Coucou!
Nous voici déjà à la fin de cette histoire... Si je me souviens bien, je l'ai commencé il y a un an, à quelques jours près. Je n'ai vraiment pas vu le temps passer et j'ai l'impression d'en avoir eu l'idée il y a seulement quelques jours, tant j'ai aimé en écrire chacune des lignes, chacun des chapitres.
Cette histoire est une première de plein de choses, la 1ère aussi longue histoire que je n'ai jamais écrite, la 1ère fic dans le style angoisse, et aussi ma 1ère histoire en plusieurs chapitres sur le fandom Sherlock... Je remercie encore plein de fois tout ceux qui m'ont suivi, commenté, encouragé, ici ou ailleurs, ça m'a vraiment fait plaisir!?
Nous voici donc au chapitre de conclusion, un chapitre très long qui je l'espère va donner toutes les réponses et résolutions que vous attendez. Je publierai demain l'épilogue qui clôturera pour de bon cette aventure!
######
CHAPITRE 12
« Conclusion »
John s'était littéralement précipité vers le premier taxi venu, bégayant des excuses à Jessica qui était sortie en même temps que lui du cabinet médical et avec qui il s'apprêtait à aller boire un verre.
Il avait beau essayer de se calmer, l'inquiétude, la panique le rongeaient. Il était effrayé à l'idée que l'état de Sherlock ne se soit empiré, il n'était pas prêt à ça, il avait beau savoir depuis des mois que ça risquait de ne pas bien se terminer, il n'y était toujours pas préparé.
Quand il arriva à l'hôpital, il avait l'impression d'être un robot automatisé et seul son cœur qui battait très vite lui rappelait qu'il était humain. Il se précipita vers Molly qui attendait dans le couloir.
« Molly, qu'est-ce qui se passe… »
« J'étais venue voir Sherlock et d'un seul coup, il a commencé à convulser et il a ouvert les yeux et… »
« Attends, quoi ? Il est réveillé ? »
« Oui… Il était réveillé mais pas normalement, il était terrifié et il avait l'air de vouloir se débattre, tellement que son rythme cardiaque était incontrôlable et quand les médecins sont venus pour l'examiner et lui donner de nouveaux médicaments pour le calmer, il est devenu encore plus incontrôlable, c'était… effrayant, il convulsait tellement fort, il pleurait même… Il arrivait à peine à bouger mais il essayait de toutes ses forces… Les médecins ont dû le rendormir parce qu'il se mettait en danger… Je t'ai appelé parce que je crois que je sais ce qui s'est passé… »
John s'était calé contre le mur, tremblant en entendant ça.
« Il avait le même regard quand il sortait de l'inconscience après les prises de drogues, dans le labo… Il avait les mêmes convulsions, le même regard perdu et désespéré, bien moins violemment, mais c'était ça… Je pense que son esprit est resté là-bas et quand il a vu les médecins ajouter des médicaments à sa perfusion, j'ai l'impression qu'il a cru que c'était les ravisseurs qui voulaient le droguer… Je sais que ça paraît improbable mais… Peut-être que son esprit s'est bloqué dans un genre de choc post traumatique et que c'est pour ça qu'il ne se réveillait pas… Je pense qu'il va avoir besoin de toi. »
Lorsqu'ils arrivèrent dans la chambre de Sherlock, celui-ci semblait encore agité mais cette fois-ci, il n'était pas réveillé. Pourtant, il y avait un contraste saisissant entre son immobilité profonde de ses derniers mois et la nervosité évidente qui se lisait désormais sur ses traits tirés et épuisés qui semblaient pourtant un peu plus vivants. Il avait été fortement sedaté pour protéger son cœur et son organisme si faibles après un long coma.
Il y avait à la fois la joie, le soulagement intense de le voir donner des signes de vie, de le voir bouger légèrement. Et en même temps il y avait l'inquiétude de le voir souffrant et terrifié, il avait beau être inconscient, John lisait la peur sur lui, sur son visage aminci qui de nouveau vivait, mais qui n'exprimait que crainte et faiblesse.
Jamais il n'avait semblé si vulnérable. John et Molly ne le reconnaissaient qu'à peine, même lors de ses derniers instants de conscience il y a des mois de cela, il n'avait pas paru aussi fragile. John se surpris à penser qu'il faisait presque dix ans de moins ainsi, tant il semblait jeune et vulnérable. Il n'avait absolument jamais vu Sherlock ainsi.
C'était un vrai choc.
Mais ils ne pouvaient pas rester à ses côtés. Il devait subir beaucoup d'examens à présent, pour s'assurer qu'il n'allait pas retomber dans le coma, et que son cerveau allait bien, que tout allait bien.
John resta toute la nuit à attendre, avec Greg, Molly, Mme Hudson, et même Mycroft était passé pour prendre des nouvelles de son frère. À l'aube, les médecins leur expliquèrent enfin que leur patient était bel et bien sorti du coma, mais qu'ils le sortiraient très progressivement de la sédation car il semblait encore trop faible pour rester conscient pleinement.
Ce ne fût que vers midi que John fût autorisé à revenir à son chevet pour veiller sur lui, alors que les autres étaient repartis en précisant bien de les appeler au moindre changement. Tout le monde était soulagé, et John, en s'installant dans une chaise en face de Sherlock endormi, se sentit comme sortir d'un vertige sans fin.
Tous les derniers mois avaient été horribles pour lui. Il avait fini par se persuader que plus jamais il ne reverrait Sherlock ouvrir les yeux, bouger, respirer.
Désormais, le respirateur artificiel avait été remplacé par un simple masque à oxygène, ses poumons semblant avoir repris le réflexe de respirer par eux-mêmes.
Maintenant, Sherlock semblait de nouveau en vie, mais si fragile, que John ne savait pas si le voir comme ça n'était pas en fait une nouvelle douleur qu'il allait falloir affronter, d'autant que personne ne savait encore dans quel état psychologique il serait une fois parfaitement réveillé, bien que son corps semblait, lui, avoir toutes les chances de se remettre pleinement.
Alors que John était plongé dans ses pensées, il sursauta en entendant comme un semblant de gémissement qui venait du lit. Sherlock venait d'ouvrir les yeux à moitié et il semblait de nouveau parfaitement terrifié. Il tentait de bouger et John se précipita vers lui.
« Hey, Sherlock, hey… Ça va, tu vas bien, tout va bien n'ais pas peur… »
Le détective sembla le regarder, même si John ne pouvait en être sûr tant ses yeux étaient emplis de confusion et de terreur.
« Je suis là Sherlock, c'est moi John… Tout va bien… »
Instinctivement, il saisit la main de son ami dans la sienne pour le rassurer, et leur regard, pour la première fois depuis si longtemps, semblèrent s'accrocher. Les yeux de Sherlock étaient seulement à moitié ouverts, et il semblait ne pas tout à fait être là, mais c'était pour John comme la plus belle de toutes les images. Il avait cru ne jamais revoir ces yeux là, et c'est seulement à cet instant précis qu'il réalisa que Sherlock était vraiment revenu. Son cœur se gonfla d'un bonheur qu'il ne croyait plus possible, et il réalisa que son ami s'était en fait rendormi, mais beaucoup, beaucoup plus calme que quelques minutes auparavant, comme si la présence de John avait réussi à l'apaiser.
