L'inné et l'acquis
Reprise du générique… hum, le stress remonte d'un
cran…
Finalement, ça vous inspire les fins qui n'en finissent pas, dites-moi !
Non, non, Alixe, le suspens je crois qu'il n'y a que ça de vrai… mouarf
Andromaque aime quand je développe Bella, et bien elle devrait être servie !
"Que va penser Remus" et "est-ce que le truc de Cyrus marche"… que des
bonnes questions Nenny
(J'ai d'ailleurs pas totalement
résolu la première…)
Et bien oui, Lyane, évidemment, j'avais en tête
que Cyrus devait croiser Bella…
mais je ne voulais pas que ce soit
une trop "grosse" connerie… je sais, mes mesures sont assez
personnelles…
Guézanne a tout à fait raison de dire que le
titre du précédent, c'était n'importe quoi…
en fait, il faut imaginer qu'un temps, il n'a fait qu'un avec
celui-ci, et même avec le suivant… mais la muse aidant…
oui, moi aussi, je les sens très complices, très
rapprochés par toutes ces épreuves…
Complices est
sans doute un bon titre… ;
Astorius se félicite du « retour de
Sirius »… bien, bien, bien…
Je ne sais pas si c'est
vraiment de la vengeance… de la compréhension profonde, sans
doute, mais je ne crois pas qu'il ait une revanche à
prendre… enfin, c'est une question intéressante…
Angels'Eye s'intéresse au sortilège qui rend
tout ça possible, elle a bien raison, ça m'a occupé
un moment cette affaire…
Alana Chantelune a bien raison de
s'en inquiéter !
« Plus que tu ne croies… et moins aussi »,
c'est ma définition de Cyrus, j'ai mis suffisamment de
temps à la trouver…
merci de l'aimer, Fée…
Eriol attendait lui aussi visiblement le face à face…
et moi qui ait douté tout l'été de son
intérêt !
« Confronter quelqu'un à ses propres souvenirs,
quoi de plus horrible ! » Lunenoire. C'est
bien aussi mon avis… il nous a fallu trois séances de MSN à
Vert et moi pour trouver LE souvenir…
Le pire souvenir de
Bellatrix Lestrange, trois rouleaux de parchemin minimum…
tiens
j'aurais dû le poser en défi !
Trente-six - Tréfonds
Tonks avait vu de drôles de trucs pendant sa formation et ses quelques mois d'exercice en tant qu'Auror. Elle avait entendu parler de phénomènes plus étranges encore. Mais là, dans cette banale pièce du troisième étage de Poudlard, aucun de ses souvenirs personnels ou aucune de ses lectures ne semblaient pouvoir l'aider à comprendre ou à réagir correctement à ce qu'elle vivait.
Il avait suffi d'un mot de Cyrus et les images étaient venues. Elles avaient envahi son propre esprit, comme une lame de fond, comme un orage d'été, comme un vol de criquets - si vite, si réelles, si présentes. Elle n'avait plus eu de contrôle sur les mécanismes de son esprit. Les images internes s'étaient imposées à ses sens au point d'occulter la femme attachée sur la chaise et le gamin qu'elle était censée – quelle dérision ! – protéger.
Il y avait eu cette haute salle sombre et solennelle.
Au centre, une table - nappe blanche, vaisselle d'argent, candélabres serpentins, foule d'elfes silencieux. Autour de cette table, cinq adultes - vêtements coûteux, bijoux anciens, raideur des corps, sérieux du ton, gestes graves. Au bout, quelques adolescents, ou pré-adolescents, vêtus d'intemporelles répliques des vêtements de leurs parents - Ce sont leurs parents. Tonks le sut sans savoir pourquoi.
On s'approche. On va au bout de la table, ignorant les conversations adultes qui ne font qu'un brouhaha informe. C'est étonnant comme le regard est bas. Il arrive à peine aux épaules des adultes.
« Petit Maître, ils allaient commencer sans vous ! » - murmure une elfe – à la même hauteur que les yeux.
« Ne t'inquiète pas Cuddie » - murmure une voix jeune, sans s'arrêter d'avancer. Bruits de chaise, on s'installe.
