Coucou !

Je tiens déjà à dire que je suis tout à fait désolée d'avoir mis si longtemps à poster cette suite, il s'est passé beaucoup de choses pour moi en l'espace de peu de temps et je n'avais plus du tout de temps pour écrire! Les choses se mettant en place désormais, j'arrive à retrouver un rythme et une organisation et... Voici ENFIN le nouveau chapitre!

Je voulais aussi remercier Katymyny et tous les autres revieweurs, vos commentaires me font vraiment plaisir !

###

Nous retrouvons cette fois-ci Molly et Sherlock pour un chapitre très, très intense.

AVERTISSEMENT : chapitre très dur comprenant torture psychologique et physique, tentative d'agression, violences. Le chapitre se termine en basculant dans le style horreur, comme indiqué sur la présentation de cette histoire. ( eh oui ce n'était pas indiqué pour rien ?)

Ne vous attendez donc pas à voir de l'amélioration pour nos deux héros pour l'instant...

Important : Le chapitre se termine juste avant le début du prologue, nous allons donc savoir pourquoi Sherlock se réveille au début de l'histoire, seul et complètement terrifié dans une forêt en pleine nuit...

Chapitre cinq

« Angoisse et évasion »

Molly avait beau essayer de prendre sur elle, la situation était de plus en plus difficile.

Sherlock avait fini par replonger dans l'inconscience après avoir été drogué, et elle avait l'impression très nette qu'il commençait à voir ses résistances diminuer. À chaque fois, elle le surveillait comme la médecin qu'elle était, bien que d'habitude elle ne soignait personne. Elle avait malgré tout ses diplômes de médecine et par chance, les ravisseurs, visiblement sûrs d'eux, n'avaient plus pris la peine de l'attacher de nouveau. Elle en profitait pour veiller consciencieusement sur son compagnon d'infortune, et ainsi oublier à quel point elle avait soif, faim, à quel point elle était fatiguée. Elle n'avait quasiment plus dormi depuis son kidnapping. Il était hors de question pour elle de laisser Sherlock seul quand il était inconscient, elle ignorait avec quelle substance il était drogué ni les effets que les doses successives auraient sur lui, et elle devait pouvoir être capable de l'aider quoi qu'il arrive.

Mais cette nuit, elle s'inquiétait vraiment pour lui. Ça faisait des heures qu'il était inconscient et elle ne parvenait pas à le réveiller. Elle pouvait sans trop de mal deviner que les ravisseurs augmentaient progressivement les doses pour garder Sherlock sous contrôle, et elle trouvait ça effrayant.

Elle savait que leur disparition devait avoir été signalée depuis longtemps et que tout le monde devait les chercher, John, Greg, et bien sûr la police, probablement aussi Mycroft et ses équipes… Malgré ça, elle désespérait. Si ça continuait comme ça, elle doutait que Sherlock soit encore en état de les sortir de cette situation désastreuse.

Molly avait peur. Elle ne savait pas quoi faire, elle se sentait tellement impuissante… Inutile, et elle avait mal de ne pas pouvoir montrer à l'homme qu'elle admirait le plus, tout ce qu'elle était prête à faire pour lui.. Une larme s'échappa de ses yeux, alors qu'elle regardait pensivement Sherlock toujours tenait son poignet depuis des heures, entendre son pouls la rassurait et elle se disait que c'était le seul moyen de prévenir toute brusque accélération ou décélération induite par les substances dont il était victime. Mais au fond, elle savait qu'elle avait besoin de lui, de lui prendre la main pour se rassurer, pour le rassurer aussi, même si elle doutait vraiment qu'il en ait besoin, surtout venant d'elle. Ses sentiments n'étaient pas réciproques, elle le savait, mais elle était si effrayée, elle avait tant besoin que Sherlock ne serait-ce que ne la prenne dans ses bras… Elle ne savait pas s'ils allaient survivre ici, et au fond d'elle elle savait que si il devait lui arriver quelque chose, elle aurait voulu que ce soit lui qui soit près d'elle. Mais pas comme ça, pas alors qu'il risquait sa vie lui aussi. Et si l'inverse arrivait, elle n'était pas sûre qu'elle le supporterait. L'idée même qu'il puisse arriver quelque chose à Sherlock sous ses yeux sans qu'elle ne puisse rien faire lui faisait tellement mal…

Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas réalisé qu'il s'était lentement réveillé, jusqu'à ce qu'il serre un peu sa main.

Elle sursauta, croisant le regard bleu du détective sur elle et elle ôta timidement sa main.

Sherlock la regarda un moment avant de murmurer un « merci » qu'elle crut avoir rêvé, avant qu'il ne tente de se relever. Il était étourdi et tremblait, ayant déjà les prémices de la panique qu'il ressentait systématiquement en sortant de l'inconscience après les injections de drogues. Même s'il essayait de le cacher à Molly, elle l'avait remarqué, le produit avait sur lui un effet assez terrifiant qui rendait sa logique difficile mais qui décuplait ses émotions et surtout, qui le rendait vulnérable à la peur. Malgré tout, il luttait toujours, férocement, et elle l'admirait tellement pour ça… L'aidant à se relever, elle lui fit part de ses inquiétudes.

« Ce qu'ils vous donnent va vous rendre de plus en plus faible, Sherlock… Est-ce que vous pensez qu'il y a une chance pour nous de trouver une solution ? Dites moi la vérité Sherlock… »

Le détective s'appuya contre le mur, soufflant pour reprendre son équilibre.

