Salut tout le monde! :)
Me voici tout juste rentrée de vacances et je ramène dans mes bagages un tout nouveau chapitre de cette histoire!
La conclusion de l'aventure dans la forêt infernale approche ( la fic ne sera pas terminée pour autant ), mais les choses sont loin de se dérouler sans heurts pour nos héros qui, pour l'instant, se retrouvent tous chacun de leur côté dans la forêt, se cherchant mutuellement... Et les retrouvailles pourraient bien ne pas être telles qu'ils en avaient rêvé !
Avertissement : comme d'habitude, le chapitre est assez violent et angoissant.
CHAPITRE HUIT
« LA SORTIE, partie un »
Sherlock observa Molly s'éloigner, son regard azur un peu perdu.
Il souffla lentement, sentant désormais le vent glacial jusque dans ses os. Molly avait été d'un énorme soutien pour lui, dans cette épreuve difficile et depuis le début, elle lui avait donné de la force pour se battre et s'en sortir, même s'il n'oserait jamais l'admettre. Désormais qu'elle était partie, il était seul face à lui-même, face à ses pires peurs et surtout, peut-être, face à la mort.
Vingt pour cent de chances de survie. C'était ce qu'il avait dit à Molly, mais il savait que c'était faux. Il avait calculé que dans le meilleur des cas, il avait environ dix pour cent de chances. Ou moins. Non pas parce que son plan n'était pas bon, au contraire c'était le seul qui pouvait fonctionner.
Non, le problème n'était pas le plan. C'était parce qu'il avait conscience que physiquement, il ne tiendrait pas longtemps, d'autant que ce qu'il allait faire pour permettre à Molly de s'enfuir, allait probablement épuiser ses dernières ressources, physiques du moins.
Il était terriblement affaibli. Même lui qui n'avait jamais prêté vraiment attention aux faiblesses de son « transport », comme il l'appelait, cette fois-ci, il ne pouvait plus nier les appels désespérés de son corps. Il était épuisé, affamé, assoiffé, déshydraté, bien plus que Molly car la drogue avait décuplé sur lui tout les symptômes d'une manière plus qu'inquiétante. D'autant qu'il n'avait déjà quasiment pas mangé ni dormi pendant l'enquête avant l'enlèvement, comme il en avait l'habitude.
Et puis, il y avait la douleur. Partout dans son corps, ses poumons quand il respirait, ses reins qui devaient commencer à moins fonctionner, ses muscles, sa tête. Il n'avait pas mal uniquement à cause des coups qu'il s'était pris, non. Il savait exactement pourquoi il avait si mal.
Il avait déduit certaines choses dont il n'avait pas parlé à Molly. Notamment le fait que le projet des militaires était en fait, de ne laisser aucune chance de survie à leurs « armes humaines ». Le but était clairement de rendre des personnes capables de combattre n'importe qui sans réfléchir, puis ensuite, la drogue causait un empoisonnement qui tuaient les cobayes, afin de ne laisser aucun témoin. Il avait compris que le but final était probablement de se servir de cette substance sur des prisonniers qui ainsi combattraient contre leur camps pendant une guerre, une bataille quelconque, peut-être dans un pays lointain ou bien les militaires voulaient élaborer et mettre au point la pire des armes jamais inventées jusqu'alors, transformant n'importe quel ennemi en allié redoutable.
Et c'était précisément pour cela qu'il se sentait si mal. La drogue ne s'estompait pas en lui, au contraire, le poison le rongeait, et il pouvait déjà sentir que ses organes étaient en train de lutter pour sa survie. Quand bien même il serait retrouvé et hospitalisé à temps, il faudrait trouver en premier lieu les antidotes si seulement les militaires ne s'en étaient pas débarrassé avant.
Il estimait que son temps de survie était encore de quelques heures, tout au plus.
Mais il y avait aussi cette blessure, cette morsure profonde dûe à la mâchoire métallique du chien. Les crocs acérés en métal lui avaient transpercé la peau et le muscle, et il savait que l'infection dans son état avait déjà commencé, accélérant l'empoisonnement, diminuant d'autant plus les chances et le temps de survie possible. Surtout qu'il était déjà malade depuis qu'il avait chuté dans l'eau glaciale.
La seule chose qui lui offrait encore un rempart protecteur, c'était son palais mental qui tenait encore debout, et il avait dressé dans son esprit toutes les barrières possibles pour se déconnecter de la douleur. Tant qu'il ne ressentait pas entièrement l'agonie de son transport, il pouvait encore exécuter son plan. Sa survie ne tenait plus que par la puissance de son palais de l'esprit, il s'enfermait dans des murs capitonnés qui ne laissaient pas passer les sensations physiques, sauf celles dont il avaient besoin pour son plan.
Et dans ces murs, il y avait John et seulement lui désormais, de plus en plus silencieux mais qui le soutenait par son regard.
Sherlock n'avait plus assez de forces pour réellement imaginer les mots que pourraient dire John.
Sherlock n'avait pas l'habitude de sauver des vies. C'était John qui le faisait. Dans leurs enquêtes, c'était toujours comme ça. John sauvait alors que lui résolvait.
Mais aujourd'hui, il n'avait qu'un seul but, une seule mission : sauver Molly, lui laisser le temps de fuir. Une part de lui trouvait ça ironique, au fond. Il avait besoin de se dire que peut-être, s'il mourrait dans cette forêt, John serait fier de lui. Parce que pour une fois, c'est Sherlock qui aurait sauvé la vie d'une victime. Et pas n'importe laquelle, Molly, leur amie.
Il s'était toujours imaginé partir jeune, pendant une enquête ou alors d'une overdose. Les deux semblaient vouloir se réaliser aujourd'hui. Il était prêt à accepter cette fatalité, si à la fin il estimait ses chances de survie égales à zéro. Jusque là, il se battrait, mais il commençait à se préparer à cette éventualité. Et s'il devait mourir ici aujourd'hui, il voulait autant le faire dignement et en respectant sa dernière promesse : personne ne devait rattraper Molly.
#####
Molly avançait dans la direction que Sherlock lui avait donné. Elle ne se retournait pas, et aussi rapidement que son corps affaibli pouvait lui permettre, elle avançait. Cherchant toujours à écouter le moindre bruit lui signalant une attaque quelconque. Au loin, son objectif se dessinait, un espace sans arbre, là où la forêt laissait place à un champs. Elle voyait au fur et à mesure, que cet endroit se rapprochait, bien qu'à plusieurs kilomètres encore.
