Note de l'auteur : Pas grand chose à dire, si ce n'est que cette histoire sera en deux parties. Une première qui aura +/- 25 chapitres, ce qui représente approximativement 130K de mots. Je ne suis pas peu fière ! Puis la suite, donc, qui est prévue pour débuter 3 ans plus tard après les derniers évènements. La publication des chapitres fait qu'en terme de chronologie, nous sommes décalés mais les choses vont finir par prendre un tournant bien différent de l'anime/manga. Je dirais jusqu'aux évènements du camp d'été.
Je n'en dis pas plus ! Bonne lecture !
Pairing : Katsuki.B x OC.
Rating : T
Disclaimer : L'univers de BNHA ne m'appartient pas, seuls mes personnages et mon histoire sont miens. Ô grand désespoir.
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Revenge lurks in the sky
Chapitre IX :
Support and aspiration
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Kagame, aux côtés de Kaminari et d'un blond de mauvaise humeur, apprit le soir-même de leur accident que les mannequins détruits devaient servir pour la classe héroïque de première et que leurs petite partie de démineur avait coûté une semaine de travail à la filière assistante.
«Kaminari, au fond. Bakugo, devant et Misoga, met toi contre le mur,» les dirigea leur professeur principal au début de leur détention, clairement aussi ennuyé de devoir les surveiller que si on lui avait annoncé qu'il devrait faire trois fois le tour de la ville en marche arrière. «Fin de la colle à dix-neuf heures trente.»
À ces mots, elle entendit nettement l'électrique lâcher un râle désespéré, lui qui avait reprit ses esprits depuis peu. Elle se tourna vers lui, plissant ses yeux avec humeur. C'était son idée à lui et il avait menti en disant que l'école avait des mannequins en réserve. Bien entendu qu'il n'avait pas accès à ces fameuses réserves mais Kagame n'avait pas réfléchi en acceptant sa proposition pleine d'entrain. En fait, elle se rendait bien compte que sa sympathie et sa main tendue vers l'intégration l'avait rendue impulsive. Ça ne lui plaisait pas du tout.
Et puis, il y avait aussi parce qu'elle avait bien envie de voir ce que ça faisait de combattre avec quelqu'un qui avait un alter complémentaire, elle qui travaillait souvent seule.
Cependant, plus que les dégâts matériels causés, elle gardait une boule d'angoisse à l'idée que ses agissements pèsent dans son dossier. Elle n'avait pas envie de tout gâcher maintenant, surtout après les récents évènements et son impression d'avancer en direction d'un futur telle une funambule sur une corde raide. Et, des trois personnes présentes, elle ne pouvait s'empêcher de couler son regard doré en direction des bras croisés et de la mâchoire tendue de Katsuki qui s'était fait prendre dans la détention sans que cela soit mérité et cela, même avec ses hurlements de rage à l'encontre des deux fautifs. Il en avait évidemment perdu toute superbe, trop outré pour ça.
Si Kaminari n'avait pas paru plus impressionné face à sa crise de nerf, la jeune femme s'était sentie mal pour lui. Après tout, il les avait aidés à se sortir de leur pétrin et à limiter les blessures. Puis, une piqûre à son égo lui avait rapidement rappelé son expression supérieure et elle n'avait pu s'empêcher de sourire, l'enrageant davantage tandis qu'il lui promettait d'écraser sa face à la sortie si elle n'arrêtait pas. Et, au milieu de tout ça, le Denki lui avait chuchoté qu'il ne pourrait pas se coucher à 20h et que c'était cette raison qui le rendait si hargneux, provoquant un soupçon d'hilarité chez les deux adolescents qui n'avait pas plu au garçon.
«Oh, déconne pas Bakugo. Misoga s'en sortait très bien sans toi,» l'avait-il charrié, l'enrageant davantage si c'était possible.
«Tu veux peut-être que je te pète la gueule ? Vous allez moins vous payer ma tête ensuite.»
Et ce fut sur ces derniers mots que personne ne prit la peine de relever que la détention commença, la brune ignorant consciencieusement les signes de Denki pour jouer à pierre, feuille, ciseau à distance, les aidant à passer le temps. Le blond avait ses bras croisés sur son torse, sa chaise basculée en arrière alors qu'il gardait les yeux fermés, sa tête reposant sur son torse. Kagame s'ennuyait de ne pas pouvoir s'avancer sur ses devoirs et de perdre du temps à ne rien faire bien que ce soit le but, se contentant de créer des courants d'airs très faibles en observant la poussière s'envoler là où les rayons du soleil venaient traverser la pièce.
