murmura : « Je vais encore te laisser la barre… »

« Rien de grave ne peut plus nous arriver maintenant », essaya la jeune femme, espérant lui donner la force de continuer à faire face.

« Non, je crois que ce sera difficile », sourit Remus pour la première fois. « Mais prenez soin de vous trois, hein ? »

00

Cyrus et Tonks quittèrent l'infirmerie une demi-heure plus tard, Popy ayant fermement répété que leur présence n'apportait rien. En sortant, ils rencontrèrent Minerva, qui semblait singulièrement fraîche et réveillée après cette nuit sans sommeil.

« Ah, Nymphadora, je venais vous dire ! »

Tonks ne se sentit pas la force de demander et la directrice de Gryffondor continua :

« Shacklebolt vient d'amener Bellatrix ! »

« Vivante ? » demanda Cyrus.

Minerva le regarda avec surprise et répliqua :

« Bien sûr, Kingsley n'a jamais été un sauvage ! »

Tonks se demanda si elle était censée commenter puis abandonna la question :

« Pas trop de dégâts en face ? »

« Non, non, rien de grave a priori… Ils s'y sont mis à six pour être sûrs de la prendre mais, du coup, il pense que pas mal d'autres se sont échappés… Il y est retourné... »

J'aurais dû leur donner la carte, pensa Tonks mais elle demanda simplement :

« Il l'a envoyée à la Division ? »

« Non, enfermée au troisième étage… Je crois qu'ils n'ont pas assez de portoloins pour tous les prisonniers… Ils attendent aussi du renfort… »

A son insu, des pages entières de procédures assaillirent Tonks, mais elle haussa les épaules. Tout ça ne la regardait pas.

« Très bien » commenta-t-elle, sans doute très froide - elle y penserait plus tard. « Je... je vais aller me reposer… et mettre celui-là au lit », ajouta-t-elle montrant Cyrus du menton.

« Oui, c'est ce qu'il y a de mieux à faire », acquiesça Minerva. « De toutes façons, je ne pense pas que les cours reprendront demain ! »

« Non sans doute pas »

Tonks et Cyrus reprirent leur progression – Tonks eut l'impression qu'elle se promenait avec le jeune garçon depuis des jours dans le château

« Tu crois qu'elle a fait ça comment ? » demanda-t-il soudain.

« Qui ça ? »

« Bellatrix. »

Tonks cilla, incertaine d'avoir compris la question.

« Comment elle a fait pour se cacher si longtemps sans que personne ne se doute de rien ? »

« Oh… On le saura en l'interrogeant, j'imagine… Je suppose qu'elle a pris du Polynectar !»

« Et avec une vieille folle comme Trelawney qui passe son temps dans sa tour et dit que des trucs bizarre, elle avait bien choisi ! » - remarqua Cyrus.

« Oui, maintenant, tout prend beaucoup plus de sens… » - soupira la jeune femme.

Cyrus hocha la tête mais ses sourcils restèrent froncés :

« Mais, il faut pas que les gens soient vivants et qu'on remette un cheveu ou un ongle leur appartenant dans la mixture pour que ça marche ? »

« Si, si, dix points pour Gryffondor », s'amusa presque Tonks.

« Mais alors, elle est où, là, Trelawney ? » - demanda Cyrus.

« Hé bien….logiquement, pas très loin…. Elle avait besoin de renouveler le lien tous les jours ! »

« Donc, elle est ici ? »

« Sans doute oui, c'est quand même le plus commode ! »

« Dans les appartements de Trelawney ? » proposa Cyrus.

Tonks fit quelques pas avant de répondre.

« Personne n'y allait jamais… pourquoi pas ! Les meilleures cachettes sont souvent les plus simples ! » - estima-t-elle.

« Alors ? »

« Alors quoi, Cyrus ? » soupira Tonks.

« On va pas dire ça à Shacklebolt ou Carley ? » s'étonna le jeune garçon.

« Oh… a priori, ils courent après les autres… » Elle eut un geste fatigué de la main.

« Et Trelawney ? » insista Cyrus.

« Je ne sais pas si d'autres que nous y ont pensé », sourit presque Tonks.

« Et… »

« Cyrus, c'est pas à nous d'y aller ! »

« C'est à qui alors ? » demanda Cyrus avec un mélange d'indignation et de réelle curiosité qui fit de nouveau sourire Tonks – parce qu'on peut sourire, hein, maintenant…

Ils étaient devant l'escalier principal du château et ils se dévisagèrent.

« Tu as pensé à Sybille, Tonks ? Tu crois que Bella, elle lui aura laissé à manger et à boire ? Sa vie peut être en danger !» s'exclama Cyrus

« C'est probable », reconnut Tonks du bout des lèvres.