Sa volonté de survie couplée à sa volonté de sauver Sherlock, lui donnait une étonnante résistance à l'épuisement.
Elle aussi, avait faim, soif, froid, elle était légèrement malade de sa baignade forcée de la veille, elle était endolorie par les coups et les épreuves. Mais ce n'était rien comparé aux souffrances de son ami, qui, bien que lui ayant dissimulé de son mieux son état réel, n'avait pas réussi à la berner. Elle savait. Sans soin, il ne survivrait pas la journée. Sherlock était mourant et sa seule chance était que Molly atteigne ce champs au loin et que le plan fonctionne.
Alors elle avançait. Elle ne se connaissait pas une telle force de caractère, une telle résistance, mais elle savait juste qu'il était impossible qu'elle abandonne alors qu'elle était de toute façon très loin d'avoir subi les mêmes choses que Sherlock, elle était certes sûre de s'écrouler une fois qu'elle aurait trouvé de l'aide, mais elle avait pour l'heure plus de ressources physiques que lui, c'était sans conteste.
####
John sentait son cœur cogner dans sa poitrine.
Les autorisations pour fouiller l'ancienne base de Baskerville étaient arrivées. Une équipe spécialisée était en chemin pour inspecter les laboratoires souterrains, mais John n'y avait pas été autorisé. Il devait se contenter de patrouiller dans la forêt avec une équipe de la brigade cinéphile, alors que Lestrade accompagnait les équipes du Lieutenant Road dans une autre direction.
Tout était en train de s'organiser et de se mettre en place et il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre, se préparant dans la tente de secours montée à la hâte. Son arme étant déjà prête depuis longtemps et ayant déjà reçu toutes les instructions, il ne savait plus quoi faire en attendant que l'opération ne débute. Rien ne devait être laissé au hasard et personne ne voulait entrer dans cette zone dangereuse sans une préparation minutieuse et une reconnaissance du terrain, et John le comprenait, mais il bouillait intérieurement. Plus le temps passait, plus les chances de survie de ses amis s'amoindrissaient.
Alors, en attendant, il s'était proposé pour aider l'équipe médicale à se préparer. Il savait que ce serait indispensable, même s'il ignorait à quel point.
Se plonger dans ces actions lui rappelaient clairement son ancien travail de médecin militaire, et il n'avait aucun mal à prendre presque naturellement le commandement de la base médicale afin que tout soit prêt pour accueillir les otages dès qu'ils seraient libérés. S'il n'avait pas fait ça, il serait devenu fou de cette attente interminable.
Puis, le signal de départ fût donné. La base était entourée de champs de mine et il fallait que toutes les équipes entrent dans la zone par l'accès principal qui avait dû être sécurisé au préalable.
Chaque équipe de recherche se séparerait ensuite dans des directions différentes pour couvrir un maximum de terrain, mais cela pouvait bien prendre des heures, au vu de la superficie de la forêt.
Un gilet pare-balles, une oreillette pour le relier aux autres équipes et une arme étaient ses seuls équipements, mais c'était plus que suffisant pour qu'il entre dans la zone avec assurance. D'ailleurs, il y serait allé même seul et sans arme s'il avait fallu. Sa seule priorité était de retrouver Sherlock.
Alors que les quatre équipes de recherches se dispersaient, John ne pouvait s'empêcher d'espérer que ce soit la sienne qui retrouve les otages, car l'attente de revoir son ami lui était insupportable. Il voulait être celui qui serait auprès de lui immédiatement, celui qui le soignerait, lui dirait que tout est terminé. Si seulement il pouvait encore faire quelque chose pour lui… Il essaya de ne pas penser au pire, chassant cette idée horrible de retrouver le corps de Sherlock dans la forêt comme ils avaient retrouvés Matilda Winter. Cette idée lui glaçait tellement le sang qu'il se concentra sur la forêt plutôt que sur cette pensée, et il souffla plusieurs fois des respirations apaisantes comme le lui avait appris sa thérapeute.
####
Sherlock était en position, prêt à attaquer.
Il savait qu'en ne voyant pas revenir leur bête, les militaires allaient forcément débarquer. Ils avaient déjà sifflé et appelé plusieurs fois évidemment sans succès, il ne leur faudrait pas très longtemps pour arriver. Il savait qu'il n'avait pas droit à l'erreur, car s'il échouait, ils n'auraient aucune difficulté à rattraper Molly, qui était encore non loin d'ici.
Le détective s'était dissimulé derrière un rocher, ayant deviné par où arriveraient ses ennemis selon l'origine de leurs sifflements.
Comme il s'y était attendu, ils n'étaient que trois sur les huit qui restaient. Ça l'arrangeait, car tous les combattre en même temps était au-delà de ses possibilités, et de ses forces.
Lorsqu'il les vit enfin, assez loin, il lança avec force une des pierres qu'il avait ramassé, comme il l'avait déjà fait plusieurs fois, pour attirer les regards ailleurs. Un des hommes décida d'aller voir dans cette direction alors que les deux autres s'approchaient de Sherlock, tel qu'il avait prévu.
Il ne lui restait donc plus que deux adversaires pour l'instant. Il tenta une respiration profonde pour oublier la vague de douleur qui le submergeait malgré ses barrières mentales, puis il serra les dents. Il avait ajusté l'arme contre sa jambe alors qu'il était accroupi, se servir de cette arme lourde était difficile pour lui car il était presque incapable d'utiliser son bras blessé, et il devait se positionner d'une certaine façon pour arriver à tenir l'arme correctement. Il tente d'ajuster son tir de son mieux, puis dès qu'il fut sûr de lui, il tira.
Le premier des militaires qu'il visa s'écroula sous le coup, mais il n'eut pas le temps de tirer sur le second, qui immédiatement se mit à couvert, hors de sa portée.
Ce n'était pas bon. Il avait besoin de réussir à les neutraliser au plus vite, chaque occasion de perdue était une chance de survie en moins.
