Hello!

Merci à tous ceux qui commentent et lisent cette fic

Nous arrivons à un chapitre difficile qui n'est pas pour les âmes sensibles. Il est question de manipulation mentale et psychologique sous drogues administrées de force, ce qui explique pourquoi cette fic est classée M. Ce sera le cas dans plusieurs autres chapitres.

Nous retrouvons donc Sherlock et Molly pour le premier jour de captivité!

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Chapitre trois

« Manipulation »

« S'il vous plaît, arrêtez ça ! Ne faîtes pas ça… Laissez-le tranquille, je vous en prie ! »

Avait hurlé Molly.

Elle ne savait pas que John et Greg étaient si proches, et qu'ils étaient juste repartis car ils n'avaient rien entendu. Le savoir, dans la situation actuelle, aurait peut-être été encore plus décourageant.

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La journée avait été des plus éprouvantes, et elle n'avait absolument aucune idée de comment se sortir de là, ni de comment aider Sherlock contre la folie de leurs ravisseurs. Car pour l'instant, c'était lui qui avait subi le plus de choses difficiles, elle en était parfaitement consciente. Elle avait peur, elle avait faim, soif et froid, mais la chose la plus difficile pour elle, c'était ce qui était infligé à son compagnon d'infortune.

Lorsque celui-ci avait réussi à la libérer de ses liens après avoir reprit conscience au petit matin, ils s'étaient dissimulés pour ne pas être vus tout de suite lorsque les ravisseurs ouvriraient la porte.

Malheureusement pour eux, ça s'était très mal passé. Comme s'ils avaient déjà prévus ce que ferait Sherlock, en ouvrant la porte, l'homme au masque noir et un autre habillé exactement de la même façon mais plus petit et trapu, s'étaient rués dans la pièce et avaient empoigné Sherlock avant qu'il n'ait eu le temps d'observer leur réaction. Ils savaient visiblement parfaitement qu'il était éveillé et prêt à bondir sur eux, et ils ne lui en avaient pas laissé le temps. Le plus grands des ravisseurs avait littéralement soulevé le détective et l'avait empoigné par la gorge, le plaquant violemment contre le mur sans le laisser respirer, alors que l'autre homme s'était précipité pour maintenir fermement Molly. La jeune femme avait hurlé en voyant Sherlock être à moitié étranglé, essayant de se défendre mais incapable de bouger.

La scène avait été totalement effrayante. La pièce était de nouveau baignée de cette lumière rouge insupportable, mais surtout, ce qui traumatisa particulièrement Molly, c'était que l'homme qui retenait Sherlock semblait avoir une force presque surhumaine, il soulevait et maintenait le détective d'une main sur sa gorge comme s'il n'était rien qu'un pantin, et Sherlock ne pouvait rien y faire. Pendant un instant, Molly crût qu'il allait le tuer sans autre forme de procès, jusqu'à ce qu'un Sherlock à bout de souffle soit rejeté violemment au sol.

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Molly frémit violemment en repensant à ces événements. Elle avait tellement cru voir l'homme qu'elle aimait secrètement, mourir sous ses yeux, qu'elle ne parvenait plus à s'enlever cette image de la tête. La voix pour une fois presque douce de Sherlock la sortit de ses pensées sombres.

« Je vais bien, Molly… Ça va, on va bien… Ça va aller » rajouta t'il après un temps d'hésitation.

Molly leva les yeux vers lui, surprise. Il ne s'était jamais montré si compatissant jusqu'à aujourd'hui. Depuis quelques heures, il semblait ne plus avoir autant de dédain ou d'arrogance quand il parlait, il semblait même… Effrayé. Effrayé mais presque doux, comme s'il voulait la rassurer malgré ce qu'il venait de vivre. Cet effort d'humanité touchait Molly au plus profond de son cœur. En fait, ce qui s'était passé dans la journée avait l'air d'avoir réellement chamboulé Sherlock, et Molly ne savait pas comment l'aider.

Elle s'approcha doucement de lui pour prendre son pouls.

« Comment supportez-vous la nouvelle dose cette fois-ci ? »

« Je peux gérer ça… Ça passera dans quelques heures… Tout va bien Molly, je vous assure… »

En fait, il était pâle et tremblait, mais il ne faisait aucun doute qu'il luttait de toutes ses forces pour ne rien laisser paraître de ce qu'il ressentait réellement.

