Hello!
Mon absence a été très longue cette fois-ci, en cause un mois d'octobre non seulement très chargé mais aussi difficile et avec pas mal d'événements importants, le tout ne m'ayant pas laissé la moindre occasion d'écrire.
Ce soir je rentre de vacances et pendant cette semaine, j'ai heureusement enfin pu vous préparer le nouveau chapitre de cette fic qui approche de la fin puisqu'il ne reste plus que deux chapitres après celui-ci !
Je vous remercie pour les commentaires et pour répondre à Katymyny : le personnage du Docteur Clark dans ma fic est purement inventé et n'a rien à voir avec aucun personnage existant dans quelque version de Sherlock Holmes que ce soit ? et pour ce qui est d'écrire sur la version des films de Guy Ritchie, c'est quelque chose qui a déjà été envisagé, malheureusement si ça se fait un jour ce ne sera pas du tout pour de suite car après cette fic, une autre va suivre dans le même fandom du Sherlock BBC, une fic en 2 parties que je prépare depuis déjà plusieurs mois! Et en parallèle je voudrai vraiment reprendre une autre de mes fics actuellement en hiatus, "Les oiseaux de l'océan" qui elle est sur le fandom Pirates des Caraibes. Comme tu l'imagine, impossible pour moi de rajouter une 3ème histoire pour l'instant ? En tout cas je te remercie beaucoup de l'intérêt que tu portes à mes histoires et je garde toujours dans un coin de ma tête cette idée de fic sur le Sherlock de Downey Junior ?
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Avertissements : comme d'habitude, grande angoisse psychologique. Rien d'autre à signaler dans ce chapitre!
CHAPITRE ONZE
« Perdus »
Ça faisait des heures qu'il attendait.
Il ne supportait plus depuis longtemps d'être assis sur cette chaise inconfortable dans la salle d'attente des urgences, mais il ne pouvait rien faire d'autre. Le personnel de santé, malgré ses supplications, n'avait pas voulu de lui dans l'équipe de soin qui allait s'occuper de Sherlock, car bien que médecin, il ne travaillait pas dans cet hôpital.
Même Mycroft avait refusé d'appuyer sa demande, expliquant à un John en colère mais, il est vrai, épuisé psychologiquement, qu'il n'était pas en état de faire du bon travail et que Sherlock avait besoin des meilleurs soins.
Alors John en était réduit à attendre, et seul Lestrade était resté avec lui. Molly avait été rapidement admise dans une chambre classique afin d'être examinée et soignée pour ses blessures et sa déshydratation, et les médecins, après lui avoir permis de recevoir un repas décent dont elle avait tant besoin, lui avaient donné des sédatifs pour lui permettre de dormir afin qu'elle puisse se remettre de ces derniers jours. Au moins, son état était rassurant, à part le choc psychologique de sa captivité, l'épuisement et les blessures superficielles, elle n'était nullement en danger et avait désormais besoin de beaucoup de repos et de soutien. Elle resterait une journée ici, puis pourrait retourner à Londres où elle devrait se reposer une bonne quinzaine de jours.
Greg et John étaient plus que soulagés de savoir que la jeune femme était hors de danger. Elle n'avait pas eu le temps encore de leur raconter tout ce qui s'était passé et ils savaient que ce serait éprouvant pour elle, mais pour l'instant, ils l'avaient laissé se reposer après avoir pu lui rendre une brève visite où elle leur avait assuré aller le mieux possible aux vues des circonstances.
Cette bonne nouvelle leur permettait de tenir le coup, et ils en avaient bien besoin. L'inquiétude autour de Sherlock était, elle, loin d'être apaisée.
Les médecins avaient confirmé les craintes de John à propos d'un début d'hémorragie interne causée par les coups, en particulier le dernier, alors que son sang s'était fluidifié anormalement à cause des drogues.
Il y avait aussi l'infection provenant de sa blessure, alors que sa déshydratation, contrairement à Molly, était sévère et avait mis ses reins en danger.
