Et voici l'ultime chapitre de cette fiction... et l'ultime prompt de mon défi des 1000...

1000 chapitres répartis en 15 fictions, publiés du 7.02.2019 au 28.11.2021, un chapitre par jour.

Ce fut une belle aventure, épuisante et intense, mais elle ne sonne pas la fin de mon habitude de publier un chapitre par jour. Dès demain commencera une nouvelle fiction, Ginger, cette fois-ci sans prompt directeur et je garderai le rythme.

J'espère que vous aurez aimé ces histoires...

En attendant, voici la fin de "Deux âmes brisées". Bonne lecture et à demain pour de nouvelles aventures !


PROMPT : Défaillant


L'été passa lentement, impasse du Tisseur. Severus se remettait de ses blessures, une bonne fois pour toutes. Parfois, il s'éveillait la nuit, en sursaut, haletant, et il se demandait comment il avait pu s'en sortir. Il revoyait l'affreux serpent qui fondait sur lui, la mâchoire grande ouverte et qui plantait ses crocs dans la chair tendre de son cou.
Ces nuits-là, Harry entrait dans sa chambre sans un mot et venait le serrer contre lui. Ils ne parlaient pas, restant juste enlacés, avant de se rendormir dans les bras l'un de l'autre.

Harry se remettait doucement lui aussi. Il était moins sombre, souriait plus souvent également. Il reprenait goût à la vie doucement. Les crises d'angoisses se calmaient peu à peu, mais il ne cherchait pas à s'éloigner de Severus. De temps à autre, il assurait calmement à son ancien professeur qu'il n'avait pas changé d'avis et que ses sentiments ne variaient pas.
Cependant, il se posait beaucoup de questions sur le sauvetage inespéré de son ancien professeur.

Il était soulagé de ne pas l'avoir perdu, mais il n'était pas stupide au point de ne pas se rendre compte que c'était inespéré. Il avait assisté à l'attaque de Nagini, il avait vu la blessure et il avait vu le sang qu'il avait perdu. Même lui pouvait se rendre compte que Severus avait guéri très rapidement. Trop rapidement.
Lorsqu'il l'avait trouvé après tout, il avait déjà cicatrisé, en moins d'une semaine.

Pendant que Severus brassait des potions, il se retranchait dans la bibliothèque et il faisait des recherches avec un sérieux que même Hermione applaudirait. Finalement, il avait trouvé. Il pensait avoir trouvé.

Harry avait observé Severus attentivement, s'attirant des coups d'œil suspicieux ou inquiets.

Le soir même, il avait suivi Severus dans sa chambre et s'était blotti contre lui, soupirant doucement contre le corps chaud de son compagnon, comme si c'était naturel. Comme si c'était une de leurs habitudes.
Harry avait attendu que la lumière soit éteinte pour commencer à parler.
— Severus ? Est-ce que… tu es heureux ?

Le maître des potions laissa passer un moment de silence, avant de répondre prudemment et lentement.
— Je suppose. Je n'ai pas vraiment de point de comparaison.
Harry soupira. Et se serra un peu plus fort contre son compagnon, presque craintivement.
— Tu ne regrettes pas que… d'être en vie hein ? Je veux dire…

Severus se redressa, mais Harry l'empêcha d'allumer la lumière.
— Severus… S'il te plaît… Réponds-moi.
— Contrairement à toi, Harry, je n'ai pas d'instinct de survie défaillant. Bien évidemment que je préfère être en vie ! Tu crois que je me plante chaque jour devant mon chaudron en regrettant d'avoir survécu ?

Malgré lui, Harry laissa échapper un rire amusé, bien qu'un peu tendu. Il serra un peu plus Severus contre lui avant de murmurer, plein d'hésitation.
— J'ai trouvé pourquoi tu as survécu. Je… Je crois que c'est moi.

Cette fois, Harry ne put l'empêcher d'allumer, clignant des yeux à la luminosité soudaine. Severus le fixa avec intensité, les sourcils légèrement froncés.
— Comment ?
Harry soupira en détournant le regard.
— Tu sais que mon père m'a légué une cape d'invisibilité ?

Severus grogna en roulant des yeux, même si son regard brillait d'un éclat moqueur.
— Par Merlin, j'en ai suffisamment voulu à Albus de t'avoir laissé l'utiliser à volonté à Poudlard !
Harry gloussa, avec un large sourire moqueur.
— Et encore, tu n'es pas au courant de tout.

