L'inné et l'acquis
Bon, à la demande générale d'Alixe
et pour
tous ceux qui semblent s'être attachés un peu à
la famille Lupin,
un petit extra en guise d'épilogue…
40 - (Petites) Batailles
Poudlard, le 16 août, 2005
Je m'appelle Kane Lupin, Kane Léo Lupin, précisément
Kane, ça veut dire « petite bataille »… encore que je doute que ça intéresse quiconque, car généralement on ne retient que mon nom de famille.
Je suis le fils du professeur Remus Lupin, LE directeur de Poulard depuis vingt ans maintenant. Il est aussi l'héritier spirituel présumé d'Albus Dumbledore – heureusement, j'imagine, peu savent qu'il se considère comme notre grand-père -, le président de l'Union internationale pour la reconnaissance de la lycanthropie, de la société pour l'étude et la connaissance des arts défensifs contre les forces du mal…. Je vous épargne la liste ; elle est dans tous les journaux et elle s'allonge régulièrement de toute façon.
Plus récemment, les gens ont commencé à me relier au sous-commandant Tonks Lupin, le bras droit du commandant de la division des Aurors, « la seule femme dans une monde d'hommes » d'après le supplément People of Tomorrow du week-end de la Gazette. Non, ça ne facilite pas nos courses sur le chemin de Traverse !
Mais les gens ne s'arrêtent pas là. Les mieux informés me parlent de mon frère Harry – en oubliant généralement le Lupin qui va avec le Potter. La plupart ne connaissent que la fable de son affrontement bébé avec le dernier grand méchant que la communauté magique se soit donnée, ce qui ne les empêche pas de penser qu'il doit être un grand sorcier. Je leur réponds que c'est mon grand frère et mon parrain. Ensuite généralement, ils me demandent si c'est mon modèle.
Honnêtement, j'adore pas l'idée de porter des lunettes et je suis pas sûr que j'assumerais la cicatrice – et pas seulement pour des raisons esthétiques – ou la légende. Ce qui est vrai, c'est que j'admire le naturel avec lequel il accepte que les gens le dévisagent, sa façon de défier les lois de la pesanteur sur un balai et le très grand briseur de sorts qu'il est en train de devenir… pour la plus grande fierté de Papa, Mae et Severus… 25 ans et déjà responsable de l'équipe de protection des banques Gobelins à Singapour.
Après tout, je ne sais pas pourquoi je m'agace que les gens me le citent en exemple. Peut-être parce que je trouve qu'il semble bien trop content d'accepter des postes à l'autre bout du globe - et épargnez-moi le refrain qu'il préfère vivre là où sa cicatrice est curieuse plutôt que fameuse ; Mae et Papa sont tout à fait au point sur le sujet !
De toutes
façons, s'ils ne pensent pas à Harry, les gens
n'oublient pas généralement de me parler de mon
autre « grand frère » - un autre Lupin
qui réussit tout ce qu'il entreprend.
Qui ne connaît
pas Cyrus Lupin ?
Qui ne connaît pas le nouveau
batteur des Canons de Chudley ? Oui, je peux vous avoir des
places pour le prochain match si vous insistez…. Non, les
autographes… non.
La moitié des filles de Poudlard l'ont en photo ou en poster au-dessus de leur lit et soupirent quand elles apprennent qu'il est fidèle à son amour d'enfance ou presque – Ginny Weasley.
Les amis de Papa préfèrent rappeler qu'il va brillamment et incessamment soutenir sa thèse d'ethnomagie, avec une spécialité en défense contre les forces du Mal amazoniennes…
Les amis de Mae sont plus réservés. Ça dépend de leurs opinions sur la consommation de potions euphorisantes amazoniennes ou sur la transformation des véhicules moldus en artefacts volants – pour ne citer que les deux dernières fois où Mae a dû le tirer des griffes du Ministère…
Bon, il faut reconnaître depuis que les Canons l'ont recruté de manière permanente, il semble plus calme de ce côté-là ; à moins que ce ne soit parce que Ginny est enceinte de six mois maintenant.
Quand ils sont venus un dimanche l'annoncer, Mae en a presque pleuré. Ginny a avoué que Molly aurait préféré qu'ils se marient avant et Cyrus a clamé qu'il n'y avait pas d'engagement plus solide qu'un enfant.
