Coucou!

J'espère que vous allez tous bien et que la reprise de septembre s'est bien passé! Ici, tout va bien mais comme je m'en doutais, la reprise a été trop chargée pour me permettre d'écrire en semaine. L'organisation semble meilleure maintenant et me voilà de retour avec un nouveau chapitre!

Dans le dernier, nous avions laissé Sherlock sans vie dans les bras d'un John dévasté alors qu'ils venaient de s'avouer leurs sentiments...

Ce prochain chapitre est moins centré sur l'aventure en elle-même qui se termine, mais va nous plonger au cœur des émotions intérieures de chaque personnage, et dévoiler si Sherlock a encore une chance de s'en sortir ou si la suite de l'histoire sera sans lui...

Avertissement : angoisse psychologique extrême et violente.

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Chapitre dix

"Cauchemar"

John avait l'impression que son monde entier s'écroulait.

C'était la première fois qu'il serrait Sherlock dans ses bras, mais c'était pour le sentir sans vie contre lui, et c'était la pire sensation au monde. Si celui qui lui avait redonné vie s'en allait, c'était comme si sa propre vie repartait avec lui.

Et ce qu'il venait d'avouer à Sherlock était une douleur supplémentaire, car il avait lui-même du mal à réaliser la vérité de ce qu'il avait dit. Pris dans le tourbillon et l'intensité du moment, il venait d'avouer tout ce qu'il avait essayé de cacher ( et surtout à lui-même) à tel point qu'il ne savait même pas pourquoi il avait fait ça. Était-ce pour faire réagir son ami inconscient ? Pour répondre aux aveux d'un mourant, pour lui rendre la mort plus douce ? Ou bien était-ce parce que c'était la vérité et la dernière chance de la dire ?

John était complètement perdu alors qu'il serrait son ami contre lui, incapable de réagir, sonné, déconnecté de la réalité. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il ne voulait pas que Sherlock soit mort.

Il n'avait même pas vu les équipes médicales arriver, ce fût seulement au moment où le chef d'équipe, le docteur Clark, avec qui il avait travaillé quelques heures auparavant pour préparer les opérations, l'attrapa doucement mais fermement, que John réalisa que les secours étaient enfin arrivés.

« Non laissez-moi, c'est mon ami, c'est mon ami… » répéta t'il alors que Clark l'éloignait de Sherlock.

« Le docteur Hooper nous a expliqué les symptômes de Monsieur Holmes et leurs causes et elle était à peu près sûre qu'il allait finir par faire un arrêt cardiaque à cause du poison, mais on peut encore essayer de le réanimer, il faut que vous nous laissiez faire notre travail docteur Watson… Nous voulons juste sauver votre ami… »

Les autres médecins et pompiers de l'équipe avaient aussitôt pris la situation en main, et essayaient déjà de choquer Sherlock pour le faire revenir. Ils comptaient sur le fait que c'était un homme jeune en bonne santé malgré ses excès du passé, et que cela faisait très peu de temps, bien moins d'une minute, qu'il était inconscient et sans pouls.

John luttait pour retourner auprès de lui, entraînant presque dans son élan le docteur Clark jusqu'à ce que Lestrade intervienne et éloigne de lui-même John, fermement mais avec douceur. Le policier n'osait imaginer la détresse de John si jamais les tentatives de réanimation échouaient, depuis tout le temps qu'il était ami avec le médecin, il ne l'avait jamais vu dans un tel état d'anéantissement. Il avait entendu les paroles de John à Sherlock, son « Ça veut dire que je t'aime aussi… » et il réalisait à quel point ça semblait vrai, depuis l'enlèvement de leur ami détective, il avait vu toute la détresse que John essayait de cacher, mais cette fois-ci plus rien ne semblait pouvoir l'arrêter… Il était lui-même terrifié à l'idée que ça finisse ainsi, ils avaient tellement tout fait pour retrouver les deux disparus à temps, s'ils n'en ramenaient qu'un seul de vivant, il aurait bien du mal à se le pardonner…

« Sherlock… Sherlock reviens je t'en supplie, arrête ça ! Arrête… » John criait comme en colère mais la voix complètement brisée, regardant impuissant les autres médecins s'affairer pour la survie de leur patient.