Sherlock se sentait partir. Il savait qu'il ne fallait pas s'endormir, qu'il ne fallait pas laisser Molly seule, mais c'était si dur de résister. La drogue dans son système était plus forte que lui, par moment, et il se haïssait pour ça. Il était hors de question qu'il se laisse contrôler de la sorte par ces fous, surtout après ce qui s'était passé aujourd'hui.

En fermant les yeux, toutes les images de la journée lui revinrent en mémoire pour le torturer.

Il n'avait plus d'air, la poigne de l'homme était étrangement puissante, ce n'était pas normal. Ses pensées lui échappaient alors qu'il essayait désespérément de se débattre, de trouver de l'air, et jamais respirer ne lui avait paru aussi peu ennuyeux qu'à cet instant. Puis il s'était retrouvé au sol, violemment, avec cette impression de n'être plus qu'un pantin désarticulé. Il avait pris tout l'air qu'il pouvait dans ses poumons, à moitié aveuglé par la lumière rouge implacable. Et de nouveau, il était retenu par des bras puissants qui le maintenait au sol, et c'est à cet instant qu'il entendit Molly crier et qu'il réalisa qu'un troisième homme, lui aussi en tenue noire avec ce masque effrayant, s'approchait de lui avec une seringue. Un autre, qu'il n'avait pas vu arriver non plus, ouvrait sa chemise au poignet pour relever sa manche en lui disant d'une voix robotique et grave :

« Ça ne devrait pas t'effrayer beaucoup, pour un ancien toxicomane… »

Sherlock tenta de reprendre son calme. Il fallait qu'il analyse, vite. Ces gens le connaissaient bien, apparemment. Peu de gens connaissaient les travers de son passé en dehors de ses proches et de la police.

« Héroïne ? » Tenta t'il, voulant savoir ce qu'on allait lui injecter.

« Trop facile » répondit l'homme violemment. « Contente toi de rester tranquille »

Molly était effrayée. Il n'y avait aucun moyen de savoir si ce qu'ils étaient en train de lui faire était dangereux, fatal, ou si c'était juste pour le tenir tranquille.

Sherlock se sentit partir. Au départ, il parvenait à lutter, mais le produit était rapide et il ne lui fallut même pas une minute pour sombrer dans une quasi inconscience dans laquelle il lui sembla que toutes ses pensées étaient ralenties, lui d'ordinaire si vif et à l'esprit si rapide. C'était comme si tout les rouages de son esprit étaient dans un film au ralenti, et c'était terrifiant pour lui. De toutes les drogues qu'il avait pu tester, jamais il n'avait ressenti cet effet là si vite et si fort. Malgré tout, il parvenait encore à réfléchir, sans doute que son cerveau particulier était capable de résister à de fortes doses de stupéfiants avant de complètement se mettre en pause.

Il tenta de répertorier mentalement toutes les drogues ou mélanges de substances qui pouvaient lui causer ces effets. Mais il ne parvenait pas à savoir de laquelle il s'agissait.

Il s'aperçut vaguement d'être traîné à l'extérieur et eut l'impression d'entendre Molly crier aux hommes de ne pas l'emmener, avant de sombrer dans l'inconscience.

Il s'était réveillé sans savoir combien de temps il était resté inconscient, dans une pièce sombre qui ressemblait à une sorte de laboratoire souterrain. La seule issue était gardée par trois des hommes masqués lourdement armés. Il cligna des yeux en essayant de se concentrer, il était juste allongé sur le sol, sans aucune menotte ni lien, libre de ses mouvements, un des ravisseurs face à lui.

Il tenta de se relever précipitamment, mais retomba au sol, trop faible pour vraiment bouger.

« C'est pour ça, pas besoin de liens, c'est la drogue qui m'empêche de bouger… » se dit il à lui-même.