Papa était vachement ému lui aussi, mais il n'a pas pu s'empêcher de demander s'il devait lui souhaiter un gamin aussi casse-cou que lui ou au contraire quelqu'un de calme et raisonnable qui s'occupera de lui quand il sera dans un fauteuil roulant.
Vous me croirez si vous voudrez, mais ça fait hurler Cyrus de rire : « Un casse-cou, évidemment, y'a que ça qui me calmera peut-être ! Quand je me ferai autant de mauvais sang que toi tu t'en es fait avec Harry et moi ! »
Vous
remarquerez au passage qu'il ne pense pas que je sois une source
d'inquiétude.
Oui, ça me vexe un peu.
Peut-être que je n'aide pas les autres à se faire d'autres idées en passant mon temps dans les livres. Comme le souligne Cyrus : « Par quelle combinaison génétique, tu peux passer autant de temps le nez dans des bouquins ? Même papa à ton âge n'y restait pas aussi longtemps !»
Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur la mémoire de Cyrus et sur la génétique dans notre famille. Tout le monde sait que Harry n'est pas mon frère de sang, et je dois dire que Cyrus serait plutôt un cousin qu'un frère si on s'en tenait à la généalogie la plus pure… encore qu'il est douteux que la généalogie ait un mot pour ce type de relation. Il est certain par contre que si Papa ou Mae tombaient sur ce journal, ils désapprouveraient bruyamment que je l'écrive sur un quelconque support.
Je me suis parfois interrogé sur ce qui les avait poussés à adopter tous les enfants magiques qui passaient à leur portée avant notre naissance à Iris et à moi. J'y connais pas grand-chose en relations de couple mais ça me parait quand même une démarche curieuse… Iris, ma sœur, dit que leur création familiale était un acte politique – mais si on écoute Iris tout est politique ou traduit des relations de pouvoirs !
Bref, il faut sans doute reconnaître que je passe plus de temps que la moyenne des garçons de onze ans à lire et que je suis en cela différent de Cyrus ou d'Harry ou de Papa. Je sais bien que je n'ai aucune raison d'en avoir honte mais quand votre célèbre frère vous traite de rat de bibliothèque – il faudrait ici sans doute que j'ouvre une parenthèse sur la relation collective que nous entretenons avec les muridés, mais ça serait trop long – parfois ça vous grimpe au cerveau.
Surtout quand ce frère se prénomme Cyrus et qu'il insiste comme lui seul sait le faire. Harry m'a confié une fois qu'il avait parfois songé qu'aimer un frère comme Cyrus, c'était un peu adorer avoir envie de l'étrangler régulièrement. Comme c'est aussi ce que je pense de ma sœur Iris, c'est sans doute assez universel.
La dernière fois, j'ai presque réussi à le clouer le bec en répliquant :
« Qu'est-ce que tu veux, quand je suis né, j'ai regardé autour de moi ; comme la place du héros, celle du joueur de Quidditch, sans parler de celle de mec le plus cool de Poudlard étaient prises… j'ai pris un livre ! »
Mae et Ginny, qui avaient déjà fait mine d'intervenir pour qu'il me laisse tranquille, ont explosé de rire et Cyrus m'a regardé d'un air étrange avant de choisir d'en rire lui aussi – ce rire incroyable, profond, communicatif et total, comme un aboiement : « Ce qui ne veut pas dire qu'on ne fera rien de toi, avec une répartie pareille ! »
Ce qu'on fera de moi est pourtant bien quelque chose qui m'inquiète. Je ne sais plus quand j'ai commencé à me poser la question. Sans doute quand j'ai réalisé que j'étais entouré de Gryffondors pressés d'en découdre avec la vie, de se jeter dans toutes les causes perdues et toutes les batailles – grandes ou petites – qu'ils pouvaient rencontrer. Peut-être aussi quand j'ai senti à quel point Iris, ma jumelle, était mon contraire.
Iris est presque blonde, comme papa enfant paraît-il, alors que, moi, j'affirme mes origines Black maternelles avec des cheveux noirs de nuit. Iris est plutôt halée naturellement alors que moi je suis si blanc que j'en deviens sans doute transparent en plein hiver. Il y a quelques années, j'avais demandé à Mae si ça n'existait pas les Invisiblimagus – qui pourraient devenir invisible à volonté comme elle peut changer son corps – elle avait ri. Comme j'avais sans doute l'air vexé, elle a ajouté que Harry me filerait peut-être sa cape d'invisibilité quand j'entrerai à Poudlard. Ce qui est sûr, c'est que j'oserais jamais la lui demander. Lui demander le seul truc qu'il a de son père biologique… j'oserais jamais.
