Note de l'auteur : Nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous plaira. Petit ralentissement dans l'écriture des futurs chapitres mais il n'en reste plus qu'environ deux, voir trois avant la fin de la partie I. Ensuite, ce sera la pause pour rattraper mon retard dans l'anime. J'espère pouvoir en poster deux par semaine quand j'aurais totalement terminé l'écriture.

Il y a davantage de lectures ici que sur wattpad, peut-être pouvez vous penser à écrire un petit mot ? Rien de bien grand, le signal que mon histoire vous intéresse et que vous passez du bon temps. Pensez-y ! C'est toujours plaisant à lire.

Pairing : Katsuki.B x OC.

Rating : T

Disclaimer : L'univers de BNHA ne m'appartient pas, seuls mes personnages et mon histoire sont miens. Ô grand désespoir.

...

..

Revenge lurks in the sky

Chapitre XII :

Pool and trauma

.

Kagame referma lentement son livre de littérature, fronçant ses sourcils en voyant de quelle façon elle était passée de seule dans la pièce commune de leur bâtiment à entourée de six filles aux pupilles dilatées. Sa jambe handicapée pendait hors du sofa tandis que l'autre était recroquevillée sous sa cuisse. Elle avait opté pour une tenue plus confortable et portait un pantalon vert -celui du lycée- et un haut à manches trois-quart. Rien qui ne ressemblait aux shorts de ses camarades, cependant.

«Tu en dis quoi ?» lui fit Ochaco d'une voix excitée alors que la brune ne répondait pas, incertaine. Bronzer au bord de la piscine du lycée pouvait être tentant pour n'importe quelle personne, mais elle n'aimait pas rester en plein soleil, et plus que tout, elle n'avait aucune envie de se déshabiller et d'afficher son infirmité. C'était une chose de se battre, de marcher et de s'entraîner comme une personne valide, mais pour le reste ça ne concernait personne d'autre qu'elle et elle seule.

«Je pense que je vous rejoindrais un peu plus tard. Je n'aime pas trop me baigner, tu n'auras qu'à m'envoyer un message quand vous serez sorties.»

Malgré sa déception, l'adolescente n'insista pas et Kagame apprécia de voir le mouvement de Yaoyorozu pour empêcher Mina d'être trop indiscrète. Pour cela, elle acquiesça faiblement, ayant un sourire comme réponse avant que le groupe de fille ne se rende à la fameuse piscine. De nouveau seule, l'ancienne vilaine soupira légèrement, perdant l'envie de reprendre sa lecture.

Toute cette situation et cette nouvelle vie lui apportaient une douceur qu'elle n'avait jamais connu avant. Mais elle était aussi pleine de moment comme ceux-là, où l'écart entre ses camarades et elle se creusait davantage face à sa nature introvertie. Ses propres traumatismes faisaient comme barrière et Kagame ne se sentait pas la force de les combattre. Elle n'était pas prête.

Des pas se firent alors entendre dans les escaliers et la jeune femme fut surprise en voyant Bakugo apparaître dans son champ de vision. Il arborait un air ennuyé, ses mains dans ses poches et lui lança un regard en coin -qu'elle lui rendit- avant qu'il ne s'en détourne pour se rendre dans la cuisine où elle avait réparé depuis un petit moment le meuble brûlé. Tout de suite beaucoup moins à l'aise, elle fit mine de continuer à lire son livre bien qu'elle relisait la même phrase en boucle.

Depuis qu'ils s'étaient réveillés à l'infirmerie tous les deux, Izuku ayant profité de sa conscience pour rassurer une brunette horrifiée de leur combat, elle évitait de lui adresser la parole. Leur haine réciproque avait été quelque peu balayée par le récit très précis qu'avait fait Kirishima sur la fin de l'épreuve, aidé des enregistrements vidéos mais aussi et surtout sur leur proximité avant qu'ils ne sombrent tous les deux. Pour autant, alors qu'elle adoptait une attitude de fuite, lui semblait simplement indifférent, reprenant de plus belle sa compétition avec le vert et Todoroki.

De cette manière, elle releva son regard doré, l'observant ouvrir une canette de boisson énergisante et la terminer en quelques secondes. Peu étonnant qu'il ne s'arrête jamais de hurler sur tout ce qui bougeait, se fit-elle la réflexion en se raclant la gorge. Pour autant, ce simple son sembla le tirer de ses pensées car il se retourna vers elle un peu brusquement, comme aux aguets. Mais, de la même façon qu'une enfant se cacherait derrière un rideau en croyant être discrète, elle se replongea dans son livre, sentant ses yeux carmins brûler sa nuque.