Cette situation ne lui plaisait pas du tout. Il avait l'impression qu'on lui avait ôté tout ce dont il se servait d'ordinaire, sa forme physique autant que sa rapidité d'esprit. Réfléchir était presque douloureux pour lui, et il savait très bien que ça le rendait vulnérable. Sans la brillance de son esprit, il ne savait pas comment se défendre. Et pire que tout, dans cet état où sa réflexion était annihilée en partie, il commença à sentir que ses émotions prenaient le dessus. Il ressentait la peur, mais il n'arrivait pas à la dominer. Elle s' insinuait en lui lentement, et il ne savait plus avoir la maitrise parfaite comme il le faisait toujours. Il n'était plus en contrôle, tout simplement.

« Ce n'est qu'une drogue, je n'ai pas peur, je suis juste défoncé, je n'ai pas peur… Je vais bien… Mon esprit va s'habituer et je vais réfléchir comme d'habitude, concentre toi…. Concentre toi… » se répéta t'il intérieurement, alors que son corps le trahissait par de légers tremblements.

Et c'est à cet instant qu'il entendit des hurlements. Des hurlements comme il n'aurait jamais voulu en entendre. C'était la voix de Molly, et elle hurlait de souffrance, il en était sûr. Elle criait et suppliait et Sherlock sentit d'un seul coup quelque chose se briser en lui.

Il n'avait jamais été méchant, malgré tout ce qu'on pouvait penser de lui, il n'aimait pas voir les gens souffrir et encore moins ses amis. Sherlock était un homme loyal au-delà de sa sociopathie auto proclamée, il était capable de tout pour protéger les gens qui comptaient.

Et Molly comptait. Dans cet état second, ce n'était plus sa froideur et sa logique qui avaient le dessus mais ses émotions, et entendre la jeune femme hurler ainsi de détresse pure semblait briser son cœur qu'il croyait inexistant. Pris d'une peur panique, il parvint à se relever et fixa avec rage son ravisseur.

« Qu'est-ce que vous lui faites ? Arrêtez ça tout de suite, arrêtez ça MAINTENANT ! » Hurla t'il, pris d'une rage sauvage qu'il avait toutes les peines du monde à contenir. Son esprit lui disait désespérément de reprendre le contrôle, vite, de réagir, d'aider Molly, de trouver quelque chose à dire, à faire, une déduction, n'importe quoi, mais il ne pouvait pas. Les hurlements continuaient et l'homme face à lui resta impassible.

« Pas si sociopathe que ça, Monsieur Holmes ? Vous semblez bien affecté pour une pauvre petite légiste maltraitée… »

Sherlock tenta avec désespoir de ne pas réagir avec excès ni de montrer ses émotions à ce fou qui lui parlait ainsi, mais il avait vraiment du mal à se contrôler. La drogue y était évidemment pour quelque chose, il était nerveux, ses émotions exacerbées , ses réflexions ralenties. Il n'était tout simplement pas dans son état normal et entendre les cris de Molly l'empêchaient de réfléchir. Ne voulant pas donner raison à son ravisseur, il se força au calme et se rassit sur le sol avec pour intention de se plonger dans son palais mental. C'était la seule solution pour qu'il parvienne à réfléchir, à trouver une solution et surtout à dominer enfin de nouveau ses pensées et ses émotions.

Il lui fallut toute son énergie et sa force mentale pour y parvenir. Se concentrer était une souffrance, son cerveau refusait de coopérer et son cœur battait à tout rompre.

« Penser à quelque chose d'apaisant. Respirer lentement. Se concentrer sur quelque chose. »

Ce fût l'image de John qui s'imposa naturellement à son esprit. John savait toujours quoi faire pour l'apaiser, John était toujours là quoi qu'il arrive. Si une personne pouvait apparaître dans son palais mental aujourd'hui pour l'aider, c'était bien lui.

« Concentres toi Sherlock, écoutes ce qui passe. Regardes les armes des gardes à l'entrée. C'est quoi à ton avis ?

-Armes de militaires. Des armes ayant déjà servies, régulièrement utilisées, mais datant de quelques années. »

- C'est ça Sherlock… Continues… Regardes la posture de ces hommes, d'anciens militaires. On est dans un labo souterrain, c'est ce que tu as dit Sherlock… Un labo souterrain, des militaires… Ça ne te dit rien ?

