L'inné et l'acquis

Rappelle que rien n'est vraiment à moi

Remercie Alixe et Vert d'avoir été toujours là pour faire avancer cette histoire

Tiens à indiquer que la scène avec Nick est très fortement marquée par mes échanges msnesques avec Vert

Un petit sourire à tous ceux qui sont venus – surtout ceux qui l'ont fait savoir…

Alixe, de fil en fil, nous voilà arriver à la sortie du labyrinthe…

Fée fléau… merci de s'attacher à ce petit monde… qui s'élargit.

Guézanne… oui, c'est un peu une ode à la maturité je te l'accorde mais nul autre que Harry ne pouvait y arriver quand même…et puis on va voir que la maturité c'est pas à la portée immédiate de tout le monde… le prix de l'innocence préservée ?

Lyane (et Guézanne) – oui, Remus a dû rendre du terrain devant les mystères de la naissance…

Après il y a ceux et celles qui voient moins les bonnes choses et plutôt les mauvaises…Lunenoire, Andromaque…ça me paraîtrait pas crédible que tout s'arrange d'un coup quand même… les Malefoy même plus loin restent des ennemis (Alana) et puis on ne s'habitue que doucement au bonheur…

Trente-neuf - Avenirs

Nick était revenu un matin... enfin sa tête.

Il était revenu entier – ou presque - dans la Grande Salle, flotter au dessus de la table des Gryffondors, arrêtant toutes les discussions aussi sûrement qu'un regard appuyé de Severus Rogue.

« Nick ! » avait hurlé Cyrus en le voyant de loin et en bousculant tous ceux qui se trouvaient entre lui et le fantôme. Si tout le monde s'était écarté sans trop protester, il avait été clair que toute la maison souhaitait suivre l'échange qui allait suivre.

« Oh, Cyrus, mon cher », avait répondu la fantôme avec un peu de nervosité. « J'imagine que vous m'attendiez plus tôt… J'ai pensé si souvent, avec émotion, au courage admirable de vous et de vos amis…»

« Un courage un peu forcé », commenta Cyrus froidement.

«…et de l'abnégation et du dévouement avec lesquels vous avez essayé de m'assister dans mon vœu le plus cher ! »

« Il est possible que les termes du contrat auraient gagné à être plus clairs », lança Cyrus et beaucoup de Gryffondors sourirent.

« Il est des conséquences qu'on peine à mesurer », se défendit Nick, se drapant dans sa dignité. « Et, comme je le faisais remarquer au Baron, à Gryffondor nous sommes au-dessus de la vengeance… »

Cyrus eut un sourire condescendant ;

« Dommage que Godric ne soit pas là pour confirmer, hein ! »

Nick eut l'air un peu vexé mais Archibald lança alors :

« Et votre tête, elle est revenue comment ? Lupin vous a forcé à prendre l'antidote ? »

Il ne faisait aucun doute qu'Archibald aurait considéré un traitement un peu rude comme une vengeance tout à fait acceptable.

« Il en est malheureusement des meilleures choses comme des pires…. Elles s'arrêtent »

« L'effet s'est arrêtée », s'était enquis Hermione avec un intérêt scientifique entier.

« Visiblement », regretta Nick.

« Et votre nomination au… club ? » - avait demandé Harry, en s'inscrivant résolument à côté de son frère.

Le visage du fantôme parut incroyablement triste.

« Elle était conditionnée au fait que ma tête ait disparu un an et un jour », leur apprit-il.

« Dommage », conclut Archibald sur l'air de quelqu'un qui pense, « y'a une justice ».

« Je vous trouve très mesquin jeune homme ! »

« C'est que sa famille a mal pris la chose », expliqua Cyrus.

« Moins bien que la vôtre ? » demanda Nick avec une inquiétude sincère.

« Visiblement »

« Oh » Nick eut l'air embarrassé puis souffla : « Est-ce que je… est-il une réparation envisageable ? »

« A moins que vous soyez capables de nous faire remonter le temps », lança Archibald en haussant les épaules, « Cet été, il n'y aura toujours pas de fantômes pour accueillir les visiteurs et ma mère… va être désappointée. »

« Pas de fantômes ? » s'enquit Nick n'ayant pas l'air de remarquer combien l'ami de Cyrus se moquait de lui.

