PROMPT : La cité du diable
Harry se réveilla soudain d'un coup, en sursautant, un hurlement au bord des lèvres. Une fois de plus, il avait fait un cauchemar, dans lequel il revoyait la mort de son professeur de potions.
Haletant, il cligna des yeux avant de se souvenir où il était, et il baissa les yeux pour tomber dans le regard de Severus Rogue parfaitement éveillé.
Le jeune homme rougit en se rendant compte qu'il était resté agrippé au bras de l'homme et il le lâcha immédiatement.
— Professeur.
Severus leva un sourcil amusé, sans pour autant chercher à se relever. Le jeune homme se leva brusquement et se précipita dans la cuisine. Quelques secondes plus tard, il revenait avec un verre d'eau, et une grimace d'excuse.
— Vous devez avoir la gorge sèche, je… Je vais vous aider.
Avec des gestes malhabiles et hésitants, Harry aida Severus à se redresser et l'aida à boire, les joues rouges, visiblement gêné par le regard de l'homme. Il ne fit pas le moindre commentaire cependant.
L'eau fraîche fit un bien fou à Severus et il hocha la tête, murmurant un remerciement. Sa gorge encore douloureuse ne lui permettait pas de parler comme il le voulait et il porta sa main à la blessure, avec hésitation.
Harry se mordilla la lèvre avant de prendre la parole, d'une voix douce.
— Votre… blessure semble s'être correctement refermée, mais vous garderez une cicatrice. Par contre, elle est très rouge et un peu enflée. Vous aviez aussi beaucoup de fièvre, je suspecte une infection. J'ai pris de l'anti-inflammatoire dans votre laboratoire en plus de l'antipyrétique et de l'antidouleur, mais je ne sais pas si c'est ce qu'il vous faut.
Severus le fixa longuement, perplexe. Mal à l'aise, le gamin continua, détournant les yeux et triturant ses doigts.
— Comme vous êtes officiellement déclaré mort, je ne savais pas si vous vouliez faire votre retour. Et j'ai pensé que vous préféreriez que je vous demande votre avis avant de faire venir qui que ce soit ici.
Le professeur hocha la tête, reconnaissant. Ayant trop de mal à parler, il attrapa la main de Harry pour la presser doucement. Au contact, le jeune homme sursauta et Severus crut qu'il allait s'écarter brusquement.
Le souvenir amer des Maraudeurs qui se moquaient de lui et lui assuraient que jamais personne ne voudrait l'approcher lui revint, lui gelant les entrailles.
Cependant, avant qu'il n'ait le temps de demander au jeune homme de partir, ce dernier s'était jeté contre lui en sanglotant, le serrant dans ses bras avec l'énergie du désespoir.
— J'ai cru qu'il vous avait tué. Je suis désolé… Tellement désolé. Je n'ai pas compris et il… J'aurais dû intervenir plus tôt !
Incrédule, Severus resta figé, les bras ballants, les yeux baissés sur ce jeune adulte tout jeune majeur, qui devrait être joyeux et profiter de la vie, et qui était là, dans ses bras, à sangloter. Maladroitement, il l'entoura de ses bras, lui frottant doucement le dos, sans un mot. Il le tenait juste, lui offrant autant de réconfort que possible, jusqu'à ce qu'enfin Harry s'apaise, reniflant encore un peu, mais plus calme.
Severus soupira.
— C'était ainsi que ça devait se passer.
Boudeur, le jeune homme ne put s'empêcher de protester.
— Et moi j'aurais dû mourir. Comme quoi, les choses peuvent changer.
Les lèvres du sévère professeur s'étirèrent en un léger sourire, et il secoua la tête, murmurant avec amusement.
— Il faut toujours que vous ayez le dernier mot, n'est-ce pas ?
Un ricanement secoua les épaules de Harry, et il ne chercha pas à s'éloigner bien que la situation soit étrange.
Severus ferma les yeux, et marmonna, essayant vainement d'avoir l'air agacé.
— Potter… Que faites-vous ici dans la cité du diable, au lieu de fêter dignement votre victoire ?
Harry redressa légèrement la tête pour croiser le regard de l'homme sans pour autant le lâcher.
— La cité du diable ?
— C'est ainsi que nous appelions cet endroit, votre mère et moi. La misère à l'état brut…
Le jeune homme hocha la tête avant de hausser les épaules, détournant une fois de plus les yeux, gêné.
— Quelle victoire ? Tant de gens sont morts… Si j'avais… été plus rapide…
Severus fronça les sourcils, et attrapa le visage du jeune homme pour le forcer à le regarder dans les yeux, le tutoyant instinctivement.
— Stupide Gryffondor. Tu as accompli l'impossible, déjà. Cesse de te reprocher quoi que ce soit…
Harry renifla, mal à l'aise.
— Dit celui qui a sacrifié sa vie par culpabilité… J'ai vu vos souvenirs, monsieur. Vous pensiez que sans vous mes parents seraient encore en vie.
Severus haleta et voulut s'écarter, mais Harry le maintenait. Son état de santé l'avait privé de toute force, et il se résigna, prêt à entendre les reproches du gamin.
— Monsieur… Si vous ne l'aviez pas répétée, quelqu'un d'autre l'aurait fait. Je pourrais accuser Dumbledore d'avoir rencontré cette voyante dans un bar mal famé et bien trop public. Ou mes parents d'avoir eu confiance en Pettigrew. Je pourrais même me reprocher d'être né et d'avoir placé une cible sur leur tête. Après tout… si j'étais resté quelques heures de plus dans le ventre de ma mère… la prophétie ne s'appliquait plus à moi, non ?
Le maître des potions secoua la tête, perplexe. Mais Harry n'avait pas terminé.
— Je ne vous en veux pas. Enfin sauf de votre façon d'enseigner, mais c'est autre chose. Vous… Vous avez toujours été là, un peu effrayant, mais vous nous avez protégés. Je serais stupide de ne pas l'avoir vu. Vous avez sacrifié tant de choses… Saviez-vous que j'ai détesté Dumbledore pour ce qu'il vous a obligé à faire ? J'étais là, lorsque vous avez dû le tuer, et je voulais… j'aurais voulu me libérer de son sort pour vous dire que ça ne changerait rien pour moi.
Sous le choc, Severus attrapa le verre qu'il avait posé plus tôt près de lui et Harry le remplit d'un aguamenti murmuré. Il but doucement, surtout pour se donner le temps de se reprendre.
Finalement, il soupira.
— Je ne suis pas un homme gentil.
Nullement impressionné, Harry gloussa.
— Et moi il paraît que je suis trop gentil. De toute façon, je suis têtu, vous vous souvenez ? Je vais vous aider, monsieur. Et même si vous envisagez de me traiter comme en cours de potions, je ne partirais pas avant de vous voir en pleine forme.
