Salut les Sherlokians! J'espère que vous allez bien, pour ma part je suis en vacances depuis samedi alors j'écris davantage par rapport à d'habitude, et j'ai pu terminer ce chapitre et presque aussi le prochain qui va arriver très vite!

Je pense aussi à écrire un petit os sur notre chère Mme Hudson en hommage à sa si sympathique interprète Una Stubbs qui est partie la semaine dernière..

En attendant, voici la suite de cette histoire avec un chapitre très long mais que je n'ai pas pu me résoudre à couper. Nous retrouvons à la fois Sherlock et Molly qui tentent tant bien que mal de survivre dans la forêt infernale alors que l'état du détective devient de plus en plus inquiétant, et John, Greg et Mycroft qui continuent leur enquête et, peut-être cette fois ci, avec succès... Ils ne sont pourtant pas au bout de leur peine.. Un chapitre nerveux et beaucoup de tension, mais beaucoup de

sherlolly pour adoucir tout ça…

Avertissements : meurtres, crise de violences et de démences

Chapitre 7

« Révélations »

Molly s'était endormie dans le froid, mais c'est une étrange chaleur qui la réveilla. Au début elle ne comprit pas ce qui pouvait bien la provoquer, elle n'était pas endormie assez profondément pour avoir oublié qu'elle n'était pas dans son lit, elle était incapable d'avoir un sommeil profond dans ces conditions. Elle se souvenait parfaitement de là où elle se trouvait, et pourquoi. Elle n'avait réussi qu'à dormir d'un œil, son esprit encore bien trop préoccupé par tous les événements.

Alors, elle se souvenait très bien qu'il faisait très froid et que par conséquent, cette source de chaleur tout près d'elle n'était pas normale.

Elle ouvrit les yeux en essayant de se redresser, lorsqu'elle réalisa qu'elle était toujours dans les bras de Sherlock. Comment avait-elle pu oublier ça ? Néanmoins, elle n'aurait pas dû si peu ressentir le froid. Se réveillant un peu plus, elle se rendit compte que c'était en fait Sherlock qui était particulièrement brûlant, anormalement même.

C'est alors qu'elle réalisa que quelque chose n'allait pas. Il était censé surveiller les alentours et ne pas s'endormir, or, il semblait endormi voire inconscient, bien qu'il tienne encore assis avec elle dans ses bras. Elle se dégagea de son étreinte, inquiète.

« Sherlock ? Est-ce que vous allez bien ? Sherlock réveillez-vous ! »

Il ne réagissait pas. Elle prit aussitôt son pouls et toucha son front, ces actions confirmant aussitôt ses craintes. Sherlock était fiévreux, visiblement mal en point.

Il semblait ne pas vouloir se réveiller, et elle ne savait pas dire si c'était parce qu'il dormait profondément, épuisé par ces longues journées d'angoisse, ou bien s'il était réellement inconscient ce qui était plus grave.

Cependant, au bout de quelques instants qui lui parurent interminables, il commença à ouvrir les yeux. Un regard encore vitreux, alors que sa pâleur s'était accentuée.

Il avait l'air perdu, comme s'il ne savait pas vraiment où il était. Puis, elle sentit que son regard devenait plus vif. Il revenait enfin avec elle, mais semblait tout particulièrement épuisé.

« Sherlock, vous avez de la fièvre et vous semblez malade. Nous devrions peut-être recommencer à marcher, si nous attendons trop pour repartir, j'ai peur que vous n'ayez plus la force pour me suivre. »

Elle s'était attendue à ce que Sherlock réponde que tout allait bien, qu'il minimise la situation comme d'habitude. Ce ne fut pas le cas. Il se contenta de hocher la tête, et tenta de se relever, chancelant. Son état inquiéta profondément Molly. Elle l'aida à se relever et à tenir debout, craignant à tout moment qu'il ne tombe d'épuisement. Elle-même ne se sentait pas très bien, et elle n'osait imaginer ce qui se passerait si Sherlock s'écroulait. Il leur restait en effet plusieurs kilomètres à parcourir, sans certitude aucune de comment ils allaient sortir de l'enceinte du laboratoire, et sans savoir non plus combien de kilomètres il leur resterait à parcourir pour ensuite trouver de l'aide, et cela à la condition bien sûr, qu'ils parviennent à échapper à leurs ravisseurs toujours à leur poursuite. La situation semblait de plus en plus mauvaise.

Il faisait toujours nuit, froid, et le faisceau de leur lampe de poche n'éclairait que très faiblement la forêt. Elle savait que ce n'était pas dans les habitudes de Sherlock de ne pas parvenir à faire ce qu'il avait promis. Lorsqu'il avait dit pouvoir surveiller les alentours pendant qu'elle dormait, il s'en était réellement cru capable. Mais il fallait bien reconnaître désormais qu'il ne l'avait pas été, et ils avaient eu beaucoup de chance de ne pas se faire prendre pendant qu'ils dormaient tous les deux.

Pendant un long moment, ils parvinrent à marcher, s'appuyant l'un sur l'autre ou plutôt Sherlock s'appuyant sur Molly. Il était inhabituellement silencieux, son énergie tourbillonnante habituelle n'était qu'un lointain souvenir. Parfois, elle réalisait qu'il retenait des gémissements de douleur, ce qui l'inquiétait au plus haut point.

Puis, comme la veille, il s'arrêta et son visage changea, devenant peu à peu comme en colère, le regard fou alors qu'il commençait à trembler. Molly savait exactement ce que cela signifiait : il était proche d'une nouvelle crise de démence. Cette fois-ci la fièvre risquait de ne rien arranger, ce qui était particulièrement inquiétant.

« Molly… Éloignez-vous, vite ! »

C'était comme un éclair de lucidité qui venait de lui faire dire ceci. Il avait encore le souvenir de ce qu'il avait fait la veille, et ne voulait surtout pas recommencer à faire du mal à Molly. Cette lucidité ne dura pas. La jeune femme eut à peine le temps de s'écarter de lui, qu'il commença à devenir fou, prenant sa tête dans ses mains alors qu'il criait, essayant désespérément de garder le contrôle mais n'y parvenant pas. Il se plaignait de bruits atroces, il demandait à ce que ça s'arrête alors qu'il n'y avait en réalité aucun bruit. Puis, il tomba sur le sol tout en frappant ce dernier de ses poings comme s'il se battait contre un ennemi invisible. Il semblait atteint d'une rage indicible et quiconque l'aurait trouvé dans cet état aurait pensé de lui qu'il était profondément fou.