« Les nôtres n'ont pas encore réapparu… »

« Il est possible que la concentration de la potion ait été plus forte à Alistair Castle », se risqua Hermione.

« Ils font la tête, surtout », conclut abruptement Archibald. « Pour administrer l'antidote, il faudrait qu'ils coopèrent ! »

« Jeune homme, je n'ai jamais refusé une ambassade », proclama Nick.

« Vous iriez chez Archibald ? » s'étonna Ginny.

« A Gryffondor, nous payons nos dettes »

00

« Vous révisez encore ? » demanda Cyrus en se laissant tomber à côté de Harry et Ron qui avaient trouvé un coin tranquille à l'extrémité du lac. Les mains vides et les cheveux épars, Cyrus affichait un air blasé et légèrement condescendant.

« On a le test de DFCM demain », expliqua Harry sur le ton de celui qui ne s'énervera pas. Il leva juste son livre pour confirmer ses dires.

« Nous, on l'a eu ce matin », bailla son frère, s'allongeant sur le côté dans l'herbe verte.

« Et alors ? » demanda Harry, avec une curiosité un peu forcée.

« Bof, tu les connais » répondit Cyrus en haussant les épaules avec un air détaché qui n'annonçait pas sa remarque perfide : « Citez trois impardonnables… Expliquez comment soumettre quatre gogos en même temps, et à distance, à un Imperium… la routine ! »

Harry lança un regard incisif en direction de son frère en entendant cette attaque frontale contre Ron. Mais ce dernier ne lui laissa pas le temps d'intervenir :

« Ton père a dit qu'elle nous avait préparés pendant des semaines… » - se justifia Ron, tellement crispé qu'Harry en eut mal pour lui. « Sans doute par suggestion... Ils ont trouvé des sortilèges particuliers sur les boules de cristal… »

« Faut dire ! Faut pas être bien malins pour passer des heures devant ces bimbeloteries ! »

« CYRUS ! Ça suffit ! », coupa Harry.

« Oh ! Misère ! Voilà le grand frère qui se fâche ! » - se moqua Cyrus.

« Ecoute, si tu ne veux pas m'aider, tu peux partir ! », répondit l'aîné des Lupin sèchement.

« Hé, c'est toi qui voulais que je vienne ! » protesta Cyrus.

« Je pensais pas que tu serais tellement mal à l'aise que tu allais t'en prendre à Ron ! »

Ledit Ron ouvrit de grands yeux étonnés – Cyrus blêmit légèrement, mais finit par hausser une nouvelle fois les épaules :

« Tu voulais quoi ? Que j'arrive en annonçant : 'Ron, pose-nous toutes les questions que t'as jamais osé poser ! C'est ton jour de chance : on va te répondre !' ? »

« Ça aurait déjà été mieux », soupira Harry, évitant de regarder Ron.

« Attendez », intervint ce dernier. « Vous… tu n'es pas là par hasard, Cyrus ? »

« Bellatrix aurait dû se méfier de tes capacités d'analyse ! » - commenta Cyrus, sarcastique.

« OK, casse-toi ! Je lui raconterai tout seul ! » - s'énerva Harry.

« Me raconter quoi ? »

« Harry s'inquiète pour toi », commença Cyrus, avant que son frère n'ait eu le temps de prendre son inspiration. « Il a peur que tu te sentes stupidement coupable d'un truc que t'aurais jamais pu prévoir, anticiper et même combattre ! »

« Et ? » - demanda Ron, singulièrement perdu entre ses regrets réels, son agacement envers Cyrus et les informations étranges qu'il donnait.

« Alors, il voudrait que tu saches que c'était un complot, que dis-je l'accomplissement d'une prophétie ! » continua Cyrus, grandiloquent.