Et l'inverse était vrai. Le médecin militaire ne s'était pas senti aussi bien depuis des mois, comme si tout le reste n'avait plus aucune importance. Il en avait même oublié qu'il avait fait nuit blanche, oublié la fatigue, tout. Même si les choses étaient loin d'être rétablies, il se sentait prêt à tout affronter, à tenir la main de Sherlock des mois durant s'il le fallait, maintenant qu'il était revenu.
Il le veilla des heures entre deux appels téléphoniques où il donnait des nouvelles à tout le monde, et à la fin de la journée, tous étaient venus à l'hôpital, et l'ambiance était déjà totalement différente de toutes les autres visites qui s'étaient enchaînées chaque jour depuis si longtemps. Même si personne d'autre que John n'avait eu la chance de voir Sherlock éveillé, ils étaient tous tellement soulagés, tellement heureux en fait, et surpris aussi, car plus personne n'y croyait vraiment… Cette renaissance était ce qu'ils pouvaient espérer de mieux après toutes ces épreuves.
##################
Sherlock se sentait absolument perdu et confus. Il était persuadé que les ravisseurs le contrôlaient toujours et il ne s'était absolument pas rendu compte qu'il s'était en fait réveillé d'un long coma.
Quand il avait ouvert les yeux la première fois, il n'y voyait qu'à peine, il n'avait même pas compris où il était et à vrai dire, ne s'en était même pas préoccupé. Il avait juste recommencé à ressentir quelque chose dans son propre corps, et c'était la sensation des produits contenus dans sa perfusion qui coulaient dans ses veines. En fait, cette sensation légère était complètement décuplée car il n'avait plus eu conscience de son corps pendant sept mois, mais il ne le savait pas et il ne pouvait plus penser qu'à ça, à cette sensation qu'il associait à ce qu'on lui avait fait subir au fin fond de ce labo désaffecté, et ça ne faisait que renforcer sa certitude qu'il était toujours là-bas, entre leur mains, d'autant qu'il ne se souvenait pas de ce qui s'était passé à la fin de sa cavale avec Molly, il croyait donc avoir été capturé de nouveau… Il ne s'était même pas rendu compte qu'elle était là lorsqu'il avait ouvert les yeux, il était terrifié et il voulait juste se débattre… Fuir… Il voulait juste sortir de ce cauchemar.
Il se retrouva à nouveau dans son palais, où il ne ressentait plus rien de son corps.
Et pour lui, la seule explication était que son esprit se protégeait de la drogue en trouvant refuge automatiquement dans son palais mental. Mais s'il voulait fuir, il fallait qu'il en sorte et qu'il parvienne à retrouver ses capacités physiques. La seule solution lui semblait être de commencer par récupérer ses derniers souvenirs, de savoir ce qui s'était passé après avoir combattu dans la forêt.
Alors, il retourna dans la pièce destinée aux souvenirs non triés. Tout était sans dessus dessous, contrairement à tout le reste de son palais qui était désormais parfaitement reconstruit. Mais il avait besoin de se souvenir, avant de devenir fou.
Il n'avait que quelques bribes de mémoire sans aucun sens, des morceaux d'images, de mots dont il ne comprenait pas la signification. Mais il avait reconstruit tout un palais, il n'avait pas l'intention de s'arrêter à la dernière pièce. Alors, il commença à rassembler les images entre elles, comme un puzzle.
Il était arrivé à la conclusion qu'il avait bien dit à Molly de partir chercher du secours, et qu'elle l'avait fait. Il se souvenait même de leur rapprochement et de lui avoir dit de se laisser une chance avec Greg. Mais il n'arrivait pas à se rappeler de ce que Molly lui avait demandé en retour.
Et puis, de nouveau il ressentit des sensations étrangères à son bras, et il se sortit brutalement de son palais, comme si la terreur qu'il éprouvait à chaque fois suffisait à le réveiller. Pourtant, il ne voulait pas se réveiller encore, il avait besoin avant, de se souvenir, de remettre de l'ordre dans son esprit pour mieux combattre la réalité.
Cette fois-ci, il avait conscience de s'être réveillé, mais toujours absolument pas de l'endroit où il était. Il ressentit simplement être allongé, et être relié à du matériel médical mais c'était bien trop flou pour qu'il ne réalise être à l'hôpital. Ce fût seulement lorsqu'il cru apercevoir le regard de John, qu'il arrêta de se débattre. Il n'avait plus jamais réussi à revoir le John de son imaginaire, depuis qu'il était enfermé ici. Il n'avait plus eu ce soutien qu'il avait eu les premiers jours de sa captivité, et il ne savait pas pourquoi.
Et voilà qu'il revoyait John. Ça ne pouvait pas être vrai, alors c'était sûrement son imaginaire, ou bien une énième hallucination, mais il s'en fichait. John était revenu, d'une manière ou d'une autre. C'était tout ce dont il avait besoin dans son enfer.
Son corps et son esprit se détendirent, juste le temps qu'il ne replonge dans son palais, s'endormant ou tombant dans l'inconscience il ne le savait pas. Mais John avait sur lui cet effet apaisant et stimulant à la fois, qui le faisait réfléchir mieux, plus vite, John savait toujours lui transmettre sa lumière, comme il le disait parfois. Et il n'avait pas eu de lumière depuis si longtemps, qu'il lui semblait que la vie revenait en lui, et cette idée, celle de s'en sortir, pour un jour le retrouver…
Un peu plus apaisé, il se remit à sa tâche. Se souvenir. Et s'en sortir, quoi qu'il lui soit arrivé.
#########
Durant près de deux semaines, la situation resta ainsi. John avait décidé de travailler à mi-temps pour rester le plus longtemps possible avec Sherlock tous les jours, et essayer de l'aider au mieux. Car, à son grand désespoir, à chaque fois que le détective se réveillait, il devenait incontrôlable et sous l'emprise de la terreur, et seule la présence de John arrivait à l'apaiser. Les rares fois où il avait eu ces crises en l'absence de John, les médecins avaient eu toutes les peines du monde à le calmer, et à chaque fois, le cercle vicieux recommençait, il était fortement sedaté et ne bougeait plus pendant des heures et des heures, voire des jours.
Au bout de deux semaines, le personnel médical décida qu'ils ne pouvaient continuer à le sedater plus longtemps et décidèrent de le réveiller progressivement, sans le laisser se réveiller brutalement par lui-même, et bien sûr sous surveillance médicale étroite.
#
Mais malgré les traitements, et la présence de John, Sherlock était particulièrement agité.
Au bout de plusieurs heures, il se réveilla. Bien plus que toutes les autres fois. Son regard confus commença à faire le tour de la pièce, dans une incompréhension totale visible. Mais en voyant John à coté de lui et qui lui tenait la main, il finit par esquisser un léger sourire auquel John répondit aussitôt.
« Salut… Tu peux m'entendre, me comprendre, Sherlock ? Ça va ? » Questionna son colocataire avec toute la gentillesse et la sympathie dont il était capable.
Mais Sherlock constata qu'il ne pouvait pas parler, sa gorge était plus sèche que le désert et il manqua de s'étrangler. John lui tendit aussitôt un verre d'eau avec une paille et c'est là que le détective réalisa qu'il devait vraiment avoir été inconscient très longtemps.