Iris aime voler sur un balai et danser et, moi, j'aime lire. Elle adore que tout le monde la regarde et moi, je préfère que tout le monde m'oublie. Elle est élancée et moi, petit. Oui, je sais, les garçons grandissent plus tard, Mae le répète quotidiennement. Iris parle tout le temps et moi, je préfère écrire….Des fois, je me dis qu'elle est l'air et moi, la terre.
Bon, on partage quand même tous les deux une grande passion pour l'exploration de Poudlard et de la Forêt interdite - il paraît que c'est normal, nos frères ont fait pareil avant nous. Ils ont aussi été envoyés à Gryffondor avant nous… et moi, tous les jours, je me demande ce que je vais bien pouvoir faire en premier. Peut-être aller à Serpentard ! Non, je rigole.
Il y a deux ans avec Iris, on a voulu se mettre le chapeau sur la tête pour savoir. OK, c'était mon idée, mais elle était d'accord. Ça nous a pris des jours pour le trouver – bêtement rangé dans le bureau de papa, on se serait fichu des claques. Mais évidemment, Linky trouvait que ça faisait longtemps qu'on avait disparu et était sur nos traces et, comme elle a déjà couru après nos frères à leur époque, elle a développé un sixième sens en matière de localisation des membres de la famille.
Bref, elle nous a trouvés dans le bureau de papa – ce qui promettait déjà une grande leçon de morale, et par ses seuls cris a attiré ledit propriétaire du bureau. Il y a un truc qui reste impossible, c'est de mentir longtemps à Papa. Iris s'y est pourtant essayée – elle semble toujours croire qu'elle en sera capable et, comme d'habitude, s'est retrouvée coincée en trois questions. Du coup, voyant la tête qu'il faisait, je me suis dit que la vérité nous éviterait peut-être une fessée.
« Pourquoi voulez-vous savoir ça maintenant ? »
La question m'a rassuré, on passait à côté de la crise, là.
« C'est Kane qui veut », a balancé Iris visiblement vexée que j'ai confirmé qu'elle mentait.
Papa m'a regardé et il a presque souri.
« On n'est réparti qu'une fois Kane, aucune répétition ne changera quoi que ce soit »
Ça évidemment ça m'a fendu le cœur. Autant que je me fasse à l'idée, même Papa ne pensait pas que je sois un Gryffondor !
« Kane a peur d'être un Serdaigle, voire un Poufsouffle ! » - s'est moquée Iris.
Papa s'est tourné vers elle d'un air pensif et j'ai cru qu'on allait avoir droit à la sempiternelle antienne : Ne parlez pas des maisons de Poudlard comme si certaines étaient meilleures que d'autres… - Je vous passe la suite. Mais en fait, il lui a demandé, très sérieusement :
« Toi, tu n'as pas peur, n'est-ce pas ? »
Iris a fièrement hoché la tête et moi, j'ai détourné la tête parce que je l'aurais bien étranglée d'être aussi convaincue.
« Moi, je me demande quand même si tu oseras aller jusqu'au bout », a commenté Papa toujours aussi sérieux et j'ai retourné la tête vers eux. Iris avait l'air aussi surprise que moi.
« Au bout de quoi ? »
« Au bout de tes possibilités bien sûr ; il ne suffit pas d'être sûre de soi pour faire de grandes choses, Iris… Et le doute n'est pas un mauvais aiguillon non plus », a-t-il ajouté en se tournant vers moi. « Surtout quand on a le courage de l'affronter… »
Y'a des moments comme ça, où on se dit que l'héritage spirituel de grand-père fait pas gagner les conversations en clarté. Mais le mot courage que Papa avait prononcé en me regardant m'a évidemment statufié. J'allais poser la question quand Severus est arrivé avec son air désapprobateur habituel.
« M. le directeur, la délégation de Durmstrand vient d'arriver »
Evidemment nous, on a dû disparaître de la circulation fissa. Iris est restée rêveuse tout le reste de la journée. C'était pas drôle. Alors je me suis réfugié dans mes livres favoris. Mae, pour une fois, est rentrée avant qu'on soit endormis et elle est venue s'asseoir avec nous.