Molly était effrayée. Elle pouvait ressentir tous les efforts qu'il faisait pour revenir, pour se maîtriser, elle pouvait deviner sa douleur mentale comme physique, explosant dans une crise de violence inouïe. Elle ne savait pas quoi faire. Il y avait une telle détresse qui émanait de lui, il avait complètement perdu le contrôle et pourtant il essayait encore de le retrouver, il se battait encore, mais la crise était bien trop forte. Le brouillard s'épaississait étrangement autour d'eux alors que Sherlock se maîtrisait de moins en moins. Il semblait prêt à tout casser, si seulement il y avait eu des choses à casser, et elle n'osait absolument pas s'approcher de lui tant il semblait dangereux. Il ne la regardait plus et elle doutait même qu'il ne la reconnaisse encore, ni même qu'il ait conscience de sa présence.

« Sherlock… Sherlock je vous en prie, revenez, vous allez vous faire du mal… » s'écria t'elle désespérée.

Il sembla la regarder pendant quelques secondes, même s'il était difficile de savoir s'il la voyait vraiment tant son regard semblait vague. Puis, il se retourna.

Un des loups aux yeux rouges était devant lui. Menaçant, le regardant fixement. Le loup était prêt à bondir à tout moment sur sa proie.

« Oh mon dieu… » murmura la pauvre Molly qui recula de plusieurs pas, impuissante spectatrice d'un face à face irréel.

Sherlock ne bougeait pas et restait face à la bête, le regard empreint d'une colère et d'une violence que jamais Molly n'avait vu dans ses yeux. Elle ne comprenait pas ce qu'il faisait comme ça, et elle se mit à douter que Sherlock sache réellement ce qu'il y avait devant lui.

« C'est vous… Ça a toujours été vous, vous avez fait ça pour faire encore du mal à Molly, ça ne vous a pas suffit la dernière fois, Jim… »

Molly ouvrit de grands yeux. Sherlock perdait la raison. Il confondait le loup avec Moriarty. Cette fois-ci, la situation dérapait vraiment.

« Vous êtes malade ! » se mit-il à hurler, complètement inconscient que le loup montrait ses dents acérées et était prêt à bondir sur lui.

« Sherlock ! Ce n'est pas Moriarty, c'est la bête ! Réveillez-vous Sherlock… Je vous en prie… oh ! »

Molly recula de plusieurs mètres, terrifiée. Dans un hurlement effrayant, la bête s'était jetée sur Sherlock mais celui-ci, au lieu de fuir ou d'esquiver, avait fait exactement la même chose, laissant tomber son arme et sa lampe, qui s'éteignit en tombant au sol, plongeant la scène dans une presque obscurité juste éclaircie par les éclats de la lune derrière le brouillard.

John était sur les nerfs. Leur enquête, après maints efforts, avait fini par aboutir et ils étaient désormais certains que Sherlock et Molly se trouvaient dans la zone de l'ancienne base de Baskerville. La tension était à son comble pour tenter de les retrouver, et l'adrénaline n'empêchait en rien la peur qu'il avait, car nul ne savait s'ils étaient encore en vie et si oui, dans quel état…

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Flash back.

Les investigations avait progressé à partir du moment où John avait eu l'idée que l'enquête pour laquelle ils étaient venus ici au départ, était liée à la disparition de Sherlock et Molly.

John était parti en trombe vers le lieu où Matilda Winter avait disparue. Il avait retrouvé les fameuses traces de chien que Sherlock avait trouvé si étranges. Il avait de nouveau essayé de les suivre, mais elles s'arrêtaient très rapidement, en plein milieu d'un chemin, sans raison apparente. La seule explication qui lui vint à l'esprit était qu'il y avait eu une intervention humaine, que des gens avaient récupéré leurs « chiens » et les avaient ensuite porté vers un autre lieu. Peut-être que les chiens étaient justement là pour trouver leur victime, ou quelque chose du genre.

Par contre, il ne comprenait toujours pas pourquoi ces traces étaient si étranges. Il songea un instant qu'il s'agissait peut-être de loups dressés, dotés d'un équipement particulier qui laisseraient des traces sur le sol, mais il n'était sûr de rien.

Pourtant, son intuition lui disait de suivre son instinct, et ce dernier lui disait que s'il trouvait ces bêtes, il trouverait les meurtriers de Matilda Winter et aussi les ravisseurs de Sherlock et Molly.

Il décida alors d'appeler l'hôpital qui avait réalisé l'autopsie, il connaissait plusieurs personnes là-bas et il parvint à avoir les renseignements dont il avait besoin.

Matilda Winter avait succombé à une overdose d'une drogue indéterminée, probablement une nouvelle drogue. Elle avait aussi des écorchures, des bleus et des coupures qui laissaient entendre qu'elle se serait enfui dans la forêt, mais elle avait aussi, chose très importante, une morsure assez conséquente à la cheville, semblait avoir été traînée sur plusieurs mètres et était déshydratée, ce qui laissait supposer un enfermement et une prise régulière de drogue.

John avait donc raison. La pauvre femme avait bien été enlevée, puis retenue par des personnes possédant des chiens ou des loups.

Il n'avait encore jamais vu un tel cas de toute sa carrière, en tant que militaire ou en tant qu'assistant de Sherlock.

Sherlock… Était-il en train de subir le même sort, ainsi que Molly ? Si c'était le cas _ et il en était malheureusement intimement convaincu _ il fallait les retrouver très, très vite, ou bien ils finiraient comme Mme Winter…

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John était revenu donner à Lestrade et Mycroft ces dernières informations, mais ils devaient rester prudent car rien pour l'instant n'apportait la preuve que les deux cas étaient liés.

Pourtant, John ne pouvait s'empêcher d'être profondément inquiet pour Sherlock et Molly. C'était vraiment une peur sourde, quelque chose en lui qui ne partait plus. S'il retrouvait Sherlock mort ou mourant, il ne se le pardonnerait jamais. Il avait beau être terriblement inquiet pour son amie Molly, ce qu'il ressentait pour Sherlock était d'une toute autre mesure, et il ne comprenait pas pourquoi. Il se détestait même pour ça, car il n'avait pas le droit de s'inquiéter plus pour l'un que l'autre, un ami est un ami et ils étaient censés avoir tous deux la même valeur…

Il mit ça sur le fait qu'il vivait au quotidien avec Sherlock, ce qui les rendait tous les deux plus proches et donc que la disparition brutale du détective serait un terrible chamboulement du quotidien… Même s'il savait que ça allait au-delà de ça car en fait, il ne s'en remettrait pas.