« Je ne sais pas, Molly… Je vais essayer de trouver quelque chose aujourd'hui, je vous promets que je vais chercher… Et John, Lestrade… Ils doivent nous chercher, ils ne sont pas si bêtes, ils vont finir par nous retrouver… »

Molly n'était pas certaine que lui-même croyait à ce qu'il disait, mais elle nota les efforts qu'il faisait pour la rassurer, et elle le regarda avec reconnaissance. Elle savait combien il lui en coûtait, combien il luttait pour ne pas lui montrer comme il allait mal, et elle savait qu'il ne faisait pas ça juste par ego. À cause de la drogue, il avait du mal à dissimuler ses émotions, et pour la première fois elle voyait réellement ce qu'elle avait toujours ressenti en lui, son côté plus doux et plus vulnérable. Ce n'était pas très visible d'ordinaire, voire pas du tout, mais elle l'avait toujours ressenti au fond d'elle, que Sherlock n'était pas complètement le sociopathe qu'il disait être. Elle le voyait aujourd'hui, et ça la touchait tellement, elle savait qu'au-delà de l'amour qu'elle ressentait pour lui, elle avait une réelle affection et une amitié indéfectible pour cet homme, pour ce qu'il était…

« Sherlock… Est-ce que je peux faire quelque chose ? » Demanda t'elle sérieusement. Elle voulait aider, être courageuse, et elle sentait que c'était le moment.

« Je ne sais pas encore Molly, mais lorsque je trouverai comment sortir d'ici, il faudra qu'on soit coordonnés, et que vous soyez très réactive… »

Molly n'eut pas le temps de répondre. Leurs ravisseurs revenaient déjà.

#####

Sherlock avait été emmené une nouvelle fois dans le laboratoire désaffecté, comme la veille. À ceci près qu'il était conscient lorsqu'il avait été emmené ici, et il n'avait pas manqué de retenir par quel chemin il était passé, tout comme tout ce qu'il était capable de retenir sur les lieux, l'attitude des ravisseurs, qu'il parvenait désormais à différencier malgré qu'ils portent tous le même costume noir et le même masque. Il parvenait à différencier leur pas, leur attitude, leur démarche. Il n'avait pour l'instant pu entendre la voix que d'un seul, le chef, les autres se contentant de faire leur 'travail' sans broncher, en bons militaires qu'ils étaient.

Lorsqu'il entra dans la pièce, il nota un détail qui n'y était pas la veille, un chariot avec des trousses à pharmacie, et il en conclut que les ravisseurs allaient augmenter l'intensité de leurs expériences sur lui et ils avaient tout prévu au cas où les choses se passeraient mal. Au moins, il savait désormais qu'il n'était pas question de le tuer pour l'instant, mais malgré tout son courage, il sentait la peur s'insinuer de nouveau en lui, il sentait ses résistances mentales se réduire au fil des heures, en particulier sa résistance à la peur et à l'angoisse, il avait de plus en plus de mal à prendre sur lui pour contrôler ses pensées, et il avait peur, la perspective d'une nouvelle journée de cauchemar lui était difficile, et il respira profondément en se préparant mentalement à ce qui allait suivre. Son palais mental était prêt, il l'espérait, il était hors de question qu'il se fasse manipuler comme il l'avait été la veille, ça, il en était certain.

« Tu n'as pas l'air très à l'aise Holmes, qu'est-ce qui t'arrive, tu ne sais plus gérer tes émotions ? Où est donc passé l'invincible détective sociopathe ? » Ricana le chef avec dédain.

Sherlock se força à ne pas répondre, se contentant de lancer un regard de défi à son geôlier. Il ne voulait plus se faire humilier.

Mais il ne s'était pas attendu à ce qui lui avait été réservé cette fois-ci. Une nouvelle dose de drogue lui avait été imposée et lorsqu'il s'était réveillé, c'était à cause de violents coups de pied donnés par un des militaires. Puis, il avait été laissé seul dans la pièce et de nouveau, la lumière rouge implacable avait envahi la pièce, mais cette fois, elle clignotait à intervalles complètement irréguliers, laissant Sherlock dans le noir parfois de longues minutes, puis plongé dans cette lumière aveuglante insupportable qui à chaque fois l'obligeait à se recroqueviller sur lui-même en tenant sa tête pour se protéger de la lumière. Il avait l'impression qu'il allait devenir fou, et très vite venaient s'ajouter des hurlements de loups quasi surnaturels qui envahissaient la pièce à tel point qu'il était obligé de mettre ses mains devant ses oreilles, il n'avait aucun échappatoire, et il était incapable de contrôler ses tremblements.

Se balançant sur lui-même, il lui fallut tout son courage pour se réfugier, après de longues minutes d'efforts, dans son palais mental. John, de nouveau, l'y attendait, comme une bouée de sauvetage au milieu de l'océan. Sherlock se raccrochait de plus en plus à cette image mentale de John qui lui parlait, qui le guidait, il n'avait jamais réalisé à quel point il avait besoin de John dans les pires moments… La situation si particulière qu'il vivait semblait réveiller certaines choses dans son esprit, y compris l'omniprésence de son colocataire et meilleur ami. Intrigué par cette révélation, il questionna :

« Pourquoi es-tu toujours là John ? Pourquoi es-tu la seule chose de tout mon palais mental qui ne m'apaise ? »

John fronça un sourcil.

« Je ne suis pas sûr de le savoir, Sherlock… Il n'y que toi qui le sait… Mais tu auras le temps d'y penser plus tard, pour l'instant il faut que tu réfléchisses à votre évasion, si tu veux qu'on se revoit… Tu sais très bien qu'on risque de te trouver trop tard si tu restes ici, il faut que tu sortes de là, par tes propres moyens… »

Le détective passa un long moment à réfléchir, mobilisant toutes ses forces pour ne pas être déconcentré par les bruits et lumières environnants. Il restait fermement accroché à son palais avec John à ses côtés, et peu à peu, son plan d'évasion prenait forme. Il espérait simplement être en état de le mettre en pratique pendant la nuit, car il allait falloir être le plus rapide et précis possible. Il comptait beaucoup sur la force de caractère de Molly et espérait vraiment que la jeune femme pourrait le suivre, car une chose était sûre, c'est qu'il ne la laisserait pas en arrière, il n'aurait jamais le cœur de faire ça…

Se sentant un peu ragaillardi par l'élaboration de son plan, il sortit lentement de son palais de l'esprit, prêt à en exécuter la première partie.