« Greg, laisse moi aider, je suis médecin, Sherlock a besoin de moi… »

Greg regarda son ami avec hésitation, avant de le laisser retourner auprès de Sherlock. Il savait que dans l'état de choc où il était, John n'était pas vraiment en capacité de faire de son mieux, mais s'il ne le laissait pas faire, ça pourrait être terrible pour lui. Il DEVAIT le laisser faire.

Pourtant, les chances de survie du détective s'amenuisaient de seconde en seconde. C'était déjà le second choc qui lui était donné pour la réanimation, et il ne montrait toujours aucun signe de vie.

Les médecins commençaient à avoir un visage grave, et cela n'échappa pas à John qui les regarda avec intensité et colère.

« Je sais ce que vous vous dites et il est hors de question d'abandonner… Je connais Sherlock, il doit essayer de se battre en ce moment même, je suis sûr qu'il se bat, alors laissez lui une chance… On recommence… »

La puissance du choc fût encore augmentée, mais le résultat était toujours le même. Aucun pouls, aucune réaction.

Clark secoua la tête, avouant sa défaite.

« On arrête… C'est fini… »

John eut l'impression que tout en lui hurlait et s'effondrait. C'était inexplicable, mais lorsqu'il regarda Sherlock, ou plutôt le corps de Sherlock, il eut l'intuition puissante qu'il fallait encore tenter. C'était comme s'il avait pu entendre Sherlock lui-même appeler, l'appeler lui, il ne savait pas ce qui lui prenait mais il s'avança d'un coup, sans que personne n'ait eu le temps de réagir ni surtout de le retenir, il se saisit lui-même des électrodes qu'il installa une quatrième fois sur le cœur arrêté du détective.

« Sherlock, pour moi… Je te le demande Sherlock, j'ai besoin de toi… Je sais que tu peux le faire, je crois en toi alors, s'il te plaît… Reviens… Pour moi… »

Il lança l'appareil pour tenter, une dernière fois, là où tout le monde avait abandonné. Mais lui, il ne pouvait pas abandonner. Il ne pouvait juste pas laisser Sherlock ici.

Lorsque le corps de Sherlock retomba, John souffla en se rapprochant de lui :

« Si tu ressens ce tu as dit, réveille toi pour que je puisse te répondre… On a encore des choses à se dire toi et moi… »

Au fond de lui, il ne pouvait juste pas croire que ça puisse se finir comme ça…

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Il faisait sombre.

Sherlock était revenu violemment dans son palais mental déchiqueté, l'édifice à moitié démoli, quasiment sans lumière alors qu'il chutait jusque dans le dernier sous-sol de son immense palais.

La seule pièce où il n'était jamais allé. À un niveau plus bas encore que dans celle où il s'était retrouvé coincé lors de ses overdoses quasi mortelles qu'il avait faites plus jeune.

Terrifié, il regarda autour de lui pour ne voir qu'un cercle de murs capitonnés, sans rien ni personne à l'intérieur sauf lui. Il tourna sur lui-même pour ne voir que le vide, cette pièce où il n'y avait rien. Il y avait bien une porte face à lui, fermée, mais il semblait incapable de l'atteindre. Il s'écroula aussitôt qu'il essaya de s'avancer, submergé par une douleur sourde qui était pire que toutes celles qu'il avait enduré jusque là.

« Il te déteste… Il te déteste et tu as été assez pathétique pour lui dire que tu avais des sentiments… Ouuuuh ça doit faire mal ça pauuuuuvre Sherlock… »

Il releva les yeux pour voir un Moriarty imaginaire sourire narquoisement devant lui.