Aizawa, lui, dormait dans son espèce de sac de couchage moutarde, avachis à son bureau, ses cheveux sombres recouvrant son visage pâle.
«Psst, Misoga,» fit la voix du jaune après une bonne heure dans un silence seulement romput par le tic-tac de l'horloge murale. Cette fois, elle releva sa tête avec une moue ennuyée. «Tu vas venir chez Yaoyorozu ?»
L'amputée plissa les yeux. Elle ne voyait pas de quoi il voulait parler, jusqu'à ce qu'elle se rappelle de sa discussion avec Ochaco le matin même. Elle savait que l'électrique avait besoin d'aide en cours, n'ayant pas eu une très bonne place dans la liste de la classe. Elle-même n'était pas inscrite dessus, étant arrivée trop récemment mais elle imaginait sans mal faire partie des premiers. Kagame avait presque réussi à rattraper tout son retard, raison pour laquelle cette colle l'agaçait profondément. Elle tenait un planning de révision très serré et voyait les heures s'échapper et sa productivité décroître injustement.
«Non,» fit-elle simplement en voyant que son camarade cherchait sans aucun doute une distraction. Elle ne savait pas si c'était dû à son alter, mais il n'arrivait pas à tenir en place et il avait le don de la stresser à bouger sans cesse, gigotant sur sa chaise en se penchant vers elle toutes les vingts secondes.
«Tu as de bons résultats ? Uraraka m'a dit que tu étais tout le temps en train de réviser dans ta chambre,» continua-t-il à la questionner plus ou moins discrètement, ce qui lui fit jeter un regard en coin à l'explosif. Il avait toujours les yeux fermés mais elle ne pouvait s'empêcher d'être mal à l'aise. Pourtant, il ne se gênerait pas de faire une réflexion s'il écoutait réellement, n'est-ce pas ?
«Je travaille, oui,» acquiesça-t-elle sans s'épancher davantage sur son obsession des cours et des nombreuses heures qu'elle passait à être la meilleure. Il y avait de très bons éléments dans la classe, elle n'avait donc pas d'élément comparatif objectif, mais elle savait que ses résultats étaient au-delà du satisfaisant. Du moins, c'était le cas avant qu'elle n'intègre Yuei. Elle aurait le temps d'être évaluée durant la semaine avec ses multiples tests.
«Au fait, c'est dommage qu'on ait pas pu finir sur le terrain, à deux on était vachement balèze !»
«Vous allez la fermer, oui ?» grogna le blond en dirigeant son regard carmin sur la brune. Il avait toujours ses bras croisés et sa posture désinvolte, mais elle sentit que la remarque lui était adressée. Cette dernière se contentant de froncer le nez en faisant fi de sa réflexion. Elle avait compris qu'il fallait la plupart du temps ignorer son caractère de chien hargneux car elle ne gagnerait jamais face à lui. Il n'y avait qu'à voir avec Todoroki.
«Il faudrait réfléchir à des tactiques,» approuva la brune en songeant à Midoriya et son étrange carnet qu'il traînait de partout. Elle était sûrement déjà dedans, et maintenant qu'ils avaient initié un contact, elle se doutait qu'il ne tarderait pas à lui poser des questions. Comme un écho, Kaminari claqua des doigts, donnant l'impression qu'une petite lumière s'était allumée dans son esprit.
«On pourrait demander des conseils à Midoriya ? Il est super bon en stratégie !»
«Vous me foutez les nerfs, fermez là,» grinça une fois de plus le blond, de mauvaise humeur. Il avait l'air d'un enfant capricieux et colérique.
«On pourrait,» fit Kagame en hochant de la tête. «Il est souvent avec Uraraka.»
Devant, Katsuki s'était retourné en leur direction, les fusillant du regard. Il arborait un visage fermé et des traits tirés. Il avait l'air de contenir sa colère, ce qui semblait dérisoire aux yeux de la jeune femme. Il ne pouvait pas simplement les ignorer comme il le faisait déjà ? C'était à se demander s'il ne cherchait pas seulement à les provoquer. Non, à la provoquer elle, encore et encore. Elle regrettait d'avoir pensé que son avis avait changé sur sa personne. Elle ne savait plus comment agir avec lui, l'ignorer ou répondre à ses piques, dans tous les cas ils finissaient par se battre.
«Oï, qui t'as permis de m'ignorer, jambe-de-bois ?»