Il avait réussi à retrouver ses souvenirs, un peu avant de se réveiller. Du moins presque tous. Il se rappelait de tout, de la policière qui voulait tirer sur John dans le ravin du diable, et de s'être alors jeté sur elle, de s'être blessé davantage. Il se souvenait des coups de feu, du bruit des bêtes, de la policière qui l'avait frappé de toutes ses forces avant de sortir un couteau, et d'avoir pensé à ce moment là que c'était fini, qu'il était incapable de survivre à une nouvelle blessure. Il se souvenait de la douleur, de l'agonie qu'il avait ressentie grandissante pendant ces longs jours dans la forêt, de la peur, celle qu'il essayait d'affronter, lui qui détestait ressentir des émotions. Il se souvenait de la peur qu'il avait pourtant eu pour Molly, puis pour John, et du sacrifice qu'il avait été prêt à faire pour les sauver. Et la dernière image qui lui venait, c'était John qui tirait sur la meurtrière juste à temps. La surprise, à cet instant, et la sensation de partir, la peur sourde de réaliser qu'il allait vraiment mourir dans cette forêt.
Mais il n'avait aucune idée de ce qui était arrivé ensuite. Il avait tout essayé, rien ne lui revenait. Il avait pourtant la certitude qu'il lui manquait quelques minutes de souvenirs, mais il semblait les avoir effacé de sa mémoire.
Il jeta de nouveau un œil autour de lui et réalisa enfin où il était. Hôpital. Une chambre seule, en section de séjour longue durée. Ses pensées étaient encore lentes, sa vue trouble et il constata que les rideaux avaient été tirés comme pour le protéger de la lumière, autre signe qu'il était resté longtemps inconscient – dans le coma ? –
Il lança un regard interrogateur à John, qui lui fit un regard rassurant.
« Ne t'en fais pas, tu es sorti d'affaire… tu es resté ici assez longtemps, je dois dire… Tu nous as vraiment fait peur. » Rajouta John avec émotion.
Il n'en fallait pas plus à Sherlock pour comprendre qu'il avait vraiment frôlé la mort. L'émotion de John était réelle et il avait un air particulièrement épuisé. Des mois de manque de sommeil et d'inquiétude gravés sur son visage.
Analyser. Son cerveau était donc toujours capable d'analyser. Voila qui était rassurant.
« Combien… » arriva t'il à articuler péniblement, sans pouvoir finir sa phrase mais John avait compris. Comme toujours.
« Sept mois et demi… Mais tu es sorti d'affaire maintenant. »
Sherlock ouvrit de grands yeux. Il ne s'était jamais attendu à avoir été perdu dans son palais sept mois durant. Il lui avait donc fallut tout ce temps pour le reconstruire… Une éternité.
#########
John n'avait plus été aussi heureux depuis longtemps. Son ami était revenu, il était bien là cette fois, avec sa curiosité, son regard observateur. Son Sherlock était revenu.
Une infirmière arriva à cet instant.
« Bonjour Monsieur Holmes, ravie de vous revoir parmi nous ! Je vais vous faire une prise de sang, nous devons vérifier si tout est normal maintenant que vous n'êtes plus sous sédation ! »
John vit le regard de son ami changer d'un seul coup. Il semblait chargé d'une terreur pure et avant que la pauvre infirmière n'ait eu le temps de réagir, Sherlock avait fait valser la seringue et le matériel, manquant faire tomber l'infirmière, de nouveau incontrôlable et à l'affût, comme prêt à bondir et à attaquer. Il n'était plus lui-même, et John se précipita pour le retenir de vouloir bondir hors du lit, ce dont il était absolument incapable pour l'instant.
« Sherlock, arrête ! Tout va bien, elle veut juste te soigner, tout va bien, écoute moi… »
Mais Sherlock ne l'écoutait plus. Il était en panique et en réalisant qu'il ne pouvait guère bouger plus, il se recroquevilla d'un coup dans le lit, comme il l'avait fait si souvent sur les marches de son palais. Il tremblait et respirait fort, refusant clairement que quiconque le touche.
John et l'infirmière se regardèrent avec désespoir.
« Choc post traumatique… je vais chercher le docteur… »
John acquiesça et proposa de faire lui-même la prise de sang, espérant que cela traumatiserait moins son ami.
« Sherlock, c'est bon, c'est juste moi… Je vais juste avoir besoin de ton bras quelques secondes, pas plus, je te promets… »
« Non… » gémit faiblement Sherlock qui n'arrivait pas à reprendre le contrôle de lui-même, malgré tous ses efforts. Il savait bien pourtant que c'était irrationnel et que la seringue lui avait juste rappelé ce qu'il avait subi, il le savait, mais c'était comme s'il ne savait plus comment gérer ses émotions, qu'il avait perdu cette capacité là. Ou alors parce qu'il était encore trop faible pour y parvenir.
« Non… John… S'il te plaît… » il murmurait, mais il espérait juste qu'on le laisse tranquille. Il était tellement fatigué…
#####
La soirée fût éprouvante. Il avait fallu deux heures pour que les médecins parviennent à prodiguer leurs soins et réaliser leurs examens sur Sherlock, et ils avaient été obligés de lui donner de nouveau un sédatif pour le calmer, car il avait été complètement ingérable et sa terreur était telle qu'elle était dangereuse pour lui.
John était désespéré. Cette drogue infernale avait l'air d'avoir laissé des séquelles dans le cerveau complexe de Sherlock, et désormais, même s'il était éveillé, il était loin, très loin d'être tiré d'affaire psychologiquement. La bataille allait être longue avant qu'il ne redevienne celui qu'il avait été.
Mais il était là. Et John le serait aussi, autant de temps qu'il le faudrait.
###########
« Salut, Sherlock… »
Il leva les yeux vers la douce voix un peu timide qui lui parlait et instantanément, il sourit. Un vrai sourire, comme il lui en avait donné plusieurs dans la forêt. Et elle lui rendit exactement le même sourire. Ça lui suffit pour savoir qu'elle allait bien. Vraiment bien.
« Molly… »
Il se souvenait de tout ce qui avait fait leur mésaventure, et la revoir ainsi en parfaite forme le soulageait bien plus qu'il n'aurait pu le croire à l'époque, avant tout ça. Lui qui se sentait si insensible, ne l'était plus quand ça concernait certaines personnes. Et Molly avait su se frayer un chemin vers son cœur. Elle était son amie, celle qu'il n'abandonnerait jamais.
« Je suis tellement heureuse de te revoir… Je sais que tu n'aimes pas ça, mais… J'ai eu tellement peur. »
Molly avait à la fois un sourire rayonnant et presque les larmes aux yeux quand elle vint s'asseoir à côté de lui.
« Comment tu vas ? » questionna t'elle, encore tellement inquiète, et Sherlock se détendit. Il était revenu. Vraiment. Il était là, avec ceux qui comptaient, même s'il n'aimait pas admettre ça…. Mais ça lui avait vraiment manqué.
« Très bien… D'accord, j'ai connu mieux.» se rattrapa t'il devant le regard réprobateur de la jeune femme. Lui mentir était impossible, elle devinait si bien tout de lui…
La visite ne dura pas longtemps, car Sherlock n'avait pas le droit de parler plus que quelques mots, il devait réapprendre à se réapproprier ce corps trop longtemps immobile. Mais Molly lui glissa avant de partir un merci sincère, qui n'avait besoin de rien d'autre pour qu'ils se comprennent.
###################
Très vite, Sherlock reçut la visite de Greg, puis de Mme Hudson, et même de Mycroft. Il n'avait le droit qu'à peu de visites pour ne pas s'épuiser, mais au bout de quelques jours et malgré le nombre d'heures qu'il passait à essayer de recouvrer ses capacités physiques – qui pour l'instant se résumait à boire, manger, parler et lire un peu ( il avait supplié à ce qu'on lui apporte au moins un journal avant de devenir fou d'ennui) – il commençait à s'ennuyer fermement.