Le troisième homme qui était parti en direction du bruit, se retourna sur ses pas en alerte, et bien sûr il était très difficile de l'atteindre, désormais qu'il savait qu'il y avait un danger. Les nombreux obstacles de la forêt permettaient désormais aux militaires de se dissimuler, mais Sherlock lui aussi, était dissimulé et difficile à atteindre. Pour y parvenir, il allait falloir que les hommes l'encerclent et il avait prévu ça. Même s'il savait que l'issue ne lui serait guère favorable, il savait pouvoir en neutraliser plusieurs et ne pas rendre la tâche de le tuer facile. Et il allait s'appliquer à le faire, avec toutes les forces qui lui restaient.
####
Molly avait entendu le coup de feu. Elle tressauta, espérant de tout son cœur que ça provenait de l'arme de Sherlock et qu'il était parvenu à neutraliser un de leurs adversaires. Si c'était le cas, il n'en resterait plus que sept. C'était encore une véritable petite armée, mais toujours mieux que les dix du départ.
Elle accéléra le pas, constatant qu'aucun autre bruit ne se faisait entendre. Ça la rassurait un peu car ça voulait dire que Sherlock n'avait peut-être pas encore été attaqué en retour de son coup de feu. Cette idée lui donna du courage, si le plan fonctionnait elle allait pouvoir trouver de l'aide…
Elle songea à ce que Sherlock lui avait dit concernant Greg. Elle s'était toujours bien entendu avec lui, le trouvait séduisant, et au fil du temps il y avait de plus en plus de petits moments entre eux où il y avait comme un certain genre de flirt, mais elle s'était toujours refusé à se montrer intéressée par lui car à l'époque elle continuait à espérer sur Sherlock, et elle préférait des petits amis qui ne soit pas connus de ce dernier. Mais ce qui s'était passé ces dernières heures l'avait fait réfléchir. Greg était vraiment quelqu'un de bien et d'important dans sa vie, et il lui avait toujours semblé qu'il ne lui était pas insensible, alors elle pouvait tenter quelque chose… Mais elle ne savait pas comment faire, elle ne voulait plus être déçue.
La première chose à faire était déjà de rentrer saine et sauve et de laisser le policier faire son travail et retrouver Sherlock en vie, c'était la seule préoccupation pour l'instant. Et dans tous les cas, il lui faudrait du temps pour surmonter le traumatisme de ces derniers jours, elle le savait.
Le champs devant elle se rapprochait, grandissant au fur et à mesure qu'elle s'approchait de la sortie de la forêt et cette perspective lui donnait de la force, sans s'en rendre compte l'adrénaline la faisait avancer de plus en plus rapidement comme si elle était porté par cet espoir, si près et à la fois si loin, de sortir de là, l'espoir de s'en sortir tout simplement…
####
« Pause de cinq minutes, nous nous arrêtons et nous regroupons ici ! Ne vous éloignez pas du groupe ! »
L'ordre arrivait du chef de la brigade cinéphile alors que les recherches avaient commencé depuis une heure. Les chiens avaient besoin de boire et de manger, les hommes aussi d'ailleurs et il fallait faire le point. L'équipe qui devait fouiller les locaux souterrains venait d'arriver sur les lieux et avait signalé par radio qu'ils étaient prêt à donner l'assaut.
John sentait la pression à son maximum, et il avait eu droit à rester en permanence en contact avec les équipes pour être informé en temps réels. Tous pensaient que les otages étaient là, dans les souterrains, même si John lui, se doutait que Sherlock aurait été assez malin pour s'échapper et était donc peut-être plutôt là dans la forêt.
À bout de stress, il contacta Greg via leur radio.
« Équipe deux à équipe un… Du nouveau ? »
« Équipe un à équipe deux, RAS… »
L'ancien médecin militaire désespérait d'avoir enfin une info, quelque chose, n'importe quoi pour le rassurer.
Les premières informations arrivèrent dix minutes après la fin de leur pause.
L'équipe d'intervention dans le laboratoire souterrain avait arrêté un des suspects, blessé. Ils avaient trouvé des traces de lutte dans un petit réduit au fond des souterrains, avec une bougie éteinte récemment, qui pouvait confirmer la présence d'otages. Mais il n'y avait plus personne. Une des portes du labo avait été forcée et une trappe donnant vers l'extérieur avait été ouverte par un tir d'arme à feu sur le gond : tout indiquait que quelqu'un s'était enfui d'ici par la manière forte.
« Sherlock… » souffla John avec fierté, désormais certain que son ami était dans les bois avec Molly et se battait pour sa survie. Le problème étant que les autres ravisseurs étaient à leur trousses puisqu'il n'y avait personne d'autres dans le labo.
Ils étaient donc tous quelque part dans la forêt, les ravisseurs, les équipes de recherches et Sherlock et Molly. La situation pouvait dégénérer à tout moment, d'autant plus que les militaires connaissaient par cœur ce terrain, contrairement à toutes les équipes de recherches.
Tout le monde était sur le qui vive, car c'était désormais aux équipes déployées dans la forêt de gérer la situation et ils devaient tous redoubler de prudence en sachant que les militaires étaient presque tous à l'extérieur. Nul ne savait s'ils avaient les otages avec eux, et si l'arrivée de la police était connu des suspects, auquel cas ils pouvaient devenir possiblement très dangereux.
Les équipes étaient désormais à l'arrêt le temps de se réorganiser. L'une d'entre elles avait été dépêché aux alentours du labo souterrain afin de chercher des traces qui pourraient indiquer dans quelle partie de la forêt il fallait chercher. Mais ce n'était pas celle de John, et il commençait à être très énervé de ne pas être placé dans les points les plus stratégiques, d'autant que la brigade cinéphile avec laquelle il était, avait l'atout indéniable d'avoir les chiens avec eux pour pouvoir pister Sherlock et Molly, alors il ne comprenait pas pourquoi la lieutenant Road s'entêtait ainsi à le mettre à l'écart.
« C'est une décision irresponsable, Lieutenant Road, vous savez très bien que les chiens pourraient retrouver les otages plus vite ! Et que si Sherlock a laissé des indices je pourrai les trouver parce que je le connais mieux que personne… »
« Justement vous êtes trop impliqué Docteur Watson, on a vu ce que ça a donné à plusieurs reprises cette semaine où votre comportement était peu professionnel à cause de votre trop grande implication auprès de l'une des victimes… Ma décision est de toute façon stratégique, car les brigades d'intervention sont plus près et mieux rodées pour ce genre de travail que la brigade cinéphile. »
L'ordre resterait le même quoi qu'il fasse, John l'avait bien compris et il bouillait de rage. C'était de son point de vue une erreur, mais même Lestrade semblait dire que ce n'était pas si mal.