- Ancienne zone militaire désaffectée… On est dans la zone de Baskerville… Baskerville est toujours en fonction, mais pas les plus anciens bâtiments, ils ont été remplacés par d'autres plus au nord… On est là… Ces gens sont des anciens militaires ayant travaillés sur le site top secret…

- Tu vois que tu peux y arriver Sherlock... Tu es brillant… Regardes l'homme en face de toi, celui qui a l'air de tout diriger… Il y a quelque chose de diffèrent avec lui, tu l'as vu, tu le sais, regardes mieux… »

Malgré toute sa concentration, réfléchir ainsi et discuter avec le John de son palais mental était de plus en plus difficile pour Sherlock qui sentait son cerveau engourdi par la drogue. Un hurlement plus fort de la part de Molly acheva de le sortir brutalement de son esprit, haletant et luttant contre la panique.

« Vous avez peur, Monsieur Holmes ? Ou bien vous vous inquiétez pour cette femme ? Votre réputation tomberait en lambeaux si les gens savaient ça… » se moqua l'homme qui n'avait cessé de le regarder.

Sans rien ajouter, ce dernier partit de la pièce, faisant signe à ses hommes de partir aussi. Une lourde porte blindée se referma derrière eux, laissant Sherlock seul dans cette pièce vide alors que la lumière rouge revenait, puissante et l'obligeant à fermer les yeux. Bientôt, des hurlements se firent entendre, mais cette fois-ci, ils n'avaient plus rien d'humain. C'était de longs sons aigus et sauvages, qui ressemblaient à des hurlements de loup terrifiants.

Et parfois, il entendait encore la voix de Molly.

Sherlock perdit la notion du temps. Cela faisait des heures que ça durait et il n'en pouvait plus. Il avait essayé de retourner dans son palais mental, mais il n'y arrivait plus, son esprit paralysé. Les hurlements, la lumière, devenaient insupportables pour lui, il savait qu'il deviendrait fou si il ne parvenait pas à se réfugier dans son palais de l'esprit, il avait bien compris qu'il ne pouvait strictement rien faire ici et il commençait à se sentir fou, c'était l'une des pires choses qu'il ait pu vivre et sa faiblesse le rendait vulnérable.

Et puis, il avait beau tout tenter pour faire abstraction de ce qu'il ressentait, il se sentait brisé d'être incapable de sauver Molly. Il aurait préféré prendre sa place plutôt que de l'entendre souffrir sans rien pouvoir faire, c'était devenu une véritable torture mentale pour le détective qui, comme le lui avait dit son ravisseur, ne se sentait plus aussi sociopathe qu'il aurait bien voulu.

« John… S'il te plaît John aides moi… »

Murmura t'il avant de se recroqueviller dans le coin le plus éloigné de la pièce, plaçant ses mains sur ses oreilles, incapable de supporter davantage ces sons, ces émotions qui l'assaillaient sans possibilité de les refouler comme d'habitude. Il tremblait et un gémissement de détresse lui échappa, le frustrant encore plus, se voir lui-même dans cet état émotionnel était insupportable. Il ne savait pas gérer ça.

« Magnifique… le soi-disant plus grand génie d'Angleterre qui se comporte comme un petit garçon effrayé, tu es pathétique, mon frère… »

Il était revenu dans son palais mental, mais cette fois c'était pour voir un Mycroft ironique devant lui.

« Je ne suis pas effrayé, la drogue a annihilé mes mécanismes de réflexion, mon corps réagit sous l'impulsion des émotions primaires, c'est une réaction physiologique normale à une substance puissante et à des stimulis extérieurs invasifs…

- Comme tu es poétique, petit frère… Tu sais comme moi que tu as toujours été un petit garçon émotif, tellement pitoyable, comme Maman serait déçue de toi, encore… Un petit hurlement de chien et une stupide lumière rouge, quelques grammes de drogues et voilà… Le pauvre Sherlock est terrifié…

- Arrêtes ! Arrêtes ça !

- Tu veux vraiment que j'arrête ? Tu as besoin de moi pour sortir de là… Tu n'as rien compris, tu es si stupide… Par exemple, ton ravisseur, tu n'as rien déduit sur lui, c'est pourtant évident…

John arriva à cet instant dans le palais de Sherlock.