« Hé Sirius ! Il était temps ! » - commente une fille blonde, impeccable, robe blanche et nattes serrées. Tonks avait eu l'étrange impression de la connaître.
« Mère allait t'envoyer chercher », ajoute un jeune garçon – quel âge ? Huit ans peut-être. Il a des cheveux noirs fins et lisses, des yeux gris - un peu inquiets. Il a l'air d'un Black, avait décidé Tonks, avec un frisson.
« Mais je suis là », répond Sirius – puisque c'est lui. Tonks s'en était persuadée quand ses yeux avaient glissé sur les deux autres filles, brunes et plus âgées. Et elle n'avait pas su laquelle était la plus perturbante : la réplique adolescente de la femme attachée, les traits moins fatigués mais tellement reconnaissables, ou une si jeune Andromeda que Tonks avait peiné à la reconnaître.
C'est un souvenir de Sirius, vu par les yeux de Sirius, avait proposé une partie étonnamment calme et détachée de son cerveau. La compréhension l'avait ensuite submergée et glacée.
« Est-ce
que… Comment Cyrus pourrait-il ….? Est-ce que Bellatrix le
voit aussi ? »
Tonks avait essayé de le
savoir, mais les images semblaient toujours plus fortes que sa
volonté et ses sens.
« Tu cherches toujours les ennuis, hein, Sirius », se moque, plutôt gentiment, la réplique enfantine de la femme qui doit être quelque part dans la pièce.
« Je lisais », répond moins gentiment Sirius.
Les autres vont peut-être lui demander ce qu'il lisait, mais un homme aux larges épaules, aux cheveux noirs, à peine mêlés d'argent, lève son verre et toute conversation s'arrête.
« Je suis contente de nous voir tous réunis dans cette maison qui est le cœur vivant de notre famille ! » - annonce-t-il d'une voix forte et habituée à être écoutée.
« Ouf, ça va être long ! »
« Sirius ! » le fait taire Andromeda.
« …tous réunis, puisque Alphard a daigné se joindre à nous… » - continue l'homme en se tournant vers un autre, plus jeune que lui, assis à, sa gauche.
Tonks avait été contente que Sirius tourne lui aussi la tête vers cet oncle qu'elle ne connaît que de nom. Il était mort à sa naissance et Andromeda n'avait aucune photo de sa famille. Tonks sait juste qu'il a aidé les rebelles de la famille… mécène improbable de la fronde d'Andromeda et Sirius.
L'homme ressemble à tous les Blacks, cheveux noirs, œil gris, haute stature. Mais s'il salue l'hommage rendu par son frère aîné à sa présence, il semble garder une distance moqueuse, une liberté…. Tonks sent, dans le regard que Sirius pose sur lui, une grande admiration.
« … et puisque nos grandes filles nous sont enfin revenues ! » termine l'homme avec un geste de son verre Bellatrix qui en rosit presque. Il ne se tourne pas vers Andromeda, mais celle-ci semble vouloir disparaître sous terre.
« Et nous sommes fiers de toi, Bellatrix ! » - intervient alors une femme si raide et sèche que Tonks se demande si elle se briserait, si on la pliait.
« Merci ma tante », répond la jeune fille. Le ton est modeste, mais la tête est haute et l'œil brillant. Il ne fait aucun doute qu'elle boit ces paroles comme du petit-lait.
« Des résultats impressionnants, il est vrai », ajouta l'oncle Alphard avec un réel intérêt. « Tu as dû travailler très dur !»
« Je n'envisage pas, mon oncle, de faire les choses à moitié », répond la jeune fille.
Les adultes sourient sauf une femme qui soupire. En croisant son visage, Tonks est frappée par ses lèvres, celles d'Andromeda… Ma grand-mère ? Son cœur se fit impétueux. Cette grand-mère monstrueuse avait hanté, ombre menaçante, ses cauchemars d'enfant…
« J'aimerais parfois, Bellatrix, que tu mettes autant d'énergie à te former à ton futur rôle », commente celle-ci avec cette pointe d'accent scandinave qu'Andromeda avait toujours pris soin d'ajouter quand elle avait parlé de sa mère, comme une distance et une précaution.