Alors il attendait les nouveaux ordres, essayant de contenir sa rage et son impatience.
####
Sherlock avait réussi à échapper aux deux hommes qui le poursuivaient. Il savait pertinemment qu'ils allaient vouloir l'encercler, alors il avait avancé comme il pouvait pour s'éloigner de là où il était quand il avait tiré le coup de feu. Il savait qu'il allait finir par tomber sur un des hommes mais il le verrait avant, il était suffisamment capable de se servir de ses sens pour trouver les signes que quelqu'un s'approchait de lui.
Il ne suffit que de quelques minutes pour qu'il constate effectivement que l'un des hommes avait contourné le lieu où il était et avançait désormais devant lui. Sherlock sourit à lui-même, car il avait l'avantage, l'autre croyait qu'il était toujours au même endroit, derrière le rocher et de dos. Alors que ce n'était pas du tout le cas… Sherlock allait face à l'homme et allait attaquer en premier.
Le détective n'était certes pas un militaire entrainé comme les ravisseurs, mais il était assez renseigné et assez malin pour savoir comment allaient réagir, comment ils allaient essayé de le piéger. Et il était suffisamment intelligent pour déjouer un temps du moins, leur technique. Il savait qu'il ne pourrait que difficilement s'en sortir malgré tout, mais ce qu'il voulait c'était laisser s'écouler le plus de temps possible, tant qu'il pouvait encore tenir conscient et bouger. Ses moments d'attention devenaient plus rares, il avait régulièrement des moments d'absence ou de presque malaise mais il parvenait toujours pour l'instant à se sortir de sa torpeur pour se concentrer à sa tâche, il s'accrochait plus à sa mission qu'à la vie elle-même car il savait avoir plus de chances de réussir sa mission que de survivre à la fin…
Alors qu'il se concentrait, il se dissimula alors que le militaire se dirigeait vers lui sans l'avoir vu. Sherlock ne put s'empêcher de sourire, celui-ci au moins serait facile à neutraliser. Il allait ajuster son tir lorsqu'une explosion se fit entendre, faisant trembler la forêt dans un fracas assourdissant, alors qu'au loin, un apanage de fumée et de flammes apparaissaient…
######
Molly avait enfin atteint le champs vers lequel elle fonçait depuis un long moment maintenant.
À la fin, elle avait presque couru, le besoin de sortir de là rapidement étant devenu vital pour elle. Elle savait que si elle ne s'était pas encore fait attraper alors qu'elle était si proche de la sortie, c'était parce que Sherlock avait pour l'instant réussi son plan mais elle savait aussi qu'il ne tiendrait pas très longtemps désormais, plus le temps s'écoulait plus ses chances de tenir le coup suffisamment pour exécuter le plan s'amenuisaient et elle savait que leur survie dépendait aussi du temps qu'elle mettrait à atteindre ce lieu…
Une fois qu'elle fût devant le champs protégé par une courte clôture, elle souffla, étourdie par sa course. Elle était épuisée mais n'avait pas le choix : elle devait encore faire un effort pour terminer le plan.
Elle chercha autour d'elle des pierres assez grosses qu'elle ramassa et rassembla en un tas. Puis, exactement comme Sherlock lui avait expliqué, elle commença à les lancer une par une en essayant de viser environ tous les dix mètres dans une direction différente. L'idée était que l'une des pierres ne finissent par tomber sur une des nombreuses mines, pour provoquer une explosion et ainsi attirer le regard des équipes de recherches que Sherlock avait estimé être à quelques kilomètres d'ici.
Évidemment, cela attirerait aussi l'attention des militaires mais tout avait été prévu dans leur plan et si tout allait bien, ils avaient une chance de s'en sortir…
Elle pria très fort que ça fonctionne, lorsque tout à coup, l'une des pierres heurta une des mines. De là où Molly était, elle eut à peine le temps d'entendre le déclic et se jeter à terre que la mine explosa.
L'explosion était réellement très forte, le sol se mit à trembler si fort que Molly dut se recroqueviller au sol et se couvrir les oreilles et la tête pour se protéger du bruit assourdissant. Elle su à cet instant qu'il était tout simplement impossible que les équipes de recherches ne remarquent pas ce qui venait de se passer…
#########
John avait enfin eu des informations de la part des autres équipes. Si pour l'instant aucune trace de Sherlock et Molly n'avait été trouvées, de nombreuses traces de chiens étranges avaient été repérées tout comme dans le labo, un chenil assez grand pour contenir plusieurs bêtes.
Des drogues avaient également été retrouvées et avaient été immédiatement réquisitionnées pour savoir si c'était les mêmes qui avaient tué Matilda Winter.
Les recherches avaient fini par reprendre, son équipe devait progresser lentement et ils avaient été rejoint par trois membres de l'équipe d'intervention présente au labo, afin de mieux organiser les opérations. John avait dû appeler Mycroft pour que celui-ci fasse pression sur les commandant d'opérations afin que John participe, car il était hors de question pour lui d'être mis à l'écart cette fois-ci. Mycroft avait fini par accepter et John avait eu l'autorisation requise pour continuer les opérations avec les équipes, ce qui était possible uniquement en raison de son ancien statut de militaire.
Alors qu'ils venaient de tomber à leur tour sur des traces impressionnantes au sol, les chiens policiers se mirent à grogner violemment.
« Oh la, qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi ils réagissent comme ça ? Qu'est-ce qu'il y a ? »
S'écria John alors que les maîtres chiens avaient tout le mal du monde à retenir leurs chiens pourtant aguerris et parfaitement dressés.
C'est à cet instant que surgit devant eux l'une des bêtes.
Des yeux rouges et fous avec un corps métallique et des poils hirsutes tout autour. Une attitude de prédateur menaçant et un hurlement à glacer le sang.
« Mon dieu mais qu'est-ce que… Que diable est-ce ?! »
Tout les membres de l'équipe reculèrent, John y compris, les chiens policiers étaient de plus en plus difficiles à contenir, prêts à attaquer la bête qui grognait, elle-même prête à attaquer.