C'était même devenu une idée qui ne le lâchait plus, le fait qu'il serait incapable de vivre sans Sherlock. Parce que ce dernier était tout pour lui, il était arrivé quand John n'avait plus d'espoir et il était la personne la plus importante dans sa vie. Et l'idée, le raisonnement qui en découlait faisait trop peur à John pour qu'il ose y penser, il était incapable de s'avouer la vérité qui de plus en plus lui sautait aux yeux…

Il fut sorti de ses réflexions par Mycroft qui venait de raccrocher d'un appel visiblement important.

« Aucun piratage informatique ou équipement n'a été trouvé qui pourrait expliquer comment ces gens ont espionné mon frère… Tout n'a pas été testé en profondeur pour l'instant mais il semble que rien n'ait été piraté sur les lieux que Sherlock fréquente ni sur les appareils connectés à proximité… J'en déduis donc qu'il a été espionné par quelqu'un proche de lui ou habitant près de vous, à moins, et cette possibilité n'est pas à exclure, que ce soit un de ses proches qui ait été surveillé… Pourquoi pas vous, John, avez-vous donné des informations compromettantes concernant mon frère à une de vos conquêtes ? Des confidences inappropriées sur l'oreiller, peut-être ? »

John sentit très nettement le ton condescendant et l'ironie contenue dans la voix de Mycroft, et il sentit aussitôt la moutarde lui monter au nez.

« Ah donc si je comprends bien, vous présumez que JE suis responsable de ce qui arrive à Sherlock ! Je ne suis pas complètement idiot contrairement à ce que vous pouvez croire, jamais je ne trahirais Sherlock, je serai incapable de faire ça ! Et je ne donne pas d'informations privées sur lui à personne, encore moins à une de mes petites amies… D'ailleurs il n'y en a pas eu récemment, votre frère occupe tout mon temps, la plupart du temps parce que justement il a besoin de moi pour lui sauver les fesses ! J'ai sauvé votre cher petit frère plus souvent que vous ne le ferez jamais, alors je vous interdis… »

« C'est bon, ça suffit comme ça, vous deux ! » Intervint Lestrade qui redoutait que cette goutte d'eau ne soit celle de trop dans une situation déjà plus que tendue.

Mycroft et John se regardèrent en chien de faïence de longues secondes jusqu'à ce que Greg ne toussote en tentant de changer de sujet.

« Il est plus probable qu'une personne de votre voisinage ait espionné Sherlock, ou peut-être quelqu'un de son réseau de sans abri, de l'espionnage à l'ancienne… On devrait vérifier à nouveau dans les anciennes affaires de Sherlock, il a peut-être compromis la couverture d'un agent infiltré qui se vengerait ? »

John lança un dernier regard noir à l'aîné Holmes avant de souffler.

« Possible, mais je ne vois rien de tel dans les affaires qu'on a eu tous les deux en tout cas… Mais je pense que nous avons affaire à des professionnels, on devrait chercher dans les anciens agents secrets, militaires, policiers… »

Mycroft, ayant en façade retrouvé son calme habituel, intervint.

« La base militaire de Baskerville n'est pas loin d'ici, mais cependant trop loin pour être dans notre zone de recherche. Je vais me renseigner sur le personnel et faire une visite surprise, si l'un d'eux sait quelque chose à propos de mon frère, je le saurai… »

« Je viens avec vous ! » Lança John, déjà prêt à retourner sur le terrain malgré l'heure tardive.

« Votre présence ne m'enchante guère, Docteur Watson, mais vous serez utile en tant qu'ancien militaire, vous explorerez la zone pendant que je tirerai des informations de la part du personnel… Nous irons demain à l'aube, d'ici là nous devons relire tous les témoignages recueillis par la police, ils sont capables d'être passés à côté de quelque chose – avec tout mon respect inspecteur Lestrade » Ajouta t'il à la hate avec un faux sourire devant la mine sombre du policier qui en avait clairement assez que les Holmes remettent toujours en question les compétences de la police.

John leva les yeux au ciel puis salua : « Je vous laisse le soin des vérifications, je dois suivre une nouvelle piste, une idée que je dois mettre au clair… »

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John avait pensé à quelque chose. Il se souvenait avoir vu à la télévision, il y avait quelques mois de cela, un reportage sur une légende urbaine qui parlait d'un chien monstrueux sur la zone de Baskerville. Le reportage avait évoqué un possible chien mutant génétiquement modifié, ou d'autres théories vaseuses que John avaient trouvé ridicules.

Pourtant, ces traces étranges, à moins de cinquante km de Baskerville, lui rappelaient cette légende. Il décida d'en apprendre plus.

Pendant toute une partie de la soirée, il enquêta, recueillant des témoignages de gens du village, appelant des personnes ayant soi disant vu la bête, épluchant des tonnes d'articles de presse, de sites internet de théories sur la bête, tout ce qu'il pouvait apprendre à ce sujet.

À la fin de la soirée, il s'installa avec un sandwich dans sa chambre d'hôtel pour relire toutes ses notes. Il ne sentait plus la fatigue, de nouveau il ressentait cette adrénaline due aux enquêtes, bien qu'elle soit complètement entachée par la peur qu'il ne cessait de ressentir pour son ami.

Les informations qu'il avait recueilli étaient confuses. Cependant, bien des gens semblant tout à fait sains d'esprit disait avoir entendu des bruits ou vu des traces étranges dans la forêt, certains parlaient de bête monstrueuse aux yeux rouges mais personne n'était vraiment sûr que tout ceci soit réel ou bien un énorme canular. Une chose était sûre, toute la légende tournait autour d'un lieu : Baskerville.

Vers minuit, Greg frappa à sa porte, visiblement éreinté.

« Salut… On a épluché tous les témoignages, voisins, clients, personnel de l'hôtel, riverains de Baker Street, ainsi que de la rue où a été enlevé Molly… On n'avance pas, mais Mycroft a l'air persuadé qu'il faut creuser dans votre voisinage proche… Tu n'as vraiment jamais rien remarqué de suspect ? »

John secoua la tête. Il avait beau réfléchir, il ne voyait rien, et ça le rendait fou.