Il avait régulièrement des crises de terreur incontrôlables, mais il avait clairement identifié la source du problème - choc post traumatique déclenché à la vue des seringues, au moins il n'y avait plus aucun risque qu'il ne replonge dans la drogue un jour - , et il avait déjà commencé à travailler dessus pour se maîtriser. Pour l'heure, il était obligé d'appeler John à l'aide à chaque fois, parce que c'était la seule chose qui le calmait. La veille il avait même demandé en s'énervant vivement à ce que ses prises de sang ne soient faites qu'en la présence de John.
Il n'aimait pas être comme ça, d'autant qu'il savait que pendant ses crises il était vulnérable, il ne s'en souvenait même pas toujours, d'ailleurs. Et dans ces moments là, où sa conscience n'était plus vraiment là, John restait avec lui des heures durant, parfois en tenant sa main, un geste qui était devenu une habitude instinctive à chaque fois qu'il voulait le rassurer. Et ça avait le mérite de fonctionner car la plupart du temps Sherlock finissait par s'assoupir d'épuisement, et à son réveil sa crise était finie…
Mais quelque chose perturbait encore Sherlock. Il ne se souvenait toujours pas des derniers instants dans la forêt. Il n'avait pas demandé, voyant clairement que dans ce qu'on lui racontait, en particulier quand c'était John, quelque chose n'était pas dit. Et il avait bien l'intention de trouver ce que c'était.
La réponse lui vint un jour où Molly était venue lui apporter le dossier d'un meurtre, après qu'il l'ait supplié des jours durant.
Il avait déjà remarqué depuis longtemps qu'elle était en couple avec Greg et décida d'en parler.
« Félicitations Molly… Je vois que tu as suivi mes conseils. »
La jeune femme comprit instantanément ce qu'il voulait dire, et elle sourit.
« C'est vrai, tu as raison… Greg et moi on est ensemble… C'est grâce à toi, je n'aurais jamais pu franchir le pas sans… sans toi. »
« Tu mérites d'être très heureuse Molly… Et Greg saura te donner ça, il n'a pas toujours l'air comme ça mais il n'est pas si bête que ça… »
Molly se mit à rire en lui mettant une petite tape sur le bras.
« Tais-toi Sherlock ! »
Et pour l'une des premières fois depuis longtemps, il s'était mis à rire. Et elle aussi. Leur complicité était réelle et ne s'était jamais éteinte après l'épisode de la forêt. Contrairement à ce que Molly avait pensé là-bas, leur amitié n'avait rien d'éphémère, bien au contraire. Et ça remplissait son cœur de bonheur. Désormais, elle avait tout ce dont elle avait besoin dans sa vie.
« Et toi… Est-ce que tu vas suivre mes conseils avec John ? »
Sherlock fronça les sourcils. Il n'avait aucune idée de ce dont elle parlait. Il avait beau chercher dans sa mémoire, il n'avait pas souvenir d'avoir parlé de John avec Molly.
Il ne put en demander davantage car c'était l'heure d'un nouveau soin et l'infirmière était arrivée.
###
Il y avait quelque chose à propos de John… Quelque chose…
Décidé à comprendre, il se risqua à repartir dans son palais mental, mais de son plein gré cette fois-ci. Comme avant.
Y retourner lui paru étonnamment simple, mais il y avait toujours cette chose qui ne voulait rien dire, cet espèce de puzzle qu'il ne pouvait pas finir… Il devait dire quelque chose à John… Et Molly le lui avait demandé… Lui avait-il dit ce quelque chose ? Ça devait être forcément dans la forêt, juste après que la policière ait voulu le tuer… Juste après…
Et d'un seul coup, son cerveau s'emballa. À une vitesse fulgurante, il se revit, écroulé sur le sol de la forêt, cherchant son air, perdant son sang. Et John qui le berçait, qui lui parlait… Et l'envie de lui dire, de lui parler tant qu'il est encore temps… De lui dire…
« Oh mon dieu ! »
Sherlock se réveilla en sursaut de sa torpeur, un vertige le prenant. Il avait dit à John qu'il l'aimait, et le pire de tout, c'est que c'était vrai.
Et John lui avait répondu. Il était déjà inconscient à ce moment là, mais il l'avait entendu. Et il était sûr que c'était réel, ce n'était pas une hallucination. Il l'avait entendu. Il était même revenu grâce à ça, il était revenu pour ne pas que John souffre.
Sherlock était absolument catastrophé et terrifié de cette révélation. Évidemment qu'il aimait John, mais il s'était toujours dit que ça resterait éternellement un secret pour tous, y compris pour lui-même puisqu'il avait verrouillé soigneusement son cœur.
Il avait fallu que ces drogues stupides le rendent de nouveau sensible aux émotions. Et les émotions étaient dangereuses. Il avait été manipulé à cause d'elles, comme quand il avait eu peur pour Molly en croyant qu'elle était torturée. Il avait été humilié à cause de sa faiblesse, puis il avait été idiot. Vulnérable. Malléable. Contrôlable. Parce que ces drogues jouaient sur les émotions et la terreur.
Il ne pouvait pas continuer comme ça. Les émotions seraient bien trop dangereuses, la faille dans l'armure, le grain de sable dans son esprit digne d'une machine. S'il voulait guérir de son choc post traumatique, il devait arrêter ça et reprendre le contrôle. Il fallait qu'il se détache de ses sentiments. Et il fallait aussi que John se détache de lui. Non, il n'était pas fait pour ce genre d'émotions. Pas lui. Même si l'idée le faisait souffrir, il fallait faire marche arrière, et vite. Ce serait dur, mais il y arriverait. Après tout, il s'était promis de ne jamais se laisser dominer par son côté ridiculement émotionnel, alors il était temps pour lui de reprendre le contrôle et de redevenir comme avant.
#####
Ce soir là, John arriva un peu plus tôt et salua aussitôt joyeusement Sherlock.
« Salut ! Je t'ai apporté un repas un peu plus décent que celui de l'hôpital, maintenant que tu es capable de remanger un peu ! »
Mais son ami resta immobile, un air froid et distant sur le visage. Quelque chose n'allait pas.
« Sherlock ? »
« Pas faim. »
John fronça les sourcils devant l'évidente froideur dans le ton de son ami. Il ne l'avait plus vu comme ça depuis très longtemps, de l'époque de leur colocation, dans ses mauvais jours. Depuis son réveil, Sherlock avait un peu changé et était devenu étrangement un peu plus doux et moins agressif, du moins en dehors de ses crises, et John s'y était presque habitué. Alors, il ne savait pas s'il devait se réjouir de retrouver le « vieux » Sherlock, ou bien de s'en inquiéter.
« Très bien, euh… eh bien, je te le laisse ici, tu pourras manger quand tu auras faim… Comment tu te sens ? »
« Je vais bien. »
Même froideur, même distance. Il ne le regardait même pas.
Une infirmière entra et demanda à John de lui laisser quelques minutes le temps de faire une injection de médicaments à Sherlock, et John par réflexe, posa sa main sur celle de son ami.
« Essaie de ne pas faire de crise de terreur Sherlock, ça va très bien se… »
« Qu'est ce que tu fais John ? » le coupa violemment Sherlock en retirant sa main brutalement.