Alors qu'elle s'attendait à ce qu'il la provoque, motivé par le signe de sa présence, l'arrivée d'Eijiro lui permit d'échapper à son attention et ce dernier fronça les sourcils en se positionnant au centre de la pièce. Il avait une expression perplexe.

«Je vous interromps ?» fit-il en alternant son regard entre les deux adolescents, sûrement attentif à la tension du blond dans ses épaules.

«Pas du tout,» répondit simplement Kagame, tournant même une page de son livre comme si elle était profondément plongée dans sa tâche.

«Nan,» grogna l'explosif en même temps qu'elle, son dos posé contre le mur alors qu'il fixait son meilleur ami. «Qu'est-ce que tu veux ?»

La brune ne fit aucun commentaire sur la façon dont il s'adressait aux seules personnes qui l'appréciaient. C'était à se demander s'il savait être doux ou même normal. Elle changea de position, sentant des fourmis dans sa jambe gauche tout en gardant une oreille attentive à leur échange.

«Tu veux pas venir à la piscine avec moi ?» lui proposa Kirishima alors que Katsuki répondait d'un "tch" méprisant. Il était clair qu'il n'avait pas l'air emballé par l'idée.

«Je pensais que les filles s'y trouvaient déjà,» intervint la brune en voyant le rouge hausser les épaules. Il ne semblait pas plus au courant que ça.

«C'est Midoriya qui m'a proposé. Mineta, Kaminari et lui voulaient s'entraîner,» expliqua-t-il alors que la jeune femme haussait un sourcil, méfiante. Denki et le garçon grappe qui voulaient s'entraîner au bord de l'eau ? Au même moment que le groupe de filles ? C'était trop louche pour être vrai et elle secoua la tête, désespérée par leur attitude.

«Je vois.»

«Mais toi tu n'es pas avec elle ?» la questionna-t-il en donnant un coup de tête en sa direction. Elle était légèrement avachie sur le sofa, ses cheveux retenus en un chignon rapide. Elle fit signe que non, bien que la réponse se trouve sous ses yeux.

«Je n'aime pas me baigner.»

«Bein moi non plus,» fit alors la voix du blond tandis qu'Eijiro grimaçait. Pour autant, après quelques secondes à les regarder tous les deux à tour de rôle, il se mit à pouffer, retenant difficilement ses éclats de rire. Kagame s'interrogea sur sa santé mentale pendant que Bakugo s'agaçait en tiquant.

«Qu'est-ce qui te fais marrer, tas de caillasses ?»

«Rien,» assura-t-il alors que l'explosif se rapprochait, comme prêt à en découdre, entraînant le rouge dans de vrais éclats de rires. À ce son, un sourire passa la barrière des lèvres de la brune qui trouvait le garçon particulièrement communicatif dans sa joie. Elle comprenait mieux comment il supportait les excès de colère de Katsuki. En fait, elle comprenait comment toute la classe avait fini par adopter sa manière d'être. Ils ne le prenaient jamais au sérieux. Elle-même avait fait la faute de chercher derrière toute sa colère une réelle raison, comme si chaque éclats lui étaient attribués et comme si elle ne pouvait faire autre chose que de l'absorber avec douleur ou y répondre avec force.

Mais elle se trompait.

«Crache le morceau,» menaça Bakugo alors que son meilleur ami mettait ses mains devant lui pour se protéger, son visage toujours aussi expressif. Elle remarqua pour la première fois cette petite cicatrice qu'il portait au-dessus de la paupière.

«Mais ce n'est rien, je t'assure,» plaida-t-il en prenant sur lui pour se calmer. Il enchaîna, ne laissant pas l'opportunité au garçon de répondre. «Viens à la piscine ! J'ai entendu Sero parier avec Mina que Midoriya et Todoroki te battaient au cinquante mètres.»

À ces simples mots, le blond sembla se tendre d'un seul coup, le visage rouge de colère. Il était presque possible de voir une veine sur son front et Kagame devait avouer qu'elle était impressionnée.

«QUOI ?!» s'exclama-t-il. «Je vais fumer ces deux amateurs, on verra bien qui battra qui. Ramène toi,» grogna-t-il finalement en se dirigeant vers la sortie, fulminant en partant à l'assaut de sa fierté. Après quelques dernières insultes, il fit claquer la porte derrière lui.

Quand elle fut certaine qu'il était parti, Kagame siffla en gage de félicitations.

«C'est faux, n'est-ce pas ?» fit-elle, amusée, à l'attention du rouge qui prenait une canette dans le frigo pour rejoindre ensuite son ami. Il lui fit un clin d'œil plein de malice.