« Écoute Greg… Je crois qu'on a affaire à des militaires de Baskerville, à cause des chiens… On sait que ce sont des professionnels, la fourgonnette est allée en direction de la forêt, en direction de la base militaire… Les gens alentours sont persuadés qu'il se passe quelque chose d'anormal là-bas depuis des années, que le « chien » viendrait de là… Il y a des traces de bête un peu étranges dans la forêt, sur le lieux du crime de Matilda Winter, et de sa disparition… Ensuite Sherlock a enquêté et il disparaît… Je suis sûr que ce n'est pas une coïncidence… »

« Oui mais Mycroft semble sûr que c'était prémédité, tu pense que ce meurtre… Était en fait un moyen d'attirer Sherlock ici ? »

Les deux enquêteurs restèrent un moment à élaborer leurs théories, et ils devaient bien reconnaître que cela avait du sens. Ce qu'ils n'avaient toujours pas, c'était le mobile. Et puis cette histoire de chien qui leur paraissait complètement abracadabrantesque… Le seul moyen d'y voir plus clair était d'attendre le matin et la visite dans la base militaire.

Après quelques heures de sommeil agité, l'enquête avait repris. John avait l'impression d'être tombé dans un tourbillon qui ne s'arrêterait plus tant qu'ils n'avaient pas retrouvés les deux disparus. Plus il était fatigué, plus il avait du mal à contrôler sa peur de ne plus jamais revoir Sherlock. Ça lui tordait l'estomac sans cesse, comme une douleur qui pouvait le tuer si ses pires craintes s'avéraient vraies.

Sur le chemin pour Baskerville, Mycroft et lui avaient épluché les dossiers des membres du personnel de la base, mais il y en avait tellement que John n'en voyait plus le bout, c'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin, alors que le temps leur manquait tellement…

Ils en étaient toujours au point mort alors qu'ils entrèrent dans la base.

Mycroft avait évidemment un pass d'accès, et toutes les équipes de supervision avaient été en panique de voir débarquer « le gouvernement britannique » pour une inspection surprise. John avait été impressionné de la facilité avec laquelle l'aîné Holmes pouvait accéder à tout et partout sur simple évocation de son nom, et il devait bien admettre que c'était une bénédiction aujourd'hui, au vue de l'urgence de la situation.

Pendant près de trois heures, John avait « fouillé » de fond en comble les locaux tandis que Mycroft lui, se chargeait des interrogatoires. Pourtant, lorsque les deux hommes sortirent enfin de ce lieu inquiétant, ils n'avaient aucune traces ni de Sherlock et Molly, ni de suspect, ni de chiens mutants ou autres choses du genre. Mycroft était néanmoins d'accord avec la théorie de John, et décida de se renseigner plutôt sur les personnes ayant travaillé à Baskerville de par le passé.

Lestrade les attendaient à l'hôtel.

« Toujours rien, soupira t'il. Nous ne parvenons pas à tirer grand-chose des informations sur les véhicules ayant servi aux deux enlèvements. Pour la voiture qui a transporté Molly, on sait seulement que les plaques étaient fausses, que la voiture avait été volée à Londres il y a deux ans et n'avait jamais été revu depuis… L'enquête à l'époque n'avait rien donné… J'ai demandé à Donovan de rouvrir l'enquête mais il est peu probable que ça aboutisse. La scientifique n'a rien trouvé dans la ruelle où a été enlevée Molly, c'est vraiment du travail de pro, il n'y a rien, pas de trace, pas de témoignage… Ces types sont vraiment… des fantômes… »

John s'écroula sur le fauteuil le plus proche, désespéré. Il se sentait abattu, à chaque fois qu'ils pensaient avancer, ils se retrouvaient dans la même impasse.

« Qu'est-ce qu'on a raté ? Qu'est-ce qu'on ne voit pas et qui est là, forcément quelque part sous nos yeux… Essayons de voir les choses comme Sherlock les verrait… Qu'est-ce qu'il verrait ? »

Mycroft se mit à rire avec ironie.

« Croyez moi, il ne verrait rien du tout, mon petit frère a toujours été bien plus stupide que moi et pour l'instant, je dois bien avouer ne pas avancer très rapidement moi-même… »

John bondit de son fauteuil, en colère.

« Oh ça commence à suffire vos disputes de gosses là, comment vous penser à traiter votre frère de stupide, ce qu'il n'est absolument pas, dans un moment où vous devriez juste avoir peur pour lui si seulement vous vous comportiez comme une personne NORMALE pour une fois ! »

« Étrangement Docteur Watson, lorsqu'il s'agit de mon frère, le fait de ne pas se comporter comme une personne normale ne vous dérange pas… Sherlock ne s'est jamais comporté comme une personne normale, mais ce n'est pas ce qui vous empêche d'entretenir des relations très proches avec lui, et à l'instant même, d'être parfaitement terrifié pour son sort… »

« Ah non, ça ne va pas recommencer ! Vous croyez vraiment que vous aidez Sherlock et Molly là ? » Cria Lestrade qui avait de plus en plus l'impression de mener une enquête avec deux enfants de maternelle ( ce qui en fait n'était pas si éloigné de ce dont il avait l'habitude en travaillant avec Sherlock) .

La tension était palpable dans la pièce, et chacun choisit de reprendre ses occupations respectives. L'enquête était loin d'être finie.

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Les recherches dans la forêt ne donnaient toujours absolument rien. Mycroft avait été obligé de montrer son autorité en obligeant les équipes de recherches à élargir le périmètre des recherches en se rapprochant de la zone de Baskerville, là où tous les soupçons se portaient. Les équipes avaient été renforcées et de nouveaux chiens pisteurs avaient été dépêchés sur place, mais rien ne semblait indiquer que les deux disparus étaient bien ici et la lieutenant Katlyn Road commençait à douter chercher au bon endroit.

« Depuis la découverte du téléphone du Docteur Hooper, nous n'avons aucun indice qui prouvent qu'elle et Monsieur Holmes sont ici… Ils ont pu être amenés n'importe où… Au lieu de resserrer le périmètre, nous ne faisons que l'élargir, rendant plus difficile le travail des équipes. Je ne pourrai pas prolonger très longtemps ces recherches, il va falloir continuer l'enquête autrement… J'en suis navrée… »

Leur annonça la lieutenant. Mycroft savait que malgré ses pouvoirs, il ne pouvait pas mobiliser toutes les forces de police de la région pendant des jours et des jours, pas alors qu'il n'y avait plus aucun indice qui les emmenait ici. Ils n'avaient pour l'instant que la certitude qu'à un moment donné, les ravisseurs étaient allés dans la forêt.