« Il faut qu'on… »

« Ah, non, toi, tu ne tiens plus debout, tu vas te coucher ! » - intervint Tonks.

« Et toi ? »

« Moi ? Je suis une adulte ! »

« Ça, ça faisait longtemps », grommela Cyrus.

« Tu crois que Remus dirait quoi, là ? » demanda Tonks, consciente qu'elle aurait dû paraître plus sûre d'elle pour conserver son avantage dans cette conversation. Mais je ne sais pas ce qu'il ferait, pensa-t-elle avec nouvelle angoisse.

« Lui, se rappellerait peut-être que je connais les chemins les plus courts, que j'ai pas mon pareil pour trouver les passages secrets », contra d'ailleurs le garçon en face d'elle. Comme s'il sentait son indécision, il ajouta : « Lui penserait peut-être qu'il n'y a pas grande différence entre un garçon expérimenté et une femme enceinte… »

« Merci ! »

« Qu'en tout cas, qu'ils seraient plus rapides à deux que tout seuls ! » se rattrapa Cyrus.

« Tu connais vraiment un chemin plus rapide que le grand escalier ? » demanda Tonks, après un bref instant de réflexion, au bout duquel elle était arrivée à la conclusion qu'il était plus rapide de céder que de discuter avec l'adolescent.

« Tu veux voir ? »

000

Au bout d'une demi-heure dans le petit appartement de Sybille Trelawney, Tonks devait s'avouer vaincue. Ils avaient sondé chaque mur, ausculté chaque meuble, vidé chaque malle… mais rien ne donnait d'indication sur l'endroit où Bellatrix avait pu cacher la professeur de divination.

« Je suis pourtant sûre qu'elle ne l'a pas tuée », marmonna Tonks.

« Ah ouais ? » demanda Cyrus dans un bâillement.

« Tu crois qu'elle… n'en ayant plus besoin…. »

« C'est quand même une sacrée porte de sortie ! Moi, à sa place, je l'aurais gardée sous la main jusqu'au dernier moment ! »

« Bella est folle ! » commenta sombrement le jeune garçon, le regard perdu dans une boule de cristal.

« Mais pas stupide, Cyrus, au contraire ! »

« En tout cas, moins que nous, parce qu'on trouve pas, là ! »

Tonks eut un geste agacé des épaules et se força à s'asseoir pour réfléchir les deux mains sur son ventre, qui semblait lui rappeler en permanence que les sorciers ne pouvaient pas échapper totalement aux lois de la gravité. Elle laissa ses yeux dériver dans la pièce – qui même avant leur fouille, avait contenu trop d'objets pour être très rangée. Elle avait l'impression de voir sur chaque chose, le regard ironique de Bellatrix comme une provocation. Pouvait-elle vraiment abandonner ? Soudain, elle se leva :

« Y'a qu'un moyen ! »

Cyrus leva la tête, interrogateur.

« Je vais aller lui demander ! »

« Toi ? » demanda l'adolescent incrédule.

« Oui, moi ! Qui d'autre ? »

« Rien ne te prouve qu'elle te parlera…» objecta Cyrus.

« Elle n'a pas beaucoup de raison d'aggraver son cas ! »

« Elle n'a surtout plus rien à perdre ! » rétorqua Cyrus.

Tonks soupira cette fois, semblant donner raison au jeune garçon.

« Ça coûte pas grand-chose d'essayer », murmura-t-elle, comme une prière.

« Et tu vas y aller seule ? » insista Cyrus.

« Je vois pas trop qui aurait le temps,là, de venir me tenir la main ! » remarqua Tonks, relativement amusée et flattée par son inquiétude.

« Tu peux m'emmener, moi », proposa alors très doucement Cyrus.

« Pardon ? »

« Ah c'est vrai, j'oubliais que tu ne me fais pas confiance ! »

« Cyrus… » - soupira Tonks.

«C'est vrai, hein qu'est-ce qu'il est indiscipliné, ce Cyrus ! » - s'agaça l'interpellé, se frappant comiquement le front. « On pourrait suivre Remus mais on lui dit : 'On rentre Cyrus'. Qu'est-ce qu'il fait Cyrus ? Il rentre. » - continua-t-il, singeant la voix de Tonks avec son brio habituel, à chaque fois que c'était nécessaire. « Après, on lui dit : 'on ne sait pas où ils sont, Cyrus !' Qu'est-ce qu'il fait, Cyrus ? Il donne sa carte sur laquelle il a passé ses nuits - et on va en plus certainement l'engueuler pour ça dans un jour ou deux ! »

Tonks ne put retenir un petit sourire devant la sortie. Elle allait commenter qu'on lui accorderait sans doute des circonstances atténuantes pour la Carte quand Cyrus conclut, haussant encore la voix :

« Ensuite, il faut aller retarder les Mangemorts ? Cyrus a une idée, et qu'est-ce qu'on lui dit ? « Tu reviens, hein, Cyrus ! » Et qu'est-ce qu'il fait, Cyrus ? Le pauvre imbécile, il veut pas créer des soucis supplémentaires, alors il revient…. Et après TOUT ça, t'as toujours pas confiance ! »

Les yeux gris du jeune garçon oscillaient entre la souffrance et l'incompréhension.