Le problème de l'empoisonnement dû aux drogues n'étaient toujours pas résolu, et en attendant le résultat des analyses approfondies, les médecins étaient obligés de soutenir de leur mieux les organes défaillants de leur patient, ne sachant combien de temps cela serait possible.
Ce n'est qu'au milieu de la nuit, plusieurs heures après leur arrivée, que l'un des médecins vint enfin voir John et Lestrade. Seule l'hémorragie interne avait été stoppée, mais l'état de Sherlock était toujours extrêmement préoccupant, son diagnostic vital toujours engagé.
John se rassit sur sa chaise, prenant sa tête dans ses mains.
« Tu te rends compte qu'on avait la complice de ces fous sous nos yeux, avec nous, pendant des jours ? Et qu'on n'a rien vu ? C'est ma faute Greg, j'aurais dû le voir, si Sherlock avait été à ma place il aurait su, lui… Tu te rends compte de ce qu'ils lui ont fait ? Et cette… Lieutenant Road, quand elle l'a retrouvé dans la forêt, elle l'a frappé tellement fort, je l'ai vu Greg, elle l'a fait sous mes yeux, j'ai tiré de suite mais elle a eu le temps de le frapper… Il était sur le sol, il était presque mourant et elle… Elle avait un couteau… »
Greg s'approcha de John pour lui poser la main sur l'épaule, rassurant.
« Tu l'as sauvé, John… Tu viens de le dire… Si tu n'étais pas arrivé, elle l'aurait tué, et il le sait, il t'a vu venir le sauver… Tu t'es battu de toutes tes forces pour retrouver Sherlock, et tu l'as fait, tu l'as retrouvé, tu l'as ramené et maintenant il est loin de ces monstres, il est là, soigné par des gens compétents… Ça ne sert à rien de te sentir coupable de quoi que ce soit, sans toi on n'aurait peut-être même pas encore retrouvé leurs traces, à tous les deux… »
John soupira, se calant au fond de sa chaise.
« Et Mycroft qui est parti… Il n'attend même pas ici avec nous… Je ne comprends pas cet homme, décidément… Son petit frère est là, entre la vie et la mort et lui il n'est pas là… »
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Lorsque Mycroft avait été mis au courant de ce qui s'était passé, il était allé voir Molly dans la tente de secours, alors que les équipes étaient encore dans la forêt.
Et lorsqu'elle lui avait parlé des drogues et de l'antidote, il lui avait aussitôt demandé tous les renseignements possibles pour parvenir à retrouver ce produit. Il savait déjà que sans ça, tous les soins qui pourraient être prodigués à Sherlock seraient vains.
Alors, il avait ordonné aux équipes de recherches qui étaient arrivées au labo, de chercher dans les endroits indiqués par Molly.
Cela n'avait rien donné. Évidemment, les militaires avaient dû détruire ou cacher les flacons, et cela n'augurait rien de bon.
Mycroft, bien que n'étant pas dans la forêt, avait accès à la radio qui lui permettait d'entendre tout ce qui se disait entre les équipes.
Il apprit d'abord que l'un des ravisseurs avait été retrouvé blessé dans le labo, et ce dernier avait été rapidement emmené en dehors de la forêt jusqu'au poste de secours.
Mycroft n'avait pas hésité. Il était allé lui-même lui parler, en dépit des contestations des policiers qui surveillaient l'homme. S'en était suivi un interrogatoire tel que Mycroft savait si bien le faire, et, bien que l'homme ne savait visiblement pas où étaient passé les flacons d'antidote, une chose alerta l'aîné Holmes.
Le militaire semblait régulièrement regarder autour de lui comme s'il cherchait quelqu'un.
Ce n'était pas normal. Et il n'en fallait pas plus pour que Mycroft comprenne qu'il y avait un complice au sein même des équipes de secours.