« Sherlock, n'écoutes pas ton frère, il y a quelque chose de plus important… Écoutes les cris de Molly… Écoutes Sherlock, il y a quelque chose d'anormal, tu sais ce que c'est, écoutes… »

- Sherlock, ne te laisses pas distraire par les cris de détresse, ça n'a aucune valeur, tu ne peux rien y faire de toutes façons, continue à réfléchir sur ce qui compte vraiment : les hommes qui te retiennent ! Le plus grand des ravisseurs, tu as vu comme il tient son arme ? Un amateur comparé aux autres et pourtant c'est lui le chef…

- SHERLOCK ! Ce qui compte c'est Molly, tu ne peux pas rester là sans rien faire, écoutes bon sang, écoutes ses cris ! Ca ne va pas Sherlock, écoutes… Concentres toi… »

Sherlock n'en pouvait plus. Tout ça ne le menait nulle part.

« Prendre soin n'est pas un avantage, Sherlock… Qui est donc ce mystérieux ravisseur s'il n'est pas un militaire ? Tu ne sais vraiment pas ? On est dans un labo… C'est tellement évident…. »

« Un scientifique ! Un chercheur ! » s'exclama Sherlock d'un seul coup. C'est un ancien chercheur de la base militaire… Il… ils sont en train de tester des drogues sur moi ! »

« Fais attention à toi Sherlock, répondit John, il te veulent comme cobaye, ils ne t'ont pas choisi pour rien… Tu es un curieux personnage pour la science, ça ne m'étonne pas, ils veulent examiner tes réactions… »

- Tu vois mon frère je te l'avais dit, ne jamais te laisser dominer par tes émotions, regardes ce qu'ils t'ont fait…. » se moqua Mycroft.

Sherlock sortit de son palais mental dans un sursaut. Il avait compris.

Mal à l'aise, il réalisa avec horreur que cela faisait des heures qu'il se faisait manipuler par des sons enregistrés lorsque Molly avait crié un peu auparavant en le voyant être étouffé, et que ces mêmes sons avaient été modifiés à l'envie et diffusés par haut-parleur. La drogue avait fait le reste, il avait été incapable de différencier la réalité de la fiction, parce que le produit avait exacerbé à l'excès ses émotions et annihilé ses réflexions et sa logique.

Désormais que les effets s'estompaient un peu, il avait compris. Il se sentait humilié comme jamais il ne l'avait été, ses ravisseurs venaient juste de le battre sur son propre terrain. Il se jura de ne plus se laisser humilier ainsi, persuadé que désormais qu'il savait, il ne pourrait plus tomber dans ce piège stupide…

Un moment plus tard, lorsqu'il fut ramené dans la pièce où il y avait Molly, il était encore un peu tremblant et pâle à son grand désespoir. Molly allait bien, et elle leva un regard empli d'angoisse vers lui, se demandant ce qu'il avait vécu pendant ces longues heures. Elle semblait effrayée pour lui mais infiniment soulagée de le revoir vivant, sans doute avait-elle pensé qu'il ne reviendrait jamais… Sherlock repensa à ce qu'il avait cru entendre, et à l'émotion qu'il avait ressenti. Il baissa les yeux de honte un court instant et les hommes éclatèrent de rire.

« Miss Hooper, si tu savais le mauvais tour qu'on a joué à ton petit détective ! Pas si intelligent que ça, d'ailleurs… »

Et à la grande horreur de Sherlock, ils s'empressèrent de tout raconter à Molly qui semblait surprise et il avait juste envie de se réfugier dans son palais mental éternellement. C'était d'une telle humiliation pour lui qu'il ne répondait plus rien et s'était juste assis les yeux fermés en attendant que tout cela cesse.

Il rouvrit les yeux avec terreur en sentant que de nouveau on lui attrapait le bras pour lui réinjecter une dose de ce qui semblait être la même substance. Il ne voulait pas recommencer ce cauchemar, cette drogue l'empêchait de réfléchir et lui faisait faire n'importe quoi.

« Je ne suis pas un rat de laboratoire… »

Articula t'il bien plus faiblement qu'il l'aurait voulu, la dose visiblement plus forte que la première fois l'emmenant quasi immédiatement dans l'inconscience.

Il se réveilla bien plus tard, la sensation de mains douces sur son front. Il tenta de se relever brutalement mais Molly , car c'était bien elle, le retint fermement.