Le surnom, même nouveau, la fit grincer des dents. Cette fois-ci, elle croisa son regard sanglant et le fusilla de ses deux yeux dorés. Elle rêvait de lui refaire le portrait, c'était presque devenu physique. Ce n'est pas comme si elle espérait qu'ils deviennent amis, mais au delà de tout ça, elle détestait son humiliation constante
«T'as un problème ?» fit-il devant son silence, de toute sa grandeur et sa supériorité. Derrière lui, Kaminari alternait son regard entre les poings serrés de la jeune femme et la mâchoire contractée en un sourire insolent de l'explosif.
«Les gars, calmez-vou-...» commença-t-il mais Katsuki tourna son attention vers lui d'un geste tendu.
«Mêle toi d'ton cul, crétin !» aboya-t-il en direction du jaune qui esquissa une moue indignée sans pour autant répondre.
Si les yeux de Kagame avaient pu tuer, le blond serait sûrement si pieds sous terre. Elle se sentait bouillonner, sans pour autant réussir à ouvrir ses lèvres pour formuler quoi que ce soit. Qu'aurait-elle pu dire ? Lui demander les raisons de son acharnement ? Elle les connaissait. Lui demander d'arrêter ? Il y prendrait davantage de plaisir. Depuis qu'elle était arrivée, elle tournait en rond, alternant entre l'éviter ou le confronter jusqu'à la prochaine occasion. Ne se fatiguait-il jamais ? Elle repensa aux paroles d'Aizawa, de ce vrai combat qu'ils livreraient un jour et de sa façon de la provoquer toujours plus.
«Vous ne savez pas vous tenir plus d'une heure, hein,» claqua la voix agacée d'Eraser Head, relâchant légèrement la pression. Mais, force est de constater que si le soulagement de Kaminari était palpable, Kagame n'avait toujours pas desserré le poing. Le regard sombre de l'homme se posa sur l'adolescente, intransigeant. «Misoga,» fit-il en sa direction tandis qu'elle se contenait pour ne pas se jeter sur Katsuki et le foudroyer sur place. Elle sentait qu'elle pouvait toujours utiliser son alter, Aizawa ne l'avait pas bloqué. Elle ne comprenait pas pourquoi.
Puis, soudainement, la bulle éclata lorsque retentit la sonnerie de dix-huit heures, percutant la brune comme une claque. Il restait encore une heure et demie de colle, encore une heure et demie à se sentir bouillonner, à ne pas pouvoir se défouler et à garder en elle toute la haine qu'elle sentait le besoin imminent de déchaîner.
De cette manière, elle se décida. Sans une parole, ni un regard, elle s'empressa de déguerpir de la pièce en, ignorant les appels de son tuteur qui ne tenait peut-être pas tant que ça à ce qu'elle revienne. Non, car il aurait très bien pu la ramener de force avec ses bandages, ce qu'il n'avait pas fait. Il avait compris qu'elle était encore l'animal farouche qu'on avait tiré de sa cage dorée, de ses privilèges qui ne requièraient aucune morale et qu'elle avait dû se glisser dans une peau inconfortable, celle d'une paria tentant tant bien que mal de prouver qu'elle valait la peine.
Parce qu'elle en valait la peine, ça ne faisait aucun doute. Il tenait à son rôle de mentor, la voyant arriver chaque soir avec de nouvelles choses à raconter, d'un entrain que l'on aurait confondu avec une enfant. Il ne lui montrait pas tout cela mais elle avait besoin de cette main qu'on lui tendait, de cette confiance que l'on plaçait en elle pour lui faire oublier que les seuls à l'avoir fait étaient des personnes peu recommandables.
Tout son corps semblait hurler son cruel manque d'affection. Et le manque d'un but. Une raison de se battre. Aujourd'hui, elle se rachetait, mais ça ne l'empêchait pas de répondre avec violence aux provocations du blond. Elle perdait le contrôle et elle ne pouvait rien y faire. Lui, il n'était que le spectateur de son combat intérieur. De se réhabituer petit à petit à agir avec scrupules.