John lui, avait une toute autre opinion.

« C'est absurde ! Vous ne comptez tout de même pas laisser mourir Sherlock et Molly dans cette forêt, on sait que les kidnappeurs venaient d'ici et y sont retournés après l'enlèvement, et tout nous ramène dans la forêt, même l'enquête sur Matilda Winter… »

La lieutenant le regarda un peu étrangement.

« Matilda Winter ? Quel rapport y a-t-il ? Vous avez de nouveaux éléments que vous ne nous avez pas communiqué, Docteur Watson ? »

John se mordit les lèvres, réalisant qu'il aurait en fait préféré suivre lui-même cette piste. Cela dit, même s'il n'aimait pas particulièrement la lieutenant, elle avait raison, il devait informer la police de la moindre piste.

Il expliqua tout ce qu'il avait fini par trouver, et montra également les notes de Sherlock sur cette affaire, bien qu'il n'avait rien appris qu'il ne sache déjà. La lieutenant le remercia puis s'éclipsa pour continuer son travail :

« La prochaine fois, essayez de nous informer immédiatement des avancées de votre enquête, ici vous n'êtes pas l'assistant de Monsieur Holmes, nous tolérons seulement votre aide en tant que consultant… Vous ne devez rien entreprendre seul, dorénavant. »

John n'était pas content. Il avait l'habitude du terrain et il savait quoi faire, et il n'hésiterait pas une seule seconde à recommencer s'il le fallait. Tant que Sherlock avait besoin de lui, il serait là, peu importe les ordres du lieutenant Road.

Mais le temps pressait. Il fallait trouver quelque chose qui rattache l'enquête à la forêt, sinon, les équipes partiraient et les chances de retrouver les disparus seraient minimes.

Il décida d'aller éplucher les dossiers que Mycroft était lui-même en train d'examiner. Plusieurs heures s'écoulèrent lorsque Mycroft s'arrêta sur l'un d'eux.

« Denis Thompson… Un ancien serrurier à la retraite, qui habite dans un immeuble en face du 221 b Baker Street… Il semble bien sous tout rapport, mais son demi-frère, Bill, est un ancien militaire et travaillait… A Baskerville. Il a brutalement quitté la base il y a une vingtaine d'années, et les raisons sont confidentielles, - elles ne vont pas le rester longtemps - . Nous avions déjà analysé le profil de Denis Thompson… Mais pas celui de son frère. »

John bondit sur ses pieds.

« Oh non… Il a pu nous espionner pour le compte de son frère, il habite l'immeuble juste en face… Ou bien son frère a pu installer des outils de surveillance sans même qu'il ne s'en rende compte… Mycroft, il faut absolument trouver pourquoi cet homme a quitté Baskerville il y a vingt ans… »

Les choses semblaient tout à coup s'accélérer.

Lestrade avait été mis sur le coup immédiatement, en collaboration avec la lieutenant Road. Bill Thompson était un ancien militaire affecté à la base de Baskerville dans le domaine confidentiel des drogues de synthèses. Son dossier était classé secret défense. L'homme avait travaillé sur un projet de drogues permettant aux soldats d'augmenter leurs capacités de combat, mais l'expérience avait mal tourné en raison des effets très nocifs des produits administrés. Tout les participants avaient été ensuite définitivement exclus des zones militaires. Il étaient une dizaine, dont le scientifique Gil Thomas, qui avaient clairement et volontairement voulu étouffer l'affaire. Depuis, plus personne n'avait retrouvé sa trace.

Une perquisition avait été décidée et devait avoir lieu chez le frère de Thompson, en face du 221b.

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La nuit avait été très, très longue. Tout le monde était sur le pont, Lestrade coordonnait la perquisition menée à Londres par Donovan et Anderson, alors que Mycroft s'était rendu à Baskerville pour avoir tous les renseignements nécessaires et que John travaillait avec la police locale pour chercher si l'un des membres de l'ancienne équipe de Baskerville avait un pied-à-terre, de la famille ou des amis dans le secteur.

Tard dans la nuit, ils avaient tous eu confirmation qu'il y avait bel et bien du matériel de pointe chez le frère Thomson qui lui permettait d'espionner Sherlock. Cependant, étrangement, le propriétaire de l'appartement avait disparu, en hâte d'après les indices récoltés sur place par l'équipe de Donovan.

Personne dans les environs ne semblait connaître de près ou de loin l'un des suspects, et ils ne possédaient aucun bien alentours. Il allait falloir perquisitionner chez chacun d'eux et travailler avec les polices locales de plusieurs villes d'Angleterre, ce qui semblait un travail titanesque, mais plus personne n'était prêt à lâcher l'affaire ne serait-ce qu'une minute. Toute la nuit, ce fût la valse des coups de fils, des explications, de l'agitation, des mandats de perquisition en urgence, et John devait au moins remercier Mycroft pour ça, car il permettait une efficacité redoutable de par ses relations.

Au petit matin, la tension était à son comble.

Mais ce fût John qui, en faisant tomber un dossier, posa les yeux sur une de ses notes concernant la bête qui hantait les lieux.

« J'ai vu la bête près de l'ancienne base de Baskerville »

Disait un témoin.

L'ancienne base. Ancienne.

John fronça les sourcils.

« Euh… Est-ce que quelqu'un sait s'il y a une ancienne base de Baskerville ? Une qui ne servirait plus ? »

Mycroft releva les yeux de son dossier, un éclair de compréhension dans ses yeux.

« À cinquante km d'ici… Les locaux sont strictement impossibles à détecter car ils sont sous terre, aucune vue aérienne, et le brouillard constant dans les ravins cache tout de toutes façons… Personne ne peut y accéder, la base fait des dizaines de km2, entourés de champs de mines… Personne ne pourrait avoir accès à cette zone… sauf… des personnes ayant déjà travaillé sur Baskerville et à conditions qu'ils aient volé des pass… »

Tout le monde se retourna vers Mycroft. C'était une évidence, cette fois-ci. S'il y avait un endroit où les anciens militaires pouvaient retenir leur otages, c'était là. L'ancienne base de Baskerville.