« Une prophétie ? »

Cette fois, Harry fut le plus rapide :

« Tu te rappelles de cette conversation entre Fudge et Rogue ? Aux Trois-Balais ? Et bien, finalement… mon grand-père m'a expliqué à Noël que… qu'une prophétie avait été faite qui faisait de moi celui qui pouvait abattre Voldemort… »

« Comme quand tu étais bébé ? »

Harry soupira et Cyrus sembla avoir pitié :

« Bon, tu étais là il y a deux ans quand le charmant Quirrell nous l'avait ramené de Roumanie… Il s'est sauvé, tu t'en rappelles ? Et bien, il semble qu'il ait décidé d'aller chercher de l'aide auprès de ces anciens disciples... Le fils Croupton… »

« Croupton a un fils ? »

« Croupton avait un fils Mangemort qui a été arrêté après la mort de mes parents », expliqua Harry, retrouvant un peu plus de nerf. Après tout, même si elle ne ressemblait pas à ce qu'il avait imaginé, la conversation avait lieu. « Il a été condamné à Azkaban, à vie… Il est mort six mois plus tard, officiellement… »

« Mais a priori, c'étaient des blagues » - prit le relais Cyrus. « Grand-père a trouvé une elfe des Croupton qui a lâché le morceau… c'est la mère Croupton qui était malade qui est morte en prison… »

« C'est… c'est officiel, ça ? »

« Non », dirent les deux Lupin d'une même voix.

Ron les regarda tous les deux mesurant la réalité du « tout ce que tu as toujours voulu nous demander ».

« Et alors ? » s'enquit-il dans un murmure.

« Alors », reprit Harry, les yeux perdus sur la surface scintillante du lac, « avec l'aide du fils, Voldemort a pris le contrôle du père… ils l'ont tué, et le fils a pris sa place comme directeur d'Azkaban… »

« Pratique pour ouvrir la cage de Bellatrix », intervint Cyrus.

« Ensuite, elle a trouvé Trelawney, qui avait hérité d'une maison sur la côte et y passait ses vacances et elle a pris sa place »

« Tu veux dire dès la rentrée ? »

Comme Harry haussait les épaules, Cyrus répondit : « Il veut dire qu'en effet, elle a eu tout le temps de te préparer… »

Ron s'empourpra.

« Harry, je… »

« Ron, nul n'aurait pu résister…c'était très bien préparé leur affaire… et s'ils avaient été plus prudents, s'ils m'avaient emmené plus loin… »

« …ou s'ils n'avaient pas voulu la présence de tous leurs petits copains… » - renchérit Cyrus.

« Et, elle t'a choisi parce que tu es mon ami », conclut Harry, se forçant à regarder Ron.

« Et pourquoi tu me dis ça, Harry ?»

« Ça c'est pas la bonne question », intervint Cyrus, imitant Remus si clairement qu'il n'était nul besoin de le préciser. « La bonne question est : pourquoi je suis là moi aussi ? »

Ron ne réussit pas à se forcer à lui demander. Harry hésitait encore, mais Cyrus continua :

« Un certain nombre de fois, Ron, depuis qu'on se connaît tu as pu mesurer que je ne suis pas… comme les autres… C'est même un truc qui t'agace chez moi et je te comprends, moi, ça me prendrait grave la tête… Hermione a fini par deviner, mais Hermione n'est pas non plus totalement comme tout le monde… »

« Si tu veux me dire que ton père… », commença Ron avec l'air de se ressaisir.

« Mon père n'est pas Sirius Black, Ron », le coupa Cyrus. « Enfin, Sirius n'est qu'un de mes pères… Quand il s'est enfui d'Azkaban, il y a quatre ans, on l'a transformé en moi… J'ai été son refuge aussi, parce qu'il était particulièrement détruit…. Même après sa réhabilitation, il n'a pas eu… la force… de reprendre sa vie, là où il l'avait laissée…. Il a préféré que j'en aie une moi… Remus m'a adopté… comme Harry, quelque part...»

Ron les regarda à tour de rôle, cherchant à se convaincre que ce n'était pas une blague.