Aizawa se tourna vers son élève. Ce dernier fixait la porte avec un air renfrogné, à peine plus que d'habitude. Ses sourcils étaient froncés, et il était loin d'être détendu. Mais il avait conservé son sang-froid et il le savait. Ce n'était pas le cas de sa camarade
«Que ce soit clair, je n'en ai rien à faire de vos disputes,» commença-t-il gravement. Il n'avait pas l'habitude de reprendre aussi sérieusement ses élèves, surtout quand il avait décidé de ne pas se mêler des affaires de la jeune femme tant que ça ne touchait pas les vilains. Mais un rappel à l'ordre était nécessaire. «Cependant, elle doit montrer un comportement irréprochable pendant au moins trois semaines si elle veut rester à Yuei. Et elle restera,» fit-il d'une voix intransigeante sous le regard perçant de l'explosif qui ne bougeait pas d'un millimètre. «Si vous avez des choses à régler, faites-le de la bonne manière.»
Le professeur Aizawa se tourna vers Denki qui n'avait pas lâché la scène, trop paralysé et surpris. Il l'interpella et l'électrique se détacha de son expression béate.
«Fin de la colle. Hors de ma vue,» grommela-t-il en dépliant son sac de couchage moutarde. Katsuki ne se fit pas prier pour sortir à grands pas de la classe alors que l'homme criait. «Demain, même heure ! Fais passer le message à Misoga, Kaminari,» fit-il à son élève qui passait devant son bureau. Il avait comprit le sous-entendu, ne manquait plus qu'à trouver la jeune femme.
L'électrique redescendit du quatrième étage en faisant la moue, passant devant Sero et Kirishima qui discutaient bruyamment sur le sofa. Il releva sa tête quand le rouge l'interpella.
«Hé, Kaminari ! Tu étais pas censé être en colle ?»
Denki approcha du duo, les épaules voutées en s'appuyant contre le mur, devant les mines surprises de deux garçons. Il acquiesça.
«Si, mais Bakugo a déconné avec Misoga et j'ai cru qu'elle allait le carboniser sur place. Elle s'est barrée et le prof m'a dit de la prévenir qu'on serait encore en colle demain. Mais je crois qu'il s'inquiétait.»
À l'inverse de Sero qui n'avait pas souvent côtoyé la nouvelle, Kirishima avait déjà eu l'occasion de lui parler ou tout du moins d'entendre les grognements de son meilleur ami à son encontre. Il préférait se faire sa propre opinion mais il savait que l'explosif et elle avaient une relation très conflictuelle. Au point que ce dernier avait relâché son attention sur Midoriya, lequel était la plupart du temps avec sa petite amie et Iida, ou à l'hôpital au chevet d'All Might qui reprenait difficilement des forces.
«Le professeur Aizawa ? C'est pas son tuteur ?» demanda le garçon aux cheveux sombres.
«Si, c'est lui qui est responsable d'elle jusqu'à sa majorité,» approuva le rouge. «Du coup tu la cherchais ?»
Denki hocha la tête en leur demandant si elle était rentrée car elle ne répondait pas à ses cognements, ni à ses appels, mais ils haussèrent leurs épaules. Elle était plutôt discrète et ils n'avaient pas fait gaffe à tous les élèves de la seconde A se rendant dans leurs chambres.
«Je crois que je l'ai vu dans le gymnase,» intervint alors Tsuyu qui plongeait une feuille d'algue séchée dans un pot de gelée sous le regard dégoûté de Sero.
Kaminari la remercia avant de tourner les talons, bien décidé à aller voir la jeune femme. De prime abord, il avait plutôt été tendu de la voir arriver dans leur école, sous la tutelle du professeur Aizawa, et plus encore de voir qu'elle ne semblait pas aussi folle que l'image qu'il se faisait d'elle. Le combat de la base militaire n'avait pas non plus aidé à bien la considérer, sachant qu'elle l'avait vidée de toute son électricité en moins de trente secondes.
Mais plus que ça, les images qu'avaient renvoyés les journalistes étaient effrayantes. Il avait donc cultivé une certaine appréhension à être dans la même classe qu'elle, couplé à une incompréhension. Devait-il se baser sur ses actes ou sur le jugement de leurs professeurs ? De ce fait, la plupart d'entre eux lui avaient accordé un caractère instable mais en vérité, elle ressemblait davantage à une adolescente renfermée et timide.
C'était du moins ce qu'il en avait déduit de leur premier contact assez positif bien qu'il ait plutôt fui dans sa chambre. Et, maintenant qu'il avait découvert une adversaire redoutable mais qui cachait également une personnalité agréable et un sens de l'héroïsme assez poussé pour qu'elle protège Ochaco et des citoyens du centre-commercial, il voulait l'aider à s'intégrer. C'était aussi son rôle, dans la classe.