« John Watson… Je n'ai jamais compris ce qu'il avait de différent, c'est une personne très ordinaire, c'est un peu faible pour attirer l'attention du grand Sherlock Holmes… Tu me déçois Sherlock, je pensais qu'on était dans la même cour toi et moi… »

Sherlock haletait de douleur, essayant toujours d'atteindre cette porte de sortie qui lui semblait si proche et si loin. Il savait qu'il était perdu au fond de son palais mental, dans les méandres les plus sombres, les plus profond de lui-même, et il savait aussi que dans la réalité, son corps était en train de lâcher, qu'il était en train de mourir. Il ne savait même pas si son esprit avait encore la force de sortir de là, ni s'il saurait refaire le chemin inverse, celui qui le ramènerait à la conscience.

Mais il savait plus que jamais qu'il ne pouvait plus compter que sur la force de son propre esprit pour revenir.

Et il ignorait comment revenir. Il ressentait l'agonie jusque dans ses os, tant physique que mentale, et il se retrouva bientôt sur le sol, presque incapable de bouger, alors que les murs capitonnés de la pièce semblaient s'épaissir, comme pour le condamner.

Il avait peur. Et à cela s'ajoutait la douleur encore inconnue, une sorte d'étau qui semblait serrer son cœur pourtant déjà arrêté.

« Tu as toujours su que personne ne t'aimerait jamais Sherlock, mais je croyais vraiment que tu étais au-dessus de ça… Je suis déçu, mais déçu… Bon, cela dit, je savais que contrairement à ce que tu disais, tu avais un cœur, et je dois avouer que mon souhait le plus cher était qu'il soit brisé… brûlé… anéanti… détruit, comme ça, pouf…. » Termina Moriarty en mimant comme de la fumée qui s'évapore.

« C'est assez drôle, continua t'il, que tu aies décidé de prendre conscience de ton propre cœur juste pour te le faire briser dans la seconde… John Watson ne t'a pas répondu, il t'a vu mourir dans ses bras et il ne t'a même pas répondu… C'était simple pourtant… « Je t'aime Sherlock », si simple… Et il ne l'a pas fait et maintenant tu es là dans les profondeurs de ton inconscient, et ton cœur brûle Sherlock, brûle… »

Sherlock avait envie de répondre, de se battre. Il le voulait, ne pas se laisser humilier, mais il n'en avait pas la force.

« Comment… Comment on fait pour ne pas ressentir la douleur ? Pour ne rien ressentir du tout… Comment ? »

« Tu ne peux pas, Sherlock… » siffla Moriarty, feintant d'être désolé.

« Tu as cherché toute ta vie à apprendre à ne rien ressentir et je dois dire que tu avais l'air d'y arriver, malheureusement pour toi tu n'es pas comme moi… Je ne ressens rien, réellement rien… Aucune douleur, aucun sentiment, sauf celui de toute puissance à te voir souffrir ici comme un faible… C'est tellement facile, ne rien ressentir… Il suffit d'être un être exceptionnel, et apparemment tu ne l'es pas… Ennuyeux, c'est tout ce que tu es Sherlock… Ennuyeux… Ennuyeux… »

Les yeux de Sherlock se perdaient dans le vague, et peu à peu il sentait que même son esprit ne luttait plus. Il se sentait brûlant, vidé et comme brisé sur le sol de cette prison mentale d'où il était incapable de sortir. Il avait juste trop mal, son corps en lambeaux et son cœur douloureux, son esprit perdu.

Ses yeux mi-clos se fermèrent un peu plus, et plus encore, et plus rien en lui ne trouvait de quoi s'accrocher, il sombrait sans lutter, lentement, il ne bougeait plus…

Et puis quelque chose se passa.

Il ne savait pas ce que c'était, comme si quelqu'un, dehors, très loin, l'appelait.

« Tu ne comprends pas Sherlock… Tu n'es pas un monstre, tu es tout sauf ça… Tu peux pas partir comme ça, t'as pas le droit de me laisser… J'étais rien sans toi, je n'avais rien… Tu es tout ce que j'ai… Je t'en supplie Sherlock, ne sois pas mort… Ça veut dire… Ça veut dire que je t'aime aussi. »

C'était lointain, tellement lointain et flou, il ne savait même pas d'où ça venait mais Moriarty lui, le savait.