« Vous allez bien mes cœurs ? »
Iris lui est tombée dessus :
« Dis, Mae, tu as su quand, ce que tu voudrais faire plus tard ? »
« Tu sais, Iris, je crois que je voulais faire ce que ma mère n'avait pas fait… Je ne savais pas comment, mais je savais qu'elle avait eu raison de les quitter…. Et je pensais que peut-être que ça ne suffisait pas… qu'il me fallait continuer son œuvre…»
« C'était très ambitieux, non ? » a demandé Iris presque rougissante dans la demi-obscurité. Je me suis demandé où elle voulait en venir.
« C'était pas aussi clair que ça, c'était comme une révolte en moi », a répondu Mae. « Un peu téméraire aussi, sans doute la raison pour laquelle j'ai fini à Gryffondor ! »
« Le Choipeau a hésité ? » a insisté ma sœur.
« Hum, il a réfléchi… mais il ne m'a rien proposé d'autres. Il a dit un truc comme quoi j'avais besoin de renforcer mon courage plus que tout autre chose, si je me rappelle bien… Pourquoi toutes ces questions, ma petite fleur ? Tu as encore le temps, tu sais… »
« Comme ça », a répondu Iris. Mais comme tout le monde sait bien chez nous que Iris ne dit rien « comme ça », ça a fait un drôle de silence après. Finalement, Mae a repris d'une voix un peu rêveuse :
« C'est une bataille, Iris… un combat contre tout ce qui fait le jeu des adeptes de la magie noire : les préjugés, les secrets, les passe-droits… Ceux qui voudraient oublier qu'existent des loups-garous, des sirènes, des géants, des centaures… Ceux qui voudraient nier que la magie est dans toutes les formes de vie… »
Ça n'avait rien d'idées nouvelles, vous l'imaginez bien. Mais nous ne l'avions jamais entendu dire d'une manière si personnelle. On n'a rien trouvé à répondre, ni Iris, ni moi. Mae a pourtant continué :
« C'est aussi ça qui m'a reconduite à la Division quand vous avez eu cinq ans. Cette bataille, jamais terminée… Je sais… » Sa voix s'est bizarrement étranglée à ce moment là et j'ai retenu mon souffle. « En fait, je ne sais pas ce que vous en pensez mais je me rappelle que ça n'a pas été facile pour vous, d'accepter que je ne sois plus là, que je sois partie parfois plusieurs jours d'affilée… Et sans doute sans votre Papa, sans son amour, sans son soutien… je n'en aurais pas été capable... »
Iris a murmuré qu'on était fier d'elle et je me suis senti, comme souvent, incapable d'exprimer mes sentiments avec des mots. Alors, je me suis glissé hors de mon lit et je l'ai serrée très fort. Iris n'a pas mis trois secondes pour me rejoindre. Mae a conclu :
« Pour répondre à ta question, Iris, Oui, c'est sans doute très ambitieux… mais est-ce moins ambitieux de vouloir enseigner quand on est un loup-garou ? Est-ce moins ambitieux que de faire de vous quatre des sorciers intègres ? Il n'y pas de petites batailles mais des combats quotidiens, tous importants… »
Ce soir, en me souvenant de ces paroles et en les gravant dans mon journal, j'espère bien que je saurais faire de n'importe qu'elle maison une bataille dont Mae sera fière.
00
Londres le 1er septembre 2005
Demain matin, on va prendre le Poudlard Express et, demain soir, je saurai. Je saurai quelle peut être ma place dans la saga familiale…. J'en peux plus d'attendre et j'essaie de m'endormir en me disant que même un Poufsouffle pourra leur être utile.
Le réveil sonne enfin et Mae entre dans notre chambre en disant qu'il ne faut pas qu'on traîne même si on est déjà à Londres. Je referme vite le petit sac à dos qui renferme ma baguette, le roman que je n'ai pas terminé, une provision de sucreries et de blagues diverses fournies aimablement par Harry hier soir… Je glisse encore son cadeau et je termine par mon uniforme flambant neuf que je mettrai dans le train. Mon cœur bat bizarrement fort.
Le cadeau d'Harry…
Mae était surprise de le voir arriver chez nous hier soir sans prévenir. Harry lui a gaiement expliqué qu'il était là pour voir ses employeurs et que comme Cyrus finissait des recherches de terrain au Brésil, il n'allait pas « laisser les petits sans grand frère pour les accompagner sur le chemin de Poudlard ».