Et puis, passé la vision effrayante de son visage aux traits tendus, de ses deux orbes dorées et de sa cicatrice assez imposante sous sa pommettes gauche, il devait avouer qu'elle était plutôt mignonne.
Aussi, quand il arriva au gymnase, il crut un instant que ce dernier était vide car aucune lumière ne perçait les vitres malgré la soirée qui tombait doucement. Pour autant, quelques flash ressemblant à des éclairs percutaient le fond de son œil à intervalles réguliers et venaient de la salle de musculation mise à disposition pour les élèves. En s'approchant, il fut surpris de sentir une partie de son énergie partir avant d'entendre un grondement semblable à un coup de tonnerre et un râle assez puissant pour parvenir jusqu'à son oreille.
Quand il poussa la porte, il tomba sur un spectacle assez déroutant. La brune était en tenue de sport, un débardeur sombre qui laissait ses bras nus et plutôt musclés apparents, un bas souple mais serré qui couvrait toujours sa prothèse et un sac de frappe étalé sur le sol avec une plaie fumante en son centre. Elle ne parut pas surprise de le voir, essoufflée et transpirante. Ses cheveux étaient relevés et laissaient voir sa nuque laiteuse. Le rouge de son visage, en revanche, confondait sa cicatrice et la rendait moins apparente. Kagame s'accroupit en redressant le punching-ball éventré, elle affichait une moue mécontente en le calant contre le mur.
«Qu'est-ce que tu veux ?» lui demanda-t-elle sans animosité, simplement neutre en essuyant son visage avec une serviette propre. Il détacha son regard du sac de frappe pour le poser sur sa camarade.
«On est de nouveau en colle demain.»
Elle lui jeta une œillade en prenant une gorgée d'eau puis acquiesça distraitement. Denki fronça ses sourcils.
«Est-ce que ça va ?» lui demanda-t-il sans oser s'approcher. Même s'ils avaient sympathisé, il n'était pas rassuré par son calme apparent. Elle était même intimidante.
C'est aussi à ce moment-là qu'il se rendit compte qu'en dehors de sa réserve, de ses éclats de colère et de sa gêne face à la gentillesse d'Ochaco, elle avait un comportement différent d'eux. Il avait beau l'avoir vue d'une façon douce et amicale, face à son regard sombre et son timbre de voix grave, elle lui rappelait ces genres de personnes torturées et peu avenantes. Il n'aurait pas dit qu'elle était confiante à ce moment-là, mais simplement qu'elle ne risquait rien et qu'elle le savait.
«Mieux,» fit-elle en songeant au fait qu'elle devrait rejoindre son tuteur plus tard dans la soirée. Elle avait eu besoin de se défouler, de frapper fort et vite. Aussi, elle avait rejoint sa chambre en vitesse pour se changer, profitant du calme de la salle de musculation pour reprendre ses entraînements habituels.
Kagame avait ainsi frappé jusqu'à en avoir mal aux articulations, libérant quelques faibles éclairs, comme une extension de sa rage et de son envie de gronder, de rugir contre le monde entier. Puis, en perdant momentanément le contrôle, elle avait inspiré sans faire exprès l'électricité du garçon qui arrivait avant de la relâcher un peu trop brusquement sur le punching-ball, le fendant sur toute sa longueur. Ce fait l'ennuyait profondément.
«Est-ce que tu as besoin d'aide pour cacher le corps ?» la questionna Denki en pointant du doigt le sac de frappe ce qui la fit sourire en coin. Les endorphines avaient fait leur effet et elle se sentait bien plus reposée, en paix.
«Encore une de tes combinaisons foireuses ?» le charria-t-elle en s'asseyant sur le banc, mettant sa prothèse légèrement en retrait comme elle avait l'habitude de le faire lorsqu'elle n'était pas seule.
L'électrique lui fit un sourire amusé en venant s'asseoir à ses côtés. Ils restèrent un petit moment dans un silence apaisant avant qu'il ne décide de le rompre. Kagame ne s'en étonna même pas.
«Tu es plus musclée que je le pensais,» lui fit-il remarquer en pointant ses bras nus. Elle haussa un sourcil.
«Tu dis ça parce que tu ne penserais pas à une fille musclée ou parce que tu pensais que je ne faisais que réviser des cours ?»
«Un peu des deux, je crois,» fit le garçon en riant légèrement, rendant l'atmosphère douce. La brune avait envie de dormir et elle se sentait légèrement frissonner avec la sueur et l'air qui se refroidissait. «Tu as froid ?»