« C'est inadmissible ! Pourquoi cet imbécile te répond t'il maintenant ? Oh, John Watson est un graaaaaand romantique… On dirait qu'il a réagit finalement… C'est intéressant, lui aussi il va avoir son cœur brûlé, ta mort va l'anéantir… J'adore ça, finalement c'est encore mieux que s'il ne ressentait rien pour toi, il y aura deux cœurs brisés aujourd'hui au lieu d'un… John Watson va tellement souffrir… »

Sherlock commença instantanément à rouvrir les yeux à la mention de John qui allait souffrir. Douloureusement, avec un effort surhumain.

Il entendait le brouhaha autour de son corps, malgré qu'il soit profondément perdu dans les méandres de son esprit. Il savait qu'il était physiquement laissé pour mort, mais il ressentait encore quelque chose du monde extérieur, comme un lointain écho de la voix de John le suppliant de revenir et il ne comprenait absolument pas pourquoi.

La seule chose dont il était sûr, c'était que John semblait lui demander de revenir.

Et que si John lui demandait ça, il devait le faire. Peu importe pourquoi, il serait prêt à tout pour lui. S'il voulait qu'il revienne, quand bien même ça aurait été pour le re tuer lui-même, alors Sherlock voulait faire ça pour lui.

« C'est tellement dramatiiiiiiique…. » S'écria Moriarty comme s'il était dans une pièce de théâtre mélodramatique.

« Ah ça suffit ! Arrête ça ! » cria Sherlock qui venait cette fois, d'ouvrir grand les yeux.

Avec une énergie désespérée et qu'il ne pensait pas avoir encore en lui, il roula sur lui-même pour se mettre sur le côté, et malgré la souffrance atroce que cela lui provoquait, il se redressa, se relevant chancelant, tremblant, en sueur, le visage contracté.

Se tenant aux murs de la pièce, il avança avec fureur et laborieusement, jusqu'à la porte, pour entendre Moriarty crier.

« Non ! Tu peux pas repartir comme ça ! Tu dois rester ici Sherlock, tu dois rester mort… »

Mais le détective ne l'écoutait plus. La porte s'était ouverte sur un sous-sol en ruine, des murs couverts de souvenirs et d'informations étranges de choses dont Sherlock lui-même ne se souvenait plus. Probablement des choses qu'il avait effacées, de lui ou de personnes du passé. Il ne s'en formalisa pas et tenta d'avancer vers les escaliers, ces grands escaliers qu'il prenait toujours pour descendre ou monter les étages de son palais mental.

Les marches étaient pleines de poussière, les murs semblaient noircis et les lumières étaient presque toutes éteintes, les dernières qui restaient étaient vacillantes et menaçaient de le plonger dans le noir définitif à chaque instant.

Alors qu'il atteignait la première marche, une terrible douleur venant probablement de son corps physique, le fit reculer et hurler d'un coup. Il tremblait si fort qu'il ne pouvait plus tenir debout et il s'accrocha à la rampe de l'escalier, de toutes ses forces, déterminé à remonter, à essayer du moins.

Il connaissait suffisamment les méandres de son esprit étrange pour savoir que s'il parvenait au dernier étage de son palais, et qu'il ouvrait la porte d'entrée, il retomberait dans sa conscience physique. C'était ce qu'il faisait toujours quand il se plongeait profondément dans son palais pour réfléchir. Il entrait, se déconnectant de son « transport », et plus il s'enfonçait dans son esprit, plus il déconnectait de son corps. Souvent, les gens autour s'en inquiétaient, croyant même parfois qu'il était inconscient.

Puis il faisait le chemin inverse pour revenir.

C'était ce chemin qu'il devait faire, maintenant. Pour reprendre le contrôle de son corps, et revenir à la vie. Les capacités cérébrales du détective étaient plus que développées, mais il savait que cette fois, c'était bien plus compliqué que lorsqu'il faisait ça de son plein gré. Cette fois-ci, il essayait de déjouer la mort elle-même.