Il n'eut pas à attendre très longtemps car le chef des ravisseurs entra dans la pièce quelques minutes plus tard.

Sherlock immédiatement se mit volontairement à simuler un malaise, accentuant volontairement ses tremblements et parvenant à avoir un regard vitreux. La réaction ne se fit pas attendre, l'homme appela ses collègues et dans l'instant qui suivait, l'un deux s'emparait de la trousse médicale et s'approchait de leur otage.

Le reste ne fût pas difficile pour Sherlock. Malgré son état, il avait retrouvé suffisamment de lucidité pour repérer immédiatement les flacons d'antidote dans le sac, et dans un faux tremblement il essaya d'articuler quelque chose, faisant lever les yeux de l'homme vers lui, juste assez pour qu'il ne s'empare du produit et ne le dissimule sur lui… Personne n'avait rien vu, et Sherlock eut juste envie de sourire tant ces gens étaient finalement stupides, comme tout les autres.

Lentement il fit mine de se calmer un peu, comme si la crise passait, et peu de temps après l'homme confirma à son chef que Sherlock avait juste du mal à s'habituer aux drogues et qu'il faudrait revoir leur dosage, ce que le chef refusa tout net.

Mais le semblant de pause que Sherlock avait eu fût de courte durée. Alors que les ravisseurs étaient partis depuis à peine une dizaine de minutes, il fût de nouveau soumis aux incessants hurlements de loup et aux lumières rouges intermittentes. Il lui semblait que tout était plus fort que la fois dernière, que la lumière l'éblouissait davantage, que les bruits lui étaient plus insupportables. Il ne savait pas si c'était ses propres résistances qui diminuaient de plus en plus, ou si c'était réellement les bruits et les lumières qui avaient été volontairement augmentés en intensité, ou bien une combinaison des deux, mais tout ce qu'il savait c'était que ça lui était insupportable et que cette fois-ci, il était incapable de retourner dans son palais mental. Il avait mis toutes ses forces pour résister des heures durant et pour échafauder un plan d'évasion, et il lui semblait désormais que ses forces l'avaient en partie abandonné.

Alors il se recroquevilla sur lui-même autant qu'il le pouvait, il ferma les yeux et laissa ses pensées dériver vers John. Lorsque ce calvaire serait fini, il retrouverait sa vie d'avant, avec John, au 221b, ils recommenceraient leurs enquêtes, leurs disputes aussi – non, pas leurs disputes parce que Sherlock était prêt à faire un peu d'effort ( pas trop quand même) - . Tout redeviendrait comme avant… Le détective était heureux dans cette vie. Pour la première fois dans sa jeune existence, il pouvait considérer qu'il était heureux, et il le réalisait maintenant. Et tout ça c'était grâce à John. Il ne pouvait plus imaginer une existence sans lui, sans leurs enquêtes, sans leur vie ensemble au 221b. Du fond de sa détresse, Sherlock avait compris que c'était la seule chose qu'il voulait dans la vie désormais. Et qu'à l'inverse, la pire chose qu'il pouvait imaginer, c'était que John le déteste ou le rejette. Il n'arrêtait pas de repenser à leur dernière dispute, il n'arrivait pas à le contrôler, et ça lui faisait tellement mal…

Perdu dans ses pensées, il sursauta d'un coup en entendant de nouveau, comme la veille, les horribles cris de Molly qu'il avait cru vrais. Il respira un grand coup, bien décidé cette fois-ci à ne pas se laisser humilier comme la veille par une mise en scène grotesque, et même si au fond de lui les cris lui faisaient mal au cœur, il parvint à rester presque insensible.

Il ne savait pas depuis combien de temps duraient les cris quand l'un des anciens militaires vint le voir dans le labo désaffecté. Il remarqua avec étonnement que ce dernier avait laissé la porte ouverte.

« Alors Monsieur Holmes, vous n'allez pas jouer aux héros et aller sauver Mademoiselle Hooper ? « se moqua t'il.

Sherlock releva le regard avec un air sévère.

« Ne vous moquez pas de moi, je ne suis pas assez stupide pour croire deux fois consécutives à vos mascarades… »

Le militaire haussa les épaules et resta planté dans un coin de la pièce, la porte toujours ouverte. Sherlock jugea rapidement la situation et décida que ce n'était rien d'autre qu'un piège, dans lequel il décida de ne pas tomber.

Les lumières et sons indésirables avaient disparus, lui laissant l'occasion de se reposer un peu, et le détective resta adossé au mur, récupérant ses esprits sans se soucier de l'homme qui le surveillait.

Les effets de la drogue se dissipaient peu à peu et il se sentait légèrement mieux. Mais tout à coup, alors que ses sens aiguisés lui revenaient en partie, il sentit son cœur comme se bloquer dans sa poitrine. Une peur intense se fit soudain ressentir en lui et il se releva d'un bond, chancelant encore, presque livide bien que son visage soit déjà d'ordinaire très pâle.

Il jeta un œil vers le militaire qui se mit à rire, et le sang de Sherlock ne fit qu'un tour. Ses ravisseurs avaient de nouveau réussi à le manipuler, ce qu'il avait pris pour une mise en scène n'en était pas une. C'était Molly qui criait.

Sherlock se précipita à l'extérieur de la pièce aussi vite qu'il en était capable, essayant de se souvenir malgré la panique qu'il ne maîtrisait plus depuis qu'il était sous les effets de ces manipulations mentales, le chemin pour retourner dans le souterrain où il était retenu avec Molly. Son cœur battait à tout rompre, cette fois-ci c'était bien plus que d'être humilié, son erreur avait causé les souffrances de l'une des rares personnes qui comptaient vraiment pour lui. Cette idée lui était presque insupportable et il arriva très vite dans le cachot où il découvrit une Molly pleine d'éraflures et de bleus, en train de se débattre de toutes ses forces contre l'un des militaires qui essayait de la déshabiller.