« Ne bougez pas Sherlock, reposez vous, tout va bien ils ne sont pas là… Il n'y a que moi… »

Les yeux mi-clos, il observa la jeune femme qui se tenait près de lui et qui visiblement essayait de veiller sur lui depuis un long moment. Une nouvelle bougie éclairait la pièce.

Un instant, il se demanda si c'était réel. Refermant les yeux, il réalisa qu'il avait du mal à distinguer le vrai du faux, son cerveau était si confus, tellement plus que la première fois. Et de nouveau, ce sentiment de peur qui l'envahissait, lentement, cette peur primaire qu'il ne maîtrisait plus et qui lui faisait si peur.

« Molly… Est-ce que vous avez entendu des chiens ? Des loups ? »

Murmura t'il.

« Des loups ? » Répéta t'elle, confuse. Je… Je n'ai rien entendu, Sherlock… Peut-être que vous avez des hallucinations à cause des drogues… »

Il respira longuement, rouvrit les yeux et saisit soudainement la main de Molly dans la sienne.

Celle-ci ne pût cacher sa surprise, écarquillant les yeux et frissonnant d'un coup sous la soudaineté inattendu de ce geste, mais aussi parce que c'était complètement improbable et la pauvre Molly sembla si déstabilisée qu'il lâcha sa main aussitôt.

« Vous n'êtes pas une hallucination… »

Molly déglutit, désespérée de comprendre que Sherlock avait peur de confondre la réalité et les images de manipulation mentale qu'on lui avait infligé, ce qui l'avait poussé à chercher le contact physique si rare chez lui.

« Je suis désolée Sherlock… Je sais que c'est compliqué avec la drogue, mais je sais aussi que vous pouvez surmonter ça, votre esprit est largement supérieur à bien des gens, il doit exister des moyens de vous protéger, sur un cerveau comme le vôtre… »

Molly était sincère. Elle avait foi en lui, et Sherlock, au-delà de son état de confusion, pouvait clairement le ressentir. Et étrangement, cette sensation lui faisait du bien. Il avait besoin de sentir que quelqu'un croyait suffisamment en lui et en sa capacité de résister à ce qu'on lui infligeait. Il se sentit presque rassuré, soulagé que Molly ne lui tienne pas rigueur de sa stupidité un peu plus tôt, il s'était senti si humilié dans son intelligence, tellement blessé dans son égo aussi… Alors la confiance de Molly était bénéfique pour lui. Bien sûr, il n'avouerait certainement pas cette faiblesse.

Pourtant, peu à peu les effets pervers de la drogue sur son intellect se firent sentir. De nouveau, il sentait qu'il ne savait plus réfléchir correctement, que ça lui demandait beaucoup d'efforts, et que ses émotions prenaient insidieusement le dessus. Il était urgent qu'il se réfugie au plus vite dans son palais de l'esprit, avant qu'il n'en ait plus la force. C'était difficile car son corps subissait les effets violemment, le secouant de tremblements et de frissons qu'il n'arrivait pas à contrôler. Décidant que ce n'était rien de plus que quelques sensations bien trop terrestres pour lui, il s'enfonça plus profondément dans son esprit, là où de nouveau, John l'attendait.

Il se sentait mieux dès qu'il le voyait. C'était étrange, cette sensation que le John imaginaire qu'il voyait était le seul à parvenir à calmer quelques instants son esprit en proie à une lutte féroce contre les effets si terrifiants de cette drogue qu'on lui soumettait.

Un long moment, il resta comme ça, réfléchissant, examinant la situation, essayant de rassembler tout les éléments qu'il pouvait pour comprendre exactement ce qui arrivait. Il se replongea dans les souvenirs de son enlèvement, les revoyant au ralenti pour capter le moindre détail.

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Il était en colère contre John, contre Lestrade, contre Mycroft. Il voulait juste qu'on le laisse tranquille. Il était monté à sa chambre d'hôtel pour réfléchir à son enquête, puis, énervé de ne pas comprendre, il était descendu sur le parking de l'hôtel pour fumer une cigarette. John l'aurait disputé s'il avait vu ça, mais John était au restaurant avec Lestrade et Sherlock était trop énervé et ennuyé pour se refuser cette pause cigarette.

