Note de l'auteur : x

Pairing : Katsuki.B x OC.

Rating : T

Disclaimer : L'univers de BNHA ne m'appartient pas, seuls mes personnages et mon histoire sont miens. Ô grand désespoir.

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Revenge lurks in the sky

Chapitre III :

Crisis and redemption

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«Récapitulons, nous avons un mort, une meurtrière recherchée, les autorités et des élèves traumatisés sur le dos,» soupira Shota Aizawa en se frottant les yeux, n'ayant pas pu profiter d'une bonne nuit de sommeil depuis bien trop longtemps.

Pour une fois, le silence perdura alors qu'Izuku, Shoto et Katsuki se regardaient, tous les trois encore en pyjama. Le principal Nezu se trouvait dans son propre bureau en compagnie de quelques agents, ayant accepté de fermer les yeux lorsqu'ils avaient ramené et soigné Kagame Misoga. Mais, dorénavant, la mort du Faucheur avait attiré les autorités et ils craignaient bien plus que de simples remontrances. Eraser Head ne doutait pas de ses capacités à brouiller les pistes. Après tout, il était extrêmement intelligent.

Par ailleurs, la plupart des professeurs avaient été interrogés sur le déroulé du meurtre sans pouvoir donner d'informations précises. Seule l'infirmière, Midnight, Shota et le principal étaient au courant de la présence de la jeune femme dans l'enceinte de Yuei.

Ils avaient alors dû se cantonner à une seule version. Les deux vilains étaient venus attaquer les élèves mais Misoga, sous le nom de Wildgust, avait perdu le contrôle de son alter, tuant son partenaire. Les élèves qui s'étaient levés suite à la puissante détonation et au tremblement de terre avaient subi le parfum soporifique de leur professeur d'Art moderne et avaient ainsi pu éviter la vision du corps calciné du Faucheur. Pour autant, ils n'avaient pas pu prendre le risque de laisser Misoga aux mains des autorités de Tokyo et cette dernière avait été une nouvelle fois endormie.

Le problème résidait de l'endroit où ils pourraient la contenir alors qu'elle était recherchée pour meutre, instabilité psychologique et terrorisme. Elle reposait pour le moment dans une des chambres de l'infirmerie mais elle ne pouvait y rester, ils courraient le risque qu'un élève rentre en contact avec elle ou que l'attention sur le lycée Yuei la révèle au grand jour.

«Il n'est pas trop tard pour la livrer à la police,» commença Recovery Girl en croisant le regard de Nemuri. Cette dernière hocha la tête, soutenant la petite vieille.

«Nous serions tenus responsables de ce qu'il s'est produit. Ce n'est pas envisageable,» répondit Aizawa en soupirant une nouvelle fois. Il était déjà fatigué. «Il faut déjà connaître les raisons pour lesquelles Misoga a tué le Faucheur. Aux dernières nouvelles, ils étaient alliés,» continua l'homme aux cheveux ébènes. Il avait une petite idée mais n'arrivait pas à comprendre comment cela avait pu leur échapper.

«Vous le savez déjà, professeur, n'est-ce pas ?» devina Izuku alors que ce dernier hochait la tête. Si ses soupçons s'avéraient vrais...

«Qu'importe ce que peut penser cette gamine, elle n'est que de la poudre à canon. Le moment où tu l'as sauvé a signé son arrêt de mort. Ils ne pouvaient prendre le risque qu'une de leur ancienne recrue livre leurs plans. Le Faucheur était sûrement là pour l'éliminer. Et, vu sa réaction, ils devaient être proches.»

Les lèvres de Midoriya s'entrouvrirent d'horreur alors que Shoto détournait le regard. Il connaissait la cruauté dont pouvaient faire preuve les humains entre eux. Pour le vert, si ça n'excusait pas les actes de l'adolescente, il ressenti inévitablement de la pitié pour elle. Qu'avait-elle éprouvé quand le Faucheur avait essayé de la poignarder dans le dos ? Quelle confiance pouvait placer une fille de leur âge en des monstres pareils ?

«Je pensais bien faire.»