« Ce n'est pas une visite à Pré-au-lard, Cyrus », répondit-Tonks gravement, après quelques secondes de réflexion.

« Tu crois que je l'ignore ? »

« C'est une femme… dangereuse ! »

« C'est pour ça que t'y vas seule ? »

Tonks leva les yeux au ciel ;

« Je veux pas faire le malin, Mae », plaida le jeune garçon plus doucement. « Je resterai près de la porte pour le cas où il se passerait quelque chose, justement…Et puis, c'est une affaire de Black, non ? »

« Tu n'interviendras pas ? »

« Pas tant que tu n'en auras pas besoin ! »

Tonks gardant l'air dubitatif, il ajouta : « Promis, Mae »

0000

Heureusement que la Division n'avait pas assez d'Aurors sur place pour en laisser un devant cette pièce du 3e étage, où Bellatrix avait été enfermée, pensa Tonks en arrivant devant la porte. Elle imaginait sans peine ce que l'un de ses collègues aurait pensé en là voyant arriver : des liens familiaux avec la prisonnière, une faiblesse physique évidente – sans parler d'accepter l'inacceptable présence d'un gamin de douze ans… Non, à la place de l'hypothétique collègue, elle les renverrait tous les deux à un repos réparateur.

Est-ce que je sais encore ce que je fais ? - douta-t-elle un instant. Cyrus est épuisé ; je suis épuisée. Mais Sybille ? Peut-on totalement abandonner Sybille ?

Elle ne resterait pas, décida-t-elle ; Si elle n'aboutissait pas à un résultat utile en un quart d'heure, elle partirait et passerait le relais aux Aurors. Sa décision prise, elle repoussa ses doutes et observa la porte pour reconnaître les sortilèges qui la bloquaient. Patiemment, elle les leva l'un après l'autre.

« Fermeture multiple ? »

« Haute sécurité », répondit-elle à Cyrus sans le regarder.

« Comment tu sais l'ordre ? »

« C'est Kingsley qui l'a amenée…. J'ai déjà bossé avec lui, je connais son code…. »

Un clic sec les avertit qu'elle avait débloqué la porte mais ni l'un, ni l'autre ne posa sa main sur la poignée de la porte ;

« Cyrus... »

« Je ne dirais rien Mae », répéta Cyrus avec une gravité inhabituelle.

« Tu vas surtout rester sur tes gardes, OK ? »

« Ok »

« Bon, allons-y ! » - soupira la jeune femme en ouvrant brusquement la porte.

Bellatrix Black était attachée à sa chaise au centre de la pièce, à peine éclairée dans la lumière sale de l'aube. Ses longs cheveux noirs étaient emmêlés, sa robe noire déchirée et des ecchymoses et des coupures, que personne ne semblait avoir pris soin de soigner, marquaient son visage mince. Pourtant en la voyant, Tonks la trouva belle et farouche, aiguisées comme une lame… comme un contrepoint à sa propre silhouette ronde et pleine… la mort et la vie…

« Oh… ma petite nièce », coassa la prisonnière, « l'heure du triomphe ? »

Tonks referma soigneusement la porte derrière eux et désigna une place à Cyrus.

« Et mon petit cousin aussi ! » - sourit Bella d'un air carnassier. « Ne me dites pas que vous venez abréger mes souffrances par compassion pour la famille ! »

« La compassion est le dernier des sentiments que j'éprouve pour vous, Bellatrix », répondit Tonks en s'efforçant d'avoir l'air sûre d'elle - et en ayant le sentiment de ne leurrer personne. Elle était pourtant celle dans son droit !

« Andro aurait-elle fait de toi autre chose qu'une petite dinde ? »

« Laissez Andromeda en dehors de ça ! » s'exclama Tonks avec colère – et elle regretta immédiatement d'avoir montrer cette faiblesse. Comme si c'était à toi de te défendre ?

Bellatrix répondit par un nouveau sourire qui lui perça le cœur. Et tu comptais l'impressionner ! T'es bien partie ma fille !

« Nous sommes venus vous poser une question », reprit Tonks de la voix la plus neutre qu'elle arriva à produire.

« Vraiment ? » demanda Bellatrix d'une voix rauque et méprisante.

« Où est Sybille ? » continua Tonks, se retenant de poser les mains sur son ventre pour le protéger.