Sherlock resta figé une ou deux secondes devant la scène, toute couleur disparaissant définitivement de son visage et en proie à un choc qu'il n'aurait jamais pensé ressentir.

Puis, son esprit logique reprit le dessus dans l'urgence et il se précipita vers l'homme pour l'éloigner de Molly. Toute faiblesse avait disparu et il parvint à frapper avec une rage indicible l'agresseur de la pauvre Molly qui s'éloigna en toute hâte, tremblante mais encore sous le coup de l'adrénaline.

Sherlock hurlait et frappait l'homme sans s'arrêter, ne parvenant plus à se maîtriser alors que Molly lui criait d'arrêter, jusqu'à ce que les autres militaires éloignent Sherlock pour le maintenir.

« Je vais vous tuer ! Je vais tous vous tuer, un par un, peu importe le temps que ça prendra… »

souffla le détective hors de lui, incapable de maîtriser la moindre émotion malgré tout ses efforts. Alors qu'il était rejeté sur le sol et qu'ils étaient de nouveau enfermés, Molly se précipita sans réfléchir dans ses bras. Sherlock ne savait pas trop quoi faire, encore sous le coup de la rage et des émotions non contrôlées, mais ces mêmes émotions lui soufflaient qu'il n'y avait qu'une seule chose à faire dans ces cas là…

Maladroitement, il referma ses bras autour de Molly, lui si peu habitué à ce genre de démonstration physique. Pendant une fraction de seconde, il se dit qu'il était en train de changer ces derniers jours, que quelque chose d'étrange se passait en lui depuis qu'il n'avait plus le contrôle de ses émotions, et cela lui fait peur, l'effrayait. Il ne se savait pas capable de peur, de douceur, de compassion, de tous ces ressentis si ennuyeusement humains, lui qui ne s'était jamais vraiment cru humain…

Mais en réalisant que Molly pleurait contre lui, il revint immédiatement au moment présent et tenta de faire la seule possible : consoler la jeune femme. Ce n'était en fait pas très difficile car il était réellement très inquiet.

« Tout va bien Molly, ça va, ils sont partis… Je… je suis là » murmura t'il, cherchant ses mots pour l'apaiser alors qu'elle tremblait contre lui.

« Oh Sherlock… Ils… Ils m'ont dit que tant que tu ne viendrais pas et réaliserais que je criais vraiment, ils continueraient… Ils ont voulu se battre avec moi et je devais me défendre, c'était comme un jeu sadique, et ensuite…Il y en a un qui… Il a voulu me déshabiller et j'ai crié pour t'appeler, je ne savais pas si tu allais venir, si tu comprendrais mais… Tu es venu juste à ce moment là, tu as compris que j'étais en danger Sherlock, merci… Merci » murmura t'elle en posant sa tête contre l'épaule du détective.

Sherlock avait la gorge sèche en pensant à ce que ces fous étaient capables de faire pour le manipuler. Ils étaient prêts à tout, rien que pour voir s'il était assez doué pour résister suffisamment aux drogues, comme s'il n'était qu'un vulgaire cobaye... Il n'osait imaginer ce qui se serait passé si il n'avait pas compris, même si il considérait qu'il avait été bien trop long avant de réaliser que Molly criait. Il s'en voulait, jamais de sa vie il ne s'était considéré aussi stupide qu'à cet instant. Il était tout bonnement ridicule, et il se détestait pour ça. Ces hommes avaient réussi tout ce qu'ils voulaient : ils avaient manipulé Sherlock, lui avait fait ressurgir ses émotions les plus enfouies, l'avaient humilié, lui avalent montré qu'il n'était qu'un homme ridicule et par-dessus le marché, ils l'avaient rendu responsable des souffrances de Molly.

Molly, qui était toujours contre lui, qui pleurait à cause de lui quoi qu'elle en dise, qui souffrait à cause de lui, qui était ici à cause de lui. Il sentit son cœur se serrer alors qu'il caressait maladroitement mais avec une étonnante douceur les cheveux de la jeune femme. Il avait envie d'exploser, de tout casser, mais il se retenait, pour elle, pour ne pas lui faire de mal, il lui en avait déjà trop fait. Submergé par des émotions désormais hors de contrôle, il réalisa que Molly était sa meilleure amie, peut-être même plus que John, car John… C'était différent. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il savait que c'était différent. Mais Molly, c'était vraiment sa meilleure amie, l'une des personnes au monde qu'il ne voulait ni perdre ni voir souffrir, et pour qui il était prêt à tout.

######

La jeune femme n'avait pas réfléchi. Elle avait eu tellement peur, et elle avait tellement misé ses espoirs sur le fait que Sherlock, malgré son état, l'entende crier et réalise que c'était cette fois-ci tout sauf une mise en scène, que lorsqu'elle l'avait vu enfin arriver et prêt à se battre pour la sauver, pour punir l'homme qui avait voulu l'agresser, les émotions avaient été trop fortes et elle s'était jetée à son cou. En temps normal, jamais oh grand jamais elle n'aurait osé faire une chose pareille, surtout pas avec lui, mais depuis qu'ils étaient enfermés ensemble entre les mains de ces fous, c'était comme si les choses étaient différentes. Comme si, le temps de cette épreuve, ils étaient dans une sorte de bulle, où rien ne se passait comme au quotidien. Ils étaient différents ici. Molly étaient plus forte et plus courageuse et résistante qu'elle ne le pensait, et Sherlock, bien plus doux et présent qu'il ne l'avait jamais été pour personne.