Kagame lui jeta un regard étrange.
«Oui, mais de toute façon je dois aller prendre une douche,» fit-elle en songeant que ça tombait au pire moment. Elle aperçut du coin de l'œil le regard de Denki glisser sur sa jambe droite et elle se releva en mettant sa serviette autour de son cou, mal à l'aise.
Son caractère avenant avait ses mauvais côtés et elle craignait qu'il ne lui pose une question à laquelle elle ne voulait pas répondre. Elle se dirigea vers le sac de frappe et se pencha pour le soulever avant de sentir un mélange de sciure et de sable lui glisser dessus. Kagame se figea avant de râler, se tournant vers Kaminari qui retenait ses éclats de rire en mettant une main devant sa bouche.
«C'est ça, rigole,» fit-elle avec humeur alors qu'il explosait clairement de rire. Elle plissa ses yeux, déplorant qu'elle ne puisse utiliser sa foudre sur lui. Il ne craignait pas de coup de jus, malheureusement. «Bon,» souffla-t-elle en essayant de maintenir la plaie fermée en le hissant sur son épaule à bout de bras. Quelques secondes après, elle sentit le poids du sac se faire moins pesant et constata que le jaune était derrière elle pour l'aider, calmé.
En le voyant si proche, elle eut un léger rougissement qu'elle cacha en détournant sa tête et en se mettant à avancer d'un bon pas, suivie par Kaminari qui arborait un sourire en coin en la voyant réagir de la sorte. C'est qu'elle n'avait jamais eu ce genre d'intérêt avant, ni une telle proximité avec un membre du sexe masculin sans que ce ne soit pour l'entraînement, un ennemi ou un membre de sa famille.
Pour autant, elle savait que l'électrique était du genre dragueur mais qu'il se rendrait tôt ou tard compte qu'une seule fille était parfaite pour lui. Et, de toute façon, elle n'était pas douée dans le flirt. C'est à peine si elle savait déjà correctement s'occuper d'elle, ce n'était pas pour s'attacher amoureusement à une autre personne.
Ils arrivèrent au bout de cinq minutes de marche jusqu'à leur dortoir et firent irruption dans la pièce commune occupée par Ochaco, Iida et Izuku, mais aussi Mina qui avait rejoint Kirishima et Sero. Momo était attablée aux côtés d'Ojiro et ils semblaient réviser ensemble. Tous les regards se dirigèrent vers les deux adolescents et plus particulièrement vers la jeune femme dont la tête était cachée de moitié par le sac qu'elle maintenait sur son épaule.
C'était certainement la première fois qu'elle se montrait dans une tenue de sport qui n'avait pas de manche, transpirante et ses muscles apparents. Le premier à réagir fut Midoriya qui vint l'aider à reposer le sac alors qu'elle le remerciait du bout des lèvres. Il ouvrit légèrement ses yeux en contemplant le trou béant et noirci qui laissait s'échapper l'intérieur sur le sol.
«Mais,» commença-t-il avant qu'elle ne secoue la tête.
«C'était un accident,» plaida-t-elle alors que Denki avait l'air de repartir dans un rire, ayant rejoint son groupe d'amis proches.
«Il est interdit de dégrader le matériel, Misoga. Tu dois aller en référer au professeur Aizawa !» s'exclama soudainement Tenya en se levant d'un bond, droit comme un i. Elle grimaça sous la moue amusée d'Ochaco.
«Oui, oui, je comptais le faire,» fit-elle sans savoir si elle mentait ou non. Elle n'avait pas encore décidé.
«Je peux peut-être en refabriquer un ?» proposa Momo en s'approchant du sac pour toucher la matière, acquiesçant comme si elle reconnaissait les fibres et le contenant.
«Tu pourrais ?» répéta la jeune femme avec l'espoir de ne pas se faire encore disputer.
«Je pense, oui,» confirma la jeune femme en se relevant. «Je vais aller chercher mon livre, ne bouge pas.»
Kagame hocha la tête, trop heureuse de pouvoir réellement camoufler ses nouveaux dégâts matériels. Ils s'entassaient trop derrière sa porte pour qu'elle soit rassurée. Face à elle, Iida semblait au bord de l'asphyxie.
«Fais pas cette tête, Tenya, c'est de ma faute,» rajouta Denki en racontant à voix haute comment elle avait fini par éventrer le punching ball, faisant rire tout le monde. En effet, il avait rendu le moment amusant, évitant habilement toute description négative ou les raisons qui l'avaient poussé à se défouler de base. Elle hocha la tête en sa direction, un petit sourire sur ses lèvres sèches. Il lui répondit d'un clin d'œil.
