PROMPT : Vêtements chauds


Harry frissonna malgré la chaleur presque estivale, et finalement, il se décida. Il tendit la main et poussa la porte de cette maison sombre, qui semblait abandonnée.

Il entra en regardant autour de lui, curieux, et découvrit une décoration vieillotte, comme figée dans le temps. Visiblement, le professeur Rogue n'avait pas passé beaucoup de temps à s'occuper de l'entretien et de la décoration, faisant le minimum pour pouvoir y vivre.

Lorsqu'il entra dans le salon, il plissa les yeux. Après la luminosité du dehors, il avait du mal à se diriger dans la semi-obscurité : les rideaux épais étaient tirés.
Finalement, il distingua une silhouette avachie sur un fauteuil, et il resta figé un long moment incrédule.

Puis, il avança pas à pas, en silence.

C'était Severus Rogue. Vivant, puisqu'il tremblait, et mal en point.

Incrédule, Harry se précipita. Voyant une couverture sur le sofa près du professeur, il le recouvrit de son mieux et posa une main tremblante sur son front, s'attendant presque à ne toucher que du vide.
Mais Rogue était bien là, comme l'attestait le front moite et brûlant sous ses doigts glacés.

Harry ne sut pas combien de temps il était resté là à observer l'homme. Visiblement, Rogue n'avait pas conscience de sa présence.

D'un coup, il oublia tout ce qui n'était pas son professeur. Il s'écarta pour rejoindre la pièce suivante, cherchant la cuisine. L'ayant localisée, il fouilla sans le moindre état d'âme les placards, jusqu'à y trouver un récipient et un torchon propre. Il remplit le bol d'eau froide, grimaçant au bruit des canalisations. Malgré ses craintes, l'eau était claire, et il hocha la tête satisfait.

Il revint auprès de Rogue et trempa le torchon dans l'eau, avant de baigner son visage, encore et encore, avec douceur. Instinctivement, il savait qu'il fallait d'abord faire baisser la fièvre.

Après un moment, il soupira et, les mains tremblantes, commença à déboutonner la robe noire de l'homme. Il peinait avec le tissu raidi par le sang séché, mais il finit par découvrir la gorge de Rogue.
Il cligna des yeux et humidifia le torchon pour nettoyer les plaques rouge sombre de sang, et retint une exclamation de surprise. Il y avait une longue marque rouge et boursouflée, mais visiblement presque cicatrisée. Il passa le doigt sur la blessure, ne comprenant pas comment elle avait pu se refermer en si peu de temps.

Le jeune homme quitta la pièce pour changer l'eau rougie par le sang de Rogue, et il rinça soigneusement le torchon. En revenant dans le salon, il tomba face au regard onyx familier.

Ils se dévisagèrent longtemps, en silence. Puis Harry esquissa un léger sourire.
— Professeur. Heureux de vous revoir.

Rogue grogna vaguement, mais son regard vitreux laissa penser à Harry qu'il ne l'avait pas vraiment reconnu. Qu'il délirait probablement à cause de la fièvre.
Baignant une fois encore le front de Rogue, Harry marmonna, pensivement.
— Si je n'avais pas peur que vous me transformiez en ingrédient de potions, j'irais à la recherche de vêtements chauds. Vous semblez avoir froid. Je sais que c'est la fièvre, mais…

Il s'interrompit un bref instant avant de remonter doucement la couverture sur le corps mince.
— Mais vous êtes un sorcier. Un maître des potions. Des potions… Vous devez en avoir quelque part n'est-ce pas ? Je suis désolé monsieur, mais je vais devoir explorer un peu votre maison. Je n'ai pas envie d'avoir à expliquer pourquoi j'ai besoin d'une potion contre la fièvre si je vais me fournir ailleurs… Je suppose que si vous avez choisi de venir ici c'est pour une bonne raison…

Les yeux sombres ne le quittaient pas, mais Harry était perdu dans ses pensées, parlant tout seul. Au moment de quitter la pièce, Harry hésita. Il murmura, incertain.
— Je reviens vite professeur. Ne… Ne disparaissez pas encore d'accord ? J'ai besoin de vous…

Le jeune homme explora rapidement la maison, essayant de se montrer le moins intrusif possible. Dans la chambre de son professeur, il n'osa pas ouvrir l'armoire massive, et préféra prendre la lourde couette sur le lit. Il trouva un accès vers une cave, et il descendit prudemment, s'éclairant avec sa baguette. Il soupira de soulagement en arrivant dans un laboratoire de potions rudimentaire, mais étincelant de propreté et organisé méticuleusement.

Malgré lui, il sourit, reconnaissant le sérieux de Rogue dès lors qu'il s'agissait de potions. Il examina la petite réserve, lisant chaque étiquette de l'écriture serrée si familière de son professeur. Il retint un cri de soulagement en trouvant un antipyrétique, et prit également un antidouleur et un anti-inflammatoire. Pour le reste, il allait devoir espérer que Rogue reprendrait ses esprits pour le guider, sinon il devrait faire appel à Pomfresh.

Déterminé à faire de son mieux, il retourna près de Rogue et souffla de soulagement en voyant qu'il n'avait pas bougé. Il posa ce qu'il avait récupéré sur la petite table près de lui, et après s'être mordillé la lèvre un instant, hésitant, il attrapa son professeur à bras-le-corps pour le relever.
— Je suis désolé, monsieur. Mais vous serez plus à l'aise en vous allongeant sur le sofa.

L'homme se laissa faire, papillonnant des yeux, laissant parfois échapper un grognement ou un geignement.
Finalement, Harry le recouvrit de la couette, et lui repassa un torchon humide sur le front.

Il prit quelques secondes pour calmer son souffle précipité, et il s'empara de la fiole de potion contre la fièvre.
— Tenez, professeur. Ça va vous aider. C'est pour la fièvre.

Il s'assit au bout du canapé pour surélever l'homme en l'appuyant contre lui, et il l'aida à boire. Concentré, les sourcils froncés, il s'assura qu'aucune goutte de la fiole ne se perdait, et il soupira de soulagement, maintenant toujours Rogue contre lui.

Les frissons de l'homme s'apaisèrent et Harry attrapa la fiole d'antidouleur. Il hésita puis la porta à la bouche de son professeur.
— C'est un antidouleur. Je suppose que ça ne vous fera pas de mal, et puis inutile de vous laisser souffrir inutilement.

Là encore, l'homme but sans difficulté. Harry le réinstalla sur le sofa, et tira le fauteuil voisin de façon à être au plus près de Rogue. Il baigna une fois de plus son front, et soupira.

Installé près de Rogue, agrippant son poignet comme pour s'assurer qu'il était bien présent, et qu'il ne disparaîtrait pas, Harry se laissa aller à somnoler légèrement, épuisé.