Il s'était précipité sur son smartphone, pour une fois décidé à faire lui-même ses recherches sans prendre la peine de demander à l'un de ses assistants ou à un membre de ses équipes.
En quelques secondes, il avait déjà établi le profil qu'il recherchait. Le militaire semblait chercher quelqu'un, de qui il aurait du soutien, mais aussi semblait s'inquiéter pour cette personne. Un être cher, donc. Personne dans l'équipe ne ressemblait à l'homme, de près ou de loin, pas quelqu'un de sa famille, donc. Plutôt un ou une amoureuse. Une, plutôt, l'homme semblait tout à fait hétéro. Mycroft n'avait besoin que de quelques secondes d'observation pour tout savoir de quelqu'un, comme son frère, et peut-être encore plus si justement, la vie de son frère était en jeu.
Une femme donc. Une femme de caractère, le militaire ne semblait guère tendre et ne pouvait s'entendre qu'avec une personne comme lui, froide, professionnelle, forte.
La lieutenant Road.
En quelques secondes, il trouva et parcouru aussi vite qu'il était possible le profil Facebook de la policière, et finit par tomber sur une très vieille photo d'une fête où, peu visible en arrière-plan, se tenait… la lieutenant et le militaire.
Road, qui venait d'ordonner à ses équipes de se diriger vers le ravin du diable et de l'attendre alors qu'elle allait en reconnaissance avec trois autres policiers.
Un piège. La policière ne voulait rien d'autre qu'aller retrouver seule Sherlock et achever ce que son homme et les autres n'avaient pu finir, puis encercler les policiers pour les prendre au piège à leur tour, dans l'espoir de pouvoir fuir avec ce qui restait de l'équipe des militaires.
Mycroft, malgré toute sa maîtrise absolue de lui-même, avait senti en lui la peur sourde de perdre son frère, qu'il aimait bien qu'il ne l'avouerait jamais.
Il avait immédiatement appelé John.
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Cela faisait maintenant presque toute la nuit que John et Lestrade étaient à l'hôpital, et Greg proposa à son ami de le raccompagner à l'hôtel pour enfin se reposer.
« Je n'irai nulle part, Greg… Je ne peux pas, tant que je ne serai pas sûr que Sherlock est hors de danger… »
« Allons au moins nous chercher quelque chose à manger, et à boire, pour reprendre des forces et puis, ça nous ferait du bien de bouger un peu… »
John soupira puis finit par accepter, mais alors que les deux hommes se dirigeaient vers le couloir, ils entendirent des cris et des pas précipités tandis que des infirmiers et médecins arrivaient en direction de la salle de soins intensifs.
John se sentit pâlir, même s'il ne pouvait pas être sûr que c'était pour son ami qu'il y avait toute cette précipitation. Il couru aussitôt vers la pièce où se trouvait Sherlock, pour constater avec effroi que c'était bien là que tout ce personnel soignant accourait. Il y avait des bips sonores dans tous les sens et la précipitation ne laissait aucun doute sur le fait que quelque chose de grave se passait.
« Que se passe t'il ? Qu'est-ce qui se passe, je suis médecin vous pouvez me dire ! » Interpella t'il, l'adrénaline et la peur lui faisant oublier toute la fatigue, le sommeil et la faim.
« Éloignez vous Docteur Watson, retournez en salle d'attente, s'il vous plaît… Nous n'arrivons plus à le maintenir, sans l'antidote contre le poison, nous ne maîtrisons plus la situation… » répondit rapidement une infirmière avant de rejoindre les équipes de soin dans la chambre.
« Oh bon sang… Greg, est-ce que les équipes de police ou de la scientifique ont réussi à trouver quelque chose sur cet antidote dont parlait Molly ? Il faut les appeler, peut-être qu'ils nous en diront plus, il faut les bouger, c'est trop long ! »
Greg avait déjà pris son téléphone, mais il n'y avait toujours rien, aucune piste pouvant les aider et dans tous les cas, même s'ils retrouvaient les fioles d'antidote, il faudrait attendre au mieux des heures, au pire des jours, avant que toutes les analyses scientifiques soient faites et que le feu vert soit donné pour les emmener à l'hôpital et les administrer à Sherlock.