Mae a ri en entendant cela évidemment. Iris dans son dos a levé les yeux au ciel – elle déteste qu'on lui rappelle qu'elle est la benjamine de la famille.
Il n'était pas venu seul- une fille, enfin une femme, une jeune femme était avec lui. Honnêtement, je ne crois pas avoir déjà vu quelqu'un d'aussi jolie. Elle a un drôle de nom, Brunissande Desfées (j'ai demandé à Mae comment ça s'écrivait après) Une Française – encore une Française ! a commenté Iris plus tard, faisant allusion au fait que trois des cinq dernières petites amies d'Harry était françaises. Je sais pas pourquoi Iris a l'air de prendre ça pour de la concurrence déloyale.
« C'est une cousine éloignée d'Aliénor », a-t-il encore expliqué – il avait l'air un peu gêné, Mae a eu l'air de comprendre pourquoi. Ladite Brunissande a souri – elle a un sacré sourire…
Tous les trois ont parlé un moment de politique monétaire britannique, de coopération européenne en matière financière, des investissements des Godelins en Asie et d'autres sujets aussi passionnants jusqu'au moment où Harry a dit :
« Tu imagines bien, Mae, que je ne suis pas venu ici seulement pour discuter avec toi ! »
« Est-ce que tu serais en train de me demander, au mépris de tout respect pour ta mère adoptive, de sortir, Harry ? »
Elle souriait en disant ça, est-il utile de le préciser ?
Harry lui a rendu son sourire pour toute réponse et Mae a obtempéré en maugréant – toujours pour rire – sur le manque de respect de la jeunesse. C'est là que Harry nous a donné à chacun les bonbons et les farces et attrapes qui venaient du meilleur fournisseur chinois – Intéressante concurrence aux produits de Fred et George, je reconnais. On s'est évidemment jeté dessus mais comme les explications étaient en chinois, il a fallu que Brunissande et Harry nous expliquent. Iris a pris des notes.
On remerciait encore quand Harry a sorti deux autres paquets de son sac – un doré et un argenté. On s'est regardé avec Iris parce qu'on avait rarement vu Harry aussi solennel.
« Je sais que Cyrus aurait aimé être là… On a presque failli attendre Noël mais on était d'accord que vous deviez les avoir le plus tôt possible… Quand j'ai appris que j'allais être à Londres au bon moment, je l'ai contacté et il a fini par reconnaître que je pouvais exercer ce qu'il a qualifié de sempiternel droit d'aînesse… »
On a souri parce qu'on l'entendait presque dire ça, mais quand il m'a lancé le paquet doré alors que l'argenté arrivait dans les mains d'Iris, on était très intrigué, l'un comme l'autre. Qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Harry et Cyrus avaient toujours été attentionnés et généreux avec nous mais l'introduction faisait penser à quelque chose de spécial. Mais j'avais beau y réfléchir, je ne voyais pas ce que ça pouvait être.
Le paquet était assez léger, souple, ne faisait aucun bruit quand je l'agitais près de mon oreille…J'ai pas pu attendre longtemps, j'ai déchiré le papier doré très vite et je l'ai sentie sous mes doigts : La Cape.
« Harry ! »
Mon grand frère m'a souri mais il était très ému lui aussi. Et puis, immédiatement, j'ai compris ce que renfermait le paquet argenté. D'ailleurs, Iris murmurait à son tour un « Harry » impressionné en dégageant la carte du philosophe de son emballage.
On avait grandi avec ces trucs. On avait vu Harry et Cyrus disparaître sous la cape des dizaines de fois, entendu des centaines des histoires à propos de la Carte des Philosophes qui représentait Poudlard, ses passages et ses habitants – même et, surtout, après qu'ils aient tous les deux terminé leurs études. Mais ça ne s'arrêtait pas là, on connaissait des histoires remontant à la jeunesse de Papa et de ses copains les Maraudeurs ; on savait qu'il y avait eu une autre carte avant celle-ci….
On s'est de nouveau entreregardé Iris et moi et on l'a dit en même temps : « Merci ! »
« De rien… On a pensé que vous sauriez en faire bon usage » On a murmuré que oui mais Harry continuait. « C'était dommage de les savoir inutilement rangés au fond de malles…Mais, même s'il est sans doute inutile de le préciser, je dois vous mettre en garde : Papa serait obligé de vous les confisquer su vous vous faisiez prendre avec… »
« Il ne sait pas ? » a demandé Iris.