« C'est impossible… » murmura John, effrayé. Il n'avait jamais vu ça de toute sa vie, et malgré tout ce qu'il avait pu lire au sujet du « chien de Baskerville », il ne s'était jamais attendu à ça. C'était l'une des choses les plus effrayantes qu'il n'ait jamais vu…
« Tirez ! Feu ! Feu ! » Hurla le chef des opérations.
Tous les membres de l'équipe se mirent à tirer ensemble et en même temps sur la bête monstrueuse qui se dressait devant eux, et le bruit fût assourdissant. Les balles rebondissaient sur le corps métallique de la bête et les hommes durent reculer de plusieurs mètres en branle bas de combat pour éviter les balles qui fusaient de tous côtés. La bête bondit vers eux comme inconsciente du danger alors que les chiens policiers se dressaient devant elle prêts aussi à attaquer, aboyant et certains devenus incontrôlable face à l'animal.
« Repliez vous derrière les arbres ! Continuez à tirer, visez les parties du corps non métalliques ! Rappelez les chiens ! » cria le chef de la brigade alors que l'équipe était dépassée par cet événement complètement surréaliste et que les balles ne semblaient pas affecter la bête monstrueuse.
De nouveaux coups de feu furent tirés, les hommes à couvert et tentant de rappeler leurs chiens, jusqu'à ce qu'enfin, la bête ne s'écroule.
Le danger était neutralisé. Tous sortirent enfin de leur cachette, encore sous le choc de cette vision d'horreur. Personne ici ne croyait à la légende du chien de Baskerville, et le voir ici pour de vrai semblait être la chose la plus improbable au monde.
John s'avança en premier vers la bête alors que les maîtres chiens rappelaient et rassuraient leurs chiens qui eux non plus, n'étaient pas préparés à ça.
Il examina la bête d'un air dubitatif.
« Je n'ai jamais vu ça nulle part… C'est une armure en métal… On dirait que ses yeux ne sont pas normaux non plus… » expliqua t'il en continuant son examen minutieux comme il le faisait sur les scènes de crimes avec Sherlock.
« Ce sont des lentilles rouges… Et ses crocs sont des faux crocs en métal aussi… Qui serait assez fou pour équiper un chien comme ça ? Ces gens sont complètement dingues… »
John sentait son sang se glacer. Il n'osait imaginer ce qui avait pu arriver si Sherlock et Molly s'étaient fait attaquer par la bête. Et il ne savait pas s'il n'y en avait qu'une seule. Il réalisa qu'entre les militaires et les bêtes, et l'immensité de la forêt, sans compter les conditions de détention dans le labo et les drogues qui avaient possiblement été utilisées sur eux, les chances de survie de Sherlock et Molly étaient faibles.
Son cœur se serra douloureusement, alors qu'il réalisait plus que jamais que son ami pourrait bien ne jamais revenir d'ici…
Il avait se relever lorsqu'une immense explosion se fit entendre environ deux km plus loin, dans un bruit assourdissant et un tremblement du sol qui empêcha John de se relever.
Personne ne s'était attendu à ça. Sitôt la surprise passée, John se redressa, pâle.
« Sherlock… » murmura t'il, priant pour que ce soit lui qui soit à l'origine de l'explosion et pas les militaires…
#####
Le militaire qui s'approchait de Sherlock se retourna brusquement en se mettant à couvert alors que l'explosion venait de se produire, empêchant Sherlock de l'atteindre.
Pourtant, ce n'était pas une mauvaise chose. Comme le détective l'avait prévu, les militaires s'éloignèrent de lui pour se retrouver un peu plus loin, à couvert.
C'était exactement ce dont Sherlock avait besoin. Il avait calculé que d'ici peu de temps, les militaires allaient se regrouper puis se sépareraient en deux groupes, l'un qui irait vers lui et l'autre qui irait vers le lieu de l'explosion.
Et c'est exactement ce que arriva.
Le vent était avec lui également, car il pu entendre en s'approchant un peu, l'un des hommes dire que l'un des deux otages avait peut-être essayé de fuir et avait péri dans le champs de mine, mais les autres ne semblaient pas être si sûrs car « il fallait se méfier de ce putain de détective ».
Sherlock était ravi de semer la pagaille de cette manière. Son plan fonctionnait pour l'instant, et Molly avait eu le temps d'atteindre le champs de mine. Les équipes de recherches allaient forcément venir vers elle désormais…
Pourtant, il fallait encore continuer de se battre. Il avait calculé que si les équipes de recherches étaient aux environs, il fallait encore une vingtaine ou trentaine de minutes avant qu'elles n'arrivent jusqu'à Molly.
Et il savait qu'il ne tiendrait pas autant. Il avait beau s'accrocher avec tout son courage, il sentait ses forces l'abandonner, sa vue se troublait de plus en plus, ses pas se faisaient plus lourds, ses respirations plus saccadés. Il n'avait aucune doute sur le fait que le poison de la drogue était en train de le tuer, et la douleur dans son bras obscurcissait ses pensées, déjà troublées par tous les mauvais traitements subis. S'il avançait encore, c'était uniquement pour donner toutes les chances à Molly, car il doutait désormais sérieusement de ses propres chances. Il pouvait s'écrouler à tout moment, et il décida qu'il était bientôt temps de passer à la partie la plus dangereuse mais peut-être, la plus efficace, de son plan.
Deux des militaires s'approchaient de lui, alors qu'il était à couvert. L'un d'eux remarqua des traces de pas et aussitôt, ils étaient à l'affût du moindre bruit, de la moindre autre trace.
L'un des deux poussa un hurlement. La fausse mâchoire métallique de la bête tuée un peu auparavant s'était refermée sur sa jambe, le piégeant sans qu'il ne puisse plus bouger sous peine d'aggraver la blessure. Le piège avait été posé rapidement par Sherlock qui s'était servi des fils du reste de sa chemise et de pierres et de branchages pour créer cette arme redoutable.
Le second militaire fût aussitôt aux abois, prêt à tirer dès qu'il apercevrait Sherlock, alors que les trois autres en entendant le hurlement, rappliquèrent immédiatement en renfort.