Alors qu'il fermait les yeux pour souffler la fumée lentement, essayant de se détendre, il avait entendu des gens arriver. Mais il n'y avait pas prêté attention, il n'y avait rien d'étonnant à ce que des clients dans un hôtel arrivent à vingt heures. Il avait été idiot. Cette seconde d'inattention lui avait valu d'être tout à coup vulnérable. Il avait senti une piqûre dans sa nuque, et il s'était retourné brusquement, les sens en alerte en réalisant que quelque chose d'anormal se produisait. Il y avait quatre hommes devant lui, encagoulés et vêtus de noir. Tout était allé très vite, il avait essayé de repousser brusquement ses assaillants, prêt à se battre sans hésiter s'il le fallait, mais il n'en avait plus les capacités physiques, sa vue était floue, son corps déjà s'affaissait pour tomber directement dans les bras des agresseurs. Il avait essayé, sans trop savoir pourquoi, d'appeler John à l'aide, instinctivement, mais le prénom de son ami était resté sur ses lèvres, inaudible.

Puis il avait laissé tomber sa cigarette avec l'espoir de donner à John un indice pour lui dire ce qui était arrivé, et il avait vu une fourgonnette noire, mais sa vue était trop trouble pour voir la plaque, ni aucun autre élément utile.

Il était resté dans une semi inconscience insupportable, des heures attaché dans ce fourgon. Avant d'être jeté violemment dans ce souterrain et d'y retrouver Molly.

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Du fond de son palais de l'esprit, il essaya désespérément de trouver dans ses souvenirs des indices, des indications. Il s'embrouillait, encore et encore, son palais devenait sombre, instable alors qu'il était impitoyablement ramené à des pensées inutiles et des questions stupides, comme de savoir ce que John était en train de faire pour le retrouver, et si seulement John était en train de le faire ou s'il était trop en colère contre lui pour venir le chercher. Jamais il n'avait été si incapable de réfléchir et aussi stupidement dominé par des émotions ridicules. Il se sentait comme ébranlé par les mots durs de John envers lui, que ce soit ceux de leur dispute ou bien ceux du John de son esprit, qui tout deux le traitaient de fou et d'arrogant prétentieux et insupportable. Et plus il entendait ces mots plus il sentait tout trembler autour de lui, de plus en plus incapable de réfléchir.

À un moment, la sensation devint si insupportable qu'il s'enfuit en courant de son palais, voulant juste revenir dans la réalité pour analyser la situation en pleine conscience, et revenir quand son esprit aurait cessé de s'emballer comme ça.

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Lorsqu'il ouvrit les yeux, Molly était juste là, l'observant avec inquiétude.

« Oh Sherlock… Je n'arrivais plus à vous réveiller… Vous étiez tellement agité, vous… Vous n'avez pas arrêté d'appeler John… » termina t'elle avec une pointe de douleur dans sa voix.

Sherlock resta sans répondre, dérangé par ce qu'elle venait de dire. Comme s'il n'était pas déjà assez pathétique comme ça…

Il se rendit vite compte que revenir dans la réalité n'était guère mieux. Il était incapable de réfléchir, de penser, il se sentait mal, il frissonnait et ne contrôlait pas ses tremblements. Ses sentiments non plus, et il n'arrivait plus à penser à autre chose qu'au besoin de voir John, de le sentir à côté de lui, d'entendre sa voix lui dire avec ce calme de médecin militaire qu'il avait toujours, que tout allait bien. C'était la seule chose dont il avait besoin en ce moment, et c'était vraiment plus fort que lui, il avait besoin de savoir que John ne lui en voulait plus, qu'il allait venir à son secours et que tout serait comme avant.

Il se sentait ridicule. Ce n'était pas la première fois qu'ils se disputaient et John était toujours revenu, il n'y avait aucune raison pour que ce soit différent cette fois-ci… Sherlock ne savait pas d'où lui venait cette peur sourde au fond de lui. La drogue le rendait vulnérable à ses émotions, mais cela signifiait aussi qu'il s'agissait de ses PROPRES émotions, peut-être un peu altérées, certes, mais ses émotions tout de même. Il en avait peur. Il ne comprenait pas ce qu'il ressentait, il avait bien trop l'habitude de tout enfouir, de tout contrôler et de passer outre ce qu'il ressentait… Cette fois-ci, il n'en était pas capable. C'était peut-être la chose la plus difficile pour lui…

Alors il s'efforça de se contrôler et de parler à Molly, qui s'inquiétait.