Le silence qui suit est soucieux.
« Peut-être que Bellatrix ne se voit pas encore comme une maîtresse de maison », propose l'Oncle Alphard avec une certaine affection dans le regard pour la jeune fille qui s'est raidie.
« Pourtant dans deux ans, elle sortira de Poudlard », affirme une nouvelle voix. Et, par élimination, Tonks estime que c'est celle de son grand-père. Elle frissonne devant tous ces fantômes, mais la curiosité l'emporte sur l'inquiétude. « Il faudra qu'elle se marie ! »
« Mais » Bellatrix a blêmi. « Père, je… je pourrais vous aider ! »
« Tu aideras ton mari, Bella », affirme sa mère, recevant immédiatement l'appui silencieux, mais inconditionnel, de la mère de Sirius.
La jeune fille prend un air accablé et révolté qui serre le cœur de Tonks.
« N'encombre pas ta jolie tête de trop de soucis, Bellatrix ! » intervint alors le chef des Black, magnanime mais convaincu. « Le chef de notre maison a toujours soin de bien choisir les maris de ses filles... Et si je ne suis plus là pour t'aider dans ton choix, je suis sûr que Sirius le fera avec tout le sérieux et l'affection nécessaires ».
Tonks sentit Sirius sursauter en entendant son non, puis se glacer en rencontrant le regard haineux de sa cousine. Elle le sentit aussi se forcer à se reprendre.
« Bien sûr, Père », murmure-t-il.
Il n'a pas l'air très convaincu mais personne ne semble s'en rendre compte. Tous sourient comme pour se féliciter de ce rappel des lois familiales et bientôt la conversation des adultes se détourne des enfants. Ces cinq là sont totalement silencieux. Bellatrix semble avoir du mal à avaler une bouchée. Andromeda la regarde à la dérobée comme si elle craignait l'explosion de sa sœur. Regulus mange avec une application douloureuse. Narcissa soupire :
« Qu'est-ce qu'on s'ennuie ! »
Ce constat semble les rapprocher. Ils finissent leur assiette et demandent qu'on les excuse. Les parents semblent trop occupés par leur conversation, à laquelle Tonks n'a pu saisir un seul mot, pour s'y opposer.
Ils sortent et gagnent une pièce à peine plus claire. La présence de jouets et de livres d'enfants y contraste fortement avec les papiers peints verts sombres, les brilleurs argentés à tête de serpents et les lourdes tentures de velours marron.
Bellatrix se jette rageusement sur un sofa qui craque. Narcissa prend un livre, Regulus s'assoit à côté d'elle, comme s'il espérait qu'elle le fasse profiter de sa lecture. Andromeda va appuyer son front sur la fenêtre fermée. Seul, Sirius reste debout. Tonks put sentir son hésitation. Finalement il s'approche de Bellatrix ;
« Fous le camp, Sirius ! »
Mais le garçon ne recule pas. Tonks avait senti sa sympathie et sa détermination.
« Je t'ai dit de partir ! »
« Tse, tse, c'est ma maison », rétorque-t-il avec une voix si proche de celle de Cyrus que Tonks en avait tremblé.
« Si tu ne pars pas ! » - hurle Bellatrix en se redressant et extirpant avec une fluidité inquiétante sa baguette de sa robe de fête.
« Bella, on ne menace pas ainsi le futur chef de la maison Black », continue de persifler Sirius, peu impressionné, imitant clairement le ton sentencieux de son père.
« Oh, on verra, Sirius, on verra ! » crache la jeune fille, défigurée par les larmes. « On verra si tu seras être digne de ton nom ! On verra si ce n'est pas toi qu'on enverra se marier, en espérant avoir plus de chance avec tes descendants ! Oh mais j'oubliais ! Toi, tu es un garçon ! »
« Bella... »
« C'est injuste ! »
« Depuis quand la justice est-elle importante pour notre famille ? » interroge Sirius, avec une once de surprise sincère, qui saisit Tonks.