«Il est sensible quand il est question de son égo,» acquiesça-t-il alors qu'elle ricanait en marmonnant "J'avais cru comprendre". Mais avant de quitter la pièce, il fronça ses sourcils en se retournant dans sa direction. «Tu ne viens pas ? Tu ne voudrais pas manquer le spectacle, si ?» lui fit-il en souriant malicieusement.

Elle haussa un sourcil, voyant clair dans son jeu.

«Tu essayes de ruser pour que je vienne aussi ?» questionna-elle en fronçant du nez.

«Parce que ça ne fonctionne pas, peut-être ?»

Elle ne prit pas la peine de retenir son rictus à ses mots, se levant du canapé et le rejoignant alors qu'il ricanait, se moquant allègrement d'elle. Si Bakugo était sensible à l'ego, elle-même avait un faible pour les moments de compétitions. Et puis, c'est qu'il était reposant de ne pas être la cible de la colère de l'explosif. Pour une fois, elle pourrait se contenter d'observer les autres subir.

.

Ainsi, ils firent le chemin ensemble, discutant autour de sa cicatrice à la paupière tandis qu'elle avait baissé ses manches, le soleil tapant assez fort. Elle pouvait sentir les rayons sur son pantalon, la chaleur se répandre alors qu'elle s'agaçait déjà de se sentir transpirer. Pour pallier à cela, la jeune femme provoqua une légère brise, faisant s'interrompre Kirishima dans son récit.

«Ouah, ça fait du bien,» fit-il en fermant ses yeux de plaisir alors qu'elle le regardait étrangement. Elle avait utilisé son alter machinalement, mais après quelques secondes, Kagame décida de recommencer jusqu'à ce qu'ils aient rattrapé le blond, commentant son anecdote sans s'épancher davantage sur sa remarque.

«Donc tu as décidé de t'inspirer de Red Riot ?» le questionna-t-elle alors qu'il acquiesçait vivement. «C'est plutôt réussi.»

Il lui fit un sourire un peu gêné, passant sa main dans ses cheveux alors qu'elle se détournait de lui pour poser son regard doré sur la silhouette de Katsuki. Il les attendait. Enfin, il attendait son meilleur ami mais ne commenta pas de la voir à ses côtés, se contentant d'enfoncer ses mains dans ses poches.

«Vous vous bougez ?» grommela-t-il à leur intention, ce qui tira une expression surprise à Kagame qui ne s'attendait pas à être prise en compte. Elle aurait davantage imaginé qu'il l'ignore, qu'il agisse comme si elle n'existait pas à défaut de simplement la provoquer, mais tout devenait décidément trop étrange. Pour autant, les garçons devaient encore passer aux vestiaires pour mettre leur maillot alors il ne servait à rien qu'elle continue de les suivre. Elle se tourna vers son camarade.

«Je vais y aller,» lui indiqua-t-elle, accélérant légèrement le pas quand il hocha la tête et dépassant Katsuki qu'elle sentit vriller son regard carmin sur elle. Tandis qu'elle poussait le petit portique qui menait directement à la piscine, elle se figea en entendant la voix du garçon s'adresser à elle en l'interpellant.

«Pourquoi tu vas pas te foutre en maillot de bain ?» lui fit-il d'une voix agressive, ce qu'elle aurait pu prendre pour une attaque si elle n'était pas aussi surprise de sa question. La réponse n'était-elle pas évidente ? Elle se rembrunit.

«Parce que je ne vais pas nager,» répondit-elle en se disant qu'il ferait le lien avec sa jambe. Mais il ne la lâcha pas.

«T'es pas foutue de savoir nager à seize ans ?» la railla-t-il devant le froncement de sourcil de Kirishima. Elle lui lança un regard mauvais, piquée au vif.

Qu'avait-elle à répondre qui ne serait pas humiliant ? C'était à se demander s'il faisait semblant d'être stupide. Pour autant, elle comprit que ce n'était rien de tout ça quand il suivit son mouvement de la main en direction de sa jambe dont le tibia était amputé. Sous son pantalon, il n'était pas possible de le deviner mais il avait très bien perçu le problème. Il n'était simplement pas d'accord avec ses méthodes.

«Tss, c'est des conneries,» lança-t-il en secouant la tête. Il trouvait ça absurde qu'elle s'empêche de nager à cause de sa jambe. Absurde et pitoyable. Ce n'était pas comme s'ils allaient tous la fixer. Entre le gars qui avait six bras, l'autre qui avait des réacteurs aux mollets et celui qui avait une tête de piaf, ils avaient fait le tour des bizarreries.