Sauf que, dans le cas de Sherlock, c'était surtout parce qu'il était sous l'influence des drogues. Lorsque Molly réalisa cela, elle réalisa aussi qu'elle ne devrait pas être dans ses bras, aussi forte l'envie et le besoin de l'être soit-il. Elle s'éloigna vivement de lui d'un seul coup, les joues rougies en réalisant la proximité qu'elle venait d'avoir avec lui, à la fois terriblement gênée et en même temps, et malgré la situation, complètement troublée.

« Je… Je suis désolée Sherlock… Je ne devrais pas… »

Le détective respira profondément et leva ses mains en signe d'apaisement.

« Tout va bien Molly… Je… Je vous dois ça, je crois… Vous êtes ici à cause de moi, je ne suis qu'un idiot, vous avez le droit de m'en vouloir… »

Molly le regarda avec incompréhension.

« Sherlock ! Vous êtes venu m'aider… Malgré ce qu'ils vous font, malgré la manipulation, vous avez su comprendre et réagir avant qu'il ne soit trop tard… Je croyais… J'ai toujours cru que je ne comptais pas, mais ce que j'ai vu… Je suis désolée d'avoir douté de votre amitié, et… Merci, je ne sais pas quoi dire d'autre… »

répondit t'elle en se mordant les lèvres. En vérité, elle n'avait qu'une seule envie à cet instant, l'embrasser jusqu'à oublier la peur et la douleur… Elle secoua la tête, se fustigeant mentalement de ressentir encore tout ce désir et ces sentiments envers lui alors même qu'ils étaient dans une situation dramatique. Elle avait besoin de lui, c'était viscéral, et ils s'étaient tellement rapprochés ces jours-ci, elle avait juste l'impression que lorsqu'ils retourneraient à la vie normale, s'ils y arrivaient, tout redeviendrait comme avant, il recommencerait à ne pas la voir, à être blessant et inaccessible… Mais là… Là, juste ici seuls ensemble et essayant de survivre, elle se sentait comme dans une étrange bulle, un moment où, au delà de toutes les horreurs qu'ils vivaient, il pouvait y avoir cet ébauche de rapprochement tel qu'elle en avait toujours rêvé…

Alors, quand il se rapprocha précipitamment pour voir ses blessures et constater si il y avait quelque chose de grave, et qu'elle releva les yeux vers lui, ce fût comme si le temps s'était arrêté.

Le regard de Sherlock s'était fixé dans le sien et il fronçait les sourcils, comme s'il cherchait à comprendre ce que Molly pensait. Ce regard bleu gris indéfinissable qui semblait tout voir de tout le monde, ce regard qui la mettait à nu. Molly déglutit nerveusement, incapable de quitter ces yeux irréels, et ils étaient si proches, il ne lui aurait fallu que se pencher de quelques centimètres pour toucher ses lèvres, et elle songea que jamais elle n'avait pu admirer de si près le visage si particulier de Sherlock, et son cœur se brisa sous sa beauté, car elle était inaccessible…

Elle n'avait pas réalisé qu'elle pleurait. Jusqu'à ce que Sherlock brise le charme en s'éloignant légèrement, l'air choqué comme s'il venait d'apprendre quelque chose d'impensable.

#####

L'amour. Le désir. La peine et la douleur. C'est cela qu'il avait vu dans les yeux de Mollyet il venait de réaliser.

Il avait l'impression d'être frappé d'un seul coup violemment. Tout ce qu'il n'avait jamais voulu voir venait de lui exploser en pleine face : Molly l'aimait, elle l'aimait et le désirait depuis toujours et elle souffrait parce qu'il ne l'aimait pas en retour, mais surtout parce qu'il était terriblement odieux avec elle la plupart du temps. Il faisait souffrir la jeune femme depuis des années et dans son ignorance des sentiments humains, il ne l'avait pas vu. Il venait de le comprendre, là, en voyant dans les yeux de Molly toute la souffrance dont il était le seul et unique responsable.

Était-il à ce point stupide ? Jamais il n'avait voulu volontairement faire souffrir celle qu'il considérait comme son amie la plus précieuse, et pourtant, il le faisait, chaque jour un peu plus, sans même le voir, aveuglé par son besoin démesuré de tout contrôler surtout les émotions, et de les rejeter en bloc.

Il serra les poings en se laissant retomber sur le sol, à bout de force. Si il l'avait pu, il aurait explosé de rage et de douleur, mais il ne voulait pas encore, pas maintenant, ce n'était pas le moment…La jeune légiste le regardait sans rien comprendre, encore secouée par ce qu'il venait de se passer. Sherlock se sentait plus mal que jamais, et il se jura de réparer ses erreurs, de tout faire pour qu'elle ne souffre plus jamais, et surtout pas à cause de lui. Si elle devait l'aimer encore, et il ignorait comment c'était même possible après tout ce qu'il lui avait fait, alors il lui devait au moins de l'aider à apprendre à être heureuse même sans lui. Il se le promettait.

Malgré toute ces émotions successives auxquelles il n'était pas habitué, il fallait désormais qu'il se reprenne. Il n'était pas question d'en oublier leur évasion. Il fallait qu'ils sortent de là au plus vite, ils avaient assez souffert comme ça…

« Molly… On va s'enfuir d'ici… Ce soir. »

Molly le regarda avec incompréhension, prise de cours devant cette affirmation surréaliste à laquelle elle ne s'attendait pas.

« S'enfuir ? Mais comment… »

« Ecoutez-moi attentivement Molly, nous avons peu de temps et vous devez apprendre par cœur le plan d'évasion… »

Sherlock était de nouveau plongé dans l'aventure, sa logique et son sang froid réapparaissant progressivement. Sa maîtrise de lui-même n'avait pas encore tout à fait disparu.