Le médecin ne comprit pas et cligna des yeux devant la violence du détective, et mit un temps avant de réaliser qu'il y avait un problème avec le fait qu'il ait pris sa main. Confus, il resta un bras en l'air, ne comprenant pas la réaction de Sherlock alors que c'était un geste qu'il avait lui-même tendance à rechercher de la part de John depuis des semaines, depuis son réveil, dans les moments stressants.
« Je n'ai pas besoin d'être materné John, maintenant tu peux sortir je te pris, l'infirmière attend… »
John se sentit abasourdi, et son cœur se serra d'un coup douloureusement dans sa poitrine. Le rejet de Sherlock était évident et il n'arrivait pas à comprendre pourquoi. Quelques heures avant encore, il suppliait John de rester avec lui pendant les crises et voilà que désormais il le jetait comme un chiffon dehors.
John aurait dû être habitué et savoir que ce types de comportement était tout à fait du genre de Sherlock, mais il sentait que cette fois-ci, c'était plus grave. Quelque chose s'était passé et il ne savait pas quoi. Et être rejeté comme ça lui faisait mal bien plus que toutes les autres fois, parce que maintenant, il savait ce qu'il ressentait pour son fou de colocataire.
####
Ça faisait trois jours.
Trois jours insupportables pour John.
Sherlock ne lui parlait presque plus, était sans cesse froid et agressif, au mieux distant. Il n'y avait plus eu le moindre contact entre eux, ni aucune discussion. Et le pire de tout, c'est que John avait remarqué que ce n'était qu'avec lui.
Sherlock semblait normal avec Molly, avec Mme Hudson… même avec Greg, il n'était pas aussi distant qu'il ne l'était avec John.
Et le médecin militaire commençait à se demander si ça n'avait pas un rapport avec ce qu'ils s'étaient avoué. Les sentiments n'avaient jamais été la tasse de thé du détective. Le tout était de savoir si le problème venait de ce que Sherlock avait dit à John ou l'inverse. Il ne savait d'ailleurs pas si ses propres paroles avaient été entendues réellement, puisqu'il avait eu la bêtise de répondre à Sherlock après que celui-ci soit tombé dans l'inconscience. Son cœur ne battait même pas quand il lui avait dit « ça veut dire que je t'aime aussi. » il ne l'avait donc certainement pas entendu.
Ce qui voulait dire que Sherlock regrettait ce qu'il avait lui-même dit. Pourquoi juste aujourd'hui, c'était un mystère.
Mystère que John décida de mettre au clair. Il retourna voir son ami qui était assis sur son lit, sortant juste d'une séance de rééducation.
« Sherlock » commença t'il doucement, faisant attention à ne pas paraître trop impliqué. Dis moi… Tu te rappelles de ce qui s'est passé ? Je veux dire, quand on t'a retrouvé… »
Sherlock ne l'avait pas regardé, et répondit avec un détachement teinté d'ironie :
« Absolument pas. J'étais en arrêt cardiaque John, comment veux-tu que je me rappelle… Étrange question pour un médecin… »
John soupira, puis retenta :
« Je sais… Je voulais dire, juste avant… quand j'ai tué la lieutenant Road… et après… »
Sherlock marqua un temps d'arrêt, puis fit un soupir agacé et exagéré.
« Non je ne me souviens pas John, je sais seulement m'être battu avec la lieutenant et être tombé sur les rochers… Et ensuite je me suis réveillé ici sept mois plus tard. »
John tiqua. C'était étrange, ça sonnait faux et son cœur devint encore plus douloureux. C'était très probablement un oubli volontaire, ou si ce n'était pas le cas, ça voulait dire du moins que les aveux de Sherlock étaient faux ou qu'il avait été simplement délirant, quelque chose comme ça.
Et ça brisait le cœur de John.
#####
Les semaines passèrent et John avait choisi de ne plus aborder le sujet et de reprendre les mêmes distances qu'il avait avant avec son colocataire, même plus qu'avant. Sherlock faisait lui d'énormes progrès pour récupérer, il se battait vraiment pour retrouver très vite une vie normale, et ça voulait dire bientôt, enfin, revenir au 221b, avec lui.
John ne savait pas comment allait se passer leur nouvelle cohabitation. Sherlock était à peu près redevenu normal avec lui depuis que lui-même avait pris ses distances, mais il n'en restait pas moins que quelque chose avait changé entre eux. Bizarrement, ils semblaient moins proches, et John en souffrait d'autant plus que Sherlock était au contraire complice et amical avec Molly. Clairement, c'était elle sa meilleure amie désormais, c'était même elle qu'il appelait quand il avait des crises de terreur, bien que celles-ci soient de moins en moins fréquentes. John avait l'impression que Molly lui avait un peu volé son ami, mais il se savait responsable. Molly avait été beaucoup plus intelligente que lui en acceptant d'être amie avec Sherlock et de passer au-dessus de ses propres sentiments, là où John lui, avait rendu fragile sa relation amicale avec Sherlock en laissant malheureusement parler ses sentiments.
Alors, John avait décidé de faire comme elle, après tout si le seul moyen de rester dans la vie du détective était de lui offrir de l'amitié et rien d'autre, alors il s'y résoudrait. Après tout, le plus important c'était qu'il soit en vie, que ce cauchemar soit fini.
John avait revu Jessica et il comptait bien tenter sa chance d'une relation avec elle, puisque les choses semblaient claires pour tout le monde. Il n'était pas sûr de ne pas avoir vraiment du mal à se réhabituer à vivre avec Sherlock tout en étant conscient qu'il l'aimait, mais il n'avait guère le choix, et partir du 221b lui était tout simplement impensable, l'idée même de ne plus y être et de ne plus partager son quotidien plein d'aventures avec son colocataire, lui était impossible. Il avait hâte que dans quelques mois, ils repartent enfin sur des enquêtes tous les deux, comme avant.
############
C'était le grand jour.
Sherlock allait rentrer chez lui. Enfin. Deux mois s'étaient écoulés depuis sa sortie du coma, il avait récupéré à une vitesse assez surprenante et malgré parfois, des moments de terreur visible qu'il parvenait à maîtriser, il avait l'air d'aller beaucoup mieux. Son corps était encore faible et les médecins lui avaient strictement interdit de reprendre le travail pour l'instant, il était contraint de rester chez lui un mois encore, et John était chargé de veiller à ce que tout se passe bien.
Il savait que ça n'aurait rien de facile, mais il était en fait tellement heureux de voir Sherlock de retour à la maison, que tout le reste semblait bien superflu. Il avait cru ne jamais ressentir à nouveau ce bonheur simple de juste être chez eux ensemble.
Mme Hudson les accompagnait bien sûr, et Sherlock s'arrêta un moment sur le pas de la porte, regardant la pièce qui n'avait pas bougé depuis son absence. John avait pris soin de laisser telles quelles ses affaires, et Sherlock sembla se détendre aussitôt.
Et en le voyant s'asseoir dans son fauteuil, feintant comme d'habitude de ne pas être fatigué alors qu'il l'était, John sentit une bouffée de bonheur l'envahir. Peut-être que tout n'était pas parfait, ni comme il aurait, peut-être, voulu, mais ça ressemblait vraiment à un retour à la normale et ça soulageait tellement son cœur.
Ce soir là, la vie sembla plus que jamais comme avant. Le fait d'être revenu chez lui avait visiblement apaisé Sherlock qui avait de nouveau un comportement normal avec John – du moins dans les limites de la normalité étrange de Sherlock –.