Pour autant, il n'insista pas plus en la voyant sur la défensive, se contentant de tourner les talons et de se diriger vers les vestiaires avec désintérêt. Ce n'était pas son problème si elle était trop idiote pour se gâcher la vie.

Seul Eijiro secoua la tête, désespéré par le comportement de son ami. Il n'avait aucun tact, ni aucune compassion.

«Laisse tomber,» fit-il à la brune en la voyant fixer le sol, perturbée. Il n'avait pas envie qu'elle se sente mal à cause du blond, ni qu'elle finisse par rebrousser chemin. Après tout, elle faisait partie de leur classe et il était important qu'elle s'intègre. Seulement, il fut surpris de la voir simplement hocher brièvement la tête puis finir par lui adresser un petit sourire en enfonçant ses mains dans les poches de son pantalon.

«Je vais voir où en sont les autres,» lui fit-elle en poussant le portillon avec sa hanche tandis qu'il acquiesçait, rassurée de la voir réagir comme ça. Du côté de Kagame, elle s'empêcha de s'attarder sur la maladresse désagréable de Bakugo, d'autant que c'était aussi la première fois qu'il s'adressait à elle d'une façon relativement normale. Si ce n'était pas un jour à marquer d'une pierre blanche...

.

Aussi, quand elle arriva, la brune repéra le groupe de filles s'amusant dans l'eau, parées des maillots de bain une pièce du lycée sous les regards dégoûtés de Mineta et Denki qui étaient alignés pour faire des pompes avec les garçons. C'était bien ce qu'elle pensait. Kagame ne savait pas comment leur plan avait échoué mais elle retint un ricannement en voyant Iida et Izuku orchestrer les entraînements avec entrain.

Puis, la voix d'Uraraka retentit alors, la détournant de sa contemplation.

«Misoga !» s'exclama-t-elle en voyant la jeune femme arriver, ses cheveux toujours tenus en chignon et son pantalon d'uniforme couvrant ses jambes. Elle avait fait l'effort de relever ses manches, dévoilant des bras pâles mais aussi parés de quelques cicatrices. Elles étaient blanches, indiquant leur ancienneté. De vieilles histoires qui marqueraient sa peau jusqu'à sa mort.

L'ancienne vilaine rejoignit ses camarades féminines d'un pas prudent, jetant des regards méfiants en direction de la piscine aux reflets bleus. Elle n'avait pas l'air particulièrement à l'aise bien qu'un léger sourire étirait ses lèvres. À savoir s'il était sincère ou crispé, c'était encore une autre affaire car elle était plutôt tentée par faire un écart loin de l'étendue.

«J'allais t'envoyer un message, tu es finalement venue !» continua Ochaco alors qu'elle hochait doucement la tête. C'était le rouge qui l'avait motivée à sortir mais tandis qu'elle allait s'expliquer, les portes claquèrent bruyamment, révélant Katsuki accompagné de Kirishima qui affichait un air gêné à ses côtés. Tsuyu lâcha un "oh non" déprimé en avisant la grimace de colère du blond alors qu'il se mettait à crier sur Izuku, ce dernier à peine dans son champ de vision. La bonne humeur globale semblait compromise, mais face à la proposition de boisson de leur délégué, tous éclatèrent de joie.

Le groupe de filles sortirent de la piscine tour à tour, tandis qu'Iida proposait ensuite une course sur cinquante mètres. L'idée parut plaire car elle attisa rapidement l'excitation chez les garçons et l'entrain chez les filles. Le fait d'être habillée restant un frein à la joie collective, Kagame s'éclipsa en direction de la glacière et plongea sa main dedans pour en tirer une brique de jus d'orange, s'asseyant à même le sol, sa jambe gauche repliée sous son genou.

Plus loin, Katsuki pointait son doigt plein de menace envers ses deux plus grands concurrents.

«Je vais t'écraser, Deku ! Et ça vaut pour toi aussi, double-face !»

La brune resta à l'ombre, observant le corps de Momo produire rapidement un sifflet pour la course et cette dernière prendre place en tant qu'arbitre. Elle fronça néanmoins les sourcils en ne voyant pas les filles participer. N'avaient-elles aucun sens de la compétition ? Elle aurait bien aimé voir les talents de la fille grenouille. Il était pénible de toujours voir les garçons prendre place et s'afficher avec leurs alters quand les autres restaient en retrait. Pour autant, c'était aussi la première fois qu'elle aurait le loisir de les voir inventer des techniques pour pallier aux difficultés d'une course dans l'eau.