« Ils se moquent de nous ? » Hurla John en entendant la réponse. Sherlock n'a pas le temps d'attendre les procédures ! Il n'a pas le temps pour ça ! Il est en train de mourir… »
John était sur le point de tout casser et Greg se prenait la tête entre ses mains alors qu'ils entendaient, dans la salle, toutes les machines s'affoler et les médecins s'affairer. Clairement, ce n'était pas bon.
Ils entendirent alors des pas précipités venant de l'autre côté du couloir, et c'est avec stupéfaction que John vit arriver un Mycroft haletant, le front couvert de sueur comme s'il venait de piquer le sprint de sa vie et un air d'urgence sur son visage d'ordinaire impassible.
« Mais qu'est ce que…Ça fait des heures que votre frère est ici et vous n'arrivez que maintenant ? Son état s'est encore dégradé, il... »
« Poussez vous John ! » Ordonna Mycroft alors qu'il entrait dans la salle de soin, provoquant la vive contestation des équipes soignantes qui tentaient de lui barrer le passage.
« Vous n'avez rien à faire ici Monsieur, nous ne pouvons pas… »
« Ceci est l'antidote qui va sauver la vie de mon frère, accessoirement votre patient, alors je vous conseille de me laisser passer et de lui administrer ceci de toute urgence… »
John et Greg se regardèrent abasourdis, se précipitant à leur tour dans la salle, leur regard passant de Mycroft aux médecins qui semblaient ne pas croire à ce que ce dernier racontait, avant de se poser sur Sherlock qui, bien qu'inconscient, convulsait de nouveau comme lorsqu'il avait été dans les bras de John la veille.
« Je ne le répéterai pas Docteur ! » la voix la plus sévère de Mycroft claqua dans l'air.
« Nous ne pouvons pas administrer n'importe quoi à notre patient, il en est totalement hors de question ! » s'écria le médecin en chef qui s'apprêtait déjà à appeler la sécurité.
Mycroft lança un regard appuyé à John qui, étrangement, fut immédiatement compris par ce dernier. Il se précipita vers le médecin qui allait appeler la sécurité pour le stopper dans son geste, alors que Greg, comprenant lui aussi ce que Mycroft comptait faire, se précipitait à son tour pour éloigner une infirmière, l'aîné Holmes se penchant aussitôt vers son frère pour lui faire lui-même l'injection qui le sauverait.
Il n'y avait aucun autre moyen, car Sherlock n'avait pas le temps d'attendre que son frère parvienne à convaincre ou prouver quoi que ce soit.
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Dans la salle, ce fût la sidération. C'était évidemment du jamais vu dans cet hôpital, et l'ambiance, pendant quelques secondes, fut partagée entre l'horreur que ressentait le personnel qui ne savait rien de ce que voulait Mycroft, l'espoir et l'appréhension des autres, attendant avec angoisse une quelconque réaction de Sherlock…
Réaction qui ne tarda pas à arriver. Bientôt, le corps du détective se tendit violemment, puis cessa de convulser alors qu'il retombait sur le lit et son rythme cardiaque, jusque là complètement désordonné au point d'avoir fait biper toutes les machines, se calma. Il semblait de nouveau paisible, toujours profondément inconscient et mal en point, mais calme.
Les médecins, incrédules, s'étaient immédiatement rendus à son chevet pour vérifier toutes ses constantes, mais ils savaient déjà que le danger d'un nouvel arrêt cardiaque semblait s'être estompé, au moins provisoirement.
John passa sa main sur son visage, tremblant, alors que Mycroft s'éloignait déjà.