Les deux hommes avaient commandé à manger, comme ils aimaient le faire depuis toujours quand ils voulaient fêter quelque chose. Ils avaient mangé et s'étaient ensuite simplement assis devant la cheminée, sans beaucoup parler, Sherlock pianotant sur son portable pour chercher de nouvelles affaires même s'il n'avait pas le droit de sortir, et John lisant un journal. Une soirée terriblement banale qui était en fait, pour eux deux, la plus belle qu'ils pouvaient espérer après ces longs mois d'enfer. Ils étaient chez eux, en vie, ensemble. Il n'y avait rien de mieux pour être heureux.
Sherlock cependant, fatigué et encore assommé par les médicaments, s'était rapidement endormi dans le fauteuil, et John avait été obligé de le porter au moins jusqu'au canapé, et de le couvrir. Son regard s'était attardé tristement quelques secondes sur le visage endormi de l'homme, il paraissait si fragile quand il baissait la garde et qu'il n'y avait plus ce masque soigneusement fabriqué de distance et de froideur sur ses traits. Il était encore vulnérable au fond, comme marqué irrémédiablement par ce qu'il avait subi, il semblait tellement plus doux dans son sommeil, plus inquiet aussi, et il était encore si aminci et pâle, et beau pourtant, encore tellement…John sentit son cœur se serrer en éprouvant ce besoin presque viscéral de l'aider, de l'aimer, de le porter, pour toujours. Même si Sherlock ne l'aimait pas en retour, même s'il était si distant, si inaccessible. John soupira, avant d'éteindre la lumière et de juste murmurer « Bonne nuit, Sherlock. Bienvenue chez toi… »
Il ne savait pas que Sherlock l'avait entendu, et il ne le vit pas se recroqueviller un peu dans le canapé, à la fois heureux et malheureux.
######
La semaine qui suivit, la vie reprit son cours. John faisait tout pour contrer la mauvaise humeur de Sherlock qui était revenue parce qu'évidemment, il n'en pouvait plus de rester à ne rien faire, qu'il ne voulait pas se reposer, qu'il voulait sortir reprendre les enquêtes, et qu'il était impossible, comme d'habitude. Rien de bien insurmontable pour John, rien qu'il n'ait pas déjà vécu mille fois depuis qu'il habitait au 221b.
Le weekend venu, John décida cependant que tout allait suffisamment bien pour qu'il ne s'absente pour la soirée. Il avait rendez vous avec Jessica et alors qu'il enfilait son manteau, il précisa :
« Si tu as le moindre problème, appelle Mme Hudson, il y aussi Molly qui viendra de suite si jamais tu avais une de ces… Crises, mais je pense que ça commence à aller beaucoup mieux de toutes façons alors… »
Sherlock interrompit avec une agressivité qu'il n'avait plus eu depuis un long moment.
« Ça va John, je vais très bien… Je n'ai absolument pas besoin de toi, tu peux partir… »
John tiqua et répliqua aussitôt, agacé:
« N'oublie pas qu'à un moment, ma présence te permettait de supporter tes crises de terreur, tu n'es pas obligé d'être désagréable Sherlock…»
Son ami sembla se moquer en faisant un geste dédaigneux de la main :
« Du « sentimentalisme » idiot à un moment où mon cerveau n'était pas remis du coma, heureusement que je suis redevenu normal depuis… J'aurais tout à fait guéri sans l'aide de personne, tu n'aurais pas dû te priver de passer tes soirées avec… Comment elle s'appelle déjà, Jesta… Melissa.. Jessica… »
John arrêta son geste d'enfiler ses gants, et les reposa. Il ne pouvait pas sortir tant qu'il n'avait pas réglé ça. La colère brillait dans ses yeux bleus et son visage se ferma.
« Tu t'entends parler là Sherlock ? Je t'ai veillé jour et nuit quand tu étais dans le coma… Non en fait, je t'ai cherché jour et nuit quand tu as disparu, puis je t'ai veillé pour que tu te réveilles et ensuite je t'ai veillé parce que tu faisais des crises de terreur que MÊME LES MEDECINS NE POUVAIENT PAS TE SOIGNER ! Et moi j'étais là, j'étais là parce que tu m'appelais à l'aide à chaque fois ! »
« Je ne t'ai pas obligé John, tu sais très bien que je disais n'importe quoi à cause des drogues, tout ce que j'ai pu dire, c'était des délires, tu es médecin tu sais très bien que ta présence ou non n'aurait rien changé à mes symptômes et que c'était les médicaments qui me soulageaient… Je trouve regrettable que tu aies perdu du temps à ça, c'est pour ça que je te demande d'arrêter d'en perdre, je vais très bien John vas retrouver ta petite amie… »
John n'avait jamais ressenti une telle colère vis-à-vis de Sherlock. Jamais. C'était comme si ces mots étaient dit pour lui faire du mal, pour le blesser gratuitement, et jamais Sherlock ne lui avait justement fait aussi mal. Aussi nombreuses aient été leurs disputes, leurs désaccords, jamais une de ses paroles ne l'avait autant blessé.
« Tu me demandes d'arrêter de perdre du temps pour toi… Je ne sers à rien c'est ça, mon inquiétude pour toi est une contrainte, ah oui j'avais oublié ça fait mauvais genre pour le sociopathe de haut niveau, le grand Sherlock Holmes n'a besoin de personne… Tu sais quoi ? T'as raison… Je devrai aller retrouver Jessica, tous les soirs, tout le temps en fait, comme ça tu serais débarrassé de ce sentimentalisme niais à la John Watson… Et si tu as un problème, tu peux toujours prendre un médicament, ça me remplace très bien… »
John avait espéré que son ami réagisse, qu'il réponde, qu'il se mette en colère, que quelque chose se passe, en fait. Il y avait comme quelque chose de cassé entre eux depuis toute cette histoire, il fallait que ça explose à un moment, il le savait.
Mais Sherlock ne réagit pas. Il était froid, distant, insensible. Sociopathe.
« Jessica n'est pas ma petite amie, pour info, mais j'ai bien l'intention qu'elle le devienne, et dès maintenant, je pense qu'elle n'attend que ça elle sera ravie… »
Il y avait quelque chose qui se brisait en John à cet instant, et c'était comme s'il avait voulu encore une fois, lancer une dernière perche à son ami, une dernière fois lui laisser une chance de réagir, provoquer quelque chose, de la colère, de la jalousie, quelque chose…
« C'est parfait, ça te fera du bien John tu as besoin d'une petite amie ridiculement romantique pour combler ton côté protecteur, peut-être que ça te rendra plus supportable ! Profites bien de ta soirée… »
John ne comprenait vraiment pas la violence de son colocataire, mais ça lui fit mal jusqu'au plus profond de lui. Comment pouvait il éprouver de tels sentiments pour un homme aussi odieux, comment… Il ferma les yeux sous la douleur, reprenant ces affaires pour partir. Il voulait juste sortir d'ici, oublier cet imbécile en face de lui, retrouver Jessica et oublier…
La porte claqua violement, et John ne vit pas Sherlock fermer les yeux de douleur sous la souffrance qu'il venait de s'infliger à lui-même, pleinement conscient d'avoir éloigné cette fois-ci les sentiments de John pour de bon…
« Je suis désolé John. »
Murmura t'il à lui-même, son cœur lourd comme de la pierre mais espérant juste que cette décision était la seule chose à faire.