« J'ai remarqué que nos ravisseurs viennent presque toujours aux mêmes heures la nuit, en début de nuit vers 22h, et le matin très tôt aux alentours de 6h du matin… Il va falloir agir à ce moment là, mais pas n'importe quand… Ils doivent forcément dormir, et quand ils le font ils quittent leurs costumes ce qui veut dire qu'ils mettront un petit temps à les remettre s'ils doivent intervenir en urgence… Donc ils doivent toujours faire des roulements pour qu'il en reste au minimum deux la nuit pour nous surveiller en cas de problème… Le chef n'est pas un militaire, on peut supposer qu'il se couche plus tard que les autres et se lève moins tôt, j'estime qu'il doit se coucher aux alentours de 23h30, si on a une chance que ce soit lui qui fasse la surveillance, c'est à cette heure là… il sera peut-être accompagné par un militaire, mais les autres dormiront probablement, particulièrement celui que j'ai blessé tout à l'heure qui ne pourra pas leur prêter main forte… C'est à ce moment là qu'il faut attaquer, aux alentours de 23h30, quand leur chef est fatigué, et que les autres militaires n'ont pas pris leur quart… On aura quelques minutes, il faudra que vous appeliez à l'aide jusqu'à ce qu'ils viennent… »

Molly regardait Sherlock comme s'il avait perdu la tête. Elle savait qu'il était d'une intelligence à toute épreuve mais là où ils étaient, ils n'avaient aucun moyen de savoir l'heure.

Le détective comprit sa question muette et sourit.

« J'ai simplement essayé de compter dans mon esprit l'écoulement du temps… J'estime qu'il doit être environ 21h, ils vont revenir dans une heure pour m'injecter la dernière dose de la journée, elle va être plus puissante que les autres, mais j'ai réussi à leur voler un « antidote » quand j'étais dans le labo… Vous allez me l'injecter exactement au moment où je vous le dirai, mais avant ça il faudra me tenir éveillé par n'importe quel moyen, il ne faut pas me laisser tomber dans l'inconscience, même s'il faut me frapper, me faire mal, je dois rester éveillé… »

Molly sentit le sang partir de son visage. Ce que Sherlocklui demandait de faire s'apparentait à de la torture, et elle ne savait pas comment elle allait gérer ça. Elle n'était même pas sûre qu'il soit en état d'être sûr à cent pour cent de toutes les déductions quelque peu hasardeuses qu'il venait de faire…

« Et si vous… Et si vous vous trompez ? S'ils arrivent tous en nous entendant crier ? »

Sherlock hocha la tête avec sérieux.

« Je ne peux pas vous promettre que je suis sûr de moi… Pas entièrement… Mais c'est notre seule chance. Ils augmentent les doses à chaque fois, d'ici demain je serai incapable de fuir, je ne pourrai plus Molly… C'est maintenant… »

La jeune femme observa son ami et ne put que constater qu'il semblait avoir raison, il était affaibli, très probablement déjà fortement déshydraté et même plus qu'elle en raison des drogues, il était clair qu'il ne tiendrait pas comme ça plusieurs jours de plus… Ils n'avaient pas le choix. Sherlock avait raison, c'était maintenant ou jamais. Elle n'était pas sûre pour autant qu'il soit capable de se battre contre deux hommes armés, même s'il avait visiblement déjà tout préparé mentalement. Elle n'était sûre de rien, mais elle décida de lui faire confiance. Aussi affaibli soit il, il était toujours Sherlock et il était toujours d'une intelligence unique. Elle promit de l'aider de toutes ses forces, malgré qu'elle non plus n'en avait plus beaucoup.

#####

Les heures qui suivirent furent éprouvantes. Elle avait dû tenir sa promesse et maintenir Sherlock conscient après une énième dose de drogue qui cette fois-ci, semblait à la limite du supportable pour lui. Il tremblait de tous ses membres, semblait terrifié et incontrôlable, partait sans cesse au bord de l'inconscience et elle devait à chaque fois le gifler, puis lui parler sans s'arrêter pour le maintenir éveillé. Elle se sentait complètement éprouvée de voir Sherlock dans cet état, recroquevillé dans son manteau sur le sol en terre, l'air vulnérable et malade, en proie à des souffrances mentales qu'il ne contrôlait pas. Elle en avait le cœur littéralement brisé, et attendait que s'écoule le temps avec la boule au ventre. Elle était terrifiée à l'idée qu'il ne fasse une overdose, la situation devenait incontrôlable et il lui semblait que tout allait se jouer ce soir, car elle était bien consciente que si ils échouaient, il risquait bien de finir par mourir sous ses yeux…

Puis, Sherlock, depuis un moment retranché dans son palais mental, ouvrit les yeux et lui fit signe qu'il estimait que c'était le bon moment. Molly, tremblante, respira profondément et se saisit de la seringue d'antidote qu'il avait ramené. Elle n'avait aucune idée de la durée qu'auraient les effets du produit ni même des réels effets de ce dernier, elle n'était pas sûre que ce soit bien un remède que Sherlock avait volé, comment en être sûre, il n'y avait rien d'écrit dessus… Elle était terrifiée à l'idée que ça ne tue le détective, mais elle n'avait pas le choix. Elle le regarda profondément alors qu'il lui tendait son bras, et il lui fit signe qu'il était prêt. Elle nota les cernes qu'il avait sous les yeux, la fatigue dans ses prunelles azur, la pâleur de son visage… Ses cheveux désormais décoiffés partaient dans des boucles désordonnés, ses lèvres étaient sèches et son visage était recouvert d'une barbe de trois jours, chose qu'elle n'avait absolument jamais vu chez lui qui était toujours rasé de près.

Elle se surpris à penser un court instant qu'il serait magnifique avec cette barbe de trois jours s'il n'était pas si mal en point, et que même là, dans ces circonstances, il était sans doute plus beau que jamais avec cet air sauvage.

Puis, en hésitant encore, elle injecta le produit dans ses veines.