« Tu es… Sirius Black », articula-t-il avec difficulté.

« J'ai son corps, rajeuni… j'ai ses souvenirs… Ce qui explique ma faculté à faire certaines choses… Mais je suis Cyrus. J'ai ma propre identité »

Il y avait beaucoup plus d'humilité dans la voix de Cyrus à ce moment-là, et Harry lui prit l'épaule avant d'ajouter.

« Ron, on voulait que tu saches… qu'on a confiance en toi… »

Le rouquin les dévisagea le regard vide quelques secondes puis se leva et maugréa :

« Génial. »

Avant qu'un des deux frères n'aient pu faire un geste, il était parti.

000

Kane Leo et Iris Lily Lupin étaient nés à trois minutes d'intervalle, une demi-heure après la fin du dernier examen de fin d'année.

« Un signe de tact évident », avaient commenté les jumeaux Weasley.

Remus était venu chercher Harry et Cyrus le soir même dans la salle commune de Gryffondor – ce qui avait évidemment provoqué un certain émoi et la disparition désordonnée d'objets interdits.

« Pas d'inquiétude, pas d'inquiétude ! Ceci n'est pas une inspection sauvage ! » - avait-il dit en entrant dans la salle rouge et or, les mains en l'air. « Une mission officieuse et familiale : je viens chercher les tout nouveaux grands frères ! »

Harry et Cyrus s'étaient levés, un peu raides et empruntés, au milieu des applaudissements de leurs condisciples.

« Vous vous sentez prêts ? » s'était gentiment moqué Remus.

Ils avaient passé de longues heures à l'infirmerie à contempler les deux petits corps si recroquevillés l'un à côté de l'autre qu'il paraissait difficile de les séparer.

Harry s'était senti un peu désemparé jusqu'au moment où il avait lancé au dessus du berceau : « Salut, moi c'est Harry » et que Kane avait tourné la tête.

« Il me reconnaît ? » avait-il balbutié.

« Bien sûr, Harry », avait murmuré Tonks avec un grand sourire. « Il reconnaît ta voix... Tu veux le prendre ? »

Remus avait pu ainsi quelques secondes plus tard prendre la photo historique qui allait rester des années sur le manteau de la cheminée : Tonks, encadrée à gauche par Harry qui tenait Kane et à droite par Cyrus qui souriait à Iris. La naissance de Mae, l'avait intitulée Cyrus un peu plus tard.

Malgré toute cette émotion familiale, c'était le lendemain que Harry avait eu cette idée audacieuse. Il avait coincé Cyrus sur le chemin du petit-déjeuner.

« C'est ce soir qu'il faut le faire ! »

« Quoi donc ? »

« La promenade »

« Oh » Cyrus avait prudemment ralenti pour laisser Ginny, Herman et Archi prendre de l'avance. Les deux frères en avaient parlé plusieurs fois, arrivant à l'idée que pour éliminer toute la réserve de Ron envers eux, il fallait lui montrer leur confiance. C'était Harry qui avait eu l'idée de lui proposer de les accompagner une nuit alors qu'ils se transformeraient en leur Animagus. Cyrus émit de nouveau ses doutes : « T'es sûr ? »

« Ecoute ce soir, Papa offre un verre à toute l'équipe ; en sortant, ceux qui marcheront droit, iront corriger leurs copies... Quant à Papa, il a d'autres chats à fouetter ! Si on y va vers deux, trois heures... On prend aucun risque... »

« On n'a pas la carte », remarqua Cyrus.

« On a la cape, si besoin est... »

Cyrus soupira. Il n'allait pas répéter une centième fois qu'il trouvait le moment mal choisi pour prendre le risque de faire de nouveau la une des chroniques de l'école. Même si les examens étaient finis...

« Harry James Potter Lupin, tu diras pas que c'était mon idée, hein ? »

« Cyrus Mélanio Lupin, est-ce que j'ai déjà fait une chose pareille ? »

00

« Allez Ron, bouge-toi ! »

Ronald Weasley se redressa d'un bond sur son lit pour se retrouver face à face avec Harry et Cyrus.