Elle n'avait jamais trop réfléchi à ce que Sirius, jeune, avait pu penser de tout ce qu'on lui enseignait comme des vérités incontestables. Quand elle était née, il était devenu l'image même du rebelle iconoclaste, que nul ne pouvait songer à comparer avec ce qu'était aujourd'hui un Drago Malefoy. Pourtant, Andromeda n'avait jamais caché à sa fille que elle-même avait cru longtemps au credo familial du sang pur.
Tous les autres cousins, d'ailleurs, les regardent et aucun ne semble le contredire.
« Mais je te promets que quand je serai le chef de cette famille, tu choisiras ton mari, Bella », ajoute encore Sirius, « tu ferais ce que tu voudras ! »
La jeune adolescente, déjà sombre et glaciale, se fige alors totalement, avant de, dans un hurlement de rage, se jeter physiquement sur Sirius. Ils roulent sur le sol, bousculant des fauteuils et une table. Tonks sent la douleur de Sirius qui doit mettre toutes ses forces pour repousser la longue jeune fille, qui malgré tout fait bien dix kilos de plus que lui. Elle lui griffe le visage et Tonks put sentir sa résolution à ravaler ses cris et ses larmes.
Regulus est le seul à suggérer : « Ils vont se tuer ! »
Comme aucune de ses cousines ne bougent, il ne semble pas se décider à intervenir.
L'affrontement
se poursuit.
Rien ne semble permettre de penser qu'il peut
s'arrêter, quand la porte s'ouvre brusquement et, en dehors
du regard de Sirius, on entend Narcissa murmurer : « Oncle
Alphard ! »
Sirius essaie une fois encore, sans succès, de repousser sa cousine. De grandes mains apparaissent dans son champ de vision et les arrachent l'un à l'autre sans aucun ménagement.
« Merlin, mais vous êtes fous ! Bellatrix ! Sirius ! Comment pouvez-vous vous battre comme des… des chiffonniers moldus ? »
Bellatrix tremble de rage, impuissante et humiliée, et crache un agressif : « C'est lui qui est venu m'embêter ! » qui déclenche le rire sombre et étonnamment cynique du coupable désigné :
« C'est que j'existe qui t'est insupportable, Bella ! », lance Sirius. « C'est que ce ne soit pas toi, le premier-né mâle de la famille ! »
C'est à ce moment-là du souvenir de Sirius que Bellatrix, près de vingt-cinq ans plus tard, avait craqué et leur avait révélé où elle avait caché Trelawney. Ses cris - « Arrêtez ! Arrêtez, je vais vous le dire ! » - avaient réveillé Tonks brusquement. Réalisant soudain dans quelle expérience dangereuse elle s'était laissée entraînée, elle se tourna avec alarme vers Cyrus lui parut triomphant mais épuisé.
Les questions se bousculaient dans sa tête, rien n'avait paru plus confus que la situation où elle se trouvait. Mais elle n'avait pas eu le temps d'y réfléchir ; l'instant d'après, elle sentit une nouvelle force mentale essayer d'entrer dans son esprit.
Cette fois, elle la bloqua et se tourna vers Cyrus, avec comme projet de lui dire que tout cela suffisait. Mais son visage était blême et sa raideur inquiétante. Ses yeux, particulièrement, sont fixes, pas un cillement. Elle se retourna de nouveau vers sa tante pour croiser son regard lourd, et soudain elle comprit : Bellatrix prenait le contrôle de Cyrus.
Avec précaution, Tonks avait entrouvert son esprit – elle ne gagnait rien à ne pas savoir les intentions de Bellatrix.
Elle avait ainsi pu sentir que Bellatrix fouillait les méandres de la mémoire de Cyrus, et particulièrement l'endroit d'où venaient les souvenirs de cette journée fatidique. Elle avait senti la compréhension de sa tante, sa jubilation mauvaise et perçut sa décision d'utiliser maintenant le garçon affaibli pour se libérer.
Dans un pur réflexe de protection, Tonks saisit Cyrus par les épaules et le tira en arrière, l'éloignant physiquement de Bellatrix comme si cela pouvait avoir un effet sur le lien mental. Toujours sans plus réfléchir, elle lui arracha sa baguette des mains avant que sa tante ne trouve un moyen de s'en servir. Mais rien ne sembla affecter Cyrus, il gardait ce regard fixe et ses lèvres blanches et sans vie. La colère de Tonks gonfla, l'emportant sur la peur.