« ATTENDEZ ! » Cria t'il en rattrapant l'aîné Holmes. Comment… Comment avez-vous fait pour trouver l'antidote ? »
« Vous ne voulez pas le savoir Docteur Watson, croyez moi… Je dois retourner faire certaines choses, je compte sur vous pour veiller sur mon frère… Et me tenir au courant. »
John hocha la tête par automatisme alors que des membres de l'équipe de Mycroft venaient d'arriver et s'expliquaient déjà avec les médecins, mais John n'en pouvait plus et n'avait aucune envie d'assister à tout ça. Il regarda Sherlock intensément, à la fois si inquiet et soulagé, partagé entre mille sentiments et émotions, il avait juste envie de lui dire qu'il était là, que tout irait bien maintenant, même s'il n'en était pas sûr lui-même, et de lui tenir la main jusqu'à ce qu'il se réveille. Mais il ne pouvait pas, il n'avait pas le droit de rester ici, Sherlock devait subir encore pléthores d'examens et de soins, surtout après l'injection d'un antidote dont les médecins ne savaient rien.
Greg raccompagna John vers la salle d'attente, lui-même choqué.
« Je ne comprends pas comment Mycroft a fait pour mettre la main sur ce produit… Les équipes n'avaient rien trouvé… Les Holmes sont décidément des gens hors norme ! »
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Sherlock ne comprenait absolument pas ce qui se passait.
Depuis qu'il s'était vu mourir sur les marches de son palais mental, puis qu'il s'était senti tiré en avant dans une douleur indicible, il n'avait plus rien ressenti.
Puis, sans savoir combien de temps s'était écoulé, il s'était de nouveau rendu compte de lui-même.
Mais il ne s'était jamais senti aussi mal de sa vie. La douleur était partout, lancinante, comme un rappel évident de l'agonie de son corps dont pourtant, il n'avait pas conscience.
Il cligna des yeux, se souvenant difficilement de ce qui lui était arrivé, mais conscient qu'il était à l'intérieur de son palais de l'esprit, que tout ça n'était que dans sa tête.
Une fois qu'il eut récupéré un peu ses esprits, ou du moins sa capacité à penser, il regarda autour de lui, se demandant dans quelle partie du palais il avait atterri cette fois.
Et là, ce fût le choc. Il n'y avait rien autour de lui. Enfin, plus rien d'autre que des ruines. Tous les murs étaient écroulés, le plafond n'était qu'un ciel noir, vide. Tous les tiroirs semblaient sans dessus dessous, les portes avaient volé en éclat, les marches d'escaliers étaient infranchissables, affaissées ou bloquées par les décombres des rampes et du plafond écroulé.
Terrifié, Sherlock se releva en tremblant, perdu. Il n'avait aucune idée de l'endroit où il se trouvait à l'intérieur de son palais mental détruit, tout n'était que ruine, et il ignorait d'où provenait le peu de lumière qui l'éclairait car il n'y avait plus d'ampoule nulle part. Les couloirs semblaient avoir tous changé de place, tout comme les pièces, et tout semblait mélangé, sans dessus dessous. Ses souvenirs emmêlés entre eux, toutes ses précieuses connaissances, étalées sans ordre, sans compartiment, sans but. Tout ce qu'il avait mis toute sa vie à classifier dans son propre esprit, souvenirs utiles, connaissances, tout semblait avoir été mélangé, voire détruit.
Un terrible vertige prit Sherlock qui chercha désespérément autour de lui un visage connu, John ou Molly, les deux seules personnes qui lui venaient à l'esprit à cet instant. Mais il n'y avait rien. Il était seul, dans son palais en ruine, perdu sans même savoir s'il était en vie.
Il se mit à trembler de panique et sans qu'il n'y puisse rien, il se sentit submergé par la peur, des larmes coulant sur son visage sans qu'il ne puisse les retenir. C'était tout simplement les ruines de son propre esprit qu'il voyait, les ruines de lui-même et de son mental qui n'avait pas supporté les chocs successifs.