« Hé », souffla-t-il, incertain quant à leurs intentions. Après tout, il devait admettre qu'il n'avait pas été le meilleur des camarades depuis qu'ils lui avaient expliqué tout ce qu'il aurait aimé savoir avant que ça n'arrive. Seul dans son lit, il s'était même dit que sa mauvaise humeur était sans doute déplacée, mais chaque matin, quand il avait croisé le regard plein d'espoir d'Harry, une mauvaise fée l'avait poussé à ne rien faire pour le rassurer.

« Tu t'habilles ? » demanda Harry, mystérieux mais souriant. Ron remarqua que les deux frères étaient déjà prêts pour aller dehors.

« On va où ? »

« Surprise », souffla Cyrus légèrement goguenard.

Ron acquiesça un peu nerveusement mais obtempéra et, peu après, ils se glissèrent silencieusement hors de la tour de Gryffondor.

« On va où ? » - répéta Ron.

« Dehors », répondit Harry en montrant un corridor sur sa gauche.

« Ah, et la carte ? » s'informa le rouquin dans un murmure.

« Papa l'a gardée », regretta Cyrus dans un soupir.

« Fallait quand même s'y attendre », remarqua Harry.

« Ça parait un peu prématuré d'en refaire une autre », confia Cyrus.

« Si ça se trouve, il va te la rendre cet été », essaya de le consoler Harry.

« Surtout si on se fait prendre ce soir », commenta Cyrus avec acidité.

« Arrête de stresser comme ça, tu vas nous porter la poisse ! » râla son frère.

Cyrus soupira, et Harry ne put retenir la remarque qui l'avait si bien exaspéré pendant des années :

« Arrête de souffler comme un boeuf ! »

« Ah, ah, ah... T'as pris des cours d'animation de soirée récemment, Harry ? »

L'interpellé sourit silencieusement, ravi d'agacer Cyrus, et ouvrit de manière experte un dernier passage qui les conduisit discrètement au rez-de-chaussée. Tout aussi discrètement, ils se glissèrent hors du château, protégés par la cape magique. Ils coururent ainsi, les deux derniers se tenant par les épaules à celui qui les précédait pour ne pas perdre l'équilibre, jusqu'à l'orée de la forêt – contournant prudemment la cabane d'Hagrid malgré le détour que cela représentait. Ils étaient un peu essoufflés quand ils arrivèrent sous l'ombre protectrice des grands arbres.

« Choisis un animal », dit Harry en se tournant vers son ami avec un regard pétillant que Ron n'y avait pas vu depuis des mois. Il lui semblait brusquement retrouver un Harry qu'il avait presque oublié – celui avec lequel ils étaient allés essayer des chewing-gums perpétuels sur les poules moldus des voisins du Terrier…son complice de vacances… son ami. Il sursauta néanmoins en réfléchissant à la question :

« Un quoi ? »

« Un animal... un animal dans lequel tu aimerais courir dans la forêt ! » explicita Harry, incapable de maintenir le suspense plus longtemps sur ses intentions.

« Oh », comprit brusquement Ron. Et son regard, à son tour, s'émerveilla des pouvoirs de ses amis.

0000

« Bon, ça y est, Mme Maxime nous a trouvés une maison sur la Côte », annonça Remus en rentrant dans le salon où Tonks et Harry jouaient aux échecs, devant les jumeaux endormis, pendant que Cyrus lisait livre.

« Tu veux dire en France ? »

« Oui, Harry, en Provence…C'est au sud de la France »

« Tu sais… tu sais si c'est loin des... des Cévennes ? » - demanda ce dernier d'un air un peu gêné.

Remus lui lança un regard surpris et Cyrus s'exclama en français:

« Ah, l'amour ! L'amour ! »

« Elle m'a invité, c'est tout ! » - s'énerva Harry immédiatement.

« Qui t'a invité ? » demanda Tonks, très doucement.

« Aliénor », répondit Harry en évitant le regard de tout le monde.