«Il faut maintenant trouver un moyen de détruire les preuves. Je n'ai pas envie de passer encore une semaine de plus en colle,» se plaignit le jaune alors que tous y allaient de leur proposition pour cacher ou éliminer le sac, sous le regard surprit de la brune. Elle ne pensait pas qu'ils en feraient une affaire de famille, prenant son problème à cœur.
«On pourrait demander à Todoroki de le brûler ?» proposa Uraraka alors que Midoriya prenait une feuille pour noter les propositions.
«Ou on peut aussi le jeter dans une poubelle d'un commerce ?» soumit Mina alors que Kirishima acquiesçait, d'accord avec la jeune femme.
«Nous ne pouvons pas mentir aux professeurs, c'est interdit par le règlement !» protesta le délégué mais en vain, car Momo arrivait avec un nouveau sac qu'elle traînait avec quelques difficultés dans les escaliers. Le vert s'empressa de l'aider et elle le remercia.
«Je pense que ça fera l'affaire !» s'exclama-t-elle en présentant son travail et Kagame s'approcha pour le détailler, trouvant cela vraiment impressionnant. C'était comme un clone, l'alter de sa camarade était plein de ressources. Quand elle essaya de le soulever, elle hocha la tête. Il pesait le même poids.
«Oui, c'est parfait !» fit-elle en se tournant vers la jeune femme qui rougissait sous les applaudissements de Mina. «Merci beaucoup.»
Toutes deux se sourirent timidement avant que l'amputée n'informe qu'elle retournait dans la salle de musculation pour le déposer. Denki se releva et fit quelques pas dans sa direction.
«Tu as besoin d'aide pour le porter ?» se proposa-t-il sous les gloussements de Mina qui avait compris que la brune avait un tant soit peu tapé dans l'œil de son ami. Cette dernière le regarda, surprise, avant de secouer doucement la tête.
«Ça ira, Kaminari, merci.»
Puis elle le souleva avec force, le calant sur son épaule avant de se tourner et de se diriger vers la sortie d'une démarche naturelle. Ses muscles étaient contractés à l'extrême, son visage n'exprimant rien en traversant la pièce. Cependant, quand elle passa la porte et fut assez loin pour ne plus être visible des dortoirs, elle reposa brutalement le punching ball sur le sol en prenant une grande inspiration. Elle avait mal à son genou droit, ayant frappé avec sa prothèse dans le sac pour se défouler.
Elle eut du mal à reprendre sa respiration, tenant l'extrémité de sa prothèse en grimaçant. La salle lui semblait si loin maintenant qu'elle était seule à le porter. Essuyant son front, elle se résolut à utiliser son alter malgré sa fatigue et allègea légèrement sa masse en contrôlant le vent qui le souleva à quelques mètres du sol, lui permettant de le tenir d'une main tandis que l'autre contrôlait les mouvements de l'air. Elle sentit ses poumons se contracter alors qu'elle avait du mal à inspirer profondément mais arriva rapidement à la salle, se laissant aller à grimacer à chaque pas qui la faisaient souffrir.
Cependant, elle fut surprise de constater que le gymnase était occupé, ce qui n'était pas le cas quand Kaminari et elle étaient partis. Elle passa par derrière pour réinstaller le nouveau sac de frappe, le hissant difficilement sans l'aide de son alter qui devenait trop compliqué à gérer dans un espace clos et, par curiosité, approcha doucement de la porte entrouverte pour savoir qui s'entraînait.
Sans surprise, Bakugo s'étirait après avoir couru, ses muscles contractés et son souffle erratique. Kagame fronça légèrement ses sourcils, pesant le pour et le contre. Il fallait vraiment qu'elle rentre se doucher, qu'elle vérifie qu'elle ne s'était pas blessée au genou et qu'elle rejoigne ensuite leur professeur principal pour leur rendez-vous hebdomadaire. Mais, poussée par un désir de mettre les choses au clair, elle écrasa sa paume contre la porte pour l'ouvrir, indiquant sa présence.
À quelques mètres, Katsuki releva sa tête en sa direction et se renfrogna en voyant qui lui faisait face. Kagame se demanda un instant s'il était possible de voir une autre émotion sur son visage et si même en dormant il gardait ses sourcils froncés et sa mâchoire contractée. Elle avança en ignorant son regard carmin qui la dissuadait de s'approcher davantage et s'arrêta finalement à un mètre de sa silhouette carrée.