C'était le moment. Sherlock arrêta de lutter contre les effets de la drogue, arrêta de lutter pour garder le contrôle, abaissant les barrières de son palais mental et laissant volontairement la peur, la terreur s'infiltrer en lui. La voix de John résonna dans son esprit.
« Le courage, Sherlock, c'est d'affronter tes peurs, sans vouloir les bloquer, sans t'empêcher de les ressentir. Le courage, c'est d'être prêt à les laisser faire ce qu'il veulent de toi, de baisser la garde, de perdre le contrôle pour retourner leur propre arme contre eux, c'est-à-dire toi-même… Fais ça pour moi Sherlock, pour que je sois fier de toi quand Molly rentrera saine et sauve grâce à toi… S'il faut mourir ici, accepte ça mais juste… Sauve la… Et venge toi de tous ceux qui t'ont fait du mal un jour… regardes, là, ils sont là devant toi… tue les Sherlock, affronte les… Maintenant… »
L'exercice était extrêmement dangereux, lui demandant un dernier effort de maîtrise absolu de son mental pour non pas garder le contrôle, mais le perdre. Son esprit génial mais si fragile sans son palais mental, était déjà rattrapé par la drogue, la douleur fulgurante, la rage et l'adrénaline. Il savait qu'il avait toutes les chances de mourir ici maintenant et il laissa cette peur s'intensifier en lui, sans barrière.
« Affronte ta peur Sherlock… La peur de perdre le contrôle, affronte là, perd le contrôle, laisse toi tomber… Laisse la peur te dire ce qu'il faut faire… »
L'idée était la plus folle qu'il n'ait jamais eu. Faire tomber volontairement les murs de son palais le placèrent quasi instantanément en crise de démence, il s'y sentait glisser de nouveau, les effets hallucinatoires de la drogue le frappant de nouveau de plein fouet, plus que lors de toutes les autres crises qu'il avait eu depuis le début. La différence était que cette fois-ci, il ne luttait plus.
« Tout ce que tu as connu, toutes tes armes habituelles, oublie les… Ton armure de protection habituelle, ta logique, ton génie, ton palais mental… Tu dois les affronter sans tout ça. Laisse toi sombrer Sherlock… ton instinct primaire fera le reste… »
Et il devenait ainsi exactement ce que ses ravisseurs avaient recherché : une arme, capable d'attaquer n'importe qui sans réfléchir, capable dans son accès de folie de faire surgir une force quasi anormale de lui, son corps puissant dans toute son énergie restante alors que son esprit dissocié de la réalité n'avait plus qu'une obsession : tuer tout ceux qui étaient sur son chemin.
« Ce n'est plus juste les militaires qui t'ont fait du mal… c'est tous… tout le monde… Ceux qui te traitent de monstre depuis que tu es gamin… Ceux qui te méprisent parce que tu es diffèrent… Ceux qui ne te comprennent pas parce que tu es un monstre à leur yeux, ceux qui t'insultaient quand tu étais petit parce que tu était meilleur qu'eux… Ceux qui ne voulaient pas être ton ami parce que tu es toi-même, ceux qui veulent t'empêcher d'être toi-même… Affronte les… »
Sherlock sentait toute la rage en lui se précipiter dans ses veines et jusque dans son cerveau, toute la rage qu'il avait en lui bien enfoui quelque part de toutes les fois où il souffrait sans rien dire et toutes les fois où il avait éloigné de lui la douleur, lui qui avait si bien appris à ne rien ressentir ou plus exactement à se faire croire qu'il ne ressentait rien… Toutes les émotions refoulées, la rage, la colère, tout ce qui y avait de plus sombre en lui et qu'il noyait depuis toujours dans la drogue plus jeune ou dans le travail désormais, tout revint le frapper alors qu'il s'était imaginé sortir des barrières de son palais mental.
La douleur était insupportable, surpassant largement la douleur physique, le noyant dans une vague dévastatrice.
Il avait attendu que tous les hommes soient présents près de celui qui était blessé pour sortir de sa cachette juste ce qu'il fallait, puis il commença à tirer, sans réfléchir, tuant celui qui était immobilisé alors que tous les autres se mettaient à couvert, mais il continua à avancer, serrant contre lui avec son bras blessé l'armure métallique du chien qui le protégeait alors qu'il continuait avec rage et comme il le pouvait, à tirer des salves de coups de feu, empêchant les militaires de se découvrir pour tirer. Il n'en restait plus que quatre et il allait arriver à leur hauteur, n'ayant plus qu'à peine conscience du fait que s'il faisait ça, il pourrait certes tous les tuer, mais allait lui-même être très probablement tué dès lors qu'il serait à découvert et malgré la protection de l'armure métallique… Son cerveau ne fonctionnait plus normalement, il le savait, c'était le risque en décidant de se servir de la drogue dans son système pour devenir un adversaire redoutable et enragé, mais il savait que c'était la seule solution qui restait car il n'avait plus assez de temps devant lui pour combattre les hommes un par un… Il l'avait prévu dans son plan et avait volontairement omis de le dire à Molly, car il doutait qu'elle serait partie sans lui si elle avait su ce qu'il comptait vraiment faire. C'était tout simplement se jeter dans la gueule du loup, mais il avait tout calculé et dans son état, attraper les militaires un par un lui prendrait bien trop de temps et avait une chance de réussite d'à peine cinq pour cent... Dans tous les cas, ses chances à lui étaient égales, soit il attaquait et risquait sa vie, soit il attendait et s'écroulait de toute façon à la fin.
######
Molly , bien évidemment, n'était pas restée à l'endroit de l'explosion. Bien que ça devait servir à attirer les secours vers elle, ça pouvait très bien attirer aussi les ravisseurs si le plan de Sherlock échouait. Ils avaient prévu cela et Molly devait reprendre sa route sitôt après l'explosion. Elle avait continué à longer le champs qui en réalité entourait la totalité de la forêt, pour protéger l'ancienne base de Baskerville. Mais il y avait une sortie, où il n'y avait pas de mine. C'était là qu'elle devait attendre les secours. Sherlock avait estimé dans quelle direction devait se situer la sortie, et elle y allait désormais, non plus en courant mais en prenant soin de se dissimuler, d'être attentive. Si quelqu'un approchait elle devait être capable de se cacher jusqu'à savoir si c'était un ravisseur ou un membre des forces de l'ordre.