Une nouvelle fois, une douleur fulgurante le fit purement et simplement s'écrouler dans les escaliers, et il se sentit comme secoué violemment dans une onde de courant électrique dont il n'avait que trop conscience. Il savait exactement ce que c'était, il était en arrêt cardiaque et les secours venaient d'arriver et essayaient de le choquer avec de plus en plus de puissance.

Ce n'était pas bon. Ça voulait dire qu'il ne revenait pas, et qu'il ne lui restait que très, très peu de temps pour remonter ces fichus escaliers et faire repartir, peut-être, son corps et son cœur.

Ses larmes menaçaient de couler toutes seules sous la douleur, mais il ne s'arrêta pas pour autant. Le regard rivé vers le haut des escaliers, il continuait d'avancer, grimpant presque sur la rampe dont il se servait pour s'accrocher.

Un troisième choc le fit se recroqueviller violemment, et cette fois, il pleurait, il était partagé entre l'envie que ça s'arrête, il aurait presque pu supplier lui qui ne suppliait jamais… Et d'un autre côté, par la nécessité absolue que ça continue car tant qu'on essayait de le réanimer, il pouvait encore essayer de se sortir de là et d'atteindre la porte, il pouvait se servir de cette énergie qu'on donnait à son corps…

Alors, lorsqu'il sentit que plus rien ne se passait, et que ses forces l'abandonnaient, il réalisa avec horreur que les secours venaient d'arrêter la réanimation. Les murs autour de lui, les escaliers eux-mêmes, vacillèrent, les lampes qui restaient s'éteignaient une à une autour de lui et il hurla de détresse. Il n'était pas complètement mort, il le savait, mais si les médecins ne l'aidaient pas encore un peu, il n'atteindrait jamais la porte. Elle était à quelques mètres de lui seulement mais, si on le laissait là, il ne pouvait pas.

« John… Me laisse pas là, sors moi de là John… J'ai besoin d'un dernier choc électrique, encore un, j'en ai besoin John ! » hurla t'il aussi fort qu'il le pouvait, sachant pourtant que sa voix n'était que dans sa tête et qu'il n'atteindrait jamais la sortie.

Tout son être agonisait dans ces escaliers interminables qu'il était désormais incapable de grimper. Tout se mit à trembler autour de lui, le plafond s'écroulait, les étages de son palais se disloquaient et il regardait, comme spectateur impuissant de sa propre destruction. Les lumières continuaient de s'éteindre une à une et clignotaient, et tout se refermait autour de lui, son esprit génial privé de toute énergie, ne pouvait plus retenir sa propre vie. Il restait là, recroquevillé sur cette marche, agonisant. Il n'avait plus aucune pensée cohérente.

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Le choc fût terrifiant pour lui.

Transperçant tout son être, il se sentit très violemment secoué, tout son corps montant de lui-même les marches, comme tiré brusquement par la force de la douleur irradiante dans sa poitrine et dans son corps. Il n'avait jamais eu si mal de toute sa vie, et il ne maîtrisait plus les convulsions qui le prenaient tout entier. Il hurla de nouveau la voix saccadée alors qu'il lui semblait qu'il ne pouvait de toutes façons plus rien maîtriser. Il se sentit revenir et partir en même temps, et alors qu'il parvenait sans trop savoir comment, à ouvrir la porte qui menait à la sortie, il sombra dans l'obscurité.

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John retenait son souffle alors qu'il venait, une dernière fois, de demander à Sherlock de revenir.

Tout le monde autour de lui le regardait consterné, la plupart ne comprenant pas pourquoi un médecin militaire tel que lui pouvait faire une tentative si désespérée de réanimation alors que tous les autres médecins étaient d'accord pour arrêter les efforts inutiles, et ceux qui comprenaient pourquoi John faisait ça étaient tous consternés de le voir réagir avec si peu de discernement mais autant de sentiments.