« Où est Sybille ! » se moqua Bellatrix. « Il vous en aura fallu du temps pour vous poser la question ! »

Un point pour elle, reconnut Tonks in petto.

« La faire mourir n'arrangera rien ! »

« Qui te dit qu'elle est vivante ? »

« Vous n'avez pas été aussi stupide ! »

Bella eut une expression étrange.

« Tu es une drôle de fille, Nymphadora… sans doute plus intéressante que ma chère grande sœur… »

« Où est Sybille, Bellatrix ! » ordonna Tonks, plus nerveuse qu'elle l'aurait voulu.

« Ah oui, Sybille », répéta la femme avec un air d'ennui profond. « Et pourquoi donc je te le dirai ? »

« Vous n'êtes pas en position pour négocier ! »

« Non ? Et toi, Nymphadora, dis-moi, es-tu en position de négociation ? » - demanda doucement sa tante.

Comme Tonks se mordillait les lèvres, incertaine de comment continuer cette conversation, Bellatrix reprenait :

« Sybille t'intéresse tant que ça ? »

« La vie m'intéresse ! »

Bellatrix eut un regard pour son ventre qui la fit frissonner et ajouta : « Qu'est-ce que tu as à m'offrir ? »

« Ne vous faites pas d'illusions ! C'est pas moi qui vais vous libérer ! »

« Alors, je crois que cette conversation a assez duré, Nymphadora… Je préfère encore rester seule… »

Tonks soupira. Visiblement, elle n'arriverait à rien de cette manière. Mais, quelque soit l'aversion qu'elle éprouvait pour sa tante, elle ne se voyait pas la frapper ou la malmener physiquement. Pas alors qu'elle portait en elle deux petites vies qui représentaient tant d'espoir, pas devant Cyrus…

« Bien, tant pis pour vous », lança-t-elle par pur dépit.

C'est alors qu'une voix jeune et claire s'éleva derrière elle.

« T'es sûre d'avoir besoin de nouveaux fantômes, Bellatrix ? »

« Cyrus ? » souffla Tonks.

Bellatrix releva la tête et observa le jeune adolescent sous ses paupières lourdes.

« Que sais-tu, toi, des fantômes ? »

« Tu ne crois pas qu'ils sont déjà trop nombreux dans ta tête à toi ? T'as pas envie d'un peu de paix ? »

« Cyrus ! » souffla de nouveau Tonks, un peu plus fort mais aucun des deux ne lui offrirent un seul regard.

« C'est lui qui t'as raconté tout ça ? » demanda Bellatrix avec un étrange calme.

« Oui, c'est lui », reconnut Cyrus en s'avançant, « c'est Sirius… Il m'a dit ton effroi et ton désespoir après ton premier crime… Il m'a dit ta peur…. Ta peur de te perdre… e »

« Et lui, hein, il est heureux dans sa forêt de l'autre côté de la terre ? » demanda Bella avec hargne.

« Lui n'a plus de regrets. »

« Les regrets ? Les regrets, c'est bon pour les faibles ! Pas pour les Black », cracha Bellatrix.

« Oui, les Black préfèrent les cauchemars et la folie, c'est ce qui rend notre grande famille si intéressante », répondit Cyrus sarcastique.

« C'est fou ce que tu lui ressembles ! » souffla Bella en le détaillant longuement.

« Plus que tu ne le croies ! »

« Cyrus ! » s'interposa Tonks avec plus de force cette fois. Le jeune garçon lui offrit un regard furtif, où elle espéra voir l'ombre d'un doute. Il murmura :

« Et moins aussi ».

Les yeux de Bella allèrent de l'un à l'autre, s'arrêtant sur sa nièce comme pour s'étonner qu'elle laisse ainsi un enfant intervenir dans la discussion. Celle-ci allait y puiser la résolution d'intervenir de façon définitive quand la voix de Cyrus coupa court aux réflexions des deux femmes :

« Je n'aurais pas peur, moi, de te confronter à toi-même », lança-t-il.

Bella se redressa sous la provocation :

« Je dois avoir mal entendu ! »

« Tu n'avais pas aimé ça, à l'époque, hein, Bellatrix ? » demanda Cyrus, sortant sa baguette de sa poche et relevant sa main gauche.

« Tu n'oseras pas ! »

« Cyrus, qu'est-ce que… » - essaya Tonks, brusquement très inquiète.

« Memento ! »

00000

Hum, s'est encore mis dans les ennuis le Cyrus, plus fort que lui vous me direz... en plus faudrait que ça marche...

Le prochain s'appelle Contrôles... Celui qu'on a sur soi même, celui qu'on a sur les autres ou sur les évènements, sur ses souvenirs... J'aimerai bien savoir ce que vous pensez de tout ça…