Alors qu'elle avançait prudemment, elle entendit des coups de feu. Pas un, pas deux, mais des salves de coup de feu qui résonnaient dans la forêt. Son cœur bondit dans sa poitrine : ce n'était pas prévu dans le plan que Sherlock lui avait expliqué. Il était censé attirer les militaires dans des pièges, mais pas tirer comme ça. Elle sentit son estomac se serrer. Et si c'était les militaires qui tiraient sur lui ? Et si au contraire c'était les secours qui arrivaient et affrontaient les ravisseurs ?
Tremblante, elle respira un grand coup et continua à progresser vers la sortie, accélérant le pas malgré elle comme si arriver plus vite pouvait changer quelque chose. Elle avait l'impression qu'elle ne respirerait plus jusqu'à ce qu'elle sache si Sherlock avait réussi à s'en sortir.
Tout à coup, elle entendit du bruit non loin elle. Sursautant, elle se jeta derrière un arbre en se cachant comme elle pouvait, terrifiée à l'idée que ce soit les militaires. Si c'était le cas, ni elle ni Sherlock ne pouvait s'en sortir vivant, elle le savait…
Alors elle écouta. Elle observa, faisant attention à tout ce qui l'entourait, comme il le lui avait conseillé.
Et c'est là qu'elle perçut une voix bien connue, et très certainement la dernière qu'elle s'attendait à entendre.
Greg Lestrade. Avec d'autres personnes. Le vent était vers elle et lui amenait le son des voix, et c'était encore un peu lointain mais elle était sûre d'elle. C'était Greg.
Elle eut l'impression que son cœur allait sortir de sa poitrine tant elle était d'un seul coup soulagée et en même temps elle n'osait y croire, c'était trop beau pour être vrai, d'autant plus que les voix ne venaient pas de la direction où se situait la sortie mais au contraire de la direction opposée. Elle ne comprenait pas comment c'était possible, car cela ne faisait pas très longtemps qu'il y avait eu l'explosion.
Alors elle attendit quelques instants, les voix s'étaient tues mais les pas se rapprochaient et elle parvint enfin à les voir. Une équipe d'intervention et Greg en faisait partie.
Alors elle n'hésita plus. Elle se mit à courir vers eux comme si sa vie en dépendait, ce qui était le cas.
« Je suis ici ! Greg je suis ici ! »
####
L'explosion avait été si inattendue que tous étaient restés au sol quelques instant.
« Les champs de mine ! » Hurla John en réalisant que peut-être, une mine avait tué quelqu'un. Son cœur battait à tout rompre mais il se raisonna instantanément, Sherlock n'était pas assez stupide pour traverser un champs de mine…
« On bouge, on bouge ! Besoin de renfort en direction des champs de mine ! » Ordonna t'il , oubliant qu'il n'était pas le chef ici mais ce dernier confirma l'ordre qui semblait être le plus logique. Hommes et chiens se précipitèrent dans cette direction en ordre militaire, s'avançant tout en restant à couvert. L'équipe de la lieutenant Road et Lestrade était plus proche du lieu de l'explosion, et ils avaient confirmé que tous allaient bien et qu'ils allaient intervenir sur les lieux de l'explosion. Bientôt, c'était une salve de coups de feu dans une autre direction qui se fit entendre, et Lestrade leur confirma qu'une équipe serait envoyé immédiatement sur place tandis qu'eux devait se retrouveraient au champs de mine.
Il ne leur fallu que quelques minutes pour arriver sur les lieux, lorsque Lestrade leur signala qu'ils venaient de retrouver Molly un peu plus loin et avaient besoin de renforts immédiats.
John eut l'impression qu'il n'y avait plus d'air dans sa poitrine. Molly était vivante, mais pourquoi Lestrade ne lui parlait t'il pas de Sherlock ? Des milliers de scénarios se mirent à germer dans l'esprit de John, remplissant ses veines d'une adrénaline qui lui vrillait les tympans. Il n'avait qu'une idée en tête, arriver jusqu'à Molly pour qu'elle lui explique enfin ce qui se passait…
####
Molly s'était précipitée dans les bras de Greg alors qu'il accourrait vers elle en la voyant arriver.
Elle n'avait pas réfléchi, et elle éclata en sanglots d'un coup, s'agrippant à son cou et explosant dans un flot de paroles qu'elle essayait de prononcer de manière coordonnée sans y parvenir, le flot d'émotion la dépassant.
« Ils sont là-bas… par là… Sherlock… il est blessé, ils le suivent, il en a tué ou blessé plusieurs mais il est en overdose il peut mourir je t'en pris sors le de là ils sont là bas… »
Greg, qui avait répondu à l'étreinte de Molly avec un pincement au cœur mélangé à un soulagement qu'il n'avait pas pensé ressentir, l'éloigna un peu de lui en lui attrapant doucement les épaules.
« Molly, Molly calme toi, tout va bien tu es en sécurité maintenant… Calme toi, essaie de nous expliquer ce qui se passe calmement… »
Molly respira un grand coup, réalisant que la survie de Sherlock en dépendait. Les larmes coulaient sur son visage, et elle chancela, comme si tout ce qui était arrivé lui retombait dessus violemment, la peur, le soulagement, la fatigue, la douleur, la faim, l'épuisement, la peur pour Sherlock, la joie de retrouver Greg et d'être sortie d'affaire, l'irréalisation…
« Je… Sherlock est resté en arrière parce qu'il est trop blessé pour… pour marcher jusqu'ici… les bêtes… L'une des bêtes l'a mordu… il est là-bas » désigna t'elle en montrant la direction à suivre. « il est là-bas, il essaie de ralentir les hommes qui nous retenaient, ce sont des militaires, il… Il est seul contre eux tous, je t'en supplie vas le chercher, il y a eu des coups de feu… »
Un sanglot l'arrêta et elle se sentit s'écrouler, alors que Greg appelait l'équipe médicale en urgence.
« Je vais t'accompagner Molly, je vais t'emmener au poste médical, la lieutenant Road et ses hommes vont ramener Sherlock… Je vais appeler John en renfort il est dans une autre équipe, ils vont arriver, tout va bien Molly… »
Greg, Molly et un autre policier avaient avancé un peu en direction de l'équipe de John, et ce dernier arriva enfin à leur rencontre, se précipitant vers son amie.