Izuku baissa son regard sur ses mains tremblantes. Il avait pensé que la sauver leur permettrait de secourir des vies, d'avoir une longueur d'avance sur leurs ennemis. Il comprenait que c'était plus compliqué que ça. Son échec lui restait en travers de la gorge. Pour autant, devait-il regretter d'avoir sorti cette fille de l'eau ? Il réfléchit un instant sur une nouvelle solution, songeant un instant qu'il aurait préféré rester profiter de sa soirée avec Ochaco qu'être tiré à trois heures du matin par des tremblements de terre et un mort. Et, maintenant, ils devaient de nouveau débattre sur le devenir de l'adolescente instable qu'il avait sauvée. Il aurait du mal à mentir à sa petite amie, cette fois. Mais peut-être n'en auraient-ils plus besoin... ?

«Si elle n'a plus aucun soutien de leur organisation, peut-être qu'elle sera bien plus apte à les trahir ?»

Le silence pensif qui accueillit sa réflexion fut rapidement rompu quand, à ses côtés, Katsuki lâcha un "tch" méprisant. Les cernes qui s'étendaient sous ses yeux démontraient de sa fatigue -lui qui était habituée à de longues nuits- et ses épaules étaient tendues, signe du conflit qui l'habitait. Dans quelle merde Deku les avait-il tous mis ?

«Qu'est-ce que t'as pas compris dans "meurtrière", abruti ? C'est pas ta tête d'oeuf de copine,» grogna-t-il en croisant ses bras sur son torse. Il ne supportait pas sa naïveté et il piquait sérieusement du nez. Izuku lui lança un regard noir et le blond leva son majeur, indifférent à son envie de défendre la petite brune qui lui servait de nana.

«Je suis d'accord avec Izuku,» lâcha alors Shoto en hochant sobrement la tête face au remerciement épuisé de son ami. Katsuki roula des yeux.

«Il t'a proposé un plan à trois, double face ?» cracha-t-il en direction du garçon qui se contenta de le fixer d'un air ennuyé, peu impressionné.

«On ne vous a pas convoqués pour ça,» grinça la voix du professeur Aizawa qui perdait patience. Cependant, force est de constater qu'ils avaient soulevé des points intéressants. Il ignora le regard pétillant de Midnight qui était friande de ce genre d'altercation et se racla la gorge. Il prendrait sa retraite à ses quarante ans, c'était certain. «Si elle acceptait de se rendre et de répondre de ses actes, il serait peut-être possible de la mettre sous la tutelle d'un super-héros. Elle n'est pas encore majeure, ses parents étaient des super-héros connus et elle a un passif qui pourrait justifier ses excès de violence.»

Shoto haussa un sourcil, légèrement interloqué.

«Vous voulez la mettre sous la tutelle d'un super-héros ?»

«C'est ce que je viens de dire, Todoroki.»

Ce dernier se renfrogna légèrement. Il ne voulait pas seulement répéter les paroles de leur professeur. Il reprit avec son masque d'indifférence habituel :

«Vous n'avez aucune certitude d'obtenir ça si elle se rend. Elle le saura aussi.»

À côté de lui, le blond renifla dédaigneusement.

«Et même si ça arrivait, qui nous dis qu'elle n'en profitera pas pour nous trahir et retourner auprès de ses copains meurtriers ?» se renfrogna Katsuki qui n'avait aucune confiance en la jeune femme.

Aizawa hocha la tête.

«C'est pour ça que nous devons déjà attendre qu'elle se réveille et la tester. C'est sa seule solution, et ça aussi, elle le sait,» détermina l'homme aux cheveux sombres alors que les autres approuvaient d'un hochement de tête. C'était leur seule manière de pouvoir garder un contrôle sur elle tout en ne risquant aucun scandale. Cependant, elle devait elle-même jouer le rôle et donc leur faire confiance.

C'était la partie que tous redoutaient. C'était le retour à la case départ.

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Les yeux dorés de Kagame suivaient les gestes de l'infirmière tandis que cette dernière changeait ses perfusions. Ses poignets avaient retrouvé une forme et une couleur normale, elle pouvait même de nouveau jouir de deux épaisses lanières toutes neuves qui les maintenaient à son lit. Elle restait hydratée, maintenue dans une forme minimale et ne pouvait se lever pour ses besoins naturels et sa toilette qu'à condition d'être fermement maintenue. Pour sa douche, Recovery Girl n'avait pas tardé à comprendre qu'elle ne pourrait jamais utiliser son alter foudre alors qu'elle était en contact avec l'eau et qu'elle ne pouvait ainsi pas faire grand chose de plus que se savonner sous les cliquetis des bracelets de métal. C'était minime, mais la jeune femme savourait ces quelques minutes d'intimités.