Il fallut encore plusieurs heures, jusqu'à l'aube, pour découvrir que les actuelles équipes de Baskerville avaient caché un fait important : à l'époque, l'un des suspects avait été soupçonné d'avoir volé des pass permettant les accès à l'ancienne base, mais il y avait eu négligence de sécurité car sans preuve formelle, ils avaient oublié cette affaire et n'avaient pas renforcé la sécurité de l'ancienne base. La faille de sécurité était de telle ampleur qu'ils n'en avaient pas parlé à Mycroft, mais c'était désormais chose faite.

L'aîné Holmes était dans une grande colère, et jamais John ne l'avait vu avec un tel regard et un tel visage.

« S'il arrive quelque chose à mon petit frère par votre faute, vous pouvez dire adieu à votre carrière et à tout le reste… »

John songea que finalement, peut-être que Mycroft Holmes aimait son petit frère.

Ils savaient désormais où chercher. Mais ils n'avaient aucune idée de ce qu'ils allaient trouver.

L'impact fût violent. Le corps métallique de la bête contre le corps affaibli de Sherlock, créant un bruit épouvantable de ferraille alors que la bête hurlait et que Sherlock criait de rage, presque inconscient de la douleur.

Molly aussi criait. L'animal venait de mordre Sherlock au bras et il semblait toujours ne pas s'en rendre compte, comme si toute sensation de douleur ou de logique avait disparu de lui. Il continuait de se battre comme un fou enragé, et Molly songea un instant qu'il ressemblait à un robot, il avait l'air complètement dans un autre monde, sa force semblait décuplée alors que sa blessure saignait abondamment, tachant de rouge la chemise blanche déjà bien décolorée par leur mésaventure.

Molly eut à peine le temps de comprendre ce qui arrivait. Sherlock parvint à récupérer son arme et à en donner de nombreux coups à la bête qui chaque fois, résonnaient comme s'il avait frappé du métal. Le bruit se répercutait dans toute la forêt alentour, terrifiant.

Puis, tout à coup, il sembla réaliser ce qui était en train de se produire. Elle vit ses yeux se charger de terreur pure et dans un geste qu'il ne devait qu'à l'instinct de survie, il tira de face sur l'animal, là où il n'y avait pas la partie métallique.

Et la bête s'écroula.

Ce fût à cet instant que Sherlock réalisa qu'il avait été mordu. La douleur le submergea d'un seul coup et il chancela, s'écroulant dans un cri de souffrance. La crise de démence était partie, laissant place à la douleur et l'épuisement.

Molly se releva précipitamment, effrayée de le voir dans cet état. Cette blessure lui enlevait presque toutes ses chances de survie dans cette forêt infernale.

Tremblante, elle ôta son manteau puis sa chemise ensanglantée pour lui faire un garrot, serrant autant que possible la blessure pour stopper le sang avant de lui remettre son manteau pour le protéger du froid. La morsure était profonde, et dans un état de faiblesse tel que celui de Sherlock, il n'y avait aucun doute sur les risques majeurs de complications.

Sherlock semblait ne plus pouvoir réagir à quoi que ce soit. A moitié dans l'inconscience, il ne répondait pas, ne semblait plus rien voir ou comprendre.

Au bout de plusieurs minutes, cependant, elle parvint à stopper le saignement. Pourtant, elle ne pouvait rien faire contre la douleur qui semblait le submerger totalement, plus forte que toute la maîtrise et le contrôle qu'il pouvait exercer sur lui-même. Il tremblait, le visage contracté et des larmes de douleur s' échappaient de ses yeux fermés. Il était évanoui.

Un long moment, Molly resta à ses côtés, pleurant à son tour de désespoir. Elle n'était pas assez naïve pour ne pas comprendre qu'il serait incapable de reprendre la route s'il revenait à lui. Mais le laisser ici pour continuer seule était la pire décision pour Molly. Alors elle se contenta de le prendre dans ses bras et de tout faire pour l'apaiser, lui parlant, le suppliant, caressant ses boucles noires tendrement. Son cœur était brisé de le voir comme ça, ça lui était juste insupportable.

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Sherlock était perdu dans une vague interminable de douleur et de peur. Il était perdu dans son palais mental, en réalité pas vraiment évanoui mais dissocié de la réalité à cause des chocs successifs. Il n'avait aucune idée de pourquoi il avait affronté la bête tête baissée sans voir ce qu'il faisait.

Pourtant, dans son cerveau sous adrénaline, sous drogue, il entendait toujours John. John, John, John. Qui lui disait de se réveiller, d'aller analyser la carcasse de la bête, de déduire, vite.

Il fallut presque trente minutes à Sherlock pour revenir à lui, dans une grimace de douleur. Fiévreux, il attendit de reprendre ses esprits et il tenta finalement de se relever, cherchant dans tout ce qui lui restait de courage. Il regarda en direction de l'animal.

Il était réellement terrifié, cette fois. Tout son être exprimait la terreur, mais il s'avança courageusement vers l'animal à terre pour l'examiner.

« Oh c'est pas vrai… Qu'est-ce que c'est que ça… » souffla Molly alors que Sherlock détachait ce qui avait été l'armure de la bête.

Une armure semblable à un corset métallique entourant le corps du chien. Et dans la gueule, un équipement de faux crocs acérés, métalliques eux aussi. Et des sortes de lentilles rouges brillantes dans les yeux. Et plus loin dans la gueule, un équipement posé pour modifier les aboiements.

« Ce n'était qu'un chien… Un chien équipé de technologies de pointe le transformant en robot animal, nul doute qu'il a été lui aussi drogué pour être agressif et soumis… »

Le détective n'avait jamais rien vu de tel dans sa carrière. Il regarda avec une expression indéchiffrable l'animal, et pour la première fois, la peur en lui disparu.

Il savait. Il avait compris et grâce à ça, il reprenait le contrôle. C'était ce dont il avait besoin pour lutter, encore un peu, contre les douleurs qui lui vrillaient la tête.

« le chien était une victime, comme nous…. Et ma réaction montre quel était leur but. Ils développent une drogue capable d'augmenter toutes les émotions à l'extrême, particulièrement la terreur. Lorsque le cerveau arrive à sa capacité de contrôle maximum, les hallucinations nous montrent nos pires craintes ou nos pires adversaires, c'était Moriarty dans mon cas … La colère et la rage se mélangent alors à la peur et nous devenons des… armes redoutables. Prêts à tuer n'importe qui, prêts à se battre sans savoir qui nous combattons. Idéal pour engager n'importe qui sur n'importe quel champs de bataille. C'est une drogue pour créer de véritables machines à tuer... animales, au départ… puis humaines, maintenant. C'est ce que je serai devenu si j'avais continué à être drogué et torturé mentalement… »

Molly était horrifiée par une telle révélation. Mais il ne lui laissa pas le temps de s'exprimer.