« Molly ! Tu vas bien ? » s'écria t'il alors qu'il serrait son amie dans ses bras, un flot de soulagement l'envahissant alors qu'il découvrait de ses propres yeux que la jeune femme était bien vivante et qu'elle semblait pouvoir aller bien assez vite, compte tenu qu'elle n'avait à priori pas de blessures graves et semblait plus épuisée qu'autre chose. C'était comme si le bout du tunnel commençait à arriver, et après tant d'efforts et de jours d'angoisse, ils venaient enfin de retrouver Molly…
Pourtant, la joie était ternie par la peur. Il cherchait Sherlock du regard et l'angoisse commençait vraiment à le ronger.
« John je t'en supplie il faut que tu sortes Sherlock de là … Il est avec ces fous, il essaie de les retenir pour me laisser une chance mais… Il est blessé, malade et… Ils l'ont drogués John, ils l'ont… son état est trop préoccupant pour qu'il s'en sorte longtemps, chaque minute compte, si… Si on ne le ramène pas très vite au poste médical on va le perdre John… »
Tout à coup, les réflexes de médecin de Molly étaient revenus au contact de son autre ami médecin. Elle savait que si quelqu'un pouvait sauver Sherlock, c'était bien John.
« Oh mon dieu… Je vais le chercher Molly, je vais le ramener… Reste avec Greg, va au poste médical et dis leur exactement l'état de Sherlock afin qu'il soit prêts à le prendre en charge immédiatement, je sais que c'est difficile Molly mais est-ce que tu peux faire ça, je t'en pris ? »
Molly le regarda avec intensité en hochant la tête.
« Je veux bien m'écrouler une fois qu'il sera en sécurité, mais je tiendrai jusque là et je vais donner tout ce qu'il faut savoir à l'équipe médicale… Fais vite John, s'il te plaît, Sherlock… Il a été extraordinaire, il m'a sauvé la vie, il a été là jusqu'au bout pour nous sortir de cet enfer… Ne le laisse pas là-bas » supplia t'elle avec émotion. Après tout ce que son compagnon d'infortune avait enduré, elle ne pouvait imaginer qu'il ne revienne pas vivant alors qu'elle avait réussi à retrouver la liberté…
John était à la fois terrifié et en même temps il avait repris plus d'énergie que s'il venait d'avoir une bonne nuit de sommeil. La perspective qu'il reste une chance de sauver son ami lui donnait de la force, il ne ressentait plus la fatigue, la seule chose qu'il savait c'était que Sherlock avait besoin de lui, maintenant.
Alors que Molly et Greg étaient partis, John fronça les sourcils.
« Où est la lieutenant Road ? »
« Elle est partie avec deux de nos hommes pour faire une reconnaissance des lieux afin de localiser l'otage, Docteur Watson. » répondit un des policiers.
« Parfait, mais il est hors de question que j'attende son retour, nous allons chercher Sherlock immédiatement ! »
Les policiers ne semblaient pas de cet avis.
« Ceci est hors de question, nous devons attendre le signal de la lieutenant Road qui dirige les opérations ! Nous procéderons à l'intervention lorsque nous aurons localisé et sécurisé le périmètre dans lequel se trouve Mr Holmes ! »
John serra les poings, très en colère. Il se fichait éperdument de la procédure aujourd'hui, et il décida de faire semblant d'obéir pour s'enfuir à la première occasion. S'il fallait qu'il y aille seul, il le ferait. Mais il n'attendrait pas une minute de plus alors que Sherlock était entre la vie et la mort selon les dires de Molly, en qui il avait une totale confiance. Si elle disait ça, c'était qu'il fallait agir maintenant.
Il ne tarda pas à trouver le moyen de s'esquiver discrètement avant de courir vers le lieu indiqué par Molly. Il avança à couvert pendant plusieurs minutes, guettant le moindre signe, lorsque son téléphone vibra dans sa poche. De là où il était, il avait encore un peu de réseau, mais il avait mis son portable en silencieux sauf pour un numéro : celui de Mycroft, resté au poste de commandement à l'extérieur de la base. Si ce dernier l'appelait, ça pouvait être important.
« Mycroft, je… »
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase alors qu'il avait décroché en murmurant pour ne pas se faire entendre.
Ce que Mycroft venait de lui dire manqua de le faire chanceler. Paniqué, il raccrocha, la peur cognant dans sa tête.
Puis, il se remit en route, mais cette fois-ci, il courrait. Il courrait comme il l'avait rarement fait, plus vite encore que lorsqu'il suivait Sherlock dans des dédales de ruelles à Londres pour poursuivre un criminel.
Le brouillard de la forêt s'épaississait alors qu'il s'enfonçait dans les profondeurs des bois, et ses pas résonnaient jusque dans sa tête. Il était certain que ce qu'il venait d'apprendre était la pire des choses qui puissent arriver à cet instant précis…
Il arriva dans un ravin où l'une des quatre équipes était positionnée, et il comprit. C'était un piège, un énorme piège.
« Sortez du ravin ! Sortez de là tout de suite, c'est un piège ! La lieutenant Road…. »
Les policiers s'étaient retournés vers lui, mais personne n'eut le temps de réagir, ni lui de finir sa phrase.
Tout alla vite, trop vite. Des hurlements de bêtes se firent entendre de tous côtés alors que des cris fusaient de partout.
Cris. Hurlements. Coups de feu, des salves de coups de feu partout, des ordres qui fusent, des hommes qui semblent touchés, d'autres qui essaient de sortir du ravin, d'autres qui répliquent, et des hurlements de loups. Et puis, d'un coup, une voix. Une voix bien connue qui résonna.
« JOHN ! »
Le cœur de John rata un battement.
Sherlock.
La voix de Sherlock.
Des coups de feu. Partout.
La voix de Sherlock.
Du brouillard.
Des bêtes, partout, hurlantes.
Et des balles qui sifflent à son oreille….
#######
J'espère que vous ne m'en voulez pas trop pour le cliffanger 😆 le prochain chapitre sera la seconde partie de "la sortie", où nos personnages vont, enfin, quitter cette forêt infernale... Mais seront-ils tous en vie? Et si oui, dans quel état ? Rendez-vous très vite pour le savoir, je suis encore en vacances cette semaine et ce sera plus tranquille alors le nouveau chapitre viendra très bientôt !