Il se sentit absolument dévasté, fragile et perdu, et c'était insupportable. Il avait tout fait pour devenir cet homme fort et distant, qui n'avait besoin que de lui-même et de son palais de l'esprit. Mais maintenant, sans ce dernier, il se sentait tellement vulnérable et désespérément seul que c'était tout ses repères qui s'en trouvaient anéantis, tout ce qui faisait de lui ce qu'il était semblait s'être évaporé. Dans ce monde sans repère ni cohérence, il n'était pas le grand Sherlock Holmes, il était juste William Sherlock Scott, fragile, détruit.
Et il n'avait aucune idée de comment réparer tout ça, ni même s'il fallait qu'il le fasse ou bien si tout cela signifiait que tout était perdu, et qu'il valait mieux attendre là, peut-être parce qu'il était trop tard pour lui, que son cerveau n'avait pas survécu et que cette désolation n'était que la dernière étape avant sa propre mort.
Il n'en savait rien. Et ça le terrifiait. Il n'avait aucune donnée tangible sur ce qui lui arrivait, aucune explication, aucune théorie valable. Contrairement à ce qu'il avait vécu auparavant, il ne ressentait plus rien du monde extérieur, ni de son corps physique, seuls subsistaient les ruines de son esprit dont il était prisonnier. Cela pouvait-il signifier qu'il était dans le coma ? En mort cérébrale ? Déjà mort ? Cette dernière idée lui sembla peu probable, alors il décida qu'il était probablement dans le coma.
Il essaya de se concentrer sur ses sensations, mais il n'en avait aucune qui ne semble réelle. Il ne savait pas où il était dans la réalité, il ne pouvait qu'espérer être à l'hôpital, et surtout, que John soit auprès de lui, même s'il ne le ressentait pas. Il se sentait terriblement seul, pour la première fois de sa vie, il aurait donné n'importe quoi pour ne pas l'être, pour ne pas avoir à affronter ça tout seul. D'ordinaire, l'immensité de son palais accaparait toujours son esprit dès qu'il avait besoin de s'occuper, d'oublier les douleurs morales, ou même physiques, mais là, en ce lieu de désolation qui ne ressemblait en rien à ce qu'il avait toujours connu, il ressentait une détresse et une solitude pesante et il n'était pas sûr de savoir comment supporter cette sensation. Jamais il ne s'était senti aussi seul avec lui-même.
Longtemps, il resta assis au milieu des décombres, réfléchissant à ce qu'il pouvait faire. Il envisagea de trouver la sortie du palais, et essayer juste de revenir à la conscience, mais il n'y avait aucun moyen pour cela, les escaliers étaient effondrés et il ne savait même pas à quel étage il se trouvait.
Il se demanda s'il n'était pas tout simplement condamné, mais il n'y avait personne pour lui répondre cette fois-ci. Pas de John imaginaire pour le rassurer, pas de Molly pour le secouer. Pas même de Mycroft pour l'agacer. Il n'y avait que lui-même, et il réalisa que sans l'aide de ses amis, il n'était pas capable de répondre à toutes ces questions. Il était peut-être capable de résoudre n'importe quelle énigme, mais dès qu'il s'agissait de questions humaines, de sentiments, d'émotions… Il n'avait que les autres comme référence, il ne pouvait qu'imaginer les réponses des autres, car il n'en avait pas lui-même.
Mais son esprit n'arrivait plus à faire ça.
Et jamais il ne s'était senti si vulnérable.
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John se sentait tellement épuisé qu'il était resté assis sur sa chaise au moins une heure avant qu'il ne réagisse et ne se décide à rejoindre Greg à la cafétéria. Il avait préféré rester seul un moment, et avait attendu avec une impatience teintée de fatigue, des nouvelles de Sherlock.