« Bien sûr que si », a répondu Harry, avec un grand sourire complice. « Le contraire aurait été irresponsable de ma part et trop dangereux… pour tous les quatre ! »
Oui, sans doute Papa les aurait lynchés sur un coup comme cela !
« On fera gaffe, Harry », j'ai promis.
« Vous allez faire mieux que ça », il a ajouté. « Vous allez en profiter à mort, OK ? »
En fermant mon sac et en le mettant sur mon dos, je souris. Harry n'avait pas parlé de Maé mais Iris et moi étions tombés d'accord hier soir en nous couchant pour penser qu'elle n'était sans doute pas au courant…
000
Poudlard, le 2 Septembre 2005
Iris a été appelée avant moi. Quand Severus a posé le Choipeau sur sa tête, j'ai vraiment retenu mon souffle. Ça a duré longtemps, bien plus longtemps que pour tous les autres avant elle et j'ai senti mon cœur battre d'inquiétude et de curiosité mêlées.
Finalement, le Choipeau s'est redressé et a clamé l'inimaginable : Serpentard !
Ça a fait un joli silence dans la Grande Salle et moi, je me suis dit que j'étais décidément un sinistre crétin – ce qui compromettait nettement mes chances d'être réparti dans la studieuse maison des Serdaigle.
Iris s'est dirigée, droite et fière, vers la table de sa nouvelle maison où l'accueillaient des applaudissements mesurés. Je me suis dit qu'ils ne savaient ce qui les attendait les serpents parce que Iris, c'est pas le genre a abandonné les batailles !
J'ai voulu regarder les réactions à la table des Professeurs – c'était étrange de ne pas entendre leurs commentaires comme toutes les autres années – mais quelqu'un m'a poussé dans le dos et j'ai réalisé que Severus m'avait déjà appelé. Ça commençait bien !
Je me suis dépêché d'aller me percher sur le tabouret. Mes pensées continuaient d'aller à ma sœur, ma sacrée petite sœur, qui avait si bien caché son jeu – enfin, c'était sans doute moi qui n'avais pas voulu voir ! Puisque, ça me paraissait maintenant évident, tous dans ma famille l'avait deviné avant moi !
Le tissu en glissant sur mon front m'a ramené à mon propre cas.
« Un autre Lupin », a murmuré le Choipeau à mon seul bénéfice, « un autre mélange... hum, celui-ci aussi a de l'ambition mais… mais il a surtout un sacré courage… le courage d'être lui-même... Tu devrais te plaire à Gryffondor ! »
Je me suis levé sans en croire mes oreilles et Severus a dû m'indiquer dans quelle direction aller ! La table des lions m'applaudissaient à tout rompre – il est vrai que j'avais déjà des copains parmi les deuxièmes et troisièmes années. Je me suis assis parmi eux, souriant bêtement, mais mes pensées étaient ailleurs : Je revoyais le papier doré que j'avais joyeusement et innocemment déchiré la veille et j'ai éclaté de rire en pensant que j'avais été aussi aveugle pour moi que pour Iris.
Mes yeux sont allés vers Papa qui visiblement n'attendait que cela pour lever son verre vers moi avec un grand sourire. Je lui ai rendu la pareille en songeant que les Lupins, après tout, avait un mauvais rapport avec la Divination…
0000
Voilà
des pistes sur comment je vois la suite de leur vie familiale…
C'est ni exhaustif ni exclusif, bien sûr…
Encore une fois, je remercie ici Alixe et Vert qui ont été de toutes mes idées bizarres, de tous mes doutes et de tous mes conflits avec les participes passés…
Et puis je vous serre tous sur mon cœur, vous, les fidèles reviewers comme les moins fidèles et sans oublier les étonnamment silencieux dont la trace électronique laisse perplexe…
Pour ceux qui se poseraient la question, j'en ai pas complètement fini avec l'écriture potterienne… Je compte finir Ruptures d'un processus linéaire – plus d'excuse ! – avant de vous proposer une autre histoire remusienne (en sortirai-je un jour ?) dans laquelle pour l'instant Fénoire tient fermement la plume… J'ai aussi en tête un petit défi… bref… on aura l'occasion de se reparler !
Si vous
avez envie de laisser votre mail avec votre review….
J'adorerai
vous répondre !