« Molly… Il faut que vous sortiez d'ici, je ne suis pas…. Je ne peux pas vous suivre mais je vais vous expliquer exactement ce que vous devez faire. »

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Molly avait reçu toutes les informations. Sherlock la couvrirait pendant qu'elle s'enfuirait. Il n'y avait aucune autre solution, ils le savaient tout les deux.

Les larmes aux yeux, elle craqua.

« Quelles sont vos chances de survie ? »

« Eh bien… Je dirai, environ 20 %... Par contre, vos chances de survie sont bien supérieures à un niveau très légèrement plus élevé que 50% si vous suivez toutes les instructions, ce qui vous permettra de trouver de l'aide et d'augmenter mes propres chances de survie… qui seraient également à 0 si vous restiez avec moi ou bien si je tentais de vous suivre… »

La jeune femme prit sa tête entre ses mains, désespérée.

« C'est dur ça, Sherlock… vraiment c'est difficile… C'est la pire chose que… » un sanglot coupa sa phrase et il la regarda avec une certaine douceur.

« Je sais… Mais c'est la seule solution, ou du moins celle qui nous apporte le plus fort taux de probabilité de survie… Je veux vous demander quelque chose, Molly. Prenez votre vie en main et arrêtez de vous priver du bonheur que vous méritez. Quand vous sortirez, allez voir Lestrade. Il est amoureux de vous, et je sais qu'il vous conviendrait tout à fait et vous le savez aussi mais n'auriez jamais essayé quoi que ce soit avec une personne proche de moi ce qui est évidemment à cause des sentiments que vous éprouvez à mon égard… Rendez-vous service, libérez vous de moi et soyez heureuse ailleurs… »

Molly le dévisagea, le souffle coupé.

« Greg… Mais comment diable savez-vous qu'il… Que je… Oh non, ça n'a pas d'importance, laissez tomber… Vous êtes en train de me dire adieu là Sherlock, c'est ça ? » Souffle t'elle avec une douleur qu'elle n'aurait jamais cru possible.

Sherlock baissa brièvement les yeux, et elle su qu'il pensait qu'il ne sortirait jamais de la forêt.

« Adieu, non, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé… j'essaie juste d'aider une amie. J'espère que vous serez très heureuse, Molly Hooper… Vous le méritez… »

La jeune légiste eut l'impression que tout son monde s'écroulait sous ses pieds. C'était la plus belle déclaration d'amitié que Sherlock puisse donner à quelqu'un, mais c'était un adieu déguisé.

Et il avait raison. Elle éprouvait quelque chose pour Greg, mais elle ne l'aurait jamais dit, parce qu'il était trop proche de Sherlock.

« Promettez » demanda Sherlock avec autorité, lui demandant clairement par ce simple mot de faire tout ce qu'il lui avait demandé.

« D'accord… Mais quand vous sortirez d'ici… Allez voir John. »

Le détective lui lança un long regard qu'elle ne sût pas vraiment déchiffrer, jusqu'à ce qu'il lui souffle : « Allez y maintenant. »

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Molly semblait désespérée alors qu'elle se décidait enfin à s'éloigner, sachant qu'il n'y avait de toute façon pas d'autre solution.

« Molly, attendez ! »

La jeune femme se retourna, pour voir un Sherlock arriver juste en face d'elle en quelques grandes enjambées. Il était suffisamment proche pour qu'elle se sente presque de nouveau gênée, mais ce fût encore pire lorsqu'il demanda à brûle pourpoint :

« Embrassez moi… »

Molly resta complètement incrédule, imaginant qu'elle devait avoir mal entendu car il était évident que jamais de tels mots ne sortiraient de la bouche de Sherlock en s'adressant à elle. Elle était sûre d'avoir rougi d'un coup et même d'avoir reculé de quelques pas.

« Je… Quoi ? »

Devant elle, Sherlock paraissait tout ce qu'il y avait de plus sérieux, et il réitéra ses paroles avec plus de conviction que la première fois.

« Molly, embrassez moi… »

Devant la mine confuse et choquée de la jeune femme, il s'agita en s'expliquant :

« J'ai réfléchi et je pense que malgré vos promesses, vous n'arriverez pas à passer à autre chose si vous n'avez pas complètement réalisé votre… fantasme. Ce que je veux dire c'est que si vous partez maintenant sans avoir eu ce que vous attendiez de moi, vos prochaines relations seront… Entachées par l'idée de ce qui aurait pu se passer entre nous, alors la seule solution c'est que vous réalisiez le fantasme qui ainsi n'en sera plus un une fois qu'il se sera réalisé. Donc, il faut que vous m'embrassiez. »

Molly était complètement abasourdie en écoutant et elle recula davantage instinctivement, ne comprenant pas.

« Non, je… Il est hors de question que je fasses ça, vous ne pouvez pas faire ça non plus, pas quelque chose dont vouerrible… »

Elle tremblait et ne savait pas comment elle pouvait être dans une situation aussi stupide. Refuser les avances de Sherlock était bien la dernière chose au monde dont elle avait envie, et la dernière chose qu'elle aurait cru faire un jour. Mais elle ne pouvait pas, pas comme ça…

Sherlock lui sembla s'impatienter.

« Je reformule ma question : avez-vous envie de m'embrasser ? Oubliez les questions philosophiques et les excuses inutiles, la question c'est oui ou non voulez-vous qu'on s'embrasse ? »

Molly avait l'impression qu'elle allait s'évanouir. Elle bafouilla quelque chose comme « oui, non, enfin oui bien sûr évidemment que je le veux, depuis toujours mais non je ne peux pas le vouloir parce que vous vous n'en avez pas envie alors… »

Le jeune détective roula des yeux d'agacement et sans qu'elle n'ait le temps de comprendre, il était sur elle, ses deux longues mains fines posées de chaque côté de son visage et alors qu'il se penchait, elle sentit ses lèvres sur les siennes.