Pourtant John était connu pour faire passer ses émotions d'abord, Lestrade était celui qui le connaissait le plus, et s'il ne s'étonnait qu'à moitié de cette réaction, il était aussi vraiment désolé de voir cette détresse qui faisait encore espérer l'impossible à John.

Mais l'impossible, avec Sherlock, ne voulait pas souvent dire la même chose que pour les autres.

Et la connexion entre lui et John, était exactement ce que personne n'avait pris en compte. Si le médecin avait réagi ainsi, c'était parce qu'il connaissait Sherlock mieux que personne, et avait envers lui la confiance qui lui permettait de comprendre que son ami n'était pas comme les autres, et qu'il se battait encore même si plus personne n'y croyait.

Et les choses donnaient raison à John.

Sherlock bougea très légèrement un de ses doigt, comme dans un appel à l'aide muet et désespéré.

Personne n'osait croire à la survie du détective, mais tous se précipitèrent autour de lui, choqués, pour immédiatement reprendre les soins de toutes urgences. John, lui, se sentit presque mal et devint pâle comme un linge alors qu'il amenait sa main à son front, complètement secoué par les événements.

« Bon sang, Sherlock… »

Il n'osait y croire, mais il savait surtout que ce retour à la vie était plus que précaire et que Sherlock avait besoin de soins intensifs immédiatement.

Clark s'était précipité en premier pour prodiguer les soins à son patient, n'en revenant toujours pas que celui-ci ait eu la force de se battre à ce point pour survivre.

Lestrade lui, était pâle presque autant que John. Il savait que leur ami était courageux et résistant, mais il n'arrivait pas à réaliser que Sherlock avait eu la force de se battre encore dans cette situation.

Les médecins avaient eux, malgré la stupéfaction, pris les choses en main, car rien n'était encore gagné. Sherlock était toujours mourant, ses signes vitaux toujours très inquiétants, et il fallait le transporter de toute urgence à l'hôpital le plus proche.

Il avait été au plus vite installé sur le brancard, mis sous oxygène, et préparé pour le transport vers le poste médical. Un hélico avait été appelé, qui était visiblement déjà prêt à partir.

Toutes les équipes bougèrent, ne laissant sur les lieux qu'une des équipes de police qui devait sécuriser le périmètre pour toutes les futures investigations qui allaient suivre, car l'enquête était loin d'être terminée.

Le retour vers le camps médical d'urgence fut difficile, dans tous les sens du terme. Il fallait aller au plus vite, mais l'état de Sherlock nécessitait les plus grandes précautions, et de plus les lieux n'étaient pas encore complètement sûrs, la forêt était trop grande pour être sûr que plus aucun ennemi ou animal ne rodait encore dans les parages. L'équipe de secours était donc escortée par une équipe de policiers, et ce fût le soulagement lorsqu'enfin, ils virent se dessiner la tente médicale.

Ils étaient enfin sortis de la forêt infernale, et avaient ramené avec eux les deux otages en vie, bien que la vie de l'un ne tienne plus que par un fil. Mais, il était en vie, encore.

John avait l'impression de ne plus respirer depuis la réanimation de Sherlock. Il était resté, tout le long, juste à côté de lui, ne pouvant s'empêcher, sans cesse, de regarder son ami inconscient et de découvrir à chaque coup d'œil un peu plus de ce qu'il avait subi. Les bleus, les traces de coups partout sur son corps qui étaient visibles maintenant sans la chemise que les secouristes avaient retiré pour lui placer les électrodes pour contrôler son cœur. Les cernes conséquentes autour de ses yeux fermés, la contraction de ses muscles comme si, malgré l'inconscience, il souffrait encore. La blessure effrayante à son bras, avec le sang pas encore nettoyé, puis sa pâleur, l'extrême pâleur de son visage, la faiblesse sur le moindre de ses traits. Et, peut-être le pire aux yeux de John, toutes les traces d'aiguilles sur ses bras qui prouvaient combien ses ravisseurs l'avaient drogué de force, mais aussi, et John s'en rendait compte maintenant, les traces bien plus anciennes, davantage visibles sur sa peau bien plus pâle que d'ordinaire, preuves incontestables de son passé sombre de toxicomane.