« J'ai pu déduire plusieurs choses lorsque j'étais enfermé là-bas… Nous sommes dans les anciens laboratoires souterrains de la zone de Baskerville, et les hommes qui nous retiennent sont des anciens militaires ayant travaillés ici, ils connaissent parfaitement les lieux… Leur chef, celui qui a commandité notre enlèvement, est un scientifique ayant aussi travaillé ici… C'est lui le point faible du groupe niveau sécurité, il ne sait pas exactement se servir d'une arme, il n'a pas d'entrainement militaire… Il faudra s'en souvenir, ça pourra nous servir… »

Molly s'assit juste à coté de lui, un peu tremblante.

« Sherlock, je suis vraiment désolée de ce qu'ils vous ont fait vivre… Je… Je ne pensais pas qu'ils se serviraient de moi de cette façon, vous faire croire des horreurs… »

Sherlock, du fond de son état si troublé et confus, réalisa soudainement qu'elle était tout à fait bouleversée. Il avait complètement négligée ce qu'elle pouvait ressentir à partir du moment où il avait su qu'elle n'avait pas été réellement torturée, il n'avait pas réalisé qu'elle n'allait pas bien pour autant…

« Molly, ne soyez pas désolée, vous n'êtes pas responsable de ce qui est arrivé… Je ne suis qu'un idiot pour avoir cru à leur piège, mais vous savez bien que vous n'êtes pas responsable »

« Sherlock, l'interrompit t'elle, la voix tremblante, en tordant ses mains sur sa veste.

Vous… Je ne comprends pas… Comment ont-ils pu réussir leur piège ? Je veux dire… Je ne compte pas, comment m'utiliser pourrait vous faire… rater une déduction ? »

Elle avait soudainement les larmes aux yeux en disant cela. Ses mots percutère

nt Sherlock si violemment qu'il se redressa, presque dégrisé. Il venait de comprendre d'où venait l'émotion de Molly. Au-delà de la peur qu'elle avait eu pour lui, elle se croyait si insignifiante qu'elle était persuadée de ne pas pouvoir servir de moyen de pression contre Sherlock…

Cette constatation fit mal au détective. Molly le prenait vraiment pour un être sans cœur, elle aussi. Comme John. Pourtant, elle était son amie, elle avait toujours compté pour lui et il avait bêtement cru qu'elle le savait.

« Molly… Vous ne comptez pas pour rien… Vous croyez que je serai capable de laisser ces gens vous atteindre sans tenter tout ce qui est possible pour vous sauver ? Je ne laisserai pas ces ordures vous faire le moindre mal… Quand j'étais dans cette pièce, tout ce que j'ai essayé de faire, à chaque moment, c'était de trouver la moindre petite déduction possible pour vous sortir de là, pour comprendre qui sont ces gens et pouvoir les battre… Entendre votre détresse m'a permis de garder mon esprit assez lucide pour faire ces déductions, je ne me suis pas demandé si c'était réel, c'est vrai… Mais c'était parce que la seule chose qui comptait, c'était de vous sortir de là. C'était ce qui comptait, et c'est ce qui m'a permis de déduire certaines choses… »

Molly le regarda intensément. Elle semblait vouloir lire en lui, elle semblait vouloir essayer de savoir s'il disait la vérité ou non. Lorsqu'elle réalisa qu'il disait vrai, elle se sentit comme s'écrouler sous la fatigue et les émotions de la journée.

Alors que Sherlock la rattrapait, les ravisseurs étaient revenus.

Ils avaient drogué Sherlock à nouveau. C'était là que Molly avait crié, mais personne ne l'avait entendu.

Et une nouvelle nuit commençait…..

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A suivre ...

Les sentiments et les émotions se révèlent petit à petit, et nos deux héros ont visiblement beaucoup à comprendre sur eux-mêmes...

Nous pourrons souffler un peu avec le prochain chapitre, qui reprendra un style plus policier et moins sombre avec la poursuite de l'enquête menée par notre trio de choc John, Greg et Mycroft ! Qui, eux aussi, vont beaucoup apprendre sur eux-mêmes et leur sentiments respectifs !

A très vite!