Manquant de trébucher sous la surprise, elle s'agrippa à son épaule alors qu'elle réalisait à peine. Le baiser qu'il lui donnait n'était en rien comparable à un simple baiser rapide ou bâclé, mais au contraire il y avait quelque chose de tellement passionné dans l'attitude de Sherlock, il était d'un coup devenu sensuel, animal, exigeant et délicat en même temps et elle dû rouvrir les yeux quelques secondes pour être sûre que c'était bien lui qui l'embrassait comme ça.

Le choc était tellement fort en elle qu'il lui semblait que son cerveau était déconnecté de son corps. Ce que Sherlock faisait ne semblait en rien quelque chose de forcé, il n'y avait ni gène, ni retenue, ni hésitation, il semblait bel et bien entièrement présent dans le baiser et quelque chose en Molly se brisa. Elle ne savait pas si c'était sa peur qui s'en allait, ou si c'était l'effet de la réalisation que ça arrivait vraiment, que c'était la première fois, mais aussi la dernière, ou si c'était le bonheur absolu que de réaliser son rêve ou au contraire la douleur la plus intense de savoir que quoi qu'il arrive ce baiser serait un adieu… Ou alors, si ce serait pas en fait … exactement ce que Sherlock avait prédit, un adieu libérateur … Elle ne savait pas, mais le fait est que lorsque Sherlock s'éloigna légèrement d'elle, et qu'elle vit dans ses yeux qu'il n'y avait pas une once de dégoût ou de pitié, elle sentit son cœur étrangement apaisé.

« Vous ne vous êtes pas obligé à faire ça… Je ne comprends pas… »

Le regard de l'homme se fit étonnamment doux et protecteur.

«Bien sûr que non je ne me suis pas forcé… Je vous l'ai dit, je sais que vous aviez besoin de ça… Et… C'était peut-être un peu, bien, légèrement une relation amicale ambiguë, et bien que je ne m'y connaisse pas grand-chose je pense que c'était nécessaire de.. clarifier les choses et de… tenter l'expérience pour… passer à autre chose. Maintenant, c'est à vous… Embrassez-moi, vous ne l'avez toujours pas fait puisque c'était moi qui ai initié le.. »

Elle sourit alors qu'elle le regardait s'empêtrer dans des explications logiques inutiles et elle réalisa qu'il avait juste raison. Quoi qu'il y ait eu entre eux, ça devait être dit, exprimé maintenant, pour mieux se détacher ensuite. Alors elle n'hésita plus. Elle franchit à son tour la courte distance qui le séparait de lui, l'attirant vers elle avec force pour lui rendre son baiser cette fois.

C'était comme si le monde s'était arrêté autour d'eux. Molly décida de mettre tout ce qu'elle avait dans cet unique baiser, toute sa passion, son désir, son amour, son affection, sa tendresse, son admiration envers celui qui avait fait battre son cœur sans cesse depuis des années et qui continuerait à le faire d'une autre manière après ça. Sa rage aussi, de n'avoir pas pu se détacher de lui avant, sa rage parce que non, il n'était pas celui qu'elle pouvait avoir, au fond d'elle, elle savait désormais qu'aussi fort qu'elle l'aimait, il n'était pas et ne serait jamais l'homme qu'elle attendait réellement. C'était une étrange sensation, confuse, mais Sherlock était un fantasme irréalisable qui ne pouvait devenir réalité sous peine de perdre tout le charme de l'existence même du fantasme. Le fait de l'avoir ainsi si proche, lui faisait réaliser qu'il n'était pas une espèce de surhomme inaccessible, mais juste un homme, humain et fragile parfois, et un homme avec qui elle ne s'accorderait jamais au quotidien. Il avait soif d'aventure et d'adrénaline, de risques insensés et de courses poursuites dans les rues de Londres, il était un tourbillon, énergique, frénétique, dangereux, tourmenté. Elle avait besoin d'un homme qui soit tout le contraire. Si Sherlock la faisait tant rêver, c'est parce qu'elle avait toujours su qu'il lui était inaccessible. Il avait l'intelligence pour le comprendre, aujourd'hui, et en lui offrant ce baiser intense et désespéré, il lui faisait peut-être le plus grand des cadeaux : la détacher de lui. Amoureusement, du moins.

Elle savait que plus rien ne serait comme avant ensuite, mais pour l'instant, là, tout de suite, elle s'accrochait désespérément à ses lèvres au dessin parfait, agrippant ses cheveux bouclés désormais complètement désordonnés, lui offrant tout ce qu'il y avait à offrir et il en faisait tout autant, aussi étrange que cela puisse être de sa part. Il n'avait plus rien d'un sociopathe froid et distant, juste là, avec elle à cet instant précis, il était juste Sherlock, pour elle, si loin de monsieur Holmes. Cela aurait bien pu durer une heure ou une seconde, elle s'en fichait, leur baiser approfondi était libérateur et lorsqu'elle se détacha finalement de lui, elle eut l'impression de lui avoir tout dit, tout ce qu'elle ressentait pour lui avait été dit… Son cœur était libéré d'un tel poids qu'il lui semblait plus léger, malgré la douleur, et ses yeux qui picotaient…

Le regard de Sherlock était tellement fort, et son demi sourire tellement humain… L'échange de regard entre eux à cet instant valait tout les mots qu'ils n'auraient jamais pu dire…

« Ça va aller Molly… Mais maintenant… Courrez. »

Elle hocha la tête sans quitter son regard, puis se retourna enfin. Elle avait promis qu'elle ne se retournerait plus jusqu'à trouver de l'aide.

Elle le ferait. S'il restait ne serait-ce qu'une seule chance de sauver Sherlock, elle se battrait jusqu'au bout.

Nous voici à un moment charnière de l'histoire... Pensez vous que Molly va réussir à sortir seule de la forêt infernale? Sherlock pense pouvoir la couvrir, mais son état peut il vraiment le lui permettre? Donnez moi vos pronostics sur la suite!

Et qu'avez vous pensé du Sherlolly? Il va prendre une tournure différente à partir de maintenant, dans tous les cas!

le prochain chapitre suivra en temps réel la progression de Molly, de Sherlock, des équipes de Greg et de John dans la forêt chacun de leur côté... Les militaires et les chiens restants eux, seront toujours là, menaçant la sécurité de chaque personne au sein de la forêt infernale... Jusqu'au final de la partie consacrée à la forêt, et il va vous falloir retenir votre souffle car les choses ne vont pas forcément très bien se passer...