La première gifle partit à son insu, suivie d'une deuxième, plus forte. Cyrus trébucha sous la violence du coup et, soudain, ses yeux s'animèrent et se remplirent de larmes, comme si la douleur l'avait arraché à la transe.
« Petit imbécile ! » gronda-t-elle, devant presque se retenir de ne pas le frapper encore.
Elle le saisit de nouveau par l'épaule, ouvrit la porte et le jeta dans le couloir pour s'éviter toute tentation. Mais en claquant la porte, elle savait déjà qu'elle était loin d'en avoir fini avec ce cauchemar.
Bellatrix ricanait : « Alors le voilà, votre secret ! Et vous prenez des airs effarouchés quand on vous parle de magie noire ! Et vous vous prétendez si purs, si nobles et sans défauts et vous voilà, à la première occasion, pour de futiles motifs affectifs, à concocter des potions interdites ! Et l'on vous confie l'espoir de la communauté magique ! »
Evidemment. Il était inutile de parler de justice, de parler de sacrifice, de parler d'humanité... Inutile de se justifier auprès d'une folle furieuse avait voulu massacrer son cousin de dix ans parce qu'il représentait une concurrence insurmontable.
« Finalement, vous me plaisez bien, Lupin et toi ! » avait conclu sa tante.
Tonks avait écarté le persiflage d'un battement de paupière. Elle ne savait pas ce qu'espérait Bellatrix, mais il était absolument impossible qu'elle puisse dire à quiconque ce qu'elle avait entrevu dans l'esprit de Cyrus. Car Bellatrix avait raison sur un point : le sauvetage de Sirius, sa deuxième vie dans le corps d'un enfant, serait jugé comme un crime par le Magenmagot, un crime aussi sérieux que ceux des Mangemorts. Est-ce que Tonks pouvait laisser courir ce risque à sa famille ?
Elle avait levé sa baguette.
« Oui, Nymphadora, tu me détestes, hein, tu détestes me ressembler ! » - l'avait encore provoquée Bellatrix. « Tue-moi ! Tue-moi donc ! Tu verras, ce n'est pas si difficile ! »
Tonks avait dégluti et, sans plus réfléchir aux implications, elle avait fait ce qu'elle devait faire.
00
Tonks sortit quelques minutes plus tard. Cyrus se tenait, frissonnant, contre le mur en face de la porte, comme un rescapé d'un quelconque naufrage. Mais, de nouveau, la colère l'emporta sur sa compassion et elle le poussa sans ménagement dans le couloir. Cyrus trébucha et se rattrapa au mur. Il se retourna vers elle, avec un air coupable.
« Je suis dé.. »
« Non, tu ne l'es pas ! » - explosa Tonks. « Et puis, c'est trop tard ! »
Le garçon allait rétorquer quand elle ajouta encore plus abruptement :
« Tais-toi ! »
Cyrus acquiesça en silence, visiblement conscient que Tonks tenait une colère qu'il ne l'avait encore jamais vue montrer. Cette réaction de crainte, et la marque de sa main encore imprimée sur sa joue gauche, tombèrent sur la jeune femme comme une douche glacée.
Calme-toi, Tonks, calme-toi !
Elle passa une main tremblante dans ses courts cheveux noirs comme pour s'apaiser physiquement, avant d'ajouter à peine plus doucement :
« Et maintenant, tu rentres ! Tu en as assez fait comme ça ! Tu rentres chez nous », précisa-t-elle, réussissant, à sa propre surprise, à avoir cette pensée stratégique. « Et tu y restes ! Suis-je claire ? »
« Oui, Mae. »
« Et, laisse donc tomber Mae, Cyrus ! » rétorqua-t-elle, avant de se mordre les lèvres, regrettant sa virulence. Le regard sombre de Cyrus n'était que tristesse et inquiétude. Mais elle-même avait eu si peur…. Trop de fois dans une seule nuit…
« Maintenant qu'on sait où est Sybille... » - reprit-elle, essayant d'être plus neutre mais sa voix sonna pleine d'amertume à ses propres oreilles – quel est le prix de cette connaissance ?- « Je vais aller la chercher...».