Et, plus que ça, une chose avait changé depuis l'incident : elle ne cherchait plus à s'échapper.

Elle était toujours aussi humiliée de devoir marcher avec une béquille alors qu'ils la privaient toujours de sa prothèse et de devoir afficher son moignon. La pudeur qu'elle avait si bien choyée pendant toutes ces années lui avait été retirée. Un moindre mal, se fit-elle la réflexion en empêchant son réflexe de tourner sa tête en direction de la fenêtre.

À quoi bon ? Après avoir gémit, pleuré et sangloté pendant de nombreuses heures, ses yeux s'étaient de nouveau fait secs alors qu'elle avait décidé de simplement attendre qu'on l'achève. La brune avait rapidement intégré qu'elle était dorénavant un poids. Ils ne pouvaient la livrer aux autorités, elle ne pouvait retourner auprès de l'Armée... Elle était simplement condamnée à observer les allers et retours de la petite vieille aux cheveux grisonnant et l'homme cerné dans un ballet épuisant.

Et cela, pour être épuisant, c'est qu'elle n'en voyait plus la fin. Comptaient-ils la rendre folle ? Plus qu'elle ne devait l'être après avoir foudroyé celui qu'elle considérait presque comme un frère ? Son visage se ferma alors qu'elle enfonçait sa tête dans l'oreiller. Le pire était ses pensées, ses souvenirs et les images qui tournoyaient dans son esprit pendant des heures, ne cessant de la hanter. Le jour, la nuit, son visage au cri silencieux s'imprimait sur sa rétine et l'empêchait de dormir.

Il y avait la rancœur pour ce qu'ils avaient tenté de faire, bien sûr, la douleur d'avoir ainsi perdu les seules personnes qui lui avaient un jour fait ressentir que sa vie comptait mais, plus enfoui encore, la culpabilité de ne pas avoir simplement abrégé ses propres souffrances. Elle savait qu'elle aurait pu le faire mais n'en avait pas eu le courage avant de s'écrouler.

Ainsi, il était presque vingt et une heure quand Aizawa fit son entrée dans la chambre de la brune qui fixait alors le plafond d'un œil morne. Quand elle se tourna lentement vers sa silhouette, qu'elle observa ses mouvements mesurés et ses pas le mener comme à son habitude sur le petit fauteuil jaune pour s'y installer, elle sentit ses paupières se faire lourde et les battements de son coeur ralentir. Elle n'en pouvait plus. Sa gorge sèche se serra en le voyant sortir une pile de copies. Elle devait rêver.

«Partez,» souffla-t-elle douloureusement en se rendant compte qu'elle n'avait pas parlé depuis trop longtemps pour que sa voix ne sonne pas rocailleuse. Depuis combien de temps la retenaient-ils de nouveau dans cette chambre ? Elle aurait parié sur plus d'une semaine depuis qu'elle s'était réveillée mais elle avait perdu la notion du temps. Encore. C'était à la fois peu, et tant quand elle était la proie durant des heures de sa conscience qui se manifestait.

Kagame croisa le regard sombre de l'homme. Il ne donnait pas l'impression de vouloir partir. Il lui semblait même qu'il ferait tout l'inverse et lui adresserait la parole. Peut-être avaient-ils une solution ? Oui, elle s'imaginait bien être livrée à la police de Tokyo, mais ils risquaient la réputation de l'école et de graves sanctions pour avoir retenu et caché une meurtrière. Non, ils étaient plus intelligents que ça. Il y avait une raison derrière tout ce temps, un plan qui consistait à l'affaiblir mentalement. Force était de constater qu'ils avaient réussi car elle aurait tout accepté pour simplement faire évoluer la situation.

Elle se sentait comme un lion en cage.

«Partez ou parlez, mais arrêtez de me regarder,» siffla-t-elle en sentant sa patience fondre comme neige au soleil. Elle se sentait vide, sans repère. À quoi servait-il qu'elle continue ainsi ? Traîtresse ou meurtrière, aucun des deux ne lui allait. Et, maintenant qu'on lui avait si vite tourné le dos, les quelques fondations qu'elle s'était bâties pour contrer ses remords s'effondraient les unes après les autres. Que valaient toutes ces vies prises si elle ne comptait plus dans le processus de changement ? À quel point était-elle devenue un monstre pour une cause qui l'avait si vite reniée ? Ses poings se serrèrent alors qu'elle soufflait du nez en reprenant l'observation du plafond. Si elle pensait à ses parents, ce serait la fin.