Les premiers à s'essayer étaient Mineta, Denki, Tokoyami, Koda et Katsuki. Tous les cinq affichaient des visages concentrés, plus que jamais prêts à se battre pour la suite. Leur musculature était tendue sous la tension et la brune évita de s'attarder sur cette dernière, mal à l'aise. Mais, alors qu'elle tenait la paille entre ses dents, sirotant son jus en papillonnant des yeux sous la fatigue que lui procurait la chaleur, elle faillit avaler de travers en voyant l'explosif s'envoler dans les airs sans toucher une seule fois l'eau, se contentant d'atteindre l'autre rive avant les autres, bien entendu, mais complètement sec.

Elle bloqua quelques secondes.

Avait-il seulement compris le principe ? Il avait l'air plus que fier de son coup, laissant les autres crier à l'injustice. Tenya ne pouvait pas laisser passer ça, n'est-ce pas ? Pour autant, la simple excuse du freestyle lui fit continuer la course et elle accueillit auprès d'elle un Kaminari dépité, ses cheveux goûtant sur le sol. Un bref sourire passa la barrière de ses lèvres et il lui retourna une grimace.

«Ne fais pas cette tête, tu partais très bien,» lui fit-elle dans une tactique un peu faiblarde de le réconforter malgré son timbre de voix excessivement neutre. Il pouffa de rire en la voyant reprendre une gorgée et elle haussa un sourcil en sa direction, ne comprenant pas son hilarité soudaine.

«Tu ne voulais pas te baigner ?» la questionna-t-il alors que la course suivante opposant Todoroki, Sato, Kirishima, Sero et Aoyama se déroulait à quelques mètres. Ils ne semblaient même plus essayer de plonger sous l'eau et la jeune femme ne jugea pas intéressant de suivre. Elle savait déjà le gagnant, de toutes manières

«Je n'aime pas ça,» acquiesça-t-elle en croisant son regard curieux. Il plissa ses yeux en sa direction, se penchant vers elle et la jeune femme s'en détourna en rougissant légèrement, remarquant leur proximité. Le fait qu'il soit à moitié nu malgré la situation ne l'arrangeait pas vraiment à estomper le rouge de ses joues.

«Les boules !» s'exclama-t-il, presque compatissant comme si elle n'avait pas eu de chance en n'appréciant pas de barboter dans l'eau. «Tu es toute rouge, t'as pas chaud ?» demanda-t-il en remarquant son trouble. Elle avala difficilement sa salive et haussa ses épaules, ne cherchant pas à répondre en sachant qu'elle finirait par balbutier. Kagame se trouvait ridicule de réagir de cette manière, surtout pour un garçon. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait un torse nu, de ce qu'elle en savait.

Cependant, elle ne remarqua que trop tard son air malicieux et ne put éviter le fond d'eau glacé qu'il lui envoya en se saisissant brusquement de la glacière pour la retourner sur sa tête. En sentant le liquide glisser sur son torse et tremper son haut, elle lâcha une plainte couinante, se relevant dans un réflexe pour se dandiner sur place sous le fou rire du jaune qui observait l'adolescente frissonner en épongeant son haut. Mais rapidement, un air pervers remplaça doucement ses éclats quand il la vit relever légèrement ce dernier pour le tordre, laissant un bout de peau plutôt musclé à sa vue. Quand Kagame le remarque, elle lui envoya une bourrasque qui lui fit violemment détourner la tête sans qu'il ne puisse la retenir. Ses pommettes étaient cramoisies.

«Prépare toi à souffrir,» grogna-t-elle en s'approchant d'une démarche menaçante de son camarade qui avait toujours son grand sourire taquin. C'est à peine s'il la craignait maintenant. Quel gâchis.

«J'aimerais bien voir ça !» se moqua-t-il allègrement d'elle. Il était vrai qu'en termes de pouvoirs, elle ne pouvait pas faire grand chose qui n'aurait pas été excessif. Trempée comme elle l'était, il lui était impossible d'utiliser sa foudre et elle n'avait aucune intention de lui faire du mal avec son vent. Aussi, elle s'approcha assez pour qu'il décide de se relever et de se mettre faussement en position de combat, ses cheveux éléctriques retombant des deux côtés de son visage joyeux.

C'est à peine si on remarqua que les deux se chamaillaient dans leur coin alors qu'Izuku, Tenya, Oshiro et Shoji démarraient leur dernière course, bien plus fair play que leurs autres camarades. Misoga et Kaminari se faisaient face, leurs visages détendus malgré leur posture d'attaque.

