AFFRONTER SES PEURS…

Fiction longue sur « Sherlock »

Disclaimer : seul le scénario est à moi.

Genre : horreur / angoisse

Rating : M

Pairing : Sherlolly ( Sherlock Holmes / Molly Hooper ) , Johnlock ( John Watson / Sherlock Holmes ) , Greg Lestrade / Molly Hooper.

Résumé : Lorsque Sherlock se réveille seul dans une forêt lugubre, il réalise bientôt qu'il va devoir affronter ce qui pourrait bien être sa plus grande peur : la peur elle-même. De leur côté, John et Lestrade sont loin de se douter de ce qu'ils vont bientôt devoir affronter pour sauver Sherlock, mais aussi Molly…

Revisite de l'épisode deux de la saison deux.

Quelque chose sembla le réveiller.

Ses yeux papillonnèrent et il se releva brutalement en position assise, son corps entier comme en alerte, prêt à affronter quelque chose. Son regard bleu gris s'ouvrit sur des pupilles dilatées et il se sentit envahi par une sensation qui le terrifiait.

La peur. L'effroi, même. C'était ça qui l'avait réveillé brutalement, mais il n'était pourtant pas homme à être si facilement impressionnable d'ordinaire. Ressentir un tel flot de peur incontrôlable était tout bonnement effrayant pour son esprit de sociopathe.

Il mit quelques instant à réaliser qu'il n'avait pas fait de cauchemar. Son étrange ressenti ne venait pas de ça. À vrai dire, il ne savait même pas pourquoi il avait une telle réaction. Il ne pouvait être sûr que d'une chose, il avait peur, au point d'avoir les mains qui tremblent et le souffle court. Mais il ne savait pas pourquoi.

Complètement perdu, il cligna des yeux et tenta de reprendre le contrôle de son corps. Il n'avait pas l'habitude de se voir dans un tel état, le contrôle de ses émotions était si capital pour lui qu'il était simplement effrayé d'avoir si peur. Il tenta de calmer sa respiration alors qu'il sentait des gouttes de sueur couler dans son cou.

Il faisait nuit. Une nuit noire, pleine. Il faisait froid, aussi. Il n'était pas chez lui. Il réalisa soudainement qu'il était à l'extérieur, le vent giflant son visage et une étrange sensation l'envahit.

Il ne savait pas du tout où il était. Mais ceci n'était pas normal. Confus, il tenta d'ignorer les battements frénétiques de son cœur et de reprendre le contrôle. Que lui arrivait-il ?

En se concentrant sur ses sens, comme il savait si bien le faire, il constata qu'il portait sur lui son long Bellstaff, et son habit de ville, mais pas son écharpe ni ses gants. Autour de lui, des bruits étranges se faisaient entendre, ressemblant à ceux d'une forêt en pleine nuit. Des oiseaux nocturnes, des bruits de branchages, le bruit du vent. Une légère pluie froide qui tombait sur lui.

Par réflexe, il plongea la main dans la poche intérieure de son Bellstaff pour chercher son Blackberry. Mais l'appareil était éteint, la batterie vide. Incrédule, il se demanda depuis combien de temps il était là, lui qui ne sortait jamais sans son portable chargé.

Malgré la pénombre absolue, il tenta de se lever et une vive douleur aux jambes et au ventre l'arrêta dans son élan, lui arrachant un gémissement involontaire alors qu'il sentait en lui cette horrible sensation de peur qui, au lieu de le quitter, ne faisait qu'augmenter.

Il réalisa que son corps entier tremblait sous la terreur, et qu'il lui était impossible de se souvenir de ce qu'il faisait là. La dernière chose dont il se rappelait était d'être parti sur une enquête avec John. Ensuite, tout devenait noir. Et pourtant, il avait l'impression qu'il savait ce qui lui était arrivé et que tout son corps désormais trahissait son effroi.

« Ridicule. Stupide, stupide. »

Se fustigea t'il, ne comprenant pas comment il pouvait être dans un état pareil. C'était une humiliation pour lui qui contrôlait si bien toutes ses émotions d'ordinaire. Il fallait absolument qu'il se reprenne !

Cette fois un peu plus prudent, il se releva avec plus de lenteur, ignorant la douleur de son corps , avant de trouver contre sa main, dans des feuillages, un objet qui semblait être sa lampe torche. Il s'empressa de l'allumer, se mettant debout, constatant qu'il était bien dans un bois, de nuit, et visiblement, seul. Un épais brouillard tout autour de lui rendait l'air ambiant humide et glacial, bien que le tissu chaud de son lourd manteau empêchait plus ou moins le froid de venir le mordre.