«Tu as mal,» commença la voix de Shota mais elle ne suffit pas à la détourner de la petite tâche brune incrustée sur l'étendue blanche et qu'elle observait changer de forme pendant des heures.

Est-ce qu'elle avait mal ? Ce n'était pas une question qu'il lui avait posée, il en était trop certain. Ses yeux avaient perdu de leur éclat de confiance, ses lèvres sèches et pâles s'étaient scellées et son corps reposait comme une poupée de chiffon sur le matelas sans jamais esquisser un seul geste de la journée sauf pour ses besoins les plus primaires. Elle n'avait plus rien de l'adolescente fière et désintéressée qu'ils avaient soigné puis interrogée. Elle était pitoyable, à peine vivante. Aizawa avait visé juste. Elle n'était qu'une gamine de seize ans sans repères et attachée aux seuls qui lui en avaient donné. Un mystère résidait toujours, cependant.

Avoir envoyé le Faucheur, une personne qu'elle semblait réellement apprécier, pour la tuer pouvait s'expliquer s'ils comptaient sur sa confiance endormie pour la poignarder dans le dos. Mais vu la puissance qu'elle avait déchaînée il y a presque deux mois, tous devaient se douter qu'elle ne se laisserait pas gentiment éliminer. Erreur de leur part en la sous-estimant ou plan tordu, l'homme ne savait pas encore mais cela ne lui plaisait pas.

«Et tu éprouves des remords,» continua-t-il dans le silence morne de la chambre. Kagame souffla du nez dans un début de rire jaune. C'était comme si tous les cadavres qui s'entassaient sous son lit renaissaient la nuit en étendant leur bras pour l'attraper. Elle n'avait pas fermé l'œil pendant plus d'une poignée d'heures depuis la mort du Faucheur.

«C'est le lot de tous ceux qui veulent changer les choses,» répondit-elle machinalement en sentant son ventre se contracter douloureusement. Qui croyait-elle convaincre en disant ça ? Elle était pathétique.

Il y eut un petit silence.

«Pas à seize ans,» contra l'homme aux cheveux sombres tandis qu'elle tournait enfin son visage vers lui. Il était pâle, coincé dans une expression aux traits douloureux. Ses cheveux bruns glissaient sur ses joues et les quelques mèches de sa frange étaient collées sur son front. Il n'y avait aucune lueur bleue dans sa chevelure, signe distinctif qui leur permettait de surveiller l'utilisation de son alter foudre.

«Ils étaient les seuls à me voir autrement qu'une gamine orpheline et faible,» chuchota-t-elle comme si elle confessait enfin ce qu'elle avait sur le cœur, retenant les larmes qui menaçaient de couler. Elle se sentait si fatiguée. Fatiguée de combattre sans soutien. «Ils m'ont tirée de l'enfer de l'orphelinat. C'était dur, j'ai reçu des coups jusqu'à en oublier mon propre prénom. Mais ils n'ont jamais douté qu'un jour, je laisserai exploser tout mon potentiel. Ils étaient les seuls à croire en moi quand tout le monde m'avait tourné le dos.»

Aizawa la laissa parler, ne quittant pas un seul instant sa silhouette paralysée et ses yeux hantés comme si les souvenirs défilaient face à elle.

«Quand tous me voyaient déjà à terre, eux me relevaient avec la promesse qu'un jour, je les vaudrais cent fois. Ils étaient tout ce que j'avais au monde, Naifu, Re-Destro, Apocrypha, chacun d'eux était ma famille. Mais une famille ne tourne pas le dos à un de ses membres, n'est-ce pas ?»

L'homme ne répondit rien. Il se contentait de réfléchir et de noter mentalement tout ce qu'elle disait. Les liens se créaient dans sa tête, lui permettant de comprendre ce qui avait amené une gamine à peine plus âgée que ses élèves à tuer sans remords. Il commençait à trouver une logique à tout cela.

«Le premier était un fonctionnaire de police. Ils l'avaient capturé pour moi, pour voir jusqu'où allait ma loyauté. Il disaient que c'était à cause de personnes comme lui que l'utilisation de nos alters nous obligeait à nous cacher, à craindre de les utiliser et à suivre une seule et même voie, celle des super-héros, pour être reconnus. Il me répétait que nous avions été doté d'une puissance qui nous conférait une supériorité sur tout être sans alter et que nous limiter revenait à nous nuire et nous forcer à admettre une faiblesse illusoire. Il disait que c'était lui ou moi.»