«Mate moi cette musculature ! Je suis super balèze !» s'exclama-t-il en embrassant son biceps, ne s'attendant certainement pas à ce qu'elle se jette sur lui, plaçant sa jambe à l'arrière de son genou de sorte à lui faire perdre l'équilibre et le faisant tomber plus ou moins en douceur alors qu'elle amortissait sa chute avec son vent. Il tenta de se relever mais n'y parvint pas quand elle posa son genoux contre son torse avec un sourire railleur.

Enfin à terre, elle retint ses poignets d'une main ferme et alors qu'il écarquillait ses yeux, utilisa son autre pour lui faire des chatouilles. Peu préparé à une telle attaque, Denki se mit à hurler de rire, se tortillant en la suppliant d'arrêter alors que la jeune femme ricannait. C'était la première fois qu'elle se montrait si tactile et avenante, ne voyant plus l'électrique comme un camarade mais comme un ami.

«AHAH-Mi-KAGA-AHAHA-ME STOP !» lui ordonna-t-il, des larmes de rire au coin de ses yeux plissés. Après quelques secondes où elle continua à le torture, elle consentit alors à le relâcher, son chignon défait, laissant ses cheveux sombres goutter sur le garçon qui se calmait. «Tu es sadique,» lui souffla-t-il alors qu'elle esquissait un sourire, se relevant en repensant au fait qu'il l'avait appelée par son prénom.

«Je t'avais prévenu,» déclara-t-elle en se raclant la gorge, peu émue.

«Eh ! Vous venez tous les deux ?! Todoroki, Bakugo et Midoriya vont s'affronter !» les appela Sero alors qu'elle tendait sa main en direction de l'électrique qui l'accepta bien gracieusement, lui jetant un regard en coin. Il se sentait heureux de l'avoir vue si naturelle et davantage encore quand il s'aperçut qu'elle avait un petit sourire qui tordait sa cicatrice sous l'œil, s'approchant doucement de la piscine où se déroulait l'avant dernière course. Lui-même la suivit, pensif sur la jeune femme.

Aussi, quand ils furent au milieu de leurs camarades, ils s'aperçurent que l'ambiance était totalement différente. Cette dernière était assez tendue pour que l'on confonde un simple jeu avec ce qui ressemblait à une guerre d'égo.

«On dirait qu'ils jouent leur vie,» lui fit remarquer Denki et elle grimaça sous les rires de Kirishima qui avait entendu la réflexion de son ami. Elle ne savait pas qui gagnerait des trois, mais elle pariait sur Todoroki et sa glace. Il lui suffirait de geler l'eau pour arrêter Midoriya et de retarder Bakugo. Pour autant, le top départ qui coupa le souffle de toute la classe n'eut pas l'effet escompté quand, par la suite, les trois garçons furent privés de leurs alters et tombèrent dans l'eau d'une façon bien pitoyable.

D'un mouvement de groupe, tous se tournèrent vers la porte où venait d'apparaître la silhouette du professeur Aizawa, ses yeux sanglants démontrant de l'utilisation de son pouvoir alors que ses cheveux sombres voletaient autour de son visage pâle.

«Il est dix-sept heures, vous devez quitter la piscine,» déclara-t-il d'un ton sévère sans pour autant se montrer en colère. De son côté, Kagame enfonça ses mains dans les poches de son pantalon quand il se tourna vers elle après que les autres se soient dispersés en râlant. Il ne fit pas de réflexion en la voyant habillée mais le haut à moitié trempé. «Toi, tu viens avec moi,» lui fit-il d'un ton sans appel et elle acquiesça sans chercher à comprendre. Il avait toujours une bonne raison de s'adresser à elle et la jeune femme ne fit pas attention au regard en coin de Katsuki qui disparaissait dans les vestiaires.

.

Quand ils furent dans la classe de la seconde A, son haut ayant séché sur le chemin, elle se tint bien droite face à son bureau alors qu'Aizawa fermait la porte derrière lui. Il semblait fatigué, pensif et Kagame garda le silence.

«J'ai jugé bon de revenir sur certaines de tes difficultés,» commença-t-il en ouvrant le tiroir du meuble massif qui trônait en face d'elle. Il en sortit une épaisse pochette qui rassemblait de nombreuses feuilles noircies. Il n'y avait pas besoin d'être un génie pour comprendre que c'était son dossier scolaire. La brune se racla la gorge, ne sachant pas exactement de quelles "difficultés" il parlait. Il y en avait tellement... «Mais aussi de discuter sur ces dernières semaines. Tu peux t'asseoir, j'imagine à quel point tu dois être fatiguée après ton après-midi,» lui lança-t-il d'un timbre de voix sarcastique.

L'adolescente se figea devant sa tentative de blague dissimulée, haussant ses sourcils.