####
Molly entra dans le salon sans même frapper, et avant qu'il n'ait eu le temps de réagir, le gifla si fort que sa joue brûla.
« Espèce d'imbécile ! » cria t'elle alors que Sherlock avait reculé, dans l'incompréhension totale.
« Bonsoir Molly, moi aussi je suis content de te voir… » plaisanta t'il sans comprendre la fureur de la jeune femme.
« Tu m'expliques ? Depuis quand es-tu devenu complètement idiot, crétin et stupide?! »
Le détective fronça les sourcils, peu habitué à la colère de son amie pourtant si douce la plupart du temps.
« Arrête de faire semblant de ne pas comprendre ! Tu te rends compte de ce que tu as fait à John ? Je l'ai croisé dans la rue et il était dans tous ses états, il m'a dit ce que tu lui avais dit… C'est quoi ton problème Sherlock ?
- Je… pas de problème, une petite dispute ça arrive souvent entre colocataires…
- Pas à moi Sherlock… je ne suis pas John, je ne tombe pas dans ton piège je sais quand tu mens… Pourquoi tu as fait ça ? Tu m'avais promis… »
Le détective baissa les yeux légèrement, il savait très bien de quoi Molly parlait et il ne savait pas quoi lui répondre, elle n'était pas dupe, et elle était bien plus observatrice que les autres quand il s'agissait de lui…
Avec lassitude, il se rassit, son masque froid se fissurant un peu. Il était inutile face à Molly.
« J'ai fait ce que je t'ai promis Molly, et tu le sais… quand John m'a retrouvé dans la forêt…
- Et donc ? C'est pour ça que tu lui fais du mal comme ça maintenant ?
-Oh il s'en remettra… Il a Jessica maintenant… Tout va très bien pour John, ne t'inquiètes pas…
- Non, il ne va pas bien… Et toi non plus.
Sherlock était fatigué, si fatigué en fait, il voulait juste qu'on le laisse tranquille ce soir… Il venait juste de volontairement briser les sentiments de John pour lui, de le pousser dans les bras d'une autre personne, et de le blesser, il le savait… mais il l'avait fait volontairement, il l'avait fait pour les protéger tous les deux, de ces sentiments trop dangereux, trop effrayants. John irait bien mieux en arrêtant de l'aimer. Quand bien même il devait lui-même en avoir le cœur brisé.
« Sherlock… se radoucit Molly, devinant la douleur sur le visage de son meilleur ami. Tu n'as pas à t'infliger ça… et tu devrai laisser le choix à John aussi, ce n'est pas à toi de décider que tu n'es pas bien pour lui… Tu ne penses pas que tu lui dois au moins la vérité ? Ensuite vous choisirez… Arrête de lui mentir, il ne mérite pas ça, et je sais que tu n'aimes pas qu'il souffre alors... Parles lui, dis lui juste la vérité. »
Molly avait employé la même technique que Sherlock ne l'avait fait lorsqu'il l'avait convaincu de parler à Greg. Elle savait toucher la corde sensible, finalement. Elle le connaissait mieux que quiconque.
« Tu as bien réussi à être ma meilleure amie, Molly, et tout se passe très bien, malgré les sentiments que tu as eu pour moi… Pourquoi ce serait différent avec John ? Pourquoi on ne pourrait juste pas continuer comme avant ? Toi avec Greg, John avec Jessica… Sans avoir à reparler de tout ça ? »
Molly soupira devant les réactions de son ami.
« La situation est radicalement différente, Sherlock… Entre nous, ça n'aurait pas marché, tu l'as toi-même dit, et tu avais raison en disant que Greg et moi on se conviendrait mieux… Et aussi parce que c'est justement John que tu aimais…Toi et John, c'est différent, parce que tu sais que ça pourrait marcher, que vous le savez tous les deux, et que les sentiments sont réciproques… C'est pour ça que c'est différent… Et puis, Sherlock, tu sais pourquoi tout va bien entre toi et moi, tu sais pourquoi on est amis… Parce qu'on a su mettre tout au clair, qu'on s'est parlé, qu'on s'est… Tout dit… On a été sincères Sherlock… Et c'est même toi qui m'a poussé à le faire… Tu dois la même chose à John, vous avez besoin de ça, comme on en avait besoin… Sans ça, vous ne pourrez plus avancer, ni l'un ni l'autre… »
Sherlock observa silencieusement Molly, semblant analyser ce qu'elle disait. Et elle savait déjà qu'il avait compris qu'elle avait raison. Il était temps qu'il soit comme il avait été dans cette forêt, juste sincère.
################
Sherlock était incapable de fermer l'œil. Il avait tendance à dormir davantage la nuit depuis qu'il était sorti du coma, même si ça ne lui plaisait guère, mais son corps lui criait qu'il avait encore besoin de repos pour se remettre complètement. Mais ce soir, il avait beau être fatigué, il était strictement incapable de fermer l'œil, pas après ce que Molly lui avait dit. Elle avait tellement raison, il ne pouvait plus garder John dans sa vie sans mettre les choses au clair. Mais il savait que s'il le faisait, c'était avouer ce qu'il voulait réellement et avouer qu'il avait des émotions, des sentiments… Et surtout, affronter le fait que ça pouvait le rendre faible, et affronter ça pour que justement, ça ne le rende pas faible… Il se revit dans la forêt, là où il avait dû apprendre à affronter toutes ses peurs, ses émotions, ses sentiments, là où il avait dû s'accrocher à lui-même plus que jamais pour ne pas se laisser voler son propre esprit…
Et puis, il était jaloux. Il n'avait jamais voulu se l'avouer, mais il était jaloux depuis toujours à chaque fois que John choisissait de sortir avec une de ses conquêtes plutôt que de rester avec lui. Et c'était encore pire ce soir, il n'arrivait même pas à supporter l'idée que John soit parti passer une soirée sans lui et avec cette fille… Alors il ne faisait que se tourner et se retourner vainement sur son canapé sans pouvoir ni se calmer ni se reposer, et il réalisa qu'il regrettait vraiment d'avoir fait fuir John ce soir, c'était une bêtise et il ne savait pas comment réparer ça…
Alors, quand il entendit des pas dans les escaliers vers 1h du matin, il se figea et tenta comme il pouvait de reprendre une contenance et de faire mine de consulter tranquillement son Blackberry, confortablement installé sur le canapé.
John fit irruption dans la pièce, sans dire un mot. Sherlock savait très bien qu'il l'avait vu, mais il faisait comme si n'était pas là, il se débarrassa de ses affaires et alla aussitôt se servir à boire.
Sherlock ne savait pas du tout comment faire, mais il voulait vraiment engager la conversation. Maladroitement, il prononça avec l'air le plus normal possible :
« Salut… Ça a été ta soirée ? »
John s'arrêta net au milieu de la pièce, le visage fermé, et ne répondit pas, s'installant dans son fauteuil et prenant un journal qui traînait là pour le lire, se cachant le visage avec.
Alors, il était vraiment fâché. Le cœur de Sherlock se serra et il retenta.
« John ? Ça va ? »
John finit par poser son journal avec agacement.
« Vraiment très bien, je suis sorti au resto et au ciné avec une fille géniale donc oui je vais très bien… Depuis quand tu t'intéresse aux gens en fait ? »
L'ironie et la colère était perceptible dans son ton et Sherlock se sentit comme directement visé par les piques amères que lui envoyait son ami.