Sherlock poussa une inspiration incontrôlée et se raidit sous les effets brutaux, mais au bout de quelques instants il sentait qu'il n'était plus au bord de l'inconscience, ses tremblements se calmaient considérablement et il parvint à se mettre debout. C'était loin, très loin d'être parfait, mais il ferma les yeux et entendit comme la voix de John qui lui disait « aujourd'hui, tu dois être un soldat Sherlock… Un soldat… »

Il ne savait pas trop d'où sortait cette idée, mais elle lui procura du réconfort. John avait vécu des choses terribles pendant des mois à la guerre et s'en était sorti. Lui aussi, il allait s'en sortir et rejoindre John bientôt. Alors oui, ce soir il n'y avait plus de douleur, de peur ou de faiblesse qui soit, parce que ce soir il était un soldat.

Molly hurla à l'aide alors qu'il se plaçait contre le mur à côté de la porte. Il n'avait pas droit à l'erreur, il le savait.

En moins d'une minute, la porte s'ouvrit et Sherlock se précipita sur celui qui était entré. Il s'agissait de l'un des militaires, suivi comme il l'avait prévu par leur chef. Mais Sherlock avait l'avantage car il avait attrapé l'homme par derrière et serra son cou de ses bras, lui rompant net le cou sans qu'il n'ait eu le temps de se défendre. Le chef, abasourdi, se jeta sur Sherlock mais Molly, qui suivait le plan consciencieusement, s'était précipité pour récupérer l'arme de l'homme à terre et se servit de la crosse pour l'assommer. Sherlock lui, se dégagea aussitôt et s'empara de la mitraillette que le chef avait toujours sur lui.

« On s'en va, vite ! »

Molly sur ses talons, le détective s'élança dans le couloir encore éclairé, cherchant déjà une sortie bien qu'il avait déjà réfléchi sur son éventuel emplacement et en avait une idée assez précise. Les deux amis courraient aussi vite qu'ils en étaient capables, lorsque des hurlements de loups retentirent.

« Sherlock qu'est ce que c'est ? » hurla Molly alors qu'il cherchait à comprendre comment c'était possible. Ils entendaient maintenant distinctement des bruits de loups ou de chiens, qui semblaient vouloir s'échapper d'un enclos tout près d'eux, ils les entendaient griffer contre du métal, hurler, aboyer, d'une manière étrange tout bonnement terrifiante.

Les bruits arrivaient de chaque côté et bientôt furent rejoint par ceux des bottes des militaires qui s'étaient réveillés, courant pour les rattraper.

« Passez devant Molly, vite ! Courrez ! »

Sherlock observa l'arme de guerre qu'il tenait en main, il ne s'était jamais servi d'un tel modèle mais comprit en quelques secondes néanmoins comment s'en servir, utilisant ses connaissances sur les armes plus basiques. Pour couvrir Molly, il continua à courir mais un peu tourné en arrière pour voir leurs ravisseurs arriver et sitôt qu'il les vit, il n'hésita pas à tirer.

Les deux militaires qui les poursuivaient avaient été surpris, mais trop entrainés pour se laisser avoir si facilement. Cependant, ils avaient dû s'arrêter et se réfugier quelques secondes dans un coin, ce qui laissa le temps à Sherlock et Molly de s'éloigner légèrement et de tourner le coin d'un des couloirs. Ils ne ressentaient plus la fatigue à cet instant, seule l'adrénaline les poussait à courir sans s'arrêter pour trouver une sortie. Les couloirs étaient longs et immenses, faiblement éclairés et ils entendirent bientôt les deux hommes hurler.

« Va chercher les chiens et les armes ! « Cria l'un d'eux distinctement et Sherlock réalisa seulement à cet instant de manière certaine que les hurlements de loup qu'ils entendaient depuis des jours étaient bien réels, aussi étranges soient ils.

« Là, l'échelle ! Grimpez Molly, on est au sous-sol, il faut monter ! »

Molly n'avait jamais ressenti une telle adrénaline de survie de toute sa vie. Elle grimpa l'échelle à toutes vitesses, talonné par Sherlock, pour arriver dans un nouveau niveau du laboratoire désaffecté. Il semblait cette fois qu'ils étaient au rez-de-chaussée car ily avait une fenêtre au bout d'un long couloir, mais il ne lui fallut pas le sens de l'observation de son ami détective pour comprendre que la fenêtre était bien trop étroite pour qu'elle ne soit envisagée comme porte de sortie.

Les militaires étaient eux passés par un autre chemin, des escaliers, et étaient désormais accompagnés par leurs bêtes. Les bruits des bottes et des grognements étaient désormais distincts et les deux fugitifs accélérèrent, cherchant avec l'énergie du désespoir la sortie de ce dédale.

Mais le sens de l'orientation du détective était toujours là et il parvint à trouver la sortie juste au moment où l'un des militaires tirait vers eux. Sherlock répondit sans hésiter aux coups de feu en tirant lui aussi en direction de son adversaire, essayant de protéger à tout prix la jeune femme qui essayait d'ouvrir la porte sans succès.

« Ça ne s'ouvre pas, c'est fermé à clé… »

s'écria t'elle effrayée, les gestes saccadés sous la peur. Sherlock avait beau tirer des salves de munitions, il n'était pas dans son état habituel et n'arrivait pas à réellement viser, bien qu'il soit d'ordinaire un excellent tireur, à cause de ses tremblements et de sa fatigue. Il avait aussi le désavantage très net de n'être pas un soldat, il n'avait pas l'entraînement alors que ses adversaires l'avaient. Il le savait et il était clair que si ils ne sortaient pas maintenant, ils n'avaient aucune chance de garder à distance leurs poursuivants plus longtemps.

Avec l'énergie du désespoir, il donna un grand coup à la porte avec son pied, puis se jeta contre elle de toute sa force et la porte céda. Alors que Molly sortait en trombe, il sortit lui-même à reculons, tirant vers le couloir pour queles assaillants ne puissent pas les atteindre.