« Oh », répondit Remus, mi-songeur, mi-amusé, « je vais demander à Olympe si c'est loin… mais tu peux aussi demander à Aliénor !»

« On ira quand ? »

« En Août, Cyrus, les jumeaux seront plus grands »

« Ça va aller votre mois de Juillet si on reste-là ? » s'inquiéta Tonks.

« Ginny et Ron doivent venir deux semaines, non ? » demanda Harry, très heureux que la conversation soit redevenue plus générale.

« Oui », confirma Remus. « A la fin du mois, quand leurs parents seront en Roumanie »

« A leur place, j'aurais été en Roumanie », grommela Cyrus par-dessus son livre.

« A leur place, tu en aurais eu les moyens », répliqua Harry.

Cyrus leva la tête et grimaça sincère :

« J'avais pas pensé à ça »

« T'avais pas pensé beaucoup, alors !»

« Vous trouvez pas qu'il fait d'énormes progrès en cassage de pieds, Harry ces temps-ci ? » demanda Cyrus à la cantonade.

« C'est que j'ai fini par comprendre comment tu faisais », rétorqua l'interpellé.

Tonks pouffa, Remus sourit et annonça :

« Avant que vous continuiez votre numéro de duettiste, j'ai reçu une lettre de Mme McAlistair ce matin, la moitié des fantômes ont accepté l'antidote… Elle est ravie… Je pense, d'ailleurs, que ça a une relation avec le fait qu'elle t'invite. »

« Elle m'invite ? » - demanda Cyrus visiblement surpris.

« Elle trouve que tu as une bonne influence sur son fils, finalement », sourit Remus qui n'avait pas oublié plus que Cyrus les imprécations de la mère d'Archibald.

« Elle dit ça à cause des notes d'Archibald », estima Harry.

« Elle aurait tort de s'en plaindre », rétorqua Remus avec un clin d'œil pour le plus jeune des deux adolescents. « Alors Cyrus, te crois–tu à la hauteur de la cette bonne impression générale ? »

Cyrus prit son air le plus sérieux pour affirmer :

« Je promets. »

« Bon, je vais lui dire la semaine prochaine alors… »

Cyrus lui lança un sourire lumineux puis fronça les sourcils.

« Dis Harry, ça va aller si… »

« Moi ? Moi, pour l'instant, j'ai aucune envie de m'éloigner de ces deux-là», répondit-il en montrant les deux bébés endormis dans un grand panier entre Tonks et lui. « Ils sont magnifiques »

« Ce sont des bébés, Harry... »

« Moi, je les trouve magnifiques ! » insista Harry et Tonks rit.

« Et vous allez vite grandir, hein ! Parce qu'on a plein de trucs à vous montrer avant qu'on quitte Poudlard ! » - lança Cyrus.

« Des passages, des cartes », élabora Remus, moqueur.

« T'espères quand même pas qu'ils soient sages ? » s'aventura Cyrus.

« Non, non... bien sûr, non... encore qu'ils pourraient penser à étaler leurs frasques dans le temps, non ? » demanda Remus avec un ton innocent qui ne trompa personne autour de lui. Cyrus et Harry évitèrent de se regarder mais leur silence était sans doute un bien trop grand aveu.

« Vous avez fait quoi, encore ? » demanda Tonks mi moqueuse, mi grondeuse.

« Nous ? » - demanda Cyrus sans doute un peu trop vite.

« Papa, il fallait se... réconcilier avec Ron », décida d'expliquer Harry.

« Et pour cela, sortir une nouvelle fois du château en pleine nuit ? »

« Personne ne nous a vus ! »

« Je ne savais pas m'appeler Personne. »

« Tu nous as vus ? » demanda Harry, se disant que la suite n'allait pas être facile. Qu'avait-il vu exactement ?

« Je vous ai vus sur la carte. »

« Oh, la carte ! » s'exclama Harry presque rassuré. Il y avait très peu de chances pour que la carte indique les transformations magiques.

« Elle marche très bien depuis que je l'ai corrigée », précisa Remus sur le ton de la conversation.