« Je l'ai toujours fait John… Pas aux gens, à toi… Bien sûr que je m'intéresse à comment tu vas… »
« Eh bien, je vais très bien merci, plus besoin de t'inquiéter… Laisse moi tranquille maintenant. »
De longues minutes s'écoulèrent et Sherlock regardait le plafond, essayant de trouver quelque chose d'intelligent à dire, mais face à John rien d'intelligent ne lui venait à l'esprit et il se sentait complètement dépassé. Pourtant, il avait survécu à de la torture, à une cavale dans une forêt infernale et à des mois de coma, il devait sûrement pouvoir se sortir de ce genre de situation. Finalement, il choisit de dire la chose la plus simple et la plus vraie :
« Je suis désolé John. »
Son colocataire leva les yeux vers lui et fronça les sourcils, ne s'étant visiblement pas attendu à ça.
« John, je suis désolé… Pardonne moi… »
John ouvrit de grand yeux puis éclata de rire nerveusement.
« C'est encore une tes ruses, qu'est-ce que tu veux Sherlock, me demander quelque chose d'improbable, ou tu as fait une expérience avec des explosifs et ça a saccagé la salle de bain, quelque chose du genre ?
- Non John, je suis VRAIMENT désolé… pour le mal que je t'ai fait.
John s'arrêta devant l'air vraiment bizarre de Sherlock, se demandant clairement ce qui était en train d'arriver.
« Je t'ai menti… »
John fronça vraiment les sourcils, interrogateur, mais la colère était toujours dominante et Sherlock dû s'armer de courage pour s'expliquer, réalisant qu'il n'avait plus le choix.
« Quand j'ai dit que je m'en serais très bien sorti sans toi… Ce n'est pas vrai. »
« Je n'étais pas le seul à t'avoir retrouvé dans la forêt Sherlock, Greg, ton frère et les équipes de recherches l'ont fait aussi. »
John était si froid… Sherlock ferma les yeux en réalisant qu'il l'avait vraiment mérité, que son ami ne faisait que lui rendre la monnaie de sa pièce… John ne méritait pas tout ça, alors, il allait lui dire la vérité, même si ça brisait leur amitié.
« Mais tu étais le seul à me sauver tout le long, John… Quand j'étais dans les souterrains du labo, à chaque fois qu'on injectait cette drogue dans mes veines… mon esprit, mon cerveau, tout ça, ça ne fonctionnait plus, ces hommes me contrôlaient et à chaque fois, la seule solution c'était que j'aille dans mon palais mental… Parce que tu y étais John… Je savais que toi tu saurais quoi faire et mon esprit t'imaginais, tu m'as dit quoi faire… »
John s'était figé et écoutait désormais Sherlock avec un air médusé, mais il ne semblait plus vouloir interrompre quoi que ce soit.
« Dans la forêt, pendant des jours, j'ai senti que je… Je me sentais partir lentement John, je ne l'ai pas dit à Molly mais… Je me suis vu agoniser John, je me sentais sombrer, et j'avais peur… J'ai toujours su maîtriser parfaitement mes émotions, et je ne pouvais plus le faire… J'étais terrifié, pas juste à cause des effets des drogues et des hallucinations… J'étais terrifié de mourir dans cette forêt, et… Tu a continué à me dire quoi faire, je te l'ai déjà dit John, tu es imbattable pour transmettre de la lumière… »
Sherlock avait l'impression que chaque mot était aussi difficile que sa traversée de la forêt, mais il fallait qu'il soit courageux, il devait affronter ses peurs pour ne plus jamais qu'on ne puisse les utiliser contre lui…
John lui, avait complètement changé d'expression. Il n'avait jamais vu son ami exprimer une telle fragilité, lui qui n'avait même jamais évoqué ce qu'il avait ressenti ou vécu dans la forêt.
« Je suis désolé pour tout le … tracas que toute cette affaire t'as donné, et oui je t'ai menti parce que les médicaments ne m'ont pas enlevé mes crises de terreur, c'est toi qui l'a fait. Je crois que c'est le moment où je devrai dire merci ou quelque chose comme ça… » essaya de plaisanter Sherlock et un sourire se dessina sur le visage de John.
« Eh bien je dois dire que je ne m'attendais pas à ça… Mais sérieusement Sherlock, je ne t'en veux pas de tout ça, je serai resté près de toi autant de temps qu'il aurait fallu, et je l'ai fait sans regret, c'est pour ça que ce que tu as dit tout à l'heure c'était… blessant… »
« Je sais… Mais je t'ai menti sur autre chose aussi. »
John sembla ne pas comprendre et le regarda avec confusion. C'était certainement le moment le plus difficile pour Sherlock.
« Je me souviens. »
Un silence de mort tomba dans la pièce, tous deux sachant très bien exactement ce que ça voulait dire.
« Pas juste de ce que j'ai dit … J'ai entendu ce que tu m'as répondu, après… j'étais au fond de mon palais mental, je ne pouvais plus remonter, ressortir… Mais il y a des choses dont j'étais encore conscient, la douleur, la mort… Les chocs électriques… Et ce que tu as dit. »
##
John avait la gorge sèche. Il n'y avait plus moyen de cacher quoi que ce soit, Sherlock se souvenait… et il n'avait aucune idée de ce qu'il allait bien pouvoir dire maintenant.
« Je ne me suis pas souvenu de suite, après… Tout le temps que j'étais dans le coma, j'ai dû reconstruire mon palais mental car tout s'était effondré sur moi et… C'était bloqué, même après mon réveil, je croyais que les militaires m'avaient retrouvé et qu'ils me contrôlaient avec leurs drogues parce que je ne pouvais pas me souvenir des derniers instants dans la forêt… Puis c'est revenu. »
John soupira en se calant dans le fond de son fauteuil, pas du tout certain de pouvoir répondre quoi que ce soit. Il avait presque envie de fuir là tout de suite, ses sentiments ainsi exposés.
Un long silence s'ensuivit, puis il entendit Sherlock inspirer profondément.
« je ne t'ai pas menti ce jour là dans la forêt, par contre. Je n'ai t'ai jamais menti une autre fois, John. Je suis peut-être juste trop stupide pour affronter les émotions, mais j'ai toujours été sincère avec toi… Fais en ce que tu veux. »
John était juste profondément chamboulé par ce qu'il venait d'entendre, et il n'avait en aucun cas besoin de mots ni plus tendres ni plus explicites de la part de son ami. Il n'aurait pas voulu d'ailleurs, car Sherlock avait déjà tout dit et il savait combien ça lui coûtait de le faire. Pour lui si attaché à sa sociopathie auto proclamée, l'effort était déjà plus que considérable.
John eut l'impression que tout lui tombait dessus et que le monde se remettait à tourner en même temps, et éclata de rire nerveusement.
« Tu es impossible Sherlock, je devrai être en colère et je ne peux même pas, tu es vraiment…. Je ne sais pas comment décrire ça… »
Un sourire franc, le premier depuis longtemps, vint illuminer le visage du détective.
« Intelligent ? Magnétique ? Charmant ? Énigmatique ? »
Son regard brillait de vivacité, et John ne put s'empêcher de sourire réellement, lui aussi. Il n'avait aucune idée de comment c'était possible, mais ils semblaient avoir retrouvé leur complicité comme si tout avait été effacé par leur discussion.
« J'en sais rien… Un peu tout ça, dangereux, fou et compliqué aussi… »
« Oh, tu adores ça ! » répondit Sherlock
Ils se mirent à rire tout les deux.