Devant l'aveux de son premier meurtre, Shota n'esquissa aucun grimace, se contentant de garder un visage impassible. Kagame, elle, revoyait l'éclair, à cette époque encore faible, qui l'avait traversé sans le tuer, le faisant hurler de douleur. Elle se souvenait d'avoir bouché ses oreilles sous ses cris avant qu'ils ne l'obligent à le regarder se tordre en tremblant.

«Il t'aurait tué, Kagame. Il t'aurait enfermé pour ce que tu es réellement,» l'avait secoué Re-Destro alors qu'elle hochait la tête en pleurant, repositionnant ses mains en avant pour l'achever. Elle avait alors détourné son regard baigné de larmes, se répétant que c'était elle ou lui en relâchant la foudre meurtrière. Il fallait le faire car elle était du côté de ceux qui exigeaient le changement. Des gagnants.

La brune ferma les yeux sur l'image de son éclair éblouissant la petite cellule, laissant le corps fumant et affaissé du policier sur l'affreuse chaise en bois, mort. Elle aurait aimé avoir la force de pleurer pour évacuer ce trop plein d'émotions. Elle s'était forcée à ne jamais se rappeler toutes ces vies qu'elle avait prises. Tous ces corps qui se traînaient derrière elle. Toutes ces silhouettes sombres qui menaçaient de l'attraper quand elle se retrouvait dans le noir. Tout était plus facile à accepter quand on lui dictait ses gestes et ses pensées, quand elle faisait cela pour quelqu'un, pour une cause.

Mais maintenant ? Quelle excuse pouvait-elle se trouver ? Il n'y en avait aucune.

«Ce n'est pas trop tard pour te rattraper,» fit le professeur Aizawa alors qu'elle posait son regard doré sur lui.

Un sourire étira lentement ses lèvres. Il était amer.

«Je n'ai pas le pouvoir de ramener les morts à la vie. Et vous non plus.»

L'homme soupira en s'installant plus confortablement dans son fauteuil. Un infime espoir de rédemption était né de son état, il n'en doutait plus en la voyant aussi amorphe, croulant sous la culpabilité.

«Tu es jeune, tu peux encore plaider l'enrôlement.»

Un éclat -le seul- traversa les pupilles presques jaunes de la jeune femme alors qu'elle se redressait de moitié, tirant légèrement sur les lanières à ses poignets dans un frottement désagréable qu'elle ignora cependant. Elle n'était pas stupide, pensa Aizawa en devinant ce qui venait de la traverser. Ils en étaient donc arrivés là.

«Je me suis demandé pendant un moment ce que vous comptiez faire de moi. J'en étais venue à la même conclusion que vous. Vous pensez réellement pouvoir me sauver en faisant de moi le martyr de l'Armée ?» elle secoua la tête, l'air de trouver l'idée absurde. «Vous risquez votre réputation pour une meurtrière. Vous savez très bien ce qu'en dira la population, sans parler des faibles chances que je sois graciée. Je croupirais en prison dès l'instant où je mettrais le pied dehors et vous le savez aussi bien que moi.»

L'homme détourna son regard sombre en direction de la fenêtre, comme s'il entendait d'avance les exclamations indignées des victimes de la jeune femme, la désapprobation générale et l'effroit des parents des élèves qui avaient déjà émis des plaintes après la mort du Faucheur dans l'enceinte de Yuei. En valait-elle la peine ? Kagame elle-même en doutait.

«Qu'est-ce que vous avez servi à la police pour pouvoir me retenir ici ? Car ils ne sont pas au courant, n'est-ce pas ?» elle contempla le silence du professeur et finit par baisser la tête sur ses mains qu'elle ne pouvait toucher à cause des lanières. «Je n'ai plus rien à perdre.»

«Si tu acceptais de te rendre, tu pourrais obtenir le soutien de plusieurs super-héros. Je ne dis pas que ce plan est infaillible mais c'est le seul que je peux te proposer pour que tu puisses te racheter. Tes parents étaient des gens très respectés, leur mort a choqué beaucoup de gens. Savoir que tu es leur fille et que tu as été recueillie par le l'Armée puis entraînée à tuer permettra au gens de changer leur regard sur toi,» commença Eraser Head alors qu'elle fronçait ses sourcils.