Ces nouvelles avaient fini par arriver, et elle étaient meilleures, cette fois-ci. Les médecins, suite à ce qui s'était passé un peu plus tôt avec Mycroft, avaient demandé en urgence une analyse approfondie du fameux antidote, mais avaient aussi effectué beaucoup de nouveaux examens sur leur patient. Et il étaient bel et bien stabilisé, avec une très légère amélioration de ses fonctions vitales, bien que son état soit toujours préoccupant et, pour l'heure, son pronostic vital toujours engagé. Cependant, s'il restait stable encore quelques heures, le danger vital pourrait être considéré comme écarté.
John avait beau être légèrement rassuré de voir que son ami se battait toujours, il ressentait néanmoins une telle accumulation de peur, d'angoisse, c'était comme si toutes ces émotions qu'il avait tenté de surmonter depuis la disparition de Sherlock le frappaient désormais de plein fouet, et il lui semblait qu'il ne serait pas tranquille tant que ce dernier ne serait pas réveillé.
Pourtant, John avait conscience qu'en réalité, les choses ne seraient pas plus simples à ce moment là. Il n'avait absolument aucune idée de ce qui se passerait après qu'ils se soient tous les deux échangés des mots aussi forts que « je t'aime… ».
D'autant qu'il ne savait pas ce que cela signifiait, ni pourquoi ils se l'étaient dit. Sherlock était mourant à ce moment là, et délirant, il était impossible de savoir ce qui l'avait poussé à dire ça à cet instant précis. Et encore moins de savoir si c'était vrai. Ça paraissait en fait hautement improbable aux yeux de John.
Et le problème était le même en sens inverse. John n'avait aucune idée de pourquoi il avait lui-même prononcé de telles paroles, tout semblait tellement irréel à ce moment là, qu'avec le recul il ne pouvait pas décider de si c'était une simple vérité ou quelque chose de plus compliqué. Être amoureux de Sherlock était certainement la chose la plus improbable qu'il puisse imaginer, d'autant plus qu'il n'était pas gay. Tout cela n'avait aucun sens, et peut-être avait-il juste brisé son amitié avec Sherlock, et que plus rien ne serait comme avant.
Il était sûr que les problèmes étaient loin d'être finis, et il se sentait déjà tellement épuisé…
C'est dans cet état d'esprit confus et fatigué qu'il rejoignit Greg, installé à table.
« Ça n'a pas l'air d'aller toi… Sherlock va s'en sortir, regarde, les heures passent et il est toujours stable… Toi par contre, tu vas t'écrouler si tu continue à ne pas manger ni dormir, viens je t'offre le repas et après tu vas dormir un peu ! »
John soupira en s'installant à son tour.
« Tu vas bientôt me remplacer en tant que médecin ! »
Greg sourit amicalement.
« Et toi tu ferais un bon flic, j'en suis certain… »
Les deux amis ne purent s'empêcher de rire. Ils avaient tout deux les nerfs bien mis à rude épreuve depuis des jours, mais ils étaient heureux de pouvoir se soutenir mutuellement.
« Il va falloir aller prendre la déposition de Molly, je me suis arrangé pour que ce soit moi qui le fasse » expliqua Greg à la fin du repas.
Les deux hommes avaient eu l'autorisation des médecins qui suivaient Molly, elle était désormais en état d'être interrogée.
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La jeune femme les attendait souriante, mais encore bien marquée par sa mésaventure mais visiblement plus qu'heureuse de les voir et d'être sortie d'affaire.
Greg s'avança en premier pour la saluer :
« Molly ! Comment vas-tu ? Tu n'imagines pas comme on est contents de te voir, on a vraiment eu peur pour toi… »
« Je vais bien… Enfin, je pense qu'il va me falloir du temps pour me remettre, je veux dire, psychologiquement… J'ai eu tellement peur de ne jamais vous revoir… » répondit elle, lançant un regard plus intense à Greg qui ne s'y attendait pas et sembla un peu déstabilisé un instant, faisant baisser le regard de la jeune femme.