«Dégage de là,» commença-t-il comme un premier avertissement mais elle ne bougea pas d'un pouce, déterminée. «T'es sourde ?!» fit-il en s'approchant finalement d'elle, réduisant la distance entre eux d'une démarche menaçante.
«Je vais devenir une super-héroïne,» déclara-t-elle avec conviction, leurs visages à quelques centimètres à peine.
Le visage de l'explosif se tordit alors en une expression de surprise l'espace d'un instant, mais il finit par serrer ses dents et lâcher un "tch" méprisant en s'éloignant légèrement. Il n'y croyait pas un instant mais la brune s'y attendait. Ses yeux rouges avaient repris leur étincelle de rage tandis qu'il la contemplait avec tout son dédain.
«Bein voyons. C'est Deku qui t'a mis ces putains de plans en tête ? J'te pensais pas aussi conne d'espérer être diplômée après toute la merde que tu as foutu.»
Le coup fut plus difficile à encaisser qu'elle le pensait car le blond tapait là où ça faisait mal. Les doutes qui l'assaillaient, la peur d'être de nouveau abandonnée, tout ce qui la faisait un peu plus flancher quand elle se retrouvait face à sa solitude et qu'elle voyait son futur s'étendre en un long chemin tortueux. Elle ne se faisait pas d'illusions, et c'est justement ce qui la bloquait dans ses ambitions.
Mais les choses avaient changé et elle avait trouvé un but. Il était dérisoire de voir à quel point elle avait réussi à reprendre confiance grâce à la sympathie des autres quand on lui avait appris toute sa vie qu'elle devrait écraser n'importe qui se plaçait sur son passage. À une époque, c'est Katsuki Bakugo qu'elle aurait tué sans remords pour avoir seulement tenté de l'arrêter. Maintenant, elle ressentait le besoin, la nécessité, de se dresser face à lui et de lui montrer qu'elle savait où elle allait. Qu'elle était prête à ne plus rester passive. Qu'elle pouvait elle aussi se battre pour la première place.
Pour être la numéro une. Et il allait de soit qu'elle ne pouvait pas laisser croire au blond qu'il pourrait continuer son cirque sans représailles.
«Je deviendrais une super-héroïne. Et je me hisserais à la première place,» continua-t-elle d'une voix qui n'appelait pas à la contestation. Kagame vit le visage du garçon face à elle se tordre dans une grimace de colère. Il n'appréciait pas sa confiance, elle qui malgré tout s'était laissée maltraiter. Elle ne lui laissa pas le temps de répondre, pointant son doigt en sa direction. «Tu pourras essayer de me provoquer, de me faire virer, mais plus jamais tu ne me feras perdre le contrôle. Et quand nous devrons combattre face à face, à la loyale, je t'écraserai sans retenir un seul centième de ma puissance. J'écraserais ceux et celles qui se mettront en travers de mon chemin. Tous sans exception.»
Elle était légèrement essoufflée, le regard perçant et teinté d'une étincelle de fierté face au visage fermé de Katsuki. Elle sentait toutes ses fibres trembler de bonheur, toute l'adrénaline parcourir son corps, la rendant fébrile face à ces aveux. Et, au milieu de tout ça, l'explosif ne répondit rien, se contentant de la fixer de ses yeux carmins sans défroisser ses sourcils. Elle ne savait pas s'il était mouché ou trop en colère pour parler, mais elle n'avait pas besoin de ça pour s'exprimer.
Kagame recula alors doucement, indiquant son intention de partir sans pour autant donner l'impression qu'elle fuyait. Néanmoins il ne fit rien pour la retenir, ne l'insulta pas et ne chercha pas à l'attaquer. Il était droit et il ne la quitta pas du regard quand elle fit deux pas en direction de la sortie avant de se retourner, ses traits du visage bien trop détendus et son sourire trop sincère après tout ce qu'elle avait pu lui affirmer.
«Mais je serais honorée de combattre à tes côtés contre les vilains... Quand tu seras le numéro deux.»
Et sur ces dernières paroles, elle claqua la porte derrière elle, un rictus étirant ses lèvres pâles et sèches alors qu'elle frissonnait. De froid, d'un début de fatigue ou justement de l'excitation qui l'avait prise durant cet échange. Elle ne devait pas chômer, à présent, car elle voulait tenir sa promesse.
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Note de l'auteur : À vendredi prochain !