«Vous voulez dire de la pitié ? Ils seront peu, qu'est-ce que diront les autres ?»

«Rien. Aux yeux de la justice, tu es encore mineure. Et puis, tu n'avais pas l'air de t'importer de l'opinion publique quand tu as créé cet ouragan il y a deux mois,» répondit Aizawa alors qu'elle serrait la mâchoire, touchée.

«Alors je me rends et c'est tout ? Qu'est-ce qui me dit que vous ne me laisserez pas seulement aux mains des autorités ?»

«Pour la simple et bonne raison que tu pourras toi aussi nous dénoncer de t'avoir gardée dans Yuei.»

Kagame prit un instant pour réfléchir, ne croyant pas à ce que l'homme disait.

«Si je comprends bien, vous me demandez de vous faire confiance car l'inverse en sera tout autant ?» Shota hocha la tête. «Et ensuite ?»

Le professeur passa sa main sur son visage en consultant l'horloge sur le mur. Il se faisait tard mais il ne pensait pas si bien réussir à la convaincre. Le plus dur restait tout de même au moment où ils rendraient leur plan concret.

«Ensuite, le directeur et moi-même demanderons une seconde chance et te placerons sous tutelle. Tu auras sûrement de nombreuses séances pour déterminer de ta santé mentale et ils exigeront de toi que tu dénonces tous tes anciens alliés. Tu devras prouver ta loyauté.»

Les yeux de la jeune femme se perdirent dans le vide alors qu'elle les dirigeait au-dehors. Avait-elle seulement le choix ?

«Ce ne sera pas différent de l'Armée, finalement,» grogna-t-elle alors qu'Aizawa gardait le silence, ne pouvant la contredire.

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Le bâtiment s'élevait assez haut. Son visage abrité sous la capuche de son sweat noir, Kagame se demanda de quelle manière les policiers la maitriseraient alors même qu'elle s'apprêtait à se rendre. Elle ne pouvait cependant pas utiliser ses alters, le regard d'Eraser Head planait sur elle alors qu'il était caché elle ne savait où dans la foule. Un bref soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'elle sortait un petit téléphone de sa poche avant de composer le numéro de l'accueil de l'édifice policier.

Après trois tonalités, une voix féminine retentit à l'autre bout du combiné.

«Centre de police de Tokyo, j'écoute ? Quelle est votre demande ?»

Ses lèvres sèches s'entrouvrirent légèrement. La brune ferma les yeux pour se donner le courage nécéssaire.

«Je suis Misoga Kagame, connue sous le nom de Wildgust. Je suis devant le bâtiment de police, en tenue de civil et je viens me rendre.»

Un ange passa et elle compta jusqu'à dix avant de voir une vingtaine d'agents sortir comme des fourmis du building, l'encerclant avec rapidité et pointant leurs armes en sa direction. Doucement, elle mit ses mains sur sa tête encapuchonnée sous les exclamations effrayées de la foule qui se dispersait, aidée des policiers qui quadrillaient le périmètre pour le rendre aussi vide que possible.

Un homme, d'une quarantaine d'années au regard d'acier et rasé de près, se fraya un passage parmi ses subordonnés en ne la voyant pas réagir de manière menaçante. Sur ses gardes, il avança en sa direction et lorsqu'il ne fut qu'à quelques centimètres d'elle, baissa sa capuche et pointa presque immédiatement son arme sur la jeune femme en la reconnaissant. Son visage était de partout. Elle tressaillit du canon posé à deux doigts de son front. Un geste et il l'abattait.

«Misoga Kagame, alias Wildgust,» prononça-t-il fermement et elle laissa son regard doré se perdre au sol alors qu'il sortait des menottes épaisses. «Vous êtes en état d'arrestation. Vous avez le droit de garder le silence car toute parole pourrait être retournée contre vous au procès.»

Sans même acquiescer, elle se laissa menotter, silencieuse et déterminée alors qu'il l'emmenait dans une cellule spécialisée en la faisant traverser l'intérieur du bâtiment. Tout autour régnait une agitation nouvelle, des bruits d'exclamations aux interrogations avant les quelques flashs de journalistes aussi rapides que des rapaces.

C'était au tour d'Aizawa d'agir.

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Note de l'auteur : x