Cyrus leva furtivement les yeux vers elle et acquiesça. Elle inspira lentement, essayant de reprendre le contrôle de ses réactions, mais sa colère revint, intacte : « Et je ne crois pas que je te trouverais des excuses si tu n'y vas pas directement dans ta chambre ! »
« J'ai dit que je rent...… »
« Je ne veux plus te parler tant que Remus n'est pas rentré ! » - conclut-elle, fermant les yeux en s'entendant si agressive.
Une nouvelle fois, Cyrus eut l'air profondément blessé, mais il acquiesça de nouveau sans un mot et s'éloigna lentement, en se retournant plusieurs fois sur l'image de Tonks raide et tremblante face à la porte du troisième étage. Sans doute espérait-il que je le rappelle... – avait réfléchi la jeune femme, un peu plus tard.
Mais Tonks fut incapable de bouger, même après que Cyrus eut complètement disparu. Elle se sentait viscéralement dans l'incapacité de faire autre chose que de regarder avec horreur la porte de chêne derrière laquelle, maintenant, Bellatrix Lestrange ne se souvenait même plus – normalement – de leur venue.
Et si mon sortilège d'Oubliette n'avait pas réellement fonctionné ? - interrogeait sa peur. Ce n'était pas tellement grave si Bellatrix se souvenait qu'ils lui avaient extorquée l'information, raisonna-t-elle, elle est une criminelle et une prisonnière. Mais si elle se souvient de comment on l'a fait ou si elle peut prétendre qu'on a modifié ensuite sa mémoire – qu'une Auror a modifié sa mémoire sans autorisation d'aucune sorte...
Tonks, l'Auror en question, frissonna.
Comment avait-elle pu laisser tout cela arriver ?
Comment avait-elle pu perdre ainsi tout contrôle sur Cyrus et sur les événements ?
Comment avait-elle pu violer aussi facilement son serment d'Auror ?
Comment, comment, comment ?
L'angoisse lui saisit une nouvelle fois la gorge et, presque comme une échappée à ces questions sans réponse, une autre plus intime l'assaillit : Qu'est-ce que Remus va penser de tout ça ?
Elle aurait tellement voulu que Remus soit là…
Tu es une vraie gosse, Tonks, se morigéna-t-elle, s'obligeant enfin à se décoller du mur pour prendre lentement la direction de la Tour de Divination. C'est le moment, hein, de t'apitoyer sur ton sort ! Et Sybille hein ! Et Harry ! Et Remus ! Son esprit s'y refusa un fragment de seconde avant de reconnaître : Et Cyrus ? Oui, Cyrus... Est-ce qu'il sait où il en est, lui, maintenant ?
Elle accueillit la longue progression dans les passages et escaliers de Poudlard comme une chance de sortir de ses angoisses. Comme dans n'importe quelle mission qu'elle avait eue auparavant à remplir, agir aidait à discipliner ses pensées. Sauf qu'un nouveau sujet de questionnement s'imposa insidieusement lorsqu'elle essaya de penser à l'état dans lequel elle allait trouver la professeur de Divination :
« Elle… elle est dans…. dans le passage… celui qui part derrière la tenture …. Mais arrêtez !» -avait balbutié Bellatrix, totalement livide, secouant la tête comme pour se dégager des images que Cyrus lui imposait - pour échapper à ses propres souvenirs !
Non, elle ne la plaignait pas, décida Tonks. Ce n'était que ses propres peurs que Bellatrix avait été incapable de surmonter – sa peur de ne pas être à la hauteur des attentes de ses parents, sa peur de faillir à la pureté de son sang, à la splendeur de son nom... cette peur qu'elle avait mis tant de crimes à repousser, trouvant dans le sang et le crime la fuite à un fait insupportable : aussi parfaite soit-elle, elle ne serait pas l'héritier des Black.
Tonks avait toujours intuitivement su à quel point ses grands-parents étaient responsables des folies de leurs filles : la folie meurtrière de Bella, la folie des grandeurs de Cissa et la folie compassionnelle d'Andro... Elle eut un fugace sourire amer – sans doute sa propre mère n'approuverait pas qu'elle qualifie de folie son engagement dans les oeuvres caritatives les plus diverses. Mais tu m'as refilé ta folie, Maman, s'excusa-t-elle intérieurement.