Le policier ne savait pas vraiment si ce qu'il avait cru voir dans ce regard pouvait être un quelconque intérêt de Molly envers lui, ou si c'était simplement lui qui se faisait des idées, et il décida de passer très vite à la déposition.
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Ce fût éprouvant.
Molly leur raconta tout, depuis son enlèvement dans la rue en rentrant chez elle, par des hommes encagoulés, alors qu'elle revenait de chez Sherlock. Elle s'en voulait en fait beaucoup, persuadée qu'elle aurait dû comprendre que quelque chose clochait en apprenant que le détective n'était pas chez lui alors qu'il lui avait demandé de venir. Avec le recul, elle réalisait qu'elle aurait au moins dû appeler John pour lui demander s'il savait ce qui se passait, mais elle n'y avait pas songé.
Les deux amis durent rassurer la jeune femme, qui en racontant cela, avait commencé à pleurer. Il ne faisait nulle doute qu'il lui faudrait du temps pour digérer tout ça.
Elle leur raconta ensuite s'être réveillée dans ce souterrain, puis l'arrivée de Sherlock et tout ce qu'ils avaient enduré tous les deux. Elle expliqua avec émotion combien Sherlock avait été gentil dans ces moments difficiles, combien il l'avait soutenu bien plus qu'elle ne l'aurait jamais cru de lui, mais aussi, combien il avait été étonnamment fragile, humain, tout ce qu'elle n'avait jamais vu de sa part auparavant.
John et Greg étaient au fur et à mesure de plus en plus surpris. Ils n'auraient jamais imaginé leur ami comme ça, pas plus qu'ils n'auraient soupçonné un tel courage de la part de Molly. Très impressionné, Greg ne pouvait s'empêcher de montrer son admiration, alors que John sentait lui son cœur se serrer dans sa poitrine à la fois de douleur et d'un étrange sentiment de satisfaction comme s'il avait enfin la preuve que oui, Sherlock méritait bel et bien toute son attention, qu'il était bien assez précieux pour supporter mille choses pour rester à ses côtés… Tout ce que Molly disait, c'était juste la preuve ultime qu'il ne s'était pas trompé et que Sherlock était bien le meilleur homme qu'il ait connu.
Mais ça lui faisait mal, parce qu'il ne pouvait pas le lui dire, alors qu'il n'avait qu'une envie c'était de le serrer dans ses bras, être là pour lui… et ce n'était pas possible parce qu'il était dans ce stupide lit d'hôpital, inconscient et devant encore livrer bataille après tout ce qu'il avait déjà enduré.
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Tout le monde était très éprouvé par ce que Molly avait raconté.
Greg n'avait plus envie de partir et de laisser seule la jeune femme après toutes ces épreuves, John lui se sentait horrifié et malheureux de tout ce qu'il venait d'apprendre et Molly était complètement chamboulée d'avoir dû revivre ces souvenirs encore si frais et si effrayants.
Ce fût dans une ambiance lourde que les trois amis se séparèrent. Molly devait encore se reposer et être examinée une dernière fois, Greg devait reprendre son enquête et John lui, devait s'organiser pour rester sur place tant que Sherlock ne serait pas en état d'être rapatrié à Londres.
Ce ne fut que quelques heures plus tard, qu'ils apprirent enfin que le détective était stabilisé et que son pronostic vital n'était plus engagé. Mais ce qui se passait désormais était tout aussi effrayant : il était dans le coma.
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Nous sommes donc bientôt à la fin de cette histoire... Le prochain et avant-dernier chapitre sera assez différent de ce qui a été fait pour l'instant, et assez long, mais une chose est sûre, vous aurez les réponses sur la fin de l'enquête policière, ainsi que sur les relations entre chaque personnage...
Et pour ce qui est de Sherlock, le plus dur est peut-être à venir pour lui, tout comme pour John, alors continuez à vous accrocher jusqu'au bout!