«Vous faites de l'humour, professeur,» fit-elle d'un ton à moitié surpris, à moitié moqueur alors qu'il lui renvoyait une oeillade ennuyée. Il lâcha un "mh" évasif en changeant de sujet, ce qui la fit rouler des yeux.

«On ne va pas s'attarder sur tes résultats scolaires. Tu n'as plus aucun problème avec tes camarades ?» la questionna-t-il, l'air aussi intéressé que s'il avait demandé un compte rendu de la journée d'une huître. Elle se racla la gorge.

«Je ne pense pas,» répondit-elle avec neutralité. Il hocha la tête.

«Plus de problèmes avec Bakugo ?»

«Pas plus que les autres.»

Il acquiesça une nouvelle fois et Kagame eut la désagréable impression que tout cela retardait un moment peu appréciable. L'homme n'était pas du genre à faire durer les choses, préférant se montrer concis même durant leurs échanges. Aussi, elle n'appréciait pas la manière dont il regardait son dossier ainsi que l'hésitation dans ses gestes.

«Vous pouvez aller droit au but,» l'informa-t-elle en raclant sa gorge. Il ne sembla pas surpris de la voir comprendre que quelque chose se tramait. Tout ça aurait été la sous-estimer et il avait appris assez tôt que ce n'était pas une chose à faire. La jeune femme comprenait bien des choses et surtout quand il était question de décisions difficiles à entendre ou à prendre.

«Tu n'iras pas au camp d'été avec les autres,» lâcha-t-il de but en blanc.

Lorsque l'information parvint jusqu'à son cerveau, Kagame sentit un poids tomber dans son ventre. Ils devaient partir dans deux jours et il avait été révélé que même ceux ayant échoué à leurs épreuves pourraient y participer. Ce n'était pas grand chose mais la jeune femme voyait cela comme une bonne occasion pour elle d'apprendre à maîtriser ses pouvoirs en combat. Elle avait toujours axé ses apprentissages sur sa puissance, privilégiant le chaos et la dispersion quand elle avait comprit en combattant auprès d'Izuku et de Katsuki qu'elle manquait de technique et de corps à corps.

Et, plus que ça, l'idée de côtoyer ses camarades lui était agréable. Des camarades qui petit à petit l'acceptaient et l'incluaient dans la classe. L'incompréhension se tinta sur son visage.

«Pourquoi ?» fit-elle d'une voix encore maîtrisée, voulant connaître les raisons qui la retenaient loin du camp d'Été avant de se laisser abattre.

Aizawa se passa une main lasse sur son visage. Peu importait la finalité, il avait l'air de lui aussi subir les évènements. Ce fait ne la rassura pas une seule seconde.

«Avec la montée en puissance des Vilains, plusieurs professeurs se sont opposés à ce que tu te rendes au camp. Ils pensent que ce serait risquer le fait qu'ils essayent de te récupérer et ne préfèrent pas mettre en jeu la sécurité des autres étudiants.»

Kagame agrandit légèrement ses yeux.

«Vous êtes en train de me dire que je ne peux pas quitter Yuei parce que les vilains pourraient chercher à me récupérer ? Je ne vais pas rester enfermée alors que leur groupe a clairement affiché ses intentions. Ce n'est pas seulement à moi qu'ils veulent s'en prendre mais c'est à la société qui valorise les super-héros toute entière,» s'agaça-t-elle en songeant à quel point ils vivaient sur une autre planète pour croire qu'elle seule leur importait. Elle n'était rien de plus qu'un grain de poussière dans leurs plans, désormais. Mais bientôt, alors que le fil de ses pensées continuait de défiler, elle se figea. «Attendez, non. Bon sang mais c'est clair. Ce n'est pas les vilains que vous craignez, mais que j'en profite c'est ça ? Qu'est-ce qu'ils s'imaginent, que je vais tout d'un coup me retourner contre vous tous et organiser une attaque ?»

«C'est une option qu'ils ont prise en compte, en effet,» acquiesça l'homme aux cheveux sombres sans même chercher à démentir tandis qu'elle se sentait pâlir.

«Je pensais avoir été claire sur mes allégeances,» articula-t-elle, ressentant comme un froid traverser son corps. Elle ne s'attendait pas à ce que son passé soit balayé si vite, évidemment, mais après deux mois et demi de scolarité et un nombre incalculable de démonstrations de sa bonne volonté, se cogner aussi fort contre un mur de jugement était douloureux.

«Tu fais toujours tes preuves,» commença son tuteur alors qu'elle serrait ses poings d'impuissance. «... et malheureusement je ne suis pas le seul à détenir l'autorité durant ce voyage.»