John se sentait en lambeaux, en colère, triste et horrifié à la fois. Il avait déjà entendu Lestrade en parler, brièvement, et il avait vu Sherlock lui-même, lui dire à demi mot mais d'une manière qui ne laissait pas de place au doute, que oui, Lestrade disait vrai. Il savait que Mycroft surveillait étroitement son frère et que Mme Hudson, elle aussi, semblait souvent inquiète à ce sujet, et que dès que Sherlock n'allait pas très bien tout le monde semblait réellement s'inquiéter pour une éventuelle rechute. John en avait pris lui-même l'habitude, surveiller Sherlock et même fouiller la maison parfois.

Alors bien sûr qu'il le savait, mais une part de lui n'avait jamais voulu imaginer que ça ait pu être si grave de par le passé. Alors aujourd'hui, ces preuves indélébiles le rendaient malade.

Il savait qu'il y avait désormais tous les risques pour que de nouveau, son ami ne puisse plus contrôler le retour de ses addictions, surtout après le choc de ce qui venait de lui arriver et après avoir été à ce point drogué. Il était médecin, il savait combien cette situation était la pire pour quelqu'un qui s'était sorti de cet enfer. Si Sherlock survivait, il ne faisait nul doute qu'il faudrait être extrêmement vigilant et l'aider, et ça n'allait pas être simple.

Mais pour cela, il fallait qu'il survive, et rien n'était encore gagné. Lorsqu'ils arrivèrent au poste de secours, Molly, qui pourtant était déjà soigné depuis longtemps sur un des lits de fortune, se leva précipitamment, comprenant immédiatement l'état critique de son compagnon de mésaventure.

« Sherlock ! » cria t'elle avant que les secouristes qui la soignaient n'aient le temps de la retenir.

Elle se précipita vers lui, bouleversée, lançant un regard interrogatif à John qui fit un signe d'impuissance.

« On a fait repartir son cœur, mais c'est un miracle, il est sur un fil Molly… »

La jeune femme avait le visage tendu d'inquiétude alors qu'elle venait instinctivement caresser les cheveux bouclés du détective, comme elle l'avait fait un peu avant quand il avait été inconscient dans ses bras.

« Sherlock… Reste avec nous, je t'en pris Sherlock, on n'a pas fait tout ça pour rien… Tu ne peux pas laisser gagner ces gens, pas après ce qu'ils nous ont fait… On a besoin de toi ici… »

John et Lestrade se regardèrent un court instant, presque surpris de voir la jeune femme exprimer ainsi sa tendresse envers Sherlock, elle d'ordinaire tellement en retenue avec lui. Il n'y avait absolument aucun doute que les deux s'étaient beaucoup rapprochés pendant leur épreuve ensemble, et Greg eut comme un bref éclair de jalousie en lui qu'il regretta à la seconde même, se maudissant de ressentir quelque chose comme ça à ce moment là. Il savait très bien que Molly aimait Sherlock et au vu des circonstances, il n'y avait vraiment rien d'étrange au comportement de la jeune femme qui avait vécu l'enfer avec Sherlock pour seul soutien pendant des jours.

Greg secoua la tête pour chasser cette émotion inappropriée. Oui, ce qui était arrivé et l'inquiétude qu'il avait ressentie pour Molly lui avait fait réaliser combien il tenait à elle, mais il ne pouvait pas se permettre d'imaginer Sherlock en rival ( ce qu'il était de toutes façons depuis longtemps) alors que ce dernier était à la limite de la mort après avoir traversé l'enfer. Et d'ailleurs, il savait aussi que si Molly était là aujourd'hui, c'était en grande partie grâce à Sherlock qui avait risqué sa vie pour ça. Il était reconnaissant, admiratif même, du courage que ces deux là avaient eu. Et il était réellement inquiet pour le détective, c'est pour cela qu'il oublia rapidement sa jalousie plus qu'inappropriée à un tel moment.