« On a juste fait un petit tour... » - plaida maladroitement Cyrus.

« Oui, trois-quarts d'heures à courir dans les bois... -très vite, d'ailleurs... Je me demande... »

Cette fois, Cyrus et Harry échangèrent un regard sombre. Aucun des deux ne sous-estimaient les capacités de déductions de Remus, surtout en matière de bêtises. Mais Tonks fronçait les sourcils :

« Vous faisiez quoi dehors en pleine nuit ? »

« On courait », répondit lamentablement Harry – Si Tonks s'en mêlait, ils n'y arriveraient pas.

« Ça vous manquait sans doute ! » gronda la jeune femme. « Vous êtes incroyables quand même ! »

Les deux garçons piquèrent du nez devant l'orage inattendu.

« Tu me l'enlèves de la bouche ma chérie », renchérit Remus, l'air ravi de ce soutien inconditionnel.

« Papa », soupira Harry, pensant confusément que ce dernier était sans doute plus conciliant sur la question que sa belle-mère, « c'était juste une maraude ! »

Mais le mot n'eut pas l'effet magique prévu.

« C'est tellement rassurant de vous voir raisonnables et prudents ! » répondit Remus un peu sèchement, et Harry en conclut qu'il avait perdu une occasion de se taire.

Comme un écho, Cyrus soupira et s'attira du même coup la colère de Remus :

« Eh oui, je sais, c'est sans doute rien comparé à jouer avec une mémoire qui n'est pas la sienne, affronter Voldemort ou une dizaine de Mangemorts ! Mais je suis sensé dire quoi ? Bravo les gars, continuez ! Comme ça, on est sûr que le prochain tordu qui vous approchera pourra vous amener à n'importe quelle connerie ! »

« Papa, Papa, ne gronde pas Cyrus... Il ne voulait pas ! » - s'interposa Harry.

« Eh bien, il aurait dû rester dans son lit », lança Tonks, logique.

« J'avais besoin de lui », répondit Harry avant de se rendre compte que son aveu était sans doute une erreur.

« Besoin ? » demanda Remus.

Cyrus secoua la tête, comme pour dire à Harry que là, il ne savait comment l'aider.

« Besoin qu'il transforme Ron », avoua Harry dans un souffle, aucun mensonge ne paraissant tenable très longtemps.

Il n'y eut plus, brusquement, aucune trace d'amusement ou de moquerie dans les yeux de Remus.

« Qu'il le transforme ? »

« En renard », souffla Harry pour dire quelque chose et peut-être aussi pour se rattacher à l'image, jolie, de l'éclair roux qui courait entre les arbres de la haute forêt.

Quand Remus se leva brutalement, Harry sursauta, s'attendant presque à ce qu'il le frappe. Il le regarda ensuite avec inquiétude aller et venir dans le salon. Semblant arrivée à des conclusions proches de celle d'Harry, Tonks se leva à son tour et prit la grande corbeille où les jumeaux reposaient.

« Je reviens », indiqua-t-elle - ce que Harry ne trouva pas très encourageant.

« Harry ! » explosa Remus pourtant sans attendre. « Il me semblait avoir déjà dit que ça, c'était impossible ! »

« Tu avais parlé de se transformer avec toi pendant la pleine lune », contra Harry.

« Et c'est pas ça la prochaine étape ? Venez voir mon père quand il se transforme ! Vous ne risquez rien, mon frère est trop fort en métamorphose ! »

Comme si ses paroles ne suffisaient pas à traduire combien il était énervé, Remus marcha brusquement vers la fenêtre, s'abîmant dans la contemplation du coucher de soleil et leur tournant le dos. Cyrus grimaça - avec raison, d'après Harry. S'il le prend comme ça, évidemment, songea-t-il, amèrement.

La voix de Tonks s'éleva soudain, hésitante mais douce.

« Harry… les règlements… c'est pas fait simplement pour être contournés… Les règles sont là dans la plupart des cas pour protéger les plus faibles, pour limiter les pouvoirs des plus forts… Voldemort n'avait aucune règle que sa propre volonté… »

Harry se retourna vers la jeune femme qui semblait chercher la suite.