Elle releva son regard doré en sa direction, hochant péniblement la tête. Que pouvait-elle contre ce dernier argument ? Qu'allait-elle faire ? Provoquer un séisme dans l'école ? Lancer sa foudre sur l'homme ? Il n'y avait aucune autre issue que l'acceptation et elle se réconforta en se disant que lui au moins n'aurait pas pris la décision de la laisser sur le côté.

«En revanche, j'ai appuyé sur la nécessité que tu effectues pendant ce temps un stage auprès d'un super-héros. Tous tes camarades l'ont fait et il serait injuste pour toi de ne pas y avoir accès.»

Maigre consolation, se fit-elle la réflexion en prenant tout de même la peine de se montrer intéressée par ce que son professeur disait. La dernière des choses à faire aurait été d'agir comme une petite ingrate. Il ouvrit le dossier et en sortit cinq feuilles agrafées ensembles.

«Peu se sont proposés à cause de ton passif,» lui avoua-t-il très sincèrement. Elle n'en attendait pas moins de lui et acquiesça avec distance, préférant ne pas s'attarder sur ce fait. «Mais j'ai réussi à t'obtenir une proposition. Ce sont les Wild Wild Pussycats, une équipe de super-héroïnes spécialisées dans le sauvetage en montagne et des anciennes combattantes très douées. Elles ont accepté de te prendre comme stagiaire.»

L'idée était intéressante, d'autant qu'elle cumulait l'épreuve du SCA et le stage que la brune n'avait jamais pu effectuer. Malgré sa déception de ne pouvoir participer au camp d'été, Kagame remercia son professeur d'un hochement de tête et signa les documents attestant de son approbation sans plus attendre.

«J'ai eu accès à ton casier judiciaire et ton dossier psychologique, également,» articula-t-il avec un faux désintérêt en remplissant sa propre partie sur le dossier, étant son tuteur. Elle attendit qu'il continue en gardant le silence, ses yeux baissés sur ses mains. «Je me suis surtout penché sur ton hydrophobie, le reste ne m'était pas inconnu.»

C'est comme si elle avait pu prévoir qu'il mentionne cette dernière. Quoi d'autre ? Il n'avait donc pas été étonné de la voir habillée à la piscine, se doutant qu'elle n'irait pas barboter innocemment au milieu de ses camarades alors même qu'elle avait du mal à supporter une douche.

«Et qu'est-ce que vous en avez déduit ?» le questionna-t-elle en posant ses paumes sur ses cuisses, l'air insensible. Face à elle, Shota fronça ses sourcils avant de tiquer d'agacement.

«Que tu étais sacrément stupide de ne pas en avoir parlé plus tôt. Et arrête ce jeu-là avec moi, gamine,» souffla-t-il, n'ayant aucune envie de jouer le parent face à une adolescente rebelle. Il était trop jeune ou trop vieux pour ça. Il ne savait pas encore. «Ce sont ce genre de faiblesses qui te couteront en combat. Surtout qu'elles ne sont pas méconnues de tes anciens alliés, n'est-ce pas ?»

Vaincue, Kagame se contenta de hocher la tête. Pour une fois, elle n'avait rien à rétorquer à tout cela. Il avait raison. C'était sa plus grande difficulté et elle en était consciente. De la même façon qu'elle avait fait l'erreur de le garder pour elle quand elle devait apprendre à faire confiance à ses camarades. Aizawa ne se sentait pas la motivation de la réprimander. À la place, il soupira en se frottant les yeux puis finit par racler sa gorge.

«Je veux que deux de tes camarades minimum soient au courant. Ce seront peut-être deux personnes qui te sauveront la mise s'il arrive que l'on profite de cette faiblesse un jour. J'ai déjà informé plusieurs professeurs de ta phobie. À ton retour de vacances, nous travaillerons dessus. En attendant, retourne dans ton dortoir. J'ai encore des copies à corriger et le grincement de ta prothèse est agaçant.»

Fronçant ses sourcils, la jeune femme se releva en se rendant compte du bruit de cette dernière alors que Shota s'était déjà désintéressé d'elle. Elle soupira, pliant le genoux le plus possible jusqu'à la porte et cacha son amusement face au regard noir de l'homme qu'elle prenait plaisir à embêter.

Au final, il ne manquait plus qu'à trouver les deux bonnes personnes qui auraient un accès direct à sa pire faiblesse. Elle aurait toute la soirée pour ça, mais Kagame n'en avait aucune envie.

.

Note de l'auteur : À dans moins d'une semaine ! (j'espère)