John lui, était surtout focalisé sur Sherlock et uniquement lui. Il s'était précipité dans l'hélicoptère qui les conduisaient à l'hôpital en urgence, alors que Mycroft à son tour, faisait son apparition, le visage plus fermé que d'habitude. L'aînée Holmes ne quitta pas son frère du regard pendant qu'ils s'installaient tous les trois dans l'hélicoptère avec les secouristes, et John cru déceler dans ce regard ce qui ressemblait le plus à de l'inquiétude, chose qu'il n'avait encore jamais vu avant chez Mycroft.

Molly et Lestrade, eux, observèrent l'hélicoptère décoller alors qu'ils attendaient l'ambulance qui les conduiraient à leur tour à l'hôpital le plus proche. Molly avait demandé au policier de l'accompagner, ce qu'il avait accepté sans hésiter, rassuré de pouvoir veiller sur son amie.

« Il va s'en sortir Molly, c'est une des personnes les plus fortes parmi nous tous ici… »

« Je sais… Mais il est fragile aussi, il est… humain, Greg… Quand on était là-bas » répondit Molly en désignant la forêt, encore tremblante à l'idée, « il était… différent… Il a été là, il m'a soutenu, il nous a sauvé, il a supporté des choses que nous n'aurions jamais pu supporter… Mais il était fragile, je l'ai vu, quand il avait peur, quand il était… sombre… Je pense qu'il a été très marqué par l'épreuve, c'était tellement… c'était dur Greg, vraiment… »

Molly se sentait si fatiguée, si bouleversée, elle avait l'impression que désormais c'était Greg sa bouée de sauvetage.

Le policier la regarda profondément alors que les derniers secouristes venaient les chercher. Il avait l'impression que Molly revenait d'un véritable cauchemar, son visage et son corps marqué par l'épuisement et les coups, mais surtout par la peur. Et pourtant, il lui semblait que Molly donnait surtout l'image d'une femme forte, bien plus forte qu'elle ne le croyait. Il était admiratif de son courage, de la force de cette femme douce et gentille qui semblait comme transformée par l'épreuve, comme si elle avait gagné en assurance, en courage, il le ressentait malgré l'état si affaibli de la jeune femme. Et tandis qu'ils montaient dans l'ambulance, il sentait au fond de lui-même, que ce qu'il ressentait pour elle était bien plus fort qu'avant le drame. Il était amoureux de Molly, et elle était en vie. Alors, si elle le voulait bien, il était prêt à l'aider à surmonter cette épreuve autant de temps qu'elle aurait besoin désormais. Il serait là, quoi qu'il arrive.

Mais il serait là pour Sherlock aussi. Il pria intérieurement pour que leur ami survive, car il le méritait, et s'il venait à mourir maintenant, il le savait, Molly ne s'en remettrait jamais.

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Ce chapitre est une revisite à ma façon de cette scène incroyable du palais mental pendant l'épisode 3 de la saison 3 de la série, comme vous l'avez sûrement remarqué. Cette scène est certainement une de mes préférées de toute la serie, une plongée intime dans l'esprit si étrange et torturé de notre Sherlock et servi par le jeu exceptionnel de Benedict, alors j'espère avoir rendu justice à cette scène

Dans les prochains chapitres, nous suivrons l'évolution de l'état de Sherlock, et les choses ne vont pas être de tout repos... Nous verrons aussi beaucoup plus de Molly / Lestrade, quant au Johnlock, il est encore loin d'être assuré malgré ce qui s'est passé... Nous verrons aussi bien sûr la fin de l'enquête policière en elle-même!

J'espère que toute la partie aventure / angoisse vous a plu jusqu'au bout, et que la dernière partie de cette histoire, plus centrée sur les personnages eux-mêmes et leurs évolutions, pourra clore cette fic à la hauteur de vos attentes. Il reste environ 3 ou 4 chapitres ! Je vous remercie tous énormément de me suivre et pour vos messages, que ce soit ici ou en privé

A très vite!