Désormais qu'il savait où il était, il estima qu'il devait être environ une heure du matin. Sa montre était cassée, arrêtée elle sur vingt heures. Cela faisait-il donc si longtemps qu'il était là ? Il n'avait aucun souvenir de la journée en cours. Forcer sa mémoire ne servait à rien, aucune information ne lui revenait. Il se sentait chancelant, comme dans un brouillard qui serait non seulement autour de lui mais aussi en lui.

Il se demanda soudainement s'il n'était pas drogué. Il ne souvenait pas d'avoir repris de la drogue ces derniers temps, et quand bien même il l'aurait fait, pourquoi serait-il allé dans les bois en pleine nuit ? Il devrait être chez lui, ou quelque part dans une rue de Londres. Pas ici.

Il n'arrivait pas à réfléchir. Il ne savait plus penser correctement. Il tremblait et une terreur sourde était en lui, et il était incapable de la maîtriser. Et ça, c'était la pire chose qui soit pour lui.

Il pensa soudainement à John.

S'il lui était arrivé quelque chose, s'il avait disparu, John viendrait le chercher. John viendrait toujours le chercher.

Un peu apaisé à cette idée, il décida de faire quelques pas autour de lui, essayant toujours d'ignorer et la peur, et la douleur dans ses membres engourdis.

Son œil d'aigle, malgré son état presque second, détecta bientôt sur le sol un objet brillant. Un bijou.

Alors qu'il le ramassait, c'était comme si tout à coup, des éclairs de souvenirs lui apparaissaient. Des images se superposaient dans son esprit et un énorme bruit se fit entendre à travers le brouillard. Un son sinistre qui ne ressemblait à rien de connu.

C'était comme si tout son sang se glaçait d'un seul coup. Lâchant le bijou qui tombait au sol, il ne put retenir son corps de se tendre violemment et une peur irrationnelle vint le frapper comme jamais auparavant dans sa vie. Croyant devenir fou, il tenta avec sa lampe torche de connaitre l'origine du bruit. Il entendait, mais il ne voyait rien. Juste cet épais brouillard, partout, qui l'empêchait de distinguer quoi que ce soit.

Dans un ultime effort pour reprendre le contrôle, il tenta d'appeler la personne à qui appartenait le bijou trouvé un peu auparavant.

« Molly ? … Molly, vous êtes là ? »

Son esprit rationnel tentait de prendre le dessus. Ce dont il se rappelait ne pouvait pas être réel. Ça ne pouvait de toute façon pas être vrai.

Personne ne lui répondit. Juste le hurlement du vent dans les arbres. La forêt lugubre se refermait sur lui comme un étau. Sa vue se brouillait et il se sentit chanceler et chuter de nouveau au sol, ne maitrisant plus ses tremblements incontrôlables. Il lâcha sa lampe qui roula à quelques mètres de lui, et attrapa sa tête dans ses mains, presque fou.

« Non, ça suffit ! Ça suffit, je sais que c'est faux, je sais que ça n'existe pas, tout ce que je vois n'est pas vrai… C'est faux… Je suis drogué, j'ai des hallucinations… Ce n'est pas réel… »

Pourtant, le bijou laissé sur le sol était bien réel. Il sentit comme un vertige l'envahir alors qu'il se souvenait de ce qui était arrivé à Molly Hooper juste avant qu'il ne s'écroule ici. Et c'était si horrible qu'il en avait l'estomac retourné. Il avait beau être un sociopathe de haut niveau et ne se soucier de personne ( ou presque ), il avait beau avoir vu des dizaines de choses horribles dans sa vie de détective, ce qu'il avait vu là dépassait l'entendement. C'était juste impossible. Il devait rêver, être fou. Il n'y avait pas d'autre explication.

Il n'avait jamais eu vraiment peur dans sa vie. Mais là, il n'avait pas peur. Il était simplement terrifié, malade sous la terreur, malade de ce qu'il avait, ou croyait avoir vu. Son esprit génial et si rationnel, si rapide, si vif, ne pensait plus, ne fonctionnait plus, il n'avait plus le contrôle, hanté par des souvenirs qui ne pouvaient être vrais. C'était pire que tout ce qu'il n'avait jamais connu dans sa vie.

Fermant les yeux, il essaya de se plonger dans son palais mental pour comprendre ce qui était en train de lui arriver. Mais même ça, il n'y arrivait pas. Et c'était effrayant.

« John… J'ai besoin d'aide… John… »

Murmura t'il à lui-même, comme si son ami pouvait l'entendre où qu'il soit.

Seul un grognement fantomatique lui répondit et il sentit comme la forêt se refermer définitivement sur lui, sombrant dans l'inconscience alors que le silence revenait.