« Et bien sûr, on est sans doute pas exempts de reproches… On vous donne sans doute trop l'impression que les règles, on s'en fiche…. » - continua-t-elle et Remus se retourna à son tour pour la regarder.

« Il y a quand même des choses qui ne sont pas comparables », fit-il remarquer.

« Pour nous peut-être, mais pour eux ? » demanda-t-elle avec sincérité.

« Est-ce que nous fuyions nos responsabilités ? » contra-t-il, pas moins sincère.

La jeune femme s'appuya sur le dossier du canapé pour affirmer :

« Notre responsabilité, c'est de faire d'eux des adultes et non de quelconques champions prodiges. »

« Je ne saurais mieux dire », conclut Remus.

Harry les regarda se regarder et mesura combien ses chances d'absolution étaient minces. Dans un soupir, il répéta :

« Il s'agissait juste de montrer à Ron qu'on avait confiance en lui. »

« Et ça ne pouvait pas attendre, c'est ça ? Il fallait que ce soit pendant l'école et que ce soit une infraction au règlement ? » - questionna Remus.

Comme Ron et Ginny devaient bientôt venir en visite pendant le voyage de leurs parents en Roumanie, Harry ne trouva rien à répondre. Il haussa les épaules, hésita un instant, ses yeux allant de Tonks à Remus une dernière fois, avant de se résoudre à la défaite :

« OK, c'était une mauvaise idée, un mauvais jour et au mauvais endroit… »

Il retint sagement le « c'est ce que vous voulez que je vous dise » qui lui brûlait la langue mais le ton était sans doute assez clair. Tonks eut un petit sourire fugace.

« Puisque nous sommes finalement d'accord pour dire qu'il s'agit d'une bêtise », reprit finalement Remus, plus calmement. « De pure et simple ânerie, soyons à la hauteur… »

Ses yeux coururent dans la pièce un instant comme s'ils cherchaient quelque chose. Puis ils s'arrêtèrent sur l'alcôve qui, dans le salon familial, accueillait son bureau. Les murs étaient couverts de rayonnages et d'autres étagères la séparaient du reste de la pièce. L'ensemble contenait un grand nombre de livres et de parchemins et, depuis les révisions collectives de Tonks, un désordre inhabituel y régnait.

« Vous n'irez nulle part, et personne ne viendra ici, tant que cette bibliothèque ne sera pas correctement rangée. »

Les deux garçons mesurèrent la tâche d'un regard sombre. Il n'était nul besoin de demander s'ils pourraient utiliser leurs baguettes. Ils en avaient pour des jours si le résultat devait atteindre les critères obsessionnels de Remus.

« On y est pour rien », fit finalement remarquer Cyrus.

« Et bien, ça, c'est plutôt une bonne nouvelle ! » commenta Remus, olympien.

« Papa », essaya Harry, « Cyrus… »

Remus regarda son deuxième fils adoptif qui ne semblait pas s'attendre à être exempté de quoi que ce soit. Et il lui donna raison :

« Cyrus devrait apprendre à dire non aux projets qu'il trouve déraisonnables »

Il y eut une flamme dans le regard du plus jeune de ses fils qui disait que la mémoire de Sirius donnait un écho particulier à ses paroles. Disons que c'est sans doute le meilleur conseil que j'ai à te donner, pensa-t-il avec sincérité.

« Mais, c'est moi », insista Harry.

Et Remus eut une énorme bouffée d'affection pour ce pur Gryffondor qui allait au devant des ennuis avec une constance et une abnégation totales. Ni Lily, ni James ne pourraient me reprocher ça, décida-t-il avec une paix nouvelle. C'est avec un sourire moqueur qu'il répondit :

« OK. Tu veux que je te rajoute une semaine de vaisselle ? Accordé. »

00000

C'est une fin bien positive, non ?
Je mettrais peut-être un épilogue… mais quelque part cette histoire pour moi est terminée…sous cette forme là au moins… Vos imaginations feront le reste !