L'amusement apparut brièvement dans les prunelles sombres, et Harry reprit, se mordillant la lèvre.
— Dumbledore m'a légué… un vif d'or. Qui devait s'ouvrir au terme selon ses propres mots. À ma propre fin, je suppose. Bref, il contenait la pierre de résurrection. Sans compter la raison pour laquelle Voldemort t'a… attaqué. La baguette de Sureau.
— Harry, je ne suis pas sûr de comprendre.
— Les reliques de la mort.
— Ce vieux conte pour enfants ? Dans ce livre d'histoires que tous les gosses reçoivent ?

Harry hocha la tête avec un sourire en coin.
— Dumbledore a légué à Hermione son exemplaire annoté des contes de Beedle le Barde. Apparemment, il y croyait sérieusement, il a dû le lire des millions de fois. Il nous a dit que… qu'il y avait toujours un fond de réalité pour chaque légende et conte. Alors je suppose…
— Que tu es le maître de la mort ?

Harry se mit à rire joyeusement, ses joues rosissant légèrement.
— Je ne crois pas que ce soit aussi… simple. Et puis, j'ai jeté la pierre dans la forêt interdite. Et je me suis débarrassé de la baguette de sureau aussi.

Severus le dévisagea un long moment. Puis il l'attira contre lui, et déposa un léger baiser sur ses lèvres, à peine un effleurement, incapable de résister à l'élan de tendresse qui le submergea.
— Tu es probablement la seule personne du monde magique capable de jeter aussi simplement deux reliques inestimables et puissantes. Et à ne pas le regretter.
Le jeune homme rougit.
— Je n'ai pas besoin d'avoir plus de puissance. Mais ce n'est pas de ces trucs que je voulais te parler.
— Des trucs ? Tu as conscience que beaucoup tueraient pour les avoir en main ?

Harry écarta la remarque d'un haussement d'épaules désinvolte.
— Quand je les avais, et j'ai souhaité plus que tout te sauver. Je… J'étais prêt à tout donner pour… pour que tu t'en sortes.
Severus hocha la tête lentement.
— Donc tu penses que j'ai survécu parce que tu le voulais ?

Le jeune homme hocha la tête en se mordillant la lèvre. Severus eut un demi-sourire moqueur et continua, observant le jeune homme avec attention.
— Et tu penses que je pourrais t'en vouloir si c'était le cas ?

Harry détourna la tête. Mais Severus lui prit le menton pour l'en empêcher et il le fixa avec sérieux.
— Cesse de culpabiliser Harry. Je ne t'en veux pas. Je m'estime plutôt chanceux de mon sort, même si je doute toujours de ta décision de rester près de moi. Je suis en vie, et j'apprécie nos moments tous les deux, bien que ce soit terriblement étrange.

Le jeune homme cligna des yeux, essayant de cacher son émotion.
— D'accord.

Il avait la voix étranglée et il se jeta contre Severus, tremblant légèrement.
— J'avais peur que tu m'en veuilles. Que tu me trouves égoïste. Et je m'en veux parce que j'aurais pu sauver tellement de monde. Tous ceux qui… Si j'avais su.

Severus le serra contre lui, passant la main dans ses cheveux.
— Ne sois pas stupide. Tu ne peux pas être certain. C'est une vieille légende, un conte que le monde magique raconte aux enfants. Il y a peut-être eu un jour un fond de vérité… Mais… Harry… tu donnes trop d'importance à tout ça. Je ne vais pas me mettre à t'aduler si c'est ce que tu crains.

Harry eut un sourire à travers des larmes qui avaient commencé à couler sur ses joues.
— J'ai peur de te perdre. À chaque instant.

Severus secoua la tête avec un rictus amusé.
— Idiot. Je suis bien trop faible pour te repousser, maintenant que tu t'es glissé dans ma vie et dans mon cœur.
Harry hésita un bref instant, avant de murmurer, en le fixant droit dans les yeux.
— Je t'aime Severus.

La gorge nouée, Severus se contenta de le serrer contre lui, passant la main dans ses cheveux avec tendresse, incapable de ne pas le toucher, sans avoir besoin de mots pour lui faire comprendre que c'était réciproque. Malgré les obstacles.