Alors sans doute, pour Bellatrix de se rendre compte après une nouvelle année scolaire irréprochable dans la respectable maison des Serpentards que ses résultats étaient considérés par ses parents et ses oncles et ses tantes comme une aimable plaisanterie d'une jeune fille qui ferait mieux d'apprendre à s'habiller pour pouvoir se marier selon son rang... Sans doute, était-ce un traumatisme révélateur.
Et bien sûr, la violence gratuite et incontrôlée qu'elle avait pu montrer contre son propre cousin était annonciatrice de la cruauté qui allait la hisser parmi les plus hauts dignitaires de Voldemort.
Pourtant même encore maintenant, elle se demandait pourquoi sa tante avait paru si affolée, pourquoi elle avait voulu arrêter à tout prix les souvenirs de Sirius, utilisés comme une arme par Cyrus – mais qui des deux avait décidé d'une telle stratégie ? - s'interrogea de nouveau Tonks.
Que se passait-il ensuite ? Quelque chose de plus insupportable encore pour cette Mangemort endurcie ? Quelle terreur avait-elle pu être plus forte que son désir de nuire à Tonks et Sybille ? Qu'avait dit ou fait l'Oncle Alphard ? Quel autre souvenir Sirius aurait-il pu lui imposer ?
Il était impensable d'interroger Cyrus, bien sûr...Il faudrait au contraire le ramener fermement vers le présent et le futur – elle eut presque un rire d'autodérision : Nul doute que tu viens de prouver combien tu sais t'y prendre !
Elle secoua la tête, seule dans le couloir où ses pas résonnaient, car la question circulaire revenait intacte : Pouvait-on reprocher à Cyrus d'avoir utilisé des souvenirs qui ne lui appartenaient qu'à moitié ?
Oui, on peut reprocher bien des choses à Cyrus ! - décida-t-elle bientôt, renouant avec cette colère qui ne semblait pas vouloir la quitter. Il avait promis de ne pas s'en mêler ! Et puis, il savait très bien que jouer ainsi avec sa mémoire était plus que dangereux !Et sans parler d'utiliser des capacités de légilimens que nul ne pouvait prétendre possible qu'un enfant de douze ans puisse maîtriser !
Mais sa colère recula soudain avec un pincement au cœur ; elle n'aurait jamais dû le renvoyer comme cela, sans s'assurer auparavant qu'il allait bien ! Ce n'était qu'un gamin après tout, qui pouvait s'écrouler d'un seul coup après une telle dépense d'énergie magique ! Et elle, mère adoptive de pacotille, elle était incapable d'y penser ! Incapable de mettre à plus tard sa leçon de morale !
Non, se contredit-elle, impitoyablement. Même pas une leçon de morale ! Après tout, la question était qu'il était difficile en la matière de rigoureusement séparer le bien du mal...Tu l'as terrorisé, c'est tout !
Comment pouvait-il continuer à l'appeler Mae, à insister sur le lien qu'ils avaient créé entre eux dans cette forêt brésilienne et développé depuis ? Elle se sentit sale et égoïste !
Mais il a quand même failli y rester ! reprit sa colère, pas prête à reculer devant la mauvaise conscience. Bellatrix le tenait à son tour ! Elle avait pris le contrôle de ses pensées ! Elle avait compris ! Et lui était armé !
Et tout ce que tu as trouvé, c'est de le tirer en arrière et de le gifler !
Au pied de l'escalier de la Tour de Divination, les deux mains sur son ventre si lourd après une nuit passée à courir dans tout les sens qu'il lui semblait de plomb, Tonks soupira, s'interrogeant une nouvelle fois, sur ces gestes qui s'étaient enchaînés sans qu'elle ne les décide comme venus du tréfonds d'elle même.
0000000
Je sais pas si vous voyiez ça comme cela…. Ça fait pas mal de truc à gérer après pour toute la famille, un retour au calme assez chaotique finalement… Retours devrait être le titre mais comme c'est un chapitre encore en partie en chantier…