Ils se retrouvaient désormais dans une dernière pièce avec une échelle et une trappe pour seule sortie. Sans hésiter, Sherlock tira une seule fois dans le gond de la trappe en acier pour la faire sauter et aussitôt, ils sentirent un air froid dans la pièce. C'était la sortie, qui menait à l'extérieur.

Alors que Molly, toujours en premier, atteignait enfin l'air libre, le détective en fit de même et remarqua aussitôt qu'ils étaient en plein milieu des bois. Il avait vu juste, ils étaient dans la forêt. Plus exactement en bas d'un ravin avec des rochers et des arbres immenses. Sans hésiter, il se précipita vers une pierre assez volumineuse qu'il poussa avec rage sur la trappe, essayant de bloquer pour quelques instants la sortie aux militaires.

Puis il se souvint qu'il avait sa lampe de poche toujours dans son manteau et l'alluma. La nuit était profonde, seul un léger rayon de lune l'éclairait. Déjà, ils entendaient les hommes pousser la trappe et les chiens hurler.

Sans plus hésiter, ils s'élancèrent dans la forêt. Molly tentait comme elle pouvait de suivre Sherlock qui avait l'avantage d'être très grand, il s'était élancé à grandes enjambées, sautant par-dessus les obstacles de ses longues jambes interminables, et elle réalisa à quel point Sherlock était en fait tout à fait athlétique et souple. Il avait l'habitude de poursuivre les criminels, mais cette fois-ci, c'était lui qui était poursuivi.

Molly avait beau être bien plus petite que lui et moins sportive, elle le suivait, capable de le suivre ainsi au bout du monde tant qu'il l'emmenait loin de ces fous. Elle cria alors que les voix se rapprochaient d'eux et que les chiens ou loups grognaient plus forts, et Sherlock les plaqua d'un coup contre un arbre avant de tirer de nouveau en direction des poursuivants.

Elle eut l'impression que cette fois, il avait réussi à toucher l'un d'eux car elle entendit crier. D'un geste, il lui indiqua qu'il fallait reprendre leur course. Ils ne pouvaient pas remonter le ravin, bien trop abrupt, alors il fallait continuer à l'intérieur et la nuit était leur seule alliée. Sherlock éteignit la lampe et ils continuèrent de courir par la lumière de la lune, espérant ne plus être visible par les ravisseurs, mais ils savaient qu'ils n'avaient aucune chance si les chiens étaient lâchés. Il fallait qu'ils attaquent en premier, que Sherlock tire sur les chiens avant que ceux-ci ne puissent les atteindre.

Ils s'arrêtèrent derrière un rocher, à bout de souffle.

« Restez à couvert Molly… ils ne peuvent pas nous atteindre ici et je vais les voir arriver… Reprenez votre souffle… »

La jeune femme se dissimula contre le rocher alors que lui se déplaçait derrière un autre rocher à côté, un emplacement où il avait vue sur ce qui allait arriver.

Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est qu'un animal arriverait par l'autre côté.

Pas un animal. Molly ouvrit grand les yeux en voyant surgir face à elle, comme de nulle part, un animal monstrueux, un chien loup immense aux yeux rouges, hirsute et au corps à moitié métallique, qui lui montrait des dents effrayantes et dangereuses. Elle poussa un hurlement de terreur pure qui fit se retourner brutalement Sherlock, et à cet instant, à son tour il le vit.

Le monstre. Le chien monstrueux qui venait de se jeter sur Molly et qui la tirait par levêtement en la trainant sur le sol.

Sherlock se figea de terreur. Il n'avait jamais vu ça de toute sa vie. Il cligna des yeux, se demandant s'il n'était pas en train de devenir fou à force de drogues, si ce n'était pas encore une hallucination ou une manipulation mentale. La terreur qu'il ressentait était sans nom, le paralysait, son cerveau génial s'était comme arrêté sous le choc, incapable de trouver une explication logique à ce qu'il voyait.

« Sherlock ! SHERLOCK AIDES MOI ! SHERLOCK ! » hurla Molly terrifiée qui se débattait alors que le chien monstrueux la trainait sur le sol.

Sherlock tira enfin sur la bête, mais cela n'eut aucun effet si ce n'est de l'énerver davantage et il regarda incrédule le monstre résister sans dommage à ses tirs. Il secoua la tête pour se réveiller l'esprit, persuadé d'halluciner, et il en avait presque oublié qu'il y avait toujours les militaires qui les avaient rejoints entre-temps. Il sentit un coup violent porté à sa tête et il s'écroula sur le sol , lâchant son arme précieuse.

Paralysé par la terreur et par la douleur du coup, il vit dans un dernier éclair de lucidité les hommes reprendre son arme, et ordonner au chien monstrueux d'emmener Molly. Il entendit la jeune femme hurler à lui en déchirer les tympans, il l'entendit hurler son nom dans un appel à l'aide déchirant et dans une détresse terrifiante, alors que le chien hurlait tel un loup affamé. Puis le claquements des bottes dans les branches, et contre ses jambes et son ventre alors qu'il se prenait des coups violents, et ses propres battements de cœur désordonnés par la douleur et la détresse.

La dernière chose qu'il entendit furent les hurlements de Molly et le grognement de la bête. La dernière pensée qu'il eut fut que Molly n'avait aucune chance de s'en sortir et qu'il était incapable de lui venir en aide.

Puis il sombra dans l'inconscience…

##########

Nous les retrouvons très vite dans le prochain chapitre qui nous plongera au cœur de l'enfer de cette forêt hantée par la bête! Pour l'instant, Sherlock semble sauver Molly autant qu'il le peut, mais les rôles pourraient bien s'inverser et s'il arrive au bout de ses forces, sa dernière force pourrait